[0001] La présente invention concerne les procédés et les dispositifs pour l'élaboration
de rubans, et plus spécialement métalliques ou semi-métalliques de faible épaisseur,
notamment de tels rubans ayant une structure microcristalline ou amorphe.
[0002] Le procédé le plus simple pour fabriquer de tels rubans métalliques minces consiste
à projeter un jet de métal liquide sur un substrat mobile tel que la surface d'un
rouleau métallique tournant à une vitesse circonférentielle supérieure à 10 m/seconde.
Ce procédé est désigné par l'expression anglaise "melt-spinning". Le problème majeur
à résoudre concerne la stabilité de forme du jet lors de son impact et de sa solidification
sur le substrat en raison de la vitesse d'impact relativement élevée, notamment accrue
par l'accélération de la pesanteur. Il est de plus impossible de produire par ce procédé
des rubans de largeur supérieure à 1 cm.
[0003] On connaît un procédé décrit en particulier dans le document FR-A-2 368 324 (77 31
659). Selon ce procédé, on fait couler le métal liquide à travers une fente dont la
largeur varie de 0,2 à 1 mm et dont la longueur peut être de plusieurs centimètres.
Cette fente est placée à une distance du substrat mobile qui est inférieure à 1 mm,
et le plus souvent de l'ordre de 0,1 mm ce qui permet de pallier l'inconvénient du
premier procédé évoqué ci-dessus puisque le substrat sur lequel le métal se solidifie
se trouve à une très faible distance de la fente par laquelle s'écoule le métal liquide.
Cependant, ce procédé présente également de graves inconvénients : il nécessite des
conditions très particulières et très sévères en ce qui concerne l'usinage et l'état
de surface des lèvres délimitant la fente. Ces lèvres sont soumises à une usure importante
étant donné l'effet d'entraînement qui s'exerce sur le métal à proximité immédiate
de ces lèvres. Par ailleurs, il est également nécessaire que la roue qui constitue
le substrat sur lequel se solidifie le métal présente des tolérances de dimensions
très serrées pour pouvoir obtenir un ruban d'épaisseur à peu près constante, puisque
c'est la distance entre les lèvres et ce substrat qui détermine en partie l'épaisseur
du ruban.
[0004] Le document FR-A-82 06 876 décrit un procédé selon lequel un jet de métal liquide
de section circulaire est déformé par application d'un champ magnétique, jusqu'à lui
donner la forme d'un ruban ou d'une lame parallèle à ce champ. Cependant, ce procédé
nécessite un temps de formage minimal pendant lequel le champ magnétique doit agir
sur la section initiai du métal, à l'encontre de la tension superficielle du liquide,
pour déformer cette section jusqu'à obtenir la forme finale désirée.
[0005] Pendant ce temps, le métal liquide est soumis à l'action de la pesanteur, de sorte
que la lame formée atteint sa largeur utile hors de la zone du champ magnétique précisément
lorsque l'action stabilisante maximale du champ serait nécessaire pour la maintenir
en l'état. En outre, la lame ainsi formée ne peut présenter qu'une largeur limitée
compte tenu de la décroissance rapide des champs magnétiques dans l'air.
[0006] Il est à noter que trois types de problèmes physiques nuisent au contrôle précis
de la constance de la lame liquide en épaisseur et en largeur lors de son écoulement
dans l'air :
a) une instabilité due aux vitesses différentes du fluide constituant la lame et de
l'atmosphère ambiante. Cette instabilité (Kelvin-Helmoltz) qui se développe très rapidement
se manifeste par une série de rides parallèles, surtout perpendiculaires à la direction
de l'écoulement qui conduisent à une modulation d'épaisseur dans le'sens de la longueur
de la lame.
b) une instabilité due aux perturbations engendrées au niveau de la sortie du nez
de la busette d'où s'écoule le fluide. Ces perturbations n'ont pas.de direction privilégiée
et dépendent de la géométrie de la busette.
c) une instabilité due à la tension superficielle et à l'accélération gravitationnelle
qui tend à réduire la largeur de la lame et à lui redonner une section circulaire.
Cette instabilité se développe beaucoup moins rapidement que la précédente et se traduit
par l'apparition de fuseaux successifs avec une rotation de 90° à chaque noeud (Fig.
7). Les rides sont parallèles au bord de la lame et les modulations d'épaisseur se
trouvent dans une direction perpendiculaire à la vitesse du jet.
[0007] On connaît enfin une publication JP-A-57-17781 qui soumet une lame métallique formée
sur un substrat échangeur de chaleur à l'action d'un champ magnétique créé en une
zone proche du point de solidification du métal. Ce champ magnétique a une direction
perpendiculaire à la direction d'avancement de la lame métallique et les lignes de
champ la traversent. Il est clairement indiqué et expliqué que le but poursuivi est
d'accroître la viscosité par action de freinage sur les particules fluides, ce qui
impose un champ continu ou alternatif basse fréquence pénétrant la masse de l'écoulement
fluide.
[0008] Or,précisément, ce type de champ pénétrant la veine d'écoulement métallique exerce
une action stabilisatrice quasi nulle sur les instabilités de forme qui ont été définies
précédemment sous a, b et c et que la présente invention vise précisément à combattre
dans la formation d'une lame métallique à projeter sur le substrat d'échange thermique.
[0009] Aucun des procédés connus ne permet donc d'obtenir sans placer le creuset à une distance
inférieure à 1 mm du substrat mobile, un ruban large avec des dimensions régulières.
Le but de cette invention est précisément de fournir un procédé et un dispositif originaux
permettant l'obtention d'un tel produit tout en se libérant des côn- traintes qui,
dans le deuxième procédé analysé ci-dessus, concernent la réalisation des lèvres de
la fente et l'usure de ces dernières.
[0010] A cet effet, l'invention a principalement pour objet un procédé d'élaboration, à
partir d'un liquide électroconducteur, d'un ruban, du type dans lequel on fait s'écouler
à partir d'un réservoir, à travers une buse, un matériau en fusion, pour former une
lame de section droite sensiblement rectangulaire que l'on solidifie ensuite, caractérisé
en ce qu'on stabilise la forme de la lame de matériau liquide, après sa mise en forme
et avant solidification, par un effet mécanique superficiel induit par un champ magnétique
alternatif.
[0011] Suivant d'autres caractéristiques ;
- le champ magnétique incident est parallèle à la lame et de préférence orthogonal
à l'axe longitudinal de la lame,
- le champ magnétique incident est perpendiculaire à la lame,
- la stabilisation de la forme de la lame est réalisée par l'action sur au moins une
face de la lame d'un champ magnétique incident perpendiculaire à la lame qui est ensuite
bouclé sur lui-même de façon telle que les lignes de champ issues du champ incident
sont ensuite dirigées parallèlement à la surface de la lame, puis réorientées perpendiculairement
à cette dernière pour la formation du bouclage,
- le bouclage du champ est réalisé selon une direction verticale, éventuellement en
combinaison avec un bouclage selon une direction horizontale,
- la buse a une section droite en forme de fente sensiblement rectangulaire,
- la buse a une section droite sensiblement circulaire et la veine métallique liquide
sensiblement cylindrique est préformée en forme de lame par l'action d'au moins deux
champs magnétiques incidents opposés,en regard l'un de l'autre,disposés de chaque
côté de la veine, et la stabilisation est réalisée par un bouclage du champ tel que
décrit ci-dessus,
- une lame de grande largeur est obtenue par coalescence de lames individuelles plus
étroites le long de leurs bords longitudinaux,
- la solidification de la lame est réalisée par mise en contact de la lame stabilisée
avec un substrat mobile.
[0012] L'invention a également pour objet un dispositif pour la mise en oeuvre du procédé,
tel que défini ci-dessus, du type comprenant un réservoir contenant un matériau en
fusion et comportant à sa partie inférieure une buse pour l'écoulement de ce matériau,
et en aval du réservoir des moyens de formation d'une lame et de solidification de
cette dernière, caractérisé en ce qu'il comprend dans la zone située entre les moyens
de formation de la lame et les moyens de solidification, des moyens électromagnétiques
adaptés pour exercer sur la surface de la lame un effet mécanique de stabilisation
engendré par un champ magnétique alternatif.
[0013] Suivant d'autres caractéristiques :
- les moyens engendrant le champ magnétique alternatif comprennent au moins deux bobines
d'induction coaxiales entourant des noyaux refroidis de ferrite ou autre matériau
équivalent, disposées de part et d'autre de la lame de matériau liquide sortant de
la buse, l'axe des bobines étant sensiblement contenu dans le plan de cette lame et
les bobines étant alimentées de sorte que les extrémités en regard de la lame des
noyaux opposés de ferrite soient des pôles contraires,
- les moyens engendrant le champ magnétique alternatif comprennent au moins une paire
de bobines d'induction coaxiales entourant des noyaux refroidis de ferrite ou autre
matériau équivalent, disposées de part et d'autre de la lame de matériau liquide sortant
de la buse, l'axe des bobines étant perpendiculaire au plan de ladite lame et les
bobines étant alimentées de sorte que les extrémités en regard de la lame des noyaux
opposés de ferrite soient des pôles semblables,
- le dispositif comprend au moins deux paires de bobines d'induction coaxiales disposées
l'une au dessus de l'autre, le noyau de ferrite ou autre matériau équivalent formant
avec le noyau de ferrite de la bobine adjacente située sur une même verticale et en
regard d'un même côté de la lame, un circuit de ferrite en forme de U canalisant les
lignes de champ pour les rendre, dans l'entrefer, sensiblement parallèles à l'axe
longitudinal de la lame,
- le dispositif comprend au moins deux paires de bobines d'induction coaxiales disposées
l'une à côté de l'autre dans une même direction horizontale, le noyau de ferrite ou
autre matériau équivalent formant avec le noyau de ferrite de la bobine adjacente
située sur une même horizontale et en regard d'un même côté de la lame, un circuit
de ferrite en forme de U canalisant les lignes de champ pour les rendre, dans l'entrefer,
parallèles à la surface de la lame et sensiblement horizontales,
- le dispositif comprend une combinaison de paires de bobines disposées horizontalement
et verticalement comme défini ci-dessus, de sorte que les pôles de deux noyaux de
ferrite adjacents en regard d'une même face de la lame sont alternés,
- la buse a une section droite en forme de fente sensiblement rectangulaire,
- la buse a une section droite sensiblement circulaire et la veine métallique liquide
sensiblement cylindrique est préformée en forme de lame par passage entre les bobines
supérieure des paires de bobines disposées verticalement définies ci-dessus, la stabilisation
étant réalisée par le passage entre les bobines situées à un niveau inférieur,
- les bobines sont alimentées par un courant alternatif à haute fréquence, compris
entre 3 et 3.000 kHz environ,
- l'intensité du champ magnétique est comprise entre 1 et 1.000 millitesla environ,
- les moyens de solidification comprennent par exemple un substrat mobile sur lequel
on dépose le matériau, sous forme de deux bandes sans fin comportant deux brins parallèles,
en regard, délimitant entre eux un intervalle situé dans l'alignement de la buse et
de la lame sortant de cette buse, les deux brins se déplaçant dans la même direction
que ladite lame.
[0014] L'invention va être décrite ci-dessous en se référant aux dessins annexés donnés
uniquement à titre d'exemple et sur lesquels :
- la Fig. 1 est une vue schématique en perspective d'un dispositif selon l'invention,
- la Fig. 2 est une vue partielle en perspective d'une variante,
- la Fig. 3A est une vue schématique en perpective du dispositif de la présente invention
dans un mode de réalisation de la seconde variante dans lequel la stabilisation est
réalisée par un bouclage vertical du champ magnétique,
- la Fig. 3B est une vue schématique en élévation des inducteurs 3A vus depuis la
lame et illustrant les lignes du champ,
- la Fig. 4 est une vue schématique de la disposition des pôles des noyaux de ferrite
en regard de la lame dans un mode de réalisation de la seconde variante dans lequel
la stabilisation est obtenue par un bouclage magnétique combiné vertical et horizontal,
- la Fig. 5 est une représentation schématique d'une troisième variante dans laquelle
une lame de grande largeur est réalisée par coalescence de lames individuelles plus
étroites le long de leurs bords longitudinaux, les lames individuelles étant coulées
à partir de buse à section circulaire, puis préformées et stabilisées selon la variante
des Fig. 3 et 4,
- la Fig. 6 est une vue schématique illustrant un mode de mise en contact avec le
substrat mobile,
- la Fig. 7 illustre un phénomène de modification physique d'une lame métallique formée
par effet de la tension superficielle.
[0015] Il convient de noter avant de définir les inducteurs selon la présente invention,
capables de fournir une géométrie des champs magnétiques adéquate, que l'effet d'un
champ magnétique alternatif de fréquence donnée sur la stabilité d'une lame de matériau
électroconducteur liquide est de s'opposer aux perturbations qui auraient tendance
à écarter les faces de la lame de leur position géométrique de jet plan et parallèle.
Cet effet stabilisant est sélectif vis-à-vis des perturbations dans la mesure où seules
les ondes dont les rides sont perpendiculaires à la direction du champ magnétique
sont réduites, car il est nul pour des perturbations dont les rides sont parallèles
au champ magnétique. Il faut enfin noter que cet effet est d'autant plus important
que la fréquence du champ magnétique alternatif est élevée.
[0016] La fréquence des champs magnétiques alternatifs utilisés pour réduire les instabilités
de la lame doit être telle que la profondeur de pénétration dans le matériau constituant
la lame liquide soit aussi faible que possible de façon à obtenir un effet mécanique
localisé à la surface de la lame où apparaissent les perturbations. La conductivité
électrique des métaux et semi-métaux à l'état liquide situe la gamme des fréquences
entre 3 kHz et 3.000 kHz.
[0017] L'invention sera décrite ci-après en référence à la fabrication de rubans métalliques,
semi-métalliques ou amorphes, mais n'y est pas limitée et vise toute fabrication d'un
ruban à partir d'un matériau électroconducteur.
[0018] Sur le schéma de la Fig. 1 est représenté un dispositif comprenant un réservoir 11
pouvant contenir un matériau métallique ou semi-métallique en fusion. Ce réservoir
est entouré par des moyens de chauffage 12, par exemple, à induction. Ce réservoir
se termine à sa partie inférieure par au moins une buse en forme de fente 13 dont
la section correspond à la forme de la lame liquide
que l'on souhaite obtenir. Dans l'exemple choisi cette fente peut avoir une forme
rectangulaire, avec une largeur de 0,7 mm et une longueur de 20 mm.
[0019] Au-dessous de cette busette et à une distance qui peut être comprise entre 1 et 15
mm et de préférence entre 2 et 10 mn, se trouve une roue 14 pouvant être entraînée
en rotation et dont la largeur est supérieure à la longueur de la fente 13. La surface
15 de cette roue constitue un substrat sur lequel la lame de métal va se refroidir
très rapidement. La distance entre la sortie de la fente et la surface du substrat
est supérieure à la largeur de la fente et de préférence supérieure à 1 mm. La surface
du substrat est prévue de façon à permettre un détachement aisé du ruban solidifié
16. Elle peut être refroidie par tout moyen convenable (non représenté) et entraînée
avec une vitesse de rotation telle que sa vitese tangentielle au point de réception
du matériau en fusion soit compatible avec celle de l'écoulement de la lame et puisse
être de l'ordre de 20 m par seconde.
[0020] Dans la zone comprise entre la buse 13 et la roue réceptrice 14, sont disposés des
moyens permettant d'engendrer dans cette zone un champ magnétique alternatif exerçant
un effet mécanique de stabilisation sur les faces de la lame 17 de matériau liquide
sortant de la busette. Ces moyens comprennent dans l'exemple choisi deux bobines coaxiales
18 en matériau conducteur de l'électricité, par exemple en cuivre, l'axe de ces bobines
étant disposé parallèlement à la fente 13, et par conséquent parallèlement à la lame
17 et orthogonalement à l'axe longitudinal de cette dernière. L'axe des bobines est
même de préférence contenu dans le plan de cette lame. Les deux bobines peuvent être
refroidies, comme cela est connu dans la technique. Un noyau de ferrite ou matériau
équivalent 19 qui peut également être refroidi, est disposé à l'intérieur de chaque
bobine coaxialement pour concentrer l'intensité du champ magnétique vers le matériau
liquide sortant de la fente.
[0021] Les bobines sont alimentées par des courants alternatifs de fréquence appropriée,
de façon telle que les extrémités 19a en regard de la lame 17 des noyaux opposés de
ferrite 19 soient des pôles contraires.
[0022] A titre d'exemple, on peut alimenter les deux bobines par des courants alternatifs
ayant une fréquence comprise entre 3 et 3.000 kHz, par exemple de l'ordre de 400 kHz,
l'intensité du champ produit étant comprise entre 1 et 1.000 millitesla.
[0023] Dans cet exemple, la largeur du ruban obtenue correspond à celle de la fente, soit
20 mm et son épaisseur est d'environ 0,07 mm. Il est obtenu à partir d'une fente rectangulaire
de 20,0 x 0,6 mm par mise en contact avec un substrat sous forme de roue dont la vitesse
tangentielle est de 20 m/s.
[0024] Dans la variante de la Fig. 2, on utilise une paire de bobines d'induction 28 et
des noyaux de ferrite 29 disposés à l'intérieur de ces bobines. Les bobines sont coaxiales
et ont leur axe commun perpendiculaire au plan de la lame 27 sortant de la buse. Les
noyaux de ferrite ont en section, une forme rectangulaire et ont leurs extrémités
disposées à quelques millimètres de la lame de métal liquide.
[0025] Dans ce cas, les bobines sont alimentées par des courants alternatifstels que les
extrémités 29a en regard de la lame des noyaux opposés de ferrite sont des pôles semblables,
c'est-à-dire, soit tous deux des pôles nord, soit tous deux des pôles sud.
[0026] A titre d'exemple, les deux bobines inductrices peuvent être alimentées en courant
alternatif avec une fréquence de 500 kHz. L'intensité du champ peut être comprise
entre 1 et 1.000 millitesla. La fente de la busette peut avoir une longueur de l'ordre
de 45 mm et une largeur de 0,7 mm. La distance entre la sortie de la busette et le
substrat peut être de l'ordre de 10 mm. Dans ce cas, en supposant que la vitesse de
ce substrat, suivant une direction perpendiculaire à la direction d'arrivée de la
lame liquide est de 15 m par seconde, on obtient un ruban de largeur 45 mm et d'épaisseur
de l'ordre de O,1 mm.
[0027] Dans le mode de réalisation de la Fig. 3A, une lame 31 de matériau métallique liquide
préformée- est envoyée entre une première paire de bobines d'induction 32a, 32b coaxiales
placées de part et d'autre de la lame 31, de telle sorte que leur axe commun soit
perpendiculaire au plan de la lame.
[0028] Une seconde paire de bobines d'induction 33a, 33b coaxiales, parallèles à la première
paire de bobines 32a, 32b est disposée sur une même verticale et en dessous des bobines
32. Un noyau de ferrite 34a en forme de U est logé entre les bobines 32a et 33a situées
d'un même côté de la lame de telle sorte que chaque branche du U, respectivement 35a
et 36a, pénètre dans les bobines 32a et 33a.
[0029] Les bobines 32a et 33a sont alimentées par des courants alternatifs de façon telle
que les extrémités en regard de la lame des branches 35a et 36a de la ferrite 34a
soient des pôles contraires.
[0030] Dans le cas de la Fig. 3A, l'extrémité de la branche 35a est un pôle nord et les
lignes de champ magnétique incident issues de ce pôle sont dirigées perpendiculairement
vers la lame, puis bouclées en suivant tout d'abord une direction parallèle à la lame
en allant vers la branche 36a qui est un pôle sud, en face duquel elles sont réorientées
perpendiculairement à la lame 31 et enfin canalisées par la ferrite en forme de U
34a jusqu'au pôle nord 35a.
[0031] Comme dans les variantes précédentes, le courant alternatif d'alimentation est un
courant de fréquence élevée analogue à celle précédemment mentionnée.
[0032] Sur l'autre face de la lame, un noyau de ferrite 34b analogue au noyau
'34a en forme de U est inséré entre les bobines 32b et 33b qui sont alimentées de façon
telle que les pôles des extrémités 35a, 35b ou 36a, 36b de ferrite en regard de la
lame d'une même paire 32a, 32b ou 33a, 33b, soient des pôles semblables. Dans le cas
de la Fig. 3A, 35a et 35b sont des pôles nord et 36a et 36b sont des pôles sud.
[0033] L'allure des lignes de champ. schématisées pour une même face de la lame sur la figure
3B explique l'action stabilisante du champ créé : les lignes de champ droites et parallèles
à l'axe de la lame, nombreuses, permettent de réduire l'instabilité la plus importante
(Kelvin-Helmotz) due à la vitesse ; les lignes de champ plus courbes réduisent grâce
à leur inclinaison les autres types d'instabilités.
[0034] On peut bien évidemment associer suivant une même direction verticale plus de deux
bobines d'induction pour obtenir un bouclage du champ sur une plus grande longueur
disposée verticalement.
[0035] Le bouclage 'qui vient d'être expliqué précédemment pour une direction verticale
peut, suivant un autre mode de réalisation de cette variante, être réalisé horizontalement
avec une ferrite de structure analogue en forme de U et une opposition des pôles à
chaque extrémité des branches du U en regard de la lame.
[0036] Selon le mode de réalisation de la Fig. 4, qui ne représente schématiquement que
l'alternance des pôles en regard d'une même face de la lame, est réalisée une combinaison
d'un bouclage vertical et horizontal du champ magnétique qui offre l'effet de stabilisation
maximal de la lame dans toutes les directions du plan. L'alternance des pôles dans
la direction horizontale et la direction verticale est telle que deux pôles adjacents
sont toujours contraires.
[0037] La configuration de base de la Fig. 3A peut être translatée dans une direction parallèle
à la lame, comme décrit ci-dessus, lorsque la largeur de celle-ci devient très importante.
En respectant l'opposition des sens des champs magnétiques créés par les bobines successives,
il est possible d'obtenir un effet stabilisant isotrope, comme le montre la figure
4. En effet, la disposition des bobines permet une diversification de la direction
des lignes de champs et ainsi permet la stabilisation d'ondes de différentes directions.
Cette technique de stabilisation ne connaît pas de limites, quant à la largeur de
la_lame à stabiliser.
[0038] Dans le cas du mode de réalisation de la Fig. 4, le noyau de ferrite présente la
forme d'un réseau maillé analogue à une grille de chaque sommet des. mailles de laquelle
partent des branches s'étendant jusqu'à proximité de la lame et portant une bobine
inductrice convenablement alimentée.
[0039] En plus de l'effet stabilisant créé par de tels inducteurs, il existe un effet de
formage électromagnétique des matériaux conducteurs d'électricité. La variation du
module du champ magnétique dans le temps engendre des courants induits à la surface
du matériau qui interagissent avec ce champ pour donner lieu à des forces (forces
dc Laplace); ces. dernières sont décomposables en deux forces distinctes dont le rapport
est proportionnel à la racine carrée de la fréquence (f). Plus f est grand, plus l'effet
sera une force de pression sur la surface du matériau ; plus f est faible, plus l'effet
sera une force de brassage à l'intérieur du matériau liquide. On utilise donc des
champs magnétiques alternatifs à fréquences élevées, créés par des inducteurs de géométrie
définie précédemment pour obtenir un effet de formage électromagnétique.
[0040] Grâce à ce mode de réalisation permettant d'élargir la zone de stabilisation tout
en conservant un champ magnétique d'autant plus intense, on peut faire coalescer au
moins deux lames individuelles 51 et 52 représentées à la Fig. 5, le long de leur
bord longitudinal commun 53 pour obtenir une lame de plus grande largeur parfaitement
stabilisée.
[0041] Ce mode de réalisation autorise également la création d'une lame de grande largeur
à partir de jets cylindriques 54 et 55 issus de buses à section circulaire, par préformage
de la lame entre les bobines d'induction supérieures à 32a et 32b de la Fig. 3A, avant
la stabilisation. Cette stabilisation peut être obtenue entre une seule paire de bobines
ou entre d'autres paires de bobines placées en dessous et à côté suivant un schéma
réitératif du type de celui décrit à la Fig. 4.
[0042] Dans le cas d'un jet cylindrique s'écoulant entre les paires d'inducteurs, le champ
magnétique créé par les bobines en opposition a tendance à repousser le métal et donc
à le former en lame régulière. On notera l'importance de la fréquence et donc de l'épaisseur
de peau δ (profondeur de l'action de la force de Laplace au sein du matériau électro-conducteur)
en fonction de l'épaisseur e de la lame liquide à former. δ est défini par l'expression

dans laquelle µ
o = perméabilité magnétique du vide.
conductivité électrique du matériau liquide.
f = fréquence du courant dans les bobines d'induction.
[0043] Pour l'obtention des résultats selon la présente invention δ doit être de l'ordre
de e et de préférence <e/2.
[0044] La lame ainsi formée se trouve ensuite stabilisée par le phénomène décrit ci-dessus.
L'intérêt d'un tel inducteur réside dans le fait que les bobines sont toujours très
près du métal, ce qui est très important du fait de la décroissance rapide de l'intensité
du champ magnétique dans l'air. Un dispositif de réglage micrométrique peut être associé
aux deux demi-inducteurs permettant ainsi l'approche de ces derniers près de la lame
ou le léger décalage par rapport à la lame formée faisant ainsi office de guidage
de la lame par rapport à un point d'impact donné.
[0045] Il est possible de partir de plusieurs jets cylindriques qui, s'écoulant aux travers
d'inducteurs identiques, se déforment sous l'action du champ magnétique jusqu'à former
des lames juxtaposées qui coalescent pour ne donner qu'une seule et unique lame stable
et régulière (Fig. 5). En effet, au point de coalescence, les vitesses des particules
fluides n'étant pas parallèles, il s'en suit la création d'une protubérance à la surface
de la lame. Ce type d'inducteur permet de pallier cet inconvénient en stabilisant
la lame de façon régulière. Cette technique de formage ne connaît pas non plus. de
limites, quant à la largeur de la lame à stabiliser.
[0046] Le mode de réalisation de la Fig. 6 comprend un réservoir ou creuset 61 entouré d'un
dispositif de chauffage à induction 62 et se terminant à sa partie inférieure par
une buse 63 délimitant une fente de forme sensiblement rectangulaire.
[0047] Le dispositif magnétique permettant de stabiliser la forme de la lame liquide sortant
de ce réservoir peut être tel que décrit ci-dessus et représenté sur la Fig. 3A. L'originalité
essentielle de ce troisième mode de réalisation concerne le substrat de refroidissement.
Ce dernier est ici réalisé sous la forme de deux bandes transporteuses 64 passant
sur des rouleaux moteurs 65a et sur des rouleaux de renvoi 65b et 65c. Ces deux bandes
comportent deux brins verticaux 64a compris ici entre les rouleaux de renvoi 65b,
65c et qui sont disposés face à face, dans le prolongement de la fente de la buse
3. Ces deux brins sont donc parallèles à la lame liquide 67 sortant de la buse et
se déplacent dans la même direction que cette lame. Cette dernière est ainsi reçue
entre les deux bandes réceptrices en étant maiterue efficacement et le ruban solidifié
6 6 est aisément extrait à la partie inférieure du dispositif. Bien entendu, les bandes
transporteuses faisant office de substrat de refroidissement peuvent être refroidies
par des moyens convenables non représentés.
[0048] Dans ce mode de réalisation, le ruban peut avoir une stabilité dimensionnelle améliorée,
compte tenu du guidage entre les deux bandes adjacentes 64a.
[0049] Le procédé et le dispositif proposés répondent bien aux objectifs recherchés :
- les lèvres de la buse à partir de laquelle s'écoule le matériau liquide ne sont
pas soumises aux mêmes contraintes que dans le procédé dans lequel le substrat de
refroidissement se trouve très proche de la sortie de la fente, de sorte que dans
le dispositif suivant l'invention, la buse peut être réalisée de façon plus simple
et moins coûteuse. De plus, elle a une durée de vie bien supérieure, car elle est
soumise à une érosion bien plus faible. Les risques d'obturation de cette buse sont
également sensiblement réduits,
- par ailleurs, la stabilité dimensionnelle de la lame liquide est assurée de façon
efficace, ce qui permet d'obtenir un ruban de dimension régulière, tant en épaisseur
qu'en largeur,
- ce résultat est obtenu par des moyens relativement simples et en maintenant la distance
entre la sortie de la buse et le substrat récepteur à une valeur suffisamment faible
pour que la lame liquide parvienne sur la surface de refroidissement avec une vitesse
faible et en tout état de cause suffisamment faible pour ne pas engendrer de perturbation,
- le procédé suivant l'invention permet également d'obtenir des rubans métalliques
minces présentant une grande largeur et ce de façon stable et régulière.
1. Procédé d'élaboration a partir d'un liquide électroconducteur d'un ruban, du type
dans lequel on fait s'écouler à partir d'un réservoir (11, 21, 61), à travers une
buse (12, 22, 63), un matériau en fusion, pour former une lame de section droite sensiblement
rectangulaire que l'on solidifie ensuite, caractérisé en ce qu'on stabilise la forme
de la lame (17, 27, 67) de matériau liquide, après sa mise en forme et avant solidification,
par un effet mécanique superficiel induit par un champ magnétique alternatif.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le champ magnétique incident
est parallèle à la lame.
3. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce que le champ magnétique est
orthogonal à l'axe longitudinal de la lame.
4. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le champ magnétique incident
est perpendiculaire à la lame.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que l'effet de stabilisation
de la forme de la lame est réalisée par l'action, sur au moins une face de la lame,
d'un champ magnétique incident perpendiculaire à la lame,qui est ensuite bouclé sur
lui-même de façon telle que les lignes de champ issues du champ incident sont ensuite
dirigées parallèlement à la surface de la lame, puis réorientées perpendiculairement
à cette dernière pour la formation du bouclage.
6. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que le bouclage est réalisé
selon une direction verticale.
7. Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que le bouclage est réalisé
selon une direction horizontale.
8. Procédé selon l'une quelconque des revendications 5 à 7, caractérisé en ce que
le bouclage est réalisé à la fois selon une direction verticale et une direction horizontale.
9. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en ce
que la buse a une section droite en forme de fente sensiblement rectangulaire.
10. Procédé selon l'une quelconque des revendications 5 à 8, caractérisé en ce que
la buse a une section droite sensiblement circulaire et la veine métallique liquide
sensiblement cylindrique est préformée en forme de lame par l'action d'au moins deux
champs magnétiques incidents opposés,en regard l'un de l'autre disposés de chaque
côté de la veine,et la stabilisation est réalisée par un bouclage du champ, tel que
décrit aux revendications 5 à 8.
11. Procédé selon l'une quelconque des revendications 5 à 10, caractérisé en ce qu'une
lame de grande largeur est obtenue par coalescence de lames individuelles plus étroites
le long de leurs bords longitudinaux.
12. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en
ce que le champ magnétique alternatif a une fréquence comprise entre 3 et 3.000 k.Hz environ.
13. Procédé selon l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en
ce que l'intensité du champ magnétique est comprise entre 1 et 1.000 millitesla environ.
14. Procédé d'élaboration d'un ruban métallique ou semi-métallique, caractérisé en
ce que la solidification est réalisée par mise en contact de la lame stabilisée avec
un substrat mobile (14, 64).
15. Dispositif pour la mise en oeuvre de procédé selon l'une quelconque des revendications
précédentes, du type comprenant un réservoir (11, 21, 61) contenant un matériau en
fusion et comportant à sa partie inférieure une buse (13, 23, 63) pour l'écoulement
de ce matériau, et en aval du réservoir des moyens de formation d'une lame et de solidification
de cette dernière, caractérisé en ce qu'il comprend dans la zone située entre les
moyens de formation de la lame et les moyens de solidification, des moyens électromagnétiques
adaptés pour exercer sur la surface de la lame un effet mécanique de stabilisation
engendré par un champ magnétique alternatif.
16. Dispositif selon la revendication 15, caractérisé en ce que les moyens engendrant
le champ magnétique alternatif comprennent au moins deux bobines d'induction (18)
coaxiales entourant des noyaux (19) refroidis de ferrite ou autre matériau équivalent,
disposées de part et d'autre de la lame de matériau liquide sortant de la buse, l'axe
des bobines étant sensiblement contenu dans le plan de cette lame et les bobines étant
alimentées de sorte que les extrémités (19a) en regard de la lame des noyaux opposés
de ferrite soient des pôles contraires.
17. Dispositif selon la revendication 15, caractérisé en ce que les moyens engendrant
le champ magnétique alternatif comprennent au moins une paire de bobines d'induction
(28) coaxiales entourant des noyaux (29) refroidis de ferrite ou autre matériau équivalent,
disposées de part et d'autre de la lame de matériau liquide sortant de la buse, l'axe
des bobines étant perpendiculaire au plan de ladite lame et les bobines étant alimentées
de sorte que les extrémités (29a) en regard de la lame des noyaux opposés de ferrite
soient des pôles semblables.
18. Dispositif selon la revendication 17, caractérisé en ce qu'il comprend au moins
deux paires de bobines d'induction (32a, 32b ; 33a, 33b) coaxiales disposées l'une
au-dessus de l'autre, le noyau de ferrite ou autre matériau équivalent formant avec
le noyau de ferrite de la bobine adjacente située sur une.même verticale et en regard
d'un même côté de la lame, un circuit de ferrite (34a, 34b) en forme de U canalisant
les lignes de champ pour les rendre, dans l'entrefer, sensiblement parallèles à l'axe
longitudinal de la lame.
19. Dispositif selon la revendication 17, caractérisé en ce qu'il comprend au moins
deux paires de bobines d'induction coaxiales disposées l'une à côté de l'autre dans
une même direction horizontale, le noyau de ferrite ou autre matériau équivalent formant
une même horizontale et en regard d'un même côté de la lame, un circuit de ferrite
en forme de U canalisant les lignes de champ pour les rendre dans l'entrefer parallèles
à la surface de la lame et sensiblement horizontales.
20. Dispositif selon la revendication 19 ou 20, caractérisé en ce qu'il comprend un
réseau de paires de bobines disposées verticalement et horizontalement dont les pôles
adjacents en regard de la lame sont alternés.
21. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 17 à 20, caractérisé en ce
que la buse a une section droite en forme de fente sensiblement rectangulaire.
22. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 17 à 20, caractérisé en ce
que la buse a une section droite sensiblement circulaire et la veine métallique liquide
sensiblement cylindrique est préformée en forme de lame par passage entre les bobines
supérieures (32a, 32b) du dispositif selon l'une quelconque des revendications 17
à 20, la stabilisation étant réalisée par le passage entre les bobines (33a, 33b)
situées à un niveau inférieur.
23. Dispositif suivant les revendications 17 à 22, caractérisé en ce que les noyaux
(29, 34) de ferrite ou matériau analogue s'étendent sur à peu près toute la largeur
de ladite lame (27).
24. Dispositif suivant l'une quelconque des revendications 16 à 23, caractérisé en
ce que les bobines (28) sont alimentées par un courant alternatif à haute fréquence,
comprise entre 3 et 3.000 kHz environ.
25. Dispositif suivant l'une quelconque des revendications 15 à 24, caractérisé en
ce que l'intensité du champ magnétique est comprise entre 1 et 1,000 millitesla environ.
26. Dispositif suivant la revendication 15, caractérisé en ce que les moyens de solidification
comprennent un substrat mobile sur lequel on dépose le matériau sous forme de deux
bandes sans fin (64) comportant deux brins (64a) parallèles, en regard, délimitant
entre eux un intervalle situé dans l'alignement de la buse (63) et de la lame (67)
sortant de cette buse, les deux brins (64a) se déplaçant dans la même direction que
ladite lame.