[0001] La présente invention concerne un dispositif permettant de drainer les sols en profondeur,
en siphonnant l'eau captée par un ou plusieurs drains placés dans le terrain.
[0002] Traditionnellement, le drainage est effectué, soit par pompage par des pointes filtrantes
reliées à une pompe à vide ou par des puits dotés de pompes, soit par évacuation gravitaire
quand elle est possible par des drains subhorizontaux, tranchées, parois ou éperons
drainants, les eaux pouvant éventuellement être pompées dans le cas des tranchées
ou parois si l'évacuation gravitaire n'est pas possible.
[0003] Ces solutions présentent toutes de sérieux inconvénients. Ainsi le pompage assujettit
aux contraintes du dispositif d'exploitation nécessaire. Les drains subhorizontaux
posent des poblèmes d'accessibilité des engins de forage, du fait de la pente nécessaire
et de la situation sub-horizontale, la pénétration de la formation aquifère est peu
efficace, et en outre, les surfaces de glissement du terrain coupent ces drains qui
sont cisaillés.
[0004] Les tranchées drainantes, elles, ne sont envisageables que pour une profondeur maximale
de quatre mètres. Les parois drainantes, variantes des tranchées, demandent une technique
de mise en oeuvre équivalente à celle des parois moulées et sont donc très chères
et les éperons drainants ont une efficacité très limitée.
[0005] Dans le brevet FR 737 965, sans qu'un exemple en soit représenté ou même véritablement
décrit, a été envisagé de substituer aux drains subhorizontaux, quand leur forage
présente trop de difficultés, des drains ou trous verticaux qui seraient évacués par
siphonnage. Les siphons évoqués doivent se terminer en vue de l'amorçage par des soupapes
permettant la sortie d'eau mais non la rentrée d'air et l'amorçage, ou le réamorçage,nécessite
le raccordement à un dispositif d'aspiration par pompe à eau ou à vide et, lorsque
l'évacuation a atteint un certain degré, le siphon se désamorce automatiquement et
devra être réactivé régulièrement (quotidiennement) par du personnel muni de pompes
à main à postes fixes ou portatives, à moins qu'un dispositif de pompe motorisée ne
soit installe à demeure pour fonctionner en permanence. Cette technique provoque une
alternance de descentes et de remontées d'eau, ce qui va à l'encontre de la recherche
de la stabilité même du terrain. Par ailleurs, les trous de drainage à siphonner pouvant
se trouver dans des sites très variés, souvent difficiles d'accès, les besoins en
matériel et en personnel d'intervention et de surveillance sont considérables, aussi
cette technique a-t-elle été abandonnée au profit des solutions évoquées plus haut,
relativement moins dispendieuses malgré leur coût très élevé.
[0006] La présente invention vise à surmounter les inconvénients de l'état de la technique
qui vient d'être commenté en proposant un dispositif de drainage par siphonnage,
susceptible de fonctionner en permanence et de façon autonome sans risque de désamorçage,
et ne nécessitant donc pas d'interventions répétées ni de surveillance systématique.
[0007] Les caractéristiques de l'invention qui font l'objet des revendications et certains
avantages apparaitront à la lumière de la description qui suit et pour l'intelligence
de laquelle on se référera aux dessins, dont :
- la figure 1 illustre en coupe très schématique le principe d'un dispositif de drain-siphon
selon l'invention,
- la figure 2 montre en coupe et perspective un exemple de mise en oeuvre du dispositif
selon l'invention pour le drainage en amont d'une route sur un site en dévers.
[0008] Dans ce qui suit, l'invention est exposée en prenant l'exemple du drainage du côté
amont d'une route sur un site en dévers où le terrain est susceptible de glisser.
Il est clair que cet exemple n'est nullement limitatif et que l'invention peut trouver
son application dans bien d'autres cas,comme cela apparaitra clairement à l'homme
du métier.
[0009] Le drain de la figure 1 est vertical, mais toute inclinaison de la verticale à l'horizontale
est possible sans que le fonctionnement de principe en soit changé. Le drain est soit
placé dans un forage préalable, soit battu, vibré ou lancé selon les techniques connues.
Il est essentiellement constitué par un tube, par exemple en matériau plastique approprié
à cette utilisation. Ce tube comporte sur la plus grande partie de sa longueur une
partie 1 munie de perforations et formant crépine et représentant par sa fonction
le drain proprement dit. A son extrémité inférieure, il est fermé et ses parois sont
pleines pour former une cuvette ou réservoir 2. Il est en outre surmonté par une partie
tubulaire à parois pleines 4 ouverte vers le haut. Cette partie supérieure 4 comporte
en outre au moins un conduit latéral 5 et débouche en haut dans un regard de visite,fermé
comme il est usuel,par un couvercle 7 formant avantageusement bouche à clé conventionnelle.
Les eaux d'infiltration en provenance de la nappe aquifère amont 9 (figure 2) pénétrent
le drain par la partie crépinée 1 et le remplissent jusqu'à un certain niveau supérieur
au bord supérieur de la cuvette 2 en rabattant la nappe (référencée par 10 en aval).
[0010] Dans le tube, un tuyau de siphonnage 6 plonge en permanence par son extrémité inférieure
3 dans la cuvette 2, monte à l'intérieur du drain pour en ressortir par le conduit
latéral 5 et, après une section intermédiaire éventuelle 11 qui peut être proche de
l'horizontale, pour la traversée de route, redescendre vers un éxutoire à son extrémité
8 située en altitude au niveau du bord supérieur de la cuvette 2 pour que l'effet
de siphon puisse jouer sans que cette cuvette 2 puisse être vidée par l'effet de siphon.
[0011] Compte tenu de la pression atmosphérique, des pertes de charge dans le tube de siphonnage
6, et autres phénomènes de cavitation et de dégazage, on veillera, pour un fonctionnement
fiable, à ce que les différences d'altitude entre le point le plus haut du tube 11
et respectivement le niveau supérieur de la cuvette 2 et l'extrémité d'éxutoire 8,
ou le niveau d'eau d'un puits ou bassin où se trouverait cette extrémité 8, n'excède
pas 9 mètres.
[0012] De ce qui précède, il est clair que l'extrémité 3 du tube siphon 6 étant constamment
immergée dans la cuvette 2 qui ne peut jamais se vider, le siphon ne peut en aucun
cas se désamorcer de ce côté, même lorsque la nappe 9, 10 a été rabattue au niveau
du bord supérieur de la cuvette 2, ou par exemple en période sèche, elle est tombée
à un niveau inférieur. Dans ce cas, le siphon ne sera évidemment plus actif puisqu'il
n'y aura plus d'eau à drainer, mais reprendra automatiquement son activité dès que
de nouvelles infiltrations se produiront dans le drain et que le niveau d'eau aura
tendance à y remonter.
[0013] Un problème d'entrée d'air dans le tube siphon 6 par son extrémité d'éxutoire 8
pouvant se poser , on évitera cet incident en donnant à cette extrémité 8 une forme
relevée, par exemple en crosse comme représenté aux dessins. De même, cette extrémité
8, toujours placée en un site où la topographie permet d'assurer la dénivelée requise,
comme évoqué plus haut, pourra être disposée dans un puits du type connu comme puits
de trop-plein ou dans un puisard dont le niveau peut être éventuellement maintenu
par pompage classique.
[0014] Comme déjà évoqué plus haut, des phénomènes de cavitation et de dégazage pourraient
dans des conditions extrêmes, se produire dans le tube siphon 6 et engendrer des poches
à la partie haute de celui-ci et nuire au bon fonctionnement. Ces phénomènes dépendent
en grande partie de l'état de surface interne du tube siphon 6 et du débit de siphonnage.
Aussi utilisera-t-on de préférence des tuyaux en matériaux plastiques, par exemple
du type connu sous la dénomination RILSAN qui semblent donner d'excellents résultats.
[0015] En outre, selon le régime des eaux souterraines propre au sol, on pourra doubler
ou tripler le siphon par des tubes montés en parallèle côte à côte mais de différents
diamètres, l'un suppléant l'autre selon les circonstances locales et/ou momentanées.
[0016] Avantageusement, de plus, le ou les tubes siphons, depuis leur sortie du drain par
le conduit latéral 5, c'est-à-dire dans la partie intermédiaire 11 et la partie descendante
12, seront abrités dans une gaine de protection elle-même protégée en tranchée par
un calage au sable conventionnel. La profondeur d'enfouissement dans la tranchée,
de même que la profondeur des conduits latéraux 5 ou de la sortie d'éxutoire 8 par
rapport à la surface du sol, seront suffisantes pour constituer une garde au gel.
[0017] On notera que la technique qui vient d'être décrite permet de mettre en oeuvre les
drains de façon isolée, ou en parallèle vers un éxutoire commun,éventuellement dans
un puits de trop-plein, ou encore, en cascade, un drain amont étant siphonné dans
un drain aval, ces montages pouvant être combinés de toute manière localement appropriée
y compris en coopération avec des drains subhorizontaux classiques.
[0018] Comme déjà dit, on a toujours un niveau d'eau résiduel dans la cuvette 2, ce qui
empêche le siphon de se désamorcer et le remet en débit dès que des infiltrations
se présentent pour faire remonter ce niveau.
[0019] Pour le premier amorçage, trois solutions sont indiquées : on remplit le drain par
apport d'eau jusqu'à une cote supérieure au point le plus haut du tube siphon 6, ou
bien on procède à une aspiration par la sortie 8 du siphon, ou,de préférence, on injecte
de l'eau à partir de la sortie 8, ce qui a l'avantage de chasser tout l'air présent
dans le siphon.
[0020] Lorsque les drains siphons selon l'invention sont mis en place dans le terrain en
période sèche, on peut les amorcer immédiatement par remplissage, comme déjà dit,
et ils seront prêts à entrer en débit sans autre intervention,des que, en période
humide, le niveau de la nappe sera remonté au-dessus de celui du bord supérieur des
cuvettes 2, ce qui présente un avantage considérable par rapport à la technique de
siphonnage classique.
1.- Dispositif pour drainer les sols en profondeur par siphonnage de l'eau captée
par des drains placés dans le terrain, caractérisé par le fait que chaque drain comprend
un tube muni de perforations dans sa partie médiane (1), à parois pleines et bouché
à sa partie inférieure pour former une cuvette (2) et à parois pleines et ouvert à
sa partie supérieure (4), cette partie supérieure (4) étant munie d'un conduit latéral
(5), au moins un tuyau de siphonnage (6) plongeant en permanence par son extrémité
inférieure (3) dans la cuvette (2), remontant à l'intérieur du tube (1) pour sortir
par le conduit latéral (5) et redescendre (11, 12) vers un exutoire (8) situé,en
altitude,au niveau du bord supérieur de la cuvette (2).
2.- Dispositif selon la revendication 1, caractérisé par le fait que la partie supérieure
(4) du drain est surmontée d'un couvercle formant regard de visite (7).
3.- Dispositif selon la revendication 1 ou la revendication 2, caractérisé par le
fait que l'extrémité d'exutoire (8) du tuyau de siphonnage (6, 11, 12) est relevée
en forme de crosse.
4.- Dispositif selon l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé par le
fait que l'extrémité d'exutoire (8) du tuyau de siphonnage baigne dans un puisard
ou puits de trop-plein.
5.- Dispositif selon l'une quelconque des revendications 1 à 4, caractérisé par le
fait que la différence d'altitude entre le point le plus haut du tuyau de siphonnage
(6) et respectivement le bord supérieur de la cuvette (2) et la sortie d'exutoire
(8) est au plus égale 9 mètres.
6.- Dispositif selon l'une quelconque des revendications 1 à 5, caractérisé par le
fait que pour un même drain, il comporte plusieurs tuyaux de siphonnage (6) de diamètres
différents.
7.- Dispositif selon l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé par le
fait que la partie du ou des tuyaux de siphonnage (11, 12) entre le conduit latéral
(5) et la sortie d'exutoire (8) est abritée dans une gaine de protection.