[0001] La présente invention concerne un procédé pour la gazéification de schlamms de charbon
dans les installations de gazéification en lit fluidisé à agglomération de cendres.
[0002] Des installations de ce genre sont, par exemple, celles qui sont décrites dans les
brevet US N°2.906.608, N° 3.867.110, N° 3.884.649. N° 3.935.825, N° 4.023.280, N°
4.057. 402, N° 4.191.539, N° 4.229.289. et les demandes de brevets européens N° 0.027.280
et 0.031.856.
[0003] Ces installations comportent un réacteur dans lequel le charbon est maintenu en lit
fluidisé à une température d'environ 900 à 1100°C par injection de vapeur d'eau et
d'oxygène à la base du réacteur. Dans ces conditions, le charbon se gazéifie, tandis
que les particules de cendres formées subissent un début de ramollissement et se collent
entre elles en formant des agglomérats. Les cendres sont séparées par un soutirage
sélectif rendu possible par la différence de taille et de densité entre ces agglomérats,
d'une part, et les particules contenant encore du carbone, d'autre part, qui ne sont
pas agglomérées. Dans les installations faisant l'objet des brevets cités, la séparation
s'opère dans un ou plusieurs venturis situés à la base du réacteur.
[0004] Selon la demande de brevet européen N°0.027.280, il est avantageux que le gaz de
fluidisation soit de la vapeur d'eau et que l'oxygène soit injecté à grande vitesse,
mélangé à de la vapeur d'eau, par un tube situé au centre du venturi, tandis qu'un
gaz constitué principalement de vapeur d'eau est introduit par le venturi. Le jet
ainsi formé dans le lit constitue une zone chaude qui joue un rôle déterminant dans
le processus d'agglomération des particules de cendres.
[0005] A la partie supérieure du lit fluidisé, les gaz entrainent une quantité importante
de fines constituées, d'une part, par des particules de charbon non gazéifiées ou
incomplètement gazéifiées, d'autre part, par des cendres. Ces fines sont séparées,
de préférence dans des cyclones, et recyclées à la base du réacteur de gazéification.
Le débit de fines qui est ainsi continuellement recyclé est élevé, par exemple de
l'ordre de 5 fois le débit du charbon à gazéifier.
[0006] Le charbon à gazéifier est de préférence introduit dans la zone supérieure du lit
fluidisé, par transport pneumatique, après avoir été broyé à une granulométrie inférieure
ou égale à 6 mm et éventuellement séché de manière que sa teneur en humidité ne dépasse
pas 6 %. Il peut même subir, comme il est décrit dans le brevet US N° 4.057.402, un
prétraitement à environ 400
*C, de manière à diminuer ses propriétés agglutinantes.
[0007] Les installations décrites ci-dessus ne sont pas adaptées à la gazéification de schlamms
de lavoirs à charbon. Ces schlamms sont en effet des produits de granulométrie très
fine (inférieure à 1 mm) très humide (environ 25 % d'eau après essorage) et dont la
teneur en cendres peut atteindre 40 % .
[0008] Les dispositifs classiques d'introduction du charbon dans le réacteur ne sont pas
favorables à l'introduction de schlamms, en raison même de cette forte teneur en humidité.
Par ailleurs, si on introduit des schlamms dans. la zone supérieure du lit fluidisé,
les particules très fines qui les constituent seront entrainées hors du lit avant
d'avoir pu être gazéifiées et le fonctionnement du lit sera perturbé sans résultat.
La demande de brevet européen N° 0.031.856 a certes prévu une installation permettant
d'introduire le charbon à gazéifier à la partie inférieure du lit fluidisé. Toutefois,
le procédé décrit dans cette demande de brevet est délicat à mettre en oeuvre, car
il faut éviter une agglutination du charbon dans les canalisations d'injection et,
par ailleurs, l'introduction massive de produits froids à la base du lit fluidisé
n'est pas favorable au bon fonctionnement du réaçteur de gazéification. En outre,
un tel dispositif n'est pas adapté à l'injection d'un produit très humide tel que
les schlamms de charbon.
[0009] Les mêmes inconvénients se retrouvent dans le brevet allemand N° 497.894. Même si
le procédé faisant l'objet de ce brevet met à profit la température élevée des gaz
qui sortent du réacteur pour réaliser un séchage partiel jusqu'à environ 10 % d'eau
et un préchauffage du produit à gazéifier, il n'en demeure pas moins que les risques
d'agglutination et de colmatage sont prohibitifs, étant donné que le produit à gazéifier
est introduit en totalité dans le flux sortant du réacteur. Il est symptomatique de
constater que, bien que ce brevet soit très ancien, le mode d'injection qu'il décrit
n'a jamais été utilisé effectivement dans les procédés industriels qui sont apparus
ultérieurement y compris dans le procédé développé par les inventeurs mentionnés dans
ce brevet allemand.
[0010] Les schlamms constituent un sous-produit des installations de préparation du charbon
que l'on obtient en grande quantité dans les lavoirs à charbon et que l'on ne sait
pas valoriser de façon satisfaisante.
[0011] Un but de la présente invention est de permettre la valorisation des schlamms en
les gazéifiant simultanément avec du charbon utilisé à titre de matière première principale.
[0012] Un autre but de l'invention est de réaliser la gazéification de schlamms dans une
installation telle que celle qui fait l'objet de la demande de brevet européen N'0.027.280.
[0013] un troisième but de 1 invention est de mettre à profit la chaleur latente des produits
obtenus dans une réaction de gazéification en lit fluidisé pour sécher des schlamms
de manière à les introduire à l'état pratiquement sec dans la zone inférieure d'un
lit fluidisé. de gazéification de charbon. Par schlamms pratiquement secs, on entend
un produit dont la teneur en eau est inférieure à 6 % en poids et de préférence inférieure
à 2 à 3 % en poids.
[0014] Un but supplémentaire de l'invention est de diluer les schlamms dans les produits
qui sont recyclés au réacteur de gazéification, de manière à éviter les risques d'agglutination
et de colmatage dans les conduits d'injection et à permettre cette injection sans
que le bon fonctionnement du réacteur de gazéification ne soit perturbé.
[0015] Ces buts sont atteints dans un procédé de gazéification tel que celui qui fait l'objet
de la demande de brevet européen N
* 0.027.280. par le fait que l'on injecte des schlamms de charbon en proportion inférieure
à 50 X en poids et de préférence de l'ordre de 20 % en poids du débit de charbon introduit
dans l'installation (proportion qui correspond à la production usuelle des schlamms
obtenus dans un lavoir à charbon à partir du charbon tout venant) dans le circuit
des produits qui sortent du lit fluidisé où s'effectue la réaction de gazéification.
[0016] L'invention consiste par conséquent en un perfectionnement à un procédé de gazéification
dans lequel du charbon à gazéifier est introduit directement dans un lit fluidisé
; de l'oxygène et de la vapeur d'eau sont insufflés à la partie inférieure du lit
fluidisé ; les cendres sont recueillies à l'état fondu à la base du lit fluidisé ;
les produits sortant du lit fluidisé sont dirigés successivement vers un ou plusieurs
dispositifs de séparation des fines et des gaz et les fines sont recyclées dans le
lit fluidisé.
[0017] Ce perfectionnement consiste à injecter des schlamms dans le circuit des produits
qui sortent du lit fluidisé et à introduire le mélange des schlamms séchés et des
fines séparées des gaz dans le lit fluidisé, de préférence directement dans la partie
inférieure de celui-ci..
[0018] Suivant le mode de réalisation préféré de l'invention, les schlamms sont introduits
directement dans le réacteur de gazéification, à l'intérieur de la phase gazeuse qui
surmonte le lit fluidisé (zone de désengagement).
[0019] Suivant un autre mode de réalisation avantageux, les schlamms sont introduits dans
le flux de gaz chauds sortant du réacteur et avant l'introduction de ce flux dans
le cycle de séparation et de recyclage des fines.
[0020] Suivant un autre mode de réalisation possible, les schlamms sont introduits dans
le ou les circuits de recyclage des fines entre la sortie du ou des postes de séparation
de ces fines et le réacteur.
[0021] D'autres caractéristiques et les avantages de l'invention ressortiront plus clairement
de la description qui va suivre faite en regard du dessin annexé représentant à titre
illustratif et schématiquement le réacteur d'une installation de type connu de gazéification
de charbon en lit fluidisé et à agglomération de cendres, réacteur auquel est appliqué
le procédé de l'invention.
[0022] En se référant à ce schéma, on a désigné par la référence générale 1 le réacteur
de gazéification réalisé de façon connue en soi qu'il n'est pas nécessaire de décrire
ici fonctionnant en lit fluidisé à une température d'environ 900 à 1100°C, le charbon
étant admis en 2 et la vapeur et l'air ou l'oxygène entretenant la fluidisation étant,
respectivement, introduits en 3 et 4 à la base du réacteur. Comme on le sait, dans
ces conditions, les particules de cendres du charbon ainsi traité subissent un début
de ramollissement et se collent entre elles pour former des agglomérats. Le soutirage
sélectif des cendres repose sur la différence de taille et de densité entre ces agglomérats,
d'une part, et les particules contenant encore du carbone qui ne sont pas agglomérées,
d'autre part. La séparation s'opère en 5 à la base du réacteur et les produits sont
soutirés en 6. Les gaz résultant de ce traitement et qui sont chargés d'une proportion
importante de vapeur d'eau et de fines d'une granulométrie inférieure à 1 mm sont
évacués en 7, en tête du réacteur à une température de l'ordre de 1000'C pour être
admis, en vue de la séparation de ces fines, dans un ou plusieurs cyclones tels que
8-9. Ces fines sont en général recyclées dans le réacteur 1, respectivement, par les
conduits 8a-9a. La fraction qui ne serait pas recyclée pourrait être soutirée en 10.
[0023] Conformément à l'invention, les schlamms qui représentent une fraction granulométrique
comprise entre 0 et 1 mm sont introduits dans ce circuit d'effluent gazeux. En raison
même de cette granulométrie, ils sont compatibles avec le reste des fines de même
granulométrie qui sont entrainées par cet effluent ou qui en sont séparées.
[0024] C'est ainsi que, suivant un premier mode de mise en oeuvre de l'invention, les schlamms
sont admis en 11 dans le conduit 7 reliant la partie supérieure du réacteur 1 au premier
cyclone 8.
[0025] Quels que soient la température ou le débit d'admission de ces schlamms dans ce conduit,
il y a tout d'abord lieu de remarquer qu'ils n'interfèrent en rien dans la marche
du réacteur. Par ailleurs, comme indiqué précédemment, leur granulométrie permet de
les assimiler aux fines normalement évacuées du réacteur 1. En outre, cette admission
n'entrave en rien la marche des cyclones 8 et 9 destinés à la séparation de cette
fraction de granulométrie.
[0026] En ce qui concerne le débit d'admission des schlamms, il peut être élevé du fait
même que ces cyclones sont prévus pour permettre la séparation d'une quantité de fines
importante de l'ordre de 5 fois (ou plus) la quantité de charbon admise dans le réacteur.
[0027] . Lors de leur cheminement dans le conduit 7, les schlamms sont amenés à la température
du flux gazeux et des fines qui y circulent (de l'ordre de 1000°C) pour être séparés,
comme ces fines, dans le cyclone 8 et être recyclés également comme ces dernières,
à la même température (de l'ordre de 850-900'C) et au degré d'humidité régnant normalement
dans le conduit de recyclage 8a. Les schlamms s'identifiant ainsi aux fines aussi
bien pour ce qui est de leur granulométrie que des conditions de température et de
taux d'humidité, on comprendra qu'ils se comportent comme les fines aussi bien lors
de leur admission au bas du réacteur 1 qu'au cours de leur séjour au sein de ce réacteur
conduisant à leur gazéification sans modification des conditions de marche de l'installation
par rapport au cas où les schlamms n'auraient pas été introduits dans le circuit des
fines. Dans cette variante, on profite pleinement de la chaleur sensible des gaz sortant
du réacteur.
[0028] Suivant une variante, ces schlamms peuvent être introduits dans le conduit de recyclage
d'un des cyclones (8-9) dans lequel les conditions de température, de débit et de
degré d'humidité seraient les plus favorables. Dans le cas pris comme exemple ici,
on choisira de préférence le conduit 8a relié au premier cyclone 8 dans lequel la
température est la plus élevée (850-900°C). Bien entendu, on pourra également admettre
les schlamms dans les conduits 9a de retour des fines provenant du cyclone 9 dans
lequel la température est encore de l'ordre de 750-800°C (inférieure à celle du conduit
8a) et le débit inférieur évidemment à celui dans le conduit 8a. Le point d'admission
dépend ainsi comme on le voit du nombre de cyclones et des conditions de température
et de débit. Dans cette variante, étant donné qu'on ne profite pas pleinement de la
chaleur sensible sortant du réacteur, il peut être avantageux de sécher au moins partiellement
les schlamms avant leur introduction dans le conduit. En tout état de cause, il y
a intérêt à profiter des points de l'installation où ces paramètres ont des valeurs
optimales notamment la température. Pour ce qui est du débit, les schlamms constituant
un appoint par rapport au débit de charbon initial à gazéifier, la proportion de schlamms
admise sera éminemment fonction de la proportion de fines recyclées (proportion qui
est importante comme indiqué ci-dessus). Cette proportion pourra être suivant les
cas de l'ordre de 20 / et jusqu'à 50 X en poids de la quantité de charbon gazéifié.
[0029] Elle sera nettement plus faible lorsque les schlamms sont introduits dans le circuit
de recyclage du second cyclone, ou à plus forte raison du troisième, s'il en existe
trois. Elle sera alors déterminée par les conditions d'hydrodynamique du système,
de manière à assurer un écoulement régulier dans la jambe de retour. Elle sera également
limitée en fonction des risques d'agglutination dans ce circuit liés aux caractéristiques
du charbon.
[0030] Il va de soi que la présente invention n'a été décrite qu'à titre purement explicatif
et nullement limitatif et que toute modification utile pourra y être apportée sans
sortir de son cadre.
1. Perfectionnement au procédé pour la gazéification du charbon en vue de la gazéification
de schlamms, dans lequel le charbon à gazéifier est introduit directement dans un
lit fluidisé ; de l'oxygène et de la vapeur d'eau sont insufflés à la partie inférieure
du lit fluidisé ; les cendres sont recueillies à l'état fondu à la base du lit fluidisé
; les produits sortant du lit fluidisé sont dirigés successivement vers un ou plusieurs
dispositifs de séparation des fines et des gaz et les fines sont recyclées dans le
lit fluidisé, perfectionnement en vue de la gazéification des schlamms, caractérisé
par le fait qu'il consiste à injecter des schlamms dans le circuit des produits qui
sortent du lit fluidisé et à introduire le mélange des schlamms séchés et des fines
séparées des gaz dans le lit fluidisé.
2. Perfectionnement selon la revendication 1, caractérisé par le fait que cette injection
se fait directement dans la partie inférieure du lit fluidisé.
3. Perfectionnement selon la revendication 1, caractérisé par le fait que les schlamms
sont introduits directement dans le réacteur de gazéification, à l'intérieur de la
phase gazeuse qui surmonte le lit fluidisé.
4. Perfectionnement selon la revendication 1, caractérisé par le fait que les schlamms
sont introduits dans le flux de gaz chauds sortant du réacteur et avant l'introduction
de ce flux dans le cycle de séparation et de recyclage des fines.
5. Perfectionnement selon la revendication 1, caractérisé par le fait que les schlamms
sont introduits dans le ou les circuits de recyclage des fines entre la sortie du
ou des postes de séparation de ces fines et le réacteur.