[0001] L'invention est relative à un procédé et à un dispositif de coulée en charge de métaux
et notamment de billettes en aluminium ou en un de ses alliages.
[0002] L'homme de l'art connait bien le procédé de coulée continue de métaux dans lequel
un métal fondu est amené dans une lingotière refroidie extérieurement et munie d'un
fond mobile. Lors de son séjour dans la lingotière, le métal se solidifie au contact
de sa paroi et peut être tiré vers le bas à l'aide du fond mobile tandis que l'on
réapprovisionne la lingotière en métal fondu à sa partie supérieure de manière à maintenir
un niveau à peu près constant.
[0003] Pour parer à certaines difficultés, cette technique a connu de nombreux perfectionnements
tels que ceux qui par exemple sont enseignés dans le brevet français 1.364.776 et
qui conduisent à placer au-dessus de la lingotière une réserve de métal liquide, afin
d'éviter que les crasses ou oxydes qui flottent à la surface libre du métal ne soient
entraînées dans le produit obtenu où ils créeraient des défauts importants.
[0004] Par la suite, cette réserve encore appelée rehausse ou "HOT-TOP" suivant la désignation
anglo-saxonne a trouvé son intérêt dans la recherche d'un bon état de surface notamment
sur des billettes. Par ailleurs, les procédés mettant en oeuvre une rehausse se sont
particulièrement développés dans le cas de coulées à écoulements multiples où ils
permettent avec un seul réglage de niveau de conduire la coulée dans plusieurs dizaines
de lingotières à la fois.
[0005] Généralement, cette rehausse est placée en surplomb sur la paroi intérieure de la
lingotière et des moyens d'injection de gaz ou de lubrification en continu sont utilisés.
Cela ressort de l'enseignement des brevets suivants :
- le brevet américain n03.381.741 dans lequel le réservoir d'alimentation et la lingotière sont reliés par
l'intermédiaire d'un insert relativement mince et conducteur de la chaleur et où des
moyens d'introduction de lubrifiant à l'intérieur de la lingotière sont placés entre
l'insert et la lingotière ;
- le brevet américain 4.157.728 dans lequel on introduit un gaz directement en-dessous
du surplomb et anplique une pression de gaz à la périphérie du métal placé directement
en-dessous du surplomb et où on réalise une surface lubrifianteà l'intérieur de la
lingotière par introduction d'un lubrifiant juste au-dessous des moyens d'introduction
de gaz ;
- le brevet français 2.534.832 qui consiste à amener un courant de gaz sous pression
en un point situé en dehors de la cavité d'un moule, à décharger le gaz dans la cavité
en un point situé sur sa périphérie et à interposer des moyens tels qu'une bague graphite
entre le point d'amenée et le point de décharge à l'extérieur de la cavité, pour convertir
le courant de gaz en un anneau de fluide s'étendant autour de la masse métallique
sur la périphérie de la cavité. De plus, de l'huile de lubrification est envoyée dans
la poche de coulée, de préférence en passant par la partie en surplomb qui est en
haut de la poche.
[0006] La demanderesse s'intéressant au problème de coulée des métaux par le procédé HOT
TOP et notamment à la coulée de billettes en aluminium ou en alliage d'aluminium a
ainsi constaté que, d'une part, la plupart de ces procédés nécessitent une lubrification
en continu, d'autre part, les procédés mettant en oeuvre des gaz sous pression injectent
toujours ce gaz au niveau de la lingotière et recourent à des systèmes de régulation
sophistiqués afin de maintenir une pression qui ne soit pas trop élevée pour ne pas
provoquer de mouvement à l'intérieur du métal liquide.
[0007] Consciente des contraintes imposées par ces procédés, la demanderesse a eu pour but
de mettre au point un procédé plus simple ne nécessitant pas de lubrification, mettant
en oeuvre un système d'injection de gaz de réglage plus facile et au moyen duquel
on obtient des produits pos- sèdant un bon état de surface.
[0008] Le procédé selon l'invention consiste donc à couler le métal dans une lingotière
à fond mobile, garnie intérieurement d'une bague en graphite, refroidie extérieurement
dont on a lubrifié initialement la paroi en contact avec le métal et dans lequel :
- on emmagasine le métal fondu dans une rehausse comportant une partie supérieure
et une partie inférieure placée de façon adjacente au-dessus de la lingotière, ladite
rehausse étant en surplomb sur la paroi intérieure de la lingotière ;
- on alimente la lingotière en métal fondu à partir de la rehausse ;
- on maintient une masse de métal dans la lingotière de manière à provoquer, par un
écoulement de fluide frigoporteur à l'extérieur de la lingotière et sur le métal,
une solidification de la masse suffisante pour permettre l'extraction par le fond
du métal sous une forme correspondante à celle de la lingotière.
[0009] Ce procédé est caractérisé en ce que l'on applique une pression de gaz inerte à la
partie inférieure de la périphérie de la rehausse pendant toute la durée de la coulée.
[0010] Ainsi, à la différence de l'art antérieur, on n'a pas recours à la lubrification
en continu et l'injection de gaz ne se fait ni au niveau de la lingotière ni directement
à l'intérieur de la lingotière, mais au niveau de la rehausse et à l'extérieur de
celle-ci.
[0011] De façon surprenante, on a constaté qu'un tel procédé conduisait à des billettes
ayant un très bon aspect de surface et qu'il suffisait de supprimer la pression de
gaz pour que cet état de surface se dégrade notablement.
[0012] On pense que le gaz inerte empêche la pénétration de l'air ambiant au niveau de la
partie inférieure de la rehausse.
[0013] A l'appui de cette hypothèse, on peut signaler le fait que l'absence de gaz inerte
provoque l'apparition de microporosités et de piqûres à la surface du produit coulé,
qui semblent dues à une oxydation du métal par l'humidité de l'air, réaction au cours
de laquelle se forment au contact du métal des bulles d'hydrogène, source des microporosités
et des piqûres.
[0014] Cette invention a l'énorme avantage de ne nécessiter que des moyens très simples.
[0015] En effet, dans le brevet US 4.157.728, on est obligé de maintenir une pression de
gaz suffisante pour décoller le métal de la paroi sans pour autant causer de mouvements
importants à l'intérieur du métal fondu, ce qui nécessite des dispositifs de réglage
de pression relativement sophistiqués, notamment quand il s'agit d'une coulée multiple.
[0016] A la différence, dans notre procédé, il suffit d'une pression minimale juste suffisante
pour maintenir la surface périphérique de la rehausse à l'abri de l'atmosphère.
[0017] La pression maximale acceptable est déterminée par la valeur au-delà de laquelle
le gaz passerait par les porosités de la rehausse d'une manière tellement importante
que les remous à la surface libre du métal conduiraient à des produits défectueux.
Grâce à l'écran constitué par la rehausse entre le gaz et le métal, cette pression
maximale est relativement élevée. On dispose donc entre la pression minimale et la
pression maximale d'une plage de réglage très large et de ce fait le procédé ne nécessite
aucun dispositif de régulation compliqué : la pression de gaz inerte est fixée une
fois pour toutes par un simple robinet et un manomètre-détendeur en un seul point
pour l'ensemble de l'installation et ne demande aucune retouche en cours de coulée
ou entre les coulées successives.
[0018] Un tel procédé peut être mis en oeuvre dans un dispositif de construction facile
tel que par exemple celui qui fait l'objet également de l'invention et qui comprend
comme dans l'art antérieur :
- une lingotière à fond mobile équipée à l'extérieur de moyens d'amenée d'un fluide
frigoporteur et à l'intérieur d'une bague en graphite,
- une rehausse placée de façon adjacente et en surplomb au-dessus de la lingotièré
et serrée contre la face supérieure de ladite lingotière.
[0019] Ce dispositif est caractérisé en ce que :
- la rehausse est composée de deux parties reliées l'une à l'autre par l'intermédiaire
d'un joint ;
- la partie inférieure de cette rehausse est entourée sur toute sa périphérie par
un anneau qui l'isole de l'atmosphère et dont le diamètre intérieur est supérieur
au plus grand diamètre extérieur de ladite partie de manière à former une chambre
annulaire autour de ladite partie et sur au moins une fraction de sa hauteur ;
- ladite chambre est en relation avec une source de gaz sous pression par l'intermédiaire
d'une conduite d'amenée.
[0020] Dans ce dispositif, les éléments sont montés de la manière suivante : la rehausse
inférieure repose sur un épaulement dont est munie la partie supérieure de la lingotière.
- sur la surface extérieure de cette rehausse vient reposer une bague de serrage ;
- cet ensemble est appliqué contre une plaque de base et la rehausse supérieure par
l'intermédiaire d'un joint et au moyen d'au moins 6 écrous de serrage répartis sur
toute la périphérie de la lingotière. Au cours du serrage, les écrous contribuent
également à faire appuyer la bague de serrage contre la rehausse inférieure et à la
soumettre ainsi à une contrainte d'autant plus élevée que le taux de serrage des écrous
est élevé.
[0021] Un tel dispositif présente cependant plusieurs inconvénients :
- lorsqu'on veut démonter la lingotière puis la remonter, notamment pour passer d'une
dimension de billettes à une autre, on est obligé d'enlever chacun des écrous, ce
qui demande du temps et grève les frais d'entretien ;
- chacun des éléments : lingotière, rehausse inférieure, bague de serrage, se sépare
des autres et la rehausse inférieure en réfractaire, qui se trouve ainsi brutalement
libérée de toute contrainte, se détériore de sorte qu'il faut pourvoir à son remplacement,
ce qui grève également les frais d'entretien.
[0022] C'est pourquoi la demanderesse, soucieuse de remédier à ces états de fait à mis au
point un dispositif perfectionné caractérisé en ce que la bague de serrage est munie
d'un rebord qui est fixé sur un épaulement placé à la partie supérieure de la lingotière
au moyen de vis et que ladite lingotière est rendue solidaire de la nlaque de base
par au moins quatre ressorts diamétralement opposés deux à deux solidaires d'une barre
de serrage.
[0023] A la différence du dispositif précédent, on forme un ensemble rehausse inférieure-lingotière-bague
de serrage que l'on peut séparer en bloc de la plaque de base. Ce montage permet par
ailleurs de maintenir constante et indépendante du serrage de fixation de la lingotière
sur la plaque de base la contrainte de pression exercée sur la rehausse inférieure.
[0024] L'intégration de cet ensemble dans le dispositif se fait simplement : on l'applique
contre la plaque de base et la partie supérieure de la rehausse par l'intermédiaire
d'un joint et le maintient dans cette position au moyen de lamelles élastiques. On
raccourcit ainsi les durées de démontage et de remontage.
[0025] L'invention sera mieux comprise à l'aide des figures et 3 qui représentent en coupe
suivant un axe vertical une demi-section du dispositif de coulée. On voit sur la figure
1 une rehausse composée d'une partie supérieure (1) reliée à une partie inférieure
(2) par l'intermédiaire d'un joint (3). La partie (2) est placée en surplomb (4) par
rapport à la bague graphite (5) de la lingotière (6) refroidie extérieurement par
le fluide frigo
porteur issu de (7a). Cet ensemble est maintenu solidaire par l'intermédiaire d'une
bague de serrage (8) et des écrous (9) qui fixent la lingotière sur une plaque de
base (10).Le bas de la partie (2) est entouré sur toute sa périphérie par un anneau
(13) de façon à former une chambre annulaire (11) qui est alimentée en gaz inerte
par l'intermédiaire d'une conduite (12).
[0026] La figure 2 se distingue de la figure 1 en ce que la lingotière est refroidie au
moyen d'un système (7b) généralement appelé "water jacket".
[0027] On constate ici que l'anneau est constitué par une portion de la lingotière ce qui
correspond à une réalisation particulière de l'invention car cet anneau peut être
distinct de la lingotière.
[0028] La figure 3 est relative au dispositif perfectionné. On y voit :
- une lingotière (6) à fond mobile équipée à l'extérieur de moyens (7a) d'amenée d'un
fluide frigoporteur et à l'intérieur d'une bague en graphite (5) ;
- une rehausse placée de façon adjacente et en surplomb (4) au-dessus de la lingotière
et serrée contre la face supérieure de ladite lingotière composée de deux parties
(1 et 2) reliées l'une à l'autre par l'intermédiaire d'un joint (3) et dont la partie
inférieure (2) est entourée sur toute sa périphérie par un anneau (13) qui l'isole
de l'atmosphère, dont le diamètre extérieur est supérieur au plus grand diamètre extérieur
de ladite partie de manière à former une chambre annulaire (11) autour de cette partie
et sur au moins une fraction de sa hauteur, ladite chambre étant en relation avec
une source de gaz sous pression par l'intermédiaire d'une conduite d'amenée (12).
[0029] La bague de serrage (8a) est munie d'un rebord (14) qui est fixé sur un épaulement
(15) placé à la partie supérieure de la lingotière (6) au moyen de vis (16) et ladite
lingotière est rendue solidaire de la plaque de base (10) par la pression d'au moins
quatre ressorts (17) diamétralement opposés deux à deux et solidaires de la barre
de serrage (18).
[0030] Le démontage et le remontage d'un tel dispositif demandent près de 15 fois moins
de temps que pour un dispositif de l'art antérieur. En outre, le taux de remplacement
des rehausses dû au démontage est pratiquement nul.
[0031] L'invention peut être illustrée au moyen de l'exemple d'application suivant :
on a coulé deux billettes en alliage d'aluminium du type 6063 suivant les normes de
l'Aluminium Association dans une lingotière refroidie extérieurement avec de l'eau,
de diamètre 0 = 20 cm et de hauteur h = 3,6 cm, équipée d'une bague graphite de hauteur
h = 2,6 cm, la partie inférieure de la rehausse étant en un matériau formé de silicate
de calcium renforcé de fibres désigné dans le commerce sous le nom de monalite et
la partie supérieure en un produit à base de silice et de liant hydraulique appelé
béton glass-rock.
[0032] Dans un premier essai, la conduite d'amenée de gaz était mise à l'air.
[0033] Dans un deuxième essai, la conduite était reliée à une source d'azote sec de manière
à maintenir une pression de 0,024 MPa, tandis que les autres paramètres de coulée
étaient maintenus identiques à ceux du premier essai. On a constaté que la billette
obtenue au cours du premier essai présentait de nombreuses piqûres à sa surface alors
que celle du deuxième essai en était tout à fait exempte.
[0034] En raison de leur simplicité, le procédé et le dispositif selon l'invention peuvent
être appliqués notamment dans les installations à lingotières multiples de coulée
de billettes avec une main d'oeuvre réduite et sans aucun risque de déréglage.
1. Procédé de coulée continue de métaux dans une lingotière à fond mobile garnie intérieurement
d'une bague en graphite que l'on refroidit extérieurement et dont on a lubrifié initialement
la paroi en contact avec le métal comprenant les étapes suivantes :
- emmaganiser le métal fondu dans une rehausse comportant une partie supérieure (1)
et une partie inférieure (2) placée de façon adjacente au-dessus de la lingotière
(6), ladite rehausse présentant un surplomb (4) par rapport à la paroi intérieure
de la lingotière,
- alimenter la lingotière en métal fondu à partir de la rehausse,
- maintenir une masse de métal dans la lingotière de manière à provoquer par un écoulement
de fluide frigoporteur à l'extérieur de la-lingotière et sur le métal une solidification
de la masse suffisante pour permettre l'extraction par le fond de métal sous une forme
correspondant à celle de la lingotière,
caractérisé en ce que l'on applique une pression de gaz inerte à la périphérie de
la partie inférieure de la rehausse, pendant toute la durée de la coulée.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la pression est suffisante
pour maintenir la périphérie à l'abri de l'atmosphère sans dépasser la valeur au-delà
de laquelle le gaz provoquerait à la surface de la masse de métal des remous préjudiciables
à l'état de surface.
3. Dispositif de coulée de métal du type comprenant :
- une lingotière (6) à fond mobile équipée à l'extérieur de moyens (7) d'amenée d'un
fluide frigoporteur,à l'intérieur d'une bague en graphite (5),
- une rehausse placée de façon adjacente et en surplomb au-dessus de la lingotière
et serrée contre la face supérieure de ladite lingotière,
caractérisé en ce que :
- la rehausse est composée de deux parties (1 et 2) reliées l'une à l'autre par l'intermédiaire
d'un joint,
- Ia partie inférieure (2) est entourée sur toute sa périphérie par une bague de serrage
(8) et par un anneau (13) qui l'isole de l'atmosphère et dont le diamètre est supérieur
au plus grand diamètre extérieur de ladite partie, de manière à former une chambre
annulaire (11) autour de cette partie et sur au moins une fraction de sa hauteur,
- ladite chambre, est en relation avec une source de gaz sous pression par l'intermédiaire
d'une conduite d'amenée (12).
4. Dispositif de coulée de métal selon la revendication 3, caractérisé en ce que dans
le but de faciliter le montage et le démontage du dispositif, la bague de serrage
(8a) est munie d'un rebord (14) qui est fixé sur un épaulement (15) placé à la partie
supérieure de la lingotière (6) au moyen de vis (16) et que ladite lingotière est
rendue solidaire de la plaque de base (10) par au moins quatre ressorts (17) diamétralement
opposés deux à deux et solidaires de la barre de serrage (18).