DOMAINE TECHNIQUE
[0001] La présente invention est relative à un dispositif de chauffage de soles de fours
industriels par des résistances électriques. Le terme de sole désigne aussi bien les
soles fixes des différents types de fours, comme les fours à chambres, les fours tunnels
... que les plateaux chauffants des fours à plateaux.
[0002] Sur ces soles circulent, à l'aide de moyens appropriés, les produits solides devant
subir un traitement thermique : séchage, calcination, décomposition ou autres réactions.
ETAT DE LA TECHNIQUE
[0003] Dans les fours à sole fixe, différents modes de chauffage sont utilisés dont le chauffage
électrique. Ce dernier est généralement fait par des résistances qui, soit rayonnent
directement dans l'atmosphère du four, soit peuvent être noyées dans le réfractaire
de la sole ou des parois.
[0004] Les fours à plateaux sont habituellement chauffés soit par des gaz chauds introduits
directement dans l'enceinte du four, soit par des fluides caloporteurs eau, vapeur,
liquides organiques ou sels fondus, circulant à l'intérieur des plateaux; ces fluides
étant choisis en fonction de la température à obtenir.
[0005] Ces dispositifs présentent un certain nombre d'inconvénients liés au type de moyen
de chauffage :
Les gaz chauds :
[0006] . nécessitent l'emploi d'un générateur qui, dans les cas simples, peut être un aérotherme,
mais plus généralement une chaudière à combustible avec ses annexes (stockages) et
ses propres problèmes liés à ses effluents gazeux
. ne permettent pas de faire subir au produit traité un profil thermique prédéterminé,
. ne permettent pas de travailler en atmosphère contrôlée ni sous presion variable
et réglée à l'avance,
. peuvent entraîner des poussières des produits traités.
Les fluides caloporteurs :
[0007] . nécessitent aussi l'emploi d'un générateur de calories avec ses annexes et d'une
infrastructure pour le transfert du fluide (pompes, réservoirs, tuyauteries, régulation
...),
. présentent des risques liés à la nature chimique du fluide : incendie, corrosion,
. l'obtention de profils thermiques prédéterminés dans le four n'est guère plus aisée
que dans le cas des gaz chauds.
Les fours électriques :
[0008] Tels que décrits précédemment, sont généralement encombrants et lourds à construire.
Par ailleurs, l'emploi de réfractaire empêche de les utiliser sous vide, en raison
du dégazage important de ces matériaux.
BUT DE L'INVENTION
[0009] La présente invention a pour but de supprimer les inconvénients dus à l'emploi des
gaz chauds et des fluides caloporteurs; notamment dans le cas des fluides organiques,
on pourra s'affranchir de leur température limite d'emploi (environ 350°C), sans avoir
recours à l'utilisation de sels fondus.
[0010] Par ailleurs, l'invention, utilisant l'énergie électrique, présente les avantages
liés à son emploi : propreté, sécurité, souplesse d'emploi, facilité de mise en oeuvre
et de régulation, amélioration des rendements, température atteinte limitée seulement
par la qualité des résistances électriques utilisées. Elle n'en présente pas par ailleurs
les inconvénients comme l'emploi de réfractaires, et permet d'obtenir des installations
plus légères, donc moins coûteuses et ayant moins d'inertie thermique.
DESCRIPTION DE L'INVENTION
[0011] Le dispositif de chauffage intégré à la sole du four industriel est constitué par
des résistances électriques de types blindées qui sont disposées sous la sole sans
avoir de contact avec elle. La sole est elle-même en matériau résistant et conducteur
de la chaleur, de préférence il s'agit d'une plaque d'acier sur laquelle circule le
produit solide à traiter.
[0012] Les résistances sont placées sur une tôle brillante en métal réfractaire faisant
réflecteur dont l'autre face est revêtue d'un matériau isolant, le tout étant posé
sur une plaque support.
[0013] Cette disposition utilisant principalement le chauffage par rayonnement, conduit
à une distribution homogène de la température et à éviter les points chauds; elle
est aidée en cela par la présence d'un diffuseur constitué par la sole elle-même.
L'absence de réfractaire favorise le contrôle rigoureux des profils de montée en température
et diminue l'inertie thermique.
[0014] La plaque support et la sole peuvent être rendues solidaires par un feuillard de
dilatation périphérique fixé à ces deux pièces. Il est possible de maintenir l'ensemble
plus rigide soit par des entretoises entre le plateau support et la sole, soit par
des surépaisseurs judicieusement disposées.
[0015] De cette façon, les résistances sont confinées dans un boitier entièrement clos et
étanche ce qui présente l'avantage de les isoler d'une pollution et/ou corrosion dues
à l'atmosphère du four ou autres produits traités.
[0016] Dans le cas où le four est sous une pression différente de la pression atmosphérique,
un tube d'équilibrage peut relier l'intérieur de ce boitier à l'atmosphère du four
soit directement, soit par l'intermédiaire de filtres ou pièges, soit encore en étant
branché sur les conduites d'amenée de pression.
[0017] Bien entendu, on peut disposer les résistances selon une densité en rapport avec
la puissance surfacique, uniforme ou non, dont on a besoin pour le produit à traiter.
Par ailleurs, les résistances peuvent être aménagées en plusieurs zones de chauffage,
chacune d'elles ayant ses propres alimentations électrique et régulation de température;
ceci permet de réaliser toute sorte de profils prédéterminés de tempéraure, donc de
conduire les réactions de façon très rigoureuse et aussi de compenser les effets de
la dilatation qui déformerait la sole.
[0018] La figure 1 représente une sole chauffée par le dispositif selon l'invention.
[0019] On y voit la sole chauffée (1) par les résistances blindées (2), munies de leur couple
de sécurité (3), le réflecteur métallique (4) avec sa couche isolante (5) et la plaque
support (6). Le feuillard de dilatation joignant la sole et la plaque support figure
en (7) et le tube d'équilibrage entre le boitier ainsi formé et l'atmosphère du four
en (8). En (9) sont représentés par zone de chauffage, les couples de régulation (ici
2 zones).
EXEMPLES :
[0020] Un four d'essai industriel à plateaux chauffants a été construit, les plateaux étant
conçus selon l'invention.
[0021] Le four, pouvant fonctionner sous atmosphère contrôlée, est constitué d'une enceinte
étanche classique en forme de cloche à l'intérieur de laquelle les plateaux sont superposés
et suffisamment espacés les uns des autres pour laisser au produit à traiter la place
de circuler de l'un au suivant.
[0022] Chacun des plateaux de diamètre environ 1,7 m a une épaisseur totale de 5 cm, la
sole et la plaque support ont la même épaisseur et la distance séparant la sole des
résistances est d'environ 2 cm.
[0023] Les résistances électriques de type blindées sont disposées en 3 zones de chauffages
concentriques.
[0024] Trois entretoises concentriques sont d'une part soudées au plateau-support et d'autre
part fixées à la sole par un dispositif à baïonnettes. Un feuillard de dilatation
relie la sole et le plateau support par leur périphérie. Un tube d'équilibrage de
pression débouche à l'intérieur du boitier ainsi constitué.
[0025] Les résistances sont capables de fournir une température maximum de travail sur la
sole de 450°C. La puissance installée est, selon les plateaux, de 22 ou 28 kW, soit
0,9 à 1,2 W/cm² selon les zones de chauffage. Chacune de ces zones est pilotée par
une régulation de température qui comporte en outre :
. une alarme de sécurité de température maximum autorisée sur les résistances,
. une alarme de température maximum de travail sur la sole,
. un programmateur de montée en température.
[0026] Ces dispositifs non indispensables à l'invention ne sont pas non plus limitatifs.
[0027] Suite à des essais de chauffage à vide, les déformations des plateaux ont été mesurées
de façon à s'assurer qu'elles correspondent aux spécifications nécessaires à la construction
du four : la déformation maximum admissible de la sole entre la température ambiante
et la température maximum d'utilisation, est mesurée par rapport à un plan de référence
et doit être inférieure à 10 mm.
[0028] Les résultats suivants ont été obtenus après plusieurs cycles successifs de chauffage
et de refroidissement :

[0029] A titre d'essai, ce four a servi à décomposer du nitrate d'uranyle hexahydraté en
deux étapes (déshydratation et dénitration) et sous pression réduite; le produit final
obtenu (trioxyde d'uranium) doit répondre à des caractéristiques physiques précises
liées en partie à l'eau et à l'azote résiduaires et dépendantes des régimes thermiques
subis.
[0030] Plusieurs profils thermiques ont été essayés par réglage des différentes zones de
chauffage de chaque plateau, la température finale ayant toujours été maintenue à
400°C.
[0031] Le tableau suivant donne les teneurs en eau et azote résiduelles :

[0032] On voit que les teneurs en azote diminue régulièrement ce qui a été obtenu en accélérant
la montée en température du produit, et en augmentant le temps de séjour aux températures
élevées.
[0033] Ces résultats, non limitatifs, montrent que le dispositif permet de traiter avec
de très bons rendements les problèmes de séchage, décomposition, transformation ou
autres réactions à condition d'adapter les conditions opératoires au problème traité,
ce qui est particulièrement aisé avec le dispositif.
1. Dispositif de chauffage de sole métallique de four industriel par résistances électriques
intégrées de type blindées, disposées en dessous de ladite sole, caractérisé en ce
que lesdites résistances sont placées sur une tôle de métal réfractaire faisant réflecteur
dont l'autre face est revêtue d'une couche de matériau isolant, le tout étant posé
sur une plaque support.
2.Dispositif, selon revendication 1, caractérisé en ce que la sole et la plaque support
sont reliées par un feuillard de dilatation fixé à leur périphérie, formant boîtier
de façon à isoler les résistances de l'atmosphère du four.
3. Dispositif, selon revendication 2, caractérisé en ce qu'il comprend un système
d'équilibrage de pression entre le boîtier étanche et l'atmosphère du four.
4. Dispositif, selon revendication 1, caractérisé en ce que les résistances sont
alimentées électriquement par zones, chacune d'elles étant régulée en température
de façon soit à respecter un profil précis de température, soit à compenser des déformations
de la sole.
5. Dispositif de chauffage de soles métalliques de fours industriel par résistances
électriques selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, appliqué préférentiellement
à la construction de plateaux chauffants pour fours à plateaux.