[0001] Les bains de sels fondus pour le traitement de pièces métalliques comportent généralement
au moins un composé actif, par exemple cyanate pour la nitruration, carbure pour la
cémentation, etc..
[0002] De tels traitements par bains de sels fondus visent notamment, en tout ou partie,
une amélioration de la résistance à l'usure, au grippage, à la corrosion et à la fatigue
des pièces métalliques.
[0003] Ces bains existent depuis longtemps et sont toujours utilisés avec intérêt. Des exemples
de bains de nitruration sont illustrés, entre autres, par les brevets français 1.073.922,
1.255.191, 2.171.993 et 2.271.307 et son addition 2.307.051.
[0004] Mais les bains de sels fondus, quel que soit leur type, subissent des pertes au cours
de leur service.
[0005] Ces pertes sont dues, d'une part, à l'entraînement de sels fondus par les pièces
sortant du bain, d'autre part, à la dégénérescence du composé actif par réaction avec
les pièces traitées et, s'il y a lieu, avec l'atmosphère, oxydation le plus souvent.
Le composé actif se transforme ainsi peu à peu en un composé dégradé de moins en moins
actif contenant de plus en plus un produit totalement dégénéré et inactif,en général
carbonate, désigné dans ce qui suit par produit de dégradation.
[0006] Pour compenser ces pertes du bain et assurer ainsi la maintenance de ce dernier,
on introduit généralement dans le bain des ajouts de deux sortes :
- d'une part, un sel dit "sel de base" de composition sensiblement identique à celle
du bain fondu au moment où on l'introduit et qui sert principalement à rétablir le
niveau du bain ;
- d'autre part, un sel dit "régénérant", qui peut être un composé unique ou un mélange
de plusieurs composés et qui permet, par réaction dans le bain avec le produit dégradé,de
ralentir ou d'inverser le phénomène de dégradation du bain, en reconstituant le composé
actif.
[0007] Cette façon de procéder présente divers inconvénients :
- le sel de base est un composé complexe, par conséquent coûteux ;
- le fait de se servir de deux sels différents, de base et de régénération, oblige
à des contrôles fréquents, parfois bi-quotidiens, de la composition du bain ;
- il y a rarement adéquation parfaite entre les exigences du maintien de niveau et
celles du maintien d'analyse, de sorte que du sel est perdu ;
- parfois, la réaction de régénération est trop vive et provoque une effervescence
du bain inacceptable ;
- parfois, chaque opération de régénération donne suite à un changement trop brusque
du pouvoir opérant du bain, pouvoir nitrurant, pouvoir carburant, etc.. et la couche
créée sur les pièces par le traitement ne présente, ni la compacité ni l'épaisseur,
fidèles et constantes, requises pour les besoins des industries mécaniques.
[0008] La présente invention a pour objet une charge d'apport destinée à compenser les pertes
d'un bain de sels fondus pour le traitement de pièces métalliques en vue de la maintenance
de ce bain, ces pertes étant dues, d'une part, à l'entraînement de sels fondus par
les pièces sortant du bain, d'autre part à la transformation d'un composé actif en
produit de dégradation, ce produit de dégradation étant susceptible de redevenir le
composé actif par réaction avec un régénérant admis dans le bain à cet effet, cette
charge d'apport offrant, pour la première fois, la possibilité d'entretenir un bain
de sels fondus pour le traitement de pièces métalliques sous forme d'un seul ajout
global, de permettre son introduction dans le bain sans dégagement gazeux nocif et
de maintenir fidèle et constant le pouvoir agissant du bain, ladite charge étant réalisée
à partir de matières peu onéreuses que l'on trouve couramment dans le commerceo
[0009] Suivant l'invention, cette charge d'apport est notamment caractérisée en ce qu'elle
est constituée par des comprimés obtenus par compactage d'un mélange d'au moins deux
matières particulaires, une de ces matières étant formée de produit réapprovisionneur
de même composition que le produit de dégradation, et une autre matière étant formée
dudit régénérant.
[0010] Une telle charge présente de multiples avantages.
[0011] Elle permet,d'abord, avec un ajout global unique, de satisfaire à la fois et d'une
manière parfaitement précise aux exigences du maintien du niveau du bain et à celles
du maintien de la qualité du bain. Il suffit de prévoir à l'avance, dans des proportions
convenables, les quantités respectives, d'une part, de produit réapprovisionneur de
même composition que le produit de dégradation et, d'autre part, de régénérant, pour
que le bain soit maintenu dans des conditions irréprochables.
[0012] En outre, comme la matière de réapprovisionnement n'est autre que le simili produit
de dégradation, cette matière est généralement peu onéreuse.
[0013] Lorsque la charge est introduite dans le bain, le fait que le régénérant soit pré-mélangé
avec le simili produit de dégradation, rend progressive l'action du régénérant dans
le bain, ce qui évite tout risque d'effervescence et permet une excellente stabilité.
[0014] On appréciera que la charge globale suivant l'invention présente donc la particularité
de rassembler, en vue de la maintenance du bain, deux constituants dont le premier
correspond au produit ultime de dégénérescence du bain, tandis que l'autre, de façon
originale, a une mission de régénération qui outrepasse les seuls besoins du bain,
puisqu'il est appelé à régénérer, non seulement les sels du bain devenus inactifs,
mais aussi le premier constituant lui-même, admis en même temps que lui dans le bain.
[0015] Suivant une autre caractéristique, le régénérant est présent dans le comprimé sous
forme d'au moins une granule, et de préférence sous forme d'une multitude de granules,
enrobées par le produit réapprovisionneur.
[0016] Grâce à cette disposition, lorsque le régénérant est admis dans le bain, il se trouve
protégé d'un contact trop rapide avec le bain grâce à la gangue de simili produit
de dé gradation admise à fondre lentement et c'est d'une manière extrêmement progressive
et favorable que le régénérant est admis à agir dans le bain. Par conséquent, on obtient,
en même temps que le rétablissement du niveau du bain, une régénération efficace et
étalée dans le temps, dans d'excellentes conditions.
[0017] Dans une forme d'exécution préférée, chaque granule de régénérant enrobée par le
produit réapprovisionneur dans le comprimé est préformée sous haute compacité avant
enrobage et compactage du comprimé.
[0018] Ainsi le régénérant se trouve localisé dans le comprimé en profondeur et d'une manière
précise, ce qui permet un mode d'action efficace et fidèle.
[0019] Suivant une autre caractéristique, par rapport aux proportions qui correspondent
à la réaction entre le produit de dégradation et le régénérant, le comprimé présente
un léger excès de régénérant, cet excès étant en poids, de l'ordre de 1 % à 5 % et
de préférence voisin de 2 °ô. De cette façon, la charge agit dans le bain d'une manière
équilibrée, puisque le régénérant se trouve en quantité propre à assurer la régénération
tant du simili produit de dégradation qui est admis avec lui dans le bain, que du
produit de dégradation qui s'y trouve déjà.
[0020] Dans le cas par exemple d'un traitement par nitruration, le composé actif comporte
un cyanate et les comprimés comportent avantageusement des granules d'urée et de produits
de condensation de l'urée, enrobées par du carbonate.
[0021] Les granules ont avantageusement une dimension de l'ordre du millimètre, tandis que
le comprimé a de préférence une dimension de l'ordre de plusieurs centimètres, ce
qui permet une grande commodité d'emploi.
[0022] Un exemple non limitatif d'une charge d'apport suivant l'invention est décrit ci-après.
[0023] Un bain de sels fondus, travaillant à environ 560°C, est prévu pour un traitement
par nitruration de pièces métalliques en vue d'améliorer leur résistance à l'usure,
au grippage, à la corrosion et à la fatigue.
[0024] Le principe actif de ce bain est à base de yanate.
[0025] Ce bain subit des pertes qui sont dues; d'une part, à l'entraînement de sels fondus
par les pièces sortant du bain, d'autre part, à la dégénérescence du composé actif
cyanate en composé dégradé moins actif qui sous sa forme ultime de dégénérescence
où il est devenu totalement inactif est un produit de dégradation carbonate. Lorsque
la teneur en carbonate s'accroît, le potentiel nitrurant du bain s'abaisse, le point
de fusion du bain s'élève et corrélativement, la viscosité du bain augmente, ce qui
fait que la qualité du traitement n'est pas constante.
[0026] Pour la maintenance du bain, on utilise une charge d'apport suivant l'invention qui
permet, elle seule et globalement, de compenser toutes les pertes du bain.
[0027] Cette charge est constituée par des comprimés obtenus par compactage d'un mélange
d'au moins deux matières particulaires, une de ces matières étant formée de produit
réapprovisionneur consistant en un simili produit de dégradation, et une autre matière
étant formée du régénérant. Ce régénérant, qui peut être lui-même un mélange de plusieurs
composés, est présent dans le comprimé sous forme d'au moins une granule, et de préférence
d'une multitude de granules enrobées par le produit réapprovisionneur.
[0028] Plus particulièrement, la charge d'apport se présente comme le mélange du simili
produit totalement dégradé par oxydation, en l'occurrence des carbonates alcalins,
et du régénérant, en l'occurrence l'urée, ou un au moins de ses produits de condensation,
ou avantageusement un mélange d'urée et d'un au moins de ses produits de condensation.
[0029] Dans un premier temps, le régénérant est pressé sous forme de granules très compactes,
ayant une dimension de l'ordre du millimètre. Puis ces granules sont mélangées aux
carbonates, ceux-ci étant apportés sous forme de poudre.
[0030] Dans le cas par exemple où le régénérant est l'urée, on peut écrire de la manière
suivante sa réaction avec les carbonates :

[0031] On voit donc que le mélange strict devrait être de 2 kg d'urée et de 1 kg de carbonates
sous forme CO
32- ; mais la charge selon l'invention a avantageusement 1 à 5 % et de préférence 2% de
régénérant de plus que dans la formule et sa composition est en réalité de 1 kg de
carbonates alcalins sous forme de CO
32- et de 2,02 kg d'urée.
[0032] Tout à fait avantageusement, on utilise comme régénérant un mélange d'urée et d'un
au moins de ses produits de condensation. En agissant ainsi et par rapport à l'urée
pure, on limite, selon une réaction du même type que celle ci-dessus décrite, les
dégagements gazeux de gaz ammoniac et de vapeur d'eau, ce qui se traduit concrètement
par la formation à la surface des pièces de couches beaucoup plus compactes, c'est-à-dire
résistant mieux à l'usure. Cet effet bénéfique n'est toutefois obtenu, que si est
compactée une proportion précise entre les quantités respectives d'urée et de son
ou de ses produits de condensation. En l'occurrence, il convient que le rapport en
poids entre la quantité d'urée et celle de ses produits de condensation soit compris
entre 1,5 et 2.
[0033] Dans un deuxième temps, le mélange selon les proportions de l'invention des granules
de régénérant et de poudre du produit réapprovisionneur est compacté sous une pression
de plusieurs tonnes au centimère carré, sous forme de comprimés d'une grande compacité,
ayant une dimension de l'ordre de plusieurs centimètres. Ladite pression de compactage
doit être supérieure à 2 tonnes par centimètre carré et elle est avantageusement de
l'ordre de 5.
[0034] L'expérience montre que la charge d'apport selon l'invention est alors tout à fait
capable d'assurer, à elle seule, une parfaite maintenance du bain de sels fondus nitrurant.
[0035] Cette charge, faite de produits courants, est de prix modique. Comme la réaction
entre le régénérant et les carbonates présente une surface très réduite, cette réaction
est régulière. On évite l'effervescence et on constate l'absence de variations dans
l'effet nitrurant du bain.
[0036] De plus, on observe une économie sensible d'énergie, car la réaction du régénérant
sur les carbonates est très exothermique et apporte des calories in situ.
[0037] Les granules du régénérant peuvent être uniformén nt réparties dans le produit réapprovisionneur,
mais, de préférence, elles sont concentrées dans une région centrale du comprimé,
ce qui permet une meilleure progressivité dans le mode d'action du régénérant dans
le bain de sels fondus.
[0038] Bien entendu, l'invention n'est pas limitée à l'exemple décrit mais embrasse toutes
variantes dans la réalisation de ses divers éléments et dans ses applications, dans
le cadre des revendications. En particulier, la charge d'apport selon l'invention
est utilisable, non seulement avec des bains de sels fondus nitrurants, mais également
avec tous autres bains appropriés, notamment des bains de cémentation dont le composé
actif est un carbure dégénérant en carbonate.
, 1) Charge d'apport destinée à compenser les pertes d'un bain de sels fondus pour
le traitement de pièces métalliques, en vue de la maintenance de ce bain, ces pertes
étant dues, d'une part, à l'entraînement de sels fondus par les pièces sortant du
bain, d'autre part, à la dégénérescence d'un composé actif en un composé dégradé moins
actif qui, sous sa forme ultime de dégénérescence où il est devenu totalement inactif,
est dit produit de dégradation, ce produit de dégradation étant susceptible de redevenir
le composé actif par réaction avec au moins un régénérant admis dans le bain à cet
effet, charge caractérisée en ce qu'elle est constituée par des comprimés obtenus
par compactage d'un mélange d'au moins deux matières particulaires, une de ces matières
étant formée d'un produit réapprovisionneur ayant la même composition que le produit
de dégradation et une autre matière étant formée du dit régénérant.
2) Charge d'apport suivant la revendication l, caractérisée en ce que le régénérant
est présent dans le comprimé sous forme d'au moins une granule enrobée par le produit
réapprovisionneur.
3) Charge d'apport suivant la revendication 1 ou la revendication 2, caractérisée
en ce que le régénérant est présent dans le comprimé sous forme d'une multitude de
granules enrobées par le produit réapprovisionneur.
4) Charge d'apport suivant la revendication 3, caractérisée en ce que les granules
de régénérant sont uniformément réparties dans le produit réapprovisionneur.
5) Charge d'apport suivant la revendication 3, caractérisée en ce que les granules
de régénérant sont concentrées dans une région centrale du comprimé.
6) Charge d'apport suivant l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisée
er ce que chaque granule de régénérant enrobée par le produit réapprovisionneur dans
le comprimé est préformée sous haute compacité avant enrobage et compactage du comprimé.
7) Charge d'apport suivant l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisée
en ce que le compactage du comprimé est réalisé sous une pression de plusieurs tonnes
au centimètre carré.
8) Charge d'apport suivant la revendication 7, caractérisée en ce que la pression
de compactage est supérieure à 2 tonnes par centimètre carré et de préférence de l'ordre
de 5 tonnes par centimètre carré.
9) Charge d'apport suivant l'une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisée
en ce que chaque granule a une dimension de l'ordre du millimètre, tandis que le comprimé
a une dimension de l'ordre de plusieurs centimètres.
10) Charge d'apport suivant l'une quelconque des revendications l à 9, caractérisée
en ce que par rapport aux proportions qui correspondent à la réaction entre le produit
de dégradation et le régénérant, le comprimé présente un léger excès de régénérant.
11) Charge d'apport suivant la revendication 10, caractérisée en ce que cet excès
est, en poids, de l'ordre de 1 % à 5 % et de préférence voisin de 2 %.
12) Charge d'apport suivant l'une quelconque des revendications 1 à 11, dans laquelle
le composé actif comporte un cyanate, caractérisée en ce que les comprimés comportent
des granules d'urée et/ou de ses produits de condensation enrobées dans du carbonate.
13) Charge d'apport suivant la revendication 12, dans laquelle le régénérant est constitué
d'un mélange d'urée et d'un ou plusieurs produits de condensation de l'urée, caractérisée
en ce que le rapport en poids entre la quantité d'urée et celle de son ou de ses produits
de condensation est compris entre 1,5 et 2.