[0001] La présente invention concerne le craquage catalytique de charges d'hydrocarbures
en lit fluidisé. Elle a plus particulièrement pour objet un procédé et un dispositif
pour un tel craquage catalytique, avec une régulation de la température réactionnelle
par trempe des produits de la réaction.
[0002] On sait que, dans les procédés dits de craquage catalytique (en anglais Fluid Catalytic
Cracking, ou encore procédé FCC), la charge d'hydrocarbures est complètement vaporisée
par mise en contact à haute température avec un catalyseur de craquage approprié maintenu
en suspension. Après que l'on ait atteint par craquage la gamme de poids moléculaires
désirée, avec un abaissement correspondant des points d'ébullition, le catalyseur
est rapidement séparé des produits obtenus.
[0003] Dans la pratique, le catalyseur du procédé FCC et la charge à traiter sont mis en
contact à la base d'un réacteur constitué d'une colonne dite "élévateur de charge",
que les techniciens désignent souvent par le terme anglais de "riser". Au sommet de
la colonne est disposée une enceinte concentrique à l'élévateur. Dans la partie supérieure
de cette enceinte et au-dessus de l'élévateur est logé un système de séparation balistique,
pour récupérer le catalyseur entraîné avec les vapeurs. Des systèmes cycloniques sont
généralement utilisés. La charge est évacuée au sommet de ladite enceinte, tandis
que les particules de catalyseur désactivées par dépôt de coke sont rassemblées à
la base de l'enceinte et y rencontrent un fluide de strippage tel que de là vapeur
d'eau, injecté à la base de ladite enceinte, avant d'être évacuées vers un régénérateur,
en vue de restaurer leur activité par brûlage du coke. De l'air de combustion est
injecté à la base du régénérateur, tandis qu'à la partie supérieure de celui-ci sont
prévus des cyclones permettant de séparer le gaz de combustion des particules entraînées
du catalyseur régénéré. Celui-ci est évacué à la partie inférieure du régénérateur
et recyclé vers la base de l'élévateur ou "riser", où la charge est habituellement
injectée à une température comrprise entre 80°C et 400°C et sous une pression allant
de 0,7.10 à 3,5.10 Pascals relatifs.
[0004] Le procédé FCC est naturellement mis en oeuvre de façon que l'unité de craquage soit
en équilibre thermique, toute la chaleur nécessaire étant apportée par la combustion
du coke déposé au cours de la réaction de craquage sur les grains de catalyseur. Autrement
dit, l'alimentation en catalyseur chaud régénéré et la température d'injection de
la charge à craquer doivent être telles que l'unité puisse répondre aux diverses exigences
thermiques de la section réactionnelle, à savoir, en particulier :
- la vaporisation de la charge,
- l'apport de calories exigé par les réactions impliquées, lesquelles, globalement,
sont endothermiques,
- les pertes de chaleur de l'unité.
[0005] Le couple "température de préchauffage de la charge/ circulation de catalyseur régénéré"
est donc ajusté de façon à déterminer la température de réaction dans toute zone réactionnelle,
et en particulier en sortie du riser.
[0006] En variante, le catalyseur peut être introduit avec la charge au sommet d'une colonne
de réaction essentiellement descendante ou "dropper", à la base de laquelle le catalyseur
usé est récupéré, strippé et envoyé à la régénération.
[0007] Les développements les plus récents en matière de craquage catalytique n'ont cependant
permis de résoudre que partiellement le problème d'injection des charges pétrolières
lourdes dans les unités de craquage catalytique.
[0008] On sait, en effet, que plus la charge pétrolière à craquer possède un point d'ébullition
élevé, plus elle possède de composés à haut poids moléculaire et riches en métaux,
qui sont des précurseurs de coke ces composés, qui comprennent des asphaltènes, ont
une nature cyclique oupoly- cyclique et présentent la particularité d'être difficiles
à vaporiser dans les conditions usuelles d'injection, et par conséquent de former
des dépôts de coke importants lorsqu'ils sont mis en présence des grains de catalyseur,
en vue de la réaction de craquage catalytique.
[0009] Une première solution a donc été proposée (brevet US 4.427.537),selon laquelle des
charges pétrolières lourdes, possédant en particulier des quantités importantes d'asphaltènes,
pouvaient être craquées en améliorant leur pulvérisation dans la zone d'injection
du catalyseur, de façon à créer, lors du contact avec les grains de catalyseur, un
choc thermique suffisant pour permettre un thermocraquage des molécules à poids moléculaire
élevé. La scission thermique de ces molécules en molécules plus petites permet à ces
dernières d'être ensuite recraquées catalytiquement en phase gazeuse, lors de leur
mise en présence des grains de catalyseur.
[0010] Des charges pétrolières lourdes, caractérisées en ce qu'au moins 10 % de leur poids
possède un point d'ébullition supérieur à 500°C, ont ainsi pu être traitées dans les
unités de craquage catalytique, grâce à une augmentation de la température dans la
zone d'injection du catalyseur et de la charge à craquer (ou "zone de mélange") et
à une bonne pulvérisation de la charge dans cette zone. Cependant, l'hétérogénéité
des températures, qui résulte d'une telle injection, a nécessité la mise au point
de réacteurs à courts temps de séjour, afin d'éviter l'occurence d'un surcraquage
ou de réactions secondaires, telles que des réactions de polymérisation des produits
craqués, ainsi que pour éviter la production d'un excès de gaz difficiles à valoriser.
[0011] En poursuivant ses travaux sur le craquage catalytique des charges pétrolières lourdes,
la Demanderesse a mis en évidence le fait que cette première solution ne résolvait
que partiellement le problème du craquage des charges lourdes particulièrement difficiles
à valoriser, par exemple celles dont 10 % du poids possède un point d'ébullition supérieur
à 550°C, car la chaleur nécessaire au thermocraquage des molécules lourdes devenait
tellement importante que la vitesse de réaction, liée à la température de mélange
dans la zone d'injection de la charge à craquer, nécessitait un temps de séjour limité
à quelques secondes seulement, d'où un contrôle très difficile des conditions de la
réaction avec les moyens actuels.
[0012] Il a cependant été établi par la Demanderesse que le craquage des charges lourdes
peut être effectué de façon simple et efficace en assurant une régulation appropriée
de la température dans la zone réactionnelle, grâce à laquelle :
- un choc thermique maximum est effectué à l'injection pendant une durée très courte
mais suffisante pour permettre la conversion thermique des molécules à poids moléculaire
élevé et notamment des asphaltènes présents dans la charge, et une meilleure vaporisation
des molécules destinées à être craquées catalytiquement, puis,
- la température de la réaction catalytique souhaitée est maintenue et reste indépendante
de celle qui résulte de l'injection du catalyseur et de la charge à craquer, par introduction,
en aval de la zone d'injection de la charge, d'un fluide auxiliaire, dans des conditions
telles de débit, de température et de pression,que l'introduction de ce fluide permette
à la réaction de craquage catalytique de s'effectuer dans des conditions plus douces
et indépendantes de la température de mélangeo
Cette régulation présente un double avantage
- d'une part, l'augmentation substantielle de la température de mélange dans la zone
d'injection de la charge lourde sur le catalyseur permet une meilleure vaporisation
de celle-ci et un craquage thermique instantané des composés les plus lourds,ce qui
diminue la formation de coke sur les grains de catalyseurs, liée en particulier au
fait que les composés à haut point d'ébullition, ou à caractère basique (composés
aromatiques azotés, hydrocarbures aromatiques condensés etc...), ont tendance à s'adsorber
et à neutraliser certains sites acides de catalyseur
- d'autre part, si le thermocraquage des molécules les plus lourdes est réalisé de
façon quasi-instantanée à haute température, les composés plus légers, en provenance
soit de la charge elle-même, soit de la réaction de thermocraquage, doivent être craqués
catalytiquement,par contact avec les sites actifs de grains de catalyseur, au cours
d'une réaction plus lente, dont l'optimum de température n'est pas nécessairement
celui qui résulte des conditions d'injection précédemment évoquées.
[0013] La régulation de la température conduite selon l'invention permet donc de contrôler
la durée du contact entre les molécules à craquer catalytiquement et le catalyseur,
et d'éviter ainsi une prolongation excessive du thermocraquage générateur de coke
et du gaz légers, ainsi que l'occurence de réactions secondaires liées à une température
de craquage catalytique inadaptée.
[0014] Un but de la présente invention est, par conséquent, dans un procédé de craquage
catalytique d'une charge d'hydrocarbures en lit fluidisé, de mettre en contact la
charge et le catalyseur à une température élevée apte à prévenir les dép8ts de coke
sur le catalyseur et à favoriser de façon optimum le craquage catalytique de cette
charge.
[0015] Un autre but de l'invention est de contrôler la durée de contact du catalyseur et
de la charge à cette température élevée, de façon à diminuer les réactions secondaires
ou à limiter le thermocraquage susceptible de se produire.
[0016] L'invention a par conséquent pour objet un procédé de craquage catalytique en lit
fluidisé dilué et à court temps de contact d'une charge d'hydrocarbures lourde dont
plus de 10 %en poids possèdent un point d'ébullition supérieur à 500°C, ce-procédé
comprenant une phase de mise en contact, à flux ascendant ou descendant, dans une
colonne, dans des conditions de craquage, de ladite charge et de particules d'un catalyseur
de craquage, une phase de séparation du catalyseur usé et de la charge craquée en
aval de la zone d'injection de ladite charge avec au moins une phase de strippage
du catalyseur usé à l'aide d'un fluide, puis une phase de régénération dudit catalyseur
dans des conditions de combustion du coke déposé sur celui-ci, et enfin une phase
de recyclage du catalyseur régénéré à l'alimentation de ladite colonne, ce procédé
étant caractérisé en ce que l'on injecte dans ladite colonne du catalyseur régénéré
dans des conditions telles que la température d'équilibre résultant du mélange de
la charge vaporisée et du catalyseur soit au moins supérieure à 500°C et au moins
supérieure de 40 à 100°C à la température finale de réaction en fin de colonne, et
en ce que l'on injecte en aval de cette zone de mélange mais en amont de la phase
de séparation,un fluide auxiliaire dans des conditions telles que l'injection de ce
fluide auxiliaire permette à la réaction de craquage catalytique de s'effectuer dans
des conditions plus douces et indépendantes par rapport à ladite température de mélangeo
[0017] Le fluide injecté pourra être un liquide ou un gaz et, en particulier, de l'eau,
de la vapeur d'eau, ou tout hydrocarbure vaporisable dans les conditions d'injection,
en particulier, les gasoils de cokéfaction ou de viscoréduction, des diluants catalytiques,
des solvant lourds aromatiques, ainsi que certaines coupes de désasphaltage extraites
au solvant lourd.
[0018] L'injection de ce fluide aura donc un effet de trempe sélective sur le mélange réactionnel
constitué par la charge et les grains de catalyseur, et le débit d'injection dudit
fluide devra être tel qu'il permette de réguler, dans des conditions optimum, la température
de la réaction de craquage catalytique, sans nuire pour autant au strippage subséquent
du catalyseur usé et sansentratner de condensation sur les particules de catalyseur
des hydrocarbures présents les plus lourds, ce qui se traduirait par un dépôt accru
de coke sur lecatalyseur. Dans la pratique, les conditions d'injection du fluide seront
telles qu'elle provoque un abaissement instantané de la température du mélange réactionnel
de l'ordre de 10 à 70°C, ce qui, à température finale de réaction constante, se traduit
donc par une augmentation sensiblement équivalente de la température de mélange entre
la charge à craquer et les grains de catalyseur régénéré.
[0019] Dans la pratique, la vaporisation de la charge et la réaction initiale de craquage
des composés les plus lourds étant pratiquement instantanée, la trempe opérée à l'aide
du fluide auxiliaire aura lieu moins d'une seconde après l'injection de la charge
craquée et, de préférence, moins d'une demi-seconde après celle-ci.
[0020] Ainsi qu'on l'exposera ci-après plus en détail, le procédé conforme à l'invention
peut être mis en oeuvre aussi bien dans une colonne de craquage à flux ascendant (élévateur,
dit encore "riser") que dans une colonne à flux descendant ("dropper").
[0021] Un avantage important du procédé selon l'invention est qu'il permet de limiter la
température de régénération du catalyseur, du fait d'un dépôt réduit de coke, et rend
possible la conversion de charges lourdes normalement exclues dans le procédé de craquage
catalytique en lit fluidisé.
[0022] Il est ainsi possible de maintenir, à l'entrée de la zone réactionnelle, le débit
de recyclage du catalyseur et le rapport - entre la masse (C) du catalyseur et celle
(O) de la charge à craquer aux valeurs désirées pour assurer une vaporisation rapide
et homogène de la charge se rapprochant des conditions de "flash", et d'obtenir une
conversion optimum des produits de la charge, par craquage catalytique, en produits
désirés possédant en particulier un meilleur indice d'octane.
[0023] A cet effet, les conditions d'injection de la charge et du catalyseur seront telles
que la température de mélange sera légèrement supérieure à la température de vaporisation
de la charge.
[0024] Naturellement, les conditions d'injection du fluide auxiliaire de trempe,en particulier,
le débit, la température et la pression, devront être ajustées en fonction des caractéristiques
de la charge et du catalyseur, ainsi que des conditions de réaction de craquage catalytique
et du profil de la température souhaités, c'est-à-dire en pratique en fonction de
la température de mélange et de la température finale de réaction souhaitée.
[0025] Une forme de mise en oeuvre préférée du procédé selon l'invention consiste donc en
ce que l'on régule l'injection dudit fluide auxiliaire dans la colonne de craquage
de façon telle que la température réactionnelle qui résulte de cette injection soit
maintenue à une valeur prédéterminée et constante, mais suffisamment élevée pour que
l'efficacité du strippage ne soit pas substantiellement altérée.
[0026] L'invention a également pour objet un dispositif de craquage catalytique de charges
lourdes d'hydrocarbures dont plus de 10 % en poids possèdent un point d'ébullition
supérieur à 500°C, comprenant une colonne de craquage à flux ascendant ou descendant,
des moyens pour alimenter sous pression ladite colonne avec une charge d'hydrocarbures
et ces particules d'un catalyseur de craquaque régénéré, un moyen de séparation des
produits de la charge craquée et des particules de catalyseur usé, au moins un moyen
de strippage par au moins un fluide des particules de catalyseur usé, au moins une
unité de régénération dudit catalyseur par combustion du coke déposé sur celui-ci,
et des moyens de recyclage du catalyseur régénéré auxdits moyens d'alimentation, ce
dispositif étant caractérisé en ce qu'il comporte, en aval de la zone de mélange dans
ladite colonne de la charge d'hydrocarbures et des particules de catalyseur régénéré,
au moins un moyen d'injection d'un fluide auxiliaire dans des conditions de débit,
de température et de pression,telles que l'injection de ce fluide auxiliaire permette
d'assurer en aval le craquage catalytique de ladite charge dans des conditions plus
douces et indépendantes de la température de mélange.
[0027] Dans une forme de réalisation préférée, ce dispositif comprendra en outre des moyens
de régulation du débit, de la pression et de la température initiale dudit fluide
de façon telle que la température finale de la réaction de craquage catalytique soit
maintenue à une valeur prédéterminée et constante dans la zone réactionnelle située
en aval.
[0028] Ce moyen d'injection d'un fluide auxiliaire pourra être avantageusement situé dans
la zone réactionnelle à une distance qui pourra être comprise ente O,l et 0,8 fois
la longueur de ladite zone réactionnelle et,de préférence entre O,1 et 0,5 fois cette
longueur.
[0029] Ce ou ces moyens d'injection seront avantageusement constitués par un dispositif
d'injection de type connu en soi,permettant de répartir le fluide de façon homogène
sur toute la section de la zone réactionnelle.
[0030] En particulier, lorsque le fluide régulateur sera constitué par un liquide, les quantités
nécessaires à la régulation de la température de mélange seront injectées à l'aide
d'un dispositif de pulvérisation permettant, de façon connue en soi, de pulvériser
ce liquide sous forme d'un brouillard très fin sur toute la section de la zone réactionnelle
de façon à obtenir un transfert de chaleur aussi instantané que possible. Ainsi, dans
une unité industrielle de type classique, une injection de 20 à 150 litres d'eau liquide
par mètre cube de charge traitée permettra d'augmenter la température de la zone de
mélange située en amont d'environ 10 à 70°C.
[0031] En outre, lorsque le fluide injecté sera un hydrocarbure, tel que par exemple un
diluant catalytique, le débit nécessaire pour réaliser une augmentation identique
de température sera de 100 à 700 litres d'hydrocarbure par mètre cube de charge traitée.
[0032] L'i
dvention va être décrite ci-après plus en détail, en référence aux dessins schématiques
annexés, sur lesquels :
La figuré 1 illustre l'application du procédé selon l'invention à un ensemble de craquage
catalytique en lit fluidisé à colonne ascendante ou "riser" ;
La figure 2 illustre l'application de l'invention à un ensemble de craquage à colonne
à flux descendant ou "dropper".
La figure 3 illustre une variante de la figure 1 avec un autre mode de régulation
du procédé.
[0033] Sur la figure 1, lecatalyseur régénéré est injecté par une conduite 1 à la base d'une
colonne à flux ascendant 2 ou "élévateur", ainsi qu'un gaz vecteur injecté en 3. La
charge d'hydrocarbures à traiter est elle-même injectée en 4 à la base de la colonne
et les hydrocarbures et les particules du catalyseur sont en contact dans la zone
2, immédiatement en aval de l'injection de la charge. La température du mélange catalyseur
+ charge vaporisée est comprise entre environ 500'et 650°C, suivant la nature de la
charge et les objectifs de conversion désirée.
[0034] A la partie supérieure de lacolonne 1 est prévue une enceinte 6 de séparation des
produits craqués et des particules de catalyseur usé. A la base de cette enceinte
6 sont disposés des injecteurs 7 d'un fluide de strippage, généralement de la vapeur
d'eau, agissant à contre-courant des particules de catalyseur séparées. A la base
de l'enceinte 6, les particules de catalyseur sont évacuées en 8 vers un second dispositif
de strippage ou vers un régénérateur, tandis que les produits craqués sont évacués
à la partie supérieure (non représentée) de l'enceinte 6.
[0035] Conformément à l'invention, un fluide auxiliaire de trempe des produits de craquage
est injecté en 9 dans la partie 5 de la colonne 2, en aval de la zone de contact entre
particules de catalyseur et charge vaporisée. Ce fluide auxiliaire -eau , vapeur d'eau,
hydrocarbures, ou autre- est injecté avec un débit tel qu'il abaisse de 10 à 70°C,
suivant le résultat désiré, la température du mélange, en vue d'optimiser les réactions
de craquage catalytique de la charge. La température finale de la zone réactionnelle
ainsi refroidie pourra être, par exemple, de l'ordre de 500°C, mais devra être supérieur
au point de rosée des hydrocarbures présents les plus lourds.
[0036] A cet effet, une sonde de température 10 sera prévue à l'intérieur de l'enceinte
6 pour y mesurer la température et pour éventuellement contrôler la vanne 12 commandant
le débit du fluide auxiliaire dans la ligne d'alimentation 13 du moyen d'injection
9, de façon telle que la température dans l'enceinte 6 soit maintenue supérieure à
une température de consigne propre au type de charge traitée. Une autre sonde de température
14, disposée dans la colonne 2 en amont du moyen d'injection 9 du fluide auxiliaire,
c'est-à-dire dans la zone de mise en contact de la charge avec les particules de catalyseur,
commande, d'une part, la vanne 16, permettant ainsi d'agir sur le débit d'injection
du catalyseur régénéré dans la colonne et donc sur la température dans la zone de
mise en contact et, d'autre part, la vanne 12 pour réguler le débit du fluide auxiliaire
dans la ligne d'alimentation 13 du moyen d'injection 9.
[0037] Dans le cas de la figure 2, la colonne 20 de craquage est du type dit "dropper",
c'est-à-dire que les particules de catalyseur régénéré 21 sont injectées à la partie
supérieure de la colonne 20 et y tombent par gravité. La charge à craquer est également
introduite à la partie supérieure de la colonne en 22. Une enceinte 23 située à la
base de la colonne 20 permet de séparer et d'évacuer les effluents, à savoir les produits
du craquage par la conduite 24, et les particules de catalyseur usé vers la base de
cette enceinte 23, pour les stripper, puis les acheminer vers la régénération.
[0038] Conformément à l'invention, un fluide auxiliaire de trempe des produits de craquage
est injecté en 26, en aval des moyens d'injection 22 de la charge. Son débit est tel,
pour une température de mélange donnée, qu'il abaisse la température finale de réaction
d'environ 10 à 70°C, pour permettre aux réactions de craquage catalytique de s'effectuer
dans des conditions optimales.
[0039] Comme dans le cas précédent, une sonde de température 27, disposée avant la conduite
24, permet de commander, par une vanne 29 disposée sur la canalisation 30 d'alimentation,
le débit de fluide auxiliaire du moyen d'injection 26, de façon telle que la température
relevée en 27 soit constamment égale ou supérieure à une température de consigne,
tandis que la sonde permet d'agir sur la température d'injection dans la zone réactionnelle
et sur la régulation du débit d'injection en 26.
[0040] Sur la figure 3, la colonne 20 de craquage est à nouveau de type riser et les chiffres
de référence désignant les éléments de l'unité sont les mêmes que pour ceux de la
figure 1. Cette figure présente un mode de régulation simplifié et particulièrement
avantageux, conforme à la présente invention. Dès que le fluide auxiliaire est injecté
en 9, ou que l'on augmente le volume d'injection, la température finale de la réaction
catalytique, mesurée en 10, aura tendance à décroître par rapport à la valeur de consigne
souhaitée pour la charge correspondante. La vanne 16, agissant sur le débit de catalyseur
chaud régénéré, assurera aussitôt une augmentation de la température de mélange qui,
compte tenu du, débit injecté en 9, permettra de faire remonter la température finale
de craquage à la valeur de consigne. Les deux exemples suivants illustrent les avantages
du procédé conforme à l'invention.
EXEMPLE 1
[0041] On craque dans un dispositif pilote de craquage, comprenant un élévateur à temps
de séjour court et un système de régénération de catalyseur à deux étages, comme décrit
dans la demande de brevet français n° 2 574 422, une charge résiduelle hydrodésulfurée
ayant les caractéristiques suivantes :

[0042] On utilise, pour le craquage, un catalyseur commerciale comprenant des zéolithes
de grande stabilité et une matrice propre à craquer les molécules d'hydrocarbures
les plus lourdes dans des conditions de craquage.
[0043] Deux essais ont été effectués avec la même charge, l'un dans les conditions usuelles
de craquage, l'autre avec injection à mi-hauteur de l'élévateur d'un fluide de trempe
constitué par de l'eau liquide.
[0044] Les conditions des deux essais ont été les suivantes :

[0045] Le tableau ci-dessus montre l'avantage résultant d'une élévation de la température
initiale de craquage à plus de 550°C et d'une trempe des produits de la réaction,
à l'aide de l'eau, pour ramener la température du mélange à 525°C.
[0046] Pour une température finale de craquage identique (525°C) et du fait de la température
d'injection (595°C au lieu de 578°C), la teneur en hydrogène du coke est plus faible
dans le cas du procédé selon l'invention et le Δ coke est légèrement inférieur, ce
qui montre que les fractions lourdes ont été efficacement craquées et ne restent pas
adsorbées sur le catalyseur usé.
[0047] On voit ici qu'avec une température plus basse pour le catalyseur usé et avec un
Δ coke et une teneur en hydrogène plus faibles, il est possible d'abaisser la température
finale de régénération du catalyseur d'environ 53°C. Ceci peut être mis à profit pour
augmenter soit le rapport C/O (cas de cet exemple), soit la température de la charge,
ce qui améliore de façon notable la vaporisation de la charge.
[0048] Les effets bénéfiques obtenus par le procédé conforme à l'invention sont résumés
ci-après :
On retiendra, essentiellement, une conversion améliorée, une meilleures sélectivité
en essence et en distillât, et une production plus faible de gaz secs traduisant une
réduction du craquage thermique et de l'effet du nickel. Par ailleurs, le caractère
plus oléfinique et moins aromatique des produits se traduit par un meilleur indice
d'octane et un meilleur indice de cétane. Enfin, une meilleure stabilité de catalyseur,
due à une température de régénération moins élevée, permet d'en réduire le taux de
renouvellement pour maintenir l'activité désiré.
EXEMPTA 2
[0049] Le même dispositif et le même catalyseur de craquage que dans l'exemple précédent
sont utilisés avec une charge dont les caractéristiques sont les suivantes :

[0050] Le fluide auxiliaire est constitué cette fois d'un recycle des effluents de craquage
de point d'ébullition compris entre 340°C et 460°C, pratiqué 0,2 secondes après injection
de la charge dans la zone de mélange.
[0051] Les conditions opératoires sont les suivantes

[0052] Dans cet exemple, la charge lourde considérée n'aurait pu être traitée sans recourir
aux moyens mis en oeuvre dans la présente invention,dans la mesure où , selon l'art
antérieur, au moins 15 % en poids de cette charge n'auraient pu être vaporisés, ce
qui aurait conduit à une production de coke hors des limites compatibles avec la satisfaction
du bilan thermique de l'unité. La température de mélange a été augmentée d'environ
40°C pour assurer la vaporisation complète et les conditions de choc thermique nécessaires
au craquage des composés les plus lourds présents dans cette charge, après quoi la
pulvérisation d'un hydrocarbure dans le milieu réactionnel permet de ramener la température
finale à 510°C et d'assurer ainsi une conversion optimale.
[0053] Le procédé conforme à l'invention permet donc d'améliorer les performances d'une
unité de craquage pour une charge déterminée d'hydrocarbures. Il peut être utilisé
avantageusement pour traiter avec une plus grande efficacité des charges plus lourdes
et plus contaminées. De même, ce procédé présente un attrait exceptionnel pour le
traitement de charges azotées, ou riches en composés polaires (résines, asphaltènes),
où la forte présence d'azote aromatique est responsable d'une chute spectaculaire
de la conversion. Sur un résidu Nigerian KOLE, par exemple, le gain de conversion
avec le procédé conforme à l'invention est de l'ordre de 5,5 % en volume. Ceci s'explique
par la plus haute température de mélange, qui déplace favorablement l'équilibre d'adsorption
de l'azote aromatique, en réduisant ainsi la neutralisation de certains sites acides
du catalyseur.
1.- Procédé de craquage catalytique d'une charge lourde d'hydrocarbures, dont plus
de 10 % en poids possède un point d'ébullition supérieur à 500°C, ce procédé comprenant
une phase de mise en contact en lit fluidisé dilué et à court temps de contact à flux
ascendant ou descendant dans une colonne, dans des conditions de craquage, de ladite
charge et de particules d'un catalyseur de craquage, une phase de séparation de catalyseur
usé et de la charge craquée en aval de la zone d'injection de ladite charge, au moins
une phase de strippage du catalyseur usé, puis une phase de régénération dudit catalyseur
dans des conditions de combustion du coke déposé sur celui-ci et, enfin, une phase
de recyclage du catalyseur régénéré à l'alimentation de ladite colonne, ce procédé
étant caractérisé en ce que l'on injecte dans ladite colonne du catalyseur régénéré
dans des conditions telles que la température d'équilibre résultant du mélange de
la charge vaporisée et du catalyseur soit au moins supérieure à 500°C et au moins
supérieure de 40 à 100°C à la température finale de réaction en fin de colonne, et
en ce que l'on injecte en aval de cette zone de mélange, mais en amont de la phase
de séparation, un fluide auxiliaire dans des conditions telles que l'injection de
ce fluide auxiliaire permette à la réaction de craquage catalytique de s'effectuer
dans des conditions plus douces et indépendantes par rapport à ladite température
de mélange.
2.- Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le fluide auxiliaire est
injecté de façon homogène sur toute la.section de la zone réactionnelle à l'aide d'un
ou de plusieurs dispositifs de pulvérisation.
3.- Procédé selon l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce que les conditions
d'injection dudit fluide auxiliaire sonttelles que la température de mélange de la
charge vaporisée et des particules du catalyseur est abaissée d'environ 10 à 70°C
par rapport à la température qui résulte de la mise en contact de catalyseur et de
la charge.
4.- Procédé selon l'une des revendications 1 à 3, caractérisé en ce que le moyen d'injection
de fluide auxiliaire permettant la régulation de la température est situé à une distance
telle que l'abaissement de température en résultant aura lieu moins d'une seconde
après l'injection de la charge et de préférence moins d'une demi - seconde après cette
injection.
5.- Procédé selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que ledit fluide
auxiliaire est de l'eau ou de la vapeur d'eau.
6.- Procédé selon la revendication 5, caractérisé en ce que l'eau est injectée en
une quantité comprise entre 20 et 150 litres par m3 de charge injectée dans la zone de réaction.
7.- Procédé selon l'une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que le fluide
auxiliaire est un hydrocarbure vaporisable dans les conditions d'injection et, en
particulier un gasoil ., un diluant catalytique, un solvant lourd aromatique ou une
coupe de désasphaltage extraite au solvant lourd.
8.- Procédé selon la revendication 7, caractérisé. en ce que l'hydrocarbure est injecté
en quantité comprise entre 100 et 700 litres par mètre cube de charge traitée.
9.- Procédé selon l'une des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que la température
de mélange résultant de l'injection du catalyseur et de la charge à craquer est comprise
entre 500 et 650°C.
10.- Dispositif de craquage catalytique de charges lourdes d'hydrocarbures dont plus
de 10 % en poids possèdent un point d'ébullition supérieur à 500°C, comprenant une
colonne de craquage à flux ascendant (2) ou descendant (20), des moyens (4, 22 ; 1,
26) pour alimenter sous pression ladite colonne avec une charge d'hydrocarbures et
des particules d'un catalyseur de craquage régénéré, un moyen de séparation des produits
de la charge craquée et des particules de catalyseur usé, au moins un moyen de strippage
(7) par au moins un fluide des particules de catalyseur usé, au moins une unité de
régénération dudit catalyseur par combustion du coke déposé sur celui-ci, et des moyens
de recyclage du catalyseur régénéré auxdits moyens d'alimentation, ce dispositif étant
caractérisé en ce qu'il comporte, en aval de la zone de mélange dans ladite colonne
de la charge d'hydrocarbures et des particules du catalyseur régénéré, au moins un
moyen d'injection (9, 26) d'un fluide auxiliaire dans des conditions de débit, de
température et de pression telles que l'injection de ce fluide auxiliaire diminue
la température de la zone réactionnelle située immédiatement en aval de façon indépendante
de la température de mélange.
11.- Dispositif selon la revendication 10, caractérisé en ce que ledit moyen d'injection
de fluide auxiliaire est situé à une distance comprise entre O,1 et 0,8 fois la longueur
de la zone réactionnelle, en aval de la zone d'injection de la charge à craquer.
12.- Dispositif selon la revendication 11, caractérisé en ce qu'il comporte des moyens
(10, 11, 12 27, 28, 29) pour réguler le débit dudit fluide auxiliaire de façon telle
que la température de la zone réactionnelle en aval de l'injection du fluide auxiliaire
soit maintenue à une valeur de consigne qui est propre à la nature de la charge à
craquer, au type de catalyseur utilisé et à son mode de régénération.
13.- Dispositif selon la revendication 12, caractérisé en ce qu'il comprend des moyens
(15, 16) pour accroître le débit de catalyseur chaud lorsque la température finale
de réaction tend à décroître par rapport à la valeur de consigne.