[0001] La présente invention a pour objet un procédé et un dispositif pour le filage des
filés de fibres.
[0002] La production des fils peut être effectuée sur de nombreux systèmes de filage. On
connaît, en particulier, les systèmes anneau-curseur, les systèmes d'auto-torsion,
ceux à bout libre, de guipage etc ...
[0003] Un cas particulier de fil se trouve dans les fils à âmes, dans lequels un fil d'âme
est enveloppé d'une gaine de fibres discontinues. Des procédés d'obtention de fils
à âme sont décrits notamment dans les brevets des Etats-Unis d'Amérique N° 1373880,
2024156, 2210884, 2313058, 2504523, 2526523, 3017740 et 3038295.
[0004] La production de fils à âmes peut être effectuée sur de nombreux systèmes de filage
communément utilisés pour la fabrication de fils à partir de fibres discontinues.
Toutefois, et en particulier avec le système anneau-curseur, les fils à âmes filés
présentent généralement l'inconvénient d'être limités dans la vitesse de production
à celle des machines employées et donc au système de tordage utilisé.
[0005] Les fils à âme auto-tordus sont connus par le brevet des Etats-Unis d'Amérique N°
4033102. Un mode de réalisation originale de fils à âmes auto-tordus est décrit dans
les brevets français N° 7918173 et 7913995. L'avantage de ce procédé est de ne nécessiter
que des mouvements unidirectionnels à vitesse constante. Par contre, son grand inconvénient
est d'imposer au fil de brusques et importantes variations de torsion et donc de tension
qui en limitent l'efficacité au niveau de la vitesse de production, et accroissent
les risques de glissement des fibres de couverture par rapport à l'âme.
[0006] Le brevet français N° 8111642 évite ces inconvénients et permet une vitesse de production
élévée sans glissement des fibres de couverture par rapport à l'âme et réalise après
retordage une torsion unidirectionnelle du retors. Son grand inconvénient est de nécessiter
l'emploi d'un ou plusieurs filaments continus servant de vecteur aux fibres de couverture,
ce qui peut être un inconvénient dans le produit final.
[0007] La présente invention a pour but de permettre l'obtention de filés de fibres avec
ou sans âme avec une vitesse de production extrêmement élévée, obtenue par la consolidation
de la résistance du filé de fibres, de préférence au moment où il a à supporter des
efforts.
[0008] Ce but est atteint par un procédé de filage d'un filé de fibres selon lequel on étire
au moins deux mêches de fibres entre des points d'amenée de cette mêche et des paires
de cylindres étireurs; on tord les brins formés par chaque mêche de fibres par un
organe de torsion notamment à friction; on les rassemble en un même point de convergence;
on retord le fil formé des brins assemblés sur un métier à retordre, on bobine les
brins caractérisé par le fait que l'on donne de la fausse torsion aux brins entre
le point de dévidage du fil sur la bobine et le point de prise de torsion.
[0009] Ce procédé est tel que l'on donne au fil en un point déterminé précis, une cohésion
suffisante pour permettre le retordage. Ainsi, on n'a pas de rupture du filé de fibres.
[0010] Le fil est retordu sur un métier à retordre classique, par exemple à anneau-curseur
ou à double torsion ou à double étape pour donner la torsion définitive.
[0011] Selon un mode de réalisation particulier de l'invention on étire séparément au moins
deux mêches de fibres entre des points d'amenée et des paires de cylindres étireurs;
on fait converger les brins formés en un même point d'un organe de torsion; on fait
passer les brins formés au travers d'une paire de cylindres délivreurs; on bobine.
Ensuite, on met le fil sur un métier à retordre et on assure une résistance du fil
entre le point de dévidage du fil sur la bobine et le point de prise de torsion, grâce
à une fausse torsion.
[0012] Un dispositif pour la mise en oeuvre du procédé comprenant :
. des moyens de réalisation d'au moins deux brins constitués chacun d'au moins une
mêche de fibres;
. des moyens de fausse torsion des brins;
. des moyens de bobinage;
. des moyens de retordage du fil formé par les brins;
est caractérisé par le fait qu'il comporte des moyens de fausse torsion entre le dévidage
depuis la bobine et le retordage.
[0013] Le fil bobiné est formé d'au moins deux brins placés côte à côte présentant une faible
torsion résiduelle, éventuellement alternée, très faible, suffisante pour assurer
une cohésion des fibres de couverture sur le filament et insuffisante pour provoquer
l'assemblage des deux brins par auto-torsion de façon régulière et constante.
[0014] Le fil après retordage est tel que les fibres sont toutes sensiblement parallèles
les unes aux autres dans l'axe de chaque brin avec une variation égale à la très faible
torsion résiduelle existant dans le fil avant retordage, mais telle que l'on sache
dissocier les deux brins par détorsion.
[0015] L'invention et les avantages qu'elle apporte seront cependant mieux compris grâce
aux exemples de mise en oeuvre, donnés ci-après à titre illustratif, mais non limitatif
et qui sont illustrés par les figures annexées dans lesquelles :
. la figure 1 est une vue schématique, en perspective d'un dispositif de filage avant
l'arrêt du filament continu dans le cas où le point de convergence est en amont du
tordeur.
. la figure 2 est une vue schématique en perspective d'un dispositif permettant d'obtenir
un fil double avant la montée en torsion et après la coupe du filament, dans le cas
où le point de convergence est en aval du tordeur.
. la figure 3 est une vue en perspective d'un dispositif, permettant d'obtenir une
résistance du filé entre le point de dévidage du fil sur la bobine et le point de
prise de torsion d'un métier à retordre.
. la figure 4 est une vue en coupe dudit dispositif de la figure 3, monté sur la coronelle
de dévidage d'une retordeuse double torsion.
. la figure 5 est une vue en perspective d'une variante du dispositif de la figure
3.
. la figure 6 est une vue en perspective d'une autre variante du dispositif de la
figure 3.
. la figure 7 est une vue schématique du dispositif de la figure 5, monté sur un métier
à retordre à anneau-curseur.
[0016] Selon l'invention, on effectue un procédé de filage en étirant une mêche de fibres
5a entre un point d'amenée 2a et une paire de cylindres étireurs 4a. Le système d'étirage
comporte en outre une paire de manchons d'étirage 3a. Parallèlement, on étire séparément
une mêche de fibres 5b par un système d'étirage comportant un point d'amenée, à savoir
une paire de cylindres alimentaires 2b, une paire de manchons d'étirage 3b et une
paire de cylindres étireurs 4b.
[0017] En amont des cylindres étireurs 4a, 4b, on introduit un filament continu 6a, 6b.
On forme donc deux brins constitués chacun d'une mêche de fibres et d'un filament.
Les brins ainsi formés sont tordus ensemble par un tordeur 7 et sont guidés par deux
guides 8 et 9. Les deux brins passent ensuite par une paire de cylindres 10 avant
d'être aspirés par un aspirateur 13 avant d'éliminer les filaments continus par exemple
par coupage, au moyen d'une paire de ciseaux manuels, en amont des cylindres étireurs.
[0018] Les filaments continus ainsi coupés sont donc amenés par l'aspirateur 13 aux déchets.
[0019] La figure 2 représente le dispositif de filage après la coupe des filaments, quand
le filé de fibres est bobiné sur un cylindre 11.
[0020] Il est important d'avoir un nombre de fibres en section suffisant, en relation avec
la cohésion des fibres, la propreté de la mêche et la tension entre les étireurs 4
et les cylindres délivreurs 10. A propos de la cohésion entre les fibres, il peut
être intéressant d'adjoindre aux fibres, au moment de la préparation des mêches, un
ensimage augmentant cette cohésion entre les fibres. Par exemple, un ensimage paraffinique
ou un ensimage contenant de la silice colloidale. Cela ayant aussi pour effet de faciliter
le retordage.
[0021] Dans le cas où le point de convergence est en amont de l'organe de torsion, Il est
aussi important de régler la tension entre les étireurs 4 et les cylindres délivreurs
10, de façon à avoir une distance
h convenable entre les étireurs 4 et le point de convergence 12 des fils, en relation
avec la torsion donnée et la vitesse de défilement. En effet, une torsion existe dans
chacun des brins simples, entre le point de convergence 12 des brins et le point où
le brin est saisi en dernier lieu par les étireurs 4, mais cette torsion n'est pas
incorporée dans le fil résultant. Cette torsion existe dans les brins préalablement
à la convergence en une quantité d'équilibre qui dépend de la géométrie du système
et des paramètres de filage. Cet état de fait décrit ci-dessus peut être en pratique
modifié. En effet, les irrégularités survenant au hasard dans les brins, une partie
de la torsion est incorporée dans des brins de manière variant au hasard. Une telle
torsion est toutefois de faible intensité.
[0022] Si la tension est trop faible, trop peu de torsion se trouve dans le brin entre les
cylindres étireurs 4 et le point de convergence 12, ce qui se traduit par des pertes
de fibres à la sortie des cylindres étireurs 4, suite à un mauvais accrochage des
fibres. Par exemple, on a obtenu d'excellents résultats à la vitesse de 215 mètres
par minute avec un étirage, entre les étireurs 4 et les délivreurs 10, égal à 1,53
% et un fil 2 x 25 tex composé de 45 % de laine de 27 microns et de 55 % de polyester
de 3 deniers. Ainsi, on règle la différence de vitesse entre les cylindres étireurs
4 et les cylindres délivreurs 10 en fonction des paramètres de filage et de la vitesse
de déplacement. Si la tension est par contre trop forte, le fil est trop tendu, ce
qui entraîne un risque de casse.
[0023] Dans le cas où l'on utilise des organes de torsion à friction assurant à la fois
une composante de torsion et une composante d'avancée du fil il peut être intéressant
de règler la tension du fil par variation de cette composante d'avancée, indépendamment
du réglage de tension entre les cylindres délivreurs et étireurs. Par exemple, lorsque
l'on utilise deux courroies croisées sans fin, ce réglage se fait par variation de
l'angle des deux courroies.
[0024] Lorsque le filé de fibres est au stade de la retorsion, sa résistance est en général
trop faible pour permettre une marche sans problèmes et le fil casse souvent entre
le point de dévidage du fil sur la bobine et le point de prise de torsion.
[0025] Or, on a trouvé qu'une très légére cohésion supplémentaire suffisait pour assurer
le dévidage du fil. En fonction de la cohésion initiale des fibres, un simple ensimage
cohésif peut suffire. On peut adjoindre ce produit cohésif aux fibres, soit au niveau
de la préparation des mêches soit au niveau de la machine à filer, entre l'organe
de torsion des brins et l'organe de bobinage.
[0026] Dans les cas où cela n'est pas suffisant ou lorsque l'emploi d'ensimage est à proscrire,
on a trouvé que l'adjonction de quelques tours de torsion, à l'aide d'un dispositif
de fausse torsion suffisait pour assurer un bon dévidage.
[0027] Les dispositifs de fausse torsion sont connus. Ils peuvent être rotatifs ou opérer
par friction. Ils peuvent être statiques et un simple enroulement sur une tige peut
assurer une torsion par roulage en amont de la tige lorsque l'on tire sur le fil,
pour autant que l'angle du fil par rapport à la tige, le diamètre de la tige en fonction
de celui du fil ainsi que le pas du fil sur la tige et le coefficient de frottement
du matériau de la tige, soient judicieusement choisis.
[0028] L'exemple de la figure 3 est un dispositif qui réalise ces impératifs. Il est constitué
d'un corps 14 en matière légère qui supporte une tige 15 en forme de demi cercle sur
la partie supérieure du corps 14.
[0029] L'utilisation du dispositif de la figure 3 sera cependant mieux comprise grâce à
la figure 4 qui représente une coupe d'une broche de retordage double torsion dans
laquelle la bobine de fil 16 est placée sur le pot 17 où elle est centrée grâce au
centreur 18. Le fil 19 se dévidant à la défilée, en quittant la bobine passe à travers
l'oeillet 20 de la coronelle de dévidage 21. le fil s'enroule ensuite sur la tige
15 qui est supportée par le corps 14, lui-même fixé par un moyen quelconque non représenté,
sur la coronelle 21. Après avoir fait un certain nombre de tours le fil rentre dans
le corps du prolongateur 22 où il va recevoir le premier tour de torsion donné par
le disque de torsion (non représenté) pour ensuite passer entre le pot 17 et l'anti-ballon
23 où il reçoit le deuxième tour de torsion avant d'être bobiné sur une bobine non
représentée.
[0030] En général, dans une machine à retordre double torsion, la tension du fil et donc
le nombre de tours d'enroulement sur le disque de torsion est réglée par un piston
à ressort, bloqueur de torsion, non représenté, qui se trouve dans le prolongateur
22.
[0031] Dans le cas de l'utilisation du dispositif, selon l'invention il faut, soit enlever
ce piston et ainsi la torsion remonte jusqu'à la tige 15, soit avoir une distance
entre ce piston et la tige 15, inférieure à la longueur des fibres.
[0032] En utilisant le dispositif, on règle la tension du fil, en jouant sur les paramètres
suivants :
. nombre de tours d'enroulement du fil 19 sur la tige 15,
. diamètre de la tige 15,
. coefficient de frottement du matériau de la tige 15,
. angle α formé par le fil 19 et la tige 15 au moment où le fil arrive sur la tige.
[0033] On peut faire varier la rotation de la coronelle de dévidage 21 par des moyens classiques,
par exemple, son poids, son coefficient de frottement, etc ... On peut, comme avec
une machine à retordre double torsion classique jouer sur la force du ressort du bloqueur
de torsion, dans le cas où on l'utilise.
[0034] Par exemple, on a obtenu de bons résultats avec le fil 2 x 25 tex, décrit précédemment
sur un métier à retordre double torsion avec une vitesse de broche de 11000 tours
par minute et une torsion de 371 tours par mètre, soit un développement de 59,2 mètres
par minute, en utilisant le dispositif décrit dans la figure 4 où le fil faisait un
tour sur une tige d'acier à ressort de 0,5 millimètre de diamètre, sans utiliser de
bloqueur de torsion.
[0035] On a obtenu des bons résultats avec un fil 2 x 33 tex dont l'un des brins est constitué
d'un filament de 300 deniers en triacétate brillant, sans couverture de fibres et
l'autre brin, constitué de fibres 100 % acrylique mat 3 deniers, sans filament. Le
tout étant retordu à 260 tours de broches à une vitesse de broche de double torsion
de 10 000 tours par minute en utilisant le dispositif décrit sur la figure 4 où le
fil 19 faisait 2 tours d'enroulement sur la tige 15 qui avait un diamètre de 0,25
millimètre, et sans utiliser de bloqueur de torsion.
[0036] Une variante du dispositif est représentée sur la figure 5 où le fil s'enroule sur
une tige droite.
[0037] En fonction des fils à retordre, on pourra avoir des angles différents de la tige
par rapport à la verticale, de façon à changer l'angle du fil par rapport à la tige
afin de varier l'intensité de fausse torsion.
[0038] Les exemples de forme de dispositif décrits sont donnés à titre non limitatif. Le
seul impératif est d'avoir un enroulement du fil sur la tige avec un angle approprié
du fil par rapport à la tige. De façon plus générale, on utilise tout dispositif qui
permet une fausse torsion entre le dévidage et la prise de torsion, qui permet le
dévidage du fil lors du retordage sans qu'il casse du fait de sa faible résistance.
[0039] Une autre variante du dispositif est représentée par la figure 6 où la tige est spiralée
en forme de cône.
[0040] Dans le cas où l'on retord par une autre technique de retordage, par exemple avec
un continu à retordre à anneau, comme le représente la figure 7, il suffira de placer
une tige 24 entre la bobine 25 est les délivreurs 26 pour avoir un certain angle du
fil par rapport à la tige de façon à donner une fausse torsion suffisante pour le
dévidage, dans le but d'obtenir une distance entre la tige et les délivreurs inférieure
à la longueur des fibres. la tension est dans ce cas donnée par le poids de curseur
27.
[0041] Dans le cas où l'on retord par la technique de retordage double étape, il suffira
d'adapter le dispositif de la figure 7 à la première étape d'assemblage retordage.