[0001] L'invention concerne une association synergique contraceptive, faite d'un benzamide
hyperprolactinémiant, tel que le SULPIRIDE, ou N (1- éthyl-2-pyrrolidinyl) méthyll
2-méthoxy 5-sulfamoylbenzamide, et d'un progestatif de synthèse.
[0002] Le Sulpiride est essentiellement connu pour ses propriétés psychotropes. L'on a observé
qu'à des doses usuelles en psychiatrie (100 à 1000 mg par jour), un effet contraceptif
apparaissait. Toutefois, son usage à des fins de contrôle de la fertilité n'a pas
été répandu en raison de la posologie relativement élevée nécessaire à une protection
satisfaisante et des résultats d'essais cliniques concluant à une période de carence
d'environ deux mois avant d'obtenir une contraception parfaite (D. BUVAT et al, Rev.
Fr. Gynecol. Obstet. 71 (1) 53-61).
[0003] L'utilisation de psychotropes à des fins contraceptives n'a été à ce jour, préconisée
que sous la forme d'application locales. Citons par exemple les demandes internationales
de brevet de CORMIER (publications PCT 81/03421 et 83/00086) qui décrivent des préparations
à usage intra- vaginal ou intra-uterin, comprenant un dérivé psychotrope, du type
phénothiazine ou benzodiazépine par exemple, associé à une mousse, gelée ou autre
véhicule pharmaceutique usuel à usage externe.
[0004] Le principe consiste à remplacer le composé spermicide usuel (ou à le compléter)
par un psychotrope susceptible de pénétrer la membrane du spermatozoide, et à empêcher
ainsi son action de fécondation, en inhibant son activation par la calmoduline.
[0005] Il est connu d'utiliser des progestatifs de synthèse, à des fins contraceptives.
On distingue trois types d'usage de ceux-ci :
1) utilisation quotidienne à très faibles doses :
A faibles doses, ce procédé a pour effet de modifier la glaire cervicale et d'empêcher
ainsi l'accessibilité des spermatozoïdes. A ces doses, il perturbe également la sécretion
des gonadotrophines (FSH et LH) de façon variable suivant les sujets, entraînant les
inconvénients suivants :
- efficacité non totale, surtout en début d'utilisation
- saignements
- suppression de l'hémorragie de privation (pseudo cycles menstruels normalement obtenus
par un traitement intermittent), constituant un confort psychologique.
Citons le Norgestrel (à raison de 30 µg par jour) ou la Norethindrone (à raison de
300 ug par jour), comme exemples d'une telle utilisation.
2) utilisation pendant 21 jours par cycle, à des doses fortes :
L'effet contraceptif obtenu par l'administration de progestatifs selon ce procédé,
relève du blocage de la sécrétion des gonadotrophines, par exemple, par 2 mg (par
jour) de diacétate d'éthynodiol pendant 21 jours. Il entraîne les inconvénients suivants
:
- atrophie profonde et effets imprévisibles sur l'endomètre, conduisant à des métrorragies
persistantes ou une absence de menstruations entre chaque cure
- la tolérance clinique de la méthode est jugée très aléatoire et est mal acceptée
par une proportion élevée de patientes
3) utilisation sous forme "dépôt" Ce procédé consiste en une injection mensuelle d'acétate
de médroxyprogestérone (connu par exemple sous le nom de DEPO-PROVERA R ), qui présente les inconvénients suivants, non réversibles tant que l'effet de l'injection
se poursuit :
- disparition du cycle menstruel
- saignements irréguliers ou prolongés
- incertitude du moment de retour de la fertilité, après cessation du traitement.
[0006] Il est également bien connu, que nombre de préparations contraceptives associent
un progestatif et un oestrogène (généralement l'éthinyl- oestradiol). Cependant, la
partie oestrogénique de ces associations, est tenue pour responsable de certaines
perturbations des métabolismes, et peut causer des accidents thrombo-emboliques. En
conséquence on ne peut donc avoir recours dans tous les cas, à ce type de contraception,
la fraction oestrogénique étant fortement contre-indiquée chez certaines patientes.
[0007] Il est donc proposé selon la présente invention une association synergique assurant
dès le début une contraception efficace, à des doses faibles, ce qui permet de diminuer
considérablement les effets secondaires, comprenant :
- Un benzamide,
sélectionné en fonction de ses effets atténués sur le système nerveux central, et
en fonction de puissants effets périphériques, notamment endocriniens ; ces benzamides
choisis parmi ceux qui ne sont pas cataleptigènes présentent la caractéristique d'être
très
actifs à faibles doses, sur le blocage de l'oestrus ce qui traduit un impact important
sur l'axe hypothalamo- hypophysaire.
Citons par exemple le Sulpiride (1) qui à la dose de 1 mg/kg détermine un accroissement
supérieur à 200 % du nombre de jours de l'oestrus chez la ratte.
D'autres benzamides sont illustrés dans le tableau I :
(2) le N-(l-allyl 2-pyrrolidylméthyl) 2,3-dimêthoxy 5-sulfamoyl benzamide
(3) le N-(1-éthyl 2-pyrrolidylméthyl) 2-méthoxy 4-amino 5-éthylsulfonyl benzamide
(4) le N-(l-allyl 2-pyrrolidylméthyl) 2-méthoxy 4-amino 5-méthyl- sulfamoyl benzamide
(5) le N-(l-méthyl 2-pyrrolidylméthyl) 2-méthoxy 4-amino 5-éthylsulfonyl benzamide
- Un progestatif,
choisi de préférence parmi le Norgestrel, le diacétate d'Ethynodiol, la Médroxyprogestérone,
la Norethindrone.
Chez les mères allaitantes, la lactation détermine une période d'infertilité d'abord
très marquée, due à la complète inactivité ovarienne, dans la phase initiale du post-partum.
Puis comme conséquence d'une diminution du nombre de tétées (et donc de stimulus du
à la succion), une période d'infertilité relative, avec reprise d'une activité ovarienne,
mais avec une phase lutéale anormale. Le mécanisme de cette infertilité fait encore
l'objet d'investigations, mais on invoque l'élévation de la prolactine, consécutive
à la têtée, comme cause possible.
[0008] La prolactine pourrait agir, sur l'hypothalamus en supprimant la rétroaction positive
des oestrogènes responsables de l'ovulation, et en promouvant la rétroaction négative
des stéroïdes gonadiques sur la sécrétion des gonadotrophines. D'autre part, la prolactine
pourrait agir au niveau ovarien, en inhibant l'action des gonadotrophines sur la croissance
folliculaire, les phases lutéales consécutives étant anormales du fait d'un mauvais
développement folliculaire (Mc Neilly et al. J. Reprod. Fert. (1982) 65 - 559-569).
[0009] L'hypofertilité provoquée par certains benzamides, relève sans doute en partie de
leur effet hyperprolactinémiant. Cependant, il se peut que leur effet de blocage de
l'oestrus ne dépende pas seulement du taux de prolactine dans le serum, mais aussi
de l'inhibition de la sécrétion LH-RH. Un tel mécanisme est évoqué par Hermand et
Coll. ("L'Encéphale" 1975 - I - 375-382).
[0010] Compte tenu de ces observations et de l'effet inhibiteur connu des progestatifs sur
la sécrétion des gonadotrophines, l'idée d'y associer un benzamide hyperprolactinémiant
à faible dose est née.
[0011] Les résultats cliniques ont montré qu'il se produisait alors un effet de synergie,
permettant d'utiliser des doses moindres de chacun des composants. La posologie quotidienne
de 5 à 25 mg de Sulpiride (en moyenne 10 mg) associée à 5 à 250 µg de Norethisterone
prise comme exemple de progestatif, c'est-à-dire au maximum la moitié des doses usuelles,
offre une contraception complète, avec une marge de sécurité accrue. L'intérêt d'une
telle association est de proposer une "pilule starter", utilisable pendant un à trois
mois en début de contraception, permettant de prévenir les inconvénients des contraceptifs
précédemment décrits (en particulier assurant une immédiate sécurité et évitant les
saignements fréquents), une contraception classique purement progestative prenant
la suite, lorsque l'ovulation est bloquée de façon certaine.
[0012] Un autre intérêt présenté par l'invention réside dans la possibilité de l'utiliser
parmi les populations allaitant pendant de longues durées, comme c'est le cas dans
les pays en développement. En effet, la contraception oestro-progestative généralement
prescrite aux mères allaitantes dans ces pays, tarit peu à peu la lactation. Cette
inhibition de la lactation, combinée à une mauvaise utilisation fréquente de la contraception
oestro-progestative peut causer une restauration prématurée de la fertilité et paradoxalement
accroître le nombre des naissances.
[0013] Dans ce contexte, une association permettant à la fois une contraception sûre, et
un maintien de la lactation, serait à considérer, d'autant que l'espacement des naissances
et l'allaitement naturel sont des facteurs de lutte contre la mortalité infantile
dans ces pays en développement.
[0014] Un troisième développement de l'invention présente un intérêt. En effet l'adjonction
d'une très petite quantité d'oestrogène à l'association selon l'invention, permet
d'obtenir une "pilule physiologique", c'est-à-dire d'établir un cycle mimant le cycle
menstruel normal, avec quelques jours de saignement régulier lors de l'arrêt du traitement
après trois semaines de prise. Outre une protection contraceptive complète, avec des
doses très diminuées des substances en jeu (au maximum 15 pg d'éthinyl-oestradiol
tandis que le contraceptif commercialisé le plus faiblement dosé en contient 30 ug),
on obtient un confort psychologique du à des "menstruations" normales garantissant
une prise régulière.
[0015] Alternativement, on peut utiliser un progestatif de synthèse tel que le Lynestrol
ayant une action oestrogénique intrinsèque éliminant ainsi la nécessité d'un oestrogène.
[0016] Afin d'illustrer l'invention, de façon non limitative, les exemples suivants sont
proposés :
Exemple 1 : utilisation d'un progestatif Dans une gélule, ou un comprimé inerte dont
la fabrication est connue en soi, on introduit :

Exemple 2 : utilisation d'un progestatif à activité oestrogénique

Exemple 3 : utilisation d'un progestatif et d'un oestrogène

Toutes les formes galéniques usuelles, telles que par exemple comprimés, gélules,
susceptibles de contenir les éléments de l'invention peuvent être utilisées pour son
application.
[0017] La durée d'utilisation dépendra de l'appréciation du médecin, mais en général, un
maximum de trois mois est recommandé, lorsqu'il s'agit d'utiliser l'invention comme
précurseur de contraception progestative pure, classique, qu'elle soit sous forme
d'absorption quotidienne (gélules, comprimés) ou sous forme d'administration "longue
durée" (injection mensuelle par exemple).

1 - Une nouvelle association contraceptive à effet synergique, comprenant un benzamide
hyperprolactinémiant et un progestatif, faiblement dosés, éventuellement associés
à un oestrogène.
2 - Selon la revendication 1, une association contraceptive dans laquelle le benzamide
est le Sulpiride
3 - Selon la revendication 2, une association contraceptive comprenant 5 à 25 mg de
Sulpiride par unité galénique
4 - Selon les revendications 1 à 3 une association contraceptive contenant 5 à 250
ug de Norethisterone
5 - Selon les revendications 1 à 4, une association contraceptive dans laquelle l'oestrogène
est l'éthinyl-oestradiol
6 - Selon les revendications 1 à 5, une association contraceptive contenant un oestrogène
dosé à moins de 30 µg par unité galénique
7 - Selon les revendications 1 à 4, une association contraceptive dans laquelle le
progestatif est le Lynestrol
8 - A titre de médicament nouveau, une association contraceptive selon les revendications
1 à 7, utilisable comme précurseur temporaire de contraception progestative pure classique
9 - A titre de médicament nouveau, une association contraceptive selon les revendications
1 à 7, utilisable pendant la lactation sans nuire à son maintien.