[0001] La présente invention a pour objet un procédé et des dispositifs pour la fabrication,
sur train à fil à grande vitesse, d'armatures à béton en acier, ayant à la fois une
limite d'élasticité et une ductilité élevées,ainsi que, si on le désire, une bonne
soudabilité; cette fabrication est assurée au moyen d'un traitement de refroidissement
brusque appliqué pendant ou immédiatement après le laminage.
[0002] On sait que le lamineur désirant résoudre le problème qui vient d'être posé doit
tenir compte de plusieurs contraintes qui lui sont imposées. En premier lieu, son
installation de laminage fixe pratiquement la vitesse et la température de sortie
des barres; en outre, le lamineur dispose d'un emplacement limité pour l'installation
éventuelle d'un dispositif de refroidissement.
[0003] Particulièrement dans le cas des trains à fil, la vitesse de sortie dans les installations
modernes est très élevée, de l'ordre d'une centaine de mètres par seconde.
[0004] On sait que métallurgiquement parlant, il existe déjà plusieurs solutions pour arriver
à un compromis entre les propriétés mécaniques d'une part et le prix de revient d'autre
part.
[0005] Une première solution consiste à produire des armatures en acier "naturellement dur"
dont la limite d'élasticité est obtenue par addition de carbone (par exemple 0,35
%) et de manganèse (par exemple 1,3 %); ces aciers présentent une limite d'élasticité
acceptable (= 420 MPa), mais leur allongement et leur aptitude au pliage sont relativement
faibles et leur soudabilité nettement insuffisante.
[0006] Pour améliorer la soudabilité, il faut diminuer la teneur en carbone, ce qui entraîne
une diminution de la limite d'élasticité.
[0007] Pour compenser cette diminution de la limite d'élasticité, il existe deux moyens
connus.
[0008] Le premier consiste à incorporer à l'acier des éléments de microalliages; tels que
du niobium ou du vanadium. Cette technique est cependant coûteuse, en raison du prix
des éléments d'alliage.
[0009] Le second moyen est d'accroître la limite d'elasticité de l'acier, par une opération
de déformation à froid, notamment par torsion, de la barre. Outre les frais qu'entraine
également une telle opération, le gain de limite d'élasticité est réalisé au détriment
de l'allongement.
[0010] Le procédé de la présente invention prend place parmi la technique récente consistant
à appliquer aux armatures à béton laminées à chaud, pendant ou immédiatement après
le laminage, un refroidissement brusque, limité dans le temps, de façon à produire
dans la barre une couche superficielle de martensite ; cette "trempe" est sulvier
d'un refroidissement au cours duquel le coeur de la barre, c'est-à-dire la partie
non atteinte par le refroidissement brusque, se transforme en ferrite et carbures.
En limitant judicieusement la durée de refroidissement brusque, il est en outre possible
de conserver de la chaleur dans le coeur de la barre et de créer dans la section de
celle-ci un gradient de température tel qu'il se produise, au cours du dit refroidissement
ultérieur, un revenu de la couche superficielle martensitique. Une telle limitation
judicieuse de la durée du refroidissement brusque peut être assurée en visant une
température déterminée à coeur, à la fin de la phase de refroidissement brusque; pratiquement,
la conduite d'une telle opération peut être assurée en observant la température de
la surface à l'endroit de la barre où l'on constate un réchauffement dû à l'apport
de calories venant du coeur.
[0011] Un tel procédé, communément appelé "de trempe.et auto-revenu", peut théoriquement
être mis en oeuvre - dans une installation déterminée aux spécifications connues pour
fabriquer des armatures définies - à partir de la caractéristique constituée par la
température de "coeur" à la fin de la phase de refroidissement brusque.
[0012] On conçoit toutefois que la réalisation de l'opération présente des difficultés différentes
suivant d'une part la vitesse de défilement des produits et d'autre part leur diamètre.
[0013] Au stade actuel, si la fabrication de telles armatures ne pose plus aucune difficulté
lorsqu'on traite des barres de 6 mm au moins de diamètre, il en est autrement sur
les trains à fil fonctionnant à grande vitesse; dans une telle installation, l'utilisation
de dispositifs de refroidissement intense à eau génère en effet des effets perturbateurs
du déplacement du produit.
[0014] Avant de décrire l'objet de la présente invention, qui permet de résoudre le problème
qui vient d'être évoqué, il est utile de rappeler brièvement que dans une installation
de laminage à chaud et de traitement thermique d'un fil, il existe normalement un
bloc dit "finisseur" disposé à la sortie du train de laminage intermédiaire, un dispositif
de refroidissement situé à la sortie du bloc finisseur et un entraîneur, généralement
à galets, pour extraire le fil de l'installation. Une telle installation est représentée
schématiquement à la figure I ci-annexée.
[0015] L'entraîneur est normalement capable d'exercer une traction de valeur T, mais pour
que l'opération de laminage se déroule correctement, il convient que la traction X
exercée dans le fil à l'aval du bloc finisseur soit supérieure à une valeur minimum,
appropriée à l'entraînement du fil hors du bloc.
[0016] Or, la traction X, à la sortie du bloc, est en réalité la différence entre la force
de traction T de l'entraîneur et la force de freinage F appliquée au fil principalement
lors du passage de celui-ci dans le dispositif de refroidissement.
[0017] En fait, les expériences réalisées ont permis d'établir que la force de freinage
F était une fonction K de la longueur L du dispositif de refroidissement, le coefficient
K étant lui-même fonction de la nature du dispositif de refroidissement, du débit
de fluide de refroidissement et de la vitesse relative du fil par rapport au fluide
de refroidissement.
[0018] Le problème lié au train à fil est clairement apparu lorsque, en utilisant les dispositifs
de refroidissement classiquement utilisés sur les trains à barres,dans des conditions
capables d'assurer la trempe et l'auto-revenu du produit,la traction X s'est avérée
trop faible pour que l'on puisse opérer à grande vitesse et le fil s'est systématiquement
"rabou- lotté" entre la sortie du bloc finisseur et l'entrée dans le dispositif de
refroidissement.
[0019] La présente invention a pour objet une installation perfectionnée permettant d'appliquer
au fil défilant à 'grande vitesse le traitement de trempe/auto- revenu capable de
lui assurer une combinaison, considérée comme optimale, de limite d'élasticité et
d'allongement.
[0020] Un premier objet de la présente invention consiste à appliquer au produit, en amont
du bloc finisseur et/ou au niveau de ce bloc, un refroidissement destiné à amener
la température du fil à la sortie du bloc en dessous de ce qu'elle est normalement,
c'est-à-dire lorsque l'on applique un refroidissement au niveau du bloc seulement
pour obtenir par exemple une température sensiblement constante dans le bloc.
[0021] Ce traitement de refroidissement supplémentaire, en amont ou au niveau du bloc, a
comme résultat d'augmenter la raideur du fil à la sortie du bloc, donc de réduire
la traction minimum nécessaire au bon déroulement de l'opération; en outre, la longueur
minimum de la rampe de refroidissement nécessaire à la trempe va être raccourcie,
ce qui va diminuer la valeur de la force de freinage F.
[0022] C'est ainsi qu'une diminution de la température de fin de laminage de 1050°C jusqu'à
950°C permet de diminuer de 30 % la longueur L de trempe du fil.
[0023] Un second objet de la présente invention consiste à utiliser un dispositif de refroidissement
à faible coefficient de freinage K.
[0024] Dans une première variante préférentielle de ces dispositifs suivant l'invention,
le fluide de refroidissement consiste en un mélange eau/air plus compressible et donc
moins freinant que l'eau habituellement utilisée; dans ces conditions, si le coefficient
K diminue effectivement, on doit cependant augmenter la longueur L nécessaire pour
l'opération de trempe, étant donné que la puissance spécifique du refroidissement
est abaissée; on a toutefois observé que le produit K x L, c'est-à-dire la force de
freinage, était finalement moins élevée.
[0025] Suivant une deuxième modalité préférentielle de cet objet de l'invention, on utilise
des dispositifs de refroidissement munis de fentes d'injection hélicoïdales, d'un
type par exemple décrit par ailleurs dans le brevet belge n° 867.299.
[0026] iGrâce àl'utilisation de l'un et/ou l'autre de ces dispositifs, non seulement on
diminue la force de freinage, mais en outre on assure une meilleure stabilité du fil
dans l'installation, ce qui réduit la valeur minimum T
min nécessaire à la sortie du bloc finisseur.
[0027] Un troisième objet de la présente invention consiste à augmenter la force de traction
T développée par l'entraîneur.
[0028] Suivant une modalité préférentielle de mise en oeuvre de cette variante, on augmente
la puissance disponible dans l'entraineur; suivant une deuxième modalité, qui peut
être associée à la première, on utilise plusieurs paires de galets d'entraînement,
éventuellement décalées l'une par rapport à l'autre au point de vue de leur niveau,
ce qui oblige le fil à parcourir dans l'entralneur une trajectoire ondulée.
[0029] Les figures ci-annexées permettent de se rendre compte de la réalisation de l'invention.
[0030] Sur la figure I, sont représentés en traits pleins les éléments qui constituent l'installation
habituelle de fin de laminage : dans le sens de circulation du fil, on rencontre en
1 le train intermédiaire, en 2, le bloc finisseur, en 3, le dispositif de refroidissement
intense ou "canon de trempe", et en 4, l'entraîneur à galets; entre le bloc finisseur
2 et le canon 3, la traction X sur le fil est égale à la différence entre la force
T exercée par l'entraîneur 4 et le freinage F subi par le fil principalement dans
le canon 3.
[0031] Sur cette figure 1 sont représentés en tirets deux des perfectionnements objets de
l'invention : en 6 figure un dispositif de refroidissement du fil à l'entrée du bloc
finisseur tandis que des galets d'entrainement supplémentaires sont disposés en 7.
[0032] La figure II est une coupe longitudinale d'un dispositif de refroidissement intense
eau-air qui offre la particularité d'un freinage interne peu élevé, en raison de la
compressibilité du fluide qui circule dans ce dispositif. Sur cette figure II on distingue
en 8 des canaux d'insufflation d'air dans la fente annulaire 9 d'injection à l'intérieur
10 du canon; l'injection du mélange eau-air se fait dans le sens de circulation du
fil.
[0033] Selon une variante intéressante de réalisation, ce dispositif est équipé de moyens
pour régler sa puissance de refroidissement, par exemple pour modifier le rapport
entre les débits d'eau et d'air, ou encore la température de l'eau.
[0034] Le procédé suivant l'invention est utilisable pour fabriquer des armatures tant lisses
que crénelées, participant de façon active ou passive à la résistance de l'ouvrage
en béton, utilisées éventuellement en assemblages en treillis.
1. Procédé pour la fabrication d'armatures à béton en acier, sur train à fil à grande
vitesse, caractérisé en ce que l'on applique au produit sortant du bloc finisseur
d'un train de laminage à chaud, et avant l'entrée du dit fil dans le dispositif de
refroidissement, une traction appropriée au défilement correct du produit, en augmentant
pour ce faire la force d'en- trâinement du fil et/ou en réduisant les forces de freinage
créées dans le dispositif de refroidissement.
2. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce que l'on applique au produit,
en amont du bloc finisseur et/ou au niveau de ce bloc, un refroidissement destiné
à amener la température du fil à la sortie du bloc en dessous de ce qu'elle est normalement,
c'est-à-dire lorsque l'on applique un refroidissement au niveau du bloc seulement
pour obtenir par exemple une température sensiblement constante dans le bloc.
3. Procédé suivant l'une ou l'autre des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que
l'on utilise un dispositif de refroidissement à faible coefficient de freinage, tel
qu'un dispositif à mélange eau/air.
4. Dispositif pour la mise en oeuvre du procédé suivant la revendication 3, caractérisé
en ce qu'il comporte des canaux d'insufflation d'air débouchan dans une fente annulaire
assurant l'injection d'eau à l'intérieur du canon de refroidissement du produit.
5. Procédé suivant l'une ou l'autre des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
l'on augmente la force de traction développée par l'entrai- neur, soit par exemple
en utilisant plusieurs paires de galets d'entraînement, éventuellement décalées l'une
par rapport à l'autre au point dés vue de leur niveau.