[0001] La présente invention concerne les essais de puits d'hydrocarbures, permettant de
déterminer les caractéristiques physiques du système formé d'un puits et d'une formation
souterraine (appelée aussi "réservoir") produisant un fluide, des hydrocarbures par
exemple, à travers le puits.
[0002] De façon plus précise, l'invention se rapporte à un procédé selon lequel le débit
de fluide produit par le puits est modifié en fermant ou en ouvrant une vanne qui
se trouve à la surface ou dans le puits. Les variations de pression résultantes sont
mesurées et enregistrées au fond du puits ou en surface en fonction du temps écoulé
depuis le début des essais, c'est-à-dire depuis la modification du débit. Les caractéristiques
du système puits-formation souterraine peuvent être déduites de ces données expérimentales.
Celles-ci sont analysées en comparant la réponse de la formation souterraine à un
changement de débit du fluide produit, avec le comportement de modèles théoriques
ayant des caractéristiques bien définies et soumis au même changement de débit que
la formation étudiée. Habituellement, les variations de pression en fonction du temps
caractérisent le comportement du système puits-formation et l'enlèvement à débit constant
de fluides, par l'ouverture d'une vanne dans le puits initialement fermé, est la condition
d'essai qui est appliquée à la formation et au modèle théorique. Lorsque leurs comportements
sont identiques, on suppose que le système étudié et le modèle théorique sont identiques
aussi bien au point de vue quantitatif que qualitatif. En d'autres termes, ces réservoirs
sont supposés avoir les mêmes caractéristiques physiques.
[0003] Les caractéristiques obtenues de cette comparaison dépendent du modèle théorique
: plus le modèle est compliqué, plus les caractéristiques qui peuvent être déterminées
sont nombreuses. Le modèle de base est représenté par une formation homogène avec
des limites supérieure et inférieure imperméables et avec une extension radiale infinie.
Le débit dans la formation est alors radial, dirigé vers le puits. Cependant, le modèle
théorique le plus couramment utilisé est plus compliqué. Il comporte les caractéristiques
du modèle de base auquel on ajoute des conditions internes telles que l'effet pariétal
("skin effect" en anglais) et l'effet de compression ou de décompression du fluide
dans le puits ("wellbore storage" en anglais). L'effet pariétal est défini par un
coefficient S qui caractérise l'endommagement ou la stimulation de la partie de la
formation adjacente au puits. L'effet de compression ou de décompression du fluide
dans le puits est caractérisé par un coefficient C qui résulte de la différence de
débit de fluide produit par le puits entre la formation souterraine et la tête de
puits, lorsqu'une vanne située en tête de puits est soit fermée soit ouverte. Le coefficient
C est exprimé habituellement en baril par psi, un baril étant égal à
0,16 m
3 et un psi égal à 0,069 bar.
[0004] Le comportement d'un modèle théorique est représenté de façon commode par un réseau
de courbes-types qui représentent les variations de pression, en fonction du temps,
du fluide au fond du puits. Ces courbes sont habituellement tracées en coordonnées
cartésiennes et en échelle logarithmique, la pression sans dimension étant portée
en ordonnée et le temps sans dimension étant porté en abscisse. De plus, chaque courbe
est caractérisée par un ou plusieurs nombres sans dimension qui représentent chacun
une caractéristique (ou une combinaison de caractéristiques) du système théorique
formé par un puits et un réservoir. Un paramètre sans dimension est défini par le
paramètre réel (la pression par exemple) multiplié par une expression qui inclut certaines
caractéristiques du système puits-réservoir de façon à rendre le paramètre sans dimension
indépendant de ces caractéristiques. C'est ainsi que le coefficient S caractérise
uniquement l'effet pariétal mais est indépendant des autres caractéristiques du réservoir
et des conditions expérimentales telles que le débit, la viscosité du fluide, la perméabilité
de la formation, etc.. Lorsque le modèle théorique et le système étudié puits-formation
correspondent, la courbe expérimentale et l'une des courbes-types représentées avec
les mêmes échelles de coordonnées ont une forme identique mais sont décalées l'une
par rapport à l'autre. Les décalages suivant les deux axes, en ordonnée pour la pression
et en abscisse pour le temps, sont proportionnels à des valeurs de caractéristiques
du système puits-réservoir qui peuvent ainsi être déterminées.
[0005] Des informations qualitatives sur la formation souterraine, telle que par exemple
la présence d'une fracture, sont obtenues par l'identification des différents régimes
sur le réseau en échelle logarithmique représentant les données expérimentales. Sachant
qu'une caractéristique particulière du système puits-réservoir, telle que par exemple
une fracture verticale, se caractérise par un régime particulier, tous les différents
régimes apparaissant sur le graphe des données expérimentales sont identifiés pour
sélectionner le modèle de système puits-réservoir approprié. Les caractéristiques
de la formation sont obtenues en sélectionnant une courbe-type ayant la même forme
que la courbe expérimentale et en déterminant le décalage des axes de coordonnées
de la courbe expérimentale par rapport à la courbe théorique.
[0006] A un même modèle théorique correspondent plusieurs réseaux de courbes-type. Ceci
dépend des paramètres sans dimension choisis pour la représentation des axes de coordonnées,
ainsi que d'un ou plusieurs "index". Un "index" n'est autre qu'un paramètre supplémentaire
(ou une combinaison de paramètres) choisi pour la représentation des courbes, en complément
des paramètres sans dimension des axes de coordonnées.
[0007] La comparaison des différentes méthodes utilisées est donnée dans 1'article intitulé
"A Comparison Between Different Skin and Wellbore Storage Type Curves for Early-Time
Transient Analysis" (Comparaison entre les différentes courbes-type avec effet pariétal
et effet de compression ou de décompression pour l'analyse des transitoires précoces)
par A.C. Gringarten & al., publié par "Society of Petroleum Engineers of AIME",(No
SPE 8205). Le brevet des Etats-Unis d'Amérique n° 4 328 705 décrit également une méthode
selon laquelle les courbes-types sont représentées en utilisant la pression sans dimension
P
D pour l'axe des ordonnées et le rapport t
D/C
D pour l'axe des abscisses, t
0 étant le temps sans dimension et C
D le coefficient sans dimension caractérisant l'effet de compression ou de décompression
du fluide dans le puits. L'inconvénient de la méthode décrite dans ce brevet est que
les courbes-types ont des formes variant relativement lentement l'une par rapport
à l'autre. Il en résulte une certaine incertitude dans le choix de la courbe-type
correspondant à la courbe expérimentale. On remarque également que, pour effectuer
une analyse complète, on est obligé de faire appel non seulement à un graphe en échelle
logarithmique représentant l'ensemble des données expérimentales, mais d'utiliser
également des graphes spécialisés, en échelle semi- logarithmique par exemple, pour
n'analyser qu'une partie des données mais d'une façon plus précise.
[0008] On a déjà songé à utiliser la dérivée mathématique de la pression sans dimension,
P'
D, au lieu de la pression sans dimension
PD. Selon la demande de brevet français n
0 83 /07 075 du 22 avril 1983 et l'article "A new set of type curves simplifies well
test analysis" publié dans le numéro de mai 1983 de la revue World Oil, on trace la
courbe de la dérivée ΔP' de la pression relevée expérimentalement et on effectue la
mise en coincidence de cette courbe et d'une courbe-type d'un réseau théorique P'
D(t
D/C
D).
[0009] Un tel procédé donne des résultats satisfaisants, mais nécessite de faire des relevés
de pression dans le puits pendant un temps relativement long.
[0010] La presente invention a pour but de définir un nouveau procédé permettant de raccourcir
la durée d'expérimentation sur le terrain. Ce procédé fait avantageusement utilisation
de la dérivée . P'
D de la pression sans dimension. Il se fonde par ailleurs sur les fonctions de Green
(cf CARSLAW H.S. et JAEGER J.C., "Conduction of Heat in solids", seconde édition,
Oxford University Press, 1959), qui sont relatives à l'analyse des transitoires de
pression. En bref, les fonctions de Green fournissent les variations de pression au
cours du temps créées par une source (ou un puits - au sens de la mécanique des fluides)
d'action instantanée et d'intensité unité (impulsion de Dirac, c'est-à-dire une impulsion
de durée At et d'amplitude 1/△t, .la surface de l'impulsion étant alors égale à 1,
et Δt tendant vers zéro)). Mathématiquement, les fonctions de Green correspondent
aux dérivées par rapport au temps des courbes-types P servant de modèle théorique.
Il s'ensuit que si l'on soumet une formation à une action instantanée d'intensité
unité, la courbe des variations de pression subséquentes pourra être mise en coincidence
avec une courbe P'
D appropriée.
[0011] En pratique, il n'est pas possible de soumettre la formation à une action instantanée
d'intensité unité, l'injection ou la production de fluide correspondant à cette action
devant durer nécessairement un temps fini. Mais l'expérience a montré que l'action
pouvait s'étendre sur quelques minutes sans inconvénient pour la qualité des résultats.
[0012] En d'autres termes, l'invention a pour objet un procédé d'essai de puits pour déterminer
des caractéristiques physiques d'un système constitué par un puits et une formation
souterraine contenant un fluide et communiquant avec ledit puits, cette formation,
homogène ou hétérogène, présentant de l'effet pariétal et/ou le fluide se comprimant
ou se décomprimant dans le puits. Ce procédé met en oeuvre un changement du débit
dudit fluide et la mesure d'une grandeur caractéristique de la pression P du fluide
à des intervalles de temps successifs Δt. Selon l'invention, on effectue ledit changement
de débit en une période brève de façon à obtenir une impulsion de débit se rapprochant
d'une impulsion de Dirac, l'amplitude de ladite impulsion de débit étant suffisamment
importante pour permettre de mesurer ladite grandeur caractéristique de la pression
P du fluide auxdits intervalles de temps successifs Δt.
[0013] Le changement de débit consiste en une brève période de mise en production du puits
ou d'injection dans le puits, ou de fermeture du puits; on mesure les variations de
la pression P du fluide au fond du puits durant ladite période brève, puis durant
la période subséquente de retour vers l'état initial du système puits-formation, et
on compare la courbe de pression expérimentale ainsi obtenue aux courbes d'un double
réseau de courbes-types représentant, en fonction d'un paramètre commun, la pression
P et sa dérivée P' par rapport au temps, par mise en coincidence de la branche de
la courbe expérimentale correspondant à la période brève avec l'une des courbes-types
P et de la branche de cette courbe correspondant à la période subséquente avec la
courbe-type P' de même paramètre.
[0014] Ainsi, les résultats expérimentaux obtenus à l'aide du procédé selon l'invention
sont avantageusement analysés par des opérations de mise en coincidence de la courbe
de pression relevée expérimentalement avec un réseau de courbes-types. Cette analyse
se distingue des procédés connus par le fait que cette coïncidence est effectuée avec
des courbes-types de pression P, seulement pour une partie de la courbe expérimentale,
et pour l'autre partie de la courbe expérimentale avec des courbes-types de pression
dérivée P'. De plus cette analyse est effectuée sans avoir besoin de dériver les données
expérimentales. Ceci résulte du régime bien particulier de brève impulsion de pression
infligé au système puits-formation, qui est l'une des caractéristiques essentielles
de la présente invention. Il faut noter que s'il était possible pratiquement de soumettre
le système formation-puits à une variation de débit de très courte durée, de quelques
secondes par exemple, la détermination des caractéristiques de la formation ne s'effectuerait
qu'en utilisant les courbes-types dérivée
s P' . D
[0015] Dans un mode de mise en oeuvre préféré du procédé ainsi défini, les courbes-types
du double réseau sont tracées en coordonnées logarithmiques en fonction de t
D/C
D, t
D représentant le temps sans dimension et C
D le coefficient sans dimension de l'effet de compression ou de décompression du fluide
dans le puits, avec pour paramètre la quantité C
De
2S, S étant un coefficient d'effet pariétal, tandis que ce double réseau comprend:
- un réseau de courbes représentant l'évolution de la pression sans dimension PDt
- et un réseau de courbes représentant l'évolution du produit par tD/CD de la dérivée
P'D de la pression PD par rapport à tD/CD,
et que la courbe de pression expérimentale est également tracée en coordonnées loqarithmiques,
après avoir subi le traitement suivant:
- les valeurs de pression de la branche correspondant à la période brève sont multipliées
par la durée tp de cette période,
- et les valeurs de pression de la branche correspondant à la période subséquente
sont multipliées par le temps A t écoulé depuis le début de la période brève,
[0016] l'amplitude des décalages verticaux et horizontaux nécessaires à la mise en coincidence
ainsi que la valeur déterminée pour le paramètre permettant de calculer ensuite les
caractéristiques du système puits-formation, compte tenu pour un puits initialement
au repos, de la valeur mesurée de la quantité totale de fluide produite ou injectée
durant la période brève ou compte tenu, pour un puits produisant - ou recevant - un
fluide et dont la production - ou l'injection - est arrêtée pendant un bref instant,
de la quantité du fluide qui aurait été produite ou injectée si cet arrêt de production
ou d'injection n'avait pas eu lieu.
[0017] Avantageusement, on effectue d'abord une translation verticale de la courbe expérimentale
pour mettre en coïncidence avec une courbe-type P'
D (t
D/C
D) sa seconde branche correspondant à la période subséquente, puis une translation
horizontale pour mettre sa première branche en coincidence avec la courbe P
D correspondante.
[0018] Le procédé selon la présente invention offre de nouveaux moyens d'essai des puits
d'hydrocarbures. Son application est générale. Le procédé peut par exemple être utilisé
pour tester des puits d'hydrocarbures en production, pendant des temps courts par'
rapport aux méthodes connues. La production du puits n'est interrompue que pendant
un court instant, de l'ordre de quelques minutes, alors que dans les méthodes classiques
le temps de fermeture du puits varie en moyenne de 10 heures à quelques jours. Il
en résulte qu'en appliquant la présente invention, la perte financière due à l'interruption
de production est négligeable. Le procédé est aussi particulièrement adapté à l'essai
de nouveaux puits lorsque la durée d'expérimentation doit être courte (de 1 à 20 heures),
ou lorsqu'un écoulement en surface n'est pas possible ou doit être évité. Ce procédé
permet d'obtenir rapidement les mêmes renseignements que ceux obtenus par les essais
classiques. Il peut être utilisé pour effectuer des essais rapides de couches superposées
d'une formation souterraine et obtenir ainsi le profil vertical de la perméabilité
de la formation.
[0019] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention ressortiront plus clairement
de la description qui va suivre, en regard des dessins annexés, d'exemples de mise
en oeuvre non limitatifs.
[0020]
- La figure 1 représente un réseau de courbes-types connu servant de modèle théorique.
- La figure 2 représente une courbe expérimentale de pression relevée sur un système
puits-formation souterraine conformément au procédé selon l'invention, le puits étant
préalablement au repos.
- La figure 3 représente une courbe expérimentale de pression relevée sur un système
puits-formation souterraine conformément au procédé selon l'invention, le puits produisant
préalablement un fluide.
- Les figures 4 et 5 illustrent la mise en oeuvre d'une partie du procédé selon l'invention,
respectivement dans le cas d'une formation homogène et d'une formation hétérogène.
[0021] Selon le procédé de l'invention, on soumet la formation souterraine à une impulsion
de débit et on enregistre les variations de pression résultantes. Cette impulsion
de débit peut être créée soit en mettant en production, ou en injection, un puits
préalablement au repos, soit en interrompant la production d'un puits ou l'injection
dans un puits. L'impulsion du débit doit être suffisamment brève de façon à se rapprocher
idéalement d'une impulsion de Dirac. Cependant on conçoit, qu'en pratique, cette impulsion
de débit doit avoir une amplitude suffisante de façon que les variations de pression
résultantes soient mesurables à l'aide de sondes de pression couramment utilisées
dans l'industrie pétrolière.
[0022] Ce procédé met avantageusement à profit le fait que ce type de perturbation (impulsion
de débit) engendre des variations de pression qui se comparent directement avec les
courbes-types P'
D déjà mentionnées, sans avoir à effectuer la dérivée des données expérimentales.
[0023] L'analyse des données expérimentales obtenues par le procédé de l'invention fait
appel à des réseaux connus de courbes-types,par exemple tels que celui de la figure
1 (cf la figure 7 de l'article cité de la revue World oil) ou la figure 5 de la demande
de brevet français n °83 / 07 075). Ce réseau est double. Il comprend un premier réseau
de courbes (tracé en tirets), représentant les variations de la pression sans dimension
P du fluide en fonction du rapport t
D/C
D où t
D est le temps sans dimension et C
D est un coefficient sans dimension relatif à l'effet de compression ou de décompression
du fluide dans le puits. Le second réseau de courbes (tracé en traits continus) représente
le produit par t
D/C
D de la dérivée P'
D de la pression P par rapport à t
D/C
D. Les courbes de ces deux réseaux dépendent d'un paramètre commun C
De
2S combinant deux caractéristiques physiques du système puits-réservoir,savoir C
D, défini plus haut, et S, qui est un coefficient relatif à l'effet pariétal dans le
puits. Ils sont tracés en coordonnées logarithmiques, la quantité sans dimension t
D/C
D étant portée en abscisses.
[0024] La valeur de la pression sans dimension P
D est donnée par l'équation suivante, en employant le système d'unités utilisé couramment
dans l'industrie pétrolière et appelé "Oil field units" page 185 du livre intitulé
"Advances in Well Test Analysis" publié par "Society of Petroleum Engineers of AIME"-1977
: P
D = (kh/141,2qB) ΔP (1) dans laquelle :
k représente la perméabilité de la formation souterraine,
h est l'épaisseur de la formation,
Δ P est la variation de pression mesurée,
q est le débit du fluide en surface,
B est le coefficient de dilatation du fluide entre le réservoir et la surface (appelé
en anglais "formation volume factor"), et
est la viscosité du fluide.
[0025] La valeur du rapport t
D/C
D, dans le même système d'unités que pour les équations précédentes, est donnée par
: t
D/C
D = 0,000295 (kh/µ) ( Δt/
C) dans laquelle C est l'effet de compression ou de décompression du fluide dans le
puits.
[0026] Le réseau de la figure 1 caractérise le comportement d'un modèle de réservoir homogène
et d'un puits présentant l'effet pariétal et l'effet de compression ou de décompression
du fluide.
[0027] Les courbes P'
D. (t
D/C
D), qui sont utilisées ici, ont un relief plus accentué que celui de s courbes P ,
ce qui favorise la précision des résultats obtenus.
[0028] Selon un mode de réalisation du procédé, on réalise une injection de fluide ou une
mise en production du puits en essai pendant un temps t aussi court que possible.
[0029] Cependant, ce temps doit être d'une part suffisamment court pour que le principe
d'essais basé sur l'impulsion de Dirac soit applicable et d'autre part, assez long
pour que la quantité de fluide injectée ou produite soit suffisante pour produire
une variation de pression mesurable. En général, ce temps est de l'ordre de quelques
minutes et dépasse rarement 10 minutes. On mesure la pression du fluide au fond du
puits pendant cette mise en production, puis après l'arrêt de l'écoulement du puits.
On trace une courbe (figure 2) représentant les valeurs de la pression P mesurée en
fonction du temps Δt. Dans le présent exemple, la pression P croit de 207 bars, valeur
initiale, à 235 bars, valeur maximale, pendant la durée t
p = 0,16h, soit 1 min, puis elle décroît rapidement vers sa valeur initiale Po. Les
variations de pression à P sont calculées par rapport à la valeur initiale Po.
[0030] Selon un autre mode de réalisation, on interrompt l'injection de fluide dans la formation
ou la production de fluide par la formation pendant un temps court qui permet de se
rapprocher de l'impulsion de Dirac. C'est ce dernier cas qui est illustré sur la figure
3 qui correspond à un puits qui est en production depuis des centaines d'heures. Après
500 heures, on ferme le puits pendant un temps t
p, environ 3 minutes, et on l'ouvre à nouveau. Pendant la fermeture du puits, la pression
monte brutalement de M vers N. A la réouverture du puits, la pression P décroît depuis
N jusqu'à une valeur qui tend vers la pression P
0 qu'aurait eu le puits s'il n'avait pas été fermé. Cette pression P
0 peut aisément être obtenue par extrapolation de la pression P avant l'instant de
fermeture du puits. Les variations ΔP à prendre en compte sont obtenues en effectuant
la différence entre les pressions P et P
0 à différents intervalles de temps Δt. Les intervalles de temps se comptent à partir
de l'instant t
0 de fermeture du puits.
[0031] On trace alors (figure 4) une courbe expérimentale (référencée ΔP et montrée par
des points-cercles) représentant les variations de pression ΔP en fonction des intervalles
de temps At, en échelle logarithmique. Ceci est valable pour les deux modes de réalisation
exposés précédemment (figures 2 et 3).
[0032] A ce stade, on peut observer qu'il est possible de faire coïncider une courbe du
réseau P avec la partie de la courbe ΔP procédant l'instant t
p, et une courbe du réseau P'
D avec la partie de la courbe △P située au-delà de l'instant t .
P
[0033] Toutefois, afin de pouvoir utiliser le double réseau de courbes-types de la figure
1, on fait subir à la courbe ΔP la transformation suivante:
- dans sa partie précédant l'instant tP, on multiplie les valeurs de à P par la valeur de tP, ce qui revient à un décalage vertical d'amplitude log. tp.
- dans sa partie postérieure à l'instant t , on multiplie les valeurs de AP par Δt,
c'est-à-dire que l'ordonnée de chaque point est multipliée par son abscisse.
[0034] On obtient ainsi une nouvelle courbe ΔP.t
p; ΔP. At formée de deux branches qui se raccordent au point correspondant à l'instant
t
p. On cherche alors à faire coïncider la branche de gauche de cette courbe avec une
courbe P
D du réseau de la figure 1, et sa branche de droite avec la courbe P'
D. (t
D/C
D) correspondant à la courbe P
D susdite (même paramètre C
De
2S).
[0035] A cette fin, on commence par superposer la partie droite, qui est rectiligne, de
la courbe expérimentale tracée sur la figure 4 à l'aide de points, à la partie rectiligne
des courbes-types à droite du graphe. Ceci est facile à réaliser puisque cette partie
des courbes est une droite de pente nulle. On décale ensuite la courbe expérimentale
le long de l'axe des temps de façon à faire correspondre sa partie gauche avec la
courbe-type P
D correspondante. Dans le présent exemple, la coincidence est obtenue avec les courbes-types
de paramètre C
De
2S = 10. Le décalage des axes de coordonnées de la courbe expérimentale avec les axes
des courbes-types permet de déterminer les valeurs du produit kh et la valeur de l'effet
de décompression du fluide dans le puits, ainsi qu'il est expliqué aux pages 16 et
17 de la demande de brevet français citée plus haut.
[0036] Il est à noter que le décalage vertical constaté après ladite mise en coïncidence
se cumule avec le décalage t
p effectué préalablement. Il s'ensuit que, dans la formule (1), le débit q se trouve
multiplié par le temps de production tp, de sorte que c'est ici la quantité totale
de fluide émis par le puits qui est prise en compte et doit être mesurée.
[0037] Il ressort de la figure 4 que l'essai effectué sur le puits peut prendre fin deux
heures (environ) seulement après son début, ce qui montre que le nouveau procédé permet
d'effectuer des expérimentations rapides, tout en procurant les mêmes renseignements
sur la formation souterraine que les procédés antérieurs.
[0038] La représentation des courbes-types, avec en ordonnée
PD et P'
D. t
D/C
D et en abscisse t
D/C
D, est utilisable non seulement pour les formations souterraines homogènes, mais également
pour les formations non homogènes présentant par exemple une double porosité. La figure
5 montre un exemple d'application à une formation ayant une double porosité. Dans
ce cas, le fluide produit par la formation est contenu dans la matrice, c'est-à-dire
dans la roche composant la formation, et dans les interstices ou fissures contenues
dans la matrice. On a donc un système dans lequel le fluide contenu dans la matrice
s'écoule d'abord dans les fissures avant de passer dans le puits. Le fluide, qui s'évacue
relativement rapidement des fissures, est réapprovisionné relativement lentement par
la matrice. Du fait de l'évolution plus tourmentée qui en résulte pour la courbe de
pression expérimentale dans sa partie droite, la coïncidence s'effectue de façon précise
et sans ambiguité et permet une distinction nette des comportements homogène et hétérogène.
[0039] Dans le cas de formations à comportement hétérogène, on utilise les courbes-types
correspondantes. Par exemple, dans le cas d'un comportement à double porosité on utilise
les courbes-types décrites dans la revue "World Oil", octobre 1983, intitulé "Interpreting
well tests in fractured reservoirs" par D. Bourdet et al.
[0040] Lorsque les données expérimentales obtenues avant le temps t ne sont pas exploitables
parce qu'aucune des courbes-types P
D ne leur correspond (partie gauche de la figure 4), on peut cependant effectuer l'interprétation
des essais en superposant les parties rectilignes des courbes expérimentales et théoriques
(partie droite de la figure 4) ce qui permet de sélectionner une courbe théorique
P'
D déplaçant horizontalement la courbe expérimentale jusqu'à ce que la valeur expérimentale
au temps t
p coincide avec un point de la courbe P correspondant à la courbe P'
D- sélectionnée. On considère dans ce cas que la branche de la partie expérimentale
gauche de la figure 4 se réduit à un point (correspondant au temps t
p).
[0041] La partie du procédé de l'invention qui consiste à déterminer les caractéristiques
de la formation souterraine à partir des données expérimentales peut bien entendu
être effectuée à l'aide d'un ordinateur, qui aurait en mémoire les courbes-types.
Les données expérimentales seraient fournies à l'ordinateur, lequel les transformerait
de la façon indiquée plus haut (multiplication par t
p ou par At) et effectuerait automatiquement la détermination des caractéristiques
recherchées. Il est à noter qu'à ce jour des programmes d'ordinateur sont disponibles
commercialement, pour effectuer la comparaison de courbes entre elles ("type-curves
matching").
1. Procédé d'essai de puits pour déterminer des caractéristiques physiques d'un système
constitué par un puits et une formation souterraine contenant un fluide tel qu'un
hydrocarbure et communiquant avec ledit puits, cette formation, homogène ou hétérogène,
présentant de l'effet pariétal et/ou le fluide se comprimant ou se décomprimant dans
le puits, ce procédé, selon lequel on provoque un changement de débit dudit fluide
et on mesure une grandeur caractéristique de la pression P du fluide à des intervalles
de temps successifs Δt, étant caractérisé par le fait qu'on effectue ledit changement
de débit en une période brève de façon à obtenir une impulsion de débit se rapprochant
d'une impulsion de Dirac, l'amplitude de ladite impulsion de débit étant suffisamment
importante pour permettre de mesurer ladite grandeur caractéristique de la pression
P du fluide auxdits intervalles de temps successifs ΔE.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé par le fait que ladite période brève
est en général de l'ordre de quelques minutes.
3. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 ou 2, caractérisé par le fait
qu'en outre, on mesure les variations de la pression P du fluide durant ladite période
brève, puis durant la période subséquente de retour vers l'état initial du système
puits-formation, et que l'on compare la courbe de pression expérimentale ainsi obtenue
aux courbes d'un double réseau de courbes-types représentant, en fonction d'un paramètre
commun, la pression P et sa dérivée P' par rapport au temps, par mise en coincidence
de la branche de la courbe expérimentale correspondant à la période brève avec une
courbe P et de la branche de cette courbe correspondant à la période subséquente avec
la courbe P' de même paramètre.
4. Procédé selon la revendication 3, caractérisé par le fait que les courbes-types
du double réseau sont tracées en coordonnées logarithmiques en fonction de t
D/C
D, t
D représentant le temps sans dimension et C
D le coefficient sans dimension de l'effet de compression ou de décompression du fluide
. dans le puits, avec pour paramètre la quantité C
De
2S, étant un coefficient d'effet pariétal, et que ce double réseau comprend :
- un réseau de courbes représentant l'évolution de la pression sans dimension PD' ,
- et un réseau de courbes représentant l'évolution du produit par tD/CD de la dérivée P'D de la pression PD par rapport à tD/CD,
tandis que la courbe de pression expérimentale est également tracée en coordonnées
logarithmiques, après avoir subi le traitement suivant :
- les valeurs de variations de pression ΔP de la branche correspondant à la période
brève sont multipliées par la durée tp de cette période,
- et les valeurs de variations de pression ΔP de la branche correspondant à la période
subséquente sont multipliées par le temps Δt écoulé depuis le début de la période
brève,
l'amplitude des décalages verticaux et horizontaux nécessaires à la mise en coincidence
ainsi que la valeur déterminée pour le paramètre permettant de déterminer ensuite
les caractéristiques du système puits-formation, compte tenu de la valeur mesurée
de la quantité totale de fluide produite ou injectée durant la période brève.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé par le fait que l'on effectue une
translation verticale de la courbe expérimentale pour mettre en coïncidence avec une
courbe-type P'D (tD/CD) sa seconde branche correspondant à la période subséquente, et une translation horizontale
pour mettre sa première branche en coïncidence avec la courbe PD correspondante.