[0001] La présente invention concerne un projectile pour dispersion de munitions.
[0002] Ces munitions, également appelées par la suite charges dispersables, sont destinées
à être jetées en vrac depuis un point de dispersion situé à une certaine altitude
au-dessus du sol. Les munitions tombent ensuite au sol, éventuellement roulent, rebondissent,
.... avant de s'immobiliser. Il s'agit par exemple de mines qui seront mises en position
active, c'est-à-dire armées du point de vue pyrotechnique, après leur impact au sol
(bien que la suite de la description se réfère à l'application préférentielle d'une
minage d'une zone, cette application n'est pas limitative, et l'invention peut s'appliquer
à la dispersion d'autres types de munitions).
[0003] La dispersion suppose qu'une pluralité de charges sont emportées ensemble par un
vecteur de lancement, et ensuite larguées ou libérées simultanément.
[0004] On souhaite généralement obtenir un groupage des charges dans une zone de minage
à la fois étroite (notamment en profondeur) et précisément localisée. Pour cela, il
est nécessaire que la libération des différentes charges soit réalisée en un laps
de temps aussi bref que possible, pour que les origines des trajectoires individuelles
soient aussi voisines que possible (idéalement, ces origines sont confondues au point
de dispersion, lorsque les charges sont libérées simultanément). Il est également
nécessaire que les caractéristiques balistiques de chacune des charges (module et
orientation du vecteur vitesse) présentent une dispersion (au sens statistique de
ce terme) aussi réduite que possible. C'est en effet cette dispersion de caractéristiques
qui conditionne l'étroitesse de la zone de minage. En outre, il est absolument indispensable
d'éviter, au moment de la dispersion, toute collision entre les différentes mines
simultanément projetées ; cet impératif est d'autant plus difficile à réaliser que
l'on recherche au contraire un groupage des charges, et nécessite pour son obtention
un contrôle très soigneux des vitesses différentielles des mines.
[0005] Les dispositifs connus, dans lesquels les charges sont éjectées successivement d'un
conteneur, ne permettent pas d'atteindre simultanément l'ensemble de ces objectifs,
même si la durée totale des éjections successives est très brève. Il en est de même
si les charges sont larguées d'un conteneur, en raison de la durée nécessaire à l'ouverture
du conteneur et à l'extraction des munitions, cette durée étant préjudiciable à la
précision et à la reproductibilité du tir.
[0006] Le DE-A-2.607.336, par exemplé, décrit un tel type de projectile, dans lequel les
munitions individuelles sont logées et maintenues par une enveloppe ou "peau" extérieure,
formée de deux demi-coquilles articulées constituant le corps de projectile proprement
dit. D'autres conteneurs pour munitions dispersables sont décrits également dans les
DE-A-2 340 653 et FR-A-2.140.693.
[0007] Un des buts de l'invention est précisément de proposer un projectile dont la charge
est organisée dans l'espace, au moment de la dispersion, de façon parfaitement reproductible
et sans recours à aucun conteneur ou enveloppe.
[0008] Par ailleurs, une bonne reproductibilité suppose une dispersion à faible altitude
pour réduire l'influence des paramètres liés à la balistique propre des munitions
; ces dernières doivent en effet avoir juste le temps de s'écarter et de tomber au
sol. Il est d'ailleurs souhaitable d'avoir, outre une altitude du point de dispersion
faible, une vitesse suffisamment grande et faiblement inclinée par rapport à l'horizontale.
[0009] Le projectile selon l'invention permet précisément un tel contrôle très soigneux,
dans le temps et dans l'espace, qui soit compatible avec une dispersion à basse altitude
et grande vitesse.
[0010] A cette fin, l'invention propose une nouvelle organisation de la charge utile, éliminant
les inconvénients rencontrés avec les munitions dispersables emportées dans un conteneur.
[0011] Pour cela, le projectile comprend :
. une pluralité de munitions individuelles, superposées axialement de façon séparable
en une pile unique, ces munitions étant des munitions de forme générale aplatie, dont
les faces supérieure et inférieure ont des profils complémentaires pour permettre
l'emboîtement des munitions superposées.
. des moyens de maintien pour solidariser entre elles les munitions et rendre la pile
indéformable à l'encontre des sollicitations axiales et transversales, de manière
que cette pile ainsi rigidifiée forme une structure autoportante constituant le corps
du projectile,
. des moyens de libération, pour provoquer la désolidarisation simultanée de toutes
les munitions de la pile et autoriser leur dispersion.
[0012] Très avantageusement, il est en outre prévu des moyens pour immobiliser les munitions
individuelles en rotation relative, au moins dans un sens, autour de l'axe de la pile
les unes par rapport aux autres, de manière à assurer la transmission et la répartition
des efforts centrifuges subis par le projectile.
[0013] La combinaison des deux caractéristiques d'emboîtement des munitions individuelles
de la pile et d'assujettisement de l'ensemble de la pile par des moyens de maintien
permet de réaliser une structure autoportante ayant sa rigidité propre sans recours
à une peau extérieure additionnelle ni à une quelconque structure de conteneur.
[0014] On assure ainsi :
. d'un point de vue purement statique et mécanique : l'indéformabilité du projectile,
qui lui donne son caractère autoporteur
. d'un point de vue dynamique : la transmission des efforts (d'accélération et centrifuges)
et leur répartition dans le corps du projectile, pour conserver à celui-ci un comportement
balistique et aérodynamique unitaire, identique à celui d'un projectile homogène (du
type à munitions emportées dans un conteneur).
[0015] Subsidiairement, le fait que la peau extérieure du projectile ne soit constituée
que par la peau extérieure des munitions individuelles permet de maximiser le rapport
charge utile/volume du projectile ; ceci d'autant plus que les dimensions hors-tout
du projectile sont généralement imposées a priori, par exemple par le calibre du tube
d'artillerie dans le cas où le projectile de l'invention est un obus d'artillerie.
[0016] De préférence, le projectile comprend généralement :
. un élément de base, disposé sous la munition inférieure de la pile,
. un élément de tête, disposé sur la munition supérieure de la pile.
[0017] Dans ce dernier cas, les moyens précités pour immobiliser en rotation relative les
munitions les unes par rapport aux autres assurent également leur immobilisation par
rapport aux éléments de base et de têté.
[0018] Dans un premier mode de réalisation des moyens de maintien, ceux-ci sont des moyens
reliant l'élément de tête à l'élément de base de manière à assurer l'indéformabilité
de l'ensemble formé par la pile et les éléments de base et de tête.
[0019] Dans un autre mode de réalisation des moyens de maintien, ceux-ci sont des moyens
aptes à relier, de manière séparable au moment de l'actionnement des moyens de libération,
chacune des munitions individuelles à la munition adjacente.
[0020] L'assujettissement de la pile n'est donc plus assuré globalement comme dans le cas
précédent (où les munitions de l'empilement sont comprimées par mise en tension de
l'élément de base avec l'élément de tête), mais de proche en proche par une série
de liaisons entre éléments adjacents.
[0021] Dans le cas du premier mode de réalisation, des moyens de maintien, ceux-ci comprennent
avantageusement au moins deux bras latéraux ayant chacun l'une de leurs extrémités
reliée à l'un des éléments de base ou de tête par des moyens de verrouillage coopérant
avec les moyens de libération.
[0022] De préférence, l'autre extrémité de chacun des bras latéraux est articulée à l'autre
des éléments de base ou de tête, de manière à permettre le pivotement du bras et son
éloignement de la pile en direction transversale.
[0023] La libération est ainsi d'une part réalisée de façon absolument simultanée pour toutes
les charges, et d'autre part elle est quasiment instantanée grâce au fait que les
munitions sont simplement empilées, et non par exemple encliquetées, ce qui supposerait
un temps minimum de mise en oeuvre pour des moyens mécaniques de libération.
[0024] En outre, les moyens reliant l'élément de tête à l'élément de base forment avantageusement
des chemins de câbles pour permettre la transmission d'informations ou l'alimentation
en énergie, au moins entre l'un des éléments de base ou de tête et chacune des munitions
de la pile ; il est ainsi possible de les utiliser par exemple pour charger en énergie
simultanément les mines juste avant le tir et y introduire les paramètres de fonctionnement
(retard à l'activation après impact au sol, durée d'activation, ....). L'énergie et
les informations sont par exemple transmises à partir de l'élément de tête, par l'intermédiaire
des bras latéraux, vers les allumeurs de chacune des mines ; les bras latéraux peuvent
également servir à la transmission d'informations entre l'élément de tête et l'élément
de base de la pile (par exemple lorsque l'élément de tête comprend des moyens de guidage
servant à commander un propulseur compris dans l'élément de base). Le fait que le
corps du projectile soit constitué d'un empilement nu ne permet, en effet, le passage
de câbles entre sa tête et sa base de la même manière qu'un projectile dont le corps
est formé d'une enveloppe rigide.
[0025] Avantageusement, dans le cas d'un projectile propulsé, le projectile comprend également
des moyens séquenceurs pour successivement :
. commander le fonctionnement de l'élément propulseur pendant une durée prédéterminée
de phase propulsée,
. après écoulement d'un délai prédéterminé de phase balistique, commander la séparation
de l'élément propulseur d'avec l'élément de base et l'ouverture d'un parachute de
freinage éventuel contenu dans ce dernier,
. après écoulement d'un délai prédéterminé de phase de freinage, commander la libération
des moyens de verrouillage,
[0026] les durées de phase propulsée, de phase balistique et de phase de freinage étant
choisies de sorte que le projectile ait, en fin de phase de freinage, une position
par rapport à la cible, une orientation et une vitesse égales à des valeurs types
indépendantes de la situation du point de tir, de manière à assurer la reproductibilité
de la dispersion d'un tir de munitions à l'autre.
[0027] Il est ainsi possible de prévoir une séquence de pose telle que, à la fin de la phase
de freinage, les munitions soient toujours libérées à la même distance par rapport
à la cible, et à la même altitude (cette altitude étant en outre la plus basse possible).
[0028] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront à la lecture de
la description détaillée ci-dessous, en référence aux dessins annexés sur lesquels
:
. la figure 1 est une vue en élévation, avec arrachement partiel, d'un obus d'artillerie
réalisé selon les enseignements de l'invention,
. la figure 2 est une vue partielle de cet obus, montrant le mode d'emboîtement de
deux munitions individuelles,
. la figure 3 est une vue de détail montrant un pion de blocage des mines en rotation,
. la figure 4 est homologue de la figure 3, pour un mode de réalisation dans lequel
les pions de blocage constituent en outre les moyens de maintien,
. la figure 5 est une vue en élévation, avec arrachement partiel, d'une munition autopropulsée
réalisée selon les enseignements de l'invention,
. la figure 6 est un schéma montrant la trajectoire du projectile considéré,
. la figure 7 montre les différents états du projectile et des munitions entre l'instant
du freinage et celui de l'impact au sol,
. la figure 8 est une vue en plan montrant la configuration de la zone de minage par
rapport au point de tir,
. les figures 9 et 10 sont des coupes transversales du projectile, selon les lignes
IX-IX et X-X, respectivement, de la figure 5.
[0029] La figure 1 représente un premier mode de réalisation du projectile selon l'invention,
dans lequel celui-ci est un obus d'artillerie.
[0030] Cet obus comporte un élément de tête 1, un corps central 2 et un élément de base
ou culot 3.
[0031] Le corps central 2 est constitué d'un empilement nu d'une pluralité de charges dispersables
4 superposées avec emboîtement les unes dans les autres .
[0032] Ces munitions sont par exemple des mines antichar, ou des mines mixtes antichar et
antipersonnel, de type dispersable dont la forme permet l'empilement, par exemple
des mines en deux parties articulées 4a et 4b (visibles sur la figure 2 qui représente
deux mines emboîtées) dont l'ouverture est déclenchée après impact au sol de manière
à permettre à la fois le positionnement correct de la mine antichar (contenuedans
l'une des parties) et la dispersion des mines antipersonnel enfermées à l'intérieur.
L'emboîtement des munitions les unes sur les autres résulte de surfaces homologues
4c, 4d dont l'une est convexe et l'autre concave.
[0033] Des mines de ce type sont notamment décrites dans les deux demandes françaises 83-10572
et 83-10573, au nom de la Demanderesse,auxquelles on se référera pour une plus ample
description. Ce type de munitions n'est cependant aucunement limitatif, et l'invention
s'applique à la dispersion de tout autre type de munitions, mines ou autres, dès lors
que celles-ci sont emboîtables et empilables.
[0034] L'empilement est assujetti au moyen d'un câble axial 5 relié d'une part à un point
1a de l'élément de tête et d'autre part à un point 3a du culot, et permettant la mise
en tension de l'empilement entre ces deux éléments. Au moment de la dispersion, la
tension est supprimée par libération du câble, par exemple par des moyens pyrotechniques
classiques.
[0035] Le serrage qui en résulte permet d'obtenir l'indéformabilité souhaitée du projectile
dans son ensemble à l'encontre des efforts axiaux et transversaux (dus notamment aux
accélérations subies pendant le tir et la phase balistique). On notera que, pour que
l'élément de tête puisse s'emboîter dans la munition supérieure de la pile, il est
prévu une gorge 1b permettant le calage de l'élément de tête sur la munition supérieure
; de même, un profil concave 3b du culot reçoit la face convexe 4d de la munition
inférieure de la pile.
[0036] Par ailleurs, il y a lieu de protéger le projectile à l'encontre des efforts centrifuges
très intenses qu'il sera amené à subir pour permettre la stabilisation de sa trajectoire.
Pour cela, le culot 3 est muni, classiquement, d'une ceinture 6 dans laquelle vient
s'imprimer le pas de l'âme rayée du tube du canon.
[0037] De nombreux moyens peuvent être envisagés pour bloquer en rotation les munitions
les unes par rapport aux autres et par-là même transmettre les efforts subis. Sur
la figure 2, on a représenté des rampes 7, pratiquées à la périphérie des munitions,
et permettant d'assurer cette fonction. Le blocage à sens unique qu'elles assurent
ne crée en outre aucune gène au moment où l'empilement est libéré pour la dispersion
des munitions. Bien entendu, l'élément de base et le culot sont eux aussi pourvus
de rampes homologues.
[0038] Une autre caractéristique, particulièrement avantageuse, des rampes est de permettre
en outre une dispersion en direction axiale des munitions individuelles au moment
de la libération,par simple application (par exemple par des moyens pyrotechniques
classiques) d'un couple de rotation à contresens du sens de rotation du projectile
en phase balistique. L'effet de rampe transforme ce couple en une force orientée axialement
assurant simultanément la désolidarisation de la pile et l'éloignement relatif des
munitions.
[0039] En variante (figure 3) les munitions sont bloquées en rotation au moyen de pions
périphériques 8. Ces pions doivent permettre une séparation aisée en direction axiale
des deux éléments qu'ils relient, leur seul rôle étant ici d'assurer le blocage en
rotation des divers éléments constituant le projectile.
[0040] Le nombre et la dimension des pions ou, dans le cas précédent, la longueur et la
hauteur des rampes, sont calculés de manière à autoriser la transmission des efforts
centrifuges, qui peuvent être très importants (la vitesse de rotation du projectile
sur lui-même est couramment de l'ordre de 2000 tours/minute).
[0041] Le fait de prévoir un câble axial comme moyen de maintien présente l'avantage que
celui-ci ne subit pratiquement pas d'efforts centrifuges, à la différence de câbles
qui auraient été disposés à la périphérie du projectile. Cette caractéristique est
particulièrement avantageuse pour un projectile d'artillerie tournant à grande vitesse.
[0042] Dans un autre mode de réalisation des moyens de maintien, on remplace la liaison
d'ensemble entre l'élément de tête et le culot (câble axial 5 de la figure 1, ou autres
moyens similaires) par une série de moyens de liaison de chacune des munitions à la
munition adjacente, la solidarisation de l'ensemble étant alors assurée de proche
en proche et non plus globalement.
[0043] Ces moyens de liaison peuvent être par exemple des goupilles explosives 9 représentées
figure 4, en remplacement des pions périphériques 8 de la figure 3. A la différence
des pions périphériques, ces goupilles doivent assurer le maintien des munitions à
l'encontre des sollicitations axiales aussi bien que centrifuges. Les moyens de libération
sont alors des moyens permettant de réaliser l'amorçage simultané de toutes les goupilles
explosives du projectile. Mise à part la suppression du câble axial 5, l structure
du projectile reste la même que précédemment.
[0044] La figure 5 représente, en élévation, un autre mode de réalisation du projectile
dans son ensemble. On décrira plus particulièrement le cas d'une roquette emportant
des charges dispersables, mais cette application n'est pas limitative ; il est également
possible d'envisager un projectile ne comportant pas de moyens propulseurs propres,
par exemple une bombe freinée emportée sous avion, ou dans un conteneur de largage
aéroporté.
[0045] Le projectile décrit comprend une ogive 10 formant élément de tête, un empilement
nu 20 d'une pluralité de charges dispersables 21, un élément de base 30 et enfin un
étage propulseur 40 ; l'empilement 20 est solidarisé par des bras latéraux 50 - rigides
ou non - formant moyens de maintien.
[0046] Les moyens de maintien peuvent cependant être constitués différemment, notamment
selon les différentes variantes décrites à propos du mode de réalisation précédent
(câble axial reliant l'élément de tête à l'élément de base, assujettissement de l'ensemble
par maintien des élémentsde proche en proche). De la même façon, le détail des moyens
d'immobilisation en rotation des éléments (rampes, pions circonférentiels), qui ne
sera pas repris ici, reste entièrement applicable.
[0047] L'élément de tête 10 comprend un boîtier électronique 11 permettant en particulier
le séquencement du fonctionnement du projectile, comme il sera décrit par la suite.
Une prise extérieure 12 permet la transmission d'énergie (chargement en énergie juste
avant le tir) et d'informations de l'extérieur vers le boîtier électronique 11, celui-ci
répartissant ensuite cette énergie et ces informations (ainsi que les informations
qu'il a lui-même élaborées) vers chacune des munitions individuelles 21 au moyen des
bras latéraux 50 formant un chemin de câbles desservant toutes les mines. En outre,
ces chemins de câbles assurent une transmission entre l'élément de tête 10 et l'élément
de base 30 ainsi que le propulseur 40.
[0048] La surface inférieure 13 de l'élément de tête est prévue pour s'adapter par emboîtement
sur la munition supérieure de l'empilement ; par ailleurs, il est prévu un ressort
14 pour faciliter l'éjection de l'élément de tête à distance de la pile au moment
de la libération.
[0049] La pile 20 est constituée de munitions individuelles 21, avec des surfaces supérieure
21a et inférieure 21b homologues, de manière à réaliser un emboîtement. L'empilement
et l'immobilisation en rotation sont réalisés de la même manière que dans le premier
mode de réalisation, décrit en référence aux figures 1 à 4. Les munitions peuvent
avantageusement, ici encore, être du type décrit dans les deux demandes françaises
83-10572 et 83-10573 précitées. Par ailleurs, il est indifférent, pour l'obtention
des résultats visés par l'invention, que les munitions tournent leur surface concave
ou leur surface convexe vers l'avant, dans la mesure où la fonction d'emboîtement
n'est pas modifiée.
[0050] L'élément de base 30 contient de préférence un parachute 31 qui permettra, comme
on le verra par la suite, le freinage du projectile. La surface supérieure 32 de l'élément
de base est prévue pour venir s'emboîter à l'intérieur de la surface inférieure de
la dernière mine de l'empilement. Par ailleurs, cet élément de base comprend également
un extracteur pyrotechnique 33 apte à provoquer la séparation de cet élément de base
d'avec le propulseur 40, cette séparation s'accompagnant de l'ouverture du parachute.
[0051] L'étage propulseur 40 est par exemple un propulseur à combustible solide 41 comprenant
en outre des ailettes de stabilisation 42, par exemple articulées pour réduire l'encombrement
du tube lanceur du projectile.
[0052] En variante, l'élément de base peut être un élément empenné du type culot de bombe,
avec possibilité de fusée de culot et éolienne pour l'armement.
[0053] Les bras latéraux 50, dont on a vu qu'ils assuraient une double fonction mécanique
(assujettissement de la pile) et électrique (transmission d'énergie et d'informations)
ont une de leurs extrémités 50a reliée à l'élément de tête 10 et l'autre extrémité
50b reliée à l'élément de base 30.
[0054] Les figures 9 et 10 montrent les détails de ces liaisons : la liaison à l'élément
de tête 10 (figure
9) est réalisée par des goupilles 51 éjectables, cette éjection pouvant être réalisée
par exemple par des moyens pyrotechniques comprenant une charge 52 amorcée par un
détonateur 53 : l'activation de ces détonateurs provoquera ainsi, de façon quasi-instantanée,
la dissociation de l'élément de tête 10 d'avec la pile 20, la séparation étant en
outre renforcée par la détente du ressort 14.
[0055] Les extrémités inférieures 50b des bras sont reliées à l'élément de base 30 (figure
10) par des goupilles 54 (non éjectables) assurant ainsi une articulation des bras
à leur base sur l'élément 30.
[0056] Bien que sur les figures il ait été représenté une réalisation comportant deux bras,
le nombre de ceux-ci n'est pas limitatif ; il n'est pas non plus nécessaire que ces
bras soient rigides les moyens de maintien pourraient également se composer par exemple
de sangles tendues entre l'élément de base et l'élément de tête pour maintenir les
différents éléments de la pile sous pression.
[0057] On notera enfin que l'encastrement des bras dans une gorge longitudinale de chaque
munition (visible figs 9 et 10) permet à la fois de contribuer à l'immobilisation
en rotation des éléments constituant le projectile et de conserver à ce dernier une
forme extérieure générale cylindrique, les bras ne faisant pas saillie.
[0058] On va maintenant décrire la séquence de mise en oeuvre du projectile.
[0059] Tout d'abord, peu avant le tir, chacune des mines est chargée en énergie (chargement
d'un condensateur ou d'une micro-pile) et programmée avec ses paramètres de fonctionnement
(retard à l'armement, ...). Ces paramètres électriques sont introduits en un point
unique 12 de l'élément de tête, et ensuite distribués vers les différentes mines par
les bras 50 formant chemins de câbles. En outre, les informations balistiques (distance
de tir, angle de tir, ....) sont enregistrés dans le boîtier électronique 11 pour
permettre le séquencement approprié des différentes phases entre l'instant du tir
et la dispersion des munitions.
[0060] Les différentes phases de la trajectoire sont schématisées figure 6 : celle-ci comprend
tout d'abord une première phase propulsée AB correspondant à la durée de fonctionnement
de l'étage propulseur. Le projectile continue ensuite sur sa lancée pendant une phase
balistique BC, après laquelle est déclenchée une phase de freinage CD ayant pour objet
de réduire la vitesse du projectile. Au point D qui est le point de dispersion, le
projectile a une vitesse V. Les munitions alors séparées sont soumises à leur balistique
propre et viennent frapper le sol au voisinage du point E correspondant à la cible
visée.
[0061] De préférence, les moyens séquenceurs prévus dans le projectile permettent de choisir
automatiquement les durées de phase propulsée, de phase balistique, de phase de freinage
de sorte que le projectile ait, en fin de phase de freinage (c'est-à-dire au point
de dispersion D) une altitude h, une distance a par rapport à la cible, un module
de vecteur vitesse et une orientation du vecteur vitesse qui soient toutes aussi voisines
que possible de valeurs types indépendantes de la situation du point de tir A : sur
la figure 6, il a été ainsi représenté deux autres trajectoires A' B' C' D E et A"
B" C" D E, pour lesquelles la distance point de tir-cible x varie ; cependant, le
séquencement des différentes phases est réalisé de manière que le point de dispersion
D soit pratiquement le même.
[0062] Cette caractéristique permet en particulier d'assurer une reproductibilité excellente
de la dispersion d'un tir de munitions à l'autre, et quelle que soit la distance de
tir.
[0063] La figure 7 illustre l'état du projectile au cours des différentes phases : en fin
de phase balistique (au point C), le propulseur 40 est séparé d'avec l'élément de
base 30 grâce aux moyens extracteurs 33. Simultanément, le parachute 31 s'ouvre (figure
7 gauche) de manière à réduire la vitesse du projectile.
[0064] Au point de dispersion D (figure 7 au centre), les bras sont déverrouillés par éjection
des goupilles situées à leur tête. L'ogive 10 est éjectée et les bras 50 s'écartent,
libérant ainsi l'empilement de munitions 21.
[0065] L'ouverture des bras peut être réalisée naturellement, ou peut être assistée par
des moyens mécaniques à ressort, des moyens pyrotechniques, ....
[0066] En ce qui concerne la dispersion des mines, il peut être éventuellement prévu des
moyens séparateurs pour provoquer une dispersion relative axiale ou transversale (ou
l'une et l'autre) des munitions entre elles après déverrouillage. Ces moyens peuvent
être par exemple constitués de ressorts disposés entre mines adjacentes ou encore
une sangle passant sous l'empilement et dont les extrémités sont reliées aux extrémités
supérieures des bras : l'écartement (naturel ou assisté) de ces derniers va produire
une tension de la sangle communiquant une impulsion supplémentaire en direction axiale
aux munitions.
[0067] Après séparation, les munitions frappent le sol, rebondissent et finalement s'immobilisent
dans la zone de minage (figure 7 à droite).
[0068] Cette zone de minage est représentée schématiquement sur la figure 8 : grâce à la
séquence de fonctionnement choisie, la profondeur C peut en être très réduite, et
quasiment indépendants de la distance x de tir ; la largeur d de la zone de minage
dans une direction transversale est fonction de l'angle θ de tir de différents projectiles
du type considéré.
1. Un projectile pour dispersion de munitions, caractérisé en ce qu'il comprend :
. une pluralité de munitions individuelles (4 ; 21), superposées axialement de façon
séparable en une pile unique (2 ; 20), ces munitions étant des munitions de forme
générale aplatie, dont les faces supérieure (4c ; 21a) et inférieure (4d ; 21b) ont
des profils complémentaires pour permettre l'emboîtement des munitions superposées.
. des moyens de maintien (5 ; 50) pour solidariser entre elles les munitions et rendre
la pile indéformable à l'encontre des sollicitations axiales et transversales, de
manière que cette pile ainsi rigidifiée forme une structure autoportante constituant
le corps du projectile,
. des moyens de libération, pour provoquer la désolidarisation simultanée de toutes
les munitions de la pile et autoriser leur dispersion.
2. Un projectile selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il est en outre prévu
des moyens (7 ; 8) pour immobiliser les munitions individuelles en rotation relative,
au moins dans un sens, autour de l'axe de la pile les unes par rapport aux autres,
de manière à assurer la transmission et la répartition des efforts centrifuges subis
par le projectile.
3. Un projectile selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comprend également
:
. un élément de base (3 ; 30), disposé sous la munition inférieure de la pile,
. un élément de tête (1 ; 10), disposé sur la munition supérieure de la pile,
les moyens de maintien étant des moyens reliant l'élément de tête à l'élément de base
de manière à assurer l'indéformabilité de l'ensemble formé par la pile et les éléments
de base et de tête.
4. Un projectile selon la revendication 3, caractérisé en ce qu'il est en outre prévu
des moyens (7 ; 8) pour immobiliser les munitions individuelles en rotation relative,
au moins dans un sens, autour de l'axe de la pile les unes par rapport aux autres,
aussi bien que par rapport aux éléments de base et de tête, de manière à assurer la
transmission et la répartition des efforts centrifuges subis par le projectile.
5. Un projectile selon la revendication 1, caractérisé en ce que les moyens de maintien
sont des moyens (9) aptes à relier, de manière séparable au moment de l'actionnement
des moyens de libération, chacune des munitions individuelles à la munition adjacente.
6. Un projectile selon la revendication 1, caractérisé en ce que les moyens de libération
sont des moyens pyrotechniques (9 ; 52, 53).
7. Un projectile selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comprend en outre
des moyens séparateurs pour provoquer une dispersion relative axiale ou transversale
des munitions entre elles après leur désolidarisation.
8. Un projectile selon la revendication 3, caractérisé en ce que les moyens de maintien
comprennent au moins deux bras latéraux (50) ayant chacun l'une de leurs extrémités
(50a) reliée à l'un des éléments de base ou de tête par des moyens de verrouillage
(51) coopérant avec les moyens de libération.
9. Un projectile selon la revendication 8, caractérisé en ce que l'autre extrémité
(50b) de chacun des bras latéraux est articulée à l'autre des éléments de base ou
de tête, de manière à permettre le pivotement du bras et son éloignement de la pile
en direction transversale.
10. Un projectile selon la revendication 8, caractérisé en ce que les moyens de verrouillage
comprennent, pour chaque bras, une goupille (51) éjectable par les moyens de libération.
11. Un projectile selon la revendication 8, caractérisé en ce qu'il comprend en outre
des moyens d'assistance d'ouverture assurant, après déverrouillage, un écartement
forcé des bras à distance de la pile.
12. Un projectile selon la revendication 3, caractérisé en ce que les moyens reliant
l'élément de tête à l'élément de base forment des chemins de câbles pour permettre
la transmission d'informations ou l'alimentation en énergie, au moins entre l'un des
éléments de base ou de tête et chacune des munitions de la pile.
13. Un projectile selon la revendication 3, caractérisé en ce que l'élément de base
est un élément du type culot de projectile d'artillerie (3).
14. Un projectile selon la revendication 3, caractérisé en ce que l'élément de base
comporte un parachute de freinage (31).
15. Un projectile selon la revendication 3, caractérisé en ce que l'élément de base
est lui-même disposé sur un élément propulseur (40), séparable d'avec l'élément de
base.
16. Un projectile selon la revendication 15, caractérisé en ce qu'il comprend également
des moyens séquenceurs aptes, successivement, à :
. commander le fonctionnement de l'élément propulseur pendant une durée prédéterminée
de phase propulsée (AB),
. après écoulement d'un délai prédéterminé de phase balistique (BC), commander la
séparation de l'élément propulseur d'avec l'élément de base et l'ouverture du parachute
de freinage contenu dans ce dernier,
. après écoulement d'un délai prédéterminé de phase de freinage (CD), commander la
libération des moyens de verrouillage,
les durées de phase propulsée, de phase balistique et de phase de freinage étant choisies
de sorte que le projectile ait, en fin de phase de freinage, une position (D) par
rapport à la cible (E), une orientation et une vitesse (V) aussi voisines que possible
à des valeurs types indépendantes de la situation du point de tir (A), de manière
à assurer la reproductibilité de la dispersion d'un tir de munition à l'autre.
17. Un projectile selon la revendication 2, caractérisé en ce que les moyens pour
immobiliser les munitions individuelles en rotation relative comprennent des rampes
périphériques, ces rampes assurant le blocage relatif des munitions pour le sens de
rotation du projectile en phase balistique, et en ce que des moyens sont prévus pour
appliquer à chaque munition, au moment de la libération, un couple de rotation à contresens
de manière que, par effet de rampe, ce couple à contresens soit transformé en une
force orientée axialement permettant l'éloignement relatif des munitions en direction
axiale.