[0001] La présente invention concerne le domaine de la fabrication de barres, fils ou profilés
par transformation à chaud suivie éventuellement d'une transformation à froid. De
façon plus particulière, l'invention concerne un nouveau procédé de réalisation d'un
lopin composite pour transformation à chaud ainsi qu'une méthode de fabrication de
produits difficiles à transformer mettant en oeuvre un tel lopin composite.
[0002] La fabrication de produits longs en métaux ou alliages difficiles à transformer par
déformation plastique à chaud ou à froid a souvent fait appel à des enveloppes ou
revêtements. Ainsi, le brevet US 2 050 298 décrit un procédé de fabrication de fils
fins d'aciers inoxydables par déformation, par exemple par étirage ou par laminage,
d'un lopin composé d'une pluralité d'éléments dans une matrice de poudre métallique
ou plastique jouant le rôle de matériau séparateur entre les éléments individuels
du faisceau, avec comme conteneur une gaine tubulaire, la matrice constituant la plus
grande partie du volume.
[0003] Pour sa part, le brevet FR 1 147.236 décrit le filage à chaud en de très faibles
sections, par exemple de fils de métaux très difficiles à travailler à chaud, grâce
à un procédé de filage de composite où le faisceau de fils est entouré par une enveloppe
mince en acier doux, enveloppe éliminée après filage 2ar voie chimique ou mécanique.
Le brevet FR 1 150 035 décrit le revêtement du lopin à filer par une enveloppe de
métal facile à filer et l'interposition d'un lubrifiant tel que le verre entre les
outillages de filage et le lopin. Le brevet US 3 394 213 décrit un procédé de fabrication
de filaments par transformation à chaud suivie d'étirage à froid, dans lequel on emploie
une billette composite, comprenant une gaine extérieure, des fils étanches et éventuellement
un liant en poudre, la gaine extérieure étant par exemple en Monel 400 ou en acier
doux et les fils ébauches en acier inoxydable AISI 304. Le brevet FR 2 347 989 décrit
un procédé de transformation de pièces massives en alliage réfractaire, et plus précisément
un procédé de déformation plastique à chaud desdites pièces, à partir d'un ensemble
composite comprenant au moins la ou lesdites pièces (en alliage réfractaire) disposées
dans une enveloppe d'épaisseur supérieure à 0,5 mm et de résistance à la déformation
plastique à chaud inférieure à celle de l'alliage réfractaire, cette enveloppe étant
constituée, dans le cas du filage à chaud de plusieurs fils ébauches, soit par un
cylindre percé de plusieurs canaux qui reçoivent les fils ébauches et par un bouchon
d'extrémité soudé, soit par un empilement de tubes hexagonaux extérieurement et cylindriques
intérieurement et par deux bouchons soudés.
[0004] Dans tous les procédés, l'intérêt d'une enveloppe, gaine et parfois matrice, plus
facile à déformer que le produit à obtenir en faible section a été reconnue. Le lopin
ou la billette composite obtenue est d'autant plus faicle à déformer que l'enveloppe
est plus épaisse. En outre, dans le procédé décrit par le brevet US 3 277 564 pas
encore cité, le matériau de gainage remplit peu à peu les vides existant entre les
fils gainés et joue alors le rôle d'une matrice transmettant les contraintes d'étirage
et de formage. Ainsi, le gainage intérieur ou matrice comme du reste l'enveloppe extérieure
joue un rôle de lubrifiant, favorable au bon état de surface des produits transformés
sous gaine. Enfin, l'enveloppe extérieure joue le rôle de revêtement protecteur vis
à vis de la contamination des produits transformés pendant le travail à chaud. Après
la fin du travail à chaud ou après une partie de la transformation à froid qui lui
succède, l'enveloppe est éliminée, le plus souvent par dissolution chimique.
[0005] En contrepartie des avantages ainsi procurés par l'enveloppe du lopin ou de la billette
composite pour la déformation plastique de métaux ou alliages difficiles à transformer
à chaud, la constitution de cet ensemble composite est habituellement compliquée et
coûteuse car elle utilise notamment soit une enveloppe extérieure comportant au moins
une
lièce d'extrémité et une gaine tubulaire, soit un bloc massif percé d'un ou plusieurs
canaux, et elle comporte souvent des opérations de soudage et éventuellement d'usinage.
[0006] L'invention a pour but de fournir un procédé plus simple et donc moins coûteux pour
la constitution de tels lopins composites. Plus précisément, l'invention concerne
un nouveau procédé de réalisation d'un lopin composite dans lequel une ou plusieurs
ébauches en métal ou alliage difficile à transformer sont disposées dans une matrice
ayant une résistance à la déformation plastique à chaud inférieure à celle dudit métal
ou alliage, procédé caractérisé en ce qu'on constitue cette matrice uniquement avec
de la poudre agglomérée, sans gaine ou enveloppe tubulaire. On entend ici par "poudre
agglomérée" toute poudre dont les grains sont solidaires, quel que soit le procédé
utilisé pour y parvenir, par exemple une compression, un frittage, ou l'ensemble des
deux. L'agglomération de la poudre est en partie au moins effectuée par compression
du lopin, par exemple par compression isostatique au voisinage de la température ambiante
entre 100 et 300 MPa, et cette compression est éventuellement suivie d'un frittage,
qui améliore alors l'agglomération de la poudre. La pression utilisée pour la compression
peut aussi être supérieure à 300 MPa. L'agglomération peut encore être obtenue par
frittage du lopin sans compression préalable, en utilisant de préférence un liant
qui entraîne une agglomération et une cohésion suffisantes de la poudre tassée et
est totalement ou partiellement éliminé par le traitement de frittage.
[0007] La poudre employée peut être essentiellement de la poudre de fer. Comme il est connu
par la demande de brevet EP 0 045 706 concernant des corps comprimés essentiellement
à base de fer, la compression peut alors être suivie d'une oxydation entre 200 et
600°C puis éventuellement d'une imprégnation par un lubrifiant liquide ou pâteux.
[0008] Comme il est enseigné par ce même brevet EP 0 045 706 dans le cas de la poudre de
fer, une poudre lubrifiante solide peut aussi être incorporée à la poudre constituant
la matrice, que la compression soit ou non suivie d'un frittage ou, dans le cas où
l'essentiel de la poudre employée est de la poudre de fer, d'une oxydation entre 200
et 600°C.
[0009] Enfin, il est avantageux, notamment dans le cas du filage à chaud, de ménager aux
extrémités dα lopin à transformer à chaud des sailongueurs par rapport aux ébauches
de métal ou alliage difficile à transformer, soit pour reculer les parties du lopin
ayant une résistance à la déformation à chaud plus élevée par rapport au début et
à la fin de la transformation, facilitant ainsi par exemple le début du filage, soit
pour améliorer de façon corrélative la régularité dimensionnelle des ébauches transformées
vers leurs extrémités, soit encore pour conserver une bonne étanchéité de l'enveloppe
dans la transformation à chaud.
[0010] De telles surlongueurs sont obtenues soit uniquement par réalisation d'un lopin dont
la matrice en poudre agglomérée est plus longue que les ébauches contenues, soit par
adjonction à au moins une extrémité du lopin d'un bloc de surlongueur ayant une résistance
à la déformation plastique à chaud inférieure à celle du métal ou alliage des ébauches.
L'adjonction du bloc ou des blocs de surlongueur peut alors être faite soit par juxtaposition
au moment de la transformation à chaud, soit à l'avance par soudage en alternative
à l'augmentation des surépaisseurs de poudre aux extrémités du lopin.
[0011] Le procédé de l'invention est particulièrement utile pour la transformation à chaud
d'ébauches en alliage réfractaire contenant au moins 35 % en poids de (Co + Ni).
[0012] Les dessins et les exemples qui suivront permettront de mieux comprendre l'invention.
[0013]
. La figure 1 représente en coupe axiale un lopin pour filage en début de constitution
(exemple 1).
. La figure 2 représente en coupe axiale le même lopin à la fin de la première phase
de constitution.
. La figure 3 représente en coupe axiale le même lopin constitué prêt à la compression
isostatique.
. La figure 4 représente le lopin de l'exemple 2 après compression isostatique suivie
éventuellement d'un frittage, et son contour après usinage.
. La figure 5 représente en demi-coupe axiale le lopin pour filage de l'exemple (2)
muni de blocs de surlongueur soudés.
EXEMPLE 1
MODE OPERATOIRE DE CONSTITUTION D'UN LOPIN COMPOSITE SELON LE PROCEDE DE L'INVENTION
[0014] Les figures 1 à 3 illustrent un mode opératoire de constitution du lopin avant agglomération,
utilisant le procédé de l'invention. Une gaine cylindrique rigide (1) est garnie d'une
gaine souple plus longue (2) dont les extrémités (3) et (3') sont rabattues autour
des extrémités de la gaine rigide (1), et la gaine revêtue (1) + (2) est disposée
verticalement sur le plan de travail autour d'un bouchon ou tampon d'obturation (4)
rigide ou semi-rigide (figure 1). Une entretoise (5) percée de trous ayant des dimensions
légèrement supérieures à celles des sections droites des ébauches est placée sur le
bouchon (4) et une deuxième entretoise (6) comportant sur son pourtour des alvéoles
ou orifices (7) est mise en place, de préférence vers les 2/3 de la hauteur des ébauches,
cette deuxième entretoise étant alors maintenue en 3 ou 4 points par un étrier. Les
ébauches de métal ou alliage difficile à transformer (8) sont alors enfilées dans
les deux entretoises dont les trous se correspondent. La poudre (9) est versée dans
le moule ainsi constitué, elle s'écoule par les alvéoles ou orifices tels que (7)
et est tassée par chocs sur le côté de la gaine rigide (1) ou par vibration de l'ensemble
du moule. La poudre est ainsi approvisionnée et tassée jusqu'à ce qu'elle arrive au
voisinage de la deuxième entretoise (6).
[0015] L'entretoise (6) est ensuite retirée et le remplissage de poudre et son tassement
sont terminés (figure 2), en suré
paisseur (10) par rapport à l'extrémité (11) des ébauches (8). Un bouchon semi-rigide
(12), par exemple en caoutchouc synthétique dur, est alors mis en place sur la poudre
et l'extrémité (3) de la gaine souple (2) est fermée sur le bouchon (12) par un moyen
connu (13), par exemple à l'aide d'une pince ou d'un collier de serrage.
[0016] Le montage est alors retourné, le bouchon ou tampon d'obturation (4) est retiré ainsi
que l'entretoise (5). On est dans la position de la figure 3 qui représente le lopin
prêt pour l'opération de compression isostatique, après les dernières opérations de
constitution qui vont être décrites. Le tampon (4) et l'entretoise (5) étant retirées,
le remplissage et le tassement de la poudre sont terminés avec une surépaisseur (14)
par rapport à l'extrémité (15) des ébauches (8). La constitution du lopin est achevée
par la mise en place d'un bouchon semi-rigide (16) et la fermeture de l'extrémité
(3') de la gaine souple (2) sous vide primaire. La gaine souple (2) constitue alors
un sac étanche plaqué srr le lopin (17) et les bouchons (12) et (16), la poudre (9)
du lopin étant tassée mais pas encore agglomérée, le lopin est alors prêt pour l'opération
de compression isostatique, la gaine rigide (1) (figure 2) étant écartée.
[0017] La compression isostatique du lopin ainsi gainé (figure 3) est faite à la température
ambiante sous une pression de l'ordre de 200 MPa et pouvant varier, notamment selon
la nature et la granulométrie des poudres, de 100 à 300 MPa. A la sortie de la compression
isostatique, le lopin est. débarrassé de la gaine souple (2) et des bouchons semi-rigides
(12) et (16), il est alors déformé comme illustré par la figure 4 relative à l'exemple
2.
EXEMPLE 2
PREPARATION D'UN LOPIN COMPOSITE CONTENANT DES EBAUCHES REFRACTAIRES CYLINDRIQUES
CIRCULAIRES, FILAGE DE CE LOPIN COMPOSITE ET OBTENTION DES BAGUETTES TRANSFORMEES
[0018] Des baguettes ébauches 0 6,2 mm ont été réalisées en coulée continue, avec l'analyse
suivante (% en poids) :
C - 0,85 - Si ≤ 1 - Mn 1 - Cr - 27,5 - Ni - 5 - W - 19.5 - Fe≤3 - Co - solde.
[0019] Les baguettes ébauche avaient une dureté HV30 570/585.
[0020] On a constitué un lopin pour filage à partir de 68 baguettes ébauches Ø 6,2 mm de
longueur unitaire 490 mm pesant au total 9,05 kg et de 30 kg de poudre de fer de granulométrie
comprise entre 0,02 et 0,15 mm. La gaine rigide (1) avait un diamètre intérieur de
134 mm, une épaisseur de 3 mm et une longueur de 600 mm. La gaine en caoutchouc souple
(2) avait une épaisseur de 2 mm. Le tampon obturateur (4) avait une épaisseur de 30
mm, les entretoises (5) et (7) avaient une épaisseur de 4 mm, et comportaient 68 trous
y 6,3 à 6,5 mm disposés en quinconce avec un espacement moyen de 5 mm. On a laissé
une surépaisseur de poudre de 30 mm à chaque extrémité du lopin (17) constitué comme
décrit précédemment, de dimensions ? 130 x 550 mm.
[0021] Le lopin (17) enfermé dans la gaine souple (2) a été traité par compression isostatique
à la température ambiante sous 210 MPa. Il a été alors dépouillé de la gaine étanche
(2) et présentait la forme schématisée par la figure 4 avec des extrémités renflées.
La partie centrale (18) du fût du lapin (17') déformé par la compression isostatique
avait un diamètre moyen de 119 mm.
[0022] Après compression le lopin (17') a été fritté à 1150°C sous hydrogène. La forme de
ce lopin (17') a été peu modifiée par le frittage. Ensuite, le lopin a été usiné selon
le contour (19) à un diamètre de 115 mm et à une longueur de 520 mm, laissant une
surlongueur (20) de poudre agglomérée de l'ordre de 15 mm à chaque extrémité du lopin
usiné (21).
[0023] Enfin, on a soudé à chaque extrémité du lopin (21) un bloc de surlongueur en acier
doux (22) long de 60 mm, en cordons (23) discontinus TIG (figure 5) avec métal d'apport.
[0024] Le lopin (20) muni des deux blocs de surlongueur (22) a été filé à 1160°C, température
de la face avant du lopin, en filage graissé avec un conteneur de diamètre inférieur
Ø 119 mm et une filière d'orifice circulaire Ø 22,5 mm, les moyens auxiliaires étant
connus de l'homme de métier. La pression maximale développée dans ce filage était
de 14 000 kg/cm2 (1370 MPa). La présence du bloc de surlongueur avant en acier doux
et de la surlongueur de poudre de fer agglomérée a permis de reculer la partie du
lopin contenant les ébauches réfractaires et ayant donc une résistance à la déformation
élevée, et par suite de diminuer le pic de pression du début de filage.
[0025] La barre filée composite obtenue avait une longueur de 12,4 m, elle a été plongée
dans un bain d'acide nitrique à 40 % jusqu'à dissolution complète de la matrice en
fer, et après chutage des extrémités, on a obtenu 75 % du poids initial des ébauches
réfractaires sous forme de baguettes Ø 1,2 mm, dans les tolérances de diamètre imposées
par l'utilisation.
EXEMPLE 3
PREPARATION D'UN LOPIN COMPOSITE CONTENANT DES EBAUCHES RLFRACTAIRES PROFILEES RECTANGULAIRES,
FILAGE DE CE LOPIN COMPOSITE ET OBTENTION DE BAGUETTES TRANSFORMEES
[0026] On est parti d'ébauches ou baguettes obtenues par moulage en sable et rectifiées
aux cotes suivantes :
. section rectangulaire de 4,5 x 6,3 mm à angles vifs
. Longueur : 225 mm
. analyse de l'alliage (% en poids : C - 1,9 - Si 1 - Cr - 28 - Mn 1 -W - 9 - Fe≤3
- Ni≤0,2 - Co - solde
. dureté HV 10 - 510.
[0027] On a réalisé un lopin de filage composé d'un faisceau de 12 baguettes (section 4,5
x 6,3 mm) noyées dans de la poudre de fer suivant le processus suivant :
Un tube rigide de diamètre extérieur 96 mm et de 270 mm de hauteur a été garni dans
son alésage par une gaine souple de 2 mm d'épaisseur en caoutchouc, de même diamètre
et de 400 mm de longueur. Un tampon obturateur souple a été placé à la partie inférieure
du tube (épaisseur 10 mm).
2 entretoises de 4 mm d'épaisseur et de 91 mm de diamètre, percées sur une circonférence
concentrique de 12 trous p 9 mm, ont été utilisées pour maintenir les ébauches en
place durant le remplissage de la poudre.
[0028] Ces 2 entretoises ont été ensuite retirées et on a complété le remplissage sur environ
20 mm à chaque extrémité pour obtenir une hauteur de poudre de 265 mm.
[0029] Après mise en place d'un tampon obturateur (épaisseur 10 mm) sur la partie supérieure
du tube, la gaine souple a été fermée hermétiquement aux deux extrémités.
[0030] Le lopin ainsi préparé a été placé dans une enceinte de compression isostatique et
comprimé sous une pression de 210 MPa.
[0031] Après compression, le lopin a été dépouillé de sa gaine souple en caoutchouc. Ses
dimensions moyennes étaient les suivantes :
. Ø 76 mm x longueur 250 mm
[0032] Pour assurer une meilleure cohésion de la poudre, on a fritté le lopin à 1150
*C sous hydrogène. Puis on l'a usiné pour obtenir un diamètre de 73 mm et une longueur
de 225 mm. On a soudé ensuite à chaque extrémité un bloc de surlongueur en acier doux
de 25 mm de long.
[0033] Pour effectuer le filage, on a utilisé une presse de 600 tonnes. Le lopin a été chauffé
à 1150°C, le diamètre de la filière était de 28 mm et la longueur de la barre filée
obtenue étnit de 1,3 m.
[0034] La barre obtenue a été plongée dans un bain d'acide nitrique à 40 % jusqu'à dissolution
complète de la matrice de fer. Après chutage, on a obtenu 75 % du produit initial
des ébauches sous forme de baguettes de section droite 2,3 x 1,6 mm, homothétique
de celle des ébauches, avec en particulier des angles vifs parfaitement conservés.
[0035] De façon générale, des poids d'ébauches réfractaires plus élevés pour des lopins
de même dimension, correspondant à des espacements entre les ébauches réduits vis
à vis des espacement des Exemples 2 et 3, peuvent être utilisés pour le filage d'aciers
réfractaires à partir de lopins constitués selon le procédé de l'invention.
[0036] Ce procédé s'applique à des formes de lopins et à des modes de constitution des lopins
différents de ceux décrits à titre d'exemple. Ce procédé s'applique aussi à d'autres
formes d'ébauches en métaux ou alliages difficiles à transformer, à d'autres formes
de produits transformés et à d'autres modes de transformation. Enfin, les difficultés
de transformation qui peuvent rendre intéressant l'emploi du procédé de l'invention
sont de diverses natures.
[0037] Tout d'abord, les lopins composites de l'invention peuvent avoir des formes diverses,
non seulement cylindriques de révolution, mais encore par exemple parallélépipédiques,
aplaties ou ovalisées. La matrice de poudre agglomérée par compression éventuellement
complétée par frittage ou par oxydation diminue la résistance globale à la déformation,
joue un rôle lubrifiant et protège contre les chocs et les altérations diverses. Pour
des travaux en série, le mode opératoire décrit dans l'exemple 1 peut être simplifié,
on utilise ainsi avantageusement des blocs ou galettes de poudre précomprimée associés
à des couches de poudre. On peut aussi avoir avantage à associer diverses natures
et/ou qualités de poudres dans un même lopin.
[0038] Les ébauches difficiles à transformer placées dans la matrice de poudre ont des formes
variées.Elles sont non seulement cylindriques circulaires, mais encore des profilés
de sections variées y compris des plats et des tubes. De façon semblable, les produits
transformés par la déformation à chaud suivie éventuellement d'une déformation à température
plus faible et/ou à froid -l'élimination de la matrice étant faite soit après la transformation
à chaud, soit pendant la transformation qui lui succède- ont des formes variées. La
transformation à chaud du lopin composite se fait par des procédés variés tels que
le filage, le forgeage, le martelage, le laminage ou le tréfilage. A cette déformation
plastique à chaud du lopin composite succède éventuellement une déformation plastique
à tiède ou à froid, par l'un des procédés connus de l'homme de métier, par exemple
dans un but de calibrage dimensionnel.
[0039] Le procédé permet de résoudre de façon économique des problèmes difficiles de transformation,
dus à la grande dureté du métal ou alliage transformé. C'est le cas de l'exemple 2.
Le procédé s'applique aussi à des difficultés liées à la fragilité des métaux ou alliages
à transformer grâce au triple rôle de la matrice de poudre agglomérée : diminuer la
résistance à la déformation, lubrifier, protéger. La fonction de protection du revêtement
permet la transformation sous forme de lopin composite selon l'invention de métaux
ou alliages altérables à chaud, qu'ils soient contaminables par l'oxygène, l'azote,
l'hydrogène, ou des sels fondus dans le cas d'un préchauffage en bains de sels.
[0040] Enfin, le procédé est utilisé dans des cas où la difficulté de transformation du
produit ébauche n'est pas uniquement technique, mais où elle provient aussi d'un problème
de coût ou de délai. Ainsi, le filage du lopin selon l'invention permet une réduction
de section importante en conservant une bonne homothétie par rapport à la section
droite d'une ébauche contenue, et il peut être avantageux de fabriquer des pièces
profilées à partir d'un lopin selon l'invention contenant des ébauches profilées homothétiques
de section importante.
[0041] Les possibilités de réglage de la compacité, de la résistance mécanique et de la
ductilité de la matrice de poudre donnent une grande souplesse au procédé de l'invention.
Les facteurs influençant la qualité de la matrice et son comportement lors de la déformation
à chaud sont notamment : les qualités et granulométries des poudres utilisées -par
exemple des poudres de fer, de cuivre, d'aluminium, des poudres revêtues-, l'introduction
éventuelle d'un lubrifiant de compression et/ou d'un lubrifiant solide résistant à
haute température tel que du graphite ou du bisulfure de molybdène, l'agglomération
plus ou moins poussée comprenant soit une compression seule, soit un frittage seul,
soit une compression suivie d'un frittage ou d'une oxydation, et l'imprégnation éventuelle
du lopin par un lubrifiant liquide ou pâteux. De tels facteurs influencent la résistance
à la déformation du lopin composite de l'invention à l'aplomb des ébauches contenues,
cette résistance dépendant aussi et de façon pouvant être prédominante du rapport
de la section droite cumulée des ébauches à la section droite du lopin et de la résistance
à la déformation de ces ébauches. En outre, le réglage des surépaisseurs de poudre
et l'adjonction éventuelle de blocs de surlongueur permet aussi de modifier le comportement
du lopin à la déformation à chaud et la qualité des résultats par exemple en ce qui
concerne la régularité dimensionnelle des produits obtenus.
[0042] Le procédé de l'invention permet d'utiliser des poudres de qualités très fines. Les
dimensions des grains de poudre, qui ne sont pas forcément tous de même taille, peuvent
aller ainsi de 2 µm à 2 mm, et leurs compositions peuvent varier à l'intérieur d'une
même matrice, les grains de poudre pouvant en outre être soit nus, soit revêtus.
[0043] Un avantage important du procédé de l'invention est la facilité de l'extraction des
produits après la transformation du lopin composite : l'attaque et la dissolution
chimique de la matrice de poudre agglomérée sans enveloppe sont beaucoup plus faciles
que l'attaque et la dissolution chimique d'une enveloppe selon l'art antérieur, que
cette enveloppe soit massive ou qu'elle comporte, par exemple, de la poudre et une
enveloppe extérieure.
1. Procédé de réalisation d'un lopin composite (17) pour transformation à chaud, constitué
d'une ou plusieurs ébauches (8) en métal ou alliage difficile à transformer disposées
dans une matrice de poudre métallique (9) agglomérée, ladite matrice ayant une résistance
à la déformation plastique à chaud inférieure à celle dudit métal ou alliage, caractérisé
en ce qu'il compend au moins les étapes suivantes :
a) On constitue le lopin (17) par remplissage et tassement de ladite poudre métallique
(9) autour desdites ébauches (8) à l'intérieur d'une gaine cylindrique rigide (1)
garnie intérieurement d'une gaine souple (2) plus longue, en utilisant éventuellement
des entretoises (5, 6) et/ou un tampon d'obturation (4), en éliminant ensuite ces
entretoises (5, 6) et/ou ce tampon (4), et en mettant éventuellement en place sur
la poudre (9) des bouchons semi-rigides (12, 16).
b) On ferme ladite gaine souple (2) sous vide autour dudit lopin (17) ainsi constitué
et on écarte la gaine cylindrique rigide (1).
c) On comprime ledit lopin (17) ainsi gainé, réalisant ainsi au moins en partie l'agglomération
de la poudre métallique (9).
d) On débarrasse ledit lopin (17) une fois comprimé de ladite gaine souple (2) et
des éventuels bouchons semi-rigides (12, 16).
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'on effectue la compression
du lopin (17) dans une enceinte de compression isostatique.
3. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que,
après avoir comprimé le lopin (17) et après l'avoir débarrassé de la gaine souple
(2) et des éventuels bouchons semi-rigides (12, 16), on effectue un frittage, améliorant
ainsi l'agglomération de la poudre (9).
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
les ébauches (8) sont cylindriques circulaires ou sont des profilés de sections variées.
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce qu'on
constitue la matrice essentiellement par de la poudre de fer.
6. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que la compression du lopin
(17) est suivie d'une oxydation entre 200 et 600°C.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce qu'on
incorpore au moins une poudre lubrifiante solide à la poudre constituant la matrice.
8. Procédé selon la revendication 6, caratérisé en ce qu'on imprègne le lopin comprimé
et oxydé avec un lubrifiant liquide ou pâteux.
9. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que
une partie au moins de la poudre (9) constituant la matrice est précomprimée, avant
la mise en place des ébauches (8).
10. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 9, caractérisé en ce qu'on
adjoint à au moins une extrémité du lopin (21) un bloc de surlongueur (22), ayant
une résistance à la déformation plastique à chaud inférieure à celle du métal ou alliage
difficile à transformer des ébauches (8) contenues dans le lopin (17'. 21).
11. Application du procédé de réalisation d'un lopin composite selon l'une quelconque
des revendications 1 à 10, à la transformation de métaux ou alliages réfractaires.
12. Application du procédé de réalisation d'un lopin composite selon l'une quelconque
des revendications 1 à 10 à la transformation de métaux ou alliages fragiles.
13. Application du procédé de réalisation d'un lopin composite selon l'une quelconque
des revendications 1 à 10 à la transformation de métaux ou alliages altérables à chaud.
14. Produit obtenu par transformation à chaud du lopin composite réalisé par le procédé
de l'une quelconque des revendications 1 à 10, transformation à chaud complétée par
une élimination de la matrice et éventuellement une transformation à froid.