[0001] La présente invention est relative aux pièces d'horlogerie comportant une boite réalisée
au moins partiellement en un matériau minéral dur naturel tel que le granit et les
pierres semi- précieuses, ou artificiel, tels que les carbures ou les nitrures de
certains métaux comme le tungstène ou le titane.
[0002] L'une des difficultés que l'on rencontre lorsque l'on veut réaliser une pièce d'horlogerie
de ce genre consiste à assurer l'étanchéité de la pièce au niveau de la traversée
de la tige de mise à l'heure. En effet, on sait que l'étanchéité sur la surface d'un
matériau dur tel que la pierre ne peut être que médiocre.
[0003] C'est pourquoi on a déjà proposé un dispositif de montage pour la tige de mise à
l'heure qui comporte un tube chassé radialement de façon étanche dans la platine du
mouvement et traversé par la tige de mise à l'heure. Celle-ci reçoit à son extrémité
extérieure la couronne qui, à son tour, est rendue étanche sur l'extrémité du tube
par une garniture d'étanchéité emprisonnée entre un rebord annulaire de la couronne
et la surface extérieure de la tige.
[0004] Cette disposition s'est avérée peu satisfaisante pour plusieurs raisons.
[0005] Tout d'abord, elle nécessite la présence du tube qu'il faut fabriquer et monter,
ce qui augmente le prix de revient de la montre.
[0006] Cependant, si la boite est réalisée au moins partiellement en un matériau dur, c'est-à-dire
comporte le plus souvent une carrure extérieure faite de ce matériau (afin de rendre
la boîte résistante à l'usure), il faut prévoir, à l'endroit de la traversée du tube
à travers cette carrure, un dégagement s'ouvrant vers le bas et s'étendant jusqu'au-dessus
du tube. Ce dégagement est nécessaire pour permettre la mise en place du mouvement
muni de son tube.
[0007] Or, on sait que l'usinage des matériaux durs pose des problèmes ardus car les risques
de rupture de la pièce en cours d'usinage sont très élevés. Le dégagement en question
affaiblit considérablement la pièce à l'endroit où il doit être prévu de sorte que
lesdits risques s'accroissent encore davantage. Par ailleurs, au porter, le dégagement
peut constituer une amorce de rupture en cas de choc.
[0008] Il a, par ailleurs, été proposé (EP-A-0 150 746), dans une boite de montre comportant
une carrure extérieure en un matériau dur et une carrure intérieure en un matériau
rigide mais facilement usinable, de prévoir dans la carrure intérieure un dégagement
pour la couronne, dégagement qui est fermé du côté extérieur par la portion correspondante
de la carrure extérieure, mais qui s'ouvre vers le bas pour rendre la couronne accessible.
La tige fixée à la couronne traverse alors un trou radial pratiqué dans la carrure
intérieure dans lequel elle assure l'étanchéité à l'aide d'une garniture annulaire
placée dans une gorge usinée dans la tige. Cette garniture est pressée contre la paroi
du trou radial.
[0009] Cette disposition garantit naturellement une étanchéité très satisfaisante car la
garniture agit sur des surfaces métalliques, mais elle conduit à une maniabilité tout-à-fait
médiocre de la couronne puisque celle-ci doit être actionnée par la face arrière de
la montre.
[0010] L'invention a pour but de fournir une montre équipée d'un dispositif de montage du
genre décrit ci-dessus, mais qui soit dépourvu de ces inconvénients.
[0011] L'invention a donc pour objet une montre dont la boite est au moins partiellement
en un matériau dur, cette boite étant du type comportant une carrure extérieure réalisée
à partir du matériau dur et une carrure intérieure en un matériau rigide, mais facilement
usinable, ladite carrure intérieure comportant un trou radial de passage de la tige
dans lequel celle-ci est engagée de façon étanche à l'aide d'une garniture d'étanchéité
logée dans une gorge périphérique de la tige et appliquée contre la paroi du trou,
caractérisée en ce que la carrure extérieure comporte un trou radial aligné sur le
trou de la carrure intérieure et à travers lequel passe la tige de mise à l'heure
vers l'extérieur.
[0012] Le dispositif selon l'invention présente l'avantage de rendre la couronne parfaitement
accessible, puisqu'elle peut être montée en bout de tige, à l'extérieur de la carrure
en un matériau dur, et ce en conservant l'avantage de la très bonne étanchéité obtenue
du fait que la garniture agit entre deux faces métalliques.
[0013] Par ailleurs, la carrure extérieure en matériau dur comporte un trou radial qui,
certes, affaiblit la carrure à cet endroit, mais dans une bien moindre mesure que
si on pratiquait un dégagement s'ouvrant vers le bas. En effet, dans la carrure conçue
suivant l'invention, il reste de la matière tout autour du passage de la tige, ce
qui conduit à une moindre fragilité tant pendant la fabrication (moins de pièces au
rebut) que pendant le porter (meilleure résistance aux chocs). Cet avantage est particulièrement
sensible lorsque la carrure extérieure est usinée dans un bloc de matériau dur, comme
de la pierre naturelle ou un oxyde monocristallin. Il faut en outre noter que le joint
étant placé sur la tige, on peut réaliser une couronne entièrement faite dans le même
matériau que la carrure extérieure.
[0014] L'invention sera mieux comprise à la lecture de la description qui va suivre d'un
exemple de réalisation, description qui est faite en référence au dessin annexé sur
lequel la figure unique montre une vue en coupe diamétrale brisée d'une pièce d'horlogerie
suivant l'invention.
[0015] Suivant l'exemple de réalisation représenté sur la figure unique, la pièce d'horlogerie
suivant l'invention comporte une boite 1 comportant une pièce 2 réalisée en un matériau
dur naturel ou artificiel comme le granit, une pierre semi-précieuse, un carbure métallique,
un oxyde métallique monocristallin ou analogue. Cette pièce qui est d'un seul tenant
comporte une bague formant une carrure extérieure 3 de la boite et un voile 4 qui
obture la bague à peu près à trois-quarts de sa hauteur, ce voile formant le cadran
5 de la pièce d'horlogerie à sa face supérieure.
[0016] C'est ainsi que la pièce 2 délimite un logement central circulaire 6 qui est ici
coaxial à la forme extérieure de la carrure 3. Celle-ci présente une périphérie semi-toroidale.
Cependant, il est à noter que la forme de la carrure 3 et la localisation du logement
6 ne sont pas déterminantes et ne sont commandées que par l'esthétique qu'on souhaite
donner à la pièce d'horlogerie, le logement 6 pouvant être décentré par rapport à
la forme générale de la carrure 3 en pierre qui, elle-même, peut revêtir des formes
extérieures extrêmement variées déterminées également par l'esthétique.
[0017] La face du voile 4 formant le cadran 5 est concave tandis qu'elle est bordée par
une portion périphérique rehaussée 7 de la carrure extérieure 3. Cette portion 7 définit,
de par sa forme, des moyens 8 de positionnement et de fixation d'une glace 9. Dans
le mode de réalisation représenté, ces moyens comprennent une marche annulaire 10
délimitant un épaulement 11 sur lequel peut être appliquée la glace 9 par l'intermédiaire
d'un joint de colle. La glace 9 est donc noyée dans la hauteur de la carrure extérieure.
[0018] Le voile 4 est percé en son centre d'un trou 12 pour le passage des axes d'aiguilles
13 et 14. En outre, sa zone centrale comporte une portion de raidissement 15 pour
rigidifier le voile à cet endroit. Cette portion de raidissement est obtenue en prolongeant
en fin d'usinage du logement 6, l'opération d'usinage seulement sur le pourtour du
fond de celui-ci.
[0019] Une carrure intérieure métallique 16 est disposée dans le logement 6. Cette carrure
comporte une bague annulaire 17a d'où s'étend vers l'intérieur le rebord 17b et elle
est collée à la carrure extérieure 2 par des joints de colle interposés entre les
parois périphériques extérieure et intérieure respectives des carrures et également
(bien que cela ne soit pas indispensable) entre la face d'extrémité supérieure de
la carrure intérieure 16 et la portion de surface inférieure correspondante du voile
4.
[0020] La carrure intérieure 16 est tout d'abord destinée à recevoir le mouvement 18 de
la pièce d'horlogerie par l'intermédiaire d'un cercle d'encageage 19. Dans l'exemple
représenté, le mouvement 18 est supposé être du type à tonneau, le cercle d'encageage
19 ne présentant ainsi pas de section radiale constante sur tout son pourtour, ce
qui se voit à gauche et à droite sur la figure. Le cercle d'encageage comporte un
épaulement 20 coopérant avec une collerette pratiquée de façon classique sur le pourtour
du mouvement.
[0021] Une rainure annulaire 21 est ménagée dans la face inférieure de la carrure intérieure
pour recevoir une garniture d'étanchéité 22. Par ailleurs, plusieurs trous taraudés
23 sont prévus dans la carrure afin de permettre son assemblage avec un fond 24, par
l'intermédiaire de vis 25. Le fond 24 est formé par une plaquette circulaire dont
la forme est adaptée à l'esthétique de l'ensemble et qui s'ajuste pratiquement entièrement
dans l'ouverture du logement 6. Cette plaquette porte des cornes 26 à midi et à six
heures, destinées à fixer un bracelet non représenté au dessin.
[0022] On peut ainsi constater que la pièce d'horlogerie ne nécessite pour son étanchéité
qu'un joint au niveau du fond agissant efficacement par contact avec le métal, la
garniture étant en outre emprisonnée de toutes parts par la section rectangulaire
délimitée par le fond et la rainure 21.
[0023] On signale également que la carrure intérieure 16 présente un diamètre extérieur
d
1 supérieur au diamètre d
2 de la glace. Ce choix est délibéré afin de conférer à la carrure intérieure 16 le
rôle de soutien de la zone fragile située à la jonction entre le voile 4 et la carrure
extérieure 3. En cas de choc au porter les risques de rupture à cet endroit sont ainsi
notablement réduits.
[0024] On va maintenant décrire en détail comment est réalisé le passage pour la tige de
mise à l'heure 27. Celle-ci traverse un trou radial 28 percé dans la carrure extérieure
3 ainsi qu'un trou radial 29 pratiqué dans la carrure intérieure 16, ce dernier étant
ajusté au diamètre de la tige 27 pour en permettre la rotation tout en assurant son
guidage. La tige 27 elle-même est pourvue d'une gorge 30 qui est située à peu près
à mi-chemin dans le trou radial 29 et qui est destinée à recevoir une garniture d'étanchéité
31. C'est donc de nouveau un joint agissant contre des surfaces métalliques qui assure
ici l'étanchéité vis-à-vis de l'extérieur. Une couronne 32 réalisée en le même matériau
que la pièce 2 peut coiffer l'extrémité extérieure de la tige 27 en étant retenue
sur celle-ci par collage, par exemple.
[0025] On remarquera que le trou pratiqué dans la carrure intérieure 16 pour le passage
de la tige 27 est presque tangent au plan radial contenant la face supérieure du mouvement
18. Ceci est dû au fait que la tige 27 doit avoir un diamètre comparativement important
pour permettre d'y ménager la gorge 30 destinée au joint 31. Si la face inférieure
du voile 4 était plate, il en résulterait que l'épaisseur de matière entre le trou
29 et la face supérieure de la carrure intérieure 16 serait très faible, ce qui pourrait
conduire à l'ovalisation du trou 27 qui en conséquence ne pourrait pas garantir un
bon contact avec le joint 31, d'où une perte d'étanchéité.
[0026] Grâce au fait que le logement 6 comporte dans le pourtour de son fond, une gorge
qui entoure le raidissement 15 et qui permet d'utiliser une carrure intérieure 16,
plus épaisse, on peut garantir l'étanchéité de la montre sans pour autant en augmenter
l'épaisseur.
[0027] Cette solution particulière a été rendue possible grâce au fait que la face du voile
4 formant cadran 5 est concave et que le logement est usiné dans un premier temps
sur toute sa surface et dans un deuxième temps sur la seule surface de la gorge. De
la sorte, la section du voile au niveau de la marche 10 reste suffisante pour supporter
la pression qui doit être appliquée lors des opérations d'usinage.
[0028] L'usinage de la pièce 2 en matériau dur est réalisé de préférence à l'aide d'un procédé
d'abrasion à la meule diamantée connu des spécialistes. Dans le cadre de l'invention,
cet usinage ne requiert aucune précision grâce à la présence de la carrure intérieure
qui est ici l'élément de la pièce d'horlogerie assurant toutes les fonctions de positionnement
nécessitant de la précision, parmi lesquelles on peut citer le positionnement du mouvement,
le serrage des garnitures d'étanchéité 22 et 31 et le positionnement des vis 25 vis-à-vis
du fond.
1. Montre dont la boite (1) est au moins partiellement en un matériau dur, cette boite
étant du type comportant une carrure extérieure (3) réalisée à partir du matériau
dur et une carrure intérieure (16) en un matériau rigide, mais facilement usinable,
ladite carrure intérieure (16) comportant un trou radial (29) de passage de la tige
(27) dans lequel celle-ci est engagée de façon étanche à l'aide d'une garniture d'étanchéité
(31) logée dans une gorge périphérique (30) de la tige et appliquée contre la paroi
du trou (29), caractérisée en ce que la carrure extérieure (3) comporte un trou radial
(28) aligné sur le trou (29) de la carrure intérieure (16) et à travers lequel passe
la tige de mise à l'heure (27) vers l'extérieur.
2. Montre suivant la revendication 1, caractérisée en ce qu'à l'extérieur de la carrure
extérieure (3), la tige de mise à l'heure (27) est coiffée d'une couronne (32) réalisée
en le même matériau que cette carrure extérieure.
3. Montre suivant l'une quelconque des revendications 1 et 2, caractérisée en ce que
ladite carrure extérieure (3) est réalisée d'un seul tenant avec un voile central
(4) faisant office de cadran (5).
4. Montre suivant la revendication 3, caractérisée en ce que le logement (6) délimité
par la carrure extérieure (3) et le voile central (4) et destiné à loger le mouvement
(18) de la montre, comporte un fond annulaire entourant une portion de raidissement
(15) prévue dans la partie centrale du voile (4), fond contre lequel est appliquée
la carrure intérieure (16), la largeur dans le sens radial de ce fond annulaire correspondant
à peu près à la longueur du trou de passage (29) prévu dans la carrure intérieure
(16).
5. Montre suivant l'une quelconque des revendications 3 et 4, caractérisée en ce que
ledit voile (4) est entouré de moyens (8) de positionnement et de fixation d'une glace
(9) usinés dans le corps de la carrure extérieure (3).
6. Montre suivant l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisée en ce que
ladite carrure extérieure est en pierre naturelle.
7. Montre suivant l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisée en ce que
ladite carrure extérieure est en oxyde monocristallin.