[0001] La présente invention concerne un procédé de fabrication d'acide glyoxylique par
réduction électrochimique d'acide oxalique.
[0002] L'acide glyoxylique est un intermédiaire industriel de synthèse couramment utilisé
pour accéder à diverses matières premières telles que l'acide p-
hydroxymandélique, la p-hydroxyphénylglycine. Il est principalement obtenu par oxydation
ménagée du glyoxal ou par réduction électrochimique de l'acide oxalique.
[0003] La réduction électrochimique de l'acide oxalique en acide glyoxylique est connue
depuis fort longtemps et elle est généralement conduite en milieu acide, à basse température,
avec des électrodes à forte surtension d'hydrogène, en présence ou non d'un acide
minéral protonique tel que l'acide sulfurique, d'une membrane échangeuse d'ions et
elle est habituellement réalisée avec une circulation de l'electrolyte (brevets allemands
n
8 163.842, 194.038. 204.787, 210.693, 292.866. 347.605, 458.436 ; brevets français
n° 2.062.822, 2.151.150 ; brevet indien n° 148.412 ; W. HOHRSCHULZ. Z. Elektrochem.
1926,82, 449 ; S. AVERY et al, Ber. 1899. 32. 2233-38 ; E. BAUR, Z. Elektrochem.,
1919, 25. 104-5). Dans ces opérations industrielles de longue durée, les procédés
décrits dans l'art antérieur ne donnent pas entièrement satisfaction. En effet, on
observe très souvent, soit une baisse progressive du rendement électrique (cf brevet
allemand n° 347.605, H.D.C. RARSON et al, J. Appl. Chem.. 1963, 13, 233-9), soit une
production de plus en plus élevée d'hydrogène à la cathode, soit une consommation
rapide de l'anode.
[0004] Afin de remédier à ces inconvénients, on a proposé d'effectuer la réduction soit
en présence d'amine tertiaire ou d'ammonium quaternaire (brevets français n° 2.151.151,
2.208.876) soit en contrôlant soigneusement la température du catholyte (demande de
brevet japonais n°S5-58380). Toutefois, ces solutions ne permettent pas d'éviter la
destruction progressive de l'anode.
[0005] Or, la demanderesse a découvert avec étonnement un procédé simple et économique de
réduction électrochimique d'acide oxalique en acide glyoxylique obviant à cet inconvénient.
Ce procédé réalisé à une température comprise entre 0°C et 30
*C, dans un électrolyseur comportant, au moins un compartiment anodique contenant une
anode et un anolyte, au moins un compartiment cathodique contenant une cathode et
un catholyte constitué par une solution aqueuse d'acide oxalique et, entre ces deux
compartiments au moins un séparateur, est caractérisé par le fait que l'anode est
constituée par un solide conducteur recouvert uniformément de dioxyde de plomb.
[0006] Selon le procédé de l'invention, le revêtement de dioxyde de plomb est uniforme,
compact, adhérent au substrat et il présente une épaisseur de 0,2 à 5 mm. Afin de
faciliter son adhérence, il est parfois avantageux d'introduire entre le substrat
et la couche de dioxyde de plomb, une couche intermédiaire métallique de faible épaisseur
constituée par un métal choisi parmi le cuivre, l'argent, l'or.
[0007] Le revêtement de dioxyde de plomb est réalisé par des moyens connus en soi. Par exemple,
il peut être effectué par dépôt électrolytique sur le support solide conducteur choisi,
préalablement nettoyé, dans un électrolyseur équipé d'une cathode en cuivre et contenant
un électrolyte constitué par une solution aqueuse acide de nitrate de plomb (II) et
de nitrate de cuivre (II) maintenue à un pH = 2 par addition de carbonate de cuivre
(II) et d'oxyde de plomb (II) sous une densité de courant de l'ordre-de 30 à 50 mA/cm
2 et à une température d'environ 60
*C.
[0008] L'uniformité du dépôt ainsi que son adhérence, sa compacité et son épaisseur qui
est aisément réglée par la durée du dépôt électrolytique, sont facilement contrôlées
par observation au microscope électronique à balayage de la surface du dépôt et de
la tranche après cassure de l'électrode.
[0009] L'analyse de la structure du dépôt au moyen des rayons X montre que celui-ci est
constitué en grande partie de dioxyde de plomb cristallisé sous la forme B.
[0010] Le support solide conducteur est choisi parmi les matériaux couramment utilisés dans
les procédés électrochimiques, tels que le plomb et ses alliages, le graphite dense,
le carbone vitreux, le titane, l'or, le platine. Avantageusement, le support solide
est en graphite dense ou en titane, et préférentiellement, il est en titane.
[0011] La cathode est en plomb ou en l'un de ses alliages avantageusement avec le bismuth.
[0012] L'anode et la cathode peuvent prendre des formes diverses, notamment elles peuvent
se présenter sous la forme de plaque, de disque, de grille. Elles peuvent également
posséder une structure compacte ou poreuse perméable aux gaz. D'une manière avantageuse
l'anode et la cathode ont une structure perméable aux gaz.
[0013] Le procédé selon l'invention est mis en oeuvre à une température comprise entre 0°C
et 30
*C, avantageusement, à une température voisine de 20
*C, ce qui implique très souvent, un refroidissement de la cellule, et/ou de l'anolyte
et du catholyte.
[0014] L'anolyte est constitué par une solution aqueuse acide.
[0015] La nature précise de cet anolyte n'est pas caractéristique de l'invention car il
a essentiellement pour but d'assurer la conductivité électrique entre les deux électrodes.
On utilise habituellement des solutions aqueuses d'acide sulfurique, phosphorique.
La concentration de ces solutions est généralement comprise entre 0,1 et 5 moles/litre,
de préférence comprise entre 0,5 et 2 moles/litre.
[0016] Le catholyte, en début d'électrolyse, est une solution aqueuse d'acide oxalique de
concentration comprise entre 0,1 M et sa saturation à la température considérée. La
concentration de l'acide sulfurique dans l'anolyte est avantageusement de 1 M. Au
cours de l'électrolyse, les concentrations en acide oxalique et en acide glyoxylique
formé peuvent être soit constantes, lorsqu'on opère en continu, soit variables lorsqu'on
opère en discontinu. Avantageusement, la concentration de l'acide oxalique dans le
catholyte est de 0,7 + 0,1M. Lorsqu'on opère de manière discontinue, il est avantageux
d'introduire régulièrement dans le catholyte de l'acide oxalique de manière à conserver
sa concentration le plus près possible de cette valeur. On sait par ailleurs, que
l'acide glyoxylique se réduit aisément. Le courant parasite de réduction de l'acide
glyoxylique est proportionnel à sa concentration dans le milieu réactionnel. Afin
d'éviter une réduction électrochimique éventuelle de l'acide glyoxylique formé, il
est avantageux de limiter le taux de transformation de l'acide oxalique mis en oeuvre
aux environs de 60 Z en proportions molaires.
[0017] Lorsqu'on opère en marche discontinue, il est donc avantageux d'arrêter la réduction
lorsque ce taux de transformation est atteint, puis de séparer l'acide glyoxylique
formé de l'acide oxalique résiduel par des moyens connus en soi, tels que notamment
la fixation sélective d'acide oxalique, sur une résine échangeuse d'ions, puis récupération
d'une solution aqueuse d'acide glyoxylique exempte d'autre acide minéral et/ou organique
qui peut, si nécessaire, être concentrée de manière à obtenir une solution aqueuse
commerciale d'acide glyoxylique à 50 7. en poids. Lorsqu'on opère en marche continue,
on extrait en continu l'acide glyoxylique formé par des moyens connus en soi, et on
introduit simultanément une quantité équivalente d'acide oxalique frais.
[0018] Le procédé selon l'invention est mis en oeuvre dans un électrolyseur équipé d'au
moins une membrane de séparation délimitant au moins un compartiment anodique et au
moins un compartiment cathodique. Cette membrane est une membrane échangeuse d'ions,
avantageusement une membrane échangeuse de cations. La nature de celle-ci n'est pas
caractéristique de l'invention; c'est ainsi que l'on peut utiliser toute membrane
connue, en particulier les membranes du type homogène et les membranes du type hétérogène.
La permsélectivité des membranes utilisées est de préférence supérieure à 60 Z (détermination
effectuée selon le brevet français n
8 1.584.187). D'une manière avantageuse, l'anode et la cathode, présentant une structure
perméable aux gaz, sont plaquées de part et d'autre de la membrane de séparation.
La densité de courant à la cathode est généralement comprise entre 3 et 50 A/dm
2.
[0019] L'évacuation des gaz formés aussi bien à la cathode qu'à l'anode est favorisée par
une circulation ascendante de l'anolyte et du catholyte le long des électrodes respectives.
D'une manière avantageuse, on peut faire circuler l'anolyte plus rapidement que le
catholyte. D'une manière également avantageuse, on peut équiper la cellule d'électrolyse
avec une surface totale d'anode supérieure à la surface totale de cathode, avantageusement
cette différence est d'environ 20 Z.
[0020] Les exemples suivants sont donnés à titre explicatif et nullement limitatif de l'invention.
EXEMPLE 1 :
A - Préparation de l'anode -
[0021] Un disque de graphite de qualité 2239 de la Société LE CARBONE-LORRAINE, d'une surface
géométrique de 12,5 cm
2 est soigneusement décapé par polarisation anodique durant 30 minutes dans de la soude
à 10 % en poids sous une densité de courant de l'ordre de
4 mA/cm
2, puis après lavage avec de l'eau distillée il est placé dans une solution aqueuse
d'acide nitrique à 10 Z en poids pendant 10 minutes et enfin il est lavé à l'eau distillée.
[0022] Ce disque est ensuite utilisé comme anode centrale dans un électrolyseur équipé de
deux cathodes latérales en cuivre et contenant comme électrolyte une solution aqueuse
acide (pH = 4 à 4,5) contenant 325 à 350 g/1 de nitrate de plomb (II) et 25 à 30 g/1
de nitrate de cuivre (II), maintenue en circulation à une température voisine de 60
*C. Le dépôt de dioxyde de plomb sur l'anode est effectué sous une densité de courant
de 30 à 50 mA/cm
2, à 60 ± 5°C, et en maintenant le pH de l'électrolyte aux environs de 2 par des additions
d'oxyde de plomb (II) et de carbonate de cuivre (II). On arrête l'électrolyse lorsque
l'épaisseur de dioxyde de plomb déposé sur l'anode est voisine de 0,4 mm. Un examen
de ce dépôt au microscope électronique à balayage montre qu'il est uniforme, compact
et adhérent au substrat et qu'il est constitué de grains pyramidaux à faces saillantes.
B - Réduction électrochimique de l'acide oxalique -
[0023] Dans un électrolyseur de laboratoire équipé d'un disque plan cathodique en plomb
de pureté 99,99 %, d'une surface de 12,5 cm
2, de l'anode en graphite recouverte de dioxyde de plomb préparée précédemment, d'une
membrane en "Nafion" (Kirk-Othmer, Encyclopédia of Chemical Technology, Volume 15,
page 120, 3ème édition, 1981, J. WILEY et Sons, New-York) délimitant un compartiment
cathodique et un compartiment anodique, d'un système annexe de pompes permettant d'assurer
en continu et à une température régulée, la circulation ascendante du catholyte et
de l'anolyte le long des électrodes et d'une alimentation en courant électrique continu,
on place :
- 1 litre d'une solution aqueuse d'acide oxalique 0,71 M comme catholyte ;
- 1 litre d'une solution aqueuse d'acide sulfurique 1 M comme anolyte.
[0024] On démarre l'électrolyse à 20 ± 1°C, sous une tension électrique de 8 volts, une
densité de courant de 100 mA/cm
2 et une circulation du catholyte et de l'anolyte, maintenus à 20 + 1°C, d'environ
400 cm /min.
[0025] Après 6 heures de fonctionnement, on dissout dans le catholyte 84 mmoles d'acide
oxalique, puis 119 mmoles après 12 heures, 367 mmoles après 24 heures et enfin 125
mmoles après 30 heures.
[0026] Après 36 heures de fonctionnement, consommation de 162 000 coulombs et de 0,79 mole
d'acide oxalique, on obtient un catholyte contenant 0,615 mole d'acide oxalique et
0,685 mole d'acide glyoxylique. Le rendement chimique est de 86,7 % de la théorie
calculée par rapport à l'acide oxalique consommé et le rendement électrique est de
81,6 % de la théorie calculée par rapport à l'acide glyoxylique formé. L'anode et
la cathode ne présentent ni point d'attaque ni pertes de poids.
EXEMPLE 2 :
A - Préparation de l'anode -
[0027] Une plaque de titane de pureté 99,6 % et d'une épaisseur de 0,25 mm est déployée
sous la forme d'une grille présentant des mailles identiques 3-34-25. Puis, cette
grille soigneusement sablée et rincée successivement avec de l'acétone, de l'alcool
et de l'eau, est recouverte uniformément de dioxyde de plomb selon un procédé identique
à celui décrit à l'exemple 1-A-. Sa surface active déterminée après dépôt par contrôle
électrochimique est de 9cm
2.
B - Réduction électrochimique de l'acide oxalique -
[0028] Dans un électrolyseur de laboratoire équipé d'une cathode en plomb de pureté 99.99
% sous forme d'une grille d'une surface active de 9 cm
2, de l'anode en titane recouverte de dioxyde de plomb préparée précédemment, d'une
membrane en "Nafion" sur laquelle sont plaquées de part et d'autre les deux électrodes,
d'un système annexe de pompes permettant d'assurer en continu et à une température
régulée, la circulation ascendante du catholyte et de l'anolyte le long des électrodes
et d'une alimentation en courant électrique continu, on place :
- 1 litre d'une solution aqueuse d'acide oxalique 0,653 M comme catholyte,
- 1 litre d'une solution aqueuse d'acide sulfurique 1 M comme anolyte.
[0029] On démarre l'électrolyse à 20 ± 1°C sous une tension électrique de 3,2 volts, une
densité de courant de 100 mA/cm2 et une circulation du catholyte et de l'anolyte maintenus
à 20 ± 1°C d'environ 400 cm
3/min.
[0030] Après 21 heures de fonctionnement, consommation de 68 040 coulombs, on obtient un
catholyte contenant 334 mmoles d'acide oxalique et 227 mmoles d'acide glyoxylique,
soit un rendement de 86,8 X de la théorie calculée par rapport à l'acide oxalique
consommé et un rendement électrique de 78,6 % de la théorie calculée par rapport à
l'acide glyoxylique formé. L'anode et la cathode ne présentent ni point d'attaque,
ni perte de poids appréciable. Dans l'anolyte, on ne décèle que 1 ppm de plomb, ce
qui correspond à une consommation de 0,004 mmole de dioxyde de plomb par Faraday.
EXEMPLES DE COMPARAISON 3-5
Exemple 3
[0031] On reproduit l'exemple 1-B en remplaçant l'anode en graphite dense recouverte de
dioxyde de plomb par une anode en plomb de forme identique. Au cours de l'electrolyse,
on note une consommation de cette anode de 1,64 mmole de plomb par Faraday.
Exemple 4
[0032] On reproduit l'exemple 1-8 en remplaçant l'anode en graphite dense recouverte de
dioxyde de plomb par une anode de graphite dense de même qualité et de forme identique.
Au cours de l'électrolyse, on observe une consommation de cette anode de 341,3 mmoles
de carbone par Faraday.
Exemple 5
[0033] Lorsqu'on reproduit l'exemple 2-8 en remplaçant l'anode en titane recouverte de dioxyde
de plomb par une anode en titane de même qualité et de forme identique, on observe
un arrêt rapide de l'électrolyse en raison de la formation sur l'anode d'une couche
isolante d'oxyde de titane.
[0034] Il va de soi que la présente invention n'a été décrite qu'à titre purement explicatif
et nullement limitatif et que toute modification utile pourra y être apportée sans
sortir de son cadre.