[0001] Le secteur technique de la présente invention est celui des compositions d'initiation
sensibles à la percussion destinées par exemple à équiper les têtes de fusées percutantes.
[0002] Les têtes de fusées percutantes destinées à assurer l'initiation de relais déflagrants
ou détonants à retard ou instantanés comportent une composition d'initiation ou amorce,
sensible à la pénétration d'une pointe de percuteur à extrémité plus ou moins acérée.
Sous l'effet de cette percussion, cette composition se décompose en détonant ou en
déflagrant très vivement suivant la nature de l'explosif utilisé.
[0003] Les compositions d'initiation existent sous des formes voisines et appartiennent
à deux familles distinctes; une première famille qui ne possède pas de pouvoir d'amorçage
et sert donc soit à initier un retard ou une composition à effet spécial, soit à amorcer
la détonation à condition d'adjoin- dre à sa suite un élément d'amorçage constitué
généralement d'azoture de plomb; la seconde famille a un pouvoir d'amorçage suffisant
pour amorcer directement la détonation d'un relais sans nécessiter une composition
intermédiaire.
[0004] A la première famille appartiennent les compositions à base de styphnate de plomb
basique dite "NOL 130" aux USA, de dinitrorésorcinate de plomb dite "L mixture" ou
RD 1651 en GRANDE-BRETAGNE ou de thiocyanate de plomb.en FRANCE.
[0005] A la deuxième famille appartiennent les compositions à base d'explosifs primaires
tels l'azoture de plomb avec addition de tétrazène, surtout utilisées en France.
[0006] Dans tous les cas ces compositions, par ailleurs très sensibles, présentent l'inconvénient
de ne pas supporter le stockage à température moyenne, supérieure à 75°C, pendant
des durées supérieures à quelques jours et de ne pas supporter non plus les pointes
de température, de l'ordre de 100 à 120°C, pendant des durées supérieures à quelques
heures, conditions qui se rencontrent fréquemment dans les lieux de stockage ou d'utilisation
des munitions équipées de ces amorces.
[0007] A titre indicatif, on citera les brevets américain 3 634 155, français 2 386 505
qui décrivent des compositions classiques d'amorçage.
[0008] Le brevet français 2 309 493 décrit principalement un procédé d'enrobage des explosifs
primaires et évoque de façon générale la possibilité de préparer des amorces à partir
du chlorotétrazolate de cuivre, d'oxydants et de réducteurs. Toutefois, il s'agit
avant tout de faciliter la manipulation d'explosifs primaires par enrobage de ceux-ci
à l'aide d'un liant; de plus, aucune composition d'amorçage n'est proposée.
[0009] Plus récemment, on a montré dans la revue ERDE 1975 (conference on Research in primary
explosive) que le sel mercurique du 5-nitrotétrazole pouvait remplacer l'azoture de
plomb dans les compositions d'amorçage. Il s'agit d'une étude théorique qui ne propose
aucune composition d'amorçage.
[0010] On caractérise les compositions d'initiation de la détonation par leur sensibilité
à la percussion, par leur stabilité à la chaleur et par leur pouvoir d'amorçage d'un
explosif secondaire. Les. compositions classiques à base de tétrazène ont une bonne
sensibilité et un bon pouvoir d'amorçage mais présentent l'inconvénient d'une altération
de ces propriétés sous l'action de la température. Les compositions classiques à base
de thiocyanate de plomb ont une bonne sensibilité qui n'est pas altérée par la température
mais elle ne possèdent pas de pouvoir d'amorçage; elles nécessitent l'introduction
dans la chaîne pyrotechnique d'un élément généralement constitué d'azoture de plomb.
[0011] Le but de la présente invention est de fournir une com.position d'initiation très
sensible à la percussion, au moins aussi sensible que les compositions classiques
citées précédemment, mais dont les propriétés sont conservées dans des conditions
d'environnement sévères.
[0012] L'invention a donc pour objet une composition d'initiation douée d'une stabilité
thermique élevée sensible à la percussion et comportant un explosif primaire et un
additif de sensibisation, caractérisée en ce qu'elle comprend 40 à 95% en masse d'un
explosif à cycle tétrazolique, 2,5 à 40% en masse d'un oxydant et 2,5 à 40% en masse
d'un réducteur.
[0013] L'explosif primaire peut être représenté par le 5-nitrotétrazole, le sel de mercure
ou d'argent du 5-nitrotétrazole, l'azotétrazole d'argent ou de plomb neutre ou basique,
les tétrazoles halogénés et leurs sels, ou un mélange de ceux-ci.
[0014] L'oxydant peut être représenté par le chlorate ou le perchlorate de potassium, de
strontium ou de baryum, le bioxyde de plomb ou de manganèse, le permanganate de potassium,
le bichromate de sodium ou de potassium ou un mélange de ceux-ci, et le réducteur
par le sulfure d'antimoine, le thiocyanate de plomb, le titane, le zirconium, le bore
ou un mélange de ceux-ci.
[0015] Avantageusement, la composition d'initiation selon l'invention peut comprendra:
- 40 à 80% en masse de sel de mercure du 5-nitrotétrazole,
- 10 à 35% en masse de chlorate de potassium,
- 5 à 18% en masse de thiocyanate de plomb,
- 3 à 12 % en masse de sulfure d'antimoine.
[0016] Un résultat procuré par la composition selon l'invention réside dans le fait que
celle-ci présente d'excellentes propriétés de ther- mostabilité tout en conservant
sa sensibilité à l'initiation même après un long séjour dans un environnement sévère.
[0017] Un autre résultat réside dans le fait que l'amorce selon l'invention génère de manière
prépondérante une onde de choc apte à amorcer la charge d'un projectile, tel un obus
explosif muni de sa fusée percutante, un obus à charge creuse etc..
[0018] La préparation d'une composition d'initiation selon l'invention ne présente pas de
difficultés particulières. On utilise les composés tels que disponibles dans le commerce.
L'explosif primaire se présence sous forme d'une poudre fine que l'on préfère tamiser
à 0,2 mm environ. A titre indicatif on peut s'y prendre de la manière suivante :
- on introduit dans un mélangeur rotatif destiné aux compositions pyrotechniques et
comportant les dispositifs de sécurité nécessaires, successivement les ingrédients
suivants préalablement séchés et tamisés sans que cet ordre soit imperatif : explosif
primaire puis le réducteur et enfin l'oxydant.
[0019] Après homogénéisation convenable, on introduit par un procédé manuel ou mécanique,
unitaire ou multiple, une charge déterminée du mélange obtenu dans des alvéoles de
détonateurs miniatures en acier inoxydable de diamètre interne de 3,8 mm environ,
puis on place un disque d'obturation en papier ou en fibre plastique et on comprime
chaque charge avec une force d'environ 300 daN.
[0020] Les détonateurs ainsi confectionnés peuvent être initiés par percussion à travers
le disque d'obturation à l'aide d'une pointe en acier d'extrémité tronconique.
[0021] Les exemples suivants permettent d'illustrer la composition selon l'invention.
EXEMPLE 1
[0022] On réalise selon le mode enseigné ci-dessus une première série d'initiateurs conformes
à l'invention ayant la composition suivante :
- 75% en masse de sel de mercure du 5-nitrotétrazole,
- 14% en masse de chlorate de potassium,
- 7% en masse de thiocyanate de plomb,
- 4% en masse de sulfure d'antimoine.
[0023] On réalise de la même manière une autre série d'initiateurs classiques renfermant
une composition d'initiation à 95% en masse d'azoture de plomb et 5% de tétrazène.
[0024] Ces deux séries d'initiateurs sont soumis aux trois épreuves suivantes :
1 - stockage ordinaire à température ambiante à 20°C environ pendant 15 jours;
2 - stockage isotherme à 75°C pendant 15 jours;
3 - épreuves de 10 cycles climatiques de 36 heures comportant 12 heures à + 74°C,
montée en 2 heures à + 100°C et séjour de 4 heures à cette température, descente en
1 heure à -54°C et séjour de 14 heures à cette température puis remontée en 3 heures
à + 74°C.
[0025] On teste ensuite les six groupes d'initiateurs au tir sur un mouton de chute avec
initiation par un percuteur tronconique propulsé par une bille de 3,2 g tombant d'une
hauteur variable selon la méthode séquentielle de Bruceton permettant de déterminer
la sensibilité à la per- .cussion. De plus, l'appareillage comporte une embase permettant
l'estimation du pouvoir d'amorçage par mise en détonation, derrière une barrière variable
d'aluminium, d'une charge de 50 mg de pentrite dont le régime est vérifié par le percement
ou le non percement d'une plaque témoin d'acier de 2 mm d'épaisseur.
[0026] Les résultats obtenus sont donnés dans le tableau ci-dessous en hauteur de chute
avec une probabilité d'explosion de 0,5 pour la sensibilité, et en épaisseur limite
de barrière d'aluminium pour le pouvoir d'amorçage par rapport à la pentrite.

[0027] On constate à la lecture de ce tableau que les amorces selon l'invention conservent
pratiquement leurs caractéristiques de sensibilité et de puissance après chacune des
épreuves, alors que les amorces classiques sont fortement dégradées surtout en sensibilité.
EXEMPLE 2
[0028] On réalise selon le mode enseigné précédemment une troisième série d'initiateurs
conformes à l'invention ayant la composition suivante :
- 50% en masse de sel de mercure de 5-nitrotétrazole,
- 29% en masse de chlorate de potassium
- 14% en masse de thiocyanate de plomb,
- 7% en masse de sulfure d'antimoine.
[0029] On réalise également de la même manière comme référence une quatrième série d'initiateurs
classiques de préférence renfermant :
- 25% en masse de thiocyanate de plomb,
- 13% en masse de sulfure d'antimoine,
- 52% en masse de chlorate de potassium,
- 10% en masse de pentrite (PETN).
[0030] On soumet ces deux séries d'initiateurs aux trois épreuves décrites dans l'exemple
1 ci-dessus↓ les mesures de sensibilité étant effectuées de la même manière. Les résultats
sont rassemblés dans le tableau suivant (valeur en mm) :

[0031] On constate que les initiateurs selon l'invention produisent en un temps très court
une déflagration semblable à celles qui sont nécessaires en tête de certaines chaînes
pyrotechniques telles que celles à retard court par exemple. Ils possèdent une très
bonne sensibilité qui est peu modifiée après chacune des épreuves contrairement aux
amorces classiques qui fournissent des résultats très dispersés.
1 - Composition d'initiation douée d'une stabilité thermique élevée, sensible à la
percussion et comportant un explosif primaire et un additif de sensibisation, caractérisée
en ce qu'elle comprend 40 à 95% en masse d'un explosif à cycle tétrazolique, l'additif
étant constitué par 2,5 à 40% en masse d'un oxydant et 2,5 à 40% en masse d'un réducteur.
2 - Composition selon la revendication 1, caractérisée en ce que l'explosif primaire
est représenté par le 5-nitrotétrazole, le sel de mercure ou d'argent du 5-nitrotétrazole,
l'azotétrazole d'argent ou de plomb neutre ou halogénés basique, les tétrazoles et
leurs sels, ou un mélange de ceux-ci.
3 - Composition selon la revendication 1 ou 2, caractérisée en ce que l'oxydant est
représenté par le chlorate ou le perchlorate de potassium ou de sodium, le nitrate
de calcium, de strontium ou de baryum, le bioxyde de plomb ou de manganèse, le permanganate
de sodium ou de potassium, le bichromate de sodium ou de potassium ou un mélange de
ceux-ci, et le réducteur par le sulfure d'antimoine, le thiocyanate de plomb, letitane,
le zirconium, le bore ou un mélange de ceux-ci.
4 - Composition selon la revendication 3, caractérisée en ce qu'elle comprend :
- 40 à 80% en masse de sel de mercure du 5-nitrotétrazole,
- 10 à 35% en masse de chlorate de potassium,
- 5 à 18% en masse thiocyanate de plomb,
- 3 à 12%:en masse de sulfure d'antimoine.
5 - Composition selon la revendication 4,caractérisée en ce qu'elle comprend :
- 75% en masse de sel de mercure du 5-nitrotétrazole,
- 14% en masse de chlorate de potassium,
- 7% en masse de thiocyanate de plomb,
- 54% en masse de sulfure d'antimoine.
6 - Composition selon la revendication 4, caractérisée en ce qu'elle comprend
- 50% en masse de sel de mercure du 5-nitrotétrazole,
- 2% en masse de chlorate de potassium,
- 14% en masse de thiocyanate de plomb,
- 7% en masse de sulfure d'antimoine.