[0001] La présente invention concerne la stabilisation de mélanges de fluides calogènes
chlorofluorés et de solvants.
[0002] De tels mélanges sont utilisés dans les pompes à chaleur à absorption où ils sont
exposés en permanence à des températures de l'ordre de 120 à 180°C au contact du métal
constituant les parois du bouilleur. Pour cette application, les solvants les plus
intéressants sont ceux qui présentent le plus grand écart de point d'ébullition par
rapport au fluide calogène et également le plus grand pouvoir de solubilisation ;
ces deux propriétés permettent en effet de réduire les pressions de service et les
dimensions de l'appareil et de conduire ainsi à des coûts de fabrication plus avantageux.
Les solvants les plus utilisés appartiennent à la classe des éthers de glycols ou
à celle des amides ; parmi ces derniers, la N-méthylpyrrolidone se distingue particulièrement
par son pouvoir solvant élevé pour les hydrocarbures chlorofluorés du type C
nH
(2n+2-x-y)F
xCl
y et plus spécialement pour ceux possédant un ou plusieurs atomes d'hydrogène dans
leur molécule tels que, par exemple, CF
3-CFCIH, CF
2Cl-CF
2H, CF
3-CH
2Cl et CF
2Cl-CH
3. Cette solubilité élevée s'explique par la formation de liaisons intermoléculaires
du type liaison hydrogène entre la N-méthyl-pyrrolidone et le calogène chlorofluoré.
[0003] Cependant, ces mélanges ne sont pas stables lorsqu'ils sont chauffés en présence
de métaux, notamment de fer, comme cela se passe dans le bouilleur d'une pompe à chaleur
par absorption. Il est connu que les hydrocarbures chlorofluorés, chauffés en présence
de fer, d'aluminium ou de cuivre et d'un composé donneur d'hydrogène subissent une
transformation quantitative avec substitution progressive de tous les atomes de chlore
par des atomes d'hydrogène ; selon la réactivité du donneur (R-H), il se forme également
une proportion plus ou moins importante de dérivé éthylénique. Ainsi par exemple,
le chloro-1 trifluoro-2,2,2 éthane conduit simultanément au trifluoro-1,1,1 éthane
et au fluorure de vinylidène par les réactions suivantes :

[0004] Ces réactions conduisent à une modification totale des caractéristiques physico-chimiques
du mélange calogène/solvant et à la formation de goudrons avec libération d'acide
chlorhydrique. L'attaque des parois métalliques de la machine et notamment des parois
du bouilleur, point le plus chaud de l'ensemble, conduit à la formation d'hydrogène,
particulièrement gênant pour le bon fonctionnement du cycle thermodynamique, et de
sels métalliques dont l'action corrosive est bien connue. La modification de la nature
du couple calogêne/solvant, les effets de la corrosion et notamment la formation de
gaz incondensa- bles provoquent la détérioration des conditions de fonctionnement
de la pompe à chaleur et peuvent entraîner très rapidement sa mise hors d'usage.
[0005] Les mélanges de N-méthylpyrrolidone et d'hydrocarbures chlorofluorés sont très difficiles
à stabiliser et, comme montré plus loin, de nombreuses classes de stabilisants se
révèlent totalement ou partiellement inefficaces dans le cas particulier de la N-méthyl-pyrrolidone.
[0006] Il a maintenant été trouvé que les sels métalliques des acides alkylarylsulfoniques
ne présentent pas cet inconvénient et permettent de stabiliser efficacement des mélanges
de N-méthyl-pyrrolidone et d'hydrocarbures chlorofluorés, de sorte que ces mélanges
peuvent être portés sans risque à des températures nettement supérieures à la température
normale au contact de métaux tels que le fer, l'aluminium ou le cuivre.
[0007] L'invention a donc pour objet des mélanges stables de N-méthyl- pyrrolidone et d'hydrocarbures
chlorofluorés, caractérisés en ce qu'ils contiennent un composé de formule générale
:

dans laquelle R représente un radical alkyle à chaîne linéaire ou ramifiée renfermant
de 1 à 15 atomes de carbone,
Ar est un reste aromatique à un ou plusieurs noyaux aromatiques condensés,
M est un atome de métal, de préférence le zinc ou un métal alcalino-terreux,
m est un nombre entier allant de 1 à 3, et
n est un nombre correspondant à la valence du métal.
[0008] Dans les mélanges selon l'invention, la proportion d'hydrocarbures chlorofluoré peut
varier en général entre 10 et 60 % par rapport au poids total du mélange.
[0009] La quantité d'alkylarylsulfonate à utiliser peut varier de 0,05 à 2,5 % par rapport
au poids de N-méthyl-pyrrolidone. Elle est de préférence comprise entre 0,5 et 2 %.
[0010] Les essais suivants A et B ont été réalisés sans stabilisant, à titre de témoins.
Les essais C et D, réalisés avec des stabilisants connus, sont à comparer aux exemples
1 à 4 qui illustrent l'invention sans la limiter. Les abréviations employées ont la
signification suivante :

ESSAIS A
[0011] 5 mmoles de R124 sont introduites dans un tube pyrex à paroi épaisse renfermant 3
g de NMP et une éprouvette métallique de 250 mg d'acier inoxydable convenablement
nettoyé. Le tube est refroidi à la température de l'azote liquide, scellé sous vide
et porté à une température de 180°C durant 100 heures. Il est ensuite à nouveau replongé
dans l'azote liquide, relié à une rampe à vide et ouvert à l'aide d'un dispositif
approprié. Le contenu est récupéré sous forme liquide et gazeuse et analysé par chromatographie
en phase gazeuse. L'analyse montre que 71 % du R124 initial ont été transformés dont
61,7 % en CF
3CFH
2 et 7,8 % en CF
2=CFH.
[0012] Si on répète l'essai précédent en remplaçant l'éprouvette d'acier inoxydable par
un morceau d'acier ordinaire, le taux de transformation du R124 atteint dans ce cas
55,4 %.
ESSAIS B
[0013] 5 mmoles de R133a, 3 g de NMP et une éprouvette d'acier inoxydable de 250 mg sont
placés dans un tube pyrex et le mélange est maintenu à 180°C durant 100 heures. Après
ouverture du tube, on constate que 93,4 % du R133a initial ont été transformés dont
62,5 % en CF
3CH
3 et 24,5 % en CF
2=CH
2.
[0014] Si, dans le test précédent, l'acier inoxydable est remplacé par de l'acier ordinaire,
le taux de décomposition atteint 76,1 % dont 60,4 % en CF
3CH
3 et 10 % en CF
2=CH
2.
ESSAIS C
[0015] Le même mélange R133a/NMP qu'aux essais B est soumis au même test en présence d'éprouvettes
métalliques en acier inoxydable et de trois stabilisants connus pour leur activité
antioxydante. Ces produits utilisés à la concentration de 1,5 % en poids par rapport
au poids de NMP ne présentent aucune efficacité.

ESSAIS D
[0016] On opère comme dans les essais précédents avec les couples R133a/NMP ou R124/NMP
en ajoutant, à raison de 1,5 % par rapport au poids de NMP, un composé choisi parmi
les agents complexants du fer.
[0017] A l'issue du test de 100 heures à 180°C, les taux de décomposition sont tels qu'indiqués
dans le tableau de la page 6.
EXEMPLE 1
[0018] Dans un tube pyrex à paroi épaisse on chauffe à 180°C durant 100 heures un mélange
de 5 mmoles de R124 et de 3 g de NMP en présence d'une éprouvette de 250 mg d'acier
ordinaire et de 45 mg de dodécylbenzène sulfonate de calcium (Ninate 401 de la Société
STEPAN EUROPE).
[0019] A l'issue du test, le taux de décomposition du R124 n'est que de 0,7 % (CF
3CFH
2) et le mélange ne présente qu'une légère coloration.
EXEMPLE 2
[0020] On opère comme à l'exemple 1, sauf qu'on remplace le dodécylbenzènesulfonate de calcium
par la même quantité (45 mg) de dinonylnaphtalènesulfonate de baryum (NASUL BSN de
la Société ANSUL).
[0021] Après 100 heures de chauffage à 180°C, on n'observe qu'une faible coloration du solvant
et l'analyse chromatographique du mélange gazeux montre qu'il ne s'est produit qu'une
transformation très limitée du R124 en CF
3CFH
2 (1,9 X).

EXEMPLE 3
[0022] On opère comme à l'exemple 1, sauf qu'on remplace, d'une part, le R124 par 5 mmole
de R133a et, d'autre part, le dodécylbenzènesulfonate de calcium par la même quantité
de dinonylnaphtalènesulfonate de zinc (NASUL ZS de la Société ANSUL).
[0023] Au terme du test de 100 heures à 180°C, le taux de décomposition du R133a ne dépasse
pas 0,9 %.
EXEMPLE 4
[0024] On opère comme à l'exemple 1, sauf qu'on remplace le dodécylbenzènesulfonate par
la même quantité de dinonylnaphtalènesulfonate de zinc.
[0025] Le taux de décomposition du R124 n'est que de 3,4 X.
1. Mélanges stables de N-méthyl-pyrrolidone et d'hydrocarbures chlorofluorés, caractérisés
en ce qu'ils contiennent un sel métallique d'acide alkylarylsulfonique en une proportion
de 0,05 à 2,5 % en poids par rapport à la N-méthyl-pyrrolidone.
2. Mélanges selon la revendication 1, dans lesquels ledit sel métallique répond à
la formule :

dans laquelle R représente un radical alkyle à chaîne linéaire ou ramifiée renfermant
de 1 à 15 atomes de carbone, m est un nombre entier allant de 1 à 3, Ar est un reste
aromatique à un ou plusieurs noyaux aromatiques condensés, M est un atome de métal
et n est un nombre entier correspondant à la valence du métal.
3. Mélanges selon la revendication 2, dans lesquels n est égal à 2 et M est le zinc
ou un métal alcalino-terreux.
4. Mélanges selon la revendication 1, dans lesquels le sel métallique est le dodécylbenzènesulfonate
de calcium.
5. Mélanges selon la revendication 1, dans lesquels le sel métallique est le dinonylnaphtalènesulfonate
de baryum ou de zinc.
6. Mélanges selon l'une des revendications 1 à 5, dans lesquels l'hydrocarbure chlorofluoré
est le chloro-1 trifluoro-2,2,2 éthane ou le chloro-1 tétrafluoro-1,2,2,2 éthane.
7. Mélanges selon l'une des revendications 1 à 6, dans lesquels la proportion d'hydrocarbure
chlorofluoré est de 10 à 60 % par rapport au poids total du mélange.
8. Mélanges selon l'une des revendications 1 à 7, dans lesquels la proportion de sel
métallique est de 0,5 à 2 % par rapport au poids de N-méthyl-pyrrolidone.