[0001] La présente invention concerne un procédé nouveau pour effectuer le décapage de pièces
en acier, et elle concerne plus particulièrement, quoique non exclusivement, le décapage
par voie acide des aciers inoxydables.
[0002] On sait qu'au cours de la fabrication des produits sidé- rurgiques, notamment des
brames ou lingots d'acier, soumis à des opérations de laminage à chaud, ou des demi-produits
subissant des traitements thermiques tels que, par exemple, des recuits, les pièces
se recouvrent d'une couche de calamines oxydées. Aussi faut-il , compte tenu de la
nécessité d'obtenir une belle qualité de surface sur produits finis, enlever la totalité
de ces couches d'oxydées . L'enlèvement est assuré par une opération de décapage.
.Selon les procédés connus à ce jour, l'opération ultime pour effectuer le décapage
consiste à appliquer sur les pièces d'acier, des mélanges composés d'acide nitrique
HN O
3 à environ 150 g par litre et d'acide fluorhydrique HF à une concentration comprise
entre
10 et 30 g par litre. Les températures de traitement sont souvent dans la gamme de
40 à 60° C.
[0003] L'un des inconvénients de ces procédés de décapage de type connu est la production
d'une intense pollution, à la fois dans l'air atmosphérique (vapeurs nitreuses NO
x) et sous forme liquide ( nitrates solubles ).
[0004] La présente invention a pour but d'éviter ces inconvénients en supprimant l'emploi
de l'acide nitrique comme oxydant de décapage.
[0005] Le procédé selon l'invention pour décaper les pièces en acier, et notamment en acier
inoxydable, consiste à appliquer sur les pièces à décaper, une solution liquide traitante,
et il est caractérisé en ce que cette solution liquide traitante est une solution
d'acide fluorhydrique HF.
[0006] Suivant une autre caractéristique de l'invention, la solution présente une concentration
en acide fluorhydrique comprise entre 5 et 50 g pnr litre, pour un pH compris entre
O et 3.
[0007] Suivant une autre carac téristique de l'invention, la solution de décapage contiont
nécessairement des inos ferriques Fe
3+.
[0008] Suivant une autre caractéristique de l'invention, la solution décapante a une concentration
en ion ferrique Fe
3+ supérieure à 1g/l et inférieure à 150 g/l.
[0009] Suivant une autre caractéristique de l'invention, la solution traitante est appliquée
à une température comprise entre 10 et 70° C, pour un temps de séjour compris entre
30 secondes et 5 minutes.
[0010] Suivant une autre caractéristique de l'invention, on soumet le bain décapant à une
opération d'oxygénation.
[0011] Suivant une autre caractéristique de l'invention, on place la solution traitante
d'acide fluorhydrique à un potentiel REDOX compris entre -200 et +800 mV, potentiel
mesuré entre une électrode de platine et une électrode de référence Ag/Ag Cl , On
rappelle que le potentiel REDOX est la différence de potentiel mesurée entre une électrode
non corrodable ( par exemple en platine ) et une électrode de référence ( par exemple
Ag/ Ag Cl ou calomel saturé ces deux électrodes étant immergées dans le bain à étudier
. La valeur ainsi mesurée permet de caractériser le pouvoir oxydant de la solution
chimique.
[0012] A titre d'illustration non limitative, on va maintenant donner quelques exemples
permettant de mieux comprendre l'invention et les avantages qu'elle est susceptible
de procurer.
Exemple 1.
[0013] Le nouveau procédé consiste à remplacer l'oxydant HN 0
3 par l'oxydant Fe
3+ introduit sous forme de complexex fluorés. L'acide fluorhydrique HF est par ailleurs
l'autre constituant nécessaire du mélange décapant.
[0014]
- La réaction de dissolution se fait selon le mécanisme suivant:

Cet équilibre est presque totalement déplacé dans le sens 1, c'est-à-dire vers la
formation de Fe2+ avec dissolution du fer métallique, dans les conditions normales du traitement .
- La réaction:

est également possible si le milieu est oxydant, ce qui est le cas; mais cette deuxième
réaction n'est pas favorable si elle devient prépondérante par rapport à la réaction
(1), car elle conduit à un déplacement de pH vers le moins acide, ce qui n'est pas
favorable pour la suite du traitement.
- On oxyde ensuite Fe2+ par une aération convenable de la solution décapante . La réaction d'oxydation se
fait selon la réaction:

L'équilibre (3) est très déplacé dans le sens 1, si la solution est correctement aérée
et le pH maintenu entre 0 et 3, ce qui est le cas du mélange décapant concerné.
- Une aération convenable est obtenue:
...soit naturellement (surface du liquide au contact de l'air);
...soit par pompage et refoulement à l'air libre du mélange de décapage;
...soit par une injection convenable d'oxygène ou d'air ou d'un autre gaz oxydant.
- Une oxydation complémentaire de Fe2+ peut également être effectuée avec des liquides oxydants tels que le peroxyde d'hydrogène
H2O2 ou le permanganate de potassium K Mn O4.
- La réaction (3) est suivie par mesure du potentiel REDOX de la solution du décapage,
potentiel mesuré entre une électrode de platine et une électrode de référence Ag/AgCl
à la température de la solution décapante.
- De bons résultats ont été obtenus sur aciers inoxydables ferritiques et austénitiques,
par exemple avec les bains suivants:
.HF = 5 à 50 g/1
.pH compris entre O et 3
.Fe3+>1 g/l
.potentiel REDOX mesuré par rapport à Ag/AgCl compris entre -200 et +800 mV selon
l'état chimique et thermodynamique du bain
.température comprise antre 20 et 60° C pour des temps de séjour de l'ordre de 30 secondes à 5 minutes
.oxygénation et aération du bain par pompage et refoulement à l'air libre et/ou injection
convenable d'oxygène ou d'air dans le bain, de façon que le débit injecté soit compris
entre 1 et 150 Nm3/h sous 0,01 à 5 bars de pression pour un bac de traitement de 30 m3 et/ou injection d'un liquide oxydant tel que H2O2 ou K Mn O4.
-Le procédé ne donne évidemment pas de vapeurs nitreuses NOx et ne rejette aucun nitrate soluble puisqu'il n'utilise pas d'acide nitrique . Il
s'agit donc d'un procédé particulièrement non polluant.
-Le procédé est autorégulé par le produit de solubilité de Fe F3 et de Cr F3 ( pour une moindre part ) à la température du bain. Ces produits de solubilité limitent
la charge de fer et de chrome dissous dans le bain.
-Le rôle de l'acide fluorhydrique est quintuple, à savoir:
.maintenir un pH acide de l'ordre de O à 3;
.solubiliser les oxydes très difficilement solubles dans les autres acides ( H Cl
ou H2 SO4) tels que Si O2, Cr2 O3, Ti O2, Al2 O3, Mo O3, Nb2O3, W O3, V2 O5, etc...
.complexer Fe3 et Cr3+ le plus fortement possible;
.boucler le bilan en charge de la solution décapante;
.dépassiver le métal pour permettre la dissolution (traverser la couche passive ).
-Le nouveau procédé peut également s'appliquer ( en modifiant ou ajustant certains
paramètres de réglage ) aux aciers ordinaires au carbone, aux aciers de construction,
aux aciers d'outillage, et aux aciers au silicium pour usage électrique.
Exemple 2,
[0015] Des résultats positifs ont été obtenus dans les conditions suivantes, pour des aciers
laminés à chaud et recuits:
. aciers A.i.S.i. 409 et Type 410 ( références normalisées );
.HF = 15 à 18 g/l;
.pH = 1,5 à 1,8;
.Fe3+ = 30 g/l;
.potentiel REDOX: +100 à +150 mV, par rapport à Ag/Ag Cl;
.température : 38 à 40° C,
. temps de traitement : 30 secondes;
. injection d'air:80 Nm3/h par bain de 25 à 30 m3.
Exemple 3.
[0016]
.aciers A.i.S.i. 430 ( références normalisées );
.HF : 18 à 20 g/1;
.pH = 1,5 à 1,8;
.Fe3+: 30 g/1;
.potentiel REDOX :+100 à +250 mV par rapport à Ag/Ag Cl;
.température: 44 à 46° C;
.temps de traitement : 1,5 à 2 minutes;
.injection d'air : 80 Nm3/h par bain de 25 à 30 m3.
Exemple 4.
[0017] De bons résultats ont été obtenus dans les conditions suivantes, pour des aciers
laminés à chaud et recuits:
.aciers A.i.S.i. 304 ( références normalisées );
.HF : 18 à 20 g/l;
.pH = 1,5 à 1,8;
.Fe3+: 30g/l;
.potentiel REDOX: +100 à +250 mV par rapport à Ag/Ag Cl;
.température : 46 à 48° C;
.temps de traitement : 1,5 à 2 minutes;
.injection d'air: 80 Nm3/h par bain de 25 à 30 m3.
Exemple 5.
[0018] De même, des résultats intéressants ont été obtenus dans les conditions suivantes,
pour des aciers laminés à froid et recuits:
.aciers A.i.S.i. 304 ( références normalisées );
.HF: 20 à 25 g/l;
.pH = 1 à 1,5;
.Fe3+: 30 g/l;
.potentiel REDOX : +100 à +250 mV par rapport à Ag/Ag Cl;
.température: 50 à 55° C;
.temps de traitement: 1 à 2 minutes;
.injection d'air: 80 Nm3/h par bain de 25 à 30 m3.
[0019] D' une manière générale, le débit d'air injecté est bien évidemment largement excédentaire
par rapport à la stoechiométrie; mais l'injection d'air contribue aussi à une certaine
agitation qui est positive du point de vue de l'action décapante.
[0020] On remarque que, dans les exemples précédents, la fonction de décapage est assurée
moyennant la production d'effluents uniquement constitués par:
-un faible débit d'hydrogène;
-une faible quantité d'acide fluorhydrique FH à sa tension de vapeur ( ce qui correspond
donc à un débit très faible, qu'on peut facilement récupérer pour le recycler );
-quelques oxydes chimiquement inertes;
-enfin, si l'on est à basse température: quelques fluorures de fer et de chrome (mais
ceux-ci se trouvant en phase liquide ou solide, ils sont faciles à éliminer: on peut
aisément en extraire l'acide fluorhydrique FH qui est ensuite recyclé ).
[0021] En définitive, aucun effluent polluant n'est plus rejeté par la mise en oeuvre du
procédé selon l'invention.
[0022] Ce procédé est susceptible d'être utilisé, non seulement pour décaper des aciers
inoxydables, mais également la plupart des aciers doux, notamment les aciers au silicium
( qui sont actuellement souvent décapés à l'acide chlorhydrique ou à l'acide sulfurique,
acides nécessitant des installations de régénération ou de traitement très importantes
).
1-Procédé pour décaper les pièces en acier, et notamment en acier inoxydable, consistant
à appliquer sur les pièces à décaper, une solution liquide traitante, caractérisé
en ce que cette solution liquide traitante est une solution d'acide fluorhydrique
HF.
2-Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce que la solution présente une
concentration en acide fluorhydrique comprise entre 5 et 50 g par litre, pour un pH
compris entre O et 3.
3-Procédé suivant l'une quelconque de revendications précédentes, caractérisé en ce
que la solution décapante contient des ions ferriques Fe3+ introduits sous forme de complexes fluorés.
4-Procédé suivant l'une quelconque des revendications précédentes,caractérisé en ce
que la solution de décapage contient une concentration en ion ferrique Fe3+ comprise entre 1 et 150 g/l.
5-Procédé suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en
ce que la solution traitante est appliquée à une température comprise entre 1 et 70°
C, pour un temps de séjour compris entre 30 secondes et 5 minutes.
6-Procédé suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en
ce qu'on soumet le bain décapant à une opération d'oxygénation.
7-Procédé suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en
ce que l'oxygénation de la solution décapante est obtenue par pompage et refoulement
de la solution traitante à l'air libre.
8-Procédé suivant l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé en ce que
l'oxygénation de la solution décapante est obtenue par injection d'air ou d'oxygène
dans la solution.
9-Procédé suivant l'une quelconque des revendications précédentes, céractérisé en
ce que l'injection du gaz oxydant est effectuée avec un débit, ramené aux conditions
normales ( 0° C, 760 mm de mercure ), tel que le débit horaire de gaz oxydant soit
compris entre 0,01 et 10 fois le volume de la solution décapante dans laquelle on
l'injecte.
10-Procédé suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en
ce que l'injection du gaz oxydant est effectuée à une pression comprise entre 0,01
et 5 bars.
11-Procédé suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en
ce qu'on place la solution traitante à un potentiel REDOX compris entre -200 et +800
mV, potentiel mesuré entre une électrode de platine et une électrode de référence
Ag/Ag C1 placées dans la solution décapante.
12-Procédé suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en
ce que l'on ajuste le potentiel REDOX à la valeur souhaitée en agissant sur le débit
de gaz oxydant.
13-Procédé suivant l'une quelconque des revendications précédentes, caractérisé en
ce que, pour des aciers laminés à froid et recuits, il correspond aux données suivantes:
HF: 20 à 25 g/l;
pH: 1 à 1,5;
Fe3+: 30 g/l;
Potentiel REDOX: +100 à +250 mV, par rapport à Ag/Ag Cl;
température: 50 à 55° C;
temps de traitement: 1 à 2 minutes;
injection d'air: 80 Nm3/h par bain de 25 à 30 m3.