[0001] La présente invention est relative à un procédé pour surveiller le moussage de la
scorie dans les convertisseurs d'affinage de fonte avec insufflation d'un gaz oxydant
tel que par exemple de l'air enrichi ou de l'oxygène industriellement pur.
[0002] La connaissance de l'état de la scorie, et notamment de son moussage, est très importante
pour la conduite et la régulation du processus d'affinage de la fonte généralement
appelé affinage à l'oxygène. On sait en effet que dans ce type d'affinage, l'état
mousseux de la scorie est souvent recherché, parce qu'il favorise les réactions entre
le métal et la scorie. scorie.
[0003] Ces réactions sont particulièrement intenses pendant la première partie de l'affinage,
c'est-à-dire pendant environ les trois premiers quarts de la durée du soufflage d'oxygène.
C' est pendant cette période que le moussage de la scorie est le plus important.
[0004] Il convient toutefois, pendant cette période, d'éviter un moussage exagéré de la
scorie, qui pourrait donner lieu à des débordements, avec tous les inconvénients propres
à une telle éventualité : danger pour le personnel, arrêt de l'installation, réparations,
pertes de temps et de matières, etc...
[0005] Il peut être utile de rappeler ici que, dans la majorité des cas, ce risque de débordement
n'existe plus en fin d'affinage, c'est-à-dire pendant les dernières minutes du soufflage,
car à ce moment, la mousse a pratiquement disparu.
[0006] De nombreuses méthodes de mesure pour déterminer la hauteur d'une telle mousse ont
déjà été préconisées; dans les procédés d'affinage avec soufflage par le haut notamment,
il existe des méthodes faisant appel à des thermocouples disposés sur la lance d'affinage
ou à la mesure de la température de l'eau servant à refroi-. dir la lance d'affinage.
[0007] D'autres procédés connus mettent en oeuvre des ondes optiques (laser) ou électromagnétiques,
ainsi que des méthodes basées sur l'intensité du bruit provenant du convertisseur.
[0008] On connaît notamment un procédé pour déterminer le moussage de la scorie, dans lequel.d'une
part, on mesure en continu l'intensité du son provenant du convertisseur dans une
bande de fréquences déterminée, et d'autre part on analyse en continu les gaz contenus
dans le convertisseur et on détermine le débit du C0
2 sortant du convertisseur. Par des calculs appropriés, on établit une loi de variation
de la hauteur de la mousse au-dessus du bain métallique pendant toute la durée du
soufflage.
[0009] Cette méthode a fourni des résultats intéressants, mais elle présente néanmoins l'inconvénient
de nécessiter la mesure simultanée de plusieurs grandeurs; à savoir l'intensité du
son, la composition des gaz et le débit de C0
2. Elle impose un important volume de calculs qui fournissent de manière indirecte
la valeur de la hauteur de mousse.
[0010] La présente invention a pour objet un procédé permettant de remédier à cet inconvénient.
[0011] Ce procédé est fondé sur la constatation, tout à fait inattendue, selon laquelle
l'intensité du son provenant du convertisseur dans certaines bandes de fréquences
dépend directement de la hauteur de la mousse dans le convertisseur. Etant donné que
l'intensité sonore est différemment influencée par la mousse selon la fréquence du
son, le Demandeur a pu vérifier qu'il était possible de surveiller l'évolution du
moussage de la scorie par la mesure de l'intensité du son dans deux bandes de fréquences
judicieusement choisies.
[0012] Conformément à cette constatation, le procédé__pour surveiller le moussage de la
scorie qui fait l'objet de la présente invention, dans lequel on mesure l'intensité
du son provenant du convertisseur au cours de l'affinage, est essentiellement caractérisé
en ce que :
- on mesure en continu l'intensité SI du son dans une première bande de fréquences,
- on détermine, à partir de la mesure dans cette première bande de fréquences, le
moment où la mousse atteint la lance de soufflage,
- on mesure en continu l'intensité S2 du son dans une seconde bande de fréquences,
- on détermine, à partir de la mesure dans cette seconde bande de fréquences, le moment
où la mousse atteint un niveau proche du bec du convertisseur,
- on modifie les conditions du soufflage, de façon à empêcher le débordement de la
mousse.
[0013] Selon l'invention, la première bande de fréquences se situe avantageusement entre
150 Hz et 1000 Hz, de préférence entre 300 Hz et 500 Hz, et la seconde bande de fréquences
se situe avantageusement entre 5 Hz et 40 Hz, de préférence entre 15 Hz et 30 Hz.
[0014] Le Demandeur a constaté que l'intensité SI du son mesurée dans la première bande
de fréquences augmente rapidement, puis subit une diminution rapide, jusqu' être couverte
par le bruit de fond de l'aciérie. Selon les observations du Demandeur, l'atténuation
rapide de cette intensité correspond au moment où la mousse atteint le nez de la lance
de soufflage.
[0015] Le Demandeur a également constaté avec surprise que l'intensité S
2 du son mesurée dans la seconde bande de fréquences, augmente de façon très nette à
partir du moment où la mousse a atteint le nez de la lance, jusqu'au moment où elle
atteint le bec du convertisseur et commence à déborder.
[0016] Il est dès lors avantageux, selon l'invention, de choisir pour l'intensité du son
dans la seconde bande de fréquences, une valeur limite correspondant à un niveau de
mousse pour lequel il n'existe pas de risque de débordement.
[0017] Le signal correspondant à l'intensité S
2 mesurée dans la seconde bande de fréquences est très sensible à la variation du niveau
de la mousse. Il permet donc de déterminer avec précision le niveau de la mousse dans
le convertisseur à un instant quelconque, pour autant que l'installation ait été préalablement
étalonnée.
[0018] Selon une mise en oeuvre intéressante du procédé de l'invention, on fixe à l'intensité
du son mesurée dans la dite seconde bande de fréquences, une valeur limite correspondant
à un niveau que la mousse ne peut dépasser, et on règle les conditions de soufflage
de façon que la dite intensité de son mesurée ne dépasse pas cette valeur limite.
[0019] Selon une variante avantageuse, on fixe cette valeur limite entre 80 % et 90 % de
la valeur de l'intensité du son mesurée au moment où la mousse atteint le niveau du
bec du convertisseur.
[0020] Ce signal S
2 est également influencé par d'autres paramètres, notamment la hauteur de la lance
de soufflage, le débit d'oxygène soufflé et la configuration de l'installation. Au
sens de la présente demande, la configuration de l'installation englobe de façon non
limitative, la présence éventuelle d'une jupe mobile à l'embouchure du convertisseur,
la position et l'orientation du microphone et la géométrie du convertisseur.
[0021] Selon l'invention, on applique au signal représentatif de l'intensité mesurée S
2 un coefficient de correction tenant compte de l'influence des divers facteurs perturbateurs.
[0022] Ce coefficient, désigné ici par k, peut avoir la forme générale suivante :
dans laquelle : HL est la hauteur de la lance,
Qo2 est le débit d'oxygène soufflé,
F 2 est un facteur de forme traduisant l'influence de la configuration du convertisseur,
telle qu'elle a été définie plus haut.
[0023] Dans une forme simplifiée, tenant compte des deux paramètres les plus importants,
ce coefficient peut s'écrire :

dans laquelle a, b, c et d sont des coefficients propres à chaque installation.
[0024] Dans le cadre d'un procédé d'affinage de fonte faisant appel au moussage de la scorie,
il est souhaitable de surveiller l'évolution de la mousse avec une attention particulière
pendant la période au cours de laquelle il existe des risques de débordement.
[0025] On a montré plus haut que cette période pouvait être déterminée de façon précise
dans le temps et qu'elle se situait après le moment où la mousse atteint le nez de
la lance de soufflage.
[0026] Dans certains cas cependant, le signal S
2 ne se distingue pas de façon suffisamment nette du bruit de fond. On dit alors que
le rapport signal/bruit est faible. Le Demandeur a constaté que la détection de la
montée de la mousse était particulièrement malaisée lorsque ce rapport signal/bruit
était inférieur à 4.
[0027] En vue d'améliorer la surveillance du niveau de la mousse entre le nez de la lance
et le bec du convertisseur, particulièrement lorsque le rapport signal/bruit est inférieur
à 4, il a été trouvé intéressant, selon l'invention, d'effectuer la différence (S
2 - S
I) entre les signaux représentatifs des intensités mesurées dans les deux bandes de
fréquences, de fixer à cette différence une valeur limite correspondant à un niveau
que la mousse ne peut dépasser, et de régler les conditions de soufflage, de façon
que cette différence ne dépasse pas la dite valeur limite.
[0028] Cette valeur limite est avantageusement fixée entre 80 % et 90 % de la valeur atteinte
par cette différence (S
2 - SI) au moment où la mousse atteint le niveau du bec du convertisseur.
[0029] Selon cette mise en oeuvre, il s'est également avéré avantageux d'appliquer à la
dite différence (S
2 - S
1) le coefficient de correction tenant compte de l'influence de facteurs perturbateurs
tels que la hauteur de la lance et le débit d'oxygène soufflé.
[0030] Dans certains autres cas, il arrive que le signal S
2 soit fortement perturbé alors que le signal S
1 ne l'est pas ou l'est nettement moins que S
2.
[0031] Pour réaliser dans ces cas une détection significative du niveau de la mousse, il
s'est avéré intéressant de mesurer les intensités S
1 et S
2 du.son dans la première et dans la seconde bande de fréquences, d'appliquer au signal
S
2 le coefficient de correction tenant compte de l'influence des facteurs perturbateurs
dé-
jà cités, d'effectuer la différence (S
2 corr. -
S1) entre le signal S
2 corrigé et le signal S
1, de fixer à cette différence une valeur limite correspondant à un niveau que la mousse
ne peut dépasser et de régler les conditions de soufflage, de façon que cette différence
ne dépasse pas la dite valeur limite.
[0032] Dans ce cas également, la valeur limite est avantageusement fixée entre 80 % et 90
% de la valeur atteinte par la différence (
S2 corr.
S1) au moment où la mousse atteint le niveau du bec du convertisseur.
[0033] Afin d'illustrer le principe sur lequel repose le procédé de l' invention, on va
en décrire deux mises en oeuvre particulières, en faisant référence aux figures annexées.
[0034] La figure 1 représente l'évolution des intensités sonores S
1 et S
2 en fonction du temps, dans le cas d'une opération d'affinage avec formation de mousse
(fig. l.a) et sans formation de mousse (fig. l.b).
[0035] La figure 2 illustre l'effet de la correction appliquée au signal S
2, également lors d'un affinage avec moussage (fig. 2.a) et sans moussage de la scorie
(fig. 2.b).
[0036] Dans un convertisseur à soufflage d'oxygène par le haut, on a installé un microphone
captant un large spectre de fréquences, par exemple jusqu'à 1000 Hz. Après amplification,
le signal brut est subdivisé par des filtres appropriés, en deux signaux SI et S
2 correspondant respectivement aux bandes de fréquences choisies, soit de 300 Hz à
500 Hz pour S
1 et de 15 Hz et 30 Hz pour S
2.
[0037] La figure 1 montre des enregistrements obtenus dans de bonnes conditions.
[0038] Elle révèle que le signal S
1 augmente très rapidement jusqu'à un maximum élevé, puis diminue presqu'aussi rapidement
jusqu'à un point où il reste sensiblement constant. Ce point est atteint après environ
4 minutes; il traduit le moment où la mousse atteint le nez de la lance de soufflage
et agit comme un écran absorbant à l'égard des ondes sonores à haute fréquence émises
par la lance.
[0039] Le signal S
2 évolue de façon très différente.
[0040] En cas de moussage de la scorie (fig. l.a), le signal S
2 augmente rapidement au moment où la mousse atteint le nez de la lance, et il conserve
une valeur élevée pendant la majeure partie de l'affinage.
[0041] Dans le cas où la scorie ne mousse pas (fig. l.b), le signal S
2 est pratiquement indissociable du signal S
1. Ce dernier est d' ailleurs plus perturbé qu'en cas de moussage de la-scorie, car
il n'existe pas d'écran absorbant les ondes à haute fréquence. y Cette figure 1 illustre
clairement le caractère représentatif du signal S
2 en ce qui concerne le moussage de la scorie et 1' intérêt de la mesure de ce signal
pour la surveillance de ce phénomène.
[0042] La figure 2 représente des enregistrements de la même nature, mais obtenus dans des
conditions défavorables. Elle traduit 1' effet de la correction appliquée au signal
S
2, conformément à l'une des variantes de la présente invention.
[0043] En cas de moussage (fig. 2.a), la correction appliquée au signal S
2 permet de distinguer nettement le signal S
2 corr. du signal SI et dès lors, de le rendre utilisable pour la surveillance du niveau
de la mousse.
[0044] Lorsqu'il n'y a pas de moussage, le signal S
2 corr. est dissocié du signal S
2, mais il reste imbriqué dans le signal SI et il ne permet dès lors aucune mesure
significative à l'égard de la mousse (fig. 2.b).
[0045] La figure 2 confirme l'intérêt du signal S
2 pour la surveillance du niveau de la mousse. Elle traduit en outre l'effet bénéfique
de la correction du signal S
2.
[0046] La surveillance du signal S
1 permet donc de déceler la présence de mousse dans le convertisseur.
[0047] En cas de moussage, la surveillance du signal S
2, de préférence corrigé conformément au procédé de l'invention, permet de déterminer
à tout instant le niveau de la mousse dans le convertisseur, d'apprécier les risques
de débordement et de modifier les conditions de soufflage de façon appropriée.
[0048] Ces modifications peuvent d'ailleurs être commandées automatiquement en fixant au
signal S
2 une valeur limite, par exemple 60 % à ne pas dépasser, de façon à éviter tout débordement
de scorie.
1. Procédé de surveillance du moussage de la scorie au cours d' une opération d'affinage
de fonte dans un convertisseur à l'oxygène, dans lequel on mesure l'intensité du son
provenant du convertisseur au cours de l'affinage, caractérisé en ce que l'on mesure
l'intensité S1 du son dans une première bande de fréquences, en ce que l'on détermine à partir de
cette première mesure, le moment où la mousse atteint la lance de soufflage, en ce
que l'on mesure en continu l'intensité S2 du son dans une seconde bande de fréquences, en ce que l'on détermine, à partir de
cette seconde mesure, le moment où la mousse atteint un niveau proche du bec du convertisseur
et en ce que l'on modifie les conditions du soufflage de façon à empêcher le débordement
de la mousse.-
2. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce que la première bande de
fréquences s'étend de 150 Hz à 1000 Hz, et de préférence de 300 Hz à 500 Hz.
3. Procédé suivant l'une ou l'autre des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que
la seconde bande de fréquences s'étend de 5 Hz à 40 Hz, et de préférence de 15 Hz
à 30 Hz.
4. Procédé suivant l'une ou l'autre des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
l'on corrige le signal représentatif de. l'intensité du son mesurée dans la seconde
bande de fréquences, de façon à tenir compte de l'influence de facteurs perturbateurs,
tels que la hauteur de lance et le débit d'oxygène soufflé.
5.Procédé suivant l'une ou l'autre des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que
l'on fixe, à l'intensité du son dans la dite seconde bande de fréquences, respectivement
au signal corrigé représentatif de cette intensité, une valeur limite correspondant
à un niveau que la mousse ne peut dépasser, et en ce que l'on règle les conditions
du soufflage de façon que cette intensité du son,respectivement le signal corrigé
représentatif de cette intensité, ne dépasse pas la dite valeur limite.
6. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce que l'on effectue la différence
(S2 - Sl) des intensités du son mesurées dans les dites seconde et première bandes de fréquences,
de préférence à partir du moment où la mousse atteint la lance de soufflage, en ce
que l'on fixe à cette différence une valeur limite correspondant à un niveau que la
mousse ne peut dépasser et en ce que l'on règle les conditions du soufflage, de façon
que cette différence ne dépasse pas la dite valeur limite.
7. Procédé suivant la revendication 6, caractérisé en ce que l'on corrige le signal
représentatif de la dite différence, de façon à tenir compte de l'influence de facteurs
perturbateurs, tels que la hauteur de lance et le débit d'oxygène soufflé.
8. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce que l' on corrige le signal
représentatif de l'intensité S2 du son mesurée dans la dite seconde bande de fréquences, en ce que l'on effectue
la différence (S2 corr.- SI) de l'intensité corrigée S2 corr. et de l'intensité S1 mesurées respectivement dans les seconde et première bandes de fréquences, de préférence
à partir du moment où la mousse atteint la lance de soufflage, en ce que l'on fixe
à cette différence une valeur limite correspondant à un niveau que la mousse ne peut
dépasser et en ce que l'on règle les conditions du soufflage de façon que cette différence
ne dépasse pas la dite valeur limite.
9. Procédé suivant l'une ou l'autre des revendications 5, 6 et 8 caractérisé en ce
que l'on fixe la dite valeur limite entre 80 % et 90 % de la valeur atteinte par la
dite intensité du son, respectivement par la dite différence, au moment où la mousse
atteint le niveau du bec du convertisseur.