[0001] Les cylindres chauffants sont utilisés dans un très grand nombre de branches de l'industrie
chaque fois qu'il s'agit de porter à une température donnée ou de sécher un produit
se présentant sous forme d'un film, d'une feuille ou d'une plaque. Tel est particulièrement
le cas dans les industries du cuir, de la papeterie, des matières plastiques, du caoutchouc,
etc...
[0002] Il existe une très grande variété de ce type de cylindres qui peuvent être utilisés
pour telle ou telle branche de l'industrie selon le degré de précision de température
exigé.
[0003] Le procédé de chauffage le plus simple consiste, comme montré à la figure 1, à disposer
à l'intérieur d'un cylindre (2) un certain nombre de résistances électriques (3) tournant
avec le cylindre et alimentées par le rotor (4). Ce type de cylindres présente cependant
des inconvénients importants, car l'impossibilité d'effectuer une répartition très
fine des résistances électriques se traduit par des différences de température importantes
le long d'une génératrice et le long d'une circonférence.
[0004] De façon à obtenir des précisions de température acceptables (de l'ordre de 3 à 4°C),
il est nécessaire de prévoir des masses métalliques importantes de façon à égaliser,
par conductibilité thermique, l'irrégularité de l'apport de calories due aux résistances.
On arrive de cette façon à améliorer la régularité de température, mais les masses
métalliques importantes et par suite l'inertie thermique élevée se traduisent par
un temps de réaction extrêmement long à des variations de température, que celles-ci
soient provoquées par le dispositif de régulation de température ou résultent du procédé
lui-même.
[0005] Un autre inconvénient important réside dans le fait que la régularité de température
de la surface du cylindre dépend finalement d'une répartition "intelligente" d'une
masse métallique et des résistances de chauffage et que cette répartition ne peut
se faire qu'en faisant un certain nombre d'hypothèses sur la nature du produit véhiculé
par le cylindre et ses besoins en calories. Un tel cylindre ne permet donc qu'une
approche empirique des conditions optimales de chauffage pour une gamme de température
donnée, pour un produit donné et pour une vitesse de production donnée.
[0006] Pour ces raisons, ce type de cylindre est très peu utilisé actuel lement.
[0007] Pour remédier à ces inconvénients, les cylindres plus couramment utilisés mettent
en jeu un fluide dit caloporteur, dont la circulation assure une double fonction :
-transfert de calories entre le système générateur et le cylindre ;
-répartition régulière de ces calories à proximité des points
[0008] de consommation de façon à maintenir la température régulière sur la surface utile
des cylindres sur toute la plage des régimes de fonctionnement prévus.
[0009] Les cylindres actuellement utilisés, en particulier dans l'industrie du papier, du
caoutchouc, de la transformation des matières plastiques, sont presque toujours de
ce type. Les fluides mis en oeuvre sont, en fonction des applications et des domaines
de température, de l'eau, des huiles caloduc, de la vapeur ou des fluides spécialisés.
[0010] Quel que soit le fluide, dans la majeure partie des cas, et comme montré à la figure
2, le système de production de calories (5) est extérieur au cylindre consommateur
(6), qu'il s'agisse d'un système centralisé (pour une batterie de cylindres) ou d'un
système individuel pour chaque cylindre. L'apport de calories se fait par des résistances
électriques (7), brûleurs à fuel, à gaz, à charbon - (vapeur) dans le générateur extérieur
au cylindre. Une sonde de température (8) mesure la température du fluide et assure
la régulation.
[0011] Après que le fluide caloporteur ait été amené à la température souhaitée du récepteur,
soit directement, soit indirectement par mélange, il est véhiculé par un système de
pompes (9) et est introduit dans le cylindre par un joint tournant (10) assurant l'étanchéité.
Selon les exigences de régularité de température, le fluide circule soit à l'intérieur
du cylindre (technique dite du corps creux), soit dans un espace annulaire créé à
la périphérie du cylindre entre la virole extérieure et une deuxième virole intérieure,
soit dans des systèmes plus performants encore à l'intérieur de spirales ou de canaux
rectilignes (12) judicieusement répartis et entre-croisés. L'objectif est d'assurer
une circulation à vitesse élevée du fluide caloporteur, de façon que les calories
consommées par le produit traité soient remplacées le plus rapidement possible sans
chauffage préférentiel d'un côté ou d'un autre.
[0012] Dans le cas des fluides, l'existence d'un élément accélérateur du fluide (pompe)
est essentiel. Dans le cas de la vapeur, la différence de pression est suffisante
pour assurer la circulation du fluide à grande vitesse, l'apport de calories se faisant
par conduction et partiellement par condensation.
[0013] Quel que soit le système utilisé, on retrouve toujours dans ce groupe de cylindres
un générateur de calories extérieur au cylindre et un organe de mise en pression du
fluide destiné à en assurer la circulation à grande vitesse.
[0014] Ce type de cylindres donne satisfaction dans une multitude d'utilisations. Il présente
cependant les inconvénients suivants :
-rendement thermique faible dû à des déperditions calorifiques importantes au niveau
de la chaudière extérieure, des canalisations de transmission, des vannes, du joint
tournant...,
-consommation d'énergie importante au niveau de l'organe de mise en pression (généralement
pompe). Plus les exigences de régularité de température sont importantes, plus la
consommation à ce niveau est élevée puisque le coefficient d'échange dépend directement
de la vitesse de circulation du fluide, elle-même dépendante de la différence de pression,
-présence inévitable d'un joint tournant qui présente de nombreux inconvénients pour
un certain nombre d'applications. Ces inconvénients sont : l'encombrement des systèmes,
l'entretien élevé auxquels ils sont assujettis, la difficulté de les rendre complètement
étanches, ce qui présente un grave inconvénient pour les applications dites propres
(film technique, bandes magnétiques, etc...). En outre, quel que soit le type de joint
tournant utilisé, ces joints présentent un couple parasite dû à l'existence de plaques
d'étanchéité en rotation l'une contre l'autre qui est gênante pour certaines applications.
[0015] Malgré leurs inconvénients, ces systèmes sont actuellement couramment utilisés, sauf
dans un certain nombre d'applications ou ces inconvénients sont inacceptables.
[0016] Pour certaines autres applications, en particulier dans le domaine textile, il est
toutefois nécessaire d'utiliser d'autres types de cylindres. On trouve en effet dans
cette branche de l'industrie fréquemment des problèmes de cylindres tournant à très
haute vitesse (4000 -5000 trmn) présentant un volume compact et pour lesquels la technique
du joint tournant serait inacceptable. En outre, ces cylindres étant soumis à des
variations de charge instantanées importantes, doivent pouvoir réagir extrêmement
rapidement par un apport de calories lors d'une variation de régime en un point particulier
du cylindre.
[0017] Dans de tels cas est utilisée la technique dite du caloduc tournant, dans laquelle,
comme montré à la figure 3, le cylindre (13) comporte, à proximité immédiate du produit
à traiter, un espace annulaire (14) mis sous un vide poussé et partiellement rempli
d'un liquide caloporteur (15) se trouvant, du fait de la dépression poussée de la
chambre (14) dans laquelle il séjourne, en état de vaporisation constante sur toute
la gamme de température d'utilisation du cylindre.
[0018] La fonction de ce fluide caloporteur est d'assurer au même titre que le fluide dans
les cylindres décrits précédemment, une circulation de vapeur à très grande vitesse
(compensation immédiate des écarts de température) et apport de calories par condensation.
[0019] Pour ce type de cylindre, l'apport de calories se fait généralement par l'intérieur
du cylindre par le mode de chauffage du "transformateur en court-circuit" (16) consistant
à créer, à partir d'un bobinage fixe à l'intérieur du cylindre, un champ magnétique
qui par bouclage en court-circuit dans la masse métallique du cylindre (en rotation)
dégage par effet joule les calories nécessaires au système.
[0020] Ce type de cylindre est extrêmement performant sur le. plan de la régulation de température,
grâce au fluide caloporteur et sur le plan création de calories par effet transformateur.
Il présente, par contre, l'inconvénient d'être relativement cher sur le plan de la
mise en oeuvre, du fait du coût élevé des bobinages électriques nécessaires, ce qui
limite généralement son application à des cylindres de très petites dimensions.
[0021] Une difficulté supplémentaire résulte du fait que le fluide répartiteur de température,
ainsi que le dégagement de calories s'effectuant à l'intérieur même de la partie en
rotation (ce qui est souhaitable pour donner au système un temps de réponse rapide),
il est nécessaire, pour assurer une régulation de température acceptable du système,
que la sonde de prise de température (17) se trouve elle-même dans l'enveloppe tournante.
La sonde de mesure de température (1) se trouve donc en rotation comme l'ensemble
du système, et il est donc nécessaire de ressortir le signal par des systèmes électroniques
(18) à champ induit, qui sont eux-mêmes extrêmement onéreux et compliqués à mettre
en oeuvre.
[0022] Ceci constitue une différence importante par rapport au type de cylindre précédent
où le fluide étant mis en température à l'extérieur du cylindre en rotation, il est
simple de mesurer la température du fluide avant que celui-ci ne pénètre dans le système,
le thermocouple étant alors statique et le , système de régulation ayant de ce fait
un coût acceptable.
[0023] La présente invention vise à remédier à ces inconvénients.
[0024] A cet effet, le cylindre qu'elle concerne comporte, en combinaison :
-une virole cylindrique solidaire en rotation de l'arbre du cylindre présentant deux
parois concentriques délimitant un volume annulaire contenant un fluide caloporteur,
-un corps fixe, disposé à l'intérieur de la virole et s'étendant sensiblement sur
toute la longueur de celle-ci, régulée en température à une température proche de
la température d'utilisation du cylindre, et
-des moyens de transmission des calories entre le corps fixe et la paroi intérieure
de la virole.
[0025] Le corps fixe est régulé à une température proche de la température d'utilisation
du cylindre par différents dispositifs, qui peuvent être soit une circulation de fluide
chaud, soit des résistances électriques, soit d'autres moyens susceptibles d'apporter
ou d'enlever au corps les calories nécessaires pour lui permettre d'atteindre l'équilibre
thermique souhaité.
[0026] L'alimentation en calories se fait de façon extrêmememt simple, puisque le corps
chaud est fixe à l'intérieur du cylindre, évitant des composants, tels que joints
tournants pour un système fluide, ou contacts rotatifs pour une alimentation électrique,
qui seraient nécessaires si le corps était mobile.
[0027] Avantageusement. le volume annulaire, délimité entre les deux parois de la virole,
est maintenu en dépression de façon permanente. et est partiellement rempli d'un fluide,
qui se trouve, en raison de ses caractéristiques thermo-dynamiques et du degré de
vide, en équilibre permanent entre une phase vapeur et une phase liquide, sur toute
la plage de températures d'utilisation du cylindre.
[0028] Ce système de fluide caloporteur très perfo- mant situé dans la partie rotative du
cylindre, assure l'équilibre de température sur toute la surface de celui-ci en raison
de la circulation de vapeur à très haute vitesse dans l'enceinte fermée et sous vide
constituée par le volume annulaire délimité par les deux parois de la virole.
[0029] Selon une autre caractéristique de l'invention, le corps fixe présente, en coupe
transversale, une forme de secteur circulaire, d'axe correspondant à l'axe du cylindre,
et de rayon légèrement inférieur au rayon de la paroi intérieure de la virole.
[0030] Le système de transmission de chaleur entre le corps fixe et la virole peut se faire
par rayonnement ou convexion.
[0031] Avantageusement, dans le cas de systèmes performants, les moyens de transmission
de calories entre le corps fixe et la paroi intérieure de la virole sont constitués
par une lame de liquide, choisi pour sa stabilité à la température d'utilisation.
[0032] Dans le cadre de cylindres chauffés à des températures de l'ordre de 150 à 160°C,
différents liquides peuvent être utilisés et notamment des liquides de type fluoré
ou des huiles silicones, qui sont particulièrement bien adaptés, puisqu'ils permettent
un fonctionnement à pression atmosphérique sans risque de dégradation ou de génération
de produits dangereux. Toutefois, il est préférable que, pour éviter les fuites par
vaporisation, ou lors des changements de vitesse, la partie rotative du cylindre constitue
un volume fermé à l'intérieur duquel se trouve le corps fixe chauffant.
[0033] Conformément à une autre caractéristique de l'invention, le corps fixe s'étend sur
un secteur, par exemple un quart de cercle situé en dessous de l'axe du cylindre,
et le niveau du liquide de contact est également situé en-dessous de l'axe du cylindre.
[0034] Etant donné qu'une très faible quantité de liquide de contact est suffisante, l'étanchéité
apportée' par la partie rotative du cylindre peut être sommaire, puisque le niveau
de liquide ne dépasse pas le niveau de l'axe. Il s'agit donc d'un type d'étanchéité
sans commune mesure avec celui exigé par des joints rotatifs auxquels on demande une
étanchéité absolue, même sous des pressions de fonctionnement relativement élevées.
[0035] En outre, le liquide de contact n'ayant qu'une simple fonction de transmission de
calories par conductibilité thermique entre le corps fixe et la virole en rotation,
il n'est pas nécessaire, contrairement aux conditions requises dans les cylindres
classiques, d'assurer une vitesse de circulation importante au liquide pour réaliser
le transfert des calories, et simultanément l'équilibrage des températures, celui-ci
étant assuré par le fluide caloporteur intérieur à la virole.
[0036] La simple rotation du cylindre est suffisante pour assurer ce transfert.
[0037] Ce cylindre est également équipé d'un dispositif de régulation de température comportant
une sonde de mesure, située dans le corps fixe à proximité du liquide de liaison entre
le corps chauffant fixe et la paroi intérieure de la virole.
[0038] De toute façon, l'invention sera bien comprise à l'aide de la description qui suit,
en référence au dessin schématique annexé, dont la figure 4 représente une vue en
perspective de ce cylindre chauffant, dont une extrémité est partiellement arrachée.
[0039] Ce cylindre comprend une virole cylindrique comprenant deux parois concentriques,
respectivement, extérieure (20) et intérieure (22), délimitant un volume annulaire
(23), cette virole étant solidaire en rotation de l'arbre (24) du cylindre. Le volume
annulaire (23) est maintenu en dépression de façon permanente, et est partiellement
rempli d'un fluide (25) qui, en raison de ses caractéristiques thermodynamiques et
du degré de vide, se trouve en équilibre permanent entre une phase vapeur et une phase
liquide, sur toute la plage de températures d'utilisation du cylindre.
[0040] A l'intérieur de la virole, est disposé un corps fixe (26) présentant, en coupe transversale,
une forme de secteur circulaire, correspondant à un quart de cercle, d'axe correspondant
à l'axe du cylindre et de rayon légèrement inférieur au rayon de la paroi intérieure
de la virole.
[0041] Ce corps fixe (26) est équipé de moyens de chauffage constitués par des résistances
(27) dans la forme d'exécution représentée au dessin. Entre le corps fixe (26) et
la partie tournante, et plus précisément la paroi intérieure (22) de celle-ci, le
transfert thermique est assuré par une lame d'un liquide (28) dont le niveau est situé
en-dessous de l'axe du cylindre, et qui est choisi pour posséder une bonne stabilité
à la température de fonctionnement du cylindre.
[0042] Ce cylindre possède enfin un dispositif de régulation de température dont la sonde
(29) est disposée dans le corps fixe (26) à proximité du liquide assurant le contact
thermique entre le corps fixe (26) et la paroi intérieure (22) de la virole.
[0043] Comme il ressort de ce qui précède, l'invention apporte une grande amélioration à
la technique existante en fournissant un cylindre chauffant de conception simple,
du fait que le corps chaud est fixe et ne nécessite que des moyens de mise en oeuvre
simples tant sur le plan de la création des calories que de la régulation de la température,
que le fluide caloporteur, situé dans la partie tournante du cylindre, assure un excellent
équilibre de température sur toute la surface du cylindre, et enfin que le transfert
de calories entre le corps fixe et la partie tournante, est obtenu par un liquide
ne nécessitant pas des conditions strictes d'étanchéité.
1. -Cylindre chauffant, caractérisé en ce qu'il comporte en combinaison :
-une virole cylindrique solidaire en rotation de l'arbre du cylindre présentant deux
parois concentriques (20, 22) délimitant un volume annulaire contenant un fluide caloporteur,
-un corps fixe (26), disposé à l'intérieur de la virole et s'étendant sensiblement
sur toute la longueur de celle-ci, régulée en température à une température proche
de la température d'utilisation du cylindre, et
-des moyens de transmission des calories entre le corps fixe et la paroi intérieure
de la virole. '
2. -Cylindre chauffant selon la revendication 1, caractérisé en ce que le volume annulaire
(23) délimité entre les deux parois (20, 22) de la virole est maintenu en dépression
de façon permanente, et est partiellement rempli d'un fluide (25), qui se trouve,
en raison de ses caractéristiques thermodynamiques et du degré de vide, en équilibre
permanent entre une phase vapeur et une phase liquide, sur toute la plage de température
d'utilisation du cylindre.
3. -Cylindre chauffant selon l'une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisé
en ce que le corps fixe (26) présente, en coupe transversale, une forme de secteur
circulaire, d'axe correspondant à l'axe du cylindre, et de rayon légèrement inférieur
au rayon de la' paroi intérieure (22) de la virole.
4. -Cylindre chauffant selon la revendication 3, caractérisé en ce que les moyens
de transmission de calories entre le corps fixe (26) et la paroi intérieure (22) de
la virole sont constitués par une lame de liquide (28), choisi pour sa stabilité à
la température d'utilisation.
5. - Cylindre chauffant selon la revendication 4, caractérisé en ce que le liquide
(28) assurant le contact entre le corps fixe (26) et la paroi intérieure
(22) de la virole est choisi parmi les liquides fluorés ou les huiles silicones.
6. -Cylindre chauffant selon la revendication 4, caractérisé en ce que le corps fixe
(26) s'étend sur un secteur situé en-dessous de l'axe du cyliridre, et en ce que le
niveau du liquide de contact (28) est également situé en-dessous de l'axe du cylindre.
7. -Cylindre chauffant selon l'une quelconque des revendications 4 à 6, caractérisé
en ce qu'il comprend un dispositif de régulation de température comportant une sonde
(29) de mesure de la température située dans le corps fixe (26) à proximité de l'espace
rempli par le liquide de liaison entre le corps chauffant fixe et la paroi intérieure
de la virole.