[0001] La présente invention est relative à un procédé et à un dispositif de purification
du lithium notamment en sodium et en potassium.
[0002] On sait que le lithium est intéressant notamment dans l'industrie aéronautique où,
allié à l'aluminium, il permet de confectionner des tôles et pièces massives, allégées,
et d'améliorer certaines caractéristiques mécaniques des alliages classiques.
[0003] Toutefois, le lithium utilisé à cette fin doit avoir une pureté convenable, en particulier
il doit contenir très peu de métaux alcalins tels que le sodium et le potassium car
ces éléments dégradent notablement les caractéristiques mécaniques des alliages d'aluminium.
[0004] Or, le lithium obtenu par voie chimique ou électrochimique contient généralement
du sodium provenant de la matière première et du potassium notamment lorsqu'il est
fabriqué électrolytiquement parce que cette technique met en oeuvre le plus souvent
des bains de sels fondus contenant du chlorure de potassium et que ce composé se dissocie
partiellement lors de l'électrolyse en donnant lieu à un dépôt de potassium simultanément
avec le lithium.
[0005] Il s'avère donc nécessaire de procéder à une purification du lithium en ces éléments
avant d'entreprendre l'élaboration d'alliages avec l'aluminium.
[0006] Il est connu par le traité de Chimie Minérale de Pascal Tome Il, 1er fascicule, édition
1966, p. 25 que l'on peut- purifier le lithium en potassium en distillant l'hydrure
vers 700°C ou encore abaisser simultanément la teneur en sodium et en potassium en
distillant le lithium vers 400-450°C sous une très faible pression de l'ordre de 1.10-'
Pascal environ.
[0007] Mais ces procédés nécessitant la vaporisation complète du lithium d'où une consommation
d'énergie calorifique relativement importante. De plus, le coefficient de séparation
de ces métaux étant faible, la distillation doit être menée lentement si on veut obtenir
la pureté convenable. Cela entraîne une faible productivité et n'empêche pas pour
autant une perte importante de lithium à la fois sous forme polluée et par volatilisation.
[0008] De plus, le ruisellement de lithium liquide sur les parois de la colonne de distillation
est la cause d'une corrosion importante du matériel généralement réalisé en acier
inoxydable qui peut engendrer des pollutions rédhibitoires du métal obtenu.
[0009] C'est pourquoi la demanderesse ayant constaté ces inconvénients a cherché et trouvé
un procédé beaucoup plus rapide, moins polluant et plus économique que les précédent
ainsi qu'un dispositif permettant la mise en oeuvre dudit procédé.
[0010] Le procédé selon l'invention est caractérisé en ce que l'on agite le bain constitué
par le lithium à purifier qui a été fondu sous atmosphère inerte, on évapore sélectivement
les impuretés à une température comprise entre 400 et 700°C sous une pression inférieure
à 10 Pascal et les condense à une température inférieure à 100°C.
[0011] Ce procédé consiste donc après avoir fondu la masse de lithium à purifier à l'abri
de l'air afin d'éviter son oxydation, à soumettre le bain ainsi formé à une agitation
de façon à renouveler en permanence la surface libre qu'il présente dans le conteneur
où il a été initialement placé. Cette agitation peut être obtenue par tout moyen mécanique
tel qu'agitateur ou électrique tel que bobines électromagnétiques alimentées en courant
alternatif, lesquelles induisent dans le bains des forces électriques qui par intéraction
avec le champ magnétique qu'elles créent, développent des forces le Laplace propres
à l'agitation. En même temps qu'on agite, on maintient le métal à une température
comprise entre 400 et 700°C et réduit la pression atmosphérique à la surface libre
du bain à une valeur inférieure à 10 Pascal, de manière à y provoquer une évaporation.
[0012] Le maintien à la température indiquée peut être réalisé au moyen d'éléments chauffants
placés à l'extrémité du bain de manière à éviter leur corrosion par le lithium. Quant
à la pression réduite, elle est obtenue par tout dispositif de pompage convenable,
tel que par exemple l'association d'une pompe à palettes et d'une pompe à diffusion.
[0013] La fourchette de température retenue résulte du fait qu'une température plus haute
augmente les pertes en lithium tandis qu'une température plus basse réduit la vitesse
d'évaporation. Dans cette fourchette, une pression inférieure à 10 Pascal doit être
maintenue pour avoir une évaporation suffisante. Mais ces conditions les plus favorables
à la mise en oeuvre du procédé correspondent à une température comprise entre 530
et 570°C et à une pression comprise entre 1.10-' et 1.10-
3 Pascal.
[0014] L'évaporation réalisée dans ces conditions s'avère être alors très sélective, c'est-à-dire
qu'elle affecte presque exclusivement les impuretés : sodium et potassium sans entraîner
d'évaporation sensible de lithium et cela, avec des vitesses relativement grandes
permettant ainsi d'obtenir une productivité convenable. En raison de la nature des
moyens de l'invention, le problème de la corrosion et de la pollution qui lui est
consécutive est supprimé.
[0015] Le procédé comprend également une phase de condensation qui permet de recueillir
à l'état liquide ou solide, les impuretés qui se sont évaporées. Cette condensation
s'effectue à une température inférieure à 100°C et de préférence inférieure à 50°C.
Il est en effet souhaitable de condenser à la température la plus basse possible afin
de pouvoir favoriser l'évaporation et de maintenir une vitesse compatible avec la
productivité recherchée.
[0016] L'invention comprend également un dispositif pour la mise en application du procédé.
[0017] Ce dispositif est caractérisé en ce qu'il est constitué par une enceinte métallique
étanche à l'air ambiant formée de :
-une partie haute, équipée de moyens de chauffage, d'agitation, d'alimentation et
de prélèvement du lithium, de mesure de niveau et de température, et à l'intérieur
de laquelle est placé un conteneur où le lithium présente une surface d'évaporation
vers l'enceinte;
-une partie basse équipée de moyens de transfert calorifique, d'une vanne de vidange
et d'une tuyauterie reliée à un dispositif de pompage et à l'intérieur de laquelle
est placée une surface de révolution destinée à la condensation, fixée de façon étanche
sur toute sa périphérie extérieure et au moins sur une fraction de sa hauteur à la
paroi intérieure de l'enceinte, l'intérieur de ladite surface mettant en communication
la partie haute de l'enceinte avec la tuyauterie.
[0018] Dans ce dispositif, la surface de condensation est au moins égale à la surface d'évaporation
afin de garder au procédé toute son efficacité dans la purification.
[0019] La description d'un tel dispositif est facilitée en s'aidant de la figure jointe
qui représente en coupe axiale verticale un dispositif particulier.
[0020] On y voit une enceinte cylindro-conique en acier, étanche à l'air ambiant, formée:
-d'une partie haute (1) cylindrique, chauffée au moyen de résitances électriques (2)
équipée de moyens d'agitation ici constitués par une bobine - (3) circulaire dans
laquelle circule un courant électrique alternatif, de moyens d'alimentation (4) et
de prélèvement (5) du lithium, d'une sonde (6) de mesure de niveau du lithium, d'un
tube borgne - (7) dans lequel est placé un thermocouple, d'un piquage (8) d'introduction
de gaz neutre; à l'intérieur de cette partie est placé un conteneur - (9) en acier
NSMC revêtu intérieurement de fer pur, suspendu au dôme de l'enceinte par des supports
(10) et renfermant le bain (11) de lithium qui présente une surface d'évaporation
(12);
-d'une partie basse (13) conique, présentant une double enveloppe (14) à l'intérieur
de laquelle circule un fluide caloporteur, équipés à sa partie inférieure d'une vanne
(15) de vidange des impuretés et sur sa partie latérale d'une tuyauterie (16) reliée
à un dispositif de pompage non représenté; à l'intérieur de cette partie est placée
une surface - (17) de révolution destinée à la condensation, fixée de façon étanche
sur toute sa périphérie extérieure suivant la couronne (18) à la paroi intérieure
de l'enceinte et mettant en relation la partie haute de l'enceinte avec la tuyauterie.
Sur cette surface est fixée une gaine (19) permettant de loger un thermocouple destiné
à contrôler la température de condensation.
[0021] Le fonctionnement d'un tel dispositif est le suivant : l'enceinte ayant été purgée
de son air par introduction en (8) d'un courant d'argon que l'on peut évacuer par
la vanne, le lithium impur est introduit dans le conteneur par le moyen d'alimentation
en suivant le niveau au moyen de la sonde et chauffé au moyen de résistances électriques
à la température convenable régulée par le thermocouple placé en (7). L'enceinte est
mise sous pression convenable par mise en route du dispositif de pompage tandis que
la partie inférieure est refroidie par envoi d'un fluide froid dans la double enveloppe
de manière à maintenir la température de la surface de condensation à la valeur désirée
et contrôlée par le thermocouple placé en (19).
[0022] Le moyen d'agitation est alors mis en service. Les impuretés s'échappent à la surface
d'évaporation du bain métallique et les vapeurs viennent se condenser sur la surface
de condensation.
[0023] Après une durée d'agitation fonction de la quantité de lithium, de sa composition
et du degré de pureté souhaité, le moyen d'agitation et le groupe de pompage sont
arrêtés; le lithium purifié est prélevé et les impuretés vidangées par l'intermédiaire
de la vanne de fond (15).
[0024] Pour permettre cette vidange, le fluide caloporteur est porté à une température suffisante
pour fondre les impuretés condensées, de préférence entre 100 et 200°.
[0025] L'invention peut être illustrée à l'aide de l'exemple d'application suivant :
Une charge de 10 kg de lithium contenant en poids 200 ppm de sodium et 100 ppm de
potassium a été traité à 550°C sous 1.10-2 Pascal pendant 6 heures dans un dispositif où la surface de condensation était égale
à 2 fois la surface d'évaporation. La température de la surface de condensation était
de 100°C. On a récupéré 9,95 kg de lithium qui renfermait 5 ppm de sodium et 2 ppm
de potassium.
[0026] Ces chiffres montrent l'efficacité du procédé selon l'invention qui trouve son application
notamment dans la purification du lithium destiné notamment à l'élaboration d'alliages
d'aluminium pour les besoins de l'aéronautique.
1. Procédé de purification du lithium caractérisé en ce que l'on agite le bain constitué
par le lithium à purifier qui a été fondu sous atmosphère inerte, on évapore sélectivement
les impuretés à une température comprise entre 400 et 700°C sous une pression inférieure
à 10 Pascal et les condense à une température inférieure à 100°C.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on agite le bain mécaniquement.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on agite le bain de façon
électromagnétique.
4. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la température est comprise
entre 530 et 570°C.
5. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la pression est comprise
entre 1.10-' et 1.10-' Pascal.
6. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la température de condensation
est inférieure à 50°C.
7. Dispositif d'application du procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce
qu'il est constitué par une enceinte métallique étanche à l'air ambiant, formée de
:
-une partie haute (1), équipée de moyens de chauffage (2) d'agitation (3) d'alimentation
(4) et de prélèvement (5) du lithium, de mesure de niveau - (6) et de température
(7) et à l'intérieur de laquelle est placé un conteneur (9) où le lithium présente
une surface d'évaporation (12) vers l'enceinte;
-une partie basse (13) équipée de moyens de transfert calorifique (14) d'une vanne
(15) de vidange et d'une tuyauterie (16) reliée à un dispositif de pompage et à l'intérieur
de laquelle est placée une surface (17) de révolution destinée à la condensation,
fixée de façon étanche sur toute sa périphérie extérieure et au moins sur une fraction
de sa hauteur à la paroi intérieure de l'enceinte, l'intérieur de ladite surface mettant
en comunica- tion la partie haute de l'enceinte avec la tuyauterie.
8. Dispositif selon la revendication 6, caractérisé en ce que la surface de condensation
est au moins égale à la surface d'évaporation.