[0001] Procédé de marquage et/ou de destruction notamment de documents de valeur et dispositif
de mise en oeuvre,
[0002] L'invention concerne un procédé physico-chimique de marquage ou de destruction destiné
notamment à la dégradation ou à l'identification légale de documents de valeur dont
la nature, la constitution ou la fonction présentent un intérêt pour d'éventuels contrefacteurs
ou utilisateurs clandestins, et plus spécialement de documents ou produits convoitables,
tels que, à titre non limitatif, tous les supports vierges ou non, papier monnaie,
carnets de chèques, cartes d'identité, cartes de crédit, supports magnétiques ou optiques,
microfilms et microfiches, lorsque ceux-ci sont disposés dans une enceinte de sécurité
(conteneur, valise, véhicule, chambre-forte...), munie d'un dispositif antivol quelconque,
en vrac ou bien en liasses ou en paquets enveloppés.
[0003] L'invention s'applique également à la dégradation ou à la destruction de documents
d'archives devant rester secrets ou bien de produits tels que drogues pharmaceutiques
ou produits dangereux.
[0004] Il convient, avant d'aborder les dispositions principales de l'invention, de rappeler
les difficultés rencontrées à l'occasion de la mise en oeuvre dans les mêmes circonstances,
de certains moyens de dégradation ou de marquage connus.
[0005] Il a été décrit dans différents brevets et mis en oeuvre un certain nombre de procédés
plus ou moins efficaces, quelquefois dangereux, destinés à provoquer une aspersion
de produits colorants ou agressifs à l'intérieur d'un compartiment tel que valise,
malette, conteneur muni d'un dispositif antivol. Ces procédés sont complètement inopérants
lorsque les produits transportés sont liassés ou emballés. Associés au déclenchement
d'un fumigène, ces procédés sont plus dissuasifs sur le moment grâce à l'hypothétique
réaction du voleur qu'efficace à long terme. En effet le marquage des documents est
irrégulier ; la trajectoire des produits étant laissée au seul hasard, la nature du
marquage n'est pas évidente, donc difficilement repérable ; souvent très succincte
seul le bord des documents est taché et il suffit au voleur de procéder à une légère
découpe pour récupérer un fort pourcentage de documents utilisables sans risque ;
quelquefois partiel : il arrive que seule une partie des documents placés dans le
compartiment soit atteinte par le produit et que le reste soit parfaitement utilisable,
ce qui rend le procédé inopérant (principalement en ce qui concerne chéquiers et cartes
de crédit).
[0006] En tout état de cause, lorsque lesdits documents sont emballés à l'aide de feuilles
de papier fort ou de plastique voire de feuilles métalliques il devient totalement
impossible de faire pénétrer immédiatement entre chacune de leur face un produit sous
l'action du déclenchement d'une alarme.
[0007] Dans une demande de brevet France n° 78 36292 au nom du demandeur, le marquage indélébile
des documents agit par enlèvement de matière, de préférence par perforation et ce
moyen de repérage est constitué par au moins un dispositif de tir à projectile, apte
à perforer tous les documents d'un empilement en garde dans le conteneur et disposés
perpendiculairement à l'axe de tir.
[0008] Dans ce mode d'exécution, les moyens de marquage par enlèvement de matière à l'aide
d'un projectile de tir posent un certain nombre de problèmes et notamment celui du
réglage de la puissance de tir en fonction de la nature et de la quantité de documents
mis en garde dans le conteneur. On a remarqué qu'en l'absence d'une certaine vigilance
on risquait avec une munition trop puissante d'endommager, lors du tir, la paroi du
conteneur et de provoquer un accident.
[0009] Un autre dispositif purement pyrotechnique a été décrit dans une demande de brevet
France n° 80 02822 au nom du demandeur, caractérisé en ce qu'il se compose de moyens
de repérage par marquage, notamment par enlèvement de matière à l'aide d'une charge
déflagrante constituée par un cordon découpeur (en soi connu) ou d'une cartouche à
charge creuse (en soi connue).
[0010] Dans ce mode d'exécution le moyen de marquage par enlèvement de matière uniquement
ne donne pas la certitude que les fonctions inscrites en mémoire dans certains supports
: magnétiques, photographiques ou électroniques, soient supprimées. En effet, dans
le cas de cartes de crédit à piste magnétique ou à microprocesseur, de disques ordinateurs,
de microfilms ou microfiches voir de billets de banque, la partie fonctionnelle reste
utilisable ou valable même après un enlèvement partiel de matière.
[0011] Pour atteindre ces buts, la présente invention concerne tout d'abord un procédé caractérisé
en ce qu'il provoque à lui seul, successivement par le contrôle de la propagation
d'une onde de choc, les opérations instantanées suivantes : 1 - Ouverture de l'enveloppe
d'un paquet de documents quelle qu'elle soit, 2 - Découpe partielle ou totale de l'ensemble
de ces documents quels qu'ils soient, 3 - Ouverture d'un réservoir sur toute sa longueur,
4 - Projection du liquide contenu dans ce réservoir entre chacune des faces desdits
documents afin de provoquer leur destruction ou leur marquage de manière à les rendre
inutilisables ou légalement identifiables.
[0012] Il convient de noter que la présente invention peut s'appliquer à tous moyens de
détection de vol ou de tentative d'effraction, et que ces procédés ou dispositifs
sont considérés ici comme moyens connus.
[0013] Suivant une caractéristique de l'invention, le procédé de dégradation agit en un
laps de temps très court, dans un ordre précis grâce à la propagation directe d'une
onde de choc vers l'avant du dispositif d'abord, puis vers l'arrière ensuite et enfin
par sa réverbération sous forme d'écho, à l'intérieur d'un volume cylindrique.
[0014] On a en effet mis en évidence dans cette invention la combinaison simultanée des
effets surprenants conférés à la propagation vers l'avant puis, par réaction vers
l'arrière, de l'onde de choc provoquée par la déflagration de la charge explosive
contenue dans un cordeau découpeur. L'action vers l'avant a pour effet premier de
couper suivant une ligne précise l'emballage d'un paquet puis de provoquer à l'intérieur
un enlèvement de matière dans les documents, ainsi qu'un phénomène vibratoire momentané,
qui sépare tous les documents les uns des autres. Pendant cette séparation, l'écho
de l'onde de choc provoque vers l'arrière une action de découpe sur un réservoir dans
lequel a été préparée une ligne de faiblesse, dessinant ainsi une sorte de buse longitudinale.
La réverbération de l'onde de choc arrière sur le fond du réservoir aura pour effet
d'éjecter le liquide contenu dans ce réservoir par la buse ainsi formée. Ce liquide
sera dirigé avec puissance pendant la période de vibration entre chacune des faces
des documents, assurant ainsi leur marquage complet ou leur destruction par action
chimique. Cette action se produit de la même manière, quelle que soit la position
respective des documents par rapport au réservoir. L'invention concerne également
un dispositif permettant la mise en service de ce procédé, caractérisé en ce qu'il
comporte :
- d'une part, un bac de transport agencé de telle manière qu'il puisse recevoir n'importe
quel type de documents emballés ou non, de façon à ce que leur partie supérieure soit
maintenue à peu près au même niveau grâce à un jeu de cales ou de compartiments prédimensionnés
pour les documents que l'on prévoit de transporter
- d'autre part un couvercle comprenant une chaîne pyrotechnique composée d'un initiateur,
d'une charge coupante, d'un dispositif d'allumage, le tout placé de façon à ce que
l'onde de choc provoquée par la déflagration soit dirigée vers le bac de transport,
puis d'un réservoir (plastique ou métallique) de forme cylindrique disposé le long
de la chaîne pyrotechnique, en position horizontale et comportant une encoche longitudinale
en forme de V inversé, permettant de recevoir le dispositf de découpe et constituant
une ligne de faiblesse qui, sous l'action de l'onde de choc arrière formera la buse
par laquelle le liquide sera éjecté lors du fonctionnement du système.
- de moyens chimiques placés dans le réservoir sous forme de produit liquide, non
inflammable, non explosif et permettant d'obtenir une action directe et indirecte
sur les documents transportés, de façon à les rendre inutilisables par la suppression
de leurs fonctions propres (pistes magnétiques détériorées, microprocesseurs court-circuités,
gélatine photographique dissoute) ou par marquage indélébile (chéquiers, billets de
banque,). La nature exacte du produit placé dans le réservoir devra être dictée par
la composition et la nature des documents transportés ainsi que par le but recherché,
marquage ou destruction.
[0015] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront encore à la lecture
de la description détaillée qui suit, d'un mode de réalisation de l'invention donné
ici à titre d'exemple, et illustré sur les dessins joints dans lesquels :
La figure 1 représente le schéma théorique de la propagation des ondes de choc ainsi
que leurs actions respectives.
La figure 2 est une vue en perspective, montrant le bac de transport ainsi que son
système de calage.
La figure 3 est une vue en perspective d'une forme d'exécution du couvercle comportant
sa chaîne pyrotechnique ainsi que ses réservoirs de produits chimiques.
[0016] Dans le mode d'exécution représenté aux figures 1 à 3 on peut mieux se rendre compte
que les phénomènes apparemment simultanés se déroulent en réalité dans un ordre chronologique
parfaitement établi. En effet, lors d'une effraction tentée sur un conteneur de sécurité,
une alarme se déclenche et provoque l'allumage du dispositif de mise à feu, Ceci entraîne
la déflagration du cordeau découpeur (12) dont l'onde de choc (1) remplit son premier
rôle en ouvrant l'enveloppe (10) du paquet puis en pénétrant à l'intérieur des documents
(9), formant ainsi une déchirure assez profonde dans chacun des documents. En même
temps se forme un écho (2) de cette onde de choc qui projette vers l'arrière l'enveloppe
métallique de la charge creuse (7) de façon à ouvrir le réservoir (6) suivant la ligne
de faiblesse (13). De cette façon l'écho (2) pénètre à l'intérieur du réservoir (6)
et provoque un déséquilibre des structures physiques du liquide (5) qui se trouve
alors éjecté par l'ouverture (11) sous l'action conjuguée du phénomène vibratoire
(3), de la réverbération (4) sur le fond du réservoir et de la déformation des parois
du réservoir (14), exerçant une pression supplémentaire sur son contenu (5).
[0017] On a trouvé avantageux de placer les paquets de documents (27) dans le bac de transport
(28) de telle manière que leur partie supérieure soit le plus proche possible du cordeau
découpeur (12) de façon à obtenir une régularité dans le processus de destruction
ou de marquage ainsi qu'une plus grande efficacité du procédé.
[0018] Dans ce mode d'exécution, on peut assurer le transport de sécurité de documents de
nature et de formes différentes en plaçant dans le couvercle du bac de transport un
calage en mousse alvéolée (25), et en jouant sur le déplacement de l'intercalaire
de calage vertical (26), et en plaçant dans le réservoir des liquides appropriés aux
buts recherchés.
[0019] On peut aussi prévoir des charges coupantes de puissances différentes, qui provoqueront
des destructions plus importantes dont on peut aisément calculer les effets de façon
à prévoir les protections indispensables.
[0020] Bien entendu, l'invention n'est pas limitée à l'exemple d'exécution ci-dessus décrit
et représenté, pour lequel on pourra prévoir d'autres variantes, sans pour cela sortir
du cadre des revendications annexées,
1. Procédé de marquage et/ou de destruction de documents de valeur, contenus dans
une enceinte de protection ou de transport de sécurité, procédé caractérisé par les
phases opératoires suivantes :
(a) on ouvre par une charge pyrotechnique l'emballage et on provoque presque simultanément
la découpe partielle ou totale de la totalité des documents pour permettre leur imprégnation
totale par un liquide de destruction ou de marquage logé dans un ou plusieurs réservoirs
(14) contenus dans l'enceinte de protection, de manière à les rendre inutilisables
ou légalement identifiables ;
(b) on ouvre, presque simultanément avec la découpe partielle vers l'avant des documents
séparés les uns des autres par un phénomène vibratoire momentané, une découpe vers
l'arrière sur le ou les réservoirs à l'endroit où a été préparée une ligne de faiblesse
dessinant une sorte de buselongitudinale, tandis que la réverbération de l'onde de
choc arrière sur le fond du ou des réservoirs éjecte par la buse sous l'action conjuguée
de la réverbération et de la déformation élastique des parois des réservoirs, le liquide
contenu dans ces réservoirs.
2. Dispositif pour la mise en oeuvre du procédé visé dans la revendication 1, caractérisé
par le fait qu'il comprend :
(a) un bac de transport (28) agencé de telle manière qu'il puisse recevoir n'importe
quel type de documents (27-29), emballés, de façon à ce qu'ils soient maintenus verticaux
grâce à un intercalaire (26) mobile et réglable et à ce que leur partie supérieure
soit maintenue à un même niveau grâce à un calage de mousse alvéolée (25).
(b) un couvercle (8) comprenant une chaîne pyrotechnique composé d'un initiateur (15),
d'une charge coupante (12) constituée par une charge creuse rectiligne (12) avec coiffe
(7), d'un dispositif d'allumage (16), le tout placé de façon à ce que l'onde de choc
provoquée par la déflagration soit dirigée vers le bas, puis d'un réservoir (6) de
préférence de forme cylindrique, disposé le long de la chaîne pyrotechnique, en position
horizontale et comportant une encoche longitudinale (13) en forme de V inversé permettant
de recevoir le dispositif de découpe (12J et constituant une ligne de faiblesse (13)
qui, sous l'action de l'onde de choc arrière formera la buse par laquelle sera éjecté
le liquide de destruction lors du fonctionnement du système,
(c) un dispositif suivant (a) et (b) caractérisé en ce qu'il comporte des moyens chimiques
placés dans le réservoir (6) sous forme d'un produit liquide, non inflammable, non
explosif et permettant d'obtenir une action directe et/ou indirecte sur les documents
transportés, de façon à les rendre inutilisables par la suppression de leurs structures,
ou par marquage indélébile grâce à des solvants de pénétration additionnés à des colorants
appropriés,
(d) un dispositif suivant (a), (b) et (c) caractérisé en ce que les dimensions extérieures
du bac de transport sont identiaues à celles du réceptacle du couvercle pyrotechnique
et que l'emboîtage de l'un dans l'autre permette de présenter verticalement les documents
dont la tranche, perpendiculaire à la charge creuse, ne peut être séparée de cette
charge que par un espace faible n'excédant pas 5 mm de préférence,
(e) un dispositif suivant (a) à (d) caractérisé en ce que le bac de transport vient
s'inscrire dans le réceptacle du couvercle pyrotechnique (8) lors de la fermeture
de l'enceinte de sécurité, celle-ci étant maintenue fermée notamment pendant toute
la durée d'un transport de sécurité.