(57) On retraite et régénère dans toute son épaisseur l'ancienne chaussée par un traitement
in situ, qui comprend les phases suivantes réalisées par un train de machines mobiles:
1. dislocation de la chaussée existante sur toute son épaisseur,
2. ramassage et concassage du matériau disloqué,
3. apport de granulats correcteurs,
4. stabilisation du matériau concassé, par malaxage avec apport de liant et d'eau,
5. étalement et nivelage sur le sol, au fur et à mesure de l'enlèvement de la chaussée
ancienne, d'une couche unique du matériau régénéré remplaçant les anciennes couches
de fondation et de base et contenant tous les matériaux ainsi recyclés de l'ancienne
chaussée et un apport de matériaux nouveaux,
6. compactage de couche unique, après réglage fin de la planéité de sa surface dans
le sens transversal,
7. finition classique consistant à déposer une couche de roulement.
Application notamment à la réfection des routes nationales et départementales.
Procédé de rénovation des chaussées.
[0001] La présente invention a pour objet un procédé de rénovation des chaussées, notamment
de celles des routes nationales et départementales.
[0002] Les chaussées anciennes, de faible et moyenne importance ont vu leur trafic augmenter
considérablement au cours des dernières décennies. Quelques-unes, aux caractéristiques
géométriques totalement inadaptées, ont été refaites. Une grande majorité a subi,
en 30 ans, une série d'améliorations ponctuelles (reprofi- lages, couches de roulement
successives, débombements, élargissements) visant à prolonger leur durée de vie au
moindre coût, tout en les adaptant aux exigences de la circulation moderne.
[0003] Beaucoup de ces dernières chaussées sont désormais à refaire. Elles se caractérisent
par :
- un corps de chaussée hétérogène (comprenant généralement une couche de fondation
et une couche de base, d'une épaisseur d'environ 20 cm chacune, et une couche de roulement
d'une épaisseur d'environ 3 à 10 cm),
- la présence fréquente de macadam, hérissons, empierrements, de grosses granulométries
(> 60 mm), dans la couche de base,
- des couches bitumineuses (en béton bitumineux) d'épaisseurs variables constituant
la couche de roulement.
[0004] La couche de base peut être soit en béton bitumineux,, soit en grave (mélange de
sable et de gravier) traitée aux liants hydrauliques, l'un et l'autre d'une granulométrie
supérieure à celle du béton de la couche de roulement, et la couche de fondation est
généralement en grave non traitée.
[0005] La réfection complète de ces chaussées passe traditionnellement par deux solutions
:
- renforcements en forte épaisseur de l'ordre de 15 à 30 cm, sous forme découches
nouvelles de béton bitumineux ajoutées successivement en surface,
- démolition de l'ancienne chaussée et construction de nouvelles couches de fondation,
de base et de roulement ; il s'agit d'une substitution complète.
[0006] Avec la première solution, on surélève la chaussée, ce qui peut être gênant dans
les villes et les villages et ne peut être effectué indéfiniment. Quant à la seconde
solution, elle est onéreuse, puisqu'elle consiste à enlever et porter à la décharge
les matériaux anciens et à apporter et mettre en place des matériaux neufs.
[0007] Un autre procédé consiste à régénérer la couche de roulement de la façon suivante
: on rabote la chaussée sur l'épaisseur du matériau bitumineux, on récupère un mélange
de bitume et de cailloux, on le régénère en usine ou sur la route par ther- morégénération
et on le réëmploie pour former une nouvelle couche de roulement. Ce procédé ne rénove
que cette couche de surface.
[0008] Suivant le brevet US 3,732,023, on utilise un appareil qui sépare la couche de roulement
en asphaste ou asphalte/ béton d'une chaussée, qui pulvérise in situ le matériau prélevé
tout en le mélangeant avec un liant stabilisant (chaux, ciment ou asphalte émulsifié)
et qui décharge le matériau ainsi traité sur l'emplacement du matériau prélevé pour
former une nouvelle couche de roulement, éventuellement après application en surface
d'une nouvelle couche d'asphalte ou de ciment (colonne 1, ligne 30 à colonne 2, ligne
2). Cette méthode ne rénove elle aussi que la couche de surface. En outre, l'appareil
utilisé, qui opère par désagrégation et fraisage, ne fournit pas un matériau concassé
et ne permet ni de contrôler la granulométrie du matériau traité ni de peser ce matériau
pour y ajouter en quantité dosée le liant.
[0009] Un article de Harold J. Halm (Transportation Research News - USA - N° 89 - July/august
1980 - pp. 6 - 10) concerne le recyclage du béton, et en particulier la réutilisation
de la couche supérieure en béton de ciment des chaussées, c'est-à-dire de la partie
la plus noble des chaussées, pour fabriquer des agrégats destinés à constituer la
couche de fondation et/ou de base et éventuellement la couche supérieure d'une nouvelle
chaussée classique (page 6, premier et cinquième paragraphes). C'est encore seulement
la couche supérieure qui est réutilisée et elle n'est pas traitée in situ. Les matériaux
récupérés sont transportés jusqu'à une centrale de concassage, et, de là, à une centrale
à béton, fournissant les agrégats, qui seront transportés jusqu'à la machine de mise
en oeuvre in situ(machine à coffrages glissants) à l'emplacement d'une nouvelle chaussée
à réaliser.
[0010] Le présent procédé de rénovation des chaussées, suivant lequel on régénère l'ancienne
chaussée par un traitement, qui comprend une dislocation de la chaussée existante,
une division du matériau disloqué et un apport de matériaux nouveaux qui sont mélangés
avec le matériau divisé, est caractérisé par les phases suivantes réalisées in situ
par un train de machines mobiles qui avancent sur la chaussée au fur et à mesure du
retraitement de celle-ci :
1. dislocation de la chaussée existante sur toute son épaisseur, de telle sorte que
l'on obtienne des blocs d'une dimension maximale de 700 mm pour les produits épais
et de 1 000 mm pour les produits plats,
2. ramassage et concassage du matériau disloqué, de façon à obtenir un produit concassé
d'une granulométrie de 0 à 40 mm,
3. apport de granulats correcteurs,
4. stabilisation du matériau concassé, par malaxage avec apport de liant et d'eau,
5. étalement et nivelage sur le sol, au fur et à mesure de l'enlèvement de la chaussée
ancienne, d'une couche unique du matériau régénéré remplaçant les anciennes couches
de fondation et de base et contenant tous les matériaux ainsi recyclés de l'ancienne
chaussée et un apport de matériaux nouveaux,
6. compactage de cette couche unique, après réglage fin de la planéité de sa surface
dans le sens transversal,
7. finition classique consistant à déposer une couche de roulement.
[0011] Les machines mobiles sont équipées de roues ou de chenilles.
[0012] La méthodologie de chacune de ces phases doit être adaptée à chaque cas, en fonction
de la nature de l'ancien corps de chaussée. Le but est d'obtenir une couche épaisse
homogène, compacte, ayant des caractéristiques mécaniques qui lui permettent d'assurer
les fonctions de couches de fondation et de base et de recevoir une simple couche
de roulement. Les diverses phases sont explicitées ci-après.
1. Dislocation
[0013] Cette opération consiste à scarifier la chaussée avec un scarificateur ou un défonceur
usuel sur la largeur et la profondeur prévues pour le retraitement. Le but est d'obtenir
un matériau décohésionné, suffisamment meuble pour permettre son chargement dans la
machine de reprise. Généralement, on traite une chaussée sur une moitié de sa largeur
dans un premier temps et sur l'autre moitié dans un second temps. Les blocs obtenus
par scarification, et particulièrement ceux provenant des couches bitumineuses de
surface, auront une dimension suffisamment faible pour être admis dans le concasseur,
cette dimension pouvant aller, selon le concasseur, jusqu'à 700 mm pour les produits
épais et même 1000 mm pour les produits plats.
2. Ramassage et concassage.
[0014] Cette opération est effectuée avec des machines mobiles (du genre chargeuses, tapis
élévateurs, blindés), qui sont pourvues de moyens de pénétration et de ramassage pour
le prélèvement du matériau disloqué et de moyens de transfert jusqu'au concasseur
du matériau prélevé. On emploie un concasseur à percussion ou à mâchoires, d'un type
tel qu'il puisse absorber des blocs de 700mm pouvant aller jusqu'à 1000 mm pour des
produits plats. On le règle pour fabriquer un concassé passant à la maille de 40 mm.
3. Correction granulométrique.
[0015] Le concassé de granulométrie 0 à 40 mm fabriqué à partir des produits recyclés est
corrigé, si nécessaire, par un apport de granulats (fillers, sable, graviers, cailloux).
Cette opération est fixée après des essais permettant de déterminer la nature et le
pourcentage des matériaux d'apport. Ce pourcentage est généralement compris entre
0 et 15 % en poids par rapport au matériau concassé, mais, si besoin est, ce pourcentage
peut atteindre et dépasser 100 %. Selon les cas, le matériau correcteur peut être
déposé en cordons sur le matériau disloqué en avant des machines mobiles de ramassage,
transfert et concassage, auquel cas il est mélangé, au cours du concassage, au matériau
disloqué, ou être régalé au moyen d'une gravillonneuse, en aval du concasseur, sur
le matériau concassé, déversé et étalé sur le sol ; on a alors recours à un nivelage
des matériaux à l'aide d'une niveleuse et à un malaxage au moyen d'un pulvi-mixeur
pour incorporer les granulats correcteurs.
[0016] En fonction de la section de la portion disloquée de l'ancienne chaussée, de la vitesse
d'avancement de la machine de ramassage du matériau disloqué, de la densité et de
l'analyse préalable de ce matériau, on règle le débit d'addition des granulats correcteurs,
au moyen de machines connues de distribution et d'épandage telles qu'un camion-gravillonneur
pourvu d'un dispositif doseur.
4. Stabilisation.
[0017] Cette opération comporte :
- un apport de liant (ciment, laitier, cendres volantes, pouzzolanes, avec addition
de chaux activante), généralement à raison de 3 à 8% en poids par rapport au matériau
concassé additionné de granulats correcteurs,
- un ajout éventuel d'eau (généralement 0 à 10 % en poids par rapport audit matériau),
- un malaxage avec le matériau concassé contenant éventuellement des granulats correcteurs.
[0018] Ces opérations peuvent être effectuées sur ce matériau étalé et nivelé en aval du
concasseur, avec les moyens classiques de traitement in situ des terrains et plate-formes
(épandeur de liant, arroseuse pour l'eau, pulvi-mixeur).Elles peuvent également être
effectuées dans un malaxeur mobile mieux adapté à ce travail, et pouvant reprendre
le matériau concassé directement à l'aval du concasseur. Dans ce second cas, la correction
granulométrique, si elle a lieu, est obligatoirement réalisée au cours du concassage,
la stabilisation devant être effectuée sur le mélange du matériau concassé et des
granulats correcteurs. Dans le premier cas, on peut, sur le matériau concassé, étalé
et nivelé sur le sol en aval du concasseur, épandre les granulats correcteurs, le
liant et l'eau et les incorporer conjointement au moyen d'un pulvi-mixeur.
[0019] Dans les deux cas,la connaissance du débit horaire du concasseur (déterminé au moyen
d'un dispositif connu, tel qu'une bascule intégratrice placée après la sortie du concasseur)
permet de régler le débit du liant et de l'eau à ajouter. Lorsque cette addition est
effectuée dans un malaxeur placé en aval du concasseur, le silo contenant le liant
et le réservoir d'eau sont montés sur le châssis du malaxeur et sont pourvus de pompes
doseuses. Lorsque cette addition est effectuée directement sur le sol en aval du concasseur,
on utilise des machines connues telles qu'une épandeuse à pulvérulent à débit réglable
pour le liant et une arroseuse à débit réglable pour l'eau.
5. Etalement et nivelage, sur le sol débarrassé de la chaussée ancienne, du matériau
traité.
[0020] On emploie les moyens classiques (épandeur, niveleuse).
6. - Compactage
[0021] Après réglage fin au moyen d'une niveleuse de la planiété dans le sens transversal
de la couche déposée, le matériau est compacté en une seule couche.
[0022] Le choix du compacteur dépend des propriétés du matériau traité et de l'épaisseur
prévue.
[0023] On peut mettre en oeuvre des couches de 45 cm avec un compacteur à pneus de 50.000
N par-roue et un compacteur vibrant de classe V 5 (charge par centimètre de génératrice
du cylindre vibrant supérieure à 450 N), N désignant le newton.
7. Finition
[0024] La couche de roulement formée sur le matériau compacté peut être en béton bitumineux
ou être un enduit superficiel (gravillon déposé sur un film de bitume).
Avantages du procédé
[0025] La technique proposée présente plusieurs avantages par rapport aux solutions actuelles
de renforcements ou de substitution :
A. Souplesse permettant de l'adapter à un grand nombre de possibilités :
- profondeur de retraitement,
- largeur variable,
- ajout de correcteur, selon nécessité, de 0 à plus de 100 % en poids.
B. Economie importante d'énergie et de temps :
- pas de transport des matériaux recyclés.
C. Economie de matériaux nobles :
- le procédé réutilise les matériaux nobles de l'ancienne chaussée et ne nécessite
que l'apport d'un complément de granulats neufs, d'un liant et d'une couche de roulement.
D. Récupération et valorisation des déchets de l'ancienne chaussée, d'où une réduction
du volume de déchets en décharge, inutilisés.
E. Maintien de la cote de la chaussée sensiblement au même niveau qu'antérieurement,
contrairement aux techniques de renforcements, dont les surélévations successives
posent des problèmes de seuils dans les zones urbanisées.
F. Economie financière (pour toutes les raisons précédentes) pouvant atteindre 40%
par rapport aux techniques antérieures.
[0026] Des modifications de détails, du domaine des équivalents techniques, peuvent être
apportées au procédé décrit ci-dessus, sans que l'on sorte pour autant du domaine
de la présente invention.
1. Procédé de rénovation des chaussées, suivant lequel on régénère l'ancienne chaussée
par un traitement, qui comprend une dislocation de la chaussée existante, une division
du matériau disloqué et un apport de matériaux nouveaux qui sont mélangés avec le
matériau divisé, caractérisé par les phases suivantes réalisées in situ par un train
de machines mobiles qui avancent sur la chaussée au fur et à mesure du retraitement
de celle-ci :
1. dislocation de la chaussée existante sur toute son épaisseur,de telle sorte que
l'on obtienne des blocs d'une dimension maximale de 700 mm pour les produits épais
et de 1 000 mm pour les produits plats,
2. ramassage et concassage du matériau disloqué, de façon à obtenir un produit concassé
d'une granulométrie de 0 à 40 mm,
3. apport de granulats correcteurs,
4. stabilisation du matériau concassé, par malaxage avec apport de liant et d'eau,
5. étalement et nivelage sur le sol, au fur et à mesure de l'enlèvement de la chaussée
ancienne, d'une couche unique du matériau régénéré remplaçant les anciennes couches
de fondation et de base et contenant tous les matériaux ainsi recyclés de l'ancienne
chaussée et un apport de matériaux nouveaux,
6. compactage de cette couche unique, après réglage fin de la planéité de sa surface
dans le sens transversal,
7. finition classique consistant à déposer une couche de roulement. 2. Procédé suivant
la revendicationi , caractérisé en ce que l'on ajoute les granulats correcteurs dans
la proportion de 0 à 15 % en poids par rapport au matériau concassé.
3. Procédé suivant la revendication 1 ou 2, caractérise en ce que, pour stabiliser
le matériau concassé, on lui ajoute un liant, dans la proportion de 3 à 8% en poids
par rapport au poids global du matériau concassé et des granulats correcteurs, et
on lui ajoute de l'eau, dans la proportion de 0 à 10 % en poids par rapport audit
poids global.
4. Procédé suivant l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
l'on dépose les granulats correcteurs sur le matériau disloqué, avant son concassage,
qui simultanément incorpore les granulats au matériau.
5. Procédé suivant l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
l'on dépose les granulats correcteurs sur le matériau concassé, après l'étalement
de celui-ci sur le sol à recouvrir, en aval du concasseur, les granulats correcteurs
étant alors intégrés au matériau concassé par nivelage et malaxage.
6. Procédé suivant l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
l'on effectue la stabilisation du matériau concassé, après l'étalement de celui-ci
sur le sol à recouvrir, en aval du concasseur, le liant et l'eau ajoutés étant alors
intégrés au matériau concassé par nivelage et malaxage.
7. Procédé suivant l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que
l'on effectue la stabilisation du matériau concassé par addition d'un liant et d'eau,
dans un malaxeur mobile reprenant le matériau concassé directement à la sortie du
concasseur, la stabilisation étant ainsi effectuée avant l'étalement du matériau sur
le sol à recouvrir.
8. Procédé suivant la revendication 5, caractérisé en ce que l'on effectue la stabilisation
du matériau concassé, après l'étalement de celui-ci sur le sol à recouvrir, en aval
du concasseur, le liant et l'eau ajoutés étant alors intégrés au matériau concassé
par nivelage et malaxage, en même temps que les granulats correcteurs.