[0001] La présente invention concerne un procédé de réalisation de résistances de valeurs
élevées, en couche mince, obtenues par pulvérisation. Ces résistances sont destinées
plus particulièrement à la fabrication de circuits intégrés, sur substrat tel que
le silicium ou les matériaux du groupe III-V comme le GaAs, ou à la fabrication de
circuits hybrides, notamment en hyperfréquence, sur des substrats tels que l'alumine
ou l'oxyde de béryllium. Le procédé de réalisation selon l'invention permet de déposer
sur ces substrats des résistances dont la valeur est élevée dans une grande gamme
de valeurs.
[0002] Les résistances en couche mince sont généralement obtenues par dépôt d'un métal ou
d'un mélange de métaux, sous vide, le ou les constituants déposés ayant en soi des
résistivités élevées : la résistivité de la couche mince obtenue est voisine de la
résistivité du métal ou du mélange de métaux, alliage ou eutectique, car il n'y a
pas de modification chimique du matériau de départ au cours du dépôt de la couche
mince. La gamme de résistivité est en conséquence limitée par les conditions physiques
du dépôt, et par l'épaisseur de la couche réalisée.
[0003] Selon l'invention une très large gamme de résistivité est obtenue, pour un même matériau,
en utilisant comme matériau de départ un siliciure métallique qui est plus ou moins
nitruré au cours de l'opération de dépôt de la couche mince, en présence d'un plasma,
une partie d'azote dans l'argon. Le dépôt obtenu contient un métal mélangé à un nitrure
de silicium de formule générale Si
aN
b, qui est un diélectrique, c'est-à-dire un isolant, dont la proportion dans le mélange
et la composition -les indices a et b- sont en relation directe avec la proportion
d'azote dans le plasma. Par conséquent, modifier un seul paramètre des conditions
de dépôt, c'est-à-dire la pression d'azote dans le plasma, permet de régler la résistivité
de la couche résistive déposée : l'alliage Si
aN
b dilue le métal.
[0004] De façon plus précise l'invention concerne un procédé de réalisation de résistances
en couche mince, déposées sur un substrat de circuit intégré ou de circuit hybride,
en appareil de pulvérisation, caractérisé en ce que le matériau de départ est un siliciure
métallique, et en ce qu'un plasma d'azote dans l'argon est introduit dans l'appareil
de pulvérisation, l'azote nitrurant le siliciure métallique pour donner un dépôt comportant
au moins un métal mélangé à un alliage de nitrure de silicium de formule générale
(Si
aN
b)M.
[0005] L'invention sera mieux comprise par la description plus détaillée qui en suit, appuyée
par une comparaison avec le rappel d'un procédé connu de réalisation de résistances
en couche mince.
[0006] Les résistances en couche mince, sur circuit, intégré ou circuit hybride hyperfréquences,
sont actuellement et généralement obtenues par dépôt d'un métal ou d'un mélange de
métaux déposés par pulvérisation cathodique, réactive ou non réactive. Les métaux
choisis pour réaliser des résistances sont eux mêmes des métaux qui sont de mauvais
conducteurs électriques : par exemple le nickel n'a pas une bonne conductivité, de
même que le chrome, et l'alliage nickel-chrome est couramment utilisé pour faire des
résistances. La résistivité des couches ainsi réalisées est voisine de la résistivité
du matériau massif car il n'y a pas de modificaion chimique du matériau de départ.
Dans ces conditions, la résistivité des couches minces dépend essentiellement des
conditions de réalisation du dépôt, ces conditions pouvant faire varier légèrement
la résistivité. Elle dépend par exemple :
- de la pression résiduelle d'oxygène ou de vapeur d'eau dans l'enceinte de métallisation,
pendant le dépôt de métaux réactifs avec l'oxygène et la vapeur d'eau, tels que Ti,
Cr, Al... etc. Cette pression résiduelle n'est pas contrôlée et correspond à la pression
partielle d'air dans une enceinte à 10-2 torr.
- de la pression partielle d'azote pendant la pulvérisation d'éléments simples tels
que Ta, Ti, Al... etc. Cette pression partielle d'azote correspond également à une
pression résiduelle d'air et la quantité d'azote présente dans l'enceinte de métallisation
n'est pas suffisante pour créer une nitruration des métaux déposés sous vide.
- de la vitesse de dépôt, de la puissance de la source qui évapore les métaux pour
les déposer sous vide.
- de la composition des mélanges déposé?.
[0007] Dans tous les cas, jusqu'à présent, la résistivité de la couche métallique obtenue
est toujours légèrement supérieure à celle du matériau massif, à cause des pollutions
par oxygène par exemple qui oxyde les métaux pendant le dépôt. Ainsi la gamme de résistivité
possible selon cette méthode de dépôt est assez faible.
[0008] S'il est nécessaire de réaliser des couches de résistivité contrôlée plus importante,
telles que par exemple p7 100µΩ/cm, on utilise alors le plus souvent des matériaux
tels que les "CERMETS" qui sont des mélanges NiCr/SiO. La gamme de résistivité souhaitée
est alors fonction du choix du rapport des quantités respectives de NiCr, qui est
conducteur de l'électricité, bien que résistif, et de SiO qui est un isolant.
[0009] Mais il se présente des cas d'applications spécifiques nécessitant des résistances
de très fortes valeurs et permettant de dissiper une certaine puissance, toute chose
étant égale par ailleurs puisqu'il s'agit de circuit intégré ou de circuit hybride
hyperfréquence. Pour obtenir de telles résistances de très fortes valeurs, il n'est
pas permis de diminuer par trop l'épaisseur de la couche, ce qui augmente la résistivité
de la bande résistive, car il est nécessaire de respecter les limites supérieures
de densité de courant. Dans ces cas on est obligé d'utiliser des couches ayant une
résistivité très élevée, par exemple en déposant des mélanges de métaux pollués avec
de l'oxygène qui forme des oxydes.
[0010] On constate donc que dans l'art connu il est difficile d'avoir pour un même matériau
de départ une gamme de résistivité qui soit étendue. Ainsi s'il est nécessaire de
déposer différentes résistances sur un circuit hybride, ayant des valeurs assez différentes
entre elles, il devient alors obligatoire d'avoir recours à différentes technologies,
imposées selon la valeur des résistances.
[0011] Le procédé selon l'invention permet de réaliser des résistances en couches minces
dans une grande gamme de résistivité, en modifiant un seul paramètre des conditions
de dépôt. Selon l'invention, on utilise un composé métallique, que l'on modifie chimiquement
au cours du dépôt : en faisant varier la pression d'azote dans un plasma d'argon pendant
le dépôt de la couche résistive, on nitrure plus ou moins ce composé métallique. Le
dépôt est alors constitué d'un métal, qui est conducteur, et d'un nitrure de silicium
Si
aN
b, qui est un diélectrique. Le mélange dans des proportions variables de métal et de
nitrure de silicium permet de faire varier la résistivité de la couche. L'azote est
le composé le plus commode à utiliser, mais d'autres molécules réactives telles que
l'oxygène peuvent être utilisées pour modifier chimiquement la composition de la couche
mince déposée.
[0012] Les composés utilisables dans le cadre de cette invention sont des siliciures métalliques.
Ils forment parfois des mélanges bien définis ayant une formule générale MSi2, c'est-à-dire
qu'ils sont constitués de deux atomes de silicium liés à un atome de métal M. Les
composés définis les plus connus et usuels sont TaSi2, MoSi2, WSi2, TiSi2, qui sont
stables sur silicium, et par conséquent ne réagissent pas avec le substrat d'un circuit
intégré si celui-ci est en silicium. Ces composés sont considérés comme des conducteurs,
mais ils deviennent résistifs par nitruration.
[0013] L'invention peut aussi utiliser tout composé siliciure, sans restriction sur la composition,
tel que M Si , dans lequel le rapport x/y définit la gamme de résistivité choisie.
[0014] Enfin et de façon plus générale, l'invention peut utiliser des siliciures poly-métalliques,
de formule M M'
x, M"
x" Siy. L'ajustement de la valeur de la résistivité est obtenue par le choix de la concentration
de l'azote dans le mélange argon azote pendant le dépôt de siliciure par pulvérisation
cathodique réactive. En effet la quantité plus ou moins grande d'azote dans le mélange
gazeux nitrure plus ou moins le siliciure pendant le dépôt. On obtient ainsi un dépôt
amorphe comportant un métal mélangé à une certaine quantité de nitrure de silicium.
Plus la quantité de nitrure de silicium est importante, plus le dépôt présente une
résistivité importante. Ainsi en ajustant le rapport x/y, dans un mélange de formules
M
x Si
y on peut réaliser, suivant la méthode de l'invention, des couches minces ayant une
résistivité faible ou plus importante, jusqu'à des valeurs élevées. Dans l'exemple
M
x Si
y si y→0, P ≃ 10
-4 Ω.cm et au contraire si x→0, P ≃ 10
12 Ω.cm, puisque dans ce cas on tend vers une limite SiN qui est un diélectrique.
[0015] Le procédé a été mis en oeuvre avec un composé qui est donné à titre d'exemple :
Wx Ti
z Si
y dans lequel x = 0,3, z = 0,7, y = 0,8. Les couches déposées par pulvérisation cathodique
réactive sur une cible en présence d'un plasma d'azote et d'argon, présentent une
résistivité qui varie de 2.10
-4 Ω.cm à 3,5.10
-2Ω.cm pour une concentration d'azote qui varie de 0 à 50 % dans l'argon. La variation
de la résistivité avec la teneur en azote dans l'argon est donnée par le tableau ci-dessous
:

[0016] La gamme de résistivité peut être encore élargie pour un même composé de départ,
par augmentation de la densité de puissance, dans l'appareil de métallisation sous
vide : l'augmentation de la densité de puissance augmente l'ionisation du plasma ce
qui augmente la nitruration du siliciure métallique.
[0017] L'invention, simple à mettre en oeuvre, est essentiellement utilisée dans la réalisation
de circuits intégrés ou de circuits hybrides, surtout dans le domaine des hyperfréquences,
sur des substrats de type GaAs ou alumine et oxyde de béryllium. Elle concerne également
des résistances en composants discrets, sur substrats céramiques.
1. Procédé de réalisation de résistances en couche mince, déposées sur un substrat
de circuit intégré ou de circuit hybride, en appareil de pulvérisation, caractérisé
en ce que le matériau de départ est un siliciure métallique, et en ce qu'un plasma
d'azote dans l'argon est introduit dans l'appareil de pulvérisation, l'azote nitrurant
le siliciure métallique pour donner un dépôt comportant au moins un métal mélangé
à un alliage de nitrure de silicium de formule générale (SiaNb)M.
2. Procédé de réalisation de résistances selon la revendication 1, caractérisé en
ce que le siliciure métallique est un composé défini de forme M Si2, tel que Ta Si2, Mo Si2, W Si2, Ti Si2.
3. Procédé de réalisation de résistances selon la revendication 1, caractérisé en
ce que le siliciure métallique est un mélange de forme Mx Siy monométallique.
4. Procédé de réalisation de résistances selon la revendication 1, caractérisé en
ce que le siliciure métallique est un mélange de forme Mx M'x' M"x" Siy , polymétallique.
5. Procédé de réalisation de résistances, selon l'une quelconque des revendications
2 à 4, caractérisé en ce que le rapport métal (x)/ silicium (y) définit la gamme de
résistivité de la couche mince déposée.
6. Procédé de réalisation de résistances selon la revendicaton 1, caractérisé en ce
que la concentration d'azote dans l'argon, dans l'appareil de pulvérisation, ajuste
la résistivité de la couche mince déposée, la résistivité étant en relation directe
avec la nitruration du siliciure métallique, laquelle est en relation directe avec
la concentration d'azote dans le plasma.
7. Résistance en couche mince, de valeur élevée (P>100µΩ.cm), déposée sur un substrat
semiconducteur tel que Si ou GaAs, ou isolant tel que Al2 O3 ou BeO, caractérisée en ce qu'elle comporte un mélange d'au moins un métal M et d'alliage
de nitrure de silicium SiaNb, obtenu par nitruration d'un siliciure métallique, selon le procédé de l'une quelconque
des revendications là 6.