[0001] On sait que la formation du givre sur les fuselages et les voilures d'aéronefs est
due à la rencontre d'une surface froide (de température inférieure à 0°C) avec des
gouttelettes d'eau en surfusion contenues dans l'atmosphère. Il se produit alors des
dépôts de glace sur la surface et, dans le domaine des voilures en général et particulièrement
des voilures tournantes d'hélicoptères, les plus importants s'observent sur le bord
d'attaque et son voisinage de la structure alaire. Il en résulte des modifications
du profil des ailes ou des pales qui peuvent être préjudiciables à leurs qualités
aérodynamiques.
[0002] On connaît différents types de dispositifs permettant le dégivrage de ces zones critiques
et l'un d'eux consiste à chauffer ces zones au moyen de résistances électriques.
[0003] Plusieurs genres de résistances ont été mis en oeuvre pour accomplir cette fonction.
Tous présentent des inconvénients tels que le dégivrage par chauffage reste une question
qui,à l'heure actuelle,n'est pas encore résolue de manière entièrement satisfaisante.
C'est ainsi qu'on a mis en place, sous une protection métallique collée au bord d'attaque
de la voilures, des résistances métalliques. L'ensemble de ce dispositif est assez
fragile et de durée de vie relativement courte. En cas de panne il est pratiquement
exclu d'effectuer une réparation sans changer intégralement la totalité d'un dispositif.
[0004] La technique a évolué ensuite du côté "panneaux chauffants" c'est-à-dire la mise
en place de plaques ou tapis d'une structure composite fibreuse dans laquelle des
fibres conductrices sont dispersées (qu'elles soient en bore ou en carbone). L'alimentation
en courant électrique devant parcourir les fibres est réalisée par la connexion de
fils à un cadre métallique rapporté au bord du panneau et maintenu au contact des
fibres ou à un dépôt métallique, réalisé par vaporisation ou par voie électrolytique,
aux extrémités du panneau contenant les fibres. Outre l'inconvénient d'être de montage
et d'agencement complexes, ces dispositifs présentent un défaut majeur en ce qui concerne
les contacts électriques nécessaires entre les fibres et les fils d'alimentation.
On sait en effet que les résines utilisées dans les matériaux composites ont un pouvoir
adhérent assez moyen, de sorte que peuvent se produire des décollements des clinquants
métalliques distribuant le courant aux fibres. L'amélioration du collage conduit à
augmenter la résistance des points de contact entraînant une surchauffe très localisée
dégradant colleet résine et donc à une fragilisation de la liaison mécanique et une
rupture de la liaison électrique. Par ailleurs, les surépaisseurs qui existent aux
endroits des connexions électriques sont préjudiciables au respect du profil aérodynamique
de la voilure et constituent une gêne à la mise en place correcte des structures de
blindage et de protection des bords d'attaque contre les chocs et l'érosion.
[0005] La présente invention entend remédier à ces inconvénients en proposant un dispositif
de dégivrage dans lequel le ou les éléments chauffants sont intégrés sans altération
de la résistance du bord d'attaque de la voilure, et sont connectés aux fils d'alimentation
d'une manière extrêmement stable sans constituer de points critiques tant du point
de vue électrique que du point de vue mécanique. Le dispositif par ailleurs est obtenu
par un procédé de fabrication simple qui lui permet d'être aisément adapté au profil
d'aile ou de pale à équiper voire à y être intégré au moment même de la fabrication
de l'aile ou de la pale.
[0006] A cet effet l'invention a donc pour premier objet un élément à résistance électrique
entrant dans la constitution d'un dispositif de dégivrage d'une structure alaire telle
que la voilure d'un avion ou les pales d'un hélicoptère comprenant des fibres conductrices
noyées dans une structure à fibres compositeset des fils d'alimentation connectés
électriquement auxdites fibres conductrices.
[0007] Selon l'une des caractéristiques principales de l'invention, les fibres conductrices
sont des fibres de carbone se présentant sous la forme d'au moins un ruban dans lequel
les fibres sont orientées longitudinalement, préimprégné de résine et dont au moins
une extrémité est assujettie dans un élément tubulaire déformable à mailles métalliques
assurant la liaison électrique par contact avec ledit ruban et par soudure ou sertissage
avec le fil d'alimentation correspondant.
[0008] Un second objet de l'invention réside dans un dispositif de dégivrage comportant
au moins l'un des éléments susdits et qui est constitué par une longueur, déterminée
en fonction de la résistance à obtenir du ruban de fibres de carbone susdit, y compris
la partie du ruban recouverte par ledit élément tubulaire, disposée entre au moins
deux couches d'un matériau composite de manière à former un tapis chauffant.
[0009] En outre, l'élément susdit pourra être constitué d'au moins deux tronçons de ruban
parallèles et côte à côte disposés de part et d'autre d'une couche intercalaire de
matériau composite et reliés en série par l'une de leurs extrémités au moyen d'un
tronçon de ruban chevauchant lesdites extrémités non recouvertes par ladite couche
intercalaire.
[0010] Enfin un troisième objet de l'invention est le procédé de réalisation du dispositif
de dégivrage ci-dessus dans lequel le tapis chauffant est formé à plat puis est placé
entre une forme et une contre-forme où il est polymérisé sous pression pour obtenir
le profil du bord d'attaque de la structure alaire à équiper.
[0011] On pourra ensuite fixer le dispositif ainsi formé sur la structure alaire. On pourra
également disposer le dispositif réalisé à plat entre la forme et la contre-forme
que comprend le dispositif de moulage de la structure alaire elle-même en matériau
composite de même nature que celui du tapis chauffant.
[0012] L'invention sera mieux comprise au cours de la description donnée ci-après à titre
d'exemple purement indicatif et non limitatif qui permettra d'en dégager les avantages
et les caractéristiques secondaires.
[0013] Il sera fait référence aux dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 illustre schématiquement les principales caractéristiques de l'élément
selon l'invention ;
- la figure 2 illustre la constitution dans son principe d'un dispositif de dégivrage
;
- les figures 3 à 10 illustrent les étapes successives de fabrication d'un dispositif
de dégivrage dans lequel les éléments résistants sont montés en étoile et destinés
à être alimentés en courant triphasé.
[0014] En se reportant tout d'abord à la figure 1 on voit l'extrémité d'un élément 1, résistant
du point de vue électrique, constitué par un ruban 2 de fibres de carbone orientées
parallèlement à la dimension longitudinale du ruban, et préimprégné d'une résine apte
à être polymérisée et durcie. On notera que pour une section de 3 millimètres carrés
la section de carbone pur est, dans un ruban utilisé de l'ordre de 1,9 mm
2. L'une des extrémités 2a du ruban est coiffée d'un élément tubulaire 3 à mailles
constitué par tricotage d'un fil métallique approprié. A ce tricot est soudé à l'étain
un fil d'alimentation 4 dans une zone où le manchon est rassemblé autour du fil et/ou
dans une zone du manchon recouvrant à la fois le ruban et une extrémité du fil qui
y est introduite. L'un des avantages de la connexion électrique réalisée par ces moyens
réside dans le fait que le tricot métallique s'imprime aisément dans la résine du
ruban de carbone qui après polymérisation sous pression constitue un moyen d'accrochage
possédant une très bonne résistance à l'arrachement. Le contact intime des fils métalliques
et des fibres de carbone du ruban est facteur de bonne qualité du contact électrique.
[0015] La figure 2 montre que pour réaliser un dispositif de dégivrage avec l'élément 1
susdit on dispose sur un substrat de base 5 isolant (par exemple tissu de verre de
préférence préimprégné) et de dimensions correspondant au développé du dispositif,
un élément 6 tel que 1 susdit qui est ici constitué par trois tronçons 6a, 6b, 6c
de ruban de fibres de carbone qui forment une résistance électrique d'une valeur qui
dépendra, pour une section donnée du ruban, de la longueur totale de l'élément 6.
Les extrémités libres des tronçons 6a et 6c sont équipés de tricots tubulaires soudés
à l'étain aux fils de connexion 7a 7b. Une seconde couche de protection 8 identique
à la couche 5 recouvre cette dernière et l'élément 6 qu'elle porte. Le tapis ainsi
constitué peut être polymérisé sous pression entre une forme et une contre-forme reproduisant
le profil de l'aile sur laquelle le dispositif sera accosté. On aura pris soin de
placer les substrats 5 et 8 de manière qu'ils recouvrent complètement les extrémités
des tronçons 6a et 6b gainées du manchon tricoté pour que seuls les conducteurs 7a
et 7b soient situés à l'extérieur de l'ensemble. La pression appliquée lors de la
polymérisation permet d'une part, d'ancrer fermement les manchons dans la résine du
ruban et d'autre part d'assurer un contact intime entre les deux substrats 5 et 8
dans la zone entre les deux tronçons 6a 6c créant une isolation efficace de l'un par
rapport à l'autre.
[0016] En outre le tronçon 6b ayant été simplement posé à l'extrémité des tronçons 6a et
6c, la pression permet également d'obtenir une bonne continuité électrique entre eux.
[0017] Les figures 3 à 10 illustrent la constitution d'un dispositif de dégivrage destiné
à être alimenté en courant triphasé. Sur un substrat de support 9 semblable à celui
dela figure 2 on place trois tronçons 10 de ruban de fibres de carbone préimprégné
parallèleset régulièrement espacés l'un de l'autre d'une distance au moins égale à
la largeur du ruban. Un tronçon de ruban 11 chevauchant l'une de leurstrois extrémités
constitue le commundu montage en triangle des trois résistances que comportera le
dispositif. Une couche intercalaire 12 également en tissu de verre de préférence préimprégné
est ensuite placée sur les tronçons 10 et 11 de manière à laisser découvertes les
extrémités 10a des tronçons 10. Sur cette couche intercalaire 12 et entre les tronçons
10 on place à nouveau trois tronçons 13 de ruban de fibres de carbone pour que l'une
de leurs extrémités soit à côté des extrémités 10a susdites tandis que leur autre
extrémité affleure le bord transversal inférieur de la couche 9. On réalise la continuité
électrique entre chaque tronçon 10 et le tronçon 13 correspondant au moyen de petits
tronçons 14 qui les chevauchent deux à deux dans la zone laissée découverte par la
couche intercalaire 12. Les extrémités libres des tronçons 13 sont ensuite pourvues
de manchons tubulaires 15 en tricot métallique eux-mêmes soudés à l'étain aux fils
d'alimentation 16. Enfin un substrat de protection 17 identique au substrat 9 recouvre
l'ensemble.
[0018] Le dispositif de dégivrage confectionné de manière très simple à plat peut ensuite
être polymérisé sous pression en forme dans un moule approprié . Il peut être également
incorporé dans le moule même de constitution de la structure alaire (aile d'avion
ou pale d'hélicoptère) elle-même en matériau composite. Dans ce dernier cas on aura
choisi des substrats 9, 12 et 17 de même nature que ceux qui sont utilisés pour la
constitution des ailes ou pales.
[0019] L'invention trouve une application intéressante dans le domaine de l'aéronautique.
1.- Elément (1) à résistance électrique entrant dans la constitution d'un dispositif
de dégivrage d'une structure alaire telle que la voilure d'un avion ou les pales d'un
hélicoptère comprenant des fibres conductrices noyées dans une structure composite
fibres/résirie synthétique et des fils d'alimentation connectés électriquement auxditesfibres
conductrices, caractérisé en ce que les fibres conductrices sont des fibres de carbone
se présentant sous la forme d'au moins un ruban (2) dans lequel les fibres sont orientées
longitudinalement, préimprégné de résine et dont au moins une extrémité est assujettie
dans un élément tubulaire déformable (3) à mailles métalliques assurant la liaison
élec'- trique par contact avec ledit ruban et par soudure avec le fil (4) d'alimentation
correspondant.
2.- Dispositif de dégivrage réalisé à partir d'au moins un élément selon la revendication
1 caractérisé en ce qu'il est constitué par une longueur (6a, 6b, 6c), déterminée
en fonction de la résistance à obtenir du ruban de fibres de carbone susdit, y compris
la partie du ruban recouverte par ledit élément tubulaire, disposée entre au moins
deux couches (5, 8) d'un matériau composite à fibres, préimprégné, constituant une
isolation électrique, de manière à former un tapis chauffant.
3.- Dispositif selon la revendication 2 caractérisé en ce que l'élément susdit est
constitué d'au moins deux tronçons (10, 13) de ruban parallèles et côte à côte disposés
de part et d'autre d'une couche intercalaire (12) de matériau composite isolant et
reliés en série par l'une de leurs extrémités au moyen d'un tronçon de ruban (14)
chevauchant lesdites extrémités non recouvertes par ladite couche intercalaire (12).
4.- Procédé de réalisation d'un dispositif de dégivrage sous forme d'un tapis chauffant,
caractérisé en ce que ledit tapis selon l'une quelconque des revendications 2 et 3
est formé à plat puis est placé entre une forme et une contre-forme où il est polymérisé
sous pression pour obtenir le profil du bord d'attaque de la structure alaire à équiper.
5.- Procédé selon la revendication 4 caractérisé en ce que l'on fixe ledit dispositif
ainsi 0 formé sur la structure alaire.
6.- Procédé selon la revendication 4 caractérisé en ce que la forme et la contre-forme
susdites sont constituées par le dispositif de montage de la structure alaire elle-même
en matériau composite de même nature que celui du tapis chauffant.