[0001] L'invention concerne une photocathode à rendement élevé pour tubes de prise de vues,
tels que les tubes de caméra de télévision et les tubes intensificateurs d'image.
[0002] Il est connu de réaliser une photocathode comportant principalement :
- une couche, dite couche fenêtre, constituée de semi-conducteur de type P⁺ dont la
bande interdite est suffisamment large pour que cette couche soit transparente pour
les longueurs d'onde de la lumière à détecter, et qui est collée sur une paroi de
verre recevant la lumière à détecter ;
- une couche, dite couche d'absorption, constituée d'un semi-conducteur de type P⁺
dont la bande interdite a une largeur suffisamment faible pour convertir en paires
d'électron-trou les photons de la lumière à détecter ;
- une couche, dite couche d'émission, constituée d'un matériau donnant à l'extrémité
de la couche d'absorption une affinité électronique négative pour émettre dans le
vide les électrons libérés dans la couche d'absorption.
[0003] La longueur d'onde maximale détectable est limitée par la largeur de la bande interdite
du matériau constituant la couche d'absorption. En appliquant une polarisation positive
à l'extrémité de cette couche opposée à la couche fenêtre, il est posible d'utiliser
des matériaux ayant une faible largeur de bande interdite tout en conservant un bon
rendement d'émission, et donc il est possible de détecter de la lumière de longueur
d'onde plus grande. Une polarisation de la couche d'absorption peut être appliquée
au moyen d'une connexion avec cette couche, ou par une électrode métallique très mince
intercalée entre cette couche et la couche d'émission. Une telle photocathode est
décrite dans l'article de : J.J. ESCHER et al, IEEE-EDL2, 123-125 (1981).
[0004] Une telle photocathode a un rendement qui est limité notamment par les caractéristiques
de la couche d'absorption. En effet, l'épaisseur de cette couche est déterminée en
réalisant un compromis entre, d'une part, une absorption élevée des photons de la
lumière à détecter, qui nécessite une épaisseur aussi grande que possible, et, d'autre
part, un rendement élevé de la transmission des électrons ainsi qu'un faible courant
d'obscurité, qui nécessitent une épaisseur aussi faible que possible de la couche
d'absorption et pour obtenir une quantification bi-dimensionnelle des niveaux d'énergie
des électrons et des trous dans le plan des sous-couches.
[0005] Habituellement l'épaisseur de cette couche est de l'ordre de 1 micron, ce qui permet
une bonne efficacité de transmission des électrons mais est insuffisant pour absorber
tous les photons de la lumière à détecter, notamment les photons correspondant aux
longueurs d'onde les plus grandes. Le but de l'invention est de réaliser une photocathode
ayant un meilleur rendement que la photocathode de type connu. L'objet de l'invention
est une photocathode comportant une couche d'absorption constituée d'une pluralité
de sous-couches particulières procurant à la fois une très bonne absorption des photons,
une bonne efficacité de transmission des électrons libérés par les photons, et un
faible courant d'obscurité.
[0006] Selon l'invention une photocathode à rendement élevé, est caractérisée en ce qu'elle
comporte une couche dite d'absorption comportant une pluralité de premières sous-couches
constituées d'un matériau semiconducteur ayant une largeur de bande interdite suffisamment
petite et ayant une épaisseur suffisamment grande pour convertir en paires électron-trou
les photons de la lumière à détecter, alternées avec une pluralité de secondes sous-couches
constituées d'un matériau semi-conducteur ayant une largeur de bande interdite supérieure
à celle des premières sous-couches, ayant une épaisseur suffisamment faible pour que
les électrons puissent les traverser par effet tunnel, les premières et les secondes
sous-couches ayant un dopage permettant d'obtenir une quantification bi-dimensionnelle
des niveaux d'énergie des électrons et des trous dans le plan des premières sous-couches
et ajustant le niveau de Fermi près du niveau de valence des premières sous-couches.
[0007] La figure représente, dans sa partie supérieure, une coupe d'une portion d'un exemple
de réalisation de la photocathode selon l'invention et, dans sa partie inférieure,
un diagramme des niveaux d'énergie E des porteurs dans cet exemple de réalisation.
[0008] Cet exemple de réalisation comporte :
- Une première couche 1, collée sur une paroi de verre non représentée et à travers
laquelle elle reçoit des photons 29, cette couche 1 étant transparente pour toutes
les longueurs d'onde de la lumière à détecter et ayant pour fonction de permettre
le collage de la photocathode sur la paroi de verre ;
- Une couche d'absorption constituée de douze premières sous-couches 2 à 13 et de
douze secondes sous-couches 16 à 27 alternées avec les premières ;
- Une couche 14 dite couche de transport, ayant pour fonction de transmettre vers
le vide des électrons libérés dans la couche d'absorption ;
- Une dernière couche 15 constituée d'un matériau qui diminue l'affinité électronique
de la surface de la couche 14 pour lui permettre d'émettre dans le vide des électrons
28.
[0009] La partie inférieure de la figure représente les courbes Ec et Ev des niveaux d'énergie
de la bande de conduction et de la bande de valence dans les couches de semi-conducteur,
le niveau de Fermi E
F de ces couches, et le potentiel du vide E
vi.
[0010] La couche 1 est constituée d'un matériau semi-conducteur de type P⁺ constitué de
Ga
0,6 Al
0,4 As dopé avec 5.10¹⁷ atomes de zinc par cm³, dont la largeur de bande interdite est
égale à 2e.V et qui est donc transparent pour toutes les longueurs d'onde de la lumière
à détecter. Les premières sous-couches 2 à 13 et la couche 14 sont constituées d'un
semi-conducteur de type P⁺ ayant une largeur de bande interdite inférieure à celle
du matériau de la couche 1, par exemple 1,4 e.V, pour absorber tous les photons à
convertir en paires électron-trou. Dans cet exemple, les sous-couches 2 à 13 sont
constituées de Ga As dopé avec 10¹⁹ atomes de zinc par cm³ et ont chacune une épaisseur
de 0,025 microns. La couche 14 est constituée de Ga As dopé avec 10¹⁹ atomes de zinc
par cm³ et a une épaisseur de 0,1 micron. Son épaisseur doit être supérieure à celle
de la zone de charge d'espace due à la présence de la surface du semi-conducteur,
la largeur de cette zone étant inférieure à 0,05 micron.
[0011] Les secondes sous-couches 16 à 27 sont constituées du même matériau que la couche
1, dans cet exemple de réalisation, et ont donc la même largeur de bande interdite.
Elles sont peu ou non dopées de manière à ce que les courbes des niveaux d'énergie
permettent d'obtenir dans les sous-couches 2 à 13 une quantification bi-dimensionnelle
des niveaux d'énergie des électrons et des trous. Cette quantification bi-dimensionnelle
procure une augmentation du coefficient d'absorption des photons. Les sous-couches
16 à 27 ont chacune une épaisseur de 0,003 micron qui permet aux électrons de les
traverser par effet tunnel et qui procure un bon rendement de transmission des électrons
libérés par les photons dans les sous-couches 2 à 13. L'épaisseur des sous-couches
16 à 27 doit être inférieure à 0,0045 micron pour qu'il y ait un bon rendement de
transmission. L'épaisseur des sous-couches 2 à 13 doit être inférieure à 0,03 micron
pour obtenir l'augmentation du coefficient d'absorption due à la quantification bi-dimensionnelle
des niveaux d'énergie des électrons et des trous dans le plan des sous-couches 2 à
13, mais doit être suffisamment grande pour ne pas trop élever le seuil d'absorption
des photons par effet de confinement quantique pour permettre l'absorption des photons
de grande longueur d'onde.
[0012] Le niveau d'énergie E
c de la bande de conduction et le niveau d'énergie Ev de la bande de valence comportent
des marches de potentiel, correspondant aux sous-couches 16 à 27. Il est possible
de démontrer par le calcul que cette alternance de sous-couches procure un coefficient
d'absorption des photons plus élevée qu'une couche d'absorption constituée d'un matériau
semi-conducteur homogène. Dans cet exemple de réalisation le coefficient d'absorption
est multiplié par un facteur 3 par rapport à une photocathode de type connu.
[0013] La couche 15 est constituée d'une couche très mince de Cs + O ayant pour effet d'abaisser
le potentiel du vide E
vi en dessous du niveau de la bande de conduction des sous-couches 2 à 13 pour faciliter
l'émission des électrons 28 dans le vide. La couche 15 étant extrémement mince, les
électrons la traversent par effet tunnel.
[0014] La portée de l'invention ne se limite pas à l'exemple de réalisation décrit ci-dessus.
De nombreuses variantes sont à la portée de l'homme de l'art, notamment en ce qui
concerne le nombre des sous-couches et les matériaux qui les constituent. Le matériau
constituant les sous-couches 16 à 27 peut-être différent du matériau de la couche
fenêtre 1, avec peu ou pas de dopage, de type P ou N. Le dopage des sous-couches 2
à 13 doit être choisi en conséquence afin que le niveau de Fermi E
F de l'ensemble des sous-couches 2 à 13 et 16 à 27 soit proche du niveau de la bande
de valence des sous-couches 2 à 13 et qu'il y ait quantification bi-dimensionnelle
des niveaux d'énergie des porteurs dans le plan des sous-couches 2 à 13. Il est à
la portée de l'homme de l'art de choisir les matériaux réalisant ces deux conditions.
Par exemple, les sous-couches 2 à 13 peuvent être constituées de Ga
y As
1-x In
x P
1-y et les sous-couches 16 à 27 peuvent être constituées alors de In P. Dans une autre
variante, les sous-couches 2 à 13 peuvent être constituées de Ga Sb et les sous-couches
16 à 27 sont alors constituées de Ga Al As Sb. Cependant il peut être souhaitable
que le matériau semi-conducteur utilisé pour réaliser les sous-couches 16 à 27 ait
un paramètre de maille proche de celui du matériau des sous-couches 2 à 13 afin de
ne pas augmenter le courant d'obscurité de la photocathode.
[0015] Dans l'exemple de réalisation décrit précédemment le niveau de Fermi E
F des différentes couches de semi-conducteur est identique, il n'est pas prévu de polarisation.
Pour permettre la détection de photons de longueur d'onde supérieure, il peut être
prévu une polarisation réalisée d'une manière analogue à celle de l'art antérieur,
au moyen d'une électrode métallique mince située entre la couche 14 et la couche 15
ou au moyen d'une connexion reliant la couche 14 à la borne positive d'un générateur
dont la borne négative est connectée à la couche 1.
[0016] L'invention peut être appliquée aux tubes de prise de vues pour caméra de télévision
et aux tubes intensificateurs d'image.
1. Photocathode à rendement élevé, caractérisé en ce qu'elle comporte une couche dite
d'absorption comportant une pluralité de premières sous-couches (2 à 13) constituées
d'un matériau semi-conducteur ayant une largeur de bande interdite suffisamment petite
et ayant une épaisseur suffisamment grande pour convertir en paires électron-trou
les photons (29) de la lumière à détecter, alternées avec une pluralité de secondes
sous-couches (16 à 27) constituées d'un matériau semi-conducteur ayant une largeur
de bande interdite supérieure à celle des premières sous-couches (2 à 13), ayant une
épaisseur suffisamment faible pour que les électrons puissent les traverser par effet
tunnel, les premières et les secondes sous-couches (2 à 13 et 16 à 27) ayant un dopage
permettant d'obtenir une quantification bi-dimensionnelle des niveaux d'énergie des
électrons et des trous dans le plan des premières sous-couches (2 à 13) et ajustant
le niveau de Fermi près du niveau de valence des premières sous-couches (2 à 13).
2. Photocathode selon la revendication 1, caractérisée en ce que les premières sous-couches
(2 à 13) composant la couche d'absorption sont constituées de Ga As et ont une épaisseur
inférieure à 0,03 micron chacune ; et en ce que les secondes sous-couches (16 à 27)
sont constituées de Ga0,6 Al0,4 As et ont une épaisseur inférieure à 0,0045 micron.