(57) La présente invention a pour objet un procédé de traitement thermique de pièces
en alliage d'uranium.
Ce procédé comprend au moins une étape d'homogénéisation en phase γ suivie d'une étape
de chauffage par induction, puis d'une étape de trempe ; l'utilisation du chauffage
par induction permet de ne chauffer la pièce, et donc de modifier la structure, qu'en
surface : on peut ainsi, éventuellement avec des étapes supplémentaires de trempe
et/ou de revenu, ajuster la dureté à coeur et en surface.
Application à la réalisation de matériaux de protection.
[0001] La présente invention a pour objet un procédé de traitement thermique de pièces
en alliage d'uranium permettant d'obtenir des propriétés structurales et mécaniques
différentes entre le coeur et la surface d'une pièce.
[0002] Dans certains cas, il peut être intéressant d'obtenir des propriétés mécaniques différentes
entre la surface et le coeur d'une pièce métallique, par exemple dans la réalisation
de matériaux de protection.
[0003] La présente invention s'applique plus particulièrement aux alliages d'uranium dits
"à durcissement structural" qui sont généralement des alliages d'uranium avec du
titane, du niobium ou du zirconium, la teneur moyenne en éléments d'addition étant
de 0,5 à 6% en poids.
[0004] Selon la principale caractéristique du procédé objet de l'invention, celui-ci comprend
les étapes successives suivantes :
(a) - homogénéisation en phase γ ;
(b) - chauffage par induction ; et
(c) - trempe.
[0005] Si l'on désire obtenir une peau tendre et un coeur dur, le procédé comprend en outre
une étape (1) de trempe, puis une étape (2) de revenu, ces dernières étant effectuées
après l'étape (a) et avant l'étape (b).
[0006] L'étape d'homogénéisation est effectuée à une température variable suivant l'alliage,
mais généralement supérieure à 750°C car, à cette température, l'uranium est en phase
γ et les éléments d'addition sont en solution solide. Par trempe depuis cette phase
γ, on forme une phase martensitique dans laquelle les éléments d'addition sont en
sursaturation. Cette phase martensitique est une variante de la phase orthorhombique
α de l'uranium : elle est d'autant plus tendre que la teneur en éléments d'addition
est élevée, les duretés étant généralement comprises entre 250 et 400 HV.
[0007] Par un revenu ultérieur, on déstabilise la phase martensitique et on provoque la
précipitation de composés durcissants. Il est possible d'atteindre, suivant le type
d'alliage, la température et le temps de revenu, une dureté de 600 à 650 HV.
[0008] Quant au chauffage par induction, il permet de ne chauffer la pièce, et donc d'en
modifier la structure, que sur une profondeur déterminée dépendant de la manière dont
le chauffage est réglé. En effet, la profondeur chauffée par les courants induits
dans la pièce dépend de la fréquence. Pour une fréquence supérieure à 300 kHz, cette
profondeur est inférieure à 2 mm. Pour des fréquences moyennes, c'est-à-dire de 10
à 30 kHz environ, cette profondeur est de l'ordre de 2 à 8 mm. En basse fréquence,
c'est-à-dire à des fréquences inférieures ou égales à 4 kHz, elle est supérieure
à 8 mm. Cette profondeur dépend également des caractéristiques du matériau, entre
autres la résistivité électrique. De plus, cette technique peut être mise en oeuvre
dans une enceinte corfinée sous vide ou balayée par un gaz neutre, ce qui est particulièrement
avantageux compte tenu de l'oxydabilité de l'uranium.
[0009] Si l'on veut obtenir une pièce ayant une peau tendre et un coeur dur, on commence
par les étapes d'homogénéisation, de trempe et de revenu décrites ci-dessus. Ensuite,
la pièce subit un chauffage par induction afin de passer une bande superficielle en
phase γ et de redissoudre la précipitation, mais ceci uniquement en surface. Ce chauffage
est immédiatement suivi d'une trempe qui provoque la transformation martensitique
de cette bande et donc une zone superficielle plus tendre que le coeur. La largeur
de cette bande dépend des caractéristiques de l'installation et notamment des caractéristiques
du courant de chauffage par induction, de la température atteinte en surface et de
la cinétique de redissolution des précipités en phase γ.
[0010] Afin de mieux ajuster la dureté en surface, le procédé comprend une étape supplémentaire
(3) de revenu effectuée après les étapes de chauffage par induction et de trempe indiquées
ci-dessus. Ce revenu permet d'obtenir la dureté désirée en surface. Bien entendu,
il est nécessaire, lorsqu'on procède ainsi, de tenir compte de l'effet durcissant
de ce deuxième revenu sur le coeur de la pièce lorsqu'on effectue le premier traitement
de revenu.
[0011] Lorsqu'on veut obtenir une peau dure et un coeur tendre, on effectue une étape (4)
de refroidissement lent depuis la phase γ, c'est-à-dire après l'étape d'homogénéisation
et avant l'étape de chauffage par induction. En effet, par un refroidissement lent,
la phase γ se décompose en deux phases : γ → α + U
xM
y où U
xM
y désigne une phase riche en éléments d'addition M. La dureté obtenue est faible,
souvent plus faible que la dureté de la martensite de l'alliage correspondant. Après
le refroidissement lent, on forme une bande de martensite en peau par chauffage par
induction et trempe superficielle et on effectue une étape (5) de revenu, ce qui ne
modifie pas la structure à coeur.
[0012] L'invention apparaîtra mieux à la lecture de la description qui va suivre, donnée
à titre purement illustratif et nullement limitatif, de quelques exemples de mise
en oeuvre du procédé objet de l'invention.
[0013] Les essais qui vont être décrits ci-dessous ont été effectués sur des pièces en alliage
d'uranium et de titane contenant 0,75% en poids de titane.
Exemple 1
[0014] Dans cet exemple, on a cherché à obtenir des pièces dures à coeur et tendres en surface.
[0015] Pour cela, on a d'abord effectué un traitement d'homogénéisation pendant 1 heure
à 850°C, suivi d'une trempe à l'eau. On a réalisé ensuite un durcissement structural
par un revenu de 4h30mn à 450°C dans un four sous vide.
[0016] Les pièces ont ensuite été chauffées par induction pendant 5 secondes à la fréquence
de 23,5 kHz dans une enceinte fermée sous balayage d'argon:on a ainsi obtenu une température
de 1000°C en surface, ce qui correspond à une vitesse de chauffage de 200°C par seconde.
On a ensuite effectué une trempe à l'eau immédiatement en fin de chauffage.
[0017] Cette gamme a permis d'obtenir des pièces ayant un gradient de dureté, la dureté
étant de 375 HV en peau sur une zone de 5 mm de profondeur et de 580 HV à coeur.
Exemple 2
[0018] Dans cet exemple, les pièces ont subi le même traitement que dans l'exemple 1, mais
on a ajusté la dureté en peau par un traitement de revenu supplémentaire, effectué
après la dernière opération de trempe. On a pu constater que ce traitement ne modifie
pas notablement la dureté à coeur.
[0019] Par un revenu de 4 heures à 400°C, on a obtenu une dureté en surface de 420 HV et,
par un revenu de 4 heures à 425°C, on a obtenu une dureté en surface de 480 HV. Dans
l'un et l'autre cas, la dureté à coeur est restée égale à 580 HV.
Exemple 3
[0020] Dans cet exemple, on a cherché à obtenir des pièces dures en surface et moins dures
à coeur.
[0021] On a d'abord effectué un traitement d'homogénéisation pendant 1 heure à 850°C suivi
d'un refroidissement contrôlé dans un four sous vide, la vitesse de refroidissement
étant inférieure à 0,5°C par seconde.
[0022] Les pièces ont ensuite été chauffées par induction à la fréquence de 23,5 kHz, ce
qui a permis d'atteindre une température en peau de 1000°C, soit une vitesse de chauffage
de 200°C par seconde. Les pièces ont été trempées à l'eau immédiatement en fin de
chauffage.
[0023] On a ensuite effectué un traitement de revenu pendant 4 heures à des températures
comprises entre 350°C et 450°C.
[0024] Cette gamme a permis d'obtenir des pièces ayant un gradient de dureté. La dureté
à coeur était toujours inférieure à 320 HV tandis que les duretés en peau allaient
de 375 HV à 580 HV suivant la température de revenu choisie.
1. Procédé de traitement thermique d'une pièce en alliage d'uranium en vue d'obtenir
des propriétés différentes entre la peau et le coeur, caractérisé en ce qu'il comprend
les étapes successives suivantes :
(a) - homogénéisation en phase γ ;
(b) - chauffage par induction ; et
(c) - trempe.
2. Procédé selon la revendication 1, permettant d'obtenir une peau tendre et un coeur
dur, caractérisé en ce qu'il comprend en outre les étapes successives suivantes,
effectuées après l'étape (a) et avant l'étape (b) :
(1) - trempe ; et
(2) - revenu.
3. Procédé selon la revendication 2, caractérisé en ce qu'il comprend une étape supplémentaire
(3) de revenu effectuée après l'étape (c).
4. Procédé selon la revendication 1, permettant d'obtenir une peau dure et un coeur
tendre, caractérisé en ce qu'il comprend en outre une étape (4) de refroidissement
lent effectuée après l'étape (a).
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce qu'il comporte une étape supplémentaire
(5) de revenu effectuée après l'étape (c).
6. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que
la ou les étapes de trempe sont des trempes à l'eau.
7. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que
l'étape (b) est effectuée sous vide.
8. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en ce que
l'étape (b) est effectuée sous balayage d'un gaz neutre.
9. Procédé selon l'une quelconque des revendications 1 à 8, caractérisé en ce que
la pièce à traiter est réalisée en un alliage d'uranium avec l'un au moins des éléments
suivants : titane, niobium, zirconium.
10. Procédé selon la revendication 9, caractérisé en ce que la teneur moyenne de
la pièce à traiter en éléments d'addition est comprise entre 0,5% et 6% en poids.