[0001] La présente invention concerne une tuyère pour lance d'affinage et en particulier
une tuyère pour fournir de l'oxygène de postcombustion à l'espace situé au-dessus
d'un bain métallique en voie d'affinage.
[0002] On connait des lances d'affinage qui possèdent, en dehors des tuyères fournissant
l'oxygène supersonique d'affinage, plusieurs tuyères auxilières, inclinées entre
25° et 60° (voir par example brevets LU 78 906 et LU 83 814) par rapport à l'axe
vertical, débitant des jets d'oxygène servant à la postcombustion. Etant donné que
ces jets d'oxygène sont subsoniques, les tuyères auxiliaires sont alimentées par
un circuit d'oxygène indépendant qui permet une régulation en débit. Il est également
connu (voir brevet LU 82846) de munir les conduits des tuyères qui guident l'oxygène
de postcombustion de moyens pour augmenter le degré de turbulance du jet. Ces moyens
peuvent consister en des tôles disposées dans les conduits des tuyères secondaires
de manière à former des spirales; dans une autre forme d'exécution, on munit les parois
des conduits de rainures qui peuvent être soit circulaires et être disposées dans
un plan perpendiculaire à l'axe du conduit, soit spiralées.
[0003] Dans l'art antérieur,les angles d'inclinaison des tuyères qui guident les jets d'oxygène
de postcombustion, une fois déterminés par des essais ou des méthodes empiriques (tenant
compte des inclinaisons des jets d'oxygène primaire, de leur disposition, des dimensions
du convertisseur, de la hauteur de la tête de lance au-dessus du bain, etc.), restent
évidemment constants. Il n'est donc pas pos sible, ni de balayer l'espace au-dessus
du bain avec des jets d'oxygène, ni d'envoyer l'oxygène de postcombustion dans le
convertisseur sous un angle fonction de la phase d'affinage en cours. On pourrait
imaginer de munir des tuyères d'un quelconque système mécanique permettant de modifier
leur angle d'inclinaison. Malheureusement un tel système serait directement exposé
aux conditions difficiles règnant dans un convertisseur (températures variant entre
800 et 1800 °C, projections de scories, de métal liquide...) de sorte à n'avoir qu'une
durée de vie des plus réduites. D'un autre côté, des variations d'inclinaison obtenues
par des moyens mécaniques seraient trop lentes pour créer une zone étendue, virtuellement
alimentée en permanence par de l'oxygène. Un autre désavantage des tuyères connues
est que l'oxygène est envoyé dans l'espace au-dessus du bain en jets discrets c.à
d. la concentration en oxygène par rapport à celle du monoxyde de carbone est d'une
côté excessive dans le jet et d'un autre côté trop faible dans l'espace entre deux
jets. Le volume au-dessus du bain dans lequel la présence d'oxygène et de monoxyde
de carbone en quantités sensiblement stoechiométriques en vue d'amorcer et d'entretenir
la combustion peut être assurée, est reduit.
[0004] La présente invention a comme but de proposer une tuyère qui évite les désavantages
exposés plus haut et qui permet d'envoyer un jet d'oxygène dans un convertisseur sous
inclinaison variable sans mettre en oeuvre un système mécanique délicat.
[0005] Ce but est atteint par la tuyère selon l'invention telle qu'elle est caractérisée
dans la revendication principale. Des variantes d'exécution préférentielle sont décrites
dans les sous-revendications.
[0006] L'invention sera expliqué plus en détail à l'aide de dessins qui en montrent une
forme d'exécution possible.
- La fig. 1 représente de manière schématique une lance d'affinage munie des tuyères
selon l'invention et
- la fig. 2 une coupe tranversale selon la ligne II-II à travers une tuyère de la
fig. 1.
[0007] On distingue en fig. 1 le corps de la lance 1 ainsi que trois jets d'oxygène d'affinage
2 sortant de la tête de lance. En retrait de la tête de lance, à une distance de l'ordre
de 1 mètre, se trouvent les embouchures 3 de plusieurs tuyères disposées à différentes
hauteurs sur le pourtour du corps de lance et fournissant l'oxygène de postcombustion.
Sur la coupe en fig. 2 on remarque le conduit d'amenée de gaz 5 débouchant dans la
tuyère 11. Le manteau extérieur 4 de la lance 1 délimite un côté du conduit 5 et de
la tuyère 11 par une surface réglée le long de laquelle l'oxygène peut se déplacer
en ligne droite jusqu'à l'arête rectiligne 16 formant une partie de l'embouchure
3. Le reste de la paroi du conduit 5, repéré par la référence 6, est relié par l'intermédiaire
d'une paroi coudée 7, qui définit une tuyère convergente, à la partie restante de
l'embouchure 3.
[0008] Une vanne 8 contrôle le débit d'oxygène. Cette vanne qui a été dessinée pour des
raisons de commodité proche de l'embouchure 3, se trouve normalement près des supports
du corps de lance. Une distance vanne-embouchure d'une dizaine de mètres adoucit également
les phénomènes transitoires lors de la déflection rapide du jet d'oxygène. Un capteur
de pression 9 mesure la pression réelle P à l'entrée de la tuyère 11. Cette pression
P est comparée (référence 14) à une pression de consigne Po et en cas de différence
un régulateur 10 agit sur le degré d'ouverture de la vanne 8. Au lieu de mettre en
oeuvre une boucle de régulation, on peut également déterminer à l'aide de simples
essais la plage dans laquelle le degré d'ouverture de la vanne 8 doit varier.
[0009] Il est impératif pour avoir l'effet de déflection variable désiré, que le jet d'oxygène
possède en amont de la tuyère 11 une pression telle que la vitesse du gaz soit sonique
au passage d'un plan fictif 12 passant par le sommet de l'arête 16 et normal au manteau
4 guidant le gaz (théoriquement normal au vecteur vitesse du gaz). C'est à la hauteur
du sommet de cette arête pointue que le jet se détend tout en étant le siège d'une
multitude d'ondes de choc qui sont à la base d'une augmentation de vitesse du jet
et de sa déviation. L'angle de déflection A varie en fonction de la pression du gaz
au niveau de l'arête 16 c.à d. plus la pression du gaz y est élevée, plus l'angle
A est faible; par contre l'effet de déflection par l'arête 16 est pratiquement nul
lorsque la gaz a une vitesse subsonique à la traversée du plan 12. En variant par
conséquent le degré d'ouverture de la vanne 8 entre des limites préétablies, on arrive
à balayer un angle solide qui se rapproche de quelque 40°. Au gré du déroulement du
processus d'affinage, il est également possible d'adopter un angle de déflection A
bien déterminé et de le garder constant.
[0010] Notons que pour avoir l'effet désiré il est avantageux, mais pas absolument nécessaire,
d'utiliser un convergent en amont du plan 12 qui accélère le gaz à la vitesse sonique.
Il est également avantageux d'un point de vue de l'écoulement du fluide, mais pas
essentiel, que le conduit 5 débouche sans variation de direction dans la partie réglée
de la tuyère 11 en amont de l'arête 16. Il faut uniquement prévoir en amont de l'arête
une paroi, le long de laquelle le gaz peut s'écouler en ligne droite et assurer qu'il
possède une vitesse sonique au niveau de l'arête; à la limite on peut imaginer l'emploi
de tuyères à section constante, alimentées sous une pression telle que le gaz se
trouve à vitesse sonique à l'approche de l'embouchure 3, la paroi 7 définissant un
simple coude à 90°.
[0011] Etant donné que la vitesse à laquelle le jet sort de l'embouchure 3 est habituellement
sonique ou supersonique, il existe un danger latent que le jet n'arrive jusqu'aux
parois du convertisseur et ne dégrade le matériau réfractaire. Il faut par conséquent
impérativement éviter de former un jet "pénétrant". Ceci peut se faire en variant
en continu l'inclinaison du jet, les turbulences qui en résultent dans le convertisseur
étant peu favorables à un déplacement de jet en ligne droite ou bien en choisissant
une hauteur d'embouchure très faible, de l'ordre d'un cm, un jet mince étant freiné
sur distance relativement courte par l'atmosphère agitée environnante. La première
solution met en oeuvre des quantités substantielles d'oxygène, mais exclut un fonctionnement
sous inclinaison constante.
[0012] L'invention a été exposée à l'aide d'embouchures allongées disposées normalement
à l'axe de la lance. On peut tout aussi bien disposer les embouchures de manière oblique
par rapport à l'axe pour avoir p.ex. des interactions entre les différents jets, entraînant
un brassage localisé de l'atmosphère; on peut également provoquer un effet de brassage
en choisissant une arête courbée au lieu de la prendre rectiligne. Pareillement, l'arête
16, au lieu d'être disposée de manière à provoquer une déviation du jet vers le haut,
peut, après modification adéquate des conduits 5 d'amenée d'oxygène, être disposée
de manière à provoquer une déviation du jet vers le bas.
1. Tuyère (11) pour lance d'affinage (1) et en particulier tuyère pour fournir l'oxygène
de postcombustion à l'espace se trouvant au-dessus d'un bain métallique en voie d'affinage,
située dans le prolongement d'un conduit d'amenée de gaz (5), muni d'une vanne (8)
régulatrice de pression, caractérisée en ce qu'elle comporte une paroi réglée le long
de laquelle le gaz s'écoule en ligne droite et aboutit à une arête (16), de préférence
aiguë, constituant une partie de l'embouchure (3) et une paroi coudée (7) reliant
le reste de l'embouchure, sensiblement situé dans le prolongement de ladite partie
réglée, au conduit (5).
2. Tuyère selon la revendication 1, caractérisée en ce que la paroi coudée (7) forme
un divergent.
3. Tuyère selon la revendication 1, caractérisée en ce que la paroi coudée (7) forme
en amont de l'arête (16) un convergent, et en aval un divergent.
4. Tuyère selon la revendication 3, caractérisée en ce que la paroi coudée (7) forme
un col, immédiatemment en amont de l'arête (16).
5. Tuyère selon la revendications 1 à 4, caractérisée en ce que ladite arête (16)
est rectiligne.
6. Tuyère selon la revendication 5, caractérisée en ce que l'embouchure (3) esquisse
la forme d'un rectangle aplati dont l'un des côtés longs constitue ladite arête (16).
7. Tuyère selon la revendication 6, caractérisée en ce que le rectangle a une hauteur
de l'ordre de 1 cm.
8. Tuyère selon la revendications 5, caractérisée en ce qu'un plan passant par ladite
arête (16) est normal à l'axe de la lance (1).
9. Tuyère selon la revendication 1, caractérisée en ce que la paroi réglée est formée
par une partie de la face interne du manteau extérieur (4), de forme sensiblement
cylindrique, de la lance (1).