[0001] La présente invention a pour objet une machine à tricoter comprenant au moins une
fonture dans les rainures de laquelle sont logées des aiguilles coulissantes présentant
au moins un talon susceptible d'occuper deux niveaux relativement au plan de la fonture,
l'un dans lequel le talon peut être entrainé par les cames du porte-cames et l'autre
dans lequel le talon est hors de la trajectoire de ces cames, des moyens pour agir
sur lesdits talons pour les mettre dans les positions correspondant à ces deux niveaux,
l'un de ces moyens étant constitué par une came repoussant les talons dans leur niveau
bas, et des clavettes associées à chaque aiguille pour les amener en position de travail,
dans laquelle elles peuvent être entraînées par les cames de travail.
[0002] Lors du tricotage de motifs Jacquard, notamment lors du "fléchage", il arrive que
des aiguilles hors travail portent des mailles en attente. L'abattage de ces aiguilles
est non seulement inutile, mais il risque d'entrainer une cassure de ces mailles à
chaque passage du chariot. L'augmentation de la vitesse de travail des machines à
tricoter augmente le risque de cassure en raison de la plus grande accélération imposée
aux aiguilles lors de l'abattage, les efforts augmentant proportionnellement au carré
de la vitesse. En raison de l'augmentation de la vitesse de travail, les aiguilles
sont également soumises à des efforts d'accélération et des efforts de freinage beaucoup
plus élevés. Les vibrations provoquées et l'usure des cames et des aiguilles augmentent
également proportionnellement. Il convient donc, dans la mesure du possible, d'éviter
des chocs inutiles. C'est particulièrement le cas lors de l'abattage des aiguilles.
Pour ces raisons on cherche à éviter l'abattage des aiguilles qui sont momentanément
hors travail en noyant les talons de ces aiguilles dans la fonture de telle sorte
qu'ils ne rencontrent pas les cames d'abattage.
[0003] Selon une solution décrite dans la demande de brevet DE-A-2755471. les aiguilles
sont munies d'un prolongement élastique en forme d'épingle à cheveux, venu d'une pièce
ou non avec l'aiguille proprement dite. L'extrémité de cette épingle porte le talon
de l'aiguille. Au moyen d'une came on peut fléchir l'épingle et en tirant celle-ci
en arrière une portée de l'épingle vient s'accrocher derrière une barre spéciale de
manière à maintenir le talon en position noyée. Le coude de l'épingle élastique constitue
toutefois un point faible, même si cette épingle ou l'aiguille entière, dans le cas
où l'aiguille et l'épingle sont venues d'une seule pièce, est réalisé en acier de
haute résistance. De toute manière une telle aiguille est de fabrication coûteuse.
[0004] On a également proposé de relier l'aiguille à sa clavette ou platine par une articulation.
Une telle articulation doit être exécutée avec une grande précision afin d'éviter
un jeu trop grand entre l'aiguille et la clavette, un jeu trop grand étant susceptible
de provoquer des irrégularités dans la grandeur des mailles et par conséquent dans
le tricot. Compte tenu de la faible dimension de l'aiguille et de la clavette, une
telle articulation constitue en outre un point faible, sans compter l'usure entrainant
une augmentation du jeu.
[0005] La présente invention a pour but de réaliser un escamotage des talons des aiguilles
hors travail par des moyens plus robustes et plus fiables, n'utilisant ni élasticité,
ni articulation délicate.
[0006] Ce but est atteint par les moyens définis par la caractéristique de la revendication
1.
[0007] Ces moyens ne comprennent aucun élément élastique, ni articulation délicate. La modification
de la forme de l'aiguille au niveau de son talon est facile à réaliser et ne réduit
pas la résistance de l'aiguille, mais contribue au contraire à assurer une certaine
élasticité nécessaire dans le sens longitudinal pour l'amortissement de la transmission
du choc sur le talon en direction du crochet de l'aiguille. La longueur de l'aiguille
n'est pas augmentée. Aucune pièce supplémentaire n'est nécessaire pour maintenir le
talon en position noyée dans la fonture.
[0008] La machine à tricoter concernée peut être aussi bien une machine rectiligne à une
fonture qu'à deux fontures ou une machine circulaire.
[0009] Le dessin annexé représente, à titre d'exemple, une forme d'exécution de l'invention.
[0010]
La figure 1 est une vue en coupe verticale à travers une fonture, représentant le
talon d'une aiguille en position noyée.
La figure 2 est une coupe identique montrant l'aiguille amenée en position de travail
par sa clavette.
La figure 3 est une coupe identique représentant l'abattage de l'aiguille par une
came d'abattage.
[0011] Par mesure de simplicité, la fonture 1 est représentée en position horizontale, mais
il est évident qu'elle est utilisée en position inclinée. On reconnait une rainure
2 dans laquelle est logée une aiguille 3 munie d'un crochet 4 bien connu en soi et
d'un talon 5 à son extrémité. Lors de son déplacement dans la fonture, l'aiguille
3 est guidée entre le fond de la rainure et une barre 6, également connue en soi,
s'étendant tout le long de la fonture. Chaque aiguille 3 est poussée en position de
travail par une clavette 7 de forme spéciale, susceptible d'occuper plusieurs niveaux
dans la fonture et associée à une clavette auxiliaire non représentée faisant partie
d'un dispositif de sélection individuel décrit en détail dans le brevet CH 632 024,
dans lequel la clavette 7 est désignée par la référence 8.
[0012] Le fond de la rainure 2 présente une première partie 8, au niveau du crochet 4 de
l'aiguille, correspondant au fond habituel d'une telle rainure, cette première partie
8 étant suivie d'une première dépression peu profonde 9 de profondeur uniforme à l'exception
de la partie qui la relie à la partie 8, cette première dépression 9 étant suivie
d'une seconde dépression 10, plus profonde au niveau du talon 5 de l'aiguille. Cette
seconde dépression 10 peut être usinée dans chaque rainure 2 ou bien être au contraire
constituée d'une fraisure unique s'étendant sur toute la longueur de la fonture. En
arrière de la dépression 10, on retrouve une partie 11 de même niveau que la partie
8 et servant au guidage de la clavette 7 qui est retenue dans la rainure par un fil
d'acier 12. En arrière de la partie 11, on trouve un large dégagement permettant à
la clavette 7 de basculer à l'intérieur de la rainure lorsqu'elle est entrainée par
sa clavette auxiliaire, commme décrit dans le brevet CH 632 024.
[0013] L'aiguille 3, quant à elle, présente un dégagement 14 sur une partie de sa longueur,
constitué par un rétrécissement de sa hauteur, de telle sorte que le bord inférieur
de l'aiguille, constituant ledit dégagement, est oblique relativement aux deux côtés
15 et 16 rectilignes et parallèles d'une aiguille conventionnelle. Ce dégagement 14
s'étend en direction du talon 5 jusqu'à une partie coudée oblique 17 reliant le corps
de l'aiguille 3 au talon 5. Le bord inférieur de cette partie 17 est sensiblement
parallèle à la rampe 18 qui relie les dépressions 9 et 10 de la rainure. La partie
inférieure 19 de la liaison entre le talon 5 et le corps de l'aiguille constitue un
sabot de glissement. On constate que la liaison non rectiligne entre le talon et le
corps de l'aiguille assure une certaine élasticité, recherchée, amortissant la transmission
vers le crochet 4 des chocs sur le talon 5. Le talon 5 présente, du côté de la clavette
7, au niveau du corps de l'aiguille, une rampe oblique 20 se situant en-dessous d'une
partie 21 perpendiculaire au plan de la fonture. L'extrémité de la clavette 7 présente
également une rampe 22 parallèle à la rampe 20 du talon 5 lorsque la clavette 7 est
en position sélectionnée, c'est-à-dire en position haute. La clavette 7 se termine
par une face frontale 23 perpendiculaire au plan de la fonture. La clavette 7 présente
en outre un talon 24 et elle est retenue en position haute par un second fil d'acier
25 s'étendant sur toute la longueur de la fonture , ce fil retenant en outre le talon
24 de la clavette en position de retrait ou de présélection.
[0014] Le fonctionnement du dispositif sera maintenant décrit en relation avec les figures
1 à 3.
[0015] Comme représenté à la figure 1, les talons 5 de toutes les aiguilles sont tout d'abord
noyés dans la fonture 1 par une came spéciale 26 solidaire du chariot porte-cames
non représenté. Les clavettes 7 sont, au repos, dans la position 24'.
[0016] Si une aiguille est sélectionnée par le dispositif de sélection, la clavette 7 correspondante
est relâchée, comme décrit dans le brevet CH 632 024, et vient dans la position 24',
tandis que les clavettes des aiguilles non sélectionnées sont retenues dans la position
24. La clavette sélectionnée est alors entraînée par une came du porte-cames représentée
schématiquement en 27, et son extrémité vient buter contre le talon 5 de l'aiguille
correspondante par sa face frontale 23, comme représentée en 24''. L'aiguille 3 est
poussée en avant et sa partie coudée 17 vient buter contre la rampe 18 sur laquelle
le sabot 19 s'élève pour passer sur la partie 9 de la rainure comme représentée à
la figure 2. En cours d'ascension de l'aiguille, la rampe 22 de la clavette 7 glisse
sour la rampe 20 du talon 5, contribuant ainsi à soulever le talon tout en continuant
à pousser l'aiguille. Une fois que le sabot 19 de l'aiguille est sur la partie 9 de
la rainure, le talon 5 fait saillie hors de la fonture et peut être saisi par les
cames de travail du porte-cames.
[0017] L'abattage des aiguilles est représenté à la figure 3. Les talons 5 des aiguilles
sont entrainés en arrière par une came d'abattage 28. Lorsque les talons 5 arrivent
en face de la dépression 10, il convient d'éviter que ces talons ne tombent prématurément
dans ce dégagement. A cet effet, les talons 5 sont soutenus jusqu'au bout de leur
course d'abattage par les clavettes 7 dont les talons sont guidés par une came 29
du porte-cames. Les deux cames 28 et 29 forment en quelle que sorte un canal de largeur
uniforme, dans lequel l'ensemble aiguille-clavette est guidé comme s'il s'agissait
d'une seule pièce. Les clavettes 7 poursuivent ensuite seules leur course vers la
droite en libérant les talons 5, pour revenir dans leur position initiale de repos
24' (figure 1).
[0018] La forme d'exécution décrite ci-dessus à titre d'exemple est bien entendu susceptible
de nombreuses variantes. En particulier, le dégagement 14 de l'aiguille est théoriquement
facultatif. Il est toutefois préférable de manière à utiliser toute la hauteur du
talon lorsqu'on passe de la position basse à la position haute. La partie coudée,
17-19 de l'aiguille pourrait présenter une courbure régulière ou non au lieu d'une
partie rectiligne 17. La dépression 10 de la rainure pourrait être obtenue par une
interruption complète de la fonture. On pourrait loger une réglette dans cette interruption
pour former un fond comparable au fond 10. Les talons pourraient être retenus magnétiquement
dans leur position noyée par des aimants, par exemple par une bande de matière plastique
contenant des particules de ferrite.
1. Machine à tricoter comprenant au moins une fonture (1) dans les rainures (2) de
laquelle sont logées des aiguilles coulissantes (3) présentant au moins un talon (5)
susceptible d'occuper deux niveaux relativement au plan de la fonture, l'un dans lequel
le talon peut être entraîné par les cames du porte-cames et l'autre dans lequel le
talon est hors de la trajectoire de ces cames, des moyens pour agir sur lesdits talons
pour les mettre dans les positions correspondant respectivement à ces deux niveaux,
l'un de ces moyens étant constitué par une came(26) repoussant les talons dans leur
niveau bas, et des clavettes (7) associées à chaque aiguille pour les amener en position
de travail, dans lesquelles elles peuvent être entrainées par les cames de travail,
caractérisée par le fait que les rainures (2) de la fonture présentent une première
dépression (9,) s'étendant en face de la plus grande partie de la longueur d'une aiguille
en position hors travail, suivie d'une seconde dépression (10), plus profonde, située
en face du talon (5) de l'aiguille en position hors travail et reliée par une rampe
(18) à la première dépression, et par le fait que les aiguilles (3) présentent, en-dessous
du talon et du corps de l'aiguille, une partie coudée (17, 19) reliant le talon au
corps de l'aiguille, le tout de telle sorte que lorsque le talon d'une aiguille hors
travail est repoussé dans son niveau bas, ladite partie coudée de l'aiguille vient
se loger dans ladite seconde dépression et que lorsque l'aiguille est poussée en avant
par la clavette qui lui est associée, cette partie coudée vient buter contre ladite
rampe (18) de la fonture, ce qui a pour effet de soulever le talon à son niveau haut.
2. Machine à tricoter selon la revendication 1, caractérisée par le fait que la partie
inférieure du talon de l'aiguille située du côté de la clavette présente une rampe
oblique (20) destinée à coopérer avec une rampe correspondante (22) prévue à l'extrémité
de la clavette pour soutenir le talon en position haute lors de l'abattage de l'aiguille.
3. Machine à tricoter selon la revendication 2, caractérisée par le fait que le porte-cames
comprend une came (29) guidant et retenant la clavette (7) par son talon lors de l'abattage
de l'aiguille, de telle sorte que l'extrémité de la clavette reste en appui, par sa
rampe (22), avec la rampe oblique du talon.
4. Machine à tricoter selon la revendication 3, caractérisée par le fait que la partie
du talon de l'aiguille située du côté de la clavette présente une partie (21) perpendiculaire
à la fonture, au-dessus de ladite rampe oblique (20), la clavette venant buter par
son extrémité (23) contre cette partie perpendiculaire lorsque le talon de l'aiguille
est à son niveau bas.
5. Machine à tricoter selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisée par le fait
que les aiguilles présentent un dégagement (14) sur leur côté inférieur , sur une
partie de leur longueur en partant de ladite partie coudée.
6. Machine à tricoter selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisée par le fait
que des moyens de retenue magnétiques sont prévus au fond desdites secondes dépressions
(10).