[0001] La présente invention se rapporte à une nouvelle composition à base d'hydrocarbures
lourds, de viscosité notablement plus faible que celle de ces hydrocarbures eux-mêmes.
Elle comprend un procédé pour la mise d'hydrocarbures visqueux sous la forme d'une
telle composition: ce procédé constitue un moyen industriel en vue de l'abaissement
notable de la viscosité de différents produits ou résidus hydrocarbonés, rendant
ainsi plus aisées leurs manipulations et utilisations.
[0002] Une application particulièrement avantageuse de l'invention concerne des résidus
lourds de la distillation des pétroles, très visqueux, donc difficiles à transporter
et à utiliser comme combustibles ou même comme revêtement.
[0003] Selon la technique actuelle, de tels produits visqueux sont employés en mélanges
avec des hydrocarbures plus légers. Tel est le cas des combustibles connus sous la
dénomination de fuels lourds, dont la viscosité, et également la teneur en S, sont
abaissées à des valeurs admises par les spécifications, notamment 40cSt à 100°C et
4% de soufre. Mais, en fait, la consommation de fractions plus légères, comme par
exemple le gazole, pour la dilution des résidus trop visqueux, est désavantageuse
pour l'économie pétrolière, surtout quand la proportion de diluant atteint 10 à 20%
environ. Il était donc très souhaitable de trouver un autre moyen d'abaissement de
la viscosité des hydrocarbures très lourds. Or la dispersion de l'eau dans l'hydrocarbure,
pratique bien connue, que améliore la combustion, ne convient pas, parce qu'elle
fait - au contraire - augmenter la viscosité. Quant à l'émulsion des hydrocarbures
dans l'eau même si cette technique permet un abaissement sensible de la viscosité,
la combustion est plus difficile à cause de la présence de l'eau à l'extérieur, qu'il
faut évaporer.
[0004] La présente invention apporte à cette technique un nouveau moyen fort efficace et
extrêmement économique, qui permet d'abaisser la viscosité d'hydrocarbures lourds
dans des grandes proportions, sans adjonction d'autres combustibles. Elle rend également
possible l'amélioration de la combustion des hydrocarbures et l'élimination du soufre
présent ; puis elle permet d'améliorer considérablement la combustion, en abaissant
à moins du dixième les imbrûlés, par comparaison à la combustion du fuel lourd.
[0005] Le procédé suivant l'invention consiste à mettre les hydrocarbures visqueux sous
la forme d'une émulsion multiple avec l'eau, celle-ci constituant la partie mineure
du poids total. Ainsi, en particulier, la composition suivant l'invention est une
émulsion du type W/O/W', c'est-à-dire une émulsion secondaire, dans l'eau (W'), d'une
première émulsion de l'eau (W) dans l'hydrocarbure (O).
[0006] L'application d'une telle émulsion multiple, suivant l'invention, à l'abaissement
de la viscosité résulte du fait inattendu que, malgré l'augmentation de la viscosité
par suite de la dispersion de l'eau dans les hydrocarbures, W/O, l'ensemble subit
une forte chute de la viscosité, lorsque ce système W/O est à son tour dispersé dans
une phase aqueuse, extérieure, donnant W/O/W', même pour des proportions relativement
faibles de W'.
[0007] Comme mentionné plus haut,l'invention permet d'apporter, en plus de la fluidification
du produit, deux autres avantages. Ainsi, la présence des particules d'eau W dans
l'émulsion primaire W/O, se traduit-elle par une amélioration de la combustion. D'autre
part, des réactifs susceptibles de réa gir avec le soufre des hydrocarbures utilisés,
notamment des hydroxydes ou carbonates alcalins ou alcalinoterreux, peuvent amener
le soufre à l'état de sulfate, par exemple CaSO₄, Na₂SO₄, etc.
[0008] La dispersion de l'eau dans des matières hydrocarbonées étant connue, l'émulsion
primaire W/O des compositions suivant l'invention peut être préparée suivant la technique
ancienne. Elle exige une très bonne agitation d'environ 3 à 10% d'eau, et de préférence
5 à 6% en poids des hydrocarbures, pour que les gouttelettes d'eau aient des dimensions
inférieures à 10 microns, avec une marge préférentielle de 0,1 à 5 microns, et le
mieux voisines de 1 µm. Comme connu, un tel degré de dispersion peut être obtenu par
exemple avec une pompe centrifuge, un moulin colloïdal ou à l'aide d'ultrasons.
[0009] Lorsque la matière hydrocarbonée, traitée, contient des molécules tensioactives,
ce qui est notamment le cas des résidus de la distillation des pétroles, l'émulsion
primaire W/O peut être préparée sans adjonction d'émulsifiant ; dans d'autres cas,
il y a lieu d'effectuer une faible addition, en général de 0,1 à 2%, de composé tensioactif,
suivant la technique habituelle.
[0010] Puisque l'invention est généralement appliquée surtout à des matières qui, à la température
ambiante, sont trop visqueuses pour pouvoir être manipulées, on est le plus souvent
obligé de les chauffer de manière à ce qu'il devienne possible de les émulsionner
avec l'eau. Selon leur viscosité, la température de cette opération varie, en général
de 30° à 100°C et, particulièrement entre 50° et 70°C pour les fuels lourds n°2 et
les résidus lourds de la distillation des pétroles. Il est possible de dépasser 100°C,
en employant une technique d'émulsification sous pression, permet tant l'emploi
des résidus les plus lourds.
[0011] L'émulsion secondaire W/O/W' de la précédente W/O, dans l'eau W', est effectuée par
l'agitation de l'émulsion primaire avec de l'eau (W') ayant dissous une proportion
appropriée d'agent tensioactif, en général de 0,5 à 5% en poids et le plus souvent
1 à 3%. Il existe en seuil de concentration en tensioactif, au-dessous duquel l'obtention
de l'émulsion multiple W/O/W' est aléatoire. Avec des produits lourds du pétrole,
susmentionnés, ce seuil se situe aux environs de 0,3% : c'est la raison pour laquelle
le procédé de l'invention est de préférence pratiqué avec des teneurs dépassant nettement
cette valeur dans l'eau secondaire (W').
[0012] En ce qui concerne la nature du ou des agents tensioactifs, elle peut être de tous
types connus, anioniques, cationiques ou non ioniques. De très bons résultats s'obtiennent
avec des sulfonates, surtout les lignosulfonates, ou bien ceux du pétrole, ou encore
avec des amines grasses salifiées par un acide minéral ou organique.
[0013] Dans la phase externe de la composition suivant l'invention, c'est-à-dire dans l'eau
secondaire W', le tensioactif peut éventuellement être remplacé par une poudre très
fine, en suspension dans cette eau, mouillée par celle-ci. L'emploi de la poussière
de charbon à cet effet est fort intéressant, parce qu'elle augmente le pouvoir calorifique
de l'ensemble.
[0014] Les émulsions multiples, produites, peuvent être autostables du fait de l'emploi
judicieux de tensioactifs adéquats. Dans certains cas, il peut être nécessaire d'ajouter,
dans la phase aqueuse externe un ou plusieurs agents stabilisants, comme par exemple
: gommes xanthane, agar-agar, guar, alginates, carraghénans ; alkoxy-, carboxy-,
hydroxy-alkyl celluloses; polyacrylates, polyacrylamides, et polyacrylate-polyacrylamide
; sels métalliques, hydrosolubles, floculants, tels que chlorures, sulfates, nitrates,
bicarbonates, sulfites, carboxylates ou autres de Ca, Mg, Al, Fe. Ces agents étant
cités seulement à titre d'exemples non limitatifs.
[0015] Pour certains stabilisants il est nécessaire d'ajouter également un produit biocide
dans la phase aqueuse, externe, afin d'éviter toute prolifération bactérienne ou fongique,
lors d'un stockage de longue durée, à la température ambiante, de l'émulsion multiple,
stabilisée.
[0016] Alors que les émulsions multiples entre l'eau et les hydrocarbures, décrites dans
la littérature technique, ne contiennent généralement qu'environ 15 à 20% d'hydrocarbure
pour un total de 85 à 80% d'eau, dont 60 à 70% d'eau externe (N.GARTI et coll. J.
Dispersion Sci. and Techn. vol. 4, n°3, p.237-252, 1983) ; S. MATSUMOTO et coll. J.
Colloid and Int. Sci. vol. 77, n°2, p. 555-563, 1980), la présente invention apporte
l'avantage d'avoir jusqu'à environ 70 à 80% d'hydrocarbure avec 20% à 30% d'eau totale,
dont 15 à 27% dans la phase externe. Pour réaliser ce résultat, imprévu par rapport
à la technique antérieure, les procédé et composition suivant l'invention doivent
satisfaire aux conditions indiquées ci-dessus et - en outre - les gouttelettes de
l'émulsion primaire W/O dans l'émulsion secondaire W/O/W' doivent être 2 à 50 fois
plus grandes que les gouttelettes d'eau W dans l'émulsion primaire. De préférence,
elles sont 5 à 10 fois , ou mieux 8 à 12 fois, plus grandes. Autrement dit, lorsque
les gouttelettes d'eau interne (émulsion primaire) ont des dimensions de l'ordre
de 1 à 5 microns, les gouttelettes eau/hydrocarbure dans l'émulsion secondaire eau/hydrocarbure/eau
doivent mesurer par exemple environ 10 à 100 microns.
[0017] En ce qui concerne les températures auxquelles est produite l'émulsion secondaire,
elles sont les mêmes que pour l'émulsion primaire, comme décrit plus haut.
[0018] Si les conditions de préparation selon l'invention sont respectées, l'émulsion primaire
n'est pas cassée lorsqu'on l'agite, en vue de la formation de l'émulsion secondaire,
sous des cisaillements forts. Cet inconvénient, signalé dans la technique antérieure
(FLORENCE et WHITEHILL, J. Colloid and Int. Sci., vol. 79, n°1, p.243-256, 1981),
ne se produit pas avec des agitations convenables dans le procédé de l'invention.
[0019] A noter qu'il y a intérêt à bien agiter le milieu, en vue de la formation de l'émulsion
secondaire, pour obtenir une granulométrie hétérogène qui procure un meilleur remplissage
du système dispersé.
[0020] Aux observations sur la nature des agents tensioactifs, données plus haut, on peut
ajouter la liste non limitative suivante d'agents facilement disponibles dans le commerce.
Agents non ioniques : "TWEEN 80"-mono-oléate de polyoxyéthylène sorbitane ;
"TWEEN 20" - mono-laurate du même sorbitane ;
"SPAN 80" - mono-oléate de sorbitane ;
"BRIJ 35" - lauryl alcool polyéthoxylé.
Agents anioniques : lignosulfonates, notamment de sodium ou d'ammonium, en particulier
les produits de la Société AVEBENE désignés par des codes N7, T5P, NCA ou les produits
de la Société BORREGAARD désignés sous le nom de Vanisperse CB ou Borresperse CB.
Agents cationiques :
Chlorhydrate de "DINORAM S"-chlorhydrate de N-alkyl propylène diamine (alkyls C₁₂-C₁₈)
;
Chlorhydrate de "POLYRAM S"-chlorhydrate de N-alkyl polypropylène polyamine (alkyls
C₁₂-C₁₈)
[0021] Bien que les proportions relatives des constituants de la composition suivant l'invention
puissent varier dans les limites indiquées dans la description qui précède, les proportions
préférables sont, en poids : 5 à 6% pour l'eau interne, dispersée dans l'hydrocarbure
; 33 à 82% d'émulsion primaire dans la phase d'eau externe ; tensioactifs dans la
phase eau externe 1 à 2,5% soit 0,2 à 0,9% du total.
[0022] Les meilleures compositions renferment 75 à 80% d'émulsion primaire et 0,3 à 0,8%
d'agents tensioactifs, les teneurs d'environ 0,4% convenant bien.
[0023] Etant donné que le pH influe sur les conditions de préparation ou la stabilité des
émulsions, l'invention est réalisée de préférence avec un milieu de pH limité entre
5 et 10 ; les meilleurs résultats sont obtenus au voisinage de 7, notamment entre
6 et 8. Avec des pH trop bas la mise en émulsion est difficile, tandis que pour des
pH trop élevés on risque l'inversion de l'émulsion et la viscosité n'est pas suffisamment
abaissée.
[0024] L'invention est illustrée non limitativement par les exemples qui suivent.
EXEMPLE 1
Préparation d'une émulsion primaire
[0025] 2 kg d'un fuel lourd n°2 exRSV, de densité 0,994 à 20°C et d'une viscosité de 425
cP mesurée à 50°C, sont placés dans une cuve dans laquelle plonge un émulseur. Le
fuel est chauffé à 55° ± 5°C jusqu'à ce qu'il puisse être véhiculé par une pompe
dont l'aspiration est branchée sur le bas de la cuve et le refoulement sur le haut
de celle-ci. La température est maintenue pendant tout le temps de circulation du
fuel.
[0026] On ajoute alors 0,105 kg d'eau et l'on continue à faire circuler en rond le fuel
à 55° ± 5°C, pendant 8 minutes. L'émulsion primaire, ainsi formée, renferme 4,98%
d'eau et la dimension moyenne de ses gouttelettes d'eau est d'environ 2 microns, leur
majeure partie ayant des diamètres de 1 à 5 µm.
EXEMPLE 2
Préparation d'une émulsion secondaire
[0027] Dans un récipient de 1 litre de capacité, muni d'un agitateur magnétique et d'un
dispositif de chauffage à thermostat, on introduit 73,5 g d'eau tenant en solution
1,5 g, soit 2,04% d'agent tensioactif connu dans le commerce sous la dénomination
de "VANISPERSE CB' (ligno-sulfonate de Na). Cette eau est agitée à raison de 2815
tours/mn, alors qu'on lui ajoute lentement, en environ 10 minutes, 282 g de l'émulsion
primaire de l'exemple 1, l'ensemble étant maintenu à une température de 60° ± 5°C.
[0028] Après l'introduction de l'émulsion primaire, afin d'améliorer sa stabilité, l'émulsion
secondaire obtenue est passée dans une petite pompe centrifuge débitant 0,6 litres/mn.Au
bout de 10 minutes de cette circulation on a une émulsion multiple présentant les
caractéristiques suivantes :

Le pH de ce produit est de 6,8.
[0029] Mesurée à 50°C, la viscosité de l'émulsion multiple obtenue, est de 28 cP contre
425 cP pour le fuel de départ, soit 1/15ème seulement de celle-ci, donc abaissée considérablement.
[0030] D'autre part, à 25°C, la viscosité apparente de l'émulsion multiple est de 260 cP
à 100 s⁻¹, contre environ 6500 cP pour le fuel de départ : la baisse par émulsification
suivant l'invention a donc été d'environ 25 fois à la température ambiante.
[0031] Les gouttelettes de l'émulsion secondaire, dans l'émulsion multiple formée, ont une
dimension moyenne d'environ 20 microns, soit 10 fois celle de l'émulsion primaire.
EXEMPLE 3
[0032] Les opérations de l'exemple 2 sont répétées dans une cuve de 14 litres, dans laquelle
on a chargé 1350 g d'eau contenant 1,12% du même tensioactif,puis 4027 g d'émulsion
primaire suivant l'exemple 1.
[0033] L'agitation est effectuée avec une vitesse variable entre 0 et 2500 tours au lieu
de 2815 t/mn de l'exemple 2.
[0034] Il faut alors environ 25 minutes pour obtenir l'émulsion multiple. Celle-ci présentait
une viscosité apparente de 325 cP à 25°C pour 50 s⁻¹, soit 20 fois moindre que celle
du fuel lourd traité.
EXEMPLE 4
Préparation d'une émulsion secondaire à partir d'un résidu lourd
[0035] Les opérations sont similaires à celles de l'exemple 2, mais l'émulsion primaire
utilisée, provient d'un résidu lourd de la distillation du pétrole brut,du type DJENO.
Cette première émulsion, préparée à 75 ± 5°C, comprend 95% de ce résidu lourd et 5%
d'eau en gouttelettes de 1 à 6 microns ; elle a une viscosité de 4015 cP à 50°C. Dans
une cuve, munie d'un agitateur magnétique en tant qu'émul seur et des moyens de chauffage
avec thermostat, on introduit 64,7 g d'eau mélangée avec 1,3 g, soit 2%, du même
tensioactif VANISPERSE CB que dans les exemples précédents; la température étant réglée
à 75° ± 5°C, on fait tourner l'agitateur continuellement à 2800 t/mn et, alors, 211
g d'émulsion primaire sont introduits lentement, en 10 minutes.
[0036] Contrairement à l'exemple 2, on ne fait pas augmenter la stabilité de l'émulsion
secondaire obtenue, par passage dans une petite pompe centrifuge.
[0037] L'émulsion présente la composition globale suivante :

Le pH de ce produit est de 7,4.
[0038] Sa viscosité apparente à 50°C est de 200 cP contre 3500 cP pour le résidu lourd de
départ : elle a donc été diminuée 17,5 fois,rendant ainsi le résidu aisément utilisable,
notamment à la combustion dans des brûleurs classiques.
EXEMPLE 5
[0039] Les opérations de l'exemple 4 sont répétées, mais à la fin des 10 minutes d'agitation
dans la cuve, on fait passer l'émulsion secondaire obtenue, dans une petite pompe
centrifuge débitant 0,45 kg/mn ; ce pompage dure 8 minutes et se traduit par une
amélioration de la stabilité de l'émulsion multiple.
EXEMPLE 6
[0040] Dans le mode opératoire de l'exemple 2, on a remplacé le tensioactif anionique, à
base de ligno-sulfonate, par un agent non ionique, connu dans le commerce sous la
dénomination TWEEN 20 (mono-oléate de polyoxyéthylène sorbitane).
[0041] Les mêmes résultats sont obtenus,mais il a fallu agiter le mélange pendant 15 minutes,
au lieu de 10 mn dans le cas de l'exemple 2.
EXEMPLE 7
[0042] Les opérations des exemples 4 et 5 sont répétées avec du chlorhydrate de DINORAM
S (chlorhydrate de N-alkyl propylène diamine avec alkyles en C₁₂ à C₁₈) à la place
du VANISPERSE CB (ligno-sulfonate). Les choses se passent de la même façon, mais on
est amené à faire fonctionner l'agitateur magnétique pendant 17 minutes au lieu de
10, pour obtenir une émulsion multiple, équivalente.
EXEMPLE 8
[0043] Les opérations de l'exemple 4 sont répétées, mais on ajoute dans la phase aqueuse,
servant à constituer l'émulsion secondaire, 7,10 g d'une solution aqueuse à 2% de
RHODOPOL 23 (500 ppm de RHODOPOL 23 par rapport à l'ensemble de l'émulsion multiple),
gomme xanthane , commercialisée par la Société RHONE-POULENC. L'opération continue
alors comme indiqué dans l'exemple 4. L'émulsion multiple obtenue n'a montré aucun
signe d'instabilité sur une durée de trois mois.
EXEMPLE 9
[0044] Les opérations de l'exemple 4 sont répétées, mais on ajoute à l'émulsion multiple
obtenue, sous agitation modérée (agitation avec barreau magnétique), 7,10 g d'une
solution aqueuse à 2% de RHODOPOL 23 contenant également 0,142 g de formol pur (0,384
g de solution aqueuse de formol à 37%) (500 ppm de RHODOPOL 23 et 500 ppm de formaldéhyde
par rapport à l'ensemble de l'émulsion multiple). L'émul sion multiple obtenue n'a
montré aucun signe d'instabilité, d'évolution ou de prolifération bactérienne ou fongique
pendant une durée de trois mois, à température ambiante.
EXEMPLE 10
[0045] 400 kg d'émulsion multiple ont été fabriqués dans une installation pilote disposant
d'un moulin colloïdal et des équipements nécessaires au dosage et à l'incorporatioon
des constituants du mélange. Les caractéristiques de l'installation sont : débit
total maximum de l'installation 300 l/h; alimentation en eau par pompe doseuse à piston
(90 l/h maxi); alimentation en additif par pompe doseuse à piston (15 à 16 l/h maxi)
; alimentation en hydrocarbures par groupe centrifuge (300 l/h maxi).
[0046] L'émulsion multiple fut fabriquée en deux étapes.
[0047] La cuve d'alimentation de 50 litres a été remplie de fuel lourd de viscosité 425
cP à 50°C. Chauffé à 50°C, ce fuel a été introduit dans le moulin colloïdal à un débit
de 140 l/h. De l'eau a été ajoutée à un débit de 8 l/h créant une émulsion primaire
de type eau dans huile (W/O) à 5,4% d'eau.
[0048] Le réglage du moulin colloïdal était effectué de façon à avoir le jeu minimum entre
rotor et stator, à savoir 0,2 mm. Les 300 kg d'émulsion primaire, ainsi fabriquée,
ont été stockés en fût ; le moulin colloïdal a été réglé ensuite pour avoir un entrefer
de 0,5 mm entre rotor et stator, pendant la formation d'une deuxième émulsion, afin
d'obtenir une finesse différente de celle de la première.
[0049] L'additif, chlorhydrate de DINORAM S (cationique, chlorhydrate de n-alkyl propylène
diamine avec alkyles en C₁₂ à C₁₈), a été préparé en solution dans l'eau à une concentration
de 5%.
[0050] L'alimentation en additif a été effectuée à raison de 15 l/h, celle en eau au débit
de 30 l/h, tandis que le débit d'émulsion était de 105 l/h.
[0051] On a abouti à une émulsion multiple de composition suivante:
fuel RSV 66,22 %
eau 33,28 %
tensioactif 0,5 %
La viscosité de cette émulsion était:
87 cP à 23°C
35 cP à 40°C
25 cP à 60°C
contre 425 cP à 50°C pour le fuel de départ.
[0052] La granulométrie de l'émulsion primaire se situait aux alentours de celle de l'exemple
1. La deuxième émulsion présentait la distribution granulométrique suivante :
77,8 % < 80 µm, diamètre moyen 32,5 microns avec 20% de particules < 14,5 microns
et 5,3 % de particules < 2 microns.
EXEMPLE 11
[0053] 400 kg de l'émulsion multiple, préparée suivant l'exemple 10, ont été brûlés dans
une chaudière Guillot Totaltub de 1500 th/h, équipée d'un brûleur Cuenod PCS 300 à
pulvérisation mécanique par gicleur Monarch.
[0054] L'émulsion multiple a été stockée dans une cuve séparée. Le brûleur a d'abord été
allumé au fuel domestique ; l'alimentation en émulsion s'est effectuée progressivement,
l'allumage s'est alors déroulé sans difficulté. La flamme est apparue visuellement
plus rayonnante. Il a été possible de brûler le produit avec une température de préchauffage
inférieure à 90°C. Le résultat le plus marquant a été le niveau d'imbrûlés très
réduit en comparaison avec la combus tion classique de fuel lourd. Ainsi a-t-on trouvé
seulement 50 mg/th, alors que les imbrûlés dépassaient 500 mg/th, dans la même installation,
lorsqu'on y brûlait du fuel lourd qui exige une préchauffe de 140° à 150°C. L'émulsion
multiple suivant l'invention permet donc d'avoir moins du dixième des imbrûlés émis
dans la combustion du fuel lourd.
1. Composition comprenant des hydrocarbures lourds et de l'eau, à viscosité de beaucoup
inférieure à celle de ces hydrocarbures, caractérisée en ce qu'elle est constituée
par une émulsion multiple dont la phase intérieure est constituée par une émulsion
primaire de l'eau dans les hydrocarbures, et la phase extérieure, par de l'eau contenant
au moins un tensioactif, dans laquelle est dispersée cette émulsion primaire, formant
ainsi une émulsion secondaire.
2. Composition suivant la revendication 1, caractérisé en ce que l'émulsion primaire
forme 33 à 82% en poids du total et qu'elle contient 3 à 10%, et de préférence 5 à
6% d'eau par rapport au poids des hydrocarbures.
3. Composition suivant la revendication 1 ou 2, caractérisée en ce qu'elle contient
environ 70 à 80% en poids d'hydrocarbures.
4. Composition suivant une des revendications 1 à 3, caractérisée en ce que sa teneur
en l'eau formant la phase externe est d'environ 20 à 30% en poids.
5. Composition suivant une des revendications précédentes, caractérisée en ce que
l'eau de la phase externe présente un pH de 5 à 10, et de préférence de 6 à 8.
6. Composition suivant une des revendications précédentes, caractérisée en ce que
les gouttelettes d'eau dans l'émulsion primaire ont des dimensions inférieures à
10 microns, de préférence de 0,1 à 5 microns.
7. Composition suivant une des revendications précédentes, caractérisée en ce que
les gouttelettes de l'émulsion secondaire ont des dimensions 5 à 20 fois supérieures
à celles des gouttelettes d'eau dans l'émulsion primaire, et mesurent en particulier
10 à 100 microns.
8. Composition suivant une des revendications précédentes, caractérisée en ce qu'elle
contient 0,3 à 0,8% d'au moins un agent tensioactif.
9. Composition suivant une des revendications précédentes, caractérisée en ce qu'elle
contient au moins un produit stabilisant.
10. Composition suivant une des revendications précédentes, caractérisée en ce qu'elle
contient au moins un produit biocide.
11. Composition suivant une des revendications précédentes, caractérisée en ce qu'elle
présente à 25°C une viscosité de l'ordre de 1/25ème de celle des hydrocarbures qu'elle
contient.
12. Composition suivant une des revendications précédentes, caractérisée en ce que
sa phase aqueuse externe tient en solution un composé basique, alcalin ou alcalino-terreux,
ou/et en suspension une poudre fine, en particulier de la poudre de charbon.
13. Procédé pour mettre des hydrocarbures lourds sous une forme à viscosité considérablement
réduite par leur dispersion dans l'eau, caractérisé en ce que l'on prépare d'abord
une émulsion primaire de 3 à 10%, et de préférence de 5 à 6% d'eau dans les hydrocarbures,
et l'on disperse cette émulsion primaire, à raison de 33 à 82%, dans de l'eau contenant
suffisamment d'agent tensioactif pour former une émulsion secondaire.
14. Procédé suivant la revendication 13, caractérisé en ce que l'agitation, en vue
de la formation des émulsions, est telle que la taille des gouttelettes d'eau dans
l'émulsion primaire soit d'environ 0,1 à 5 microns, et que les dimensions des gouttelettes
de cette dernière, dans l'eau extérieure, soient 10 à 100 fois plus grandes.
15. Procédé suivant une des revendications 13 et 14, caractérisé en ce qu'il est
appliqué à des hydrocarbures provenant de la distillation du pétrole, en particulier
à des fuels lourds et des résidus lourds.
16. Procédé suivant la revendication 13, appliqué à la combustion des fuels lourds
et des résidus lourds de la distillation du pétrole.