[0001] La présente invention concerne la gazéification des matières carbonées solides et
plus particulièrement la technique selon laquelle du charbon en poudre est injecté,
en même temps que de l'oxygène et des matières de formation d'un laitier d'épuration,
dans un réacteur de gazéification constitué
'par un récipient métallurgique. Ce réacteur contient un bain métallique capable de
dissoudre le carbone, en particulier un bain de fer en fusion, jouant un rôle assimilable
à un catalyseur, pour donner lieu à la formation d'un gaz combustible contenant principalement
de l'oxyde de carbone.
[0002] On sait que, en principe, ce procédé est réalisé dans un récipient contenant un certain
volume de fer en fusion et dans lequel l'ensemble des agents et matières destinés
à intervenir dans le processus de gazéification sont injectés par une lance à flux
multiples, ou séparément par des lances différentes, ou même par des lances et des
tuyères débouchant sous la surface du bain.
[0003] Globalement, les réactions de base diffèrent peu de celles mises en jeu dans l'affinage
pneumatique de la fonte par l'oxygène soufflé par le haut, même si ces deux techniques
sont par ailleurs totalement étrangères tant par leurs buts que leurs mises en oeuvre
respectives. Dès lors, il n'est pas surprenant que la gazéification du charbon sur
métal liquide soit habituellement effectuée dans un réacteur tout à fait similaire
à un convertisseur d'aciérie à l'oxygène soufflé par le haut, voire dans un tel convertisseur
lui-même (demande de brevet français n° 2 495 178 - de Sumitomo Metal ou 2 488 903
- de Klock- ner Werke).
[0004] Aussi, la gazéification est - elle réalisée de façon séquentielle : le laitier du
type "laitier d'affinage de la fonte", assure l'élimination des impuretés introduites
par le charbon, notamment le soufre, et se trouve soumis à des décrassages périodiques,
alors que le bain de fer en fusion sert à nouveau après réchauffage.
[0005] Or, ce laitier a tendance à entraîner avec lui des gouttelettes (ou micro-particules)
de fer liquide en suspension, de sorte que le simple décrassage provoque à chaque
fois un certain appauvrissement du bain en fer, qui peut devenir appréciable au bout
d'un certain nombre de cycles.
[0006] Dans le but principal de parvenir à un fonctionnement "en continu" de l'opération
de gazéification sans pertes en fer conséquentes, la présente invention consiste à
recueillir de façon continue le laitier surnageant sur le bain à mesure de sa formation
dans le réacteur par débordement au-dessus d'un seuil, à laisser décanter le laitier
recueilli pour permettre la séparation par gravité des gouttelettes de fer présentes
en suspension et qui se rassemblent dans le fond, puis à évacuer le laitier qui surnage
et à recycler dans le réacteur le fer liquide obtenu par décantation du laitier.
[0007] Le procédé peut alors être mis en oeuvre de façon continue pendant de longues périodes,
la proportion de fer éliminée du circuit étant pratiquement négligeable.
[0008] L'invention a également pour objet une installation de mise en oeuvre composée d'un
ensemble intégré à deux étages :
- un réacteur de gazéification destiné à contenir un bain métallique en fusion capable
de dissoudre du carbone et pourvu de moyens pour l'introduction de matières carbonées
(notamment du charbon pulvérisé) d'oxygène gazeux ainsi que des matières de formation
d'un laitier d'épuration,
- et un décanteur, adjacent au réacteur, destiné à recueillir le laitier formé dans
ledit réacteur et communiquant avec ce dernier, d'une part, par un seuil de débordement
du laitier formé dans le réacteur, et, d'autre part, par un chenal de recyclage dans
le réacteur du métal liquide déposé dans le fond du décanteur, ledit chenal étant
ménagé au travers de la paroi commune séparant le réacteur du décanteur et dont l'extrémité
haute libre constitue le seuil de débordement.
[0009] Conformément à une réalisation préférée, le chenal de recyclage débouche dans le
réacteur en dessous du niveau du bain métallique de manière à permettre l'écoulement
du métal du fond du décanteur vers le réacteur, selon le principe des vases communicants.
[0010] Avantageusement, il est prévu d'assister cet écoulement par des moyens d'apport d'énergie
motrice, par exemple une pompe électromagnétique constituée par un inducteur linéaire
à champ magnétique glissant logé dans le réfractaire le long du chenal de recyclage.
[0011] Un autre moyen peut consister en un soufflage gazeux au travers d'un élément réfractaire
perméable logé dans le fond du réacteur, au voisinage de l'orifice de sortie du chenal,
de manière à provoquer un brassage ascendant du métal au droit du chenal favorisant
l'écoulement recherché dans celui-ci. Un tel élément perméable peut parfaitement être
du type décrit dans la demande de brevet européen publiée n° 0021861.
[0012] Conformément à une mise en oeuvre préférée du procédé selon l'invention, destinée
à procurer un gaz riche en hydrogène, on injecte également dans le réacteur de l'eau,
à l'état de vapeur de préférence, associée à un apport calorifique extérieur pour
compenser l'effet refroidissant de l'eau, notamment eu égard au caractère très endothermique
de la réaction avec le carbone pour la production équimolaire d'hydrogène et d'oxyde
de carbone.
[0013] Plus précisément, l'apport calorifique extérieur peut être limité aux besoins thermiques
de la fraction d'eau injectée au-delà de celle dont l'effet refroidissant est naturellement
compensé par les ressources thermiques internes du réacteur, sous réserve, bien entendu,
de conserver le bain métallique à l'état liquide, c.à.d.de ne pas descendre sous une
température de l'ordre de 1400-1500 °C dans le cas d'un bain de fer.
[0014] A cet égard, les déterminations des bilans thermiques et matières permettent dans
chaque cas d'ajuster l'apport calorifique extérieur aux quantités d'eau injectée en
fonction des introductions de carbone et d'oxygène, compte tenu éventuellement de
la recherche d'une productivité maximale de l'installation.
[0015] Parmi les moyens envisageables d'apport calorifique, on retiendra de préférence ceux
non-susceptibles d'intervenir chimiquement dans les réactions mises en jeu par la
gazéification du charbon. Ainsi, on optera de préférence pour l'énergie d'origine
électrique, notamment sous forme d'un arc électrique que l'on entretient entre une
électrode et le bain métallique lui-même, comme cela se passe dans un four à arcs
d'aciérie électrique. D'autres moyens de cette nature peuvent bien entendu être utilisés,
tels qu'une torche à plasma ou un inducteur électromagnétique.
[0016] Il est remarquable de noter qu'au vu des expériences qu'ils ont menées, les inventeurs
ont été conduits à retenir que, pour un volume de bain métallique donné, la quantité
de charbon introduite dans le bain est liée au "volume utile" du bain par une relation
de la forme :
Qc = k . Vu
Qc = quantité du charbon injectée
Vu = volume utile pour une charge donnée
k = constante de proportionalité dépendant des conditions de mise en oeuvre du procédé
(granulométrie, qualité du charbon, etc.)
[0017] Il est donc avantageux, selon une variante de l'invention, d'associer au décanteur
un réacteur assurant le "volume utile" maximum du bain.
[0018] A cet effet, selon l'invention, le décanteur est associé à un réacteur ayant une
forme allongée, tandis qu'est prévue une pluralité de lances à oxygène à jets étalés
réparties le long du réacteur de manière que l'ensemble de ces jets intéresse la majeure
partie de la surface du bain métallique.
[0019] On va maintenant décrire l'invention plus en détail en se référant aux planches de
dessins annexées qui illustrent à titre d'exemples non limitatifs et de façon schématique,
l'invention et ses deux variantes principales. Sur ces planches :
- la figure 1 illustre une installation de base selon l'invention,
- et la figure 2 illustre une variante de la figure 1 équipée de moyens d'introduction
d'eau,
- la figure 3 illustre une deuxième variante de l'installation selon l'invention équipée
d'une pluralité de lances d'oxygène alignées dans un réacteur de forme allongée.
[0020] Sur toutes les figures, les mêmes éléments sont désignés sous des références identiques.
[0021] Sur la figure 1, on a représenté une installation de gazéification à double étage
comprenant un réacteur 1 et un décanteur associé 2 séparés par une cloison à mi-hauteur
3, l'ensemble étant fermé par un couvercle 4 pourvu d'une ouverture 5 pour la sortie
des gaz produits.
[0022] Comme on le voit, le réacteur 1 est équipé en deux lances émergées 6 et 7 respectivement
pour le soufflage d'oxygène gazeux additionné de chaux et pour l'introduction de carbone
pulvérulent à l'aide d'un gaz de transport quelconque. Ces lances, refroidies par
circulation interne d'eau, de type connu en affinage pneumatique, traversent verticalement
le couvercle 4 par des passages notés 8, 8'. L'ensemble des ouvertures 8, 8' et 5
du couvercle est coiffé par un capot collecteur de gaz 9 relié à une conduite de récupération
10.
[0023] Le décanteur 2 présente une ouverture latérale 11 à un niveau en hauteur approximativement
égal à celui de l'extrémité haute de la cloison séparatrice 3 et ménagée à un endroit
de la paroi du décanteur éloigné de cette cloison. En outre, le fond du décanteur
est sensiblement relevé par rapport à celui du réacteur, et un chenal 12, reliant
le fond du décanteur au réacteur, est ménagé dans la cloison réfractaire 3 en pente
inclinée vers le bas dans le sens décanteur-réacteur.
[0024] Les éléments qui viennent d'être décrits constituent l'aménagement de base d'une
installation selon l'invention.
[0025] Son fonctionnement est schématiquement le suivant : On remplit le réacteur par du
fer en fusion 13 jusqu'à un niveau compris entre la sortie du chenal 12 et l'extrémité
supérieure de la cloison 3.
[0026] Lors de la mise en service des lances 6 et 7, le charbon injecté se dissout dans
le bain 13 et le reste de l'opération est tout à fait comparable à ce qui se passe
en affinage classique de la fonte par l'oxygène soufflé par le haut. Cet oxygène assure
ainsi la décarburation du bain par formation d'oxyde de carbone gazeux. La formation
d'un laitier basique fluide 14 à base de chaux constitue un agent d'épuration en soufre
qui élimine cet élément du bain 13 au fur et à mesure de son introduction par le charbon
à gazéifier.
[0027] Le caractère continu de l'opération à ce stade est assuré par un départ continu du
laitier 14, à mesure de sa formation, par passage au-dessus de la cloison dont l'extrémité
supérieure constitue ainsi un "seuil de débordement" 15 du laitier.
[0028] Cette expression "seuil de débordement du laitier" a été consacrée par le passé dans
le domaine de l'affinage continu de la fonte en acier qui, précisément, met en oeuvre
une installation à double étage réacteur-décanteur, de principe et de technologie
tout à fait analogues à l'installation de gazéification exemplifiée ici. Le lecteur
pourra d'ailleurs s'en rendre compte par lui-même en se rapportant aux nombreux brevets
déposés à ce sujet par le demandeur, et notamment les brevets français n° 1407082,
1 427 201 et 1 418 924.
[0029] On rappelle à cet égard que la technique d'évacuation "en continu" du laitier surnageant
sur un bain métallique par débordement d'un seuil semble être bien maîtrisée lorsque
le laitier présente une consistance plutôt mousseuse. On sait que ce résultat peut
être facilement obtenu par un contrôle adéquat des caractéristiques du jet d'oxygène,
contrôle qui peut être facilement assuré, par exemple, par un réglage de la position
en hauteur de la lance de soufflage. On sait aussi qu'un laitier moussant contient
en suspension une quantité relativement importante de fer sous forme de gouttelettes
ou de micro-particules liquides.
[0030] Ainsi, le laitier volontairement moussant 14 que l'on forme ici à la surface du bain
13 passe, par débordement continu et régulier au-dessus du seuil 15, du réacteur 1
au décanteur 2.
[0031] Pendant son séjour dans le décanteur, le laitier est au repos de sorte que les gouttelettes
de fer liquide en suspension ont la possibilité de se séparer par gravité de la phase
non- métallique et de se rassembler dans le fond en donnant naissance puis en alimentant
régulièrement un pied de bain 16. Le laitier 14', qui au cours de sa progression dans
le décanteur, passe d'un état moussant initial à une consistance proche du liquide,
atteint l'orifice de sortie 11 par lequel il est évacué en continu.
[0032] Par ailleurs, au fond du réacteur, le chenal de communication 12 assure le recyclage
du fer déposé 16 vers le bain principal 13.
[0033] Ce recyclage s'effectue automatiquement selon le principe des vases communicants
puisqu'en régime établi, le niveau du pied de bain 16 dans le décanteur s'ajuste naturellement
à chaque instant sur celui du bain principal 13 dans le réacteur.
[0034] Ici, une observation doit être faite à propos de la phase de démarrage de l'installation.
[0035] Deux possibilités existent :
- où l'on procède initialement au remplissage du réacteur seul, auquel cas il est
nécessaire d'obturer temporairement le chenal 12 par tout moyen approprié (obturateur
à tiroir coulissant, etc.) et, de préférence, pâturer son extrémité de sortie dans
le réacteur.
[0036] Dans ce cas, la mise en service de l'installation est suivie d'une phase transitoire
de mise en régime au cours de laquelle le décanteur voit se former le pied de bain
16 à partir du laitier débordé jusqu'à ce que, le niveau de la surface du bain 16
s'égalisant avec celui du bain principal 13, on ouvre le chenal de communication 12;
- où l'on procède initialement au remplissage simultané du réacteur et du décanteur,
soit séparément si l'on obture le chenal 12, soit en alimentant en métal liquide l'un
des deux dans le cas contraire.
[0037] Dans ce mode, la phase de démarrage peut être légèrement plus longue, mais la phase
transitoire est pratiquement réduite au temps nécessaire au premier laitier qui déborde
du seuil 15 pour atteindre l'orifice de sortie 11.
[0038] Quel que soit le mode choisi, on prendra bien entendu le soin de préchauffer convenablement
l'installation à vide, en particulier le chenal de communication 12, pour éviter des
phénomènes intempestifs de solidification localisé e de bain métallique.
[0039] Conformément à une mise en oeuvre préférée de l'invention, le flux de métal recyclé
dans le chenal 12 est assisté. Ces moyens d'assistance peuvent être par exemple une
pompe électromagnétique, telle que schématisée en 17 sur la figure 1, et constituée
par un inducteur à champ magnétique glissant le long du chenal. Cet inducteur est
composé d'une succession de conducteurs annulaires 18 (trois dans l'exemple représenté)
logés dans la matière réfractaire autour du chenal 12 et alimentés par une source
électrique triphasée 19.
[0040] Selon une autre variante, ces moyens d'assistance peuvent être constitués par un
brassage du bain 13 de préférence au voisinage de la sortie du chenal 12. Ce brassage
peut être obtenu avantageusement à l'aide d'une insufflation d'un gaz, tel que au
dioxyde de carbone (CV
2) au travers d'un élément réfractaire aéroperméable 20 monté dans le fond du réacteur
et relié à une source de gaz sous pression symbolisée en 21. Bien entendu, ces deux
types de moyens peuvent être utilisés séparément ou conjointement, comme c'est le
cas sur l'installation de la figure 1.
[0041] Comme déjà indiqué, ces moyens sont connus en eux-mêmes, ainsi que dans leur application
au domaine de l'élaboration des métaux. Au besoin, on pourra se rapporter par exemple
aux demandes de brevets français PV n° 170198 ou PV n° 908871 pour ce qui concerne
le pompage électromagnétique et à la demande de brevet européen publiée n° 0081861
pour ce qui concerne l'élément réfractaire aéroperméable, tel que 20.
[0042] L'installation de gazéification illustrée sur la figure 1 permet la production de
gaz du type CO, H
Z, CO
z, riche en CO, de manière continue : l'évacuation régulière du laitier et le recyclage
continu du fer liquide entraîné par le laitier évitent l'accumulation d'impuretés
dans le milieu réactionnel (notamment le soufre du charbon), ainsi que la consommation
du bain métallique, aux légères pertes près par oxydation dans le laitier et par poussières,
mais que l'on peut aisément compenser au besoin par des appoints espacés de métal.
[0043] Conformément à une variante particulièrement avantageuse de l'invention, illustrée
sur le figure 2, on produit par gazéification du charbon un gaz riche en hydrogène
à partir d'une décomposition d'eau injectée.
[0044] Mais avant de décrire plus en détail cette variante, il n'est pas inutile de faire
quelques rappels.
[0045] A partir du charbon de l'oxygène et de la vapeur d'eau injectée, on recueille dans
le réacteur de gazéification un mélange gazeux produit selon la réaction globale suivante
:

[0047] La combinaison des réactions (1) et (2) permet de retrouver la réaction bien connue
de formation du gaz à l'eau

[0048] En raison du caractère très endothermique de la dissociation de la vapeur d'eau (réaction
1) - dont l'effet, comme on le voit sur la réaction de gazéification (4), est loin
d'être compensé par la combustion de carbone à partir de l'oxygène ainsi libéré (réaction
2) - les possibilités d'injection d'eau pour la production d'un gaz riche en hydrogène
sont relativement limitées, et les techniques courantes de gazéification du charbon
sur métal liquide ne permettent guère de dépasser une teneur de 20 - 30 % environ
en volume d'hydrogène dans les gaz récupérés.
[0049] On pourrait penser pallier l'effet refroidissant d'une injection accrue d'eau par
une augmentation corrélative du soufflage d'oxygène. Une telle mesure cependant, non
seulement n'est guère aisée à maîtriser en raison du fait que les différents équilibres
réactionnels ne s'établissent pas de la même façon selon les niveaux de température
atteints dans le réacteur, mais, de plus, la combustion recherchée du carbone conduit
alors à une production d'oxydes de carbone (CO, CO2) qui abaissent la teneur en hydrogène
du gaz récupéré pour la ramener aux alentours des valeurs prémentionnées.
[0050] Il demeure qu'une telle façon d'opérer permet d'accroître la quantité de gaz produite,
donc également celle du charbon à gazéifier, encore que des limites apparaissent également
à ce niveau du fa-t cette fois des cinétiques différentes entre les diverses réactions
chimiques mises en jeu.
[0051] Certains artifices ont toutefois été envisagés pour tenter de surmonter les limitations
de la teneur en hydrogène des gaz produits. Ainsi Sumitomo Metal Industries Ltd. a
proposé, dans ses brevets FR.A 2.445.364 et 2.495.178, de faire converger les jets
d'oxygène et de vapeur d'eau sur la surface du bain métallique pour y créer et maintenir
un "point chaud" à haute température non susceptible de nuire à la tenue thermique
du réfractaire du récipient. Il serait possible dans ce cas de porter à plus de 3C
% la teneur en hydrogène du gaz produit. Cependant, les moyens mis en oeuvre nécessitent
des réglages très précis, de sorte que les teneurs en H
2 supérieures à 30 % indiquées dans les exemples de ce brevet ne s'appliquent vraisemblablement
qu'à des cas d'espèces et ne sauraient être considérées comme un résultat constant
et reproductible à partir de caractéristiques réellement bien définies et d'application
large.
[0052] Ces difficultés sont résolues par une mise en oeuvre de l'invention conformément
à sa variante de réalisation illustrée sur la figure 2.
[0053] Comme on le voit, la lance 7 d'injection du charbon sert également pour l'introduction
d'eau qui, utilisée de préférence à l'état de vapeur, peut alors servir en outre de
fluide pour le transport pneumatique des particules de charbon. De plus, le réacteur
est pourvu d'une électrode de graphite 22 traversant un passage 8" prévu à cet effet
dans le couvercle 4, de préférence au centre du réacteur pour limiter les effets nocifs
sur la tenue des parois réfractaires du rayonnement de l'arc électrique 23 entretenu
entre le bain 13 et la pointe de l'électrode. Celle-ci est reliée à une borne d'une
alimentation électrique symbolisée en 24, l'autre borne étant mise au contact du bain
13 par l'intermédiaire d'un plot conducteur 25, implanté dans le fond du réacteur.
[0054] On a déjà dit que l'arc électrique 23 est mis en oeuvre en tant que moyen d'apport
calorifique non susceptible d'intervenir chimiquement sur la gazéification. Cet apport
calorifique extérieur, qui ajoute aux disponibilités propres du milieu réactionnel,
permet d'augmenter jusqu'à des valeurs de 40 % et au-delà la teneur volumique en hydrogène
du gaz produit, en rendant possible l'injection d'une quantité d'eau bien plus importante
que celle qui serait permise autrement.
[0055] La mise en oeuvre d'une telle variante permet ainsi une amélioration qualitative
très appréciable des gaz obtenus, dont le domaine d'utilisation se trouve ainsi élargi
vers la chimie de synthèse ou vers des processus industriels demandeurs d'agents gazeux
hautement réducteurs, par exemple.
[0056] En plus de cette variante destinée à améliorer qualitativement les gaz obtenus, comme
on vient de le voir, l'invention a également pour but une amélioration quantitative,
c.à.d. une amélioration de la productivité d'une installation de gazéification.
[0057] Le principe de base repose sur la double idée que le bain métallique doit offrir,
pour un volume donné, la plus grande surface de contact possible à l'oxygène soufflé
et que cet oxygène doit être soufflé de manière à intéresser la plus grande proportion
possible de cette surface.
[0058] Ainsi, les inventeurs ont été amenés à concevoir la variante illustrée sur la figure
3 dans laquelle le bain 13, de même volume que dans les variantes précédentes, occupe
un réacteur 1 de forme linéaire allongée. Le bain 13 présente de ce fait une hauteur
"H" plus faible qu'auparavant mais, inversement, une surface libre 26 beaucoup plus
importante au-dessus de laquelle peuvent être réparties, non plus une seule lance
de soufflage d'oxygène, mais plusieurs lances 6a, 6b, 6c ... (trois dans l'exemple
considéré) disposées côte à côte le long du réacteur et libérant des jets dont les
zones d'impact sur la surfacë 26 du bain sont sensiblement tangentes entre elles.
Parallèlement, une seconde série de trois lances 7a, 7b, 7c, pour l'injection de charbon
en poudre, sont placées obliquement au travers de la grande paroi latérale du réacteur
et débouchent, de préférence, chacune dans un jet d'oxygène en direction de la surface
du bain.
[0059] On comprend que, pour un rayon "R" de la zone d'impact du jet, la taille optimale
du réacteur représenté (ayant une seule rangée de lances à oxygène) est de 2R en largeur
et de 2NR en longueur, où N est le nombre de lances utilisées.
[0060] Par rapport à un réacteur de même capacité mais de forme carrée (ou circulaire) de
2R de côté (ou de diamètre), le réacteur selon la présente variante permet de tripler
pratiquement la surface de contact métal-oxygène, ce qui conduit à multiplier par
trois la capacité du bain à dissoudre rapidement le carbone, donc à accroître en proportion
le débit de charbon pouvant être injecté. Ceci peut s'exprimer, selon les inventeurs,
en disant que le "volume utile" du bain a également triplé, sachant que ce volume
utile "Vu" conditionne le débit "Qc" de charbon injectable selon la relation empirique
Qc = k.Vu (vue précédemment).
[0061] L'augmentation de productivité recherchée se manifeste aussi par le fait que pour
une même masse de bain de fer, la quantité d'oxygène et de carbone pouvant être considérablement
accrue, la production instantanée de gaz recueillie sera d'autant plus volumineuse.
[0062] Bien entendu, une installation de gazéification de ce type peut également servir
pour la production d'un gaz riche en hydrogène, selon la technique décrite en référence
à la variante de la figure 2 (injection de vapeur d'eau associée à ur. apport calorifique
compensateur).
[0063] Il va de soi que l'invention ne saurait se limiter aux exemples décrits, mais s'étend
à de multiples autres variantes ou équivalents dans la mesure où sont respectées les
caractéristiques énoncées dans les revendications jointes.
[0064] Ainsi, la cloison 3 séparant le réacteur du décanteur peut être remplacée par tout
autre moyen de seuil, le rôle de ce seuil étant de favoriser une zone calme dès la
sortie du réacteur, ce qui permet de mettre en oeuvre un décanteur de taille relativement
petite.
[0065] De même, le chenal 12 de recyclage du métal peut fort bien déboucher, non plus sous
la surface du bain 13, mais au-dessus. Dans ce cas, les niveaux respectifs du bain
principal 13 et du pied de bain 16 dans le décanteur sont décalés en hauteur, et le
recyclage s'opère, non plus par équilibrage des pressions. entre le réacteur et le
décanteur selon le principe des vases communicants, mais par simple déversement par
gravité, depuis le décanteur vers le réacteur.
[0066] De même encore, dans le cas de la variante à injection d'eau, l'électrode peut fort
bien, si on l'estime nécessaire ou simplement utile, être placée dans le décanteur.
En tout état de cause, il demeure préférable d'effectuer, d'une manière ou d'une autre,
un apport calorifique chimiquement neutre au milieu réactionnel et en particulier
au bain métallique, lequel, en plus de sa fonction de dissolution du carbone, joue
également un rôle de réservoir thermique indispensable au procédé.
[0067] Parmi les différentes possibilités d'apport calorifique, on portera un intérêt particulier
à une technique connue de longue date mais qui, grâce aux progrès techniques, se développe
aujourd'hui industriellement : le chauffage électrique par torche à plasma. Appliquée
à l'invention, la torche peut fort bien être du type à plasma transféré avec par conséquent,
formation d'un arc électrique entre le bain de métal et l'électrode, ou à gaz plasmagène,
ce gaz pouvant être par exemple la vapeur d'eau elle-même.
1) Procédé de gazéification de matière carbonée, notamment du charbon, selon lequel
la matière carbonée est injectée, en même temps que de l'oxygène et des matières de
formation d'un laitier épurant, dans un réacteur de gazéification constitué par un
récipient métallurgique contenant un bain métallique capable de dissoudre le carbone,
en particulier un bain de fer en fusion, procédé caractérisé en ce que :
- on recueille de façon continue le laitier (14) surnageant sur le bain métallique
(13), à mesure de sa formation dans le réacteur (1), par débordement d'un seuil (15),
- on laisse décanter le laitier recueilli (14') pour permettre la séparation par gravité
des gouttelettes de métal qui y sont présentes en suspension et qui se rassemblent
dans le fond,
- on évacue en continu le laitier ainsi obtenu et on recycle, également en continu,
dans le bain métallique le métal liquide (16) obtenu par décantation du laitier.
2) Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que, on injecte également de
l'eau dans le récipient et conjointement on effectue un apport calorifique afin de
compenser l'effet de refroidissement de l'injection d'eau.
3) Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que l'on procède à l'apport
calorifique sans intervenir chimiquement dans les réactions mises en jeu par la gazéification.
4) Procédé selon la revendication 1 ou 2, caractérisé en ce que l'on répartit l'oxygène
soufflé sur la plus grande partie possible de la surface libre du bain et en ce que,
pour un volume de bain donné, on augmente au maximum sa surface libre.
5) Installation de gazéification pour la mise en oeuvre du procédé selon la revendication
1, caractérisé en ce qu'il est constitué par un ensemble intégré à deux étages :
- un réacteur de gazéification proprement dit (1), destiné à contenir un bain métallique
en fusion (13) capable de dissoudre du carbone, et pourvu de moyens (6, 7) pour l'introduction
de matières carbonées, notamment du charbon, d'oxygène gazeux ainsi que des matières
de formation d'un laitier épurant,
- et un décanteur (2) adjacent au réacteur, destiné à recueillir le laitier (14) formé
dans le réacteur et communicant avec celui-ci d'une part, par un seuil de débordement
(15) constitué par l'extrémité supérieure d'une cloison (3) séparant le réacteur du
décanteur et, d'autre part, par un chenal (12) de recyclage dans le réacteur du métal
liquide déposé dans le fond du décanteur, et provenant de gouttelettes métalliques
en suspension dans le laitier recueilli (14'), ledit chenal étant ménagé au travers
de la cloison commune (3).
6) Installation selon la revendication 5, caractérisée en ce que des moyens sont prévus
pour assister la circulation du métal liquide dans le chenal de recyclage.
7) Installation selon la revendication 6, caractérisée en ce que lesdits moyens sont
constitués par un inducteur électromagnétique (17) à champ glissant le long du chenal
de recyclage.
8) Installation selon la revendication 6, caractérisée en ce que, le chenal de recyclage
débouchant dans le réacteur sous la surface du bain métallique, lesdits moyens sont
constitués par un élément réfractaire aéroperméable (20) monté dans le fond du réacteur
et relié à une source (21) de gaz sous pression.
9) Installation selon les revendications 5 ou 6, caractérisée en ce qu'elle est également
pourvue de moyens pour l'introduction d'eau et de moyens d'apport calorifique, ces
derniers n'étant pas susceptibles d'intervenir chimiquement dans les réactions de
gazéification.
10) Installation selon la revendication 9, caractérisée en ce que lesdits moyens d'apport
calorifique sont constitués par un arc électrique (23) entretenu entre une électrode
(22) et le bain métallique (13 ou 16).
11) Installation selon les revendications 5, 6 ou 9, caractérisée en ce que le réacteur
(1) présente une forme linéaire allongée et en ce que les moyens d'injection de l'oxygène
gazeux (6a, 6b,...) sont répartis le long du réacteur de manière que l'ensemble des
jets d'oxygène intéresse la majeure partie de la surface libre (26) du bain métallique
(13).