[0001] La présente invention est relative à un dispositif de stabilisation d'une garniture
de forage, constitué d'un cylindre en acier présentant latéralement des saillies hélicoïdales
munies d'un revêtement offrant une bonne résistance à l'érosion et à l'abrasion.
[0002] Les dispositifs de stabilisation sont principalement destinés à contrôler la direction
et la qualité du forage dans les puits profonds verticaux ou directionnels.
[0003] Comme il est connu par le brevet américain N° 4 245 709 un manchon stabilisateur
mis en oeuvre habituellement pour le forage directionnel à turbine ou rotary, est
constitué d'une enveloppe cylindrique en acier fixée à l'extrémité d'un train de tiges,
au voisinage d'un trépan à pointe diamantée ou d'une couronne, dans l'alignement de
celui-ci, par l'intermédiaire d'un embout cylindrique de longueur déterminée, muni
d'un filet de fixation normalisé.
[0004] Des saillies hélicoïdales prévues sur la paroi latérale extérieure de l'enveloppe
susdite déterminent un cylindre de diamètre sensiblement égal au diamètre du trou
foré. Le diamètre de l'enveloppe est en général inférieur de quelques dizaines de
millimètres, au diamètre du cylindre déterminé par les saillies hélicoïdales.
[0005] Les saillies hélicoidales sont recouvertes d'un revêtement, présentant une excellente
résistance à l'érosion et à l'abrasion.
[0006] Les évidements ménagés entre les saillies permettent la remontée des déchets de roche
entraînés par le fluide de forage.
[0007] Le manchon stabilisateur permet de répartir le long d'me plus grande surface ce contact,
les efforts ce l'outil de forage diamanté sur la paroi latérale du puits foré, diminuant
ainsi la capacité de destruction latérale de la roche par l'outil sous l'effet de
son propre poids et limitant l'effet pendulaire de l'ensemble de la garniture du forage
ainsi que le spiralage en forage à la turbine.
[0008] Le spiralage est une déformation du trou en tire- bouchon. Il a pour effet d'augmenter
le risque de coinçage de la garniture de forage dans le trou.
[0009] L'effet pendulaire quant à lui a pour effet de rapprocher de la verticale le profil
du puits. Or, ce but n'est pas recherché en forage dévié. L'utilisation d'un manchon
stabilisateur permet de réaliser une stabilisation adéquate de l'ensemble de la garniture
de forage. On parvient ainsi à maintenir ou même à augmenter l'inclinaison des puits
déviés.
[0010] On a constaté que les manchons stabilisateurs mis en oeuvre dans les forages profonds
déviés pour les raisons évoquées ci-dessus, exercent une influence importante sur
la déviation azimutale de la garniture de forage.
[0011] Des nombreuses données collectées sur divers chantiers, on peut caractériser de façon
générale le comportement de la garniture de forage. On constate que :
- dans le cas du forage rotary, une déviation azimutale orientée vers la droite, lorsqu'on
prend la direction instantanée de forage comme référence,
- dans le cas du forage à la turbine, une déviation azimutale vers la gauche, lorsqu'on
prend la direction instantanée de forage comme référence.
[0012] De nombreux tests ont démontré que l'intensité de déviation azimutale à gauche en
forage à turbine est fortement influencée par la longueur du manchon stabilisateur.
L'intensité de déviation est définie comme étant l'accroissement de la déviation par
rapport à une direction initiale de forage par unité de longueur forée.
[0013] On observe en moyenne dans des puits inclinés à 45° environ, une intensité de déviation
de 0,5 à 1,80 degrés par cent pieds pour des longueurs de dispositifs de stabilisation
comprises entre 9 et 18 pouces (22.86 à 45.72 cm).
[0014] La présente invention vise à réduire l'amplitude des déviations non souhaitées et
propose un dispositif ce stabilisation, comportant par rapport aux dispositifs classiques,
des modifications qui permettront de conserver avec la roche, une longueur et donc
une surface de contact suffisante que pour limiter l'agressivité latérale de l'outil
de forage et à la fois de maitriser l'angle de déviation azimutale vers la gauche
de la garniture en forage à la turbine.
[0015] Elle est relative à un dispositif de stabilisation d'une garniture de forage, constitué
d'un corps cylindrique en acier présentant latéralement des saillies hélicoïdales
munies d'un revêtement offrant une bonne résistance à l'érosion et à l'abrasion, essentiellement
caractérisé en ce qu'il comprend au moins une gorge sensiblement circonférentielle
ménagée dans les saillies susdites, de manière à relier entre eux les évidements compris
entre celles-ci; suivant une particularité de l'invention, les gorges susdites sont
ménagées sur une partie de la hauteur des saillies.
[0016] Les gorges sont avantageusement ménagées, de préférence par fraisage, à intervalles
réguliers le long des saillies hélicoïdales.
[0017] Dans une forme de réalisation particulière, une seule gorge présente une allure hélicoïdale
à pas court.
[0018] Une forme de réalisation différente comprend au moins deux portions de manchons de
même diamètre disposées dans le même alignement derrière l'outil de forage.
[0019] D'autres particularités et détails de l'invention apparaîtront au cours de le description
détaillée suivante d'une forme de réalisation particulière de l'invention donnée à
titre d'exemple non limitatif en faisant référence aux dessins ci-annexés.
[0020] Dans ces dessins :
- la figure 1 est une vue en élévation latérale d'un trépan de forage à pointes diamantées
muni d'une première forme de réalisation d'un dispositif de stabilisation suivant
l'invention ;
- la figure 2 est une vue en perspective de la jupe de stabilisation illustrée à la
figure 1 ;
- la figure 3, est une vue semblable à la figure 1, d'une deuxième forme de réalisation
d'un dispositif de stabilisation ;
- la figure 4 montre une coupe transversale perpendiculaire à l'axe de forage d'un
palier radial en fonctionnement hydrodynamique ;
- la figure 5 montre une coupe transversale, perpendiculaire à l'axe de forage, d'un
palier radial en fonctionnement par contact direct ;
-la figure 6 est un diagramme illustrant une première relation existant entre l'intensité
de la déviation à gauche d'un puits de forage à la turbine en fonction de la longueur
du dispositif de stabilisation;
- la figure 7 est un diagramme illustrant une seconde relation existant entre la charge
statique correspondant à un comportement hydrodynamique équivalent, en fonction de
12 longueur du dispositif de stabilisation; et
- la figure ε montre la corrélation existant entre l'intensité de le déviation a gauche
d'un puits de forage à la turbine et la charge statique correspondant à un comportement
hydrodynamique équivalent.
[0021] Dans les dessins susdits, les mêmes notations de référence désignent des éléments
identiques ou analogues.
[0022] Comme illustré à la figure 1, un outil de forage désigné dans son ensemble par la
notation de référence 1, mis habituellement en oeuvre pour le forage directionnel
profond à turbine ou rotary, est constitué d'une tête de forage 2 proprement dite
réalisée, soit en matériau composite mis en forme par des techniques de métallurgie
des poudres, soit en acier ou métal moulé. La tête 2 est un trépan ou une couronne
de sondage munie sur toute sa surface en contact avec le fond du puits, d'éléments
de coupe 3 placés de manière à rendre efficaces, à la fois la destruction de la roche
et l'évacuation des copeaux.
[0023] Cette tête de forage 2 est fixée à l'extrémité d'un train de tiges, non montré, par
l'intermédiaire d'un embout tronconique 4 de longueur variable compris entre 15 et
100 cm et présentent un filet de fixation 5 répondant aux normes en vigueur.
[0024] Un dispositif de stabilisation, constitué d'un corps cylindrique 6 en acier, présentant
latéralement des saillies hélicoïdales 7 munies d'un revêtement 8 présentant une résistance
suffisante à l'érosion et à l'abrasion et désigné dans son ensemble par la notation
de référence 9, est monté en alignement avec la tête de forage 2, derrière celle-ci,
sur l'embout cylindrique 4.
[0025] Le revêtement 8 des saillies hélicoldales 7 peut être constitué d'un métal dur ou
d'un matériau composite, éventuellement diamanté.
[0026] Ces outils connus présentent, comme expliqué ci-dessus, une tendance à dévier vers
la gauche ou vers la droite suivant qu'il s'agit d'un forage à turbine ou d'un forage
rotary.
[0027] Les phénomènes de déviation des outils de forage dans des puits déviés profonds trouvent
une explication lorsqu'on leur applique la théorie de Sommerfeld des paliers à fonctionnement
hydrodynamique.
[0028] Il est en effet permis d'assimiler un dispositif de stabilisation 9 mis en rotation
dans m puits profond dévié à un palier lisse conventionnel 10 constitué d'un arbre
11 tournant à l'intérieur d'un coussinet 12 (figures 4 et 5).
[0029] Suivant la théorie de Sommerfeld, les paliers lisses 10 peuvent fonctionner de deux
manières distinctes, sous les conditions suivantes :
1. lubrification hydrodynamique, ou
2. contact direct.
[0030] En lubrification hydrodynamique, il s'établit en permanence Un film d'huile 13 entre
les deux surfaces en mouvement relatif, à savoir l'arbre 11 et le coussinet 12. Le
film d'huile sous pression est généré par le mouvement même de l'arbre 11 à condition
que la vitesse de rotation soit suffisante.
[0031] Dans le deuxième cas, les surfaces 10 et 11 en mouvement relatif sont en contact
direct. Ce cas se rencontre en mécanique au démarrage des paliers hydrodynamiques
et dans certains engins de génie civil, où les vitesses relatives sont faibles.
[0032] La théorie de Sommerfeld qui permet de prévoir le comportement de paliers lisses
soumis à une lubrification hydrodynamique est décrit dans la revue intitulée "Technique
de l'Ingénieur " , volume B, dans le chapitre 6,71 consacré aux Paliers Hydrodynamiques.
[0033] De la théorie de Sommerfeld, on peut déduire qu'un palier lisse est caractérisé géométriquement
par :
- son diamètre ;
- le rapport sans dimension de la longueur du palier sur son diamètre.
[0034] Le choix du mode de fonctionnement; à savoir la lubrification hydrodynamique ou le
eontact direct dépend de la vitesse de rotation du palier , de la viscosité dynamique
du fluide lubrifiant, de la lonrueur du palier, du diamètre du relier, de la charge
appliquée sur le rotor et du jeu radial relatif, par rapport au rayon, jeu radial
relatif compris entre 0,8. 10
-3 et 4.10
-3.
[0035] L'angle de calage est un des paramètres qui caractérisent la position moyenne du
rotor dans le stator. Il est indiqué par la notation de référence ø à la figure 4.
La théorie de Sommerfeld démontre également que l'angle de calage, le couple résistant,
la puissance dissipée et le débit axial de lubrifiant dépendent uniquement pour un
rapport longueur/diamètre donné, de l'excentricité relative ε, égale à e/c, c'est-à-dire
au rapport de l'ex- centricité absolue, exprimée en millimètres,sur jeu radial absolu
exprimé également en millimètres.
[0036] Dans le cas simple où le palier 10 est complètement lisse et la charge appliquée
rigoureusement constante, la limite du fonctionnement hydrodynamique est atteinte
lorsque la différence entre le jeu radial absolu c et l'excentricité absolue e est
égale à la somme des rugosité des surfaces usinées, il s'ensuit alors un contact direct
et une modification radicale du comportement du palier.
[0037] Dans le ces d'un dispositif de stabilisation 9 entraîné en rotation dans un puits
en cours de forage, le problème est évidement plus complexe :
- la paroi rocheuse est géométriquement irrégulière;
- le fluide "lubrifiant" est en réalité de la boue de forage chargée des débris de
roche ;
- l'arbre 11 constitué par le dispositif stabilisateur 9 n'est pas lisse mais comprend
des saillies 8 délimitant des évidements 14 pour le passage du fluide de forage et
des déblais.
[0038] Malgré ces imperfections, on peut imaginer d'extrapoler la théorie de Sommerfeld
au dispositif de stabilisation 9 en rotation dans un puits dévié.
[0039] Vu l'imperfection des conditions au fond de trou vis-à- vis du cas idéal du palier
lisse, on doit s'attendre à ce que pour un nombre de Sommerfeld S défini conventionnellement,
l'excentricité relative sera plus proche de 1 que pour un palier lisse de même longueur,
même diamètre et même vitesse de rotation.
[0040] Il existe donc des conditions de forage pour lesquelles on observe une transition
entre un comportement hydrodynamique et un comportement en contact direct.
[0041] Lorsqu'on met en oeuvre des outils équipés de manchons stabilisateurs entraînés en
rotation par une turbine atteignant des vitesses de rotation importantes de l'ordre
de 700 tours par minute environ, on peut supposer que le nombre de Sommerfeld minimum
est atteint. En raison des conditions particulières déjà évoquées plus haut, le fonctionnement
en lubrification hydrodynamique n'est cependant jamais entièrement établi. On s'en
rapproche de plus en plus au fur et à mesure que le nombre de Sommerfeld augmente,
c'est-à-dire, toutes autres conditions restant identiques, au fur et à mesure que
la longueur du manchon stabilisateur 9 augmente.
[0042] La figure 6 montre en effet, le relation observée pour un forage à la turbine incliné
à environ 45°C entre l'intensité de déviation à gauche et la longueur du dispositif
de stabilisation. On peut assimiler cette relation à une fonction du premier degré,
lorsque tous les autres paramètres restent identiques.
[0043] La figure 7 montre comment varie la charge statique Pst correspondant à un comportement
hydrodynamique équivalent, en fonction de la longueur du dispositif de stabilisation.
Lorsqu'on porte les points de mesure de l'intensité de déviation à gauche et de la
charge statique susdite correspondant à un comportement hydrodynamique équivalent
sur un diagramme montré à la figure 8, on s'aperçoit que lesdits points montrent une
tendance à l'alignement.
[0044] On observe donc une corrélation indéniable entre les variables susdits lorsqu'on
met en oeuvre des vitesses de rotation importantes.
[0045] Par contre, pour un forage rotary sans dispositif stabilisateur ou avec manchon relativement
court, à une vitesse de rotation comprise entre 100 et 200 tours par minute seulement,
le nombre de Sommerfeld et donc la charge admissible à excentricité relative donnée
est beaucoup plus faible; on peut dès lors admettre que les condition? de fonctionnement
hydrodynamique ne sont jamais remplies et la garde d'outil 1 seule ou la garde d'outil
1 prolongée par un dispositif stabilisateur 9 court fonctionne en contact direct.
[0046] Des arguments développés ci-dessus, on déduit que la variation de l'intensité de
déviation à gauche en forage à la turbine est liée à un comportement plus ou moins
hydrodynamique du système. Cette explication est confirmée par l'observation d'une
déviation à gauche à la turbine et à droite au rotary.
[0047] En effet, en examinant les figures 4 et 5, on remarque que la différence fondamentale
existant entre le fonctionnement hydrodynamique et celui à contact direct se trouve
dans la position moyenne du palier rotorique dans le logement statorique.
[0048] Supposons, comme indiqué aux figures 4 et 5 :
- une charge verticale agissant de haut en bas sur le palier rotorique,
- une rotation ω du palier rotorique dans le sens horlogique semblable à celle de
l'outil de forage vu de l'arrière.
[0049] On remarque que le point de contact ou le point d'éloignement minimum du palier rotorique
par rapport au palier statorique est situé :
- à gauche de la verticale passant par le centre du palier rotorique dans le ces du fonctionnement hydrodynamique ;
- à droite de la verticale passant par le centre du palier rotorique dans le cas du fonctionnement en contact direct.
[0050] Or, le trou foré à la turbine, pour lequel on a supposé un fonctionnement plus ou
moins hydrodynamique de la jupe, dévie précisément vers la gauche et le trou foré
en rotary, pour lequel on a montré que la jupe ou la garde de l'outil seule devait
avoir un comportement en contact direct, dévie précisément vers la droite.
[0051] L'invention consiste à apporter à un dispositif stabilisateur connu, un perfectionnement
en vue de maitriser les déviations.accidentelles sans toutefois modifier la longueur
totale du dispositif susdit 9, indispensable pour éviter le spiraling.
[0052] Ce perfectionnement consiste à ménager, perpendiculairement à l'axe longitudinal
du dispositif stabilisateur 9, au moins une gorge 15, sensiblement circonférencielle
ménagée dans les saillies 8 susdites, de manière à relier entre eux, les évidements
14 compris entre celles-ci.
[0053] Comme illustré eux figures 1 et 2, les gorges 15 peuvent être ménagées dans les saillies
susdites, par fraisage , sur une partie de leur hauteur. Ces gorges 15 ont pour effet
de mettre en communication une zone dans laquelle le lubrifiant est soumis à une pression
élevée, avec une zone dans laquelle le lubrifiant se trouve à une pression moins élevée.
Une telle gorge 15 réduit la capacité portante du palier et donc la déviation vers
la gauche due au fonctionnement hydrodynamique.
[0054] La figure 3 montre une deuxième forme de réalisation possible dans laquelle la gorge
15, de forme hélicoïdale est ménagée dans une direction différente de celle des saillies
hélicoïdales 8 susdites. On obtient ainsi un manchon doublement spiralé.
EXEMPLE 1
[0055] Pour donner un ordre de grandeur de l'influence de ces modifications, prenons un
exemple numérique : soit une jupe stabilisatrice dont on suppose que le comportement
est semblable à celui d'un palier lisse de même diamètre et même longueur. On considère
une jupe de référence dont le rapport L/D = 1, et dont la capacité portante est posée
égale à 1.
[0056] Une jupe de longueur double, présentant donc un rapport L/D = 2 aura une capacité
portante de 3,35 alors que si on pratique deux gorges perpendiculaires à l'axe de
l'outil découpant la surface portante en trois parties égales, la même jupe de longueur
double n'aura qu'une capacité portante de 1;05, c'est-à-dire presque identique à celle
de la jupe de référence.
[0057] Il est évident que l'invention n'est pas limitée aux formes de réalisation décrites
ci-dessus et que de nombreuses modifications peuvent être apportées auxdites formes
sans pour autant soustraire celles-ci de la portée des revendications suivantes.