[0001] La chaîne de roulement, objet du brevet français déposé le 1.9.81 sous le numéro
81 16738, permet, à l'aide de moyens mécaniques simples et fiables, de coller en continu
et, notamment, de fabriquer du bois reconstitué par superposition de planches, appelé
bois lamellé.
[0002] La presse continue, réalisée à partir de cette chaîne de roulement, ou par d'autres
moyens, n'est utilisable, pour la production de bois lamellé, qu'en combinaison avec
le chauffage haute-fréquence, afin d'obtenir un durcissement suffisamment rapide de
la colle.
[0003] La difficulté d'application d'un tel chauffage, due à l'application nécessaire d'organes
isolants, le coût élevé et le mauvais rendement des générateurs, l'hétérogénéité du
matériau bois rendant le réglage et le fonctionnement délicats, ont conduit à rechercher
de nouveaux moyens, permettant d'éviter l'apport de chaleur dans les plans de collage.
[0004] Le procédé de collage, objet du brevet français déposé le 1.10.81 sous le numéro
81 18661 et sous le titre de "procédé et dispositif de collage de deux surfaces de
bois entre elles", constitue une réponse partielle au problème posé.
[0005] Alors que la molette, dispositif essentiel utilisé pour l'application du procédé
précité, convient parfaitement pour la réalisation de micro-sillons dans un plan perpendiculaire
à l'axe des fibres du bois, les sillons ne sont pas réalisables par molettage ou impression,
parallèlement à celles-ci : l'élasticité des fibres d'une part, et leur fissilité
d'autre part, s'y opposent.
[0006] L'objet essentiel de l'invention est basé sur l'obtention d'un autoserrage en réalisant
dans les surfaces de bois à assembler, des micro-sillons, par enlèvement partiel ou
total de matière, en évitant de solliciter, au-delà de certaines limites, l'élasticité
et la fissilité des fibres.
[0007] Pour obtenir un tel résultat, il est fait usage des possibilités qu'offre la presse
continue, celle notamment de transmettre des efforts de translation élevés sur le
matériau en compression et véhiculé à travers la machine.
[0008] Afin de coller deux ou plusieurs pièces de bois entre elles par autoserrage, on munit
les surfaces à assembler de microsillons ; on les encolle et on les introduit en les
superposant dans une presse continue en les comprimant progressivement entre deux
surfaces planes.
[0009] Ce procédé peut être rendu plus performant de la manière suivante :
Il a été pris pour base le procédé décrit dans le brevet français déposé le 12.10.81
sous le numéro 81 19288 et ayant pour titre : "Machine pour le débit, sans pertes
de matières, de feuilles, planches et madriers à partir d'équarris en bois".
[0010] Dans une telle machine, un couteau fixe sépare par tranchage du bois massif en compression
et translation à l'intérieur d'une presse continue, en deux parties.
[0011] Pour réaliser les micro-sillons, il a été prévu un dispositif analogue à celui du
couteau fixe à l'intérieur de la presse continue, mais dont les fonctions successives
sont les suivantes :
1°) Séparer deux planches superposées à l'intérieur de la presse et destinées à être
assemblées par collage.
2°) Réaliser sur chaque plan de collage les microsillons à l'aide d'outils, par défilement
de ces plans à travers la zone d'action de ces outils.
3°) Couvrir les plans munis de sillons, de colle par défilement de ces plans à travers
une zone d'enduction.
4°) Réunir les planches séparées en phase 1, par emboîtage rigoureux des sillons les
uns dans les autres.
[0012] La presse continue, ces fonctions étant réalisées, exerce ensuite une compression
importante sur les planches munies de sillons et enduites de colle, pour qu'un autoserrage
efficace assure une pression de contact pour le durcissement de la colle après sortie
de ces planches, de la presse.
[0013] Autoserrés, les bois lamellés en sortie de presse pourront être stockés sous enceinte
chauffée ou non, jusqu'à complet durcissement de la colle, avant mise en oeuvre.
[0014] L'invention sera mieux comprise à l'aide des dessins annexés, décrivant et illustrant
l'un des modes préférentiels de mise en oeuvre du procédé.
[0015] La figure 1 de ces dessins est une coupe schématique d'un dispositif mettant en oeuvre
le procédé selon l'invention, parallèlement à l'axe de la presse continue.
[0016] La figure 2 est une coupe perpendiculaire à l'axe de deux planches réunies par autoserrage.
[0017] Selon la figure 1, un corps fixe 1 en acier, ayant la forme d'une lentille, est fixé
à l'intérieur de la presse continue, de la même manière que le couteau fixe décrit
dans le brevet 81 19288.
[0018] Ce corps 1 remplit 4 fonctions :
1°) Séparer 2 planches entre elles,
2°) Munir les plans à coller de micro-sillons,
3°) Enduire ces plans de colle,
4°) Reserrer les planches en les guidant pour éviter tout glissement latéral.
[0019] Un couteau 2 en acier, situé à l'avant du corps 1 contribue à remplir la première
fonction, celle de séparer 2 couches de planches.
[0020] La partie cônique à l'avant du corps 1 est destinée à écarter les planches et à les
diriger vers une zone parallèle dans laquelle se trouvent logés les couteaux 3 de
façonnage des micro-sillons qui assurent la deuxième fonction du corps 1. La longueur
de la partie cônique est fonction de l'épaisseur des planches, le rayon de courbure
des planches tolérable et généralement admis étant égal à 160 fois cette épaisseur.
[0021] Dans cette zone parallèle, les planches sont fortement comprimées par les tapis articulés
de la presse continue non figurés sur le dessin, et plaqués contre les faces parallèles
du corps 1. Dans ces faces sont logés des couteaux fixes 3, dont la position est règlable
et qui agissent à la manière d'un rabot, l'angle d'attaque de ces couteaux se situant
autour de 30 degrés. Le talon des couteaux 3,sur lequel glissent les planches, est
muni de sillons ayant la forme de ceux que l'on souhaite appliquer aux planches. Ces
couteaux 3 pourront être précédés de couteaux identiques, mais dont le talon possède
une surface plane, agissant à la manière d'une lame de rabot, l'épaisseur du copeau
étant égale à la valeur du dépassement de la surface du talon par rapport à la surface
de glissement du corps 1.
[0022] Un réglage latéral des couteaux 3 permet de positionner les sillons de telle manière
à ce que l'on obtienne, au moment de la jonction des plans encollés, un emboîtage
rigoureux de ceux-ci. Des évidements 4, de forme circulaire de préférence, sont prévus
pour permettre l'évacuation des copeaux engendrés par les couteaux 3. Dans ces évidements
sont logés des moyens mécaniques d'extraction des copeaux, par exemple une vis d'Archimède.
Celle-ci extrait les copeaux du corps 1 à travers un hachoir pour obtenir des copeaux
fragmentés évacuables pneumatiquement ou par tout autre moyen.
[0023] La troisième fonction du corps 1, qui consiste à enduire les plans de collage, est
assurée par un poste d'encollage, constitué par des buses 5 situées derrière les couteaux
de profilage et en zone parallèle du corps 1.
[0024] Les buses d'encollage reçoivent la colle par des conduits sous pression munis de
vannes commandées par des cellules photoélectriques ou autres moyens électromécaniques,
dépendantes de l'avancement des planches 6. Ces buses 5 peuvent être remplacées par
des rouleaux encolleurs recevant la colle par des bacs dans lesquels ces rouleaux
barbottent. Ils seront munis de préférence de cannelures ayant la forme des sillons.
[0025] La quatrième fonction est assurée par une partie cônique identique à l'avant du corps
1 précédemment décrit. Les faces de glissement du corps 1, situées derrière les couteaux
de profilage, sont munies de rainures dans lesquelles viennent s'encastrer les sillons
des planches, afin d'éviter tout déplacement latéral de celles-ci, avant encastrement
des planches entre elles.
[0026] La presse continue comporte, en aval du corps l, une zone de pression suffisante
pour l'obtention d'un autoserrage puissant, empêchant tout relachement après la sortie
de la presse.
[0027] En amont du corps 1, une zone de pression, ayant en général une longueur double de
la zone précédemment décrite, transmet aux planches 6 des efforts de translation supérieurs
aux efforts de résistance dûs aux surfaces de glissement du corps 1 additionnés des
efforts de coupe des couteaux 3.
[0028] La figure 2 montre en coupe deux planches 6 assemblées par micro-sillons. Selon ce
dessin, les sillons 7 ont une forme trapézoïdale, le pas étant en général 4 fois supérieur
à la hauteur et celle-ci inférieure ou égale à 2 mm. Un angle d'environ 6 degrés des
parois assurant l'autoserrage donne des résultats très satisfaisants, cet angle étant
inférieur à l'angle de frottement.
[0029] Cette description n'a pas de caractère restrictif, chaque caractéristique pouvant
être combinée avec des moyens connus, sans pour autant sortir du champ d'application
de l'invention et de son domaine de protection.
[0030] Le séparateur 2, par exemple, peut ne pas faire l'objet d'un dispositif séparé, le
nez du corps 1 ayant la forme d'un couteau et un bord d'attaque apte à séparer les
planches.
[0031] Pour réaliser les sillons, on peut mettre en oeuvre plusieurs outils 3, un premier
outil agissant telle une lame de rabot, destiné à aplanir les planches, un second
outil réalisant une partie des sillons, un troisième outil assurant la finition.
[0032] Les outils 3 peuvent être remplacés par des outils rotatifs, sans déroger à l'esprit
de l'invention. Il en est de même des buses d'encollage 5, dont la fonction peut être
effectuée par des rouleaux encolleurs, par exemple, de faible diamètre, munis ou non
de cannelures.
[0033] Selon les besoins et la nature du bois, les sillons 7 pourront être de forme différente,
selon que l'on recherche un autoserrage plus ou moins puissant, une surface de collage
importante, ou une économie maximum de bois.
[0034] Par la combinaison de la compression en continu et de l'autoserrage, mettant en oeuvre
des moyens simples et fiables, de nouvelles perspectives sont offertes à l'industrie
du bois, libérant le matériau de ses servitudes dimensionnelles, en augmentant son
homogénéité tout en préservant ses qualités mécaniques et esthétiques intrinsèques,
et ceci au moindre coût.
1. Procédé d'assemblage en continu de planches (6) en bois ou de composition fibreuse,
caractérisé en ce qu'il consiste à munir les surfaces à assembler de sillons, de les
encoller et de comprimer les pièces à assembler progressivement entre deux surfaces
en déplacement d'une presse continue.
2. Procédé selon revendication 1, caractérisé en ce qu'il consiste successivement
à comprimer les planches (6) et d'assurer leur translation entre deux surfaces en
déplacement, à les séparer pour munir les plans à assembler de sillons (7), à encoller
ces sillons, à les comprimer à nouveau afin d'obtenir un autoserrage.
3. Dispositif pour la mise en oeuvre du procédé selon l'une quelconque des revendications
1 et 2, caractérisé par le fait qu'il comporte une presse continue, à l'intérieur
de celle-ci une ou plusieurs barres transversales en acier (1) parallélipédiques et
de forme lenticulaire, à l'avant de celle-ci, intégrées à elles ou non, un ou plusieurs
séparateurs (2), à l'intérieur de celle-ci un ou plusieurs couteaux (3) fixes ou rotatifs,
un ou plusieurs postes d'encollage (5) également fixes ou rotatifs.
4. Dispositif selon revendication 3, caractérisé en ce que le ou les séparateurs (2)
sont solidaires et règlables par rapport au bâti de la presse continue, ont la forme
d'un couteau avec un bord d'attaque muni, de préférence, de deux angles symétriques.
5. Dispositif selon revendication 3, caractérisé en ce que la ou les barres (1) sont
solidaires du bâti de la presse continue et règlables par rapport à celui-ci, comportent
à l'avant un nez de forme cônique avec des surfaces de glissement lisses, une partie
médiane parallèle et une partie cônique à l'arrière avec des surfaces de glissement
munies, de préférence, de cannelures pour le guidage latéral des planches (6).
6. Dispositif selon revendications 3 et 5, caractérisé en ce que la barre (1) supportant
dans sa partie médiane un ou plusieurs couteaux (3), comporte des cavités (4), de
préférence de section circulaire, pour l'évacuation des copeaux engendrés par les
couteaux (3), ces cavités renferment des moyens, de préférence mécaniques, pour l'évacuation
de ceux-ci, par exemple des vis d'Archimède.
7. Dispositif selon revendication 6, caractérisé en ce que les couteaux fixes (3)
ont un angle d'attaque d'environ 30 degrés, que le talon de ces outils se situe dans
le prolongement des surfaces de glissement parallèles du corps (1), qu'ils dépassent
d'une valeur correspondant à l'épaisseur du copeau ou à la profondeur des sillons
à réaliser, que ces outils sont règlables latéralement et dans le sens de l'axe de
la presse continue.
8. Couteau (3) selon revendication 7, caractérisé en ce que son talon est une surface
plane, placée, de préférence, à l'avant d'un couteau (3) identique, mais dont le talon
a le profil des sillons (7) à réaliser, un seul couteau muni de ce profil pouvant
être installé contre une surface de planche (6) en défilement.
9. Dispositif selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que le corps
(1) renferme dans sa partie médiane possédant des surfaces de glissement parallèles,
des buses d'encollage (5), dont l'alimentation en colle sous pression est commandée
par le passage de planches (6) au moyen de cellules photoélectriques ou vannes électro-mécaniques,
ou renferme des rouleaux encolleurs en rotation recevant la colle par des bacs dans
lesquels ils barbottent, ces rouleaux étant munis, de préférence, de cannelures.
10. Dispositif selon l'une des revendications 1 à 9, caractérisé en ce que le corps
(1), dans sa partie arrière, possède deux surfaces courbes, ces deux surfaces allant
en se rejoignant, le rayon de courbure étant en général supérieur ou égal à 160 fois
l'épaisseur des planches (6) et ces surfaces étant munies, de préférence, de cannelures
pour assurer le guidage latéral des planches à assembler.
11. Procédé et dispositif selon l'une des revendications 1 à 10, caractérisé en ce
que les micro- sillons (7) des assemblages (6) ont une forme trapézoïdale, les bords
assurant l'autoserrage ayant en général une inclinaison égale ou inférieure à 7 degrés,
la hauteur des sillons étant en général égale ou inférieure à 2 mm, le pas de ceux-ci
étant en général égal ou supérieur à 3 fois cette hauteur.