[0001] La présente invention, qui résulte de travaux réalisés dans les laboratoires de l'Ecole
Nationale Supérieure d'Electrochimie et d'Electrométallurgie de Grenoble, est relative
à un procédé d'amélioration de la pureté des métaux de transition obtenus par électrolyse
en continu à partir de leurs halogénures dissous en bain de sels fondus constitués
par des halogénures alcalins et/ou alcalino-terreux.
[0002] Dans ce qui va suivre :
1. on entend par métaux de transition, des métaux généralement polyvalents ayant un
point de fusion supérieur à 1400°C et possédant une affinité relativement élevée pour
l'oxygène quand ils sont chauffés tels que ceux des colonnes IVB, VB, VIB de la classification
périodique de Mendeleev, et notamment le titane, le zirconium, le hafnium, le tantale,
le niobium, et le vanadium.
2. on entend par électrolyse en continu, un procédé dans lequel le dépôt et l'extraction
du métal à la cathode et le dégagement d'halogène à l'anode sont en permanence compensés
par un apport d'halogénure frais destiné à maintenir approximativement constante la
teneur en métal à produire dissous dans le bain.
[0003] Il est connu que les bains d'halogénures alcalins et/ou alcalino-terreux fondus,
utilisés pour l'élaboration des métaux de transition à partir de leurs halogénures
contiennent toujours, quelles que soient les précautions prises au cours de leur préparation,
des impuretés métalliques et métallïdiques. En particulier, du fait de l'hygrosco-
picité plus ou moins prononcée de leurs constituants, l'oxygène est toujours présent
soit en solution, soit sous forme d'oxydes plus ou moins en suspension. L'utflisation
directe de ces bains conduit, au moins pendant un temps plus ou moins long, à des
métaux pollués en impuretés métalliques moins électronégatives que le métal à produire
et surtout en oxygène. Par ailleurs, dans le cas des procédés continus, les apports
ultérieurs de sels, destinés à compenser les pertes entraînées par l'extraction du
métal et les impuretés courantes contenues dans l'halogénure du métal à produire telles
que, par exemple, le fer, l'aluminium, l'oxygène, etc..., consitutuent une source
permanente de pollution en ces diverses impuretés.
[0004] En ce qui concerne le bain initial lui-même, la pureté peut être améliorée par un
traitement électrolytique préalable appelé préélectrolyse, au cours duquel on établit
entre deux électrodes plongeant dans le bain fondu ne contenant pas encore d'halogénures
du métal à déposer, une tension continue légèrement inférieure à celle nécessaire
pour obtenir la décomposition de l'halogénure alcalin ou alcalino-terreux le plus
facile à réduire. La densité du courant qui en résulte, est fonction des concentrations
en éléments à éliminer: mais elle est en général très faible, de l'ordre de 10-
3 A/cm
2, et elle diminue encore au cours de l'opération. De ce fait, la durée de la préélectrolyse
est très longue.
[0005] Une technique de préélectrolyse plus performante a été proposée dans le brevet USP
2 782 156.
[0006] Elle consiste toujours à établir entre des électrodes plongeant dans le bain une
tension continue, mais dans ce cas le bain est chargé en halogénure du métal à produire
et la tension imposée est choisie supérieure à celles nécessaires pour effectuer le
dépôt du métal en question à la cathode et suffisante pour effectuer la décomposition
de l'eau et des sels et oxydes des éléments polluants et le dépôt desdits éléments
à la cathode. Cette préélectrolyse. à intensité constante est maintenue pendant un
temps suffisant pour s'assurer que la majeure partie de l'eau et des éléments polluants
a été éliminée du bain de sels ainsi qu'une petite partie du métal de transition à
produire. Etant donné que la densité de courant est au moins égale à la moitié de
celle utilisée pour l'électrolyse proprement dite, c'est-à-dire 0,2 à 0,255 A/cm
2 dans le cas du brevet, la durée de préélectrolyse est relativement courte par exemple
d'une 1/2 heure dans les conditions de l'exemple 1.
[0007] Bien que cette technique représente un progrès substantiel par rapport à la précédente,
elle a l'inconvénient de ne s'appliquer encore qu'aux opérations discontinues dans
lesquelles le bain, une fois purifié, est épuisé en métal de transition, et doit alors
être ramené à sa composition initiale par ajout ou élimination de sels, rechargé en
halogénure du métal à produire et soumis à nouveau au traitement de purification.
[0008] C'est pourquoi la demanderesse ayant pour but d'améliorer davantage la pureté des
métaux de transition obtenus par électrolyse de leurs halogénures, a mis au point
un procédé de purification applicable aux opérations continues, c'est-à-dire non seulement
dans la période initiale, mais encore tout au long de la production comportant en
particulier des apports plus ou moins continus de sels et d'halogénure du métal à
produire.
[0009] Les recherches entreprises dans ce sens ont abouti à la mise a point, dans des cellules
comportant d'une part une cuve à paroi interne métallique contenant le bain fondu,
d'autre part un couvercle assurant l'étanchéité de la cuve, isolé électriquement de
la cuve et présentant divers orifices permettant, entre autre, le passage des dispositifs
anodique et cathodique plongeant dans le bain. l'alimentation de ce bain en halogénure
du métal à produire et l'extraction de l'halogène dégagé à l'anode, d'un procédé caractérisé
en ce qu'on impose en permanence à la cuve un potentiel cathodique par rapport au
dispositif anodique.
[0010] L'invention s'applique donc à des cellules d'électrolyse dans lesquelles la cuve
métallique contenant le bain de sels fondus est dépourvue de garnissage réfractaire
interne et se trouve donc en contact direct avec ledit bain. Le métal qui constitue
la cuve est choisi parmi ceux des métaux ayant une bonne tenue chimique aux sels et
aux halogénures des métaux de transition. Ce peut être notamment le nickel et ses
alliages ou plus simplement un acier inoxydable.
[0011] Cette cuve est reliée de manière connue à un circuit électrique de manière qu'il
s'établisse un courant de polarisation au contact du bain et de la- cuve.
[0012] De préférence, le potentiel appliqué permet d'établir un courant de polarisation
de densité comprise entre 0,5 10-
4 et 5 10-
4 A/cm
2. Dans ces conditions, on constate que l'électrolyse menée suivant les critères de
tension et de densité de courant habituels entre anode et cathode. conduit à un métal
de pureté améliorée par rapport à celui obtenu sans polarisation de la cuve; cette.
amélioration étant obtenue aux dépens d'une légère perte de métal fortement pollué
déposé sur la paroi de la cuve.
[0013] La fourchette de densité retenue s'explique du fait qu'au-dessous de 0,5 10-
4 A/cm
2 la polarisation n'est plus suffisamment efficace et qu'au-dessus de 5.10-
4 A/cm elle s'avère superflue car elle conduit à une perte de métal inutile sans amélioration
notable de la pureté du métal recueilli à la cathode.
[0014] La demanderesse a constaté en outre qu'on pouvait imposer à la cuve un potentiel
cathodique par rapport à l'anode, mais avec une densité de courant plus élevée, comme
moyen de préélectrolyse au démarrage de la cellule. En effet, si avant de démarrer
l'électrolyse proprement dite entre anode et cathode, et alors que le bain fondu est
chargé en halogénure du métal à produire, on polarise la cuve de manière à avoir une
densité de courant entre 1.10-
2 A/cm' et 5.10-' A/cm
2, il se produit sur les parois de la cuve un dépôt de métal pollué en oxygène et en
élémentsmétalliques étrangers moins électro-négatifs que le métal à produire qui sont
de ce fait rapidement éliminés du bain.
[0015] La fourchette de densité de courant revendiquée tient compte du fait qu'au-dessous
de 1.10-
2 A/cm' la durée de l'opération devient prohibitive et qu'au-dessus de 5.10-
2 A/cm' les pertes de métal deviennent plus importantes sans bénéfice notable pour
la purification. Le dépôt de métal sur la cuve ne représente en définitive qu'une
épaisseur très minime (quelques dixièmes de millimètres), et il n'est pas gênant pour
l'électrolyse ultérieure, tout au moins tant que les conditions de polarisation de
la cuve mentionnées plus haut sont respectées : densité de courant comprise entre
0,5 10
-4 A/cm
2 5 10
-4 A/cm
2.
[0016] L'invention peut être illustrée à l'aide des exemples d'application suivants :
Exemple 1
[0017] Dans une cellule en acier inoxydable réfractaire munie d'un dispositif anodique et
d'une cathode, on a chargé 200 kg de mélange équimolésulaire NaCI, KCI préalablement
séché à 500° sous vide; après fusion à 750°C et introduction de 11,5 kg de HfCl
4, on a procédé aux 3 électrolyses suivantes, au cours desquelles la teneur en hafnium
dissous dans le bain était maintenue constante grâce à une addition de chlorure à
raison de une mole pour 4 Faradays.
[0018]
1. Une électrolyse de 1/2 heure à 200 A sur une cathode de 400 cm2 (densité de courant 0,5 A/cm') a fourni 160 g de Hafnium métal, contenant les impuretés
principales suivantes :

ce qui indique un bain fortement pollué.
2. On a alors procédé à une électrolyse de 6 h à 200 A. en utlisant la cuve elle-même
comme cathode (densité de courant 2 10-2 A/cm2), ce qui correspond au dépôt de 2 kg de hafnium métal sur la paroi de la cuve, soit
une épaisseur moyenne de l'ordre de 0,15 mm.
3. Une nouvelle électrolyse de 1/2 h à 200 A sur une cathode de 400 cm2 a alors fourni 163 g de métal répondant à l'analyse suivante :

ce qui indique une excellente purification du bain. Avec le procédé de préélectrolyse
sans dépôt de métal sur la cuve, ce résultat n'aurait pu être atteint en moins de
1000 h.
Exemple 2
[0019] Toujours avec la même cellule après la troisième électrolyse décrite dans l'exemple
1, on a procédé à une quatrième électrolyse de 1/2 h à 200 A. sur cathode de 400 cm
2, mais en imposant cette fois à la cuve un courant de polarisation cathodique de 2
A. soit une densité de courant de 2 10-' A/cm
2; on a alors recueilli 162 g de métal ne contenant plus que 130 ppm d'oxygène, toutes
les autres impuretés étant maintenant inférieures à 10 ppm, mis à part le zirconium
: 0,8 %.
[0020] Au cours des électrolyses ultérieures, et dans les mêmes conditions, on a pu déposer
40 kg de Hf à moins de 200 ppm d'oxygène, malgré une alimentation continue en HfCl
4 et plusieurs rajouts de sel.
[0021] La présente invention trouve son application dans la fabrication par électrolyse
continue en bain de sels fondus de métaux de transition à faible teneur en oxygène
et en éléments métalliques étrangers.
1. Procédé d'amélioration de la pureté de métaux de transition obtenus par électrolyse
d'halogénures en bain de sels fondus dans une cellule comportant une cuve à paroi
interne métallique contenant ledit bain, un couvercle assurant l'étanchéité de la
cuve, isolé électriquement de la cuve, et présentant divers orifices permettant entre
autre, le passage des dispositifs anodique et cathodique plongeant dans le bain, l'alimentation
de ce bain en halogénure du métal à produire et l'extraction de l'halogène dégagé
à l'anode, caractérisé en ce que l'on impose en permanence à la cuve un potentiel
cathodique par rapport au dispositif anodique.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le potentiel permet d'établir
au contact du bain et de la cuve une densité de courant comprise entre 0,5 10-4 et 5 10-' A/cm2.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on impose un potentiel
avant de réaliser l'électrolyse proprement dite.
4. Procédé selon la revendication 3, caractérisé en ce que le potentiel permet d'établir
au contact du bain et de la cuve une densité de courant comprise entre 1 10-2 et 5 10-2 A/cm2.