[0001] La présente invention a trait au domaine de la construction de ponts et analogues
et de revêtements de chaussées. Elle concerne tout spécialement un procédé permettant
de raccorder les extrémités d'ouvrages d'arts, tels que ponts, viaducs...etc, à la
chaussée principale et au remblai de ces ouvrages.
[0002] On sait que, lors de la construction de ponts, par exemple autoroutiers ou autres,
il se pose un problème au niveau des joints de tablier ainsi que des joints de raccordement
des extrémités de l'ouvrage à la chaussée principale qui s'étend en amont et en aval
de l'ouvrage. En effet, l'emplacement de ces joints constitue des points faibles où
apparaissent fréquemment des fissures dues aussi bien aux variations de conditions
atmosphériques qu'au passage des véhicules lourds. Ce problème est particulièrement
aigu au niveau des piles d'extrémités des ouvrages, qui sont généralement exemptes
de dalles de transition.
[0003] Diverses solutions ont été proposées pour résoudre un tel problème. En général, on
prévoit des joints de type "peigne" constitués par des éléments métalliques dentés
qui s'enclavent les uns dans les autres pour donner des entrecroisements résistant
à la charge. Cette solution est coûteuse et de mise en oeuvre malaisée. Selon d'autres
techniques, on réalise des saignées sur le matériau de surface de la chaussée et du
tablier et l'on comble ces vides par des compositions de liants et charges, durcissables
à froid et destinées à constituer le joint de raccordement. Par exemple, on peut citer
à cet égard le brevet européen n° 0.000.642 de 1977, délivré en 1981, selon lequel
on met en oeuvre, comme composition de joint, un mélange de charges granulaires et
d'un liant de bitume et déchets caoutchouteux dans lequel la proportion de liant est
d'au moins 30 % (en volume).
[0004] Les performances de tels joints ou pansements , dont ceux préconisés par le brevet
précité, sont le plus souvent limitées, en particulier à basse température. Par exemple,
les mélanges bitume et déchets de caoutchouc donnent lieu à des compositions rigides
qui ne supportent pas, ou très mal, les températures hivernales de -10 à -20°C. Par
ailleurs, la réalisation de tels joints ne peut pallier à l'absence de dalles de transition
et aux dégradations du remblai qui se produisent inévitablement au droit du joint
et auprès des piles d'appui aux extrémités de l'ouvrage d'art.
[0005] L'invention a pour but d'obvier à ces divers inconvénients et propose à cet effet
une solution permettant d'assurer une liaison étanche et résistante tant au plan des
caractéristiques mécaniques qu'à celui de la tenue aux très basses températures, entre
les extrémités d'un ouvrage-d'art et la chaussée principale d'alignement qui recouvre
le remblai de chaque côté de l'ouvrage.
[0006] Conformément à la caractéristique principale et générale du procédé. de l'invention,
on met en place un massif ou bloc unitaire en maigre béton/dans l'espaoe libre de
transition entre l'ensemble remblai-chaussée et la pile d'appui à l'extrémité de l'ouvrage
et l'on utilise par ailleurs, comme composition pour joint entre le revêtement de
tablier de l'ouvrage et le matériau superficiel de là chaussée, un mastic constitué
par un mélange de 75 à 80 % (poids) de granulats de diamètre moyen 4 à 20mm et 25
à 20% (poids) de liant bitume/élastomère vulcanisé au soufre.
[0007] Les liants bitumes/élastomères sont connus en soi depuis de nombreuses années (voir
par exemple le brevet français n° 1.557.193 et brevets plus récents de variantes et
perfectionnements). Ils présentent l'avantage de conserver leur souplesse et leur
élasticité jusqu'à des températures de l'ordre de -20°C et d'avoir des allongements
avant rupture très supérieurs à ceux des bitumes/caoutchouc. Ainsi, on peut réduire
la quantité de liant, dans une composition pour joint, jusqu'à des taux de 20 à 25%
(poids), ce qui permet de réaliser une économie substantielle par rapport aux procédés
de raccordement connus à ce jour.
[0008] On peut mettre en oeuvre comme bitume/élastomère vulcanisé au soufre toute composition
déjà connue dans laquelle l'élastomère est à base de dioléfines conjuguées, par exemple
styrène et butadiène. On peut citer, par exemple, à titre non limitatif, les compositions
d'enduits et mastics pour enrobés routiers décrites dans les brevets français n° 79.
10987 et européen n° 0020203. Toutefois, il s'est avéré encore plus avantageux d'utiliser
des compositions du type décrit dans le brevet français plus récent n° 82.16433 de
la Demanderesse, dans lequel l'élastomère de base est constitué par un mélange de
copolymère styrène-butadiène-styrène (SBS) et de copolymére éthylène-acétate de vinyle
(EVA).
[0009] Conformément à une autre caractéristique avantageuse de l'invention, le massif, qui
sert de support de transition entre la pile d'extrémité et le remblai de l'ouvrage,
est coulé à l'intérieur d'une enveloppe protectrice en nappes de tissus non tissés
synthétiques. Cette enveloppe joue le rôle de matériau de protection et d'isolation
à l'égard du remblai et de la pile d'extrémité de l'ouvrage.
[0010] D'autres caractéristiques apparaîtront par la description plus détaillée d'un mode
de réalisation illustré sur la figure unique annexée, qui représente une vue schématique,
en coupe, de la zone de raccordement entre une pile d'extrémité d'ouvrage d'art, par
exemple un pont, et la chaussée de circulation en alignement.
[0011] La pile d'appui 1 de l'ouvrage supporte le tablier 2 par l'intermédiaire d'un élément
souple 3 apte à absorber les secousses, constitué par exemple par des plaques de néoprène
ou matériau analogue. La couche de roulement 4, par exemple réalisée en béton bitumineux,
est disposée sur le tablier 2 et constitue également le revêtement superficiel de
la chaussée principale d'alignement 5 dont on a représenté en 6 la fondation de base.
Le remblai de l'ouvrage est représenté par le chiffre 7.
[0012] Conformément à une première caractéristique de l'invention, on coule dans l'espace
libre, illustré au centre de la figure, un bloc 8 de béton maigre (granulats + liant
hydraulique) au sein d'une nappe rigide 9 en textile non tissé synthétique dont le
fond et les bords servent d'enveloppe pour le bloc et d'isolant intermédiaire pour
la pile 1 et son tablier 2 ainsi que à l'égard du remblai 7 et-du corps de chaussée
6. On obtient ainsi un massif de transition permettant d'assurer une excellente tenue,
dans le temps, de la zone de raccordement de l'ouvrage à la chaussée.
[0013] Selon l'autre caractéristique essentielle de l'invention, le joint 10 assurant la
liaison des éléments de revêtement de chaussée 4 est constitué par un mastic de type
"cyclopéen" composé d'un mélange d'environ 80 % de granulats de cailloux 10/14 ou
6/14 et d'environ 20 % d'une composition bitume/élastomère vulcanisée au soufre correspondant
aux formulations des exemples n° 3 ou 4 du brevet français précité n° 82.16433. En
pratique, de façon connue en soi, on scie la couche de roulement 4 sur une longueur
de 20 à 30 cms environ puis on coule à chaud la composition susvisée et laisse refroidir
puis durcir avant usage. L'épaisseur du mastic est la même que celle de la couche
de roulement (généralement 5 à 10 cms) et la largeur est d'au moins trois fois cette
épaisseur et, en aucun cas, inférieure à quinze centimères. Grâce a la mise en oeuvre
d'un tel mastic, de grande souplesse et élasticité, il est possible d'absorber des
mouvements du tablier de trois à quatre centimètres au moins de magnitude et ceci
jusqu'à des températures de l'ordre de -20°C.
[0014] En outre, selon une particularité avantageuse de mise en oeuvre, on prévoit la mise
en place, avant la coulée du mastic de joint 10, d'un couvre-joint 11 (par exemple
en feuille d'aluminium ou autre) permettant d'éviter toute infiltration au droit de
la pile 1 et du bloc 8 et essentiellement au niveau de l'enveloppe 9 de ce dernier.
[0015] Bien entendu, d'autres variantes de réalisation peuvent être envisagées dans le cadre
de l'invention, telle que définie dans les revendications qui suivent.
1. Procédé permettant d'assurer une liaison étanche et résistante entre les extrémités
d'un ouvrage d'art, tel que pont ou analogue, et la chaussée principale d'alignement
(5) qui recouvre le remblai (7) de l'ouvrage, caractérisé en ce que l'on met en place
un massif ou bloc unitaire (8) en béton dans l'espace libre de transition entre l'ensemble
remblai-chaussée et la pile (1) d'appui d'extrémité de l'ouvrage et en ce que l'on
utilise, comme composition pour joint entre le revêtement (4) du tablier (2) de l'ouvrage
et le matériau superficiel (4) de la chaussée, un mastic (10) constitué par un mélange
de 75 à 80 % de granulats de diamètre moyen 4 à 20 mm et 25 à 20 % (poids) de liant
bitume/ élastomère vulcanisé au soufre, de bonnes caractéristiques mécaniques et viscoélasticité
jusqu'à de basses températures de moins 20°C.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le massif (8), servant
de support de transition, réalisé en béton maigre, est coulé à l'intérieur d'une enveloppe
protectrice (9) en nappes de tissus non tissés synthétiques, laquelle sert de matériau
d'isolation à l'égard du remblai et de la pile d'extrémité de l'ouvrage.
3. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 eb 2, caractérisé en ce que
l'élastomère dudit liant est constitué par un mélange de copolymère styrène-butadiène-styrène
et de copolymère éthylène-acétate de vinyle.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que
l'on dispose, à la base de l'ouverture pour joint (10) dans le revêtement de chaussée
(4) un couvre-joint d'étanchéité (11) dans la zone où débouche l'enveloppe protectrice
(9) du massif (8) de transition.