[0001] La présente invention a pour objet un procédé d'extraction des ions U (VI) et/ou
des ions Pu (IV) présents dans une solution aqueuse acide au moyen de N,N-dialkylamides.
[0002] Elle s'applique en particulier à la récupération de l'uranium et éventuellement
du plutonium présents dans les solutions nitriques de dissolution obtenues au premier
stade du retraitement des combustibles nucléaires irradiés.
[0003] L'une des pratiques habituelles pour retraiter les combustibles nucléaires irradiés
est de dissoudre tout d'abord le matériau combustible dans une solution nitrique,
de traiter ensuite cette solution par extraction au moyen d'un solvant organique
pour séparer l'uranium et le plutonium des produits de fission et de séparer ensuite
l'uranium du plutonium.
[0004] Pour la première opération d'extraction, on utilise généralement un solvant organique
constitué par du phosphate de tributyle, et l'on sépare ensuite l'uranium du plutonium
extraits dans le solvant organique par mise en contact de celui-ci avec une solution
aqueuse nitrique contenant des agents réducteurs pour réduire le plutonium (IV) en
plutonium (III) et le faire passer dans la solution aqueuse.
[0005] Ce procédé qui est largement utilisé à l'échelle industrielle présente toutefois
certains inconvénients qui sont liés notamment à l'utilisation de phosphate de tributyle
en tant qu'extractant.
[0006] En effet, les produits de dégradation chimique et radiolytique du phosphate de tributyle
sont gênants car ils donnent des sels insolubles avec la plupart des ions présents
dans les solutions de retraitement, par exemple avec U (VI), U (IV), Pu (IV), Pu
(III), Zr (IV) et La (III).
[0007] Par ailleurs, les solvants organiques usés à base de phosphate de tributyle ne peuvent
être traités facilement par incinération car leurs produits d'incinération ne sont
pas constitués uniquement par des composés volatils.
[0008] La nécessité d'utiliser des réducteurs pour amener le plutonium à la valence (III)
en vue de la séparation uranium-plutonium pose des problèmes nouveaux, difficiles
à résoudre.
[0009] En effet les agents réducteurs habituellement utilisés tels que le fer la valence
(II), l'uranium à la valence (IV) ou l'hydroxylamine (NH₂OH) ne sont pas stables en
présence d'acide nitrique car ils ont tendance à être oxydés par lui. Pour éviter
cette oxydation, on ajoute à la solution nitrique un agent anti-nitrite tel que l'hydrazine
(NH₂-NH₂).
[0010] Cependant l'utilisation de tels réactifs est gravement perturbée lorsque la solution
nitrique contient également du technétium, ce qui est généralement le cas, car le
phosphate de tributyle extrait également une partie importante du technétium présent
dans les solutions de dissolution des combustibles nucléaires irradiés. Or, la présence
de technétium catalyse l'oxydation de l'hydrazine par l'acide nitrique empêchant
ainsi à l'hydrazine de jouer son rôle de stabilisateur des agents réducteurs du Pu(IV).
De ce fait il se produit également une oxydation des agents réducteurs empêchant ainsi
la réduction du plutonium et donc sa réextraction dans la solution aqueuse.
[0011] Pour éviter cet inconvénient on a envisagé d'augmenter la quantité d'hydrazine ajoutée,
ce qui conduit naturellement à augmenter les produits de décomposition de l'hydrazine
tels que l'acide hydrazoïque, ses sels et les ions ammonium, qui sont des produits
indésirables.
[0012] En effet on sait que l'acide hydrazoïque, très volatil et extractible dans les solvants
organiques, est susceptible de donner des sels instables ou explosifs, et il en est
de même à un moindre degré pour les composés ammoniacaux. Or il n'est évidemment pas
souhaitable d'augmenter les risques d'explosion dans une installation de retraitement
de combustibles nucléaires irradiés.
[0013] Aussi il serait très intéressant d'éviter l'utilisation de réducteurs et d'hydrazine
dans des procédés de ce type, d'autant plus que les ions Pu³⁺ en présence d'ions NO

sont hors d'équilibre car E
pp Pu⁴⁺/Pu³⁺ est sensiblement de 0,92 V alors que E
pp NO

/HNO₂ est sensiblement de 0,94 V en milieu HNO₃ à 1 mol.l⁻¹.
[0014] Aussi, depuis quelques années, des recherches ont été effectuées sur la possibilité
d'utiliser d'autres extractants organiques que le phosphate de tributyle afin de pallier
ces différents inconvénients.
[0015] On a ainsi envisagé l'utilisation de N,N-dialkylamides et les études menées par
les laboratoires d'Oak-Ridge et de Savannah River et les laboratoires du Comitato
Nazionale per l'Energia Nucleare ont montré que de tels extractants présentaient une
bonne affinité pour les ions hexavalents et tétravalents des actinides, une faible
affinité pour les principaux produits de fission, une bonne résistance à la radiolyse
et à la dégradation chimique et une faible solubilité dans les solutions aqueuses,
et que par ailleurs, ils étaient faciles à synthétiser et à puri fier, comme cela
est décrit par T.H. Siddall en décembre 1960 dans J. Phys. Chem. vol.64, p.1863-1866
et par G.M. Gasparini et al dans Séparation Science and Technology, 15(4), pp. 825-844,
(1980).
[0016] Cependant ces extractants n'ont pu être utilisés jusqu'à présent car les complexes
de nitrate d'uranyle et des N,N-dialkylamides essayés ont une solubilité limitée
dans les solvants organiques, en particulier lorsque l'on utilise des alcanes comme
diluants des N,N-dialkylamides.
[0017] Aussi l'utilisation de tels extractants n'a pu être envisagée à l'échelle industrielle.
[0018] La présente invention a précisément pour objet l'utilisation de nouveaux N,N-dialkylamides
pour extraire l'uranium et/ou le plutonium présents dans les solutions nitriques provenant
du retraitement des combustibles nucléaires irradiés, qui pallie l'inconvénient précité.
[0019] Le procédé, selon l'invention, d'extraction dans une phase organique d'uranium VI
et/ou de plutonium (IV) présents dans une solution aqueuse acide par mise en contact
de cette solution avec cette phase organique, se caractérise en ce que la phase organique
comprend un diluant inerte et au moins un extractant constitué par un N,N-dialkylamide
de formule :

dans laquelle R¹ est un radical alkyle linéaire ou ramifié de 2 à 12 atomes de carbone,
R² et R⁴ qui peuvent être identiques ou différents sont des radi caux alkyle linéaires
ou ramifiés de 2 à 4 atomes de carbone, R³ et R⁵ qui peuvent être identiques ou différents
sont des radicaux alkyle linéaires ou ramifiés de 1 à 6 atomes de carbone, et
a et
b qui peuvent être identiques ou différents sont des nombres entiers allant de 1 à
6.
[0020] Dans cette formule
a et
b sont généralement tous deux égaux à 1.
[0021] De préférence, les radicaux R² et R⁴ représentent tous deux le radical éthyle.
[0022] En effet il semble que la présence de ce radical éthyle permet en particulier d'améliorer
la solubilité des complexes de nitrate d'uranyle et de N,N-dialkylamides correspondant
aux formules :
UO₂(NO₃)₂L₂ et UO₂(NO₃)₃HL
où L représente le N,N-dialkylamide, dans des phases organiques utilisant des carbures
aliphatiques comme diluant.
[0023] En effet, en utilisant de tels N,N-dialkylamides, on peut obtenir une solubilité
des complexes d'uranium d'au moins 100 g d'uranium par litre de phase organique, ce
qui est suffisant à l'échelle industrielle.
[0024] Ainsi, avec les N,N-dialkylamides de l'invention, on peut utiliser comme diluant
des carbures aliphatiques tels que des hydrocarbures saturés linéaires ou ramifiés
et obtenir de ce fait les avantages suivants :
- la phase organique a une densité inférieure, ce qui permet d'assurer la décantation
des phases dans de meilleures conditions, et
- les hydrocarbures saturés présentent une meilleure stabilité chimique en milieu
nitrique, des points éclairs plus élevés, et ils sont moins toxiques que les carbures
aromatiques qui devaient être utilisés auparavant comme diluants.
[0025] A titre d'exemples de N,N-dialkylamides susceptibles d'être utilisés dans l'invention,
on peut citer :
- le N,N-di(éthyl-2 hexyl) diméthyl-2,2 butyramide (DOTA) de formule :

- le N,N-di(éthyl-2 hexyl) hexanamide (DOHA), de formule :

- le N,N-di(éthyl-2 hexyl) dodécanamide (DODA) de formule :

- le N,N-di(éthyl-2 hexyl) octanamide (DOOA) de formule :

[0026] Les N,N-dialkylamides utilisés dans l'invention peuvent être préparés selon des
méthodes classiques par réaction du chlorure d'acide de formule :
R¹COCl
avec l'amine secondaire de formule :

dans lesquelles R¹, R², R³, R⁴, R⁵,
a et
b ont la signification donnée ci-dessus.
[0027] Les amines secondaires de départ peuvent être préparées également par des procédés
classiques, par exemple par réaction des alcools correspondants de formule :

avec l'ammoniac. Dans ce cas, on forme un mélange d'amines primaires, secondaires
et tertiaires et l'on peut séparer l'amine secondaire désirée par distillation fractionnée.
[0028] La formation des N,N-dialkylamides de l'invention correspond au schéma réactionnel
suivant :

[0029] On purifie ensuite le produit obtenu par distillation sous pression réduite et on
obtient généralement des amides purs à 99%.
[0030] L'utilisation des dialkylamides de l'invention pour le traitement de solutions aqueuses
contenant simultanément de l'uranium (VI) et du plutonium (IV) est trés intéressante
car on peut en réglant l'acidité de la solution aqueuse de départ, qui est généralement
une solution nitrique, soit extraire simultanément l'uranium (VI) et le plutonium
(IV), soit extraire sélectivement l'uranium (VI) en laissant le plutonium (IV) en
solution aqueuse sans qu'il soit nécessaire d'utiliser des agents réducteurs.
[0031] Ainsi, selon un premier mode de mise en oeuvre du procédé adapté au traitement de
solutions aqueuses contenant simultanément de l'uranium (VI) et du plutonium (IV),
on régle l'acidité de la solution aqueuse à une valeur d'au moins 2N pour extraire
simultanément l'uranium (VI) et le plutonium (IV) dans la phase organique.
[0032] De préférence, étant donné que le coefficient d'extraction de l'uranium (VI) et
du plutonium (IV) augmente avec l'acidité de la solution aqueuse, on règle l'acidité
de celle-ci à une valeur de 3 à 10 N afin d'obtenir les meilleurs taux d'extraction
en plutonium et en uranium dans la phase organique.
[0033] Selon un second mode de mise en oeuvre du procédé de l'invention, adapté au traitement
de solutions aqueuses contenant simultanément de l'uranium (VI) et du plutonium
(IV), on règle l'acidité de la solution aqueuse à une valeur de 0,5 à 1,2 N pour extraire
sélectivement l'uranium (VI) dans la phase organique.
[0034] En effet, dans de telles conditions, le taux d'extraction de l'uranium (VI) dans
la phase organique est beaucoup plus important que celui du plutonium (IV), ce qui
permet de séparer l'uranium du plu tonium sans qu'il soit nécessaire de réduire le
plutonium à la valence (III).
[0035] De préférence, dans ce second mode de mise en oeuvre du procédé, on utilise un N,N-dialkylamide
dans lequel le radical R¹ est un radical alkyle ramifié.
[0036] En revanche, dans le premier mode de mise en oeuvre du procédé de l'invention, on
utilise de préférence un N,N-dialkylamide dans lequel le radical R¹ est un radical
alkyle linéaire.
[0037] Dans les deux modes de mise en oeuvre du procédé de l'invention la concentration
en N,N-dialkylamide de la phase organique est de préférence de 0,2 à 2 mol.l⁻¹.
[0038] En effet, le taux d'extraction augmente généralement avec la concentration en N,N-dialkylamide
de la phase organique. Toutefois, pour maintenir la viscosité et la densité de la
phase organique dans une gamme appropriée, on limite généralement la teneur en N,N-dialkylamide
de la phase organique à une valeur de 1,5 mol.l⁻¹.
[0039] Les diluants susceptibles d'être utilisés dans l'invention sont des diluants organiques
inertes ayant de préférence une constante diélectrique peu élevée.
[0040] A titre d'exemples de tels diluants on peut citer le benzène, le xylène, le mésitylène,
le tertiobutylbenzène, le décanol et les hydrocarbures aliphatiques, en particulier
les hydrocarbures saturés linéaires ou ramifiés.
[0041] De préférence, dans l'invention, on utilise comme diluant un hydrocarbure aliphatique,
en particulier un hydrocarbure saturé linéaire ou ramifié tel que le dodécane, par
exemple le produit vendu sous la marque Hyfran car, comme on l'a vu précédemment,
l'utilisation de tels diluants permet d'obtenir de nombreux avantages.
[0042] Le procédé de l'invention peut être mis en oeuvre dans tout appareillage classique
d'extraction tel que des batteries de mélangeurs-décanteurs, de colonnes pulsées,
des extracteurs centrifuges, etc...
[0043] Généralement on opère à la pression et à la température ambiantes avec des rapports
en volume phase aqueuse/phase organique qui peuvent varier de 10 à 0,1.
[0044] L'uranium (VI) et le plutonium (IV) extraits dans la phase organique peuvent ensuite
être récupérés avec de très bons rendement à la température ambiante par mise en contact
du solvant organique avec de l'acide nitrique dilué pour l'uranium (VI) (0 à 0,2N)
et de l'acide nitrique plus concentré pour Pu(IV) (0,5 à 1,5N).
[0045] L'utilisation des extractants de l'invention se révèle ainsi très intéressante et
permet d'obtenir certains avantages par rapport à l'emploi du phosphate de tributyle.
[0046] En effet les taux d'extraction de l'uranium (VI) et du plutonium (IV) sont élevés
et pratiquement équivalents à ceux que l'on obtient avec le phosphate de tributyle.
[0047] Les produits de dégradation des N,N-dialkylamides sont peu gênants alors que, dans
le cas du phosphate de tributyle, il n'en est pas de même puisque ceux-ci précipitent
généralement.
[0048] Les N,N-dialkylamides peuvent être détruits par incinération en donnant uniquement
des déchets gazeux alors que le phosphate de tributyle donne comme déchet principal
l'acide phosphorique.
[0049] Les N,N-dialkylamides permettent de séparer directement l'uranium (VI) du plutonium
(IV) alors que dans le cas du phosphate de tributyle, il est nécessaire d'utiliser
des agents réducteurs comme l'hydrazine et l'hydroxylamine.
[0050] La réextraction de l'uranium (VI) à partir de la phase organique peut être effectuée
facilement à la température ambiante alors que, dans le cas du phosphate de tributyle,
il est nécessaire d'operer à chaud.
[0051] L'emploi des N,N-dialkylamides permet de séparer facilement le zirconium de l'uranium
(VI) et du plutonium (IV), ce qui n'était pas le cas avec le phosphate de tributyle.
[0052] De plus la synthèse et la purification des N,N-dialkylamides de l'invention ne posent
pas de problème particulier et ils peuvent être ainsi fabriqués à des prix intéressants.
[0053] D'autres caractéristiques et avantages de l'invention apparaîtront mieux à la lecture
de la description qui suit, donnée bien entendu à titre illustratif et non limitatif,
en référence au dessin annexé sur lequel :
[0054] - les figures 1 à 6 sont des diagrammes illustrant les variations du coefficient
de distribution du Pu(IV) ou de l'U(VI) en fonction des concentrations en acide nitrique
de la solution aqueuse de départ ou des concentrations en N,N-dialkylamide de la
phase organique,
[0055] - les figures 7 à 9 sont des diagrammes représentant les variations des coefficients
de distribution de différents produits de fission et de l'acide nitrique en fonction
de la concentration en acide nitrique de la solution aqueuse,
[0056] - la figure 10 est un diagramme représentant les variations des coefficients de distribution
de l'U(VI), du Pu(IV) et du Zr(IV) en fonction de la concentration en acide nitrique
de la solution aqueuse, et
[0057] - les figures 11 à 13 sont des diagrammes illustrant les variations des coefficients
de distribution de U(VI) et Pu(IV) en fonction de la concentration en acide nitrique
de la solution aqueuse, pour différents N,N-dialkylamides.
EXEMPLE 1
[0058] Cet exemple illustre l'extraction d'U(VI) à partir d'une solution aqueuse nitrique
contenant 10⁻⁴ mol.l⁻¹ d'U(VI).
[0059] Dans cet exemple on utilise une phase organique constituée par le produit vendu
sous la marque Hyfran 120, qui est du dodécane ramifié, contenant 0,5 mol.l⁻¹ de N,N-di(éthyl-2
hexyl) diméthyl-2,2 butyramide (DOTA). Pour réaliser l'extraction on met en contact
sous agitation la phase organique et la phase aqueuse contenant l'U(VI) avec un rapport
en volume phase organique/phase aqueuse égal à 1.
[0060] Après 4 min. d'agitation on laisse décanter les deux phases, on mesure ensuite leurs
concentrations en U(VI) puis on détermine le coefficient de distribution de l'U(VI)
: D
U(VI) qui correspond au rapport de la concentration de l'élément, soit l'U(VI), dans la
phase organique sur la concentration de ce même élément dans la phase aqueuse. On
répète ces opérations en utilisant des solutions aqueuses d'acidité différente ayant
la même concentration en U(VI).
[0061] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 1 où la courbe 1 illustre les variations
du coefficient de distribution de l'uranium D
U(VI) en fonction de la concentration en acide nitrique (en mol.l⁻¹).
[0062] Au vu de ces résultats on constate que l'extraction de l'uranium (VI) augmente fortement
avec la concentration en acide nitrique et que les meilleurs résultats sont obtenus
pour des concentrations en acide nitrique supérieures 2 mol.l⁻¹, le maximum étant
observé pour une concentration en acide nitrique d'environ 5 mol.l⁻¹.
EXEMPLE 2
[0063] Dans cet exemple on suit le même mode opératoire que dans l'exemple 1, mais en utilisant
une phase organique constituée par de l'Hyfran 120 contenant 0,5 mol.l⁻¹ de N,N-di(éthyl-2
hexyl) hexanamide (DOHA).
[0064] Les résultats obtenus sont représentés par la courbe 2 de la figure 1 qui illustre
les variations du coefficient de distribution de l'uranium D
U(VI) en fonction de la concentration en acide nitrique.
[0065] Comme dans le cas de l'exemple 1, les meilleurs résultats sont obtenus pour des
concentrations en acide nitrique supérieures à 2 mol.l⁻¹ et le maximum est observé
pour une concentration d'environ mol.l⁻¹.
EXEMPLE 3
[0066] On suit le même mode opératoire que dans l'exemple 1, mais en utilisant comme phase
organique de l'Hyfran 120 contenant en solution 0,5 mol.l⁻¹ de N,N-di(éthyl-2 hexyl)
dodécanamide (DODA).
[0067] Les résultats obtenus sont représentés par la courbe 3 de la figure 1 qui illustre
les variations du coefficient de distribution D
U(VI) en fonction de la concentration en acide nitrique.
[0068] Comme dans le cas des exemples 1 et 2, les meilleurs résultats sont obtenus pour
une concentration en acide nitrique supérieure à 2 mol.l⁻¹ et le maximum est observé
également pour une concentration d'environ 5 mol.l⁻¹.
[0069] En examinant les résultats obtenus dans les exemples 1 à 3, on constate que la nature
du radical R¹ n'a que peu d'influence sur le résultat obtenu.
EXEMPLE 4
[0070] Dans cet exemple on étudie l'influence de la concentration en N,N-dialkylamide sur
l'extraction des ions U(VI).
[0071] Dans cet exemple on utilise une solution aqueuse nitrique contenant 10⁻⁴ mol.l⁻¹
de U(VI) et 0,98 mol.l⁻¹ de HNO₃, et une phase organique constituée par de l'Hyfran
120 contenant des quantités variables du N,N-dialkylamide utilisé dans l'exemple 1
(DOTA).
[0072] On réalise l'extraction dans les mêmes conditions que celles de l'exemple 1 et on
détermine également le coefficient de distribution de l'U(VI).
[0073] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 2 où la droite 4 représente les variations
du coefficient de distribution de D
U(VI) en fonction de la concentration en DOTA de la phase organique (en mol.l⁻¹). On remarque
ainsi que le coefficient de distribution augmente avec cette concentration.
EXEMPLE 5
[0074] Dans cet exemple on suit le même mode opératoire que dans l'exemple 4, mais en utilisant
le N,N-dialkylamide de l'exemple 2 (DOHA).
[0075] Les résultats obtenus sont représentés par la droite 5 de la figure 2 qui montre
que le coefficient de distribution de l'uranium augmente avec la concentration en
DOHA de la phase organique.
EXEMPLE 6
[0076] Dans cet exemple on suit le même mode opératoire que dans l'exemple 4, mais la solution
aqueuse nitrique a une concentration en acide nitrique de 4,9 mol.l⁻¹.
[0077] Les résultats obtenus sont représentés par la droite 6 de la figure 2, et l'on constate
également que les coefficients de distribution sont supérieurs et augmentent avec
la concentration en DOTA de la phase organique.
[0078] Si l'on répète ce mode opératoire en utilisant le N,N-dialkylamide de l'exemple
2 (DOHA) on obtient des résultats tout à fait équivalents.
EXEMPLE 7
[0079] Cet exemple concerne l'extraction de Pu(IV) présent à une concentration de 5×10⁻⁵
mol.l⁻¹ dans une solution aqueuse nitrique.
[0080] Dans cet exemple on utilise comme phase organique de l'Hyfran contenant 0,5 mol.l⁻¹
du N,N-dialkylamide de l'exemple 1 (DOTA) et on suit le même mode opératoire que
dans l'exemple 1. Les résultats obtenus en ce qui concerne l'extraction du plutonium
(IV) sont donnés sur la figure 3 où la courbe 7 représente les variations de D
Pu(IV) en fonction de la concentration en acide nitrique (en mol.l⁻¹) de la solution aqueuse
à l'équilibre, soit après mise en contact et séparation des deux phases.
[0081] Comme dans le cas de l'uranium (VI), l'extraction du plutonium augmente avec l'acidité
de la solution aqueuse et les meilleurs résultats sont obtenus pour une concentration
en acide nitrique de 5 mol.l⁻¹.
EXEMPLE 8
[0082] Dans cet exemple on suit le même mode opératoire que dans l'exemple 7, mais en utilisant
le N,N-dialkylamide de l'exemple 2 (DOHA).
[0083] Les résultats obtenus sont donnés par la courbe 8 de la figure 3.
[0084] Au vu de ces résultats on constate que l'extraction du plutonium augmente avec la
concentration en acide nitrique, et que de meilleurs résultats sont obtenus lorsque
le radical R¹ du N,N-dialkylamide est linéaire.
EXEMPLE 9
[0085] On suit le même mode opératoire que dans l'exemple 7 mais en utilisant une solution
aqueuse nitrique ayant une concentration en acide nitrique de 0,98 mol.l⁻¹ et en faisant
varier la concentration en N,N-dialkylamide (DOTA) de la phase organique.
[0086] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 4 (droite 9), qui indique que le
coefficient de distribution du Pu(IV) augmente avec la concentration en N,N-dialkylamide
de la phase organique.
EXEMPLE 10
[0087] Dans cet exemple on suit le même mode opératoire que dans l'exemple 9, mais on utilise
le N,N-dialkylamide de l'exemple 2 (DOHA).
[0088] Les résultats obtenus sont donnés par la droite 10 de la figure 4 qui montre également
que l'extraction du plutonium (IV) augmente avec la concentration en DOHA de la phase
organique.
EXEMPLE 11
[0089] On suit le même mode opératoire que dans l'exemple 9,mais en utilisant une solution
aqueuse nitrique ayant une concentration en acide nitrique de 4,9 mol.l⁻¹.
[0090] Les résultats obtenus sont donnés par la droite 11 de 1 figure 4 qui montre que le
taux d'extraction du plutonium augmente avec la concentration en DOTA.
EXEMPLE 12
[0091] On suit le même mode opératoire que dans l'exemple 10 mais en utilisant une solution
aqueuse ayant une concentration en acide nitrique de 4,9 mol.l⁻¹. Les résultats obtenus
sont donnés par la courbe 12 de la figure 4 qui montre que le taux d'extraction du
plutonium (IV) augmente également avec la concentration en DOHA de la phase organique.
[0092] Au vu des résultats donnés sur la figure 4, on remarque également que l'utilisation
d'un radical R¹ linéaire permet d'obtenir de meilleurs résultats pour l'extraction
du plutonium (IV).
EXEMPLE 13
[0093] Dans cet exemple on suit le même mode opératoire que dans l'exemple 1, mais en utilisant
comme solution aqueuse une solution aqueuse nitrique contenant 5×10⁻⁵ mol.l⁻¹ de
Pu(IV) et 10⁻⁴ mol.l⁻¹ de U(VI), et une phase organique constituée par de l'Hyfran
conte nant . 1 mol.l⁻¹ du N,N-dialkylamide de l'exemple 2 (DOHA).
[0094] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 5 où la courbe 13a représente le
coefficient de distribution D
Pu(IV) en fonction de la concentration en acide nitrique de la solution aqueuse et la courbe
13b représente le coefficient de distribution D
U(VI) en fonction de la concentration en acide nitrique de la solution aqueuse.
[0095] Au vu de ces résultats on constate qu'une séparation uranium-plutonium peut être
obtenue pour des concentrations en acide nitrique inférieures à 2 mol.l⁻¹, en particulier
pour des concentrations de 0,5 à 1,2 mol.l⁻¹.
EXEMPLE 14
[0096] Dans cet exemple on suit le même mode opératoire que dans l'exemple 13 mais en utilisant
une phase organique constituée par de l'Hyfran contenant 0,5 mol.l⁻¹ du N,N-dialkylamide
de l'exemple 1 (DOTA).
[0097] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 6 où la courbe 14a illustre le coefficient
de distribution de Pu(IV) et la courbe 14b le coefficient de distribution de U(VI).
[0098] Au vu de ces résultats on constate également qu'une séparation uranium-plutonium
est possible pour des concentrations en acide nitrique inférieures à 2 mol.l⁻¹.
[0099] Par ailleurs, si l'on compare les résultats obtenus dans les exemples 13 et 14, on
constate que l'on obtient de meilleurs résultats pour l'extraction simultanée de l'uranium
(VI) et du plutonium (IV) avec les N,N-dialkylamides dont le radical R¹ est linéaire,
et que l'on obtient une meilleure séparation uranium (VI)-plutonium (IV) lorsque
le radical R¹ du N,N-dialkylamide est ramifié. Les conditions qui peuvent être retenues
sont une acidité nitrique d'environ 1N pour la séparation et une acidité nitrique
d'environ 5N pour la co-extraction.
EXEMPLE 15
[0100] Cet exemple illustre l'extraction de différents produits de fission par les N,N-dialkylamides
de l'invention.
[0101] Dans cet exemple on utilise une solution aqueuse nitrique contenant du zirconium
(5×10⁻³ mol.l⁻¹), du niobium (10⁻⁹ mol.l⁻¹), du ruthénium (10⁻³ mol.l⁻¹), du strontium
Sr²⁺ (10⁻³ mol.l⁻¹), de l'américium Am³⁺ (10⁻⁵ mol.l⁻¹) et de l'europium Eu³⁺ (10⁻³
mol.l⁻¹).
[0102] On suit le même mode opératoire que dans l'exemple 1, mais en utilisant une phase
organique constituée par de l'Hyfran contenant 1 mol.l⁻¹ du N,N-dialkylamide de l'exemple
2 (DOHA).
[0103] On détermine comme dans l'exemple 1 les coefficients de distribution de Zr, Nb, Ru,
Sr²⁺, Am³⁺ et Eu³⁺.
[0104] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 7 pour le zirconium, le niobium,
le ruthénium et le strontium en fonction de la concentration en acide nitrique de
la solution aqueuse à l'équilibre.
[0105] En ce qui concerne l'américium 3+ et l'europium 3+, le coefficient de distribution
est inférieur à 10⁻³.
[0106] Au vu de ces résultats on constate que l'extraction du zirconium et du niobium augmente
avec la concentration en acide nitrique, et qu'au contraire l'extraction du ruthénium
et du strontium reste faible et diminue avec la concentration en acide nitrique.
EXEMPLE 16
[0107] Dans cet exemple on suit le même mode opératoire que dans l'exemple 15, mais en
utilisant le dialkylamide de l'exemple 1 (DOTA) au lieu du DOHA. Les résultats obtenus
sont donnés sur la figure 8 pour le ruthénium, le zirconium et le niobium.
[0108] Au vu de ces résultats on constate que l'extraction du zirconium et du niobium augmente
avec l'acidité nitrique alors que l'extraction du ruthénium ne varie pratiquement
pas.
[0109] Si l'on compare les résultats obtenus dans les exemples 15 et 16, on constate que
le N,N-dialkylamide dont le radical R¹ est ramifié extrait moins le zirconium que
le N,N-dialkylamide dont le radical R¹ est un radical linéaire.
EXEMPLE 17
[0110] Dans cet exemple on étudie l'extraction de l'acide nitrique par des phases organiques
contenant les N,N-dialkylamides de l'invention.
[0111] Dans cet exemple on met en contact des solutions aqueuses nitriques ayant des concentrations
variables en acide nitrique avec une phase organique constituée par de l'Hyfran contenant
soit 0,5 mol.l⁻¹, soit 1 mol.l⁻¹ du N,N-dialkylamide de l'exemple 2 (DOHA). On réalise
la mise en contact de la phase aqueuse avec la phase organique dans les mêmes conditions
que celles de l'exemple 1 et, après décantation des phases, on détermine la concentration
en acide nitrique de la phase organique (en mol.l⁻¹).
[0112] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 9 où les courbes 17a et 17b illustrent
les variations des concentrations en acide nitrique de la phase organique en fonction
de la concentration en acide nitrique de la phase aqueuse.
[0113] La courbe 17a se rapporte à la phase organique contenant 0,5 mol.l⁻¹ de DOHA et
la courbe 17b à la phase organique contenant 1 mol.l⁻¹ de DOHA.
[0114] Au vu de ces résultats on constate que, pour des acidités nitriques inférieures à
6 mol.l⁻¹, l'extraction de l'acide nitrique par la phase organique reste faible si
l'on utilise une phase organique contenant 0,5 mol.l⁻¹ de DOHA.
EXEMPLE 18
[0115] Dans cet exemple on suit le même mode opératoire que dans l'exemple 1 en utilisant
des solutions aqueuses nitriques contenant 10⁻⁴ mol.l⁻¹ de U(VI), 5×10⁻⁵ mol.l⁻¹
de Pu(IV) et 5×10⁻³ mol.l⁻¹ de Zr(IV) et ayant des concentrations différentes en acide
nitrique, et une phase organique constituée soit par du dodécane contenant 1,09 mol.l⁻¹
de phosphate de tributyle, soit par de l'Hyfran contenant 1 mol.l⁻¹ de DOHA.
[0116] On détermine, comme dans l'exemple 1, les coefficients de distribution de l'U(VI),
du Pu(IV) et du Zr(IV).
[0117] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 10 où les courbes 18a, 18b, 18c illustrent
respectivement les variations des coefficients de distribution de l'U(VI), du Pu(IV)
et du Zr(IV) en fonction de la concentration en acide nitrique de la solution aqueuse
dans le cas de la phase organique constituée par du dodécane contenant 1,09 mol.l⁻¹
de phosphate de tributyle, et les courbes 19a, 19b et 19c illustrent respectivement
les coefficients de distribution de l'U(VI), du Pu(IV) et du Zr(IV) en fonction de
la concentration en acide nitrique de la solution aqueuse dans le cas de la phase
organique contenant 1 mol.l⁻¹ de DOHA.
[0118] Sur cette figure on a donné à titre comparatif les résultats obtenus en ce qui concerne
l'extraction du zirconium (IV) dans des conditions identiques avec une phase organique
constituée par de l'Hyfran contenant 1 mol.l⁻¹ de DOTA.
EXEMPLES 19 à 24
[0119] Dans ces exemples on étudie l'influence de la nature du N,N-dialkylamide utilisé
sur les résultats obtenus pour l'extraction simultanée de l'uranium et du plutonium
à partir de solutions ayant une concentration en acide nitrique supérieure à 3 mol.l⁻¹.
[0120] Dans ces exemples on met chaque phase organique ayant la composition donnée dans
le tableau joint avec une phase aqueuse nitrique contenant de l'uranium en réalisant
la mise en contact sous agitation pendant 4 min. On laisse ensuite décanter les deux
phases et on détermine leurs concentrations en uranium et en acide nitrique ou en
ions H⁺. Les résultats obtenus sont donnés dans le tableau joint sur lequel on a
indiqué par ailleurs comment se comportait le complexe d'uranium formé et extrait
dans la phase organique, et quel était le pourcentage de saturation en uranium de
la phase organique.
[0121] Au vu de ces résultats on constate que seuls les N,N-dialkylamides de l'invention
(exemples 21 à 24) permettent d'obtenir une extraction satisfaisante de l'uranium
(au moins 100 g par litre) sans que l'on observe une cristallisation ou une précipitation
du complexe extrait, ou un phénomène de démixtion en phase organique.
[0122] Dans l'exemple 23 il est noté que l'on observe l'apparition d'un précipité, mais
dans ce cas le pourcentage de saturation de la phase organique est de 92%, et l'on
peut obtenir des résultats satisfaisants en utilisant un rapport en volume phase organique/phase
aqueuse plus élevé.
EXEMPLES 25 à 29
[0123] Dans ces exemples on étudie l'influence de la nature du N,N-dialkylamide utilisé
sur l'extraction de l'uranium dans des conditions correspondant à la séparation uranium-plutonium.
[0124] Dans ces exemples on suit le même mode opératoire que dans les exemples 19 à 24,
mais les phases aqueuses ne contiennent pratiquement pas d'ions H⁺. La composition
des phases organiques utilisées est donnée dans le tableau joint ainsi que les concentrations
en uranium et en ions H⁺ des phases aqueuse et organique après séparation des deux
phases. On a également indiqué dans ce tableau quels sont les phénoménes observés
ainsi que le pourcentage de saturation en uranium de la phase organique.
[0125] Au vu de ces résultats on constate que seuls les N,N-dialkylamides de l'invention
(exemples 25, 26 et 29) permettent l'obtention de résultats satisfaisants. De plus,
lorsque l'on utilise d'autres N,N-dialkylamides (exemples 27 et 28), on observe la
formation de précipités.
EXEMPLE 30
[0126] Dans cet exemple, on suit le même mode opératoire que dans l'exemple 1 mais en utilisant
comme solution aqueuse, une solution aqueuse nitrique contenant 5×10⁻⁵ mol.l⁻¹ de
Pu(IV) et 10⁻⁴ mol.l⁻¹ de U(VI), et une phase organique constituée par de l'Hyfran
contenant 1,07 mol.l⁻¹ de N,N-dialkylamide (iDOPA) de formule :

[0127] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 11 qui représente les variations
des coefficients de distribution du plutonium (IV) et de l'uranium (VI) en fonction
de la concentration en acide nitrique de la solution aqueuse, en coordonnées logarithmiques.
EXEMPLE 31
[0128] Dans cet exemple, on suit le même mode opératoire que dans l'exemple 30, mais en
utilisant comme phase organique de l'Hyfran contenant 1,01 mol.l⁻¹ de N,N-dialkylamide
(DOBA) de formule :

[0129] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 12 qui représente en coordonnées
logarithmiques les variations des coefficients de distribution de l'uranium (VI) et
du plutonium (IV) en fonction de la concentration en acide nitrique de la solution
aqueuse.
EXEMPLE 32
[0130] On suit le même mode opératoire que dans l'exemple 30, mais on utilise une phase
organique constituée par de l'Hyfran contenant 1,03 mol.l⁻¹ de N,N-dialkylamide (iDOBA)
de formule :

[0131] Les résultats obtenus sont donnés sur la figure 13 qui représente les variations
des coefficients de distribution de U(VI) et de Pu(IV) en fonction de la concentration
en acide nitrique de la solution aqueuse.
[0132] Les dialkylamides des exemples 30 à 32 sont intéressants pour la séparation U/Pu
car la solubilité des sels nitratés d'uranyle dans ces dialkylamides est importante,
environ 150 g.l⁻¹ d'uranium.
