[0001] Le procédé qui fait l'objet de la présente invention s'applique au traitement des
résidus de pétroles bruts conventionnels, que ce soit des résidus atmosphériques ou
des résidus sous vide, ainsi qu'au traitement des huiles lourdes ou extra lourdes
étêtées telles qu'on peut les obtenir, par exemple, à partir des gisements de la FAJA
PE-TROLIFERA au VENEZUELA ou des gisements de l'ATHABASCA au CANADA. Par extension,
le procédé tel qu'il est revendiqué pourra également être avantageusement utilisé
pour le traitement de résidus atmosphériques ou sous-vide qui sont issus d'un autre
traitement préalable thermique ou catalytique tel que viscoréduction, hydrovis- coréduction,
traitement thermique en présence d'un solvant donneur d'hydrogène, hydrotraitements
catalytiques divers avec conversion plus ou moins poussée de la charge traitée.
[0002] Ces diverses charges sont caractérisées par le fait qu'elles contiennent des résines
et des asphaltènes, produits organiques de poids moléculaire élevé, riches en hétéroatomes
S, N et O auxquels sont complexés des métaux et en particulier le nickel et le vanadium.
[0003] Les inconvénients que procurent en raffinage ces asphaltènes et résines sont bien
connus, que ce soit dans le domaine des procédés catalytiques ou celui des procédés
thermiques.
[0004] Ces inconvénients sont liés à leur forte teneur en hétéroatomes mais surtout à leur
faible rapport H/C et à la présence des métaux, nickel et vanadium complexés.
[0005] En craquage catalytique, en présence de catalyseurs zéolithiques, par exemple, la
présence dans la charge de composés de ce type entraîne simultanément l'augmentation
du dépôt de coke sur le catalyseur au risque de rompre l'équilibre thermique de l'unité
et d'élever la température de régénération jusqu'à des valeurs telles que les zéolithes
perdent rapidement leur cristallinité, la présence de nickel entraîne le dépôt de
ce même métal sur le catalyseur avec comme conséquence l'accroissement de la production
de gaz inconden- sables et d'hydrogène et l'accroissement du dépôt de coke. Quant
au vanadium, lorsqu'il se dépose sur le catalyseur, il peut également former avec
les zéolithes échangées aux terres rares, qui constituent la phase catalytique active
de catalyseurs usuels de ce type de réaction, un composé mixte qui entraîne la perte
de cristallinité et, partant, la perte d'activité.
[0006] En hydrotraitement, des empoisonnements de catalyseur aussi notoires sont bien connus.
Le dépôt progressif de sulfures de nickel et de vana- dyle sur les agents actifs que
sont les sulfures de groupe VIA (molybdène et tungstène) promus par les sulfures du
groupe VIII (nickel et cobalt) entraîne une diminution progressive des activités désulfurante,
déazotante et hydrogénante de ces catalyseurs.
[0007] En hydrocracking la teneur en asphaltènes, déterminée par précipitation à l'heptane
selon la norme française AFNOR NFT 60115, doit être quasiment indétectable si l'on
veut éviter un empoisonnement rapide des sites acides du catalyseur avec production
subséquente de coke.
[0008] En visbreaking, la sévérité des conditions opératoires est également liée à la teneur
en ces produits asphalténiques et à leur stabilité intrinsèque. Pour une charge donnée,
unesévérité trop élevée exprimée en termes de température et (ou) de temps de maturation
trop élevées, entraîne la coagulation des molécules asphalténiques partiellement craquées
avec apparition des micelles colloidales qui ont tendance à décanter durant le stockage
et à colmater les filtres des appareils d'utilisation.
[0009] Tous ces inconvénients ont incité les raffineries à chercher à séparer sélectivement
les composés asphalténiques et résiniques de la fraction huileuse qui les contenait.
Cette séparation appelée désasphaltage par un solvant consiste à rompre l'équilibre
existant entre les asphaltènes et le milieu malténique environnant par addition d'un
solvant qui diminue la viscosité et surtout la tension superficielle du milieu huileux.
Les solvants recommandés sont généralement des paraffines ou (et) des oléfines légères
à 3, 4, 5, 6, et (ou) 7 atomes de carbone. En fait la paraffine légère joue par rapport
aux asphaltènes et éventuellement par rapport aux résines le rôle d'antisolvant. Asphaltènes
et résines sont rejetés hors du milieu huileux sous forme d'une phase distincte et
ceci d'autant mieux que la densité et la tension superficielle du milieu solvant plus
huile sont plus faibles. En conséquence le rendement en "phase asphaltique" et la
qualité de l'huile désasphaltée sont liés pour une charge donnée aux paramètres et
variables suivants : nature du solvant, taux de solvant, température et pression mais
dépendent également très fortement des caractéristiques de la technologie utilisée.
[0010] Le procédé qui fait l'objet de la présente invention a donc trait au désasphaltage
par des solvants hydrocarbonés comprenant des hydrocarbures paraffiniques ou oléfiniques
ayant de 3 à 7 atomes de carbone. Cependant la mise en oeuvre du solvant hydrocarboné
est réalisée de telle manière qu'elle permet d'obtenir des rendements excellents d'une
huile de très bonne qualité avec un taux de solvant minimum et qu'elle permet de concevoir
l'extrapolation industrielle à des unités aptes à traiter en une seule ligne des capacités
annuelles de l'ordre de 2 à 4 millions de tonnes.
OBJET DE L'INVENTION
[0011] Un premier objet de la présente invention est de réaliser le désasphaltage d'une
charge d'hydrocarbures renfermant des asphaltènes notamment d'un résidu ou d'une huile
lourde, par un solvant ayant de 3 à 7 atomes de carbone de manière à obtenir une huile
contenant moins de 0,05 % d'asphaltènes précipités par l'heptane selon la norme AFNOR
NFT 60115.
[0012] Un deuxième objet de l'invention est de réaliser sélectivement l'opération, c'est-à-dire
d'obtenir concomittamment à la qualité de l'huile désasphaltée un très bon rendement
en cette même huile et ceci en mettant oeuvre le minimum de solvant, c'est-à-dire
des rapports volu métriques solvantihuile pouvant être aussi bas que 3/1 à 4/1. Un
troisième objet_de l'invention consiste à réaliser l'opération en séparant-les opérations
physico-chimiques élémentaires qui composent l'opération globale de désasphaltage
: mélange-précipitation, décantation de la phase asphaltique, lavage-peptisation de
la phase asphaltique.
[0013] Le procédé qui fait l'objet de l'invention permet le traitement de capacités annuelles
de résidus ou huiles lourdes très importantes dans un seul décanteur avec respect
des critères de qualité et de rendement qui constituent le premier et le second objet
de l'invention.
ART ANTERIEUR
[0014] L'Art antérieur recouvre un très large spectre de techniques de désasphaltage basant
leur originalité sur la nature du solvant utilisé, sur la gamme de conditions opératoires
préconisées, sur la mise en oeuvre d'additifs spéciaux, sur certaines caractéristiques
techniques du procédé ou sur la réalisation de l'opération en plusieurs étapes successives.
[0015] C'est ainsi que le brevet US n 1948296 revendique comme solvant le propane, le n-butane,
riso- butane, des fractions pétrolières légères, du naphta, des alcools ou des mélanges
de ces divers produits.
[0016] Le brevet US N° 2081 473 présente le concept général de l'opération de désasphaltage,
préconise en conséquence toute la gamme de solvants généralement cités, du méthane
au naphta en passant par le propane, butane et l'essence légère, mais il ne spécifie
ni la gamme de rapports solvant/huile recommandés, ni à plus forte raison, la dissociation
"de facto" de l'opération en ses étapes physico chimiques élémentaires avec application
pour chaque étape d'une gamme de conditions opératoires optimales.
[0017] Les brevets US N 2587643 et 2882219 revendiquent l'ajoût de modifi cateurs ou additifs
soit au solvant, à savoir des carbonates organiques pour le brevet US N°2587643, soit
à la charge, à savoir des aromatiques pour le brevet US N°2882219.
[0018] Les brevets US N° 3278415 et 3331394 préconisent également l'adjonction d'additifs
au solvant à savoir le phénol et le glycol respectivement.
[0019] Quant aux brevets US N° 2002004, 2101308 et 3074882, ils préconisent de réaliser
l'opération de désasphaltage en deux ou plusieurs étapes suces- sives mais les enchaînements
d'étapes envisagés sont conceptuellement différents de l'échelonnement d'étapes de
la présente invention. C'est ainsi que le brevet US N° 2002004 concerne un procédé
de désasphaltage en deux étages avec distillation intermédiaire de la phase hydrocarbonée
riche en solvant issue de la première zone d'extraction. L'effluent du fond de colonne
de distillation est soumis à une deuxième étape de désasphaltage qui permet d'isoler,
en fait, des résines.
[0020] Le brevet US N° 2101 308 propose une première étape de désasphaltage avec de l'essence
légère comme solvant ; le mélange huile-essence légère issu de cette première est
traitée au SO
2, pour une élimination subséquente des résines et aromatiques.
[0021] Le brevet US N° 3074 882 opère une première précipitation au butane. Le butane est
séparé du mélange huile-butane et l'huile résiduelle est traitée au propane dans deux
étages sucessifs permettant d'obtenir d'une part des résines et d'autre part une huile
désasphaltée et dérésinée.
[0022] L'emploi de solvants distincts dans deux étapes du procédé est également décrit dans
GB 735.333.
[0023] Quant au brevet US N° 3830_ 732, il préconise également un désasphaltage en deux
étapes consistant tout d'abord à précipiter asphaltènes et résines avec un premier
solvant dans un rapport volumétrique .solvant/huile inférieur à 4/1 ; dans une deuxième
étape la phase asphalténique issue de la première étape est à son tour repeptisée
par un solvant ayant au moins un atome de carbone de plus que le solvant préconisé
dans la première étape. Cette peptisation de la phase asphaltique permet de redissoudre
les résines dans le second solvant. Après récupération de l'un et l'autre solvants
qui sont recyclés à leurs étages respectifs, on dispose donc d'une huille désasphaltée
et dérésinée, d'une phase résinique et d'une phase asphaltique. Une revendication
particulière de ce brevet préconise que l'opération en première étape est réalisée
à une température supérieure à celle de là seconde étape.
[0024] Si, conceptuellement, la présente invention présente quelque analogie avec le brevet
US N° 3830 732, elle en diffère manifestement par trois points essentiels.
-La repeptisation de la phase asphaltique est réalisée par substantiellement le même
solvant que la précipitation de cette même phase asphaltique.
-Le mélange du solvant avec l'huile, de même que la précipitation, sont réalisés avant
le décanteur et non dans le décanteur lui-même.
-Le fait de n'utiliser qu'un seul solvant permet la mise en oeuvre d'une technique
originale pour réaliser de façon optimum l'enchaînement des étapes que sont le méiange-précipitation,
la décantation de la phase asphaltique et son lavage. Selon la capacité à traiter,
la technique revendiquée dans la présente invention pourra se présenter sous diverses
variantes relevant toutes du même principe de base.
-Les recyclages préconisés dans les diverses variantes du procédé permettent d'accéder
à un rendement maximum en une huile désasphaltée . contenant moins de 0,05 % d'asphalténés
(Norme AFNOR NFT 60115).
RESUME DE L'INVENTION
[0025] Le procédé de l'invention peut mettre en oeuvre les caractéristiques préférées suivantes
:
Le solvant de lavage de la phase asphalténique est le même que celui mis en oeuvre
pour la précipitation.
[0026] Le mélange entre charge à désasphalter et solvant de désasphaltage est réalisé en
amont de l'échangeur qui élève la température de mélange à la valeur requise pour
réaliser une bonne précipitation et une bonne décantation.
[0027] Le mélange charge-solvant passe dans les tubes de l'échangeur et non côté calandre.
[0028] Le temps de résidence du mélange charge-solvant dans la zone de mélange précipitation
est compris entre 5 sec et 5 min, de préférence entre 20 secondes et 120 secondes.
[0029] Le temps de résidence du mélange dans la zone de décantation est compris entre 4
et 20 minutes.
[0030] Le temps de résidence du mélange huile-solvant dans la zone de lavage reste également
compris entre 4 et 20 minutes.
[0031] Les vitesses ascensionnelles des mélanges huile-solvant tant dans la zone de décantation
que dans la zone de lavage resteront utilement inférieures à 1 cm/s
* et de préférence inférieure à 0,5 cm/s.
[0032] La température appliquée dans la zone de lavage sera inférieure de 5 à 50°C à la
température appliquée dans la zone de décantation.
[0033] Le mélange huile-solvant issu de la zone de lavage sera recyclé dans le décanteur
et de façon plus avantageuse encore en amont de l'échangeur situé à l'entrée de la
zone de décantation.
[0034] Le rapport solvant/phase asphaltique préconisé dans la zone de lavage sera compris
entre 0,5 et 8 et de préférence entre 1 et 5.
[0035] Selon l'une de ses variantes le procédé peut comporter deux étages, chaque étage
incluant les trois étapes élémentaires de précipitation, décantation et lavage. Dans
ce cas précis, la température préconisée dans chaque étape du premier étape est de
préférence en moyenne inférieure de 10 à 40 °C à la température de chaque étape correspondante
du second étage. Le procédé qui fait l'objet de l'invention peut utiliser les solvants
hydrocarbonés ayant de 3 à 7 atomes 'de carbones, paraffiniques, oléfiniques ou cyclani-
ques, seuls, mélangés entre eux en proportions diverses ou additionnés d'additifs,
par exemple, du type phénol, glycol, alcools de C1 à C6. Le procédé de la présente
invention se prête plus avantageusement à l'utilisation de solvants paraffiniques
et (ou) oléfiniques. ayant de 4 à 6 atomes de carbone.
DESCRIPTION DETAILLEE DU PROCEDE
[0036] La figure 1 présente les caractéristiques essentielles du procédé correspondant à
l'invention. La charge à traiter est introduite par la conduite (1) jusqu'à la vanne
de mélange (2), où l'on introduit le solvant S1 et S"1 provenant de la récupération
du solvant (23) contenu respectivement dans le mélange solvant-huile ou dans le mélange
solvantphase asphaltique (conduites 3 et 4). Le mélange charge-solvant passe dans
un échangeur (5) où il est porté à la température requise pour l'opération de désasphaltage
considérée ; cette température variera entre 100 et 200°C selon le solvant considéré
(par exemple isobutane, butane, isopen- tane, pentane, essence légère) selon le type
de charge à traiter (brut étêté, résidu atmosphérique, résidu sous vide), selon l'origine
du pétrole brut considéré et selon le rapport solvant/huile mis en oeuvre. A titre
d'exemple dans le cas d'un résidu sous vide du type SAFANYA, pour un rapport solvant/huile
allant de 3/1 à 5/1, la température à la sortie de l'échangeur sera comprise entre
190 et 170°C et la pression comprise entre 4 et 5 M Pascals dans la mesure où l'on
vise d'obtenir une huile désasphaltée contenant moins de 0,05 % d'asphaltes selon
la NORME AFNOR NFT 60115. Il importe de spécifier que selon une des caractéristiques
préférées du procédé, le mélange charge-solvant passe dans les tubes de l'échangeur
et non côté calandre, de plus, il est recommandé de réaliser dans cet échangeur un
écoulement gravitaire c'est-à-dire que le mélange charge-solvant parcourt de haut
en bas les tubes de l'échangeur.
[0037] A la sortie de l'échangeur, le mélange porté à la température requise est introduit
par la conduite (6) dans le ballon extracteur (7) où s'opère la décantation. La précipation
de la phase asphaltique commence quasi instantanément au niveau de la vanne de mélange
pour se pour suivre dans l'échangeur (5) au fur et à mesure que s'élève la température.
Pour assurer une bonne précipitation et une bonne coagulation des miscelles asphaltiques
avant l'entrée du ballon décanteur, on préfère que le temps de résidence du mélange
entre la vanne de mélange et l'entrée du décanteur soit compris entre 5 secondes et
5 minutes et de préférence entre 20 secondes et 120 secondes. De même la turbulence
dans la canalisation 6 est utilement contrôlée pour éviter l'éclatement en trop petites
particules des miscelles de phase asphaltique en suspension dans le milieu huile-solvant
; en pratique, il est recommandé qu'à la sortie de l'échangeur le nombre de REYNOLDS
du mélange soit compris entre 2.10° et 10
6 et de préférence entre 5.10
* et 5.10
5. Dans cette gamme de valeurs on constate en outre qu'on initie l'agglomération des
micelles rendant ainsi plus aisée et plus rapide la décantation ultérieure dans le
ballon décanteur.
[0038] Dans le ballon décanteur (7) s'effectue l'agglomération des micelles de phase asphaltique
et leur décantation. Le volume et la géométrie du décanteur sont calculés pour que
le temps de résidence du mélange solvant-huile soit compris entre 4 et 20 minutes
et de préférence entre 8 et 15 minutes et pour que la vitesse ascensionnelle du mélange
solvant-huile soit toujours inférieure à 1 cm par seconde. Le ballon décanteur fonctionne
de préférence de façon isotherme, c'est-à-dire à une température sensiblement égale
à la température d'entrée du mélange, aux pertes thermiques près. La phase asphaltique
est recueillie dans une botte sous jacente (8) où une régulation de niveau provoque
son soutirage par la pompe - (10) via les conduites (9 et 11) jusqu'à la colonne (12)
où s'opèrent le lavage de la phase asphaltique et la repeptisation sélective d'une
partie des résines par le solvant S'1 recyclé à partir de l'unité de fractionnement
(23) par la conduite (14). L'échangeur (15) permet d'ajuster la température du solvant
de lavage à la température optimum pour l'opération envisagée.
[0039] La pression appliquée dans la tour de lavage est de préférence très proche de la
pression de décanteur en amont ; la température du solvant S'1 à l'entrée de la tour
sera de préférence inférieure de 5 à 50°C à la température de la phase asphaltique
introduite par la conduite (11) au sommet de la zone de lavage. Le gradient de température
s'établissant entre les entrées des conduites (11) et (14) permet de régler pour un
débit de solvant S'1 donné et une phase asphaltique de nature donnée le taux de repeptisation
des résines, c'est-à-dire permet de régler le rendement en asphalte et le point de
ramollissement de l'asphalte. Le débit de solvant influe également sur le rendement
en asphalte et sur son point de ramollissement. Selon le procédé qui fait l'objet
de l'invention ce débit est réglé de façon à ce que le rapport volumique solvant/phase
asphaltique soit compris entre 0,5 et 8 et de préférence entre 1 et 5.
[0040] La colonne est avantageusement opérée de façon à ce que le niveau de décantation
de la phase asphaltique (17) soit réglé au dessous de la conduite d'injection (14)
du solvant S'1 et plus précisément au-dessous du dispositif de distribution (16) de
ce même solvant dans le milieu continu solvant-huile bien qu'un réglage à un niveau
supérieur donne quand même de bonne performances. La colonne est de préférence équipée
de plateaux en chicanes (13) qui permettent un meilleur contact entre les micelles
de phase asphaltique et le courant ascendant de solvant. Ces chicanes sont de préférence,
calculées de telle façon que la vitesse ascensionnelle du solvant ou plus précisément
de la phase solvant additionnée de l'huile lavée et des résines peptisées reste inférieure
à 36 m/heure. De toute manière la tête de colonne est de préférence dépourvue de chicanes
pour réduire cette vitesse ascensionnelle et peut être conçue d'un diamètre légèrement
supérieur pour éviter tout entraînement des particules colloidales de phase asphaltique
de diamètre inférieur au micron. Dans un mode de réalisation du procédé, le produit
issu du sommet de colonne est recyclé en phase liquide via la conduite (18) dans le
solvant S1 légèrement en amont de la vanne de mélange (2).
[0041] La phase asphaltique gonflée de solvant quasiment pur est soutirée du fond de la
colonne de lavage grâce à la pompe (20) via la conduite (19) jusqu'à la tour de vaporisation
(21) où l'on sépare l'asphalte, soutiré par la ligne (22), du solvant qui est recyclé
par la. conduite (4), soit en tête du décanteur, soit en amont de ce décanteur et
de préférence au niveau de la vanne de mélange. Quant à la récupération du solvant
associé à l'huile désasphaltée, elle est schématisée par le rectangle (23) et peut
par exemple être réalisée dans le procédé relevant de l'invention par vaporisation
du solvant dans une cascade d'évaporateurs soit du type échangeur classique, soit
de préférence du type échangeur à film tombant ou par séparation de la phase solvant
de la phase huile dans un décanteur opérant dans les conditions supercritiques ou
par ultrafiltration du solvant sur des membranes minérales appropriées. L'huile désasphaltée
sort par la ligne (27).
[0042] Dans le mode de réalisation décrit plus haut, le décanteur se présentait sous forme
allongée, était muni d'une botte et était de préférence incliné de 5 à 10° par rapport
au plan horizontal pour permettre à la phase asphaltique de couler librement vers
la botte sous jacente. L'invention ne stipule cependant pas que ce décanteur soit
nécessairement allongé ; il peut également être vertical ainsi que présenté dans la
figure 2, dans la mesure où cette géométrie permet de respecter les contraintes de
vitesse ascensionnelle et de temps de décantation préconisées ci-dessus. Cette géométrie
qui nécessite une moins grande surface au sol sera donc recommandée pour le traitement
de capacités annuelles inférieures à 2 millions de tonnes : Bien que le décanteur
soit, pour des conditions de procédé, disposé verticalement, l'agencement des étapes
et les conditions opératoires préconisées sont strictement celles qui font l'objet
de la présente invention.
[0043] Le procédé dans une dernière variante peut également être appliqué au, cas où l'opération
est réalisée en deux étages avec précipitation d'une phase asphaltique dure dans un
premier étage et précipitation d'une phase résinique dans un second étage. La simple
idée de production séparée d'une phase asphaltique et d'une phase résinique est connue
et pratiquée industriellement depuis très longtemps et ne fait pas partie du corps
de l'invention. L'objet de l'invention a trait au fait que chaque étage, ainsi que
le schématise la figure 3, comporte un échelonnement des 3 étapes élémentaires : mélange-précipitation,
décantation, lavage-repeptisation, tout à fait analogue à celui décrit dans les variantes
précédentes où les asphaltes et résines étaient précipités en une seule phase.
[0044] Conformément à cette variante la précipitation et la décantation sont dans le premier
étage réalisés à une température de 20 à 60°C inférieure à celle que l'on applique
lorsque l'on opère la précipitation en une seule fois, c'est-à-dire à la température
minimum pour que la phase asphaltique reste liquide et et suffisamment fluide à la
sortie du décanteur pour pouvoir être manipulée sans problème. L'étape de lavage de
la phase asphaltique dans cette variante est réalisée à une température égale ou iégèrement
supérieure à celle du décanteur. Le mélange solvant-huile-résines issu du lavage par
la conduite 18 est mélangé avec le mélange solvant-huile-résines issu du premier décanteur
(24).
[0045] Dans le second étage le mélange solvant huile-résines est réchauffé (35) à une température
supérieure de 30 à 70°C à celle appliquée dans le premier décanteur. Comme dans le
premier étage, le mélange solvant-huile-résines passe de préférence dans les tubes
de l'échangeur et non côté calandre ; de plus l'écoulement du mélange solvant-huile-résines
sera un écoulement gravitaire ; l'extrait est séparé par la ligne (38) pour fractionnement
dans le séparateur (23). Le raffinat est envoyé par la ligne (39) dans le laveur (40).
Les vitesses ascensionnelles et les temps de résidence dans le ballon décanteur (37)
et la colonne (40) sont compris dans les fourchettes préconisées ci-dessus pour le
ballon (7) et la colonne (12). Le rapport solvant/phase résinique en (40) est compris
entre 2 et 4. Le mélange solvant-huile est recyclé par la conduite (43) en amont de
l'échangeur (35). Le solvant de lavage de la phase résinique est injecté par la conduite
(41) au bas de la colonne - (40) de lavage de la phase résinique après être passé
dans l'échangeur (42) de façon à ajuster la température du dit solvant à une valeur
inférieure à celle du décanteur (37) de 5 à 30°C.
[0046] La phase résinique (44) est libérée du solvant entraîné en (45) par "flash" et (ou)
entraînement à la vapeur. La phase résinique (46) est récupérée. Le solvant récupéré
est envoyé par la conduite - (47) jusqu'en la canalisation (4). Le procédé permet
donc en deux étages de conceptions analogues d'assurer de façon très flexible la production
d'une phase huile (27) dépourvue d'asphaltènes et très pauvre en résines ainsi que
la production simultanée d'une phase asphaltique et d'une phase résinique, les proportions
de ces deux dernières phases pouvant être ajustées à volonté, pour une charge ddnnée,
un solvant et des taux de solvant donnés, par le choix des températures appliquées
en (
7) et (37) d'une part, en (15) et (42) d'autre part.
EXEMPLE 1
[0047] On désasphalte un résidu sous vide SAFANIYA par addition d'un solvant essentiellement
constitué par un mélange de pentane et d'isopentane. Les caractéristiques du résidu
sont présentées dans le tableau 1 et la composition de la coupe C5 dans le tableau
2.

[0048] L'opération est réalisée dans une unité capable de traiter de 1 t/h à 3 t/h de résidu
et dont les caractéristiques sur le plan du procédé sont analogues à celles qui font
l'objet de l'invention précédemment décrite. L'échangeur tubulaire est disposé verticalement.
La colonne de lavage-répep- tisation est équipée de chicanes horizontales entrecroisées
de façon de réaliser l'équivalent de 2 étages théoriques tant pour le transfert de
masse que de chaleur. Une série de 10 essais ont été réalisés conformément au schéma
de la figure 1. Les conditions opératoires appliquées sont présentées dans le tableau
3. Dans cette série d'essais le solvant du mélange huile-solvant était récupéré pour
90 % dans un cascade dévaporateursà film tombant et pour les 10 derniers pour cent
par stripping de la phase huileuse dans des conditions de pression inférieures à celles
appliquées dans l'opération de décantation. Après élimination du solvant tant dans
la phase huile que dans la phase asphaltique respectivement en (23) et (21) comme
indiqué dans la figure 1, les phases huileuse et asphaltique sont stockées et analysées.
Le tableau 4 donne les rendements et quelques caractéristiques des produits obtenus.
[0049] Cette série d'essais confirme le bien fondé du - schéma de procédé et des conditions
opératoires préconisées. On voit que la qualité de l'huile augmente lorsque croit
la température de précipitation et (ou) de décantation et, pour une température donnée,
lorsque croit le rapport solvant/charge. Les quatre derniers essais montrent plus
particulièrement l'importance de l'étape de lavage et des conditions opératoires appliquées
dans cette étape sur les rendements en huile d'une part et sur les caractéristiques
de l'asphalte d'autre part : le rendement en huile désasphaltée augmente lorsque croit
le débit de solvant de lavage et lorsque diminue la température du fond de la colonne
de lavage.
EXEMPLE 2
[0050] On opère le désasphaltage d'un résidu atmosphérique BOSCAN par addition du même solvant
du type coupe C5 que celui utilisé dans l'exemple 1. L'opération est réalisée dans
la même unité que celle décrite à prôpos de l'exemple 1. Les conditions opératoires
appliquées dans les essais sélectionnés pour illustrer l'intérêt du procédé de l'invention
sont présentées dans le tableau 6. Le tableau 5 donne les caractéristiques essentielles
de la charge traitée et le tableau 7 les rendements et caractéristiques des produits
obtenus. Cet exemple a été plus particulèrement choisi pour illustrer l'importance
de l'étape de lavage sur les rendements en huile désasphaltée. Cette série d'essais
fait encore ressortir l'importance des conditions appliquées dans l'étape de lavage.
Les rendements en huile sont d'autant plus élevés que la température de lavage est
basse et que le rapport solvant/phase asphaltique qui, à la sortie de décanteur, est
composée de l'asphalte gonflé de solvant et d'huile, est compris entre 1.6 et 2 fois
le volume de l'asphalte final qui sort de la tour de lavage. Ceci implique que le
rapport du solvant à la phase asphaltique entrant dans la tour de lavage dans les
essais précédents reste bien compris entre 0,5 et 8.
EXEMPLE 3
[0051] On opère le désasphaltage du résidu sous vide SAFANIYA dont les caractéristiques
sont présentées dans le tableau 1 mais en utilisant pour la précipitation une coupe
C4 contentant en poids 3 % de propane, 35 % d'isobutane, 61 % de butane et 1 % d'isopentane.
Les essais sont réalisés dans la même unité que celle décrite dans les précédents
exemples. Les conditions opératoires de la série d'essais sont résumées dans le tableau
8, les rendements et caractéristiques des produits obtenus sont présentés dans le
tableau 9.
1. Procédé de désasphaltage d'une charge d'hydrocarbures contenant des asphaltènes,
qui comprend les étapes suivantes :
a) on introduit à 100-220° C, dans une zone de décantation, un mélange préformé de
la charge d'hydrocarbures avec une première fraction d'une charge de solvant comprenant
au moins un hydrocarbure paraffinique, oléfinique ou cy- clanique ayant de 3 à 7 atomes
de carbone, le rapport volumique fraction de charge de solvant/charge d'hydrocarbures
étant de 2,5/1 à 6/1,
b) on laisse décanter le mélange, dans la zone de décantation, à une température de
100-220° C, et une vitesse ascensionnelle de la phase légère inférieure à 1 cm/seconde,
et l'on sépare une phase légère, contenant de l'huile désasphaltée, d'une phase lourde
asphalténique,
c) on soumet la phase lourde asphalténique à un lavage, dans une zone de lavage substantiellement
verticale, en la laissant s'écouler de haut en bas à contre-courant d'un courant ascendant
d'une seconde fraction de ladite charge de solvant, ladite seconde fraction ayant
la même composition que ladite première fraction et ladite seconde fraction étant
introduite à une température de 5 à 50° C plus basse que la température d'introduction
de la phase lourde asphalténique.dans la zone de lavage, le rapport volumique solvant/phase
asphalténique étant de 0,5/1 à 8/1 et on recueille une phase supérieure huile-solvant
pauvre en asphaltènes et une phase inférieure, riche en asphaltènes,
d) on renvoie la phase supérieure de l'étape (c) à la zone de décantation de l'étape
(a),
e) on sépare le solvant de la phase inférieure de l'étape (c) et on recueille une
phase asphalténique, et
f) on sépare le solvant de la phase légère de l'étape (b) et on recueille une phase
d'huile désasphaltée.
2. Procédé selon la revendication 1, dans lequel le mélange de la charge d'hydrocarbures
avec la première fraction de la charge de solvant introduite à 100-220°C dans la zone
de décantation est obtenu par mélange des deux charges, chauffage subséquent jusqu'à
100-220°C puis envoi du mélange chauffé à la zone de - décantation, cet envoi étant
réalisé à un nombre de Reynolds du mélange chauffé de 2.10* à 10', et la durée depuis le début du chauffage jusqu'à l'entrée dans la zone de
décantation étant de 5 secondes à 120 secondes.
3. Procédé selon la revendication 2, dans lequel l'étape (d) est effectuée en mélangeant
la phase supérieure de l'étape (c) avec la charge d'hydrocarbures et la première fraction
de charge de solvant de l'étape (a) avant chauffage du mélange des deux dernières
charges, le mélange résultant étant ensuite chauffé jusqu'à 100-220°C et envoyé à
la zone de décantation avec ledit nombre de REYNOLDS et ladite durée.
4. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, dans lequel la portion
supérieure de la zone de lavage, située au-dessus du point d'introduction de la phase
lourde asphaltique, est à une température plus élevée que la portion inférieure, grâce
à quoi on réduit la teneur en asphaltènes de la phase supérieure recueillie à l'étape
(c).
5. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, dans lequel le chauffage
du mélange, à l'étape (a), esf effectué dans un échangeur tubulaire, vertical et ledit
mélange circule de haut en bas dans ledit échangeur.
6. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, dans lequel la durée de
l'étape - (a) est de 20 à 120 secondes et le nombre de REYNOLDS est de 5. 10' à 5.
105.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, dans lequel la zone de
décantation est de forme allongée, inclinée de 5 à 10°C par rapport à l'horizontale,
dans le sens d'écoulement du mélange.
8. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 7, dans lequel le rapport
volumique solvant/phase asphaltique, dans la zone de lavage, est de 2/1 à 4/1, et
la dite zone de lavage est en moyenne de section plus large au-dessus du point d'introduction
de la phase lourde asphaltique qu'au-dessous de ce point.
9. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 8, dans lequel le rapport
volumique solvant/charge d'hydrocarbures à l'étape (a) est de 3/1 à 4/1.
10. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 9, dans lequel le temps
de séjour à chacune des étapes (b) et (c), est de 4 à 20 minutes.
11. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 10, dans lequel on opère
en deux étages, la température moyenne du premier étage étant inférieure de 10 à 40°C
à la température moyenne du second étage.