[0001] La présente invention est relative à un procédé d'alimentation d'un moteur pas à
pas, notamment pour pièce d'horlogerie.
[0002] Dans les pièces d'horlogerie électroniques que l'on trouve aujourd'hui sur le marché,
il est d'usage courant de trouver un moteur pas à pas pour convertir les impulsions
électriques issues d'une base de temps à quartz en mouvement mécanique pour afficher
l'heure. Le système est alimenté par une source d'énergie, généralement une pile de
petites dimensions qu'il faudra remplacer périodiquement. Pour économiner l'énergie
livrée par la pile et donc la faire durer le plus longtemps possible, on a déjà proposé
des systèmes de réglage qui asservissent la durée de l'impulsion qui meut le moteur
à la charge qu'il doit entraîner; en d'autres termes, on allonge l'impulsion si la
charge augmente et on la réduit si cette même charge diminue. De tels systèmes sont
décrits par exemple dans les documents US 4,323,834 et US 4,346,463.
[0003] On doit pourtant distinguer plusieurs sortes de charges agissant sur le rotor du
moteur. Comme on veut une position angulaire bien déterminée du rotor entre les pas,
il sera nécessaire d'exercer sur lui un couple de positionnement au repos qu'il faudra
vaincre chaque fois qu'on voudra le faire progresser d'un pas. Le rotor aura également
à vaincre les divers couples de frottement qui existent dans les paliers. Enfin le
rotor aura à fournir un couple utile pour entraîner le mécanisme d'affichage de l'heure.
L'énergie à fournir au moteur pour vaincre ces différents couples est généralement
bien déterminée pour un type de montre donnée qui, lorsqu'elle marche normalement,
consomme une énergie relativement constante. Toutefois, si la montre possède un calendrier,
on comprendra qu'une fois par vingt-quatre heures le couple utile à fournir devra
être plus important au changement de date. C'est alors que peut intervenir l'asservissement
dont il a été question à l'alinéa ci-dessus et à condition bien sur que la montre
soit pourvue d'un tel système.
[0004] Les systèmes d'asservissement réagissant à la charge imposée au rotor supposent généralement
que le moteur est alimenté à tension constante et ne tiennent donc pas compte des
écarts entre la tension délivrée par la pile au début puis à la fin de sa durée de
vie. A première vue, cette simplification pourrait paraître légitime pour une pile
à l'argent dont les tensions de début et de fin de vie sont respectivement de l'ordre
de 1,6 et 1,4 volts. Cependant, comme on le verra, l'écart indiqué conduit déjà à
une surconsommation du système si des mesures ne sont pas prises pour asservir la
longueur de l'impulsion motrice à la tension délivrée par la source d'alimentation
de même que la résistance présentée par ladite source . Il est évident, d'autre part,
que si cet écart augmente encore, comme c'est le cas par exemple dans les piles au
lithium où les limites de fonctionnement peuvent être fixées entre 2,4 et 3,6 volts,
la consommation en pure perte sera encore plus importante.
[0005] On a cité dans le rapport de recherche le document EP-A-0057663 (correspondant à
US-A-4,439,717). Il s'agit d'un dispositif de commande pour moteur pas à pas. Ce dispositif
évite l'inconvénient que présentent les dispositifs connus et qui tient au fait que
si la tension de la source d'alimentation varie, la puissance fournie au moteur varie
également comme on l'a indiqué à l'alinéa ci-dessus. Pour palier cet inconvénient,
le document cité propose des moyens qui consistent, d'une part, à alimenter le moteur
en maintenant constant le courant dans la bobine dudit moteur et, d'autre part, à
analyser le signal en tension présent sur la bobine puis à fournir une information
sur la tension induite provoquée par le mouvement du rotor. La démarche proposée par
la présente invention est totalement différente puisqu'elle ne fait pas appel à la
tension induite pas plus qu'elle ne nécessite de maintenir constant le courant dans
la bobine. On le verre plus bas, le procédé choisi ici se contente de mesurer la tension
d'alimentation aux bornes du moteur et le courant qui circule dans sa bobine, d'intégrer
le produit des deux mesures par rapport au temps puis de couper l'alimentation quand
l'énergie ainsi mesurée est égale à une quantité d'énergie prédéterminée.
[0006] C'est le but de la présente invention d'adapter automatiquement la longueur d'impulsion
de commande à la tension et à la résistance de la source d'alimentation par les moyens
qui apparaissent dans les revendications.
[0007] L'invention sera mieux comprise maintenant à la lumière de la description qui suit
et pour l'intelligence de laquelle on se référera, à titre d'exemple, au dessin dans
lequel :
La figure 1 est un graphique illustrant le principe d'alimentation du moteur pas a
pas selon l'invention.
La figure 2 est un graphique qui montre plus en détail comment varie la longueur d'impulsion
d'alimentation du moteur quand la tension d'alimentation et la résistance de la source
d'alimentation changent si l'on met à profit le procédé selon l'invention.
La figure 3 est un schéma bloc du circuit électronique de commande pour mettre en
oeuvre le procédé selon l'invention.
La figure 4 est un exemple de réalisation possible du circuit électronique de principe
donné en figure 3.
[0008] D'une manière générale, les courants et les tensions intervenant dans le fonctionnement
du moteur sont donnés par l'équation électrique suivante :

dans laquelle :
Uo = tension aux bornes du moteur;
Ui = tension induite de mouvement;
L = self de la bobine du moteur;
R = résistance de la bobine du moteur;
I = courant dans la bobine du moteur.
En multipliant l'équation [ 1 ] par le terme I(t)dt et en intégrant par rapport au
temps t, on obtient :

Dans cette équation : t

= énergie totale fournie au système;

= énergie dissipée par effet Joule;

= énergie emmagasinée par la self;

= énergie mécanique fournie par le moteur.
[0009] On désire fournir au moteur une énergie mécanique constante. Etant donné que E est
généralement plus petite que E
m et pratiquement constante, le fait d'imposer E
m = constante revient à dire que E
m + E
s = constante. La somme E
m + E est définie dans le cas présent comme représentant l'énergie interne E
i fournie au moteur. On peut donc écrire qué :

ce qui signifie que l'énergie interne à fournir au moteur est égale à l'énergie totale
fournie par le système (Et) moins l'énergie dis-
sipée par effet Joule (
Eth).
[0010] De l'équation [ 3 ] ci-dessus, on conclut qu'il existe une valeur E
i(t) pour laquelle on est assuré que le rotor fera son pas, cette valeur dépendant
de la combinaison d'une certaine tension U
o aux bornes du moteur, d'un certain courant I circulant dans la bobine et ceci pendant
un certain temps déterminé T
i. Soit E
io cette valeur qui s'exprime alors par l'équation :

[0011] Cette quantité d'énergie E
io peut être déterminée pour chaque calibre de montre auquel on a affaire et elle jouera
le rôle de seuil pour limiter la durée de l'impulsion motrice envoyée au moteur. En
d'autres termes, lorsque l'énergie interne E
i(t) fournie au moteur atteint la valeur de seuil E
io on coupe l'énergie. On aura ainsi envoyé au moteur une énergie juste suffisante pour
que son rotor franchisse le pas en évitant une surconsommation inutile.
[0012] Le procédé qui vient d'être indiqué est illustré par le graphique de la figure 1.
On a porté en abscisse le temps d'intégration t en secondes et, en ordonnée, l'énergie
E
i(t) en microjoules ainsi qu'une valeur d'énergie E
io pour laquelle on est assuré que le rotor franchira son pas. Quand la valeur E
i(t) atteint la valeur de seuil E
io, on coupe l'impulsion ce qui donne une durée T
i pour cette impulsion. La figure 1 montre aussi la variation de courant I dans la
bobine du moteur. On a dessiné sur l'axe des temps une valeur t = T
i max. Il peut arriver en effet, pour des cas de charge anormalement élevés, que l'énergie
E
i(t) ne puisse jamais atteindre le seuil E
io. Il est alors préférable de limiter dans le temps la durée de l'impulsion de commande',
durée qu'on choisira élevée, par exemple 10 ms.
[0013] Si l'on se réfère a nouveau à l'équation [ 4 ], on se rend compte que si la tension
U
o aux bornes du moteur diminue (vieillissement de la pile) il faudra intégrer sur un
temps T
i plus long pour atteindre la valeur de seuil Eio, ce qui correspond à un allongement
de l'impulsion motrice. De même, on constate qu'une augmentation de la résistance
interne R
i de la pile occasionne une baisse de U
o et entraîne une augmentation de la durée d'impulsion T
i. Ainsi le procédé selon l'invention amène à un réglage continu de la longueur d'impulsion
en fonction des variations de U
o et en conséquence de R
i.
[0014] La figure 2 montre un exemple de simulation de la réaction de cet asservissement
lors d'une variation de la tension aux bornes du moteur ou lors d'une variation de
la résistance interne de la pile d'alimentation. Dans cet exemple, on a supposé que
l'énergie minimum nécessaire E
io à entraîner le rotor était de 1 µJ. On retrouve dans ce graphique les mêmes coordonnées
que celles adoptées pour la figure 1.
[0015] Les courbes de courant I et d'énergie E
i référencées en 1 présentent un état dans lequel le moteur se trouve alimenté par
une tension U
o valant 1,7 V (pile neuve). La longueur d'impulsion de commande est courte, soit environ
4,8 ms. L'état référencé 2 est celui pour lequel la pile se trouve à un niveau de
décharge pour lequel la tension U
o vaut 1,5 V. La coïncidence de E
i et de E
io n'intervient que lorsque la durée de l'impulsion atteint 6,2 ms. Enfin l'état 3 est
relevé pour une tension U
0 = 1,5 V et pour une valeur de résistance R
i qui a passé de 100 Ω qu'elle avait pour les états 1 et 2 à 500 Ω. A ce moment, l'impulsion
de commande a une durée de 6,8 ms.
[0016] En conclusion de ce qui précède et selon la présente invention, on voit qu'on fournit
au moteur une quantité d'énergie prédéterminée d'où il résultera une adaptation automatique
de la longueur d'impulsion de commande T
i à la tension U et à la résistance R
i de la source d'alimentation.
[0017] On va indiquer maintenant un moyen pour mettre en oeuvre le procédé selon l'invention.
[0018] Il s'agit en fait de mesurer l'énergie interne E
i(t) fournie au moteur, de comparer cette énergie interne à une quantité d'énergie
prédéterminée E
io pour laquelle on est assuré que le moteur fera son pas dans tous les cas de charges
normales qui peuvent se présenter et de couper l'alimentation du moteur dès que E
i(t) = E
io . La valeur de l'énergie interne E
i(t) est connue de l'équation [ 3 ] d'où il résulte que :

On mesurera donc la valeur U - RI et la valeur du courant I(t) circulant dans la bobine.
On fera le produit de ces deux valeurs qu'on intégrera par rapport au temps t.
[0019] Le schéma bloc de la figure 3 permet de réaliser toutes les opérations mentionnées
ci-dessus. Le bloc de commande proprement dit 4 reçoit à son entrée les impulsions
de commande (timing) de durée T
i max et dont il s'agira de régler la largeur, la tension d'alimentation U
o, la quantité d'énergie prédéterminée E
io et l'énergie fournie au moteur E
i(t). Cette commande 4 satisfait aux conditions de fonctionnement suivantes : couper
l'impulsion si E
i(t) devient plus grand que E
io ou la maintenir jusqu'à une valeur préalablement définie T
i max au cas où E
i(t) reste toujours inférieur à E
io. Le circuit 5 est un bloc capteur qui permet de lire la valeur du courant I(t) dans
la bobine du moteur 8 et la valeur de la tension U
o à ses bornes et de faire la différence U
o - RI. Le circuit 6 est un multiplicateur qui réalise l'opération [ 5 ] citée ci-dessus.
Enfin, le circuit 7 est un intégrateur qui intègre dans l'espace temps le produit
(U - RI)I(t) d'où il résulte la valeur de l'énergie interne
Ei(t).
[0020] Le schéma bloc de la figure 3 est un schéma de principe permettant la réalisation
des opérations nécessaires à mettre en oeuvre le procédé selon l'invention. En pratique,
il existe plusieurs façons de le réaliser et le schéma de la figure 4 décrit un mode
de réalisation possible qui va être expliqué maintenant.
[0021] Le moteur M est alimenté à ses bornes par la tension U . Les impulsions de polarité
alternées sont acheminées au moteur par un pont de transistors 31, 32, 33 et 34. Lorsque
les transistors 31 et 32 sont conducteurs, le courant circule dans le sens de la flèche
35 alors qu'il circule dans le sens de la flèche 36 lorsque ce sont les transistors
33 et 34 qui conduisent. Entre la ligne 37 et la masse est intercalé un amplificateur
opérationnel 38 à la sortie 42 duquel apparaît une tension proportionnelle au produit
de la résistance R de la bobine et du courant I circulant dans cette bobine. Un second
amplificateur opérationnel 39 combine par l'intermédiaire de trois résistances r d'égales
valeurs la tension U et la tension R - I pour fournir à sa sortie 40 une tension U
o - RI. Les tensions formées sur les lignes 40 et 42 sont envoyées respectivement aux
entrées X et Y d'un multiplicateur 43 qui, à sa sortie 44, livre une tension U proportionnelle
à (U - RI)I(t) à un facteur d'échelle près. Cette tension U attaque à son tour un
circuit intégrateur composé de l'amplificateur opérationnel 45 auquel est appliqué
un réseau formé par la résistance RM et le condensateur C. On trouve alors à la sortie
de l'intégrateur, sur la ligne 46, une tension proportionnelle à la valeur de l'énergie
interne E
i(t). Il faut noter aussi qu'un transistor 47 est connecté en parallèle sur le condensateur
C, ce qui permet de court-circuiter ledit condensateur dès que l'impulsion de commande
a cessé (remise à zéro de l'intégrateur). La commande du transistor 47 est donc liée
par la ligne 48 au flanc descendant de l'impulsion de commande.
[0022] La figure 4 montre encore deux flip-flops du type D, 49 et 50 qui reçoivent chacun
sur leur entrée d'horloge CP les impulsions de commande (timing) en provenant du diviseur
de fréquence (non représenté) dont est équipée la montre. Ces flip-flops basculent
sur le flanc montant de l'impulsion et attaquent par leurs sorties Q et Q deux portes
NOR 51 et 52 et deux inverseurs 53 et 54 pour fournir finalement les signaux A, B,
C et D qui commandent les transistors 31, 33, 34 et 32 respectivement. On trouve à
la sortie Q du flip-flop 49 l'impulsion de commande 55 qui commence avec le flanc
montant (timing) et qui se termine dès que l'entrée reset du même flip-flop est actionnée.
Sur la sortie Q du même flip-flop, on trouvera la même impulsion 55 mais inversée.
Le flip-flop 50, quant à lui, a pour but d'assurer la polarité alternée des impulsions
de commande.
[0023] L'entrée reset du flip-flop 49 reçoit par la ligne 60 et via une porte OU 56 le signal
issu d'un comparateur 57. Les entrées + et - de ce comparateur reçoivent respectivement
les signaux E
i(t) dont il a été question plus haut et E
io qui est une quantité d'énergie prédéterminée fixée une fois pour toute et qui dépend
du type de montre à régler. Eio se présente pratiquement sous la forme d'une tension
stabilisée. Au moment où E
i(t) - E
io, et selon l'invention, le comparateur 57 fournit un signal 1 qui au travers de la
porte OU 56 remet à zéro le flip-flop 49 et interrompt ainsi l'impulsion moteur 55
(flanc descendant T
i).
[0024] Il peut cependant se présenter des situations où E
i(t) n'atteint jamais E
io, par exemple lorsqu'un couple extraordinairement élevé est appliqué au moteur. Dans
ce cas, on comprendra qu'il est nécessaire de limiter dans le temps la durée de l'impulsion
motrice. Dans le schéma de la figure 4, les impulsions de commande (timing) apparaissant
aux entrées CP des flip-flops 49 et 50 sont limitées dans leur durée à une longueur
T max. S'il n'apparaît aucun signal à la sortie du comparateur 57, c'est le flanc
descendant de l'impulsion de commande qui, au temps T max, provoquera, via l'inverseur
58 et la porte 56, un signal de remise à zéro du flip-flop 49, entraînant l'interruption
de l'impulsion de commande à la sortie Q du même flip-flop.
[0025] Le circuit de la figure 4 est réalisé au moyen d'éléments logiques classiques en
ce qui concerne les portes 51, 52, 53, 54, 56 et 58 et les flip-flops 49 et 50. Le
multiplicateur 43 peut être du type AD 534 du fabricant Analog Devices. On pourra
choisir comme amplificateurs opérationnels 38, 39 et 45 ceux portant la référence
LF 355 N du fabricant National Semiconductor. Le comparateur 57 pourra être du type
LM 311 du même fabricant National Semiconductor.
[0026] On fera remarquer pour terminer que le procédé qui vient d'être décrit ne réagit
pas à la variation de charge qui peut se présenter sur l'arbre du moteur. Il est par
conséquent nécessaire de choisir une valeur E
io qui soit suffisamment élevée pour que le moteur soit capable de faire son pas en
toute circonstance. Ainsi, si l'asservissement de la longueur d'impulsion à l'énergie
interne du moteur présente les avantages qui ont été décrits ici, on comprendra cependant
que cet asservissement ne suffira pas si le moteur rate son pas en raison d'une forte
surcharge passagère ou encore perd un pas à la suite d'un choc. Il peut donc être
indiqué de combiner le système d'asservissement selon l'invention avec un système
qui détecte les pas ratés et qui rattrape le retard accumulé comme cela est décrit
par exemple dans la demande de brevet EP 0 022 270.