[0001] La présente invention a pour objet un procédé et un dispositif d'emboutissage de
tôles, notamment de tôles d'acier extra-minces de grandes dimensions utilisables
par exemple dans l'industrie automobile, ou comportant des formes présentant des
angles de dièdre relativement fermés.
[0002] Le développement des calculs informatisés notamment chez les constructeurs automobiles
dans le domaine de la conception des structures de carrosserie des véhicules, particulièrement
par des méthodes d'analyse, telle que celle dite des "éléments finis" a permis de
réduire de façon importante, le temps passé à la conception des pièces, tout en approchant
au plus près le comportement sous contrainte de celles-ci. Il est donc théoriquement
possible d'optimiser les formes et les épaisseurs des tôles en fonction du degré de
sollicitation.
[0003] La limite inférieure des épaisseurs est néanmoins limitée par les techniques actuelles
d'emboutissage, qui ne permettent pas d'utiliser, dans la dimension des pièces de
carrosserie, des tôles d'acier dont l'épaisseur est inférieure à 55/100 mm environ,
à cause du déchirement qui apparaît dans les zones soumises à un étirage ou du plissement
dans les zones soumises à rétreint, de la tôle d'emboutissage.
[0004] L'emboutissage des pièces de grandes dimensions se fait habituellement par étirage
avec des presses à double effet, mécaniques ou hydrauliques. Ces appareils comportent
essentiellement une matrice fixe et deux coulisseaux indépendants, un coulisseau central,
appelé piston plongeur portant un poinçon, et un coulisseau extérieur réservé aux
opérations de serre-flan, c'est-à-dire maintien suffisant permettant par réaction
l'étirage sous le poinçon. Les mouvements sont généralement les suivants : (1) descente
rapide du serre-flan qui maintient une pression constante sur la tôle et l'empêche
ainsi de se déplacer ; (2) descente rapide du poinçon jusqu'à mise en contact avec
la tôle, puis (3) descente lente du poinçon pendant la phase d'emboutissage, sous
étirage proprement dit ; et (4) remontée rapide du coulisseau central entrainant le
serre-flan dans son ascension.
[0005] Ce procédé classique est illustré par le brevet FR 756.767 dans lequel l'ensemble
de l'emboutissage se fait par étirage, donc diminution d'épaisseur de la tôle. Il
apparaît que ce procédé classique ne permet pas l'emboutissage des tôles extra-minces
(épaisseur < 50/100 de millimètres) car la rigidité de la matrice et du poinçon ainsi
que le serrage de la tôle par le serre-flan généreraient des déformations non homogènes
se traduisant dans certaines zones par des allongements susceptibles de provoquer
un amincissement excessif compte tenu de la faible épaisseur initiale de la tôle
et dans d'autres zones par des rétreints tendant à provoquer un épaississement de
la tôle, qui conduisent en pratique à la formation de plis du fait de sa faible résistance
au flambage (résistance évoluant en fonction du carré des épaisseurs). De plus,
les variations de contraintes localisées dues à la forme de la pièce et aux tolérances
de réalisation des outillages occasionnent des déchirures. Pour remédier au problème
de la formation des plis, le brevet français ci-dessus propose ainsi des moyens logés
dans le serre-flan qui assurent en eux-mêmes, un étirage supplémentaire de la tôle
dans les zones ou son étirage est insuffisant par rapport à celui exercé par le poinçon
dans les autres zones.
[0006] Ces difficultés sont également rencontrées lors de la réalisation de volumes anguleux
pour des tôles relativement plus épaisses et bien évidemment aggravées pour des tôles
extra-minces.
[0007] On connaît également un procédé dit "procédé Guerrin" selon lequel on forme au moyen
d'un poinçon une feuille de tôle reposant sur une masse d'élastomère ayant une dureté
shore élevée d'environ 90 compte tenu du fait qu'il faut, pour obtenir une précision
dans l'obtention de la pièce, assurer le plaquage du flan de tôle sur le poinçon.
Cependant, ce procédé a pour principal inconvénient de consommer une énergie importante.
En effet, à l'énergie nécessaire au formage du flan de tôle, s'ajoute celle nécessaire
à la formation de l'empreinte correspondant à la forme de la pièce dans la masse d'élastomère
plus les frottements de celui-ci sur toute la surface de la pièce pendant l'opération
de formage.
[0008] Ceci exclut la possibilité de réalisations de pièces de grandes dimensions obtenues
par ce procédé sur les presses existantes.
[0009] De plus, ce procédé n'évite pas la formation de plis, les gradients de pressions
générés par la déformation de l'élastomère diminuant au fur et à mesure que l'on
approche de la surface supérieure de la masse d'élastomère, surtout pour la réalisation
de formes anguleuses, la tôle étant insuffisamment tenue à sa périphérie en raison
du travail sur presse simple effet.
[0010] Enfin, on connaît un procédé de formage utilisant un fluide sous pression pour former
des formes simples du type hémisphérique. Cependant cette technique n'est pas utilisable
pour des formes compliquées car il est alors nécessaire de plaquer la tôle contre
la matrice, ce qui ne peut être obtenu par cette technique.
[0011] C'est pourquoi, malgré les récents progrès importants des caractéristiques mécaniques
des tôles d'acier à haute limite élastique, il n'a pas été possible de fabriquer
des pièces de carrosserie ou autres en tôle extra-mince.
[0012] Le but de l'invention est donc de fournir une technologie permettant d'emboutir des
feuilles métalliques présentant des volumes anguleux et notamment des tôles d'acier
extra-minces (< 50/100 mm), en grande série et dans des conditions économiques compétitives.
Par tôles d'acier à haute limite élastique (HLE), on entend des aciers pour lesquels
E > 350 MPa.
[0013] L'invention a donc pour objet un procédé d'emboutissage de tôles à épaisseur sensiblement
constante, sur une presse à double effet, selon lequel on dispose la tôle à former
sur un support, on applique un premier coulisseau extérieur ou serre-flan sur la partie
périphérique de la tôle, puis on applique un deuxième coulisseau central sur la partie
centrale de la tôle, caractérisé en ce qu'on forme la partie périphérique de cette
tôle, en la laissant glisser sous le serre-flan, à l'aide d'au moins une partie active
du coulisseau extérieur de façon à compenser dans certaines zones de la pièce finie
les surfaces excédentaires, à épaisseur inchangée de la tôle de départ, par rapport
au volume à former et simultanément on déplace le coulisseau central pour conformer
les volumes anguleux de la partie centrale de la tôle par application de la tôle
contre les surfaces de la partie centrale du support.
[0014] Ainsi l'invention repose sur le principe de l'égalité des surfaces du flan de tôle
plane initiale et l'ébauche conformée correspond rigoureusement à la forme de la pièce
emboutie désirée, augmentée des surfaces périphériques excédentaires conformées sous
serre-flan, conditionnant ainsi le maintien à épaisseur sensiblement constante de
la tôle d'égalité des contraintes.
[0015] L'invention a également pour objet un dispositif d'emboutissage du type comprenant
un support sur lequel est posée la tôle à former, un premier coulisseau extérieur
ou serre-flan et un deuxième coulisseau central, caractérisé en ce que le premier
coulisseau extérieur comporte au moins une partie active en relief dont la forme correspond
à la surface excéden-taire de la tôle à épaisseur sensiblement constante par rapport
au volume à former, cette partie active agissant sur la partie phériphérique de la
tôle simultanément et en relation avec l'action du coulisseau central.
[0016] La partie active en relief du coulisseau extérieur est portée par un élément mobile
en translation indépendant du coulisseau extérieur, qui coopère avec une forme complémentaire
ménagée dans le support.
[0017] L'invention est exposée ci-après plus en détail à l'aide des dessins annexés, qui
en représentent un mode de réalisation sur ces dessins :
- les Fig. 1 à 10 sont des vues schématiques en coupe de trois variantes du dispositif
d'emboutissage selon l'invention, au cours des étapes successives du formage d'une
pièce;
- la Fig. 11 est une vue en perspective d'une pièce parallèlépipède formée selon l'invention;
et
- les Fig. 12 et 13 en sont deux vues partielles en coupe de la pièce de la Fig.
11.
- les Fig. 14 et 15 sont deux vues schématiques montrant respectivement une feuille
rectangu laire plane et une pièce parallèlépipède formée de manière classique par
pliage.
[0018] Selon une première variante représentée aux Fig. 1 à 4, le dispositif de la Fig.
1 en position avant formage, comprend les éléments constitutifs habituels d'une presse
à double effet, et par conséquent seule la partie relative à l'invention est représentée.
[0019] Un coulisseau extérieur ou serre-flan 1 portant une partie périphérique 10 et un
coulisseau central 2 formant poinçon sont en position haute, tandis que le flan de
tôle 7 à former est posé sur un support 4 formant matrice. La partie périphérique
10 comporte dans ses angles des parties actives en relief 11 portées par éléments
ou chandelles 30 mobiles en translation dans des logements correspondants ménagés
dans le serre-flan 1. Les parties actives en relief 11 ont une forme appropriée qui
correspond à la surface excédentaire par rapport au volume à former de la pièce que
l'on désire réaliser, par exemple telle qu'illustrée à la Fig. 11.
[0020] Le support 4 en un matériau dur, par exemple métallique, forme la matrice et comporte
une partie périphérique 31 dans laquelle sont ménagées des parties en creux 32 correspondant
à la forme complémentaire des parties actives en relief 11 des chandelles 30. La
partie centrale 33 du support 4 constitue le fond de matrice et présente la forme
de la pièce finie dans sa zone centrale.
[0021] La partie périphérique 10 du coulisseau extérieur 1 comporte sur ses bords extérieurs
des cales d'épaisseur 34 prenant appui sur la partie périphérique 31 du support 4
de façon à permettre, bien que le flan de tôle 7 soit maintenu, le déplacement par
glissement de l'excès de matière dans les parties coopérantes 11, 32.
[0022] L'étape de la Fig. 1 constitue l'étape de mise en place du flan de tôle 7, le coulisseau
extérieur du serre-flan 1 étant relevé ainsi que les éléments mobiles 30 et le coulisseau
central 2.
[0023] La Fig. 2 représente l'étape de mise en contact du serre-flan avec la tôle 7, par
descente du coulisseau extérieur 1 et du poinçon 2. Au cours de cette étape, les éléments
mobiles 30 ne bougent pas et s'escamotent dans le serre-flan par rapport à leur position
initiale en saillie, de sorte que la tôle n'est sollicitée par aucune déformation
et ne subit que l'opération de serrage contrôlé à sa périphérie par le serre-flan.
[0024] La Fig. 3 illustre un stade de conformation active de la pièce, dans lequel on observe
une descente simultanée et en relation l'un avec l'autre des éléments mobiles 30
et du poinçon 2 de façon à absorber progressivement l'excès de surface dans certaines
zones de la pièce à former grâce à la partie active 11 et sa partie complémentaire
32, tout en maintenant la tôle tendue sur le poinçon par glissement contrôlé sous
le serre-flan.
[0025] Au stade de la Fig. 4, la partie active du poinçon est parvenue au fond de la matrice
33 et les éléments mobiles 30 ont également leurs parties actives 11 qui coopèrent
avec les parties complémentaires 32 en enserrant la tôle 7 et en ayant ainsi absorbé
les surfaces excédentaires de tôle par rapport au volume de la pièce finie à former,
évitant ainsi la formation de plis, de rétreints ou d'amincissements en quelque point
que ce soit de l'épaisseur de la tôle.
[0026] Le dispositif représenté aux Fig. 5 à 9 illustre une seconde variante du procédé
et du dispositif selon la présente invention dans lequel le mou vement relatif simulané
et coordonné des parties actives en relief 11 du coulisseau périphérique 1 et du
coulisseau central 2 est obtenu.
[0027] Le dispositif de la Fig. 5 en position avant formage, comprend les éléments constitutifs
habituels d'une presse à double effet qui ont déjà été décrits et portent les mêmes
références que précédemment. Le coulisseau extérieur ou serre-flan 1 porte une partie
périphérique 10 formant matrice qui présente dans ses angles une forme appropriée
en relief 11 venue de matière avec la matrice périphérique 10 (cette forme en relief
11 correspond à la surface excédentaire par rapport au volume à former de la pièce
que l'on désire réaliser, par exemple telle qu'illustrée à la Fig. 11) et sa surface
active est soigneusement polie afin de permettre le déplacement de l'excès de matière
lors du formage; cette surface active peut aussi être traitée pour faciliter le glissement
de la matière.
[0028] Le coulisseau central 2 porte un fond de matrice 2a et se trouve en position relevée,
tandis que le flan de tôle 7 à former est posé au centre d'un support 4 disposé dans
un conteneur 3 (plateau). Dans ce cas il convient de noter une inversion des rôles
matrice-poinçon qui apparaîtra dans la description ci-après de ce mode de réalisation.
En effet le support en une matière élastique facilement fluable joue par déformation
le rôle de poinçon.
[0029] Le support 4 est constitué par un élastomère ayant une dureté shore inférieure à
30 et de préférence inférieure à 10, une caractéristique très importante résidant
dans le temps de retour rapide du matériau (de préférence inférieur à 1 seconde) à
sa forme initiale. On peut, par exemple, utiliser une mousse de caoutchouc naturel
ayant une dureté shore d'environ 15 et ayant un temps de déformation très court de
l'ordre de 1 s. Il est aussi possible d'utiliser d'autres gels ou mousses classiques
ayant de préférence une grande plasticité, par exemple des élastomères de silicone,
ou des mousses alvéolaires dont les alvéoles peuvent être remplis de liquide.
[0030] On peut également utiliser un support composite constitué d'une masse sensiblement
parallèlépipèdique à base d'un élastomère de silicone ayant une dureté shore de 10
à 20, recourvert sur sa face supérieure et sur sa totalité ou une partie de ses faces
latérales d'une peau relativement mince (par exemple de 10 à 15 mm) et d'un matériau
plus résistant et plus dur tel q'une silicone de dureté shore 50 ou du téflon ayant
des propriétés antifriction favorables.
[0031] Des organes rétractables 5 (chandelles ou vessies glonflables) font saillie dans
l'élastomère servant de support 4, et leur volume inséré représente approximativement
le volume de détente de l'élastomère après le formage.
[0032] Le support 4 est recouvert d'une feuille de matière plastique 8, par exemple de "Teflon",
interposée entre la tôle 7 et l'élastomère, qui peut être le cas échéant collée ou
soudée à l'élastomère et qui a pour but principal de faciliter le glissement de la
tôle lors du formage, mais elle peut de plus servir à la protection de l'élastomère
comme indiqué dans la structure composite précédente.
[0033] Le support 4 comporte des conduits 6 permettant la circulation d'un fluide de refroidissement
tel que l'air comprimé. D'autres conduits 9, notamment lorsque de l'air comprimé est
utilisé, peuvent servir au décollage de la pièce finie. Pour le refroidissement de
la masse de support 4, on peut également pré voir des fils métalliques noyés ou une
charge en poudre métallique améliorant la conductibilité thermique.
[0034] La Fig. 6 représente l'étape de pré-formage de la pièce. On fait descendre le coulisseau
serre-flan 1 portant la matrice périphérique 10. Celle-ci entre en contact avec le
flan de tôle 7 qui comprime par réaction le support d'élastomère 4. L'élastomère,
sous l'effet de cette action de compression périphérique agit par fluage sur la zone
centrale du flan de tôle et provoque sa déformation.
[0035] Le gonflement de la partie centrale du flan de tôle est limité par le fond de matrice
2a fixé au coulisseau central 2 afin d'éviter les déformations erratiques incontrôlées
dues à l'anisotropie du métal ou à des formes de pièces dissymétriques. Selon une
des caractéristiques de l'invention, la descente du coulisseau serre-flan 1 portant
la matrice périphérique 10 est limitée par des butées mécaniques réglables 12, 16
de façon telle que la déformation dans sa partie centrale du flan de tôle donne une
surface sensiblement égale à celle de la pièce finie à obtenir.
[0036] La Fig. 7 représente l'étape de conformation finale de la pièce. Le coulisseau central
2 portant le fond de matrice 2a descend à sa position basse et provoque le formage
final de la partie centrale de la tôle 7, préformée au cours de l'opération précédente.
[0037] Les contraintes de compression dues à l'appui du fond de matrice 2a sur le sommet
de la tôle se transforment par l'action de l'élastomère 4, agissant sur la face opposée
de la tôle, en contraintes de traction exercées sur toute sur la surface de la tôle
non compensée par la présence du fond de matrice 2a et, provoquent le déplacement
de cette tôle dans tout le volume disponible.
[0038] Ces contraintes (compression, traction) tendent ainsi à s'annuler (au rendement près
de l'élastomère) permettant ainsi la réalisation finale de la pièce avec un minimum
de variation d'épaisseur. Ces conditions sont nécessaires dans le cas particulier
du formage des tôles extra-minces.
[0039] La Fig. 8 représente l'étape de décompression du support d'élastomère 4 par retrait
des chandelles 5. Cette opération a pour but d'éviter la déformation de la pièce
emboutie par réaction de détente de l'élastomère.
[0040] La Fig. 9 représente l'étape de libération de la pièce formée 7, par remontée simultanée
des deux coulisseaux 1 et 2 portant les matrices. Pour limiter l'échauffement du support
d'élastomère 4, notamment lors du travail en série, on fait circuler de l'air comprimé
dans les conduits 6. Le refroidissement du support 4 peut aussi être effectué lors
de l'étape précédente de décompression (Fig. 8). Par ailleurs, de l'air comprimé est
envoyé par les conduits 9 pour permettre le décollage de la pièce 7.
[0041] Selon une variante mixte représentée à la Fig. 10 le coulisseau extérieur ou serre-flan
1 est du type illustré par la première variante, à savoir, il comporte des parties
actives en relief 11 portées par des éléments mobiles en translation dans des logements
ménagés dans le serre-flan 1.
[0042] En regard de ces parties mobiles 11, sont ménagés des alvéoles 40 remplis d'un matériau
élastomère 41 relativement dur dans lequel viendra se former l'empreinte complémentaire
des parties actives en relief 11 agissant au travers de la tôle 7 qui gardera ainsi
dans les angles la forme correspondant à la sur face excédentaire de la tôle par
rapport au volume à former.
[0043] Lors du formage de la partie centrale du flan de tôle sous l'effet du coulisseau
central 2 formant poinçon, les éléments mobiles 30 descendent simultanément et en
relation avec le mouvement du poinçon de façon à obtenir le même effet que celui
décrit pour la première variante.
[0044] La Fig. 11 représente un exemple de réalisation selon l'invention d'une pièce en
tôle d'acier HLE E=60 kg/mm² de 40/100 mm, ayant sensiblement la forme d'un parallèlépipède
rectangle de 1,5 m² de surface. Deux vues en coupe selon les lignes 12 et 13 permettent
de voir que les surfaces excédentes de matière, lors du formage du coin 13, ont été
déplacées vers la base 13a de l'angle de la pièce d'une manière correspondante aux
formes en relief 11 de la matrice périphérique 10. Par la suite une opération de détourage
de la pièce permet d'éliminer les bords indésirables 15 et de lui donner sa forme
définitive.
[0045] En effet on peut réaliser un parallèlépipède rectangle (tel que représenté à la Fig.
11) en partant d'une feuille rectangulaire plane (représentée à la Fig. 14) par pliage
(Fig. 15) à la condition de découper un carré 50 à chaque angle de la feuille.
[0046] Mais, pour réaliser cette pièce en emboutissage, ce carré 50 existe et représente
de la matière en excédent. Or le but visé par la présente invention est d'éviter la
formation de toute surépaisseur ou amincissement qui risquerait de générer des plis
ou des déchirures notamment dans les tôles ultra-minces présentant en particulier
des volumes anguleux profonds.
[0047] La technique de réalisation des angles d'un volume embouti décrite ci-dessus constitue
une solution à ce problème.
[0048] En effet, la matrice d'emboutissage possède à chacun de ses angles une forme appropriée
en relief 11 qui va former en creux à la base de chacun des angles de la pièce à obtenir
une forme concave progressive de surface équivalente à l'excédent de matière, par
exemple, le carré 50 mentionné au paragraphe précédent (formage d'un parallèlépipède
rectangle).
[0049] Les contraintes de compression dues à l'excédent de matière généré par la forme
de la pièce se trouve donc compensées par des contraintes de traction équivalentes
générées par la forme de l'outil (absorption de l'excédent de matière).
[0050] Le procédé selon l'invention permet ainsi :
- de limiter au maximum l'amincissement du flan de tôle malgré sa faible épaisseur
initiale;
-d'éviter les concentrations de contraintes; et
- de réaliser le formage des angles sans formation de plis.
[0051] De plus, le dispositif selon l'invention est adaptable sur les presses à double effet
existantes.
[0052] L'invention peut s'avérer particulièrement utile pour la réalisation en tôle d'acier
ultra-mince de pièces de carrosserie d'automobiles, de fuselage d'avions, etc ; mais
elle peut aussi s'appliquer à l'emboutissage de feuilles plus épaisses de divers métaux.
[0053] En outre on peut noter, dans le cas du mode de réalisation de l'emboutissage sur
coussin d'élastomère, que l'état de surface de la face de la tôle en contact avec
l'élastomère est intégralement conservé, de sorte qu'il est envisageable de former
des tôles préalablement revêtues sans blesser la pellicule de revêtement superficiel
lors de l'emboutissage, même s'il s'agit d'une pellicule de peinture, de colle ou
de tout autre revêtement organique.
1. Procédé d'emboutissage de tôles à épaisseur sensiblement constante, sur une presse
à double effet, selon lequel on dispose la tôle à former sur un support (4), on applique
un premier coulisseau extérieur ou serre-flan (1) sur la partie périphérique de la
tôle (7), puis on applique un deuxième coulisseau central (2) sur la partie centrale
de la tôle, caractérisé en ce qu'on forme la partie périphérique de cette tôle en
la laissant glisser sous le serre-flan à l'aide d'au moins une partie active (11)
du coulisseau extérieur de façon à compenser dans certaines zones de la pièce finie
les surfaces excédentaires, à épaisseur inchangée de la tôle de départ, par rapport
au volume à former et simultanément on déplace le coulisseau central (2) pour conformer
les volumes anguleux de la partie centrale de la tôle par application de la tôle contre
les surfaces le la partie centrale (33) du support (4).
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'on prévoit sur la partie
active du coulisseau extérieur (1) et sur le support (4) des moyens anti-friction.
3. Dispositif d'emboutissage du type comprenant un support (4) sur lequel est posée
la tôle (7) à former, un premier coulisseau extérieur ou serre-flan (1) et un deuxième
coulisseau central (2), caractérisé en ce que le premier coulisseau extérieur (1)
comporte au moins une partie active (11) en relief dont la forme correspond à la surface
excédentaire, à épaisseur sensiblement constante, de la tôle par rapport au volume
à former, cette partie active agissant sur la partie périphérique de la tôle simultanément
et en relation avec l'action du coulisseau central (2).
4. Dispositif selon la revendication 3, caractérisé en ce que la partie active en
relief du coulisseau extérieur est portée par un élément (30) mobile en translation
indépendant du coulisseau extérieur (1), qui coopère avec une forme complémentaire
(32, 41) ménagée dans le support (4).
5. Dispositif selon la revendication 3, caractérisé en ce que le support (4) et la
partie active du coulisseau ont des propriétés anti-friction.
6. Dispositif selon l'une quelconque des revendications 3 à 5, caractérisé en ce
qu'il est prévu des moyens de décollage (9) de la pièce finie du support (4).