[0001] L'invention concerne une structure accélératrice linéaire autofocalisante de particules
chargées, destinée à équiper un accélérateur linéaire d'électrons.
[0002] Des accélérateurs linéaires de particules chargées sont utilisés dans de nombreux
domaines tels que, scientifiques, médicaux, et même industriels. Selon leur application,
ces accélérateurs produisent des faisceaux de particules, d'électrons par exemple,
ayant des énergies souvent comprises entre un et plusieurs dizaines de MeV.
[0003] La puissance électrique consommée par ces accélérateurs est considérable, elle peut
atteindre par exemple 130 Kw dont seulement 20 Kw se retrouvent dans le faisceau accéléré
; aussi le rendement global d'un tel accélérateur a une répercussion directe et importante
sur le coût d'utilisation de cet accélérateur, et une amélioration de son rendement
par l'optimisation des éléments qui le constitue, est un souci constant des spécialistes,
l'amélioration du rendement étant également souvent liée à l'amélioration des qualités
du faisceau obtenu.
[0004] Les structures accélératrices linéaires d'électrons sont généralement formées par
une succession de cavités résonantes, dont les dimensions sont liées à la fréquence
d'une onde électromagnétique injectée dans la structure pour accélérer les électrons,
et à la vitesse des électrons.
[0005] Traditionnellement, les structures accélératrices sont optimisées en ce qui concerne
la dynamique longitudinale : on choisit les longueurs des cavités résonantes, qui
constituent des cavités accélératrices, de façon à accélérer constamment dans chacune
d'elles les électrons.
[0006] La partie accélératrice de l'onde électromagnétique est au maximum égale à sa demie
période, et pour bénéficier d'un maximum d'énergie cédée par cette onde aux électrons,
c'est-à-dire d'une valeur élevée du coefficient dit "d'angle de transit", ces cavités
ont couramment une longueur 1 sensiblement égale au produit du quart au tiers de la
longueur λo de l'onde électromagnétique par la vitesse relative β des électrons, selon
la relation suivante :

où /3 est le quotient de la vitesse V moyenne des électrons par la vitesse C de la
lumière (

), et n est compris entre 3 et 4. Cette longueur, définie dans le cadre du calcul
d'une cavité classique, est appelée longueur accélératrice.
[0007] Ainsi par exemple, dans le cas d'une structure accélératrice fonctionnant à 3000
MHZ, soit une longueur d'onde À o égale à 100 mm et pour β = 0,5, les cavités accélératrices
ont une longueur de l'ordre de 12 à 16 mm environ, augmentant progressivement pour
atteindre 25à33 mm lorsque β =1.
[0008] Cette approche traditionnelle où l'optimisation est limitée à la dynamique longitudinale,
est imparfaite notamment par ce qu'elle ne prend pas en compte un effet de défocalisation
radiale du faisceau le long de la structure accélératrice, cet effet s'affirmant particulièrement
dans la première partie de cette structure où l'énergie des électrons est encore faible.
[0009] Cette défocalisation du faisceau est généralement compensée en ajoutant des solénoïdes
disposés concentriquement autour de la structure accélératrice, pour créer un champ
magnétique correcteur, ce qui augmente le coût et la complexité.
[0010] La présente invention concerne une structure accélératrice de particules chargées
autofocalisante, dans laquelle l'effet de défocalisation du faisceau est évité par
l'annulation de l'une de ses causes, contrairement aux structures selon l'art antérieur
où cet effet est seulement compensé.
[0011] Dans la structure accélératrice selon l'invention, ceci est obtenu grâce à un agencement
simple et peu coûteux de l'unique ou de la première cavité accélératrice de cette
structure, et particulièrement applicable dans le cas où, dans cette cavité, le trou
de sortie du faisceau a un diamètre inférieur à la longueur accélératrice précédemment
mentionnée ; cet agencement est remarquable en ce qu'il permet, dans ce dernier cas,
de tenir compte de ce que la composante radiale du champ électrique dans la cavité
accélératrice constitue une des causes principales de la divergence de particules
chargées périphériques du faisceau, et que cette composante radiale est localisée
à proximité des faces d'entrée et de sortie de la cavité et a des effets contraires
à l'entrée et à la sortie de cette cavité.
[0012] Selon l'invention, une structure accélératrice linéaire autofocalisante de particules
chargées, comportant une première cavité accélératrice d'une succession de cavités
accélératrices, permettant d'accélérer un faisceau de particules chargées sous l'effet
d'une onde électromagnétique de fréquence F donnée injectée dans ladite structure,
ladite première cavité ayant un axe confondu avec un axe longitudinal de ladite structure
et l'axe dudit faisceau, et comportant une face d'entrée et une face de sortie munies
respectivement d'un trou d'entrée et d'un trou de sortie dudit faisceau, est caractérisée
en ce que la distance entre les faces d'entrée et de sortie de ladite première cavité
est formée par une longueur accélératrice, plus une longueur supplémentaire destinée
à retarder l'instant d'arrivée des particules à la face de sortie.
[0013] Nous entendons par longueur accélératrice, une longueur sur laquelle les électrons
sont accélérés ainsi qu'il a été expliqué ci- dessus, cette longueur accélératrice
étant définie par la relation qui suit :

où :
, n -n = 3à4.
[0014] Du fait de la longueur supplémentaire entre la face d'entrée et la face de sortie
de cette première cavité de la structure accélératrice selon l'invention, les particules
ne sont pas soumises à l'action défocalisante de la composante radiale localisée près
de la face de sortie, cette composante radiale étant soit en cours de disparition,
soit même devenue focalisante ; le seul inconvénient mineur consiste en une légère
décélération de ces particules, avant qu'elles n'aient franchi le trou de sortie.
[0015] L'invention sera mieux comprise à la lumière de la description qui va suivre d'un
mode de réalisation d'une structure accélératrice selon son principe, faite en référence
aux dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 est une vue schématique partielle en coupe de la structure accélératrice
selon l'invention ;
- la figure 2 illustre l'onde électromagnétique injectée dans cette structure ;
- la figure 3 illustre la trajectoire d'un électron accéléré.
[0016] La figure 1 montre partiellement une structure accélératrice linéaire 1 conforme
à l'invention, comportant une première cavité accélératrice CA suivie de n cavités
accélératrices C
1, ..., C
n, n étant dans l'exemple décrit égal à 2. On n'a pas fait figurer d'éventuelles cellules
dites de couplage, lesquelles constituent des éléments classiques disposés entre les
cavités C
1, ..., C d'une manière connue.
[0017] La structure 1 comporte un axe longitudinal Z, confondu avec l'axe de la première
cavité CA, et qui constitue également l'axe d'un faisceau de particules (non représenté)
se propageant dans le sens de la flèche 2 ; ce faisceau de particules est accéléré
grâce à l'énergie d'une onde électromagnétique (non représentée sur la figure 1) injectée
de manière classique dans la structure 1 par un trou de couplage 4.
[0018] La première cavité CA, de forme cylindrique, comporte une face d'entrée 3 et une
face de sortie 5 normales à l'axe du faisceau Z, et écartées l'une de l'autre d'une
distance D ; la face d'entrée 3 est munie d'un trou d'entrée 7, la face de sortie
5 est munie d'un trou de sortie 8, ces deux trous étant centrés sur l'axe Z du faisceau.
Le faisceau de particules, provenant par exemple, d'une manière connue, d'un canon
à électrons suivi d'un élément de glissement (non représentés), pénètre dans la première
cavité accélératrice CA par le trou d'entrée 7, et ressort de cette cavité CA par
le trou de sortie 8, se propageant dans la structure 1 dans le sens montré par la
flèche 2.
[0019] Compte tenu de la vitesse des particules, elles sont accélérées sur un trajet tel
que par exemple la longueur accélératrice L
1 qui, dans l'invention correspond à une fraction de la distance D entre la face d'entrée
3 et la face sortie 5 de la première cavité CA ; dans

l'exemple non limitatif décrit, la longueur accélératrice L
1 correspond à une longueur sensiblement égale à la relation où : n = 3 à 4, λ o est
la longueur d'onde de l'onde électromagnétique, et où/3 correspond à la vitesse relative
des électrons. Cette vitesse relative des électrons est calculée en prenant la moyenne
entre la vitesse d'entrée dans la première cavité CA, et la vitesse maximum atteinte
dans cette cavité à la sortie de la longueur accélératrice L
1. Il est à remarquer que certains électrons sont décélérés au tout début de leur trajectoire,
ce dont on ne tient pas compte dans l'approximation de la longueur accélératrice L
1.
[0020] L'onde électromagnétique injectée dans la structure 1 détermine un champ électrique
ayant une composante longitudinale E
z et des composantes radiales Er
l, Er
2, et la distribution et l'intensité de ces composantes radiales est influencée par
la dimension des trous d'entrée et de sortie 7,8. Aussi, dans l'exemple non limitatif
de la description où les rayons r de ces trous sont égaux, on obtient une localisation
des composantes radiales Er
l, Er
2, le rayon r des trous 7,8 étant suffisamment faible par rapport à la longueur accélératrice
L
1 pour que le rapport soit

inférieur à 1. De ce fait :
- une première composante radiale Er1 est localisée à proximité de la face d'entrée 3 et a une action globalement convergente.
Pour certains électrons, elle peut se décomposer en une action divergente suivie d'une
action convergente ;
- une seconde composante radiale Er2 est localisée à proximité de la face de sortie 5, et a une action divergente sur
les électrons.
[0021] Ainsi, en supposant que la distance D entre la face d'entrée 3 et la face de sortie
5 soit uniquement formée par la longueur accélératrice L
I, des particules périphériques (non représentées) ayant franchi cette distance D et
parvenant à proximité du trou de sortie 8 et de la face de sortie 5, subiraient l'influence
défocalisante de la composante radiale Er
2 du champ.
[0022] Au contraire, dans la structure 1 selon l'invention, ces mêmes particules chargées
ayant franchi la première longueur accélératrice L
1, ne subissent pas l'influence de cette composante radiale Er
2 divergente, dont elles sont encore séparées par une longueur supplémentaire L
2 ; la distance D entre les faces d'entrée et de sortie étant formées par J'addition
de ces deux longueurs L
1 + L
2, et la longueur supplémentaire L
2 étant égale ou supérieure à deux fois le rayon r du trou de sortie 8 (L
2 ≥ 2 r). Il est à noter que les trous d'entrée et de sortie 7,8 comportent en général
des becs, non représentés sur la figure 1 qui est schématique, et le rayon r représente
un rayon approximatif moyen du trou de sortie 8.
[0023] La longueur supplémentaire L
2 est telle que l'onde électromagnétique est annulée, voire même inversée quand ces
particules ont franchi la distance D, elles sortent de la première cavité CA par le
trou de sortie 8 sans diverger ; elles peuvent même, si la phase de l'onde électromagnétique
est inversée, subir une action convergente et une faible décélération, la composante
radiale étant alors inversée également. On note que cette longueur supplémentaire
L
2, de la première cavité CA, favorise aussi l'action convergente à l'entrée de la cavité
accélératrice suivante CI qui constitue la seconde cavité. Dans l'exemple non limitatif
décrit, la distance D
1 entre la face de sortie 5 de la première cavité CA et le plan d'entrée 15 de la seconde
cavité C
1 est inférieure à la longueur accélératrice L
1, et assure ainsi une convergence sensible à l'entrée de cette seconde cavité C
1, compte tenu du déphasage de l'onde électromagnétique entre cavités CA, C
1, C
2. Ainsi l'effet combiné de l'entrée de la première cavité CA, de la sortie de cette
première cavité et de l'entrée de la seconde cavité C
1 est optimisé ; ensuite le gain en énergie est tel que l'effet de la sortie de la
seconde cavité C
1 est (presque) négligeable. Par souci de simplicité on ne parle pas de cet effet de
convergence à l'entrée de la seconde cavité C
1 dans ce qui suit.
[0024] La longueur supplémentaire L
2 est définie par la relation suivante : L
2 = L
1.K, où K est un coefficient compris entre 0,5 et 1.
[0025] Dans une réalisation de la structure accélératrice 1 conforme à l'invention, indiquée
à titre d'exemple non limitatif, la première cavité accélératrice CA comporte des
dimensions suivantes :
- un rayon R de la cavité CA est de 40 mm ;
- la distance D entre la face d'entrée 3 et la face sortie 5 est de 25 mm ; cette
distance D étant constituée d'une longueur accélératrice L1 de 15 mm, à laquelle s'ajoute la longueur supplémentaire LZ de 10 mm ;
- le rayon r du trou de sortie 8 est de 3 mm ;
- la différence de potentiel entre la face d'entrée 3 et la face de sortie 5 est dQ l'ordre de 500 KV, et la fréquence de l'onde électromagnétique est de 3000 MHZ.
[0026] La distribution du champ électrique étant symétrique par rapport à l'axe Z du faisceau,
elle n'est pas représentée dans la partie inférieure de la première cavité CA.
[0027] Cette distribution du champ électrique dans la première cavité accélératrice CA,
correspond à l'existence dans cette dernière d'un champ accélérateur.
[0028] La figure 2 montre l'onde électromagnétique OE dont une demie période

détermine ce champ accélérateur et dont la partie de l'onde OE comprise d'une part
entre un instant to et l'instant tl, et d'autre part entre un instant t3 et un instant
t4 détermine un champ décélérateur ; l'instant t2 correspondant à la valeur crête
de la demie période x où le champ accélérateur Zo est maximum.
[0029] En prenant comme référence l'instant t2 où le champ accélérateur est maximum (Zo),
des électrons peuvent arriver dans la première cavité accélératrice CA avec des phases
d'arrivées (Ø o de valeurs quelconques. Mais pour éviter l'effet de défocalisation
dû à la composante radiale Er
2 localisée près de la face de sortie 5, ces électrons devront franchir la distance
D et parvenir à proximité de cette face de sortie, sensiblement à l'instant t3 où
le champ accélérateur s'annule, grâce à la longueur supplémentaire L
2.
[0030] En prenant pour exemple un électron (non représenté) dont la phase d'arrivée Øo dans
la première cavité CA est en avance de 170° par rapport à Zo ou instant t2 : cet électron
subit un champ décélérateur à proximité de la face d'entrée 3 jusqu'à l'instant tl
où l'onde OE s'inverse et où le champ devient accélérateur ; l'action de la composante
radiale Er
1, localisée près de la face d'entrée 3, est de ce fait d'abord divergente puis convergente
quand le champ devient accélérateur, et son action est globalement convergente. Cet
électron ralenti est rejoint par des électrons entrés dans la cavité CA après lui.
Aussi l'agencement de la première cavité CA de la structure 1 selon l'invention permet
d'éviter l'effet de défoca-Jisation en sortie pour une large gamme de valeurs de phase
d'arrivée Øo, par exemple comprises entre - 45° et - 190° par rapport à Zo ou l'instant
tl.
[0031] La figure 3 illustre la trajectoire d'un électron périphérique du faisceau, et montre
les composantes de champ Er, Ez vues à des instants différents, compte tenu de la
vitesse finie de l'électron.
[0032] La cavité accélératrice est symbolisée par ses parois d'entrée et de sortie 3, 5.
La courbe 10 montre la trajectoire d'un électron pénêtrant dans la première cavité
CA avec une phase d'arrivée Øo égale à - 170°, et à une distance d de l'axe Z du faisceau
:
- à l'instant Øo le champ est décélérateur comme montré par la composante longitudinale
Ez' , et la composante radiale Er1 est défocalisante ;
- à l'instant Ø 1 le champ est accélérateur (composante longitudinale Ez) et la composante radiale Er1 est focalisante ; il est à remarquer qu'à cet instant la trajectoire 10 est très
proche de la face d'entrée 3, l'électron ayant subi préalablement une décélération,
et s'est davantage écarté de l'axe Z du faisceau ;
- a l'instant Ø3 le champ est nul, l'électron sort de la première cavité CA et tend
à converger vers l'axe Z du faisceau.
[0033] En supposant que la distance D entre la face d'entrée 3 et la face de sortie 5 ait
été constituée uniquement par la longueur accélératrice L
I, la face de sortie 5 aurait occupée la position de la ligne 11 en traits pointillés
et, le champ auquel aurait alors été soumis l'électron à sa sortie de la première
cavité CA est représenté en traits pointillés par les composantes Er 2 et Ez ; la
trajectoire de l'électron aurait été modifiée selon la flèche 12 représentée en traits
pointillés, laquelle tend à diverger de l'axe Z du faisceau.
[0034] Cette description montre que la structure accélératrice 1 conforme à l'invention,
élimine l'effet de défocalisation des particules chargées périphériques du faisceau,
à la sortie d'une cavité accélératrice. Cette élimination de l'effet de divergence
est obtenue par un agencement simple, économique, qui permet d'augmenter le rendement
d'un accélérateur linéaire de particules chargées.