[0001] L'invention concerne un allumeur pyrotechnique utilisable sur les obus à propulsion
additionelle et les obus à réduction de traînée, cet allumeur comportant un boîtier
extérieur résistant dont le fond est muni d'orifices périphériques divergents et un
chargement d'allumage placé dans ce boîtier.
[0002] Des allumeurs présentant une telle structure sont connus depuis de nombreuses années
en ce qui concerne la mise à feu des chargements propulsifs utilisés pour la propulsion
additionnelle des obus, et ces chargements sont le plus souvent de type "à canal central"
et présentent une grande longueur. Il est égalememnt connu que l'utilisation d'un
allumeur entraîne généralement un peu plus de dispersion des impacts des obus lors
des tirs, et c'est l'une des principales raisons pour lesquelles après avoir utilisé
des allumeurs placés en amont du chargement propulsif, tel que cela est décrit par
exemple dans le brevet US 3,698,321 de 1972, il a été mis au point des techniques
de mise à feu directe sans utiliser d'allumeur, l'une de ces techniques étant décrite
dans le brevet US 4 197 800 de 1980.
[0003] Actuellement la mise à feu des chargements générateurs de gaz à canal central, qui
sont placés au culot des obus et qui sont destinés à réduire la traînée de culot de
ces obus, est réalisée au moyen d'allumeurs semblables à ceux utilisés pour la propulsion
additionnelle, mais les résultats obtenus sont encore insuffisam ment reproductibles,
et plusieurs techniques de mise à feu directe de ces chargements, sans utiliser d'allumeur
placé en amont du chargement générateur de gaz, ont été développées et sont décrites
notamment dans le brevet US 4 130 061 et dans le brevet GB 2 131 926. De telles techniques
d'allumage, totalement directe (GB 2 131 926) ou en utilisant une première composition
plus sensible (US 4 130 061) limitent considérablement le choix de la composition
du chargement propulsif ou du chargement générateur de gaz et ne permettent pas d'utiliser
les compositions les plus adaptées notamment à la réduction de traînée du culot qui
nécessite des compositions brûlant à très faible pression tout en générant un grand
volume de gaz de combustion.
[0004] En ce qui concerne plus particulièrement les allumeurs qui sont placés en amont des
chargements générateurs de gaz et qui permettent de réduire la traînée de culot des
obus, les brevets FR 2 328 938 et FR 2 365 777 décrivent de tels allumeurs selon différentes
configurations. Selon le premier brevet, l'allumeur est placé entièrement dans le
fond de l'obus et les orifices d'éjection des gaz d'allumage et des particules incandescentes
sont percés dans le fond du boîtier, théoriquement cette configuration est la meilleure
puisque les gaz chargés de particules chaudes ne tendent pas à éroder la surface du
bloc générateur de gaz, mais il a été constaté que dans les conditions particulières
de tir au canon de nombreux blocs ne s'allumaient même pas alors qu'une telle configuration
conviendrait parfaitement pour un propulseur ou un générateur de gaz non intégré dans
un obus.
[0005] La différence qui semble la plus important réside dans le fait que la mise à feu
d'un engin autopropulsé classique se fait alors que la tuyère de l'engin est obturée
par un opercule jusqu'à ce qu'une pression suffisante soit atteinte, alors que, dans
le mode de fonctionnement d'un chargement placé sur un obus, si une pression de plusieurs
milliers de bars règne initialement dans le canal du chargement générateur de gaz,
dès la sortie de la bouche du canon, il se produit une vidange brutale du canal qui
tend à éteindre la surface en combustion du propergol même si celui-ci était déjà
partiellement mis à feu. Selon le second brevet français FR 2 365 777, l'allumeur
est placé au niveau du bloc de propergol, ce qui permet un gain de place, mais le
faible longueur du canal central implique une éjection latérale ou oblique des gaz
d'allumage afin que la mise à feu du bloc puisse être réalisée quelle que soit la
composition de propergol. Par contre une telle éjection latérale entraîne une combusion
érosive localisée et peu reproductible du bloc de propergol générateur de gaz.
[0006] Tous les allumeurs destinés aux chargements générateurs de gaz des obus, que cette
génération soit limitée pour obtenir une réduction de traînée ou que cette génération
soit importante pour obtenir un effet propulsif, sont des allumeurs compacts dont
le bottier est totalement rempli par le chargement d'allumage. Ce chargement contient
soit des éléments pyrotechniques, soit un bloc monolithique obtenu par moulage ou
par compression, qui sont en appui sur le fond aval du boîtier d'allumage ce qui permet
de maintenir ce chargement durant la phase d'accélération de l'obus dans le canon.
[0007] La présente invention a pour but d'obtenir, d'une part une fiabilité totale d'allumage
du chargement générateur de gaz quelle que soit la composition de propergol utilisée,
notamment avec les compositions à très basse vitesse de combustion à faible pression
qui sont difficiles à mettre à feu dans les conditions particulières de tir des obus,
et d'autre part une amélioration de la reproductibilité de l'allumage qui influe directement
sur la précision des tirs à grande distance, l'une des causes des dispersions observées
avec les obus à réduction de traînée par rapport aux obus normaux étant l'irrégularité
des conditions d'allumage.
[0008] L'invention se caractérise en ce que la surface interne du boîtier de l'allumeur
comporte un moyen de positionnement axial du chargement qui ménage un espace libre
entre la face aval du chargement et le fond du boîtier, le chargement d'allumage étant
constitué par un bloc pyrotechnique solidaire d'une virole périphérique en appui sur
ledit moyen de positionnement axial.
[0009] Selon un premier mode de réalisation le moyen de positionnement axial est constitué
par un épaulement interne du boîtier sur lequel porte la virole périphérique du chargement
d'allumage, et selon un second mode de réalisation ce moyen de positionnement axial
est constitué par la surface interne du boîtier de l'allumeur qui est tronconique,
le fond de ce boîtier étant raccordé à la petite base du tronc du cône et le chargement
d'allumage étant lui-même tronconique avec le même angle d'ouverture. Ces deux modes
de réalisations préférentiels permettent de ménager un espace libre situé entre la
face aval du chargement d'allumage et le fond du boî
" tier, le volume de cet espace libre et surtout sa hauteur étant optimisé en fonction
de la nature de la composition du bloc pyrotechnique d'allumage, du dimensionnement
des orifices périphériques divergents du boîtier, et de la composition de propergol
du chargement générateur de gaz.
[0010] Avantageusement, surtout lorsque le canal du chargement générateur de gaz présente
une faible longueur, comme cela est le cas pour les chargements de réduction de traînée
des obus, la zone centrale interne du fond du boîtier comporte une saillie dont l'épaisseur
décroît du centre vers la périphérie, un tel déflecteur ayant une efficacité réelle
variable au cours du temps en fonction de la distance instantanée qui existe entre
la surface de combustion de la composition pyrotechnique d'allumage et le fond du
boîtier, ce qui permet de limiter l'érosion du bloc de propergol du chargement générateur
de gaz tout en ayant une diffusion latérale des gaz d'allumage très efficace surtout
au début de l'allumage. Plus particulièrement, cette saillie peut être constituée
par un élément conique, une forme en tronc de cône ou un cône complet permettant un
bonne déflection lorsque le cercle de base de l'élément conique est sensiblement tangent
à la partie interne des ouvertures, l'angle au sommet du cône étant préférentiellement
compris entre 120° et 160°. Lorsque cette saillie est tronquée il est alors avantageux
que la hauteur soit sensiblement égale à la hauteur de l'espace libre ménagé par le
moyen de positionnement axial, de manière à ce que cette saillie constitue à la fois
un déflecteur et une butée de soutien du chargement d'allumage. L'obtention d'un jet
de gaz d'allumage largement étalé transversalement est particulièrement nette dans,
la phase initiale d'allumage lorsque le fond du boîtier comporte des orifices qui
se prolongent dans l'épaisseur latérale de ce boîtier au niveau de l'espace libre,
cette position relative par rapport au déflecteur central permettant d'obtenir une
importante composante latérale d'éjection qui s'atténue progressivement et évite toute
combustion érosive localisée et prolongée.
[0011] Selon une forme particulière d'exécution, la virole périphérique du chargement d'allumage
appartient à un godet dont le fond présente une collerette périphérique, et avantageusement
cette collerette est constituée par un rebord dont les deux épaisseurs superposées
forment un joint métallique d'étanchéité.
[0012] Avantageusement, d'une part le bloc pyrotechnique du chargement d'allumage présente
une durée de combustion supérieure à 0,8 seconde, cette durée étant plus particulièrement
comprise entre 1,5 et 2,5 secondes, et d'autre part ce bloc est réalisé à partir d'une
composition comportant de 16 à 25 % de magnésium, d'un oxydant minéral, et de 2,5
% à 6 % d'un liant organique tel qu'un polymère.
[0013] Les avantages obtenus grâce à cette invention consistent essentiellement en ce qu'au
début de la combustion du bloc pyrotechnique d'allumage de flux thermique, constitué
par les gaz de combustion et les particules incandescentes, est essentiellement dirigé
latéralement ce qui permet de concentrer ce flux thermique sur une surface restreinte
du chargement générateur de gaz, la zone annulaire d'effet maximal du flux thermique
se déplaçant progessivement vers l'aval du canal du chargement générateur de gaz tout
en conservant une diffusion latérale suffisante pour être efficace sur la surface
de ce canal. De plus, la création d'un espace libre, qui s'est avéré possible malgré
les conditions thermodynamiques et cinétiques d'un tir au canon, permet de bénéficier
d'une surface initiale beaucoup plus importante, l'ensemble de ces conditions de fonctionnement
permettant d'obtenir une grande reproductibilité des conditions d'allumages des chargements
générateurs de gaz notamment ceux utilisés pour la réduction de traînée, ce qui permet
d'augmenter considérablement la précision des tirs à longue distance en réduisant
la dispersion des points d'impact.
[0014] Dans ce qui suit, l'invention est exposée plus en détail à l'aide d'un dessin représentant
l'un des deux modes préférentiels de réalisation de l'invention pour lequel :
-la figure 1 est- une vue partielle en coupe longitudinale axiale d'un obus, au niveau
de l'allumeur d'un chargement générateur de gaz permettant de réduire la traînée de
culot de l'obus (base- bleed).
-la figure 2 est une section transversale selon 11-11 du boîtier extérieur de l'allumeur.
[0015] Selon ce dessin qui se rapporte à un obus de calibre 155 millimètres, l'obus (2)
est prolongé vers l'arrière par une jupe périphérique (2a) sur laquelle est rapporté
un fond (non représenté) comportant une large ouverture axiale d'échappement des gaz
de combustion générés par le chargement générateur de gaz (1) qui est constitué par
un bloc de propergol à canal central inhibé extérieurement et qui est placé dans la
chambre de combustion interne à la jupe.
[0016] L'allumeur du chargement générateur de gaz présente un diamètre extérieur légèrement
inférieur au diamètre du canal interne, et le boîtier (3) en acier de l'allumeur est
directement vissé dans le bossage arrière du fond (2b) de l'obus. La surface interne
de ce boîtier comporte un épaulement (8) dont la largeur est légèrement supérieure
à l'épaisseur de la virole périphérique (7) du chargement d'allumage, qui est constitué
par un godet en alliage léger et par le bloc pyrotechnique monolithique (11). Ce bloc
pyrotech nique est directement formé dans ce godet par compression d'une composition
pulvérulente contenant 16 % de magnésium, 26 % de peroxyde de baryum, 50 % d'un autre
oxyde ou peroxyde alcalin ou alcalino- terreux et 8 % d'un liant polyester. Le chargement
d'allumage d'une masse totale de 40 grammes doit dans les conditions cinétiques d'un
tir au canon résister à un effort d'environ 500 à 800 daN, et l'utilisation d'une
virole (7) mince nécessite que le godet soit muni d'une collerette périphérique (10)
de fixation qui est constituée par un rebord embouti latéralement dont les deux épaisseurs
superposées forment un joint métallique d'étanchéité, une telle collerette de fixation
étant inutile dans le cas où la surface interne du bo'itier est tronconique et reçoit
un chargement d'allumage lui-même tronconique, la totalité de la surface latérale
du chargement participant au maintien de ce chargement lors du tir au canon. Selon
l'exemple décrit, le bloc pyrotechnique présente une surface libre qui est légèrement
tronconique et se trouve en appui sur la petite base de tronc de cône (9) qui est
ménagé à l'intérieur du boîtier de l'allumeur, la grande base de cette saillie étant
tangente aux orifices d'éjection (4) et (4') qui sont des fentes radiales qui entaillent
le fond et la paroi tubulaire du boîtier, cette forme de fente contribuant à la modification
progressive de l'orientation du cône d'effet maximal du flux thermique généré par
l'allumeur dont la durée de combustion est de 2,5 secondes. Au cours des essais statiques,
tous les échantillons de propergol générateur de gaz de différentes compositions ont
été mis à feu dans des conditions satisfaisantes de reproductibilité, et la combustion
stable de la plus grand partie des échantillons sous une pression de 5 à 10 bars a
été obtenue après une durée de l'ordre de 0,6 à 0,8 seconde.
1. Allumeur destiné aux chargements générateurs de gaz (1) à canal central contenus
dans les obus (2), comportant d'une part un boîtier extérieur résistant (3) dont le
fond est muni d'orifices périphériques divergents (4) et d'autre part un chargement
d'allumage (5) placé dans ce boîtier, caractérisé en ce que la surface interne du
boîtier comporte un moyen de positionnement axial du chargement qui ménage un espace
libre (6) entre la face aval du chargement et le fond du bottier, le chargement d'allumage
(5) étant constitué par un bloc pyrotechnique (11) solidaire d'une virole périphérique
(7) en appui sur ledit moyen de positionnement axial.
2. Allumeur selon la revendication 1, caractérisé en ce que le moyen de positionnement
axial est constitué par un épaulement interne (8) du boîtier sur lequel porte la virole
périphérique (7) du chargement d'allumage.
3. Allumeur selon la revendication 1, caractérisé en ce que le moyen de positionnement
axial est constitué par la surface interne du boîtier - (3) qui est tronconique, le
fond du boîtier étant raccordé à la petite base du tronc du cône.
4. Allumeur selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que la zone centrale
interne du fond du boîtier comporte une saillie interne (9) dont l'épaisseur décroît
du centre vers la périphérie.
5. Allumeur selon la revendication 4, caractérisé en ce que la saillie (9) est un
élément conique dont le cercle de base est sensiblement tangent à la partie interne
des ouvertures.
6. Allumeur selon la revendication 5, caractérisé en ce que l'angle au sommet du cône
est compris entre 120° et 160°.
7. Allumeur selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que la hauteur
de la sàillie centrale (9) est sensiblement égale à la hauteur de l'espace libre (6)
ménagé par le moyen de positionnement axial.
8. Allumeur selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que le fond du
boîtier comporte des orifices qui se prolongent dans l'épaisseur latérale de ce boîtier
au niveau de l'espace libre (6).
9. Allumeur selon l'une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que la virole
périphérique (7) fait partie d'un godet dont le fond présente une collerette périphérique
(10).
10. Allumeur selon la revendication 9, caractérisé en ce que la collerette est constituée
par un rebord dont les deux épaisseurs forment un joint métallique d'étanchéité.
11. Allumeur selon la revèndication 1, caractérisé en ce que le bloc pyrotechnique
(11) présente une durée de combustion supérieure à 0,8 seconde.
12. Allumeur selon l'une des revendications 1 ou 11, caractérisé en ce que le bloc
pyrotechnique (11) est réalisé à partir d'une composition comportant de 16 à 25 %
de magnésium, d'un oxydant minéral, et de 2,5 % à 6 % de liant organique.