[0001] La présente invention concerne un dispositif pour la coulée d'un métal, en particulier
de l'acier, en phase pâteuse dans une lingotière de coulée continue.
[0002] Dans la description qui suit, il sera fait particulièrement référence à l'acier.
Il ne s'agit évidemment que d'un exemple destiné à illustrer l'invention, car celle-ci
est également applicable à tout métal liquide répondant aux conditions énoncées dans
la présente demande de brevet.
[0003] La coulée continue de l'acier consiste essentiellement à alimenter en acier, en continu,
une lingotière de forme appropriée destinée à former un lingot appelé brame, bloom
ou billette, selon les dimensions qu'il présente. L'acier commence à se solidifier
au contact des parois refroidies de la lingotière, et il est extrait par le bas de
celle-ci sous la forme d'un lingot dont la peau est solidifiée sur une certaine épaisseur
et dont le coeur encore liquide se solidifie ultérieurement de façon progressive.
[0004] L'acier qui est ainsi coulé en continu provient d'un récipient tel qu'une poche de
coulée ou, le plus souvent, un panier répartiteur, qui est muni, à sa partie inférieure,
d'un dispositif de coulée généralement appelé "busette de coulée". Habituellement,
ce dispositif se compose essentiellement d'une brique réfractaire dans laquelle est
ménagé le trou de coulée et qui est équipée d'un système approprié de réglage ou
d'interruption du jet de coulée.
[0005] La coulée continue décrite ci-dessus est connue et mise en oeuvre depuis longtemps.
[0006] On connaît également les défauts spécifiques auxquels elle peut donner lieu, tels
que divers types de ségrégation, qui sont fortement influencés par la température
de coulée de l'acier.
[0007] Habituellement, la température de l'acier dans la poche de coulée ou dans le panier
répartiteur est assez nettement supérieure à sa température de début de solidification,
c'est-à-dire à sa température de liquidus. Cette différence de température, appelée
surchauffe, est généralement de l'ordre de 20°C à 40°C, et fréquemment voisine de
35° C.
[0008] Cette surchauffe de l'acier en poche ou en panier répartiteur est soumise à deux
conditions contradictoires qui sont également bien connues des spécialistes. D'une
part, il est souhaitable d'opérer avec une surchauffe aussi faible que possible, pour
diminuer les risques d'hétérogénéités liées aux ségrégations lors de la solidification.
D'autre part, une diminution trop importante de la surchauffe entraîne une augmentation
de la quantité d'acier perdu sous la forme de fond de poche ou de panier répartiteur,
ainsi qu'une diminution de la vitesse de décantation des inclusions.
[0009] On connaît par ailleurs les avantages que présente la coulée de l'acier en phase
pâteuse. Cette technique permet d'obtenir des structures fines et homogènes qui réduisent
nettement les ségrégations, et en particulier la ségrégation axiale dans les produits
coulés. Elle permet également d'augmenter la vitesse de coulée en réduisant les risques
de percées.
[0010] Par l'expression "coulée en phase pâteuse", il faut comprendre, au sens de la présente
invention, que l'acier contenu dans la poche ou le panier de coulée se trouve à sa
température usuelle de surchauffe, et qu'il est refroidi pendant son passage de cette
poche ou de ce panier de coulée à la lingotière. Ce refroidissement est tel qu'à son
entrée dans la lingotière, l'acier se trouve à une température comprise dans son intervalle
de solidification, c'est-à-dire entre ses températures de liquidus et de solidus.
Il en résulte que l'acier contient à ce mo ment une certaine fraction solide constituée
de particules solidifiées entraînées par le reste de l'acier, qui est liquide, et
que l'acier se trouve alors globalement en phase pâteuse. Cette technique de coulée
est décrite notamment dans la demande EP-A-0089196.
[0011] L'objectif de la présente invention est de proposer un dispositif particulier permettant
de créer des conditions qui conduisent à l'apparition d'une phase pâteuse dans le
métal, en particulier dans l'acier, au cours de son trajet entre la poche ou le panier
de coulée d'une part et la lingotière de coulée continue d'autre part.
[0012] Le dispositif pour la coulée d'un métal en phase pâteuse, qui fait l'objet de la
présente invention, qui comprend entre un récipient de coulée muni d'une busette et
une lingotière de coulée continue, un canal refroidi dont l'extrémité amont, par
rapport au sens d'écoulement du métal, est raccordée à la sortie de ladite busette
et dont l'extrémité aval est pourvue de moyens d'introduction du métal liquide dans
ladite lingotière, est essentiellement caractérisé en ce que lesdits moyens d'introduction
comprennent un conduit dont l'extrémité inférieure se termine par un ajutage dont
le diamètre de la section de sortie est inférieur au diamètre de la busette. Cette
disposition permet de créer, à la sortie de cet ajutage, une perte de charge qui entraîne
le remplissage du conduit vertical par de l'acier liquide.
[0013] Corrélativement, ce conduit vertical présente une longueur suffisante pour constituer
une colonne d'acier liquide appliquant à la sortie de l'ajutage une pression ferrostatique
capable d'assurer à l'ajutage un débit égal au débit de la busette.
[0014] En outre, les caractéristiques géométriques desdits moyens d'introduction de l'acier
liquide dans la lingotière sont telles que l'acier liquide ne remplit pas entièrement
l'espace intérieur dudit canal.
[0015] De façon connue en soi, ledit canal est incliné par rapport à l'horizontale d'un
angle compris entre 5° et 80° , sa section de sortie étant située à un niveau inférieur
à celui de sa section d'entrée.
[0016] Cet angle d'inclinaison doit être d'au moins 5° , afin d'éviter que l'acier liquide
se fige dans le canal; il ne dépasse cependant pas 80°, de façon à permettre le refroidissement
désiré de l'acier.
[0017] Au sens de la présente demande, il faut comprendre que le canal incliné sur l'horizontale
est de préférence rectiligne et que la lingotière est horizontalement écartée de
la busette d'une distance correspondant à la longueur de ce canal. Il ne sortirait
cependant pas du cadre de l'invention de donner à ce canal toute autre configuration,
par exemple une forme annulaire, permettant de rapprocher la lingotière de la busette
et éventuellement de ramener la lingotière sous la busette, en alignement suivant
un axe vertical commun. Une telle configuration présenterait l'avantage supplémentaire
de réduire l'encombrement transversal du dispositif.
[0018] Egalement selon l'invention, le dispositif de coulée comprend des moyens pour introduire
un gaz de protection à l'intérieur dudit canal.
[0019] En particulier, ces moyens consistent en au moins une ouverture pratiquée au voisinage
de l'extrémité aval dudit canal; cette ouverture est raccordée, par des moyens connus
en soi, à une source de gaz de protection tel que l'argon.
[0020] Le gaz de protection introduit par ladite ouverture assure un balayage de la partie
de l'espace intérieur du canal qui n'est pas occupée par l'acier liquide. L'acier
liquide se trouve ainsi protégé de tout contact avec l'air ambiant pendant qu'il
parcourt le canal et il ne court dès lors pratiquement aucun risque d'oxydation.
[0021] En outre, le dispositif de l'invention comporte avantageusement des moyens pour faire
varier la pression dudit gaz à l'intérieur dudit canal, afin de régler le débit de
métal pendant la coulée.
[0022] Selon une première variante de l'invention, ledit canal est constitué par un conduit
tubulaire présentant une section intérieure supérieure à la section de sortie de ladite
busette. La section intérieure dudit canal est avantageusement au moins double de
la section de sortie de la busette. Cette différence de section permet de réduire
les risques de colmatage du canal par du métal solidifié.
[0023] Ce conduit tubulaire peut être un tube d'acier énergiquement refroidi à l'eau. Il
doit alors être remplacé fréquemment pour éviter les risques d'explosion en cas de
percée du tube et de contact entre l'acier liquide et l'eau de refroidissement.Ce
conduit tubulaire peut également être constitué d'un autre matériau, résistant à
l'érosion par l'acier liquide, tel qu'un matériau fritté; dans ce cas, le conduit
tubulaire est plus coûteux qu'un tube d'acier, mais son remplacement sera moins fréquent.
[0024] Selon une deuxième variante de l'invention, ledit canal présente une section ouverte
et il est pourvu intérieurement d'un garnissage en matériau réfractaire.
[0025] Selon une intéressante mise en oeuvre de cette variante, le canal est constitué d'un
chenal pourvu d'un garnissage en matériau réfractaire et d'une voûte étanche aux gaz
équipée de moyens d'introduction et d'évacuation d'un agent gazeux, tel qu'un gaz
protecteur.
[0026] Cette voûte est destinée à empêcher tout contact de l'acier liquide avec l'air ambiant,
et à délimiter, au-dessus de l'acier liquide, un espace dans lequel peut circuler
un gaz protecteur tel que l'argon.
[0027] Egalement selon l'invention, cette voûte est pourvue extérieurement, sur au moins
une partie de sa longueur, de moyens de refroidissement par air, en particulier d'ailettes
de refroidissement.
[0028] Ces ailettes et, de façon plus générale, ces moyens de refroidissement par air sont
avantageusement entourés d'une enveloppe dans laquelle on fait circuler, en particulier
entre les ailettes, un courant d'air à débit réglable permettant de faire varier l'intensité
dudit refroidissement.
[0029] La section transversale du canal peut présenter une forme quelconque sans sortir
du cadre de la présente invention.
[0030] En particulier, il s'est avéré intéressant que le canal soit constitué de deux parois,
de préférence planes, se coupant suivant une arête longitudinale.
[0031] Dans cette modalité de l'invention, les parois du canal peuvent avantageusement
former un angle compris entre 45° et 135° , et de préférence voisin de 90°. Au cas
où lesdites parois ne seraient pas planes, cet angle serait celui que formeraient
les plans tangents aux parois le long de ladite arête longitudinale.
[0032] Le canal est habituellement disposé de telle façon que son plan bissecteur soit
vertical; il peut toutefois subir une rotation autour d'un axe parallèle à l'arête
longitudinale précitée de façon à faire varier la surface d'acier liquide sujette
au refroidissement par rayonnement.
[0033] Selon une réalisation particulière de cette variante, ledit canal comporte une paroi
longitudinale supplémentaire, sensiblement verticale, disposée à l'intérieur du canal
où elle se raccorde au fond et où elle peut être déplacée transversalement de façon
à faire varier la section de passage dudit canal.
[0034] Grâce à cette paroi mobile, il est possible soit de faire varier la surface d'acier
liquide sujette au refroidissement par rayonnement soit de couler l'acier avec des
débits différents tout en conservant une même hauteur d'acier liquide dans le canal.
[0035] Selon une autre réalisation particulièrement intéressante de cette variante, au
moins une région du fond dudit canal est constituée d'un matériau présentant une conductibilité
calorifique élevée, ladite région du fond du canal est soumise à un refroidissement
intense et au moins une partie de ladite région n'est pas garnie de matériau réfractaire.
[0036] Cette région est avantageusement située à proximité de l'extrémité amont dudit canal.
Elle est de préférence constituée par une plaque d'un matériau présentant une conductibilité
calorifique élevée, en particulier de cuivre, ladite plaque étant pourvue de moyens
de refroidissement à l'eau. l'interruption du garnissage réfractaire dans ladite
région laisse normalement celle-ci sans protection. Il peut néanmoins s'avérer avantageux
d'y déposer une fine pellicule d'un matériau réfractaire en particulier de ZrO₂,
afin d'abaisser la température de travail du cuivre en ne réduisant que très faiblement
l'efficacité et l'intensité du refroidissement.
[0037] Dans le cadre de cette réalisation particulière, la partie de ladite région qui ne
comporte pas de garnissage réfractaire forme une zone s'étendant de préférence sur
toute la largeur du fond du canal.
[0038] Il ne sortirait cependant pas du cadre de la présente invention de limiter l'étendue
transversale de cette zone à une fraction de la largeur du fond du canal, ou de fractionner
cette zone en une pluralité de zones partielles réparties selon la largeur du fond
du canal et séparées par des passerelles en matériau réfractaire.
[0039] Le dispositif de l'invention peut encore comporter des moyens de réglage de l'inclinaison
du canal, permettant de tenir compte de facteurs tels que la composition et la température
du métal à couler pour assurer l'obtention de la phase pâteuse désirée.
[0040] Selon encore une autre variante, le dispositif de coulée conforme à l'invention peut
comporter des moyens pour faire tourner ledit canal autour de son axe longitudinal.
[0041] La vitesse de rotation du canal autour de l'axe longitudinal peut évidemment varier
en fonction de divers facteurs tels que la composition ou la température initiale
du métal à couler. Dans le cadre de la coulée de l'acier, cette vitesse de rotation
est de préférence comprise entre 0,1 t/s et 5 t/s.
[0042] Dans cette variante, le canal est de préférence constitué par un conduit tubulaire
présentant une section suffisamment grande pour ne pas être remplie par le métal liquide
qui y circule. Le conduit tubulaire présente de préférence une section circulaire,
afin d'assurer un entraînement latéral aussi homogène que possible du métal au cours
du mouvement de rotation. Ce mouvement de rotation augmente la surface d'échange thermique
entre le conduit tubulaire et le métal liquide; il provoque également une agitation
du métal liquide, qui augmente le coefficient d'échange de chaleur à l'intérieur du
conduit tubulaire.
[0043] L'objet de l'invention sera mieux compris en se référant à la description ci-dessous
de réalisations particulières illustrées par les dessins annexés, dans lesquels la
figure 1 représente, en coupe, un dispositif conforme à l'invention comprenant un
conduit tubulaire refroidi à l'eau; la
figure 2 montre une vue générale d'un canal à section ouverte, conforme à une variante
de la présente invention; la
figure 3 représente une coupe transversale d'un canal, suivant la figure 2, pourvu
d'une voûte de refroidissement par air; la
figure 4 illustre une section d'un canal conforme à la variante de la figure 2; la
figure 5 illustre une autre section d'un canal conforme à la variante de la figure
2; la
figure 6 montre une vue schématique en élévation, en coupe longitudinale, d'un canal
conforme à la variante de la figure 2, dans lequel une partie du fond est dépourvue
de garnissage réfractaire; et la
figure 7 présente divers modes de réalisation de la région refroidie du canal de la
figure 6, chaque fois à l'aide d'une vue en plan de cette région et d'une coupe transversale
à travers celle-ci, suivant les lignes A-A, B-B et C-C respectivement.
[0044] Dans toutes les figures, les éléments identiques sont désignés par les mêmes repères
numériques. les sens de circulation des matières sont indiqués par des flèches. Enfin,
les éléments qui ne sont pas essentiels pour la compréhension de l'invention n'ont
pas été représentés, afin de ne pas surcharger les dessins.
[0045] Dans la figure 1, la poche de coulée 1 contenant l'acier liquide 2 est munie d'une
busette 3 qui présente un diamètre D₁. Il s'agit d'une busette de type connu, en
matériau réfractaire, qui ne fait pas partie de la présente invention. La busette
3 débouche dans un coude 4 ménagé dans une brique réfractaire 5, la busette s'adaptant
hermétiquement à l'entrée de ce coude 4. A la sortie du coude 4, la brique réfractaire
5 est raccordée à l'extrémité amont d'un canal 6, légèrement incliné sur l'horizontale,
équipé d'un circuit de refroidissement 7. Le canal 6 peut être réalisé en acier; il
doit alors être remplacé après chaque coulée; il peut également être réalisé en un
matériau fritté à base de (ZrO₂) et il est alors utilisable pour plusieurs opérations
de coulée. Ce canal 6 présente une section intérieure plus grande que celle de la
busette 3,afin de réduire les risques de colmatage du canal 6 par de l'acier solidifié.
L'agent de refroidissement, par exemple l'eau ou un brouillard d'eau, pénètre dans
ce circuit de préférence à l'extrémité aval du canal 6 et en sort à l'extrémité amont.
A l'extrémité aval du canal 6 est adapté un conduit vertical 8, en matériau réfractaire,
qui se raccorde au canal 6 par l'intermédiaire d'un coude 9. L'extrémité inférieure
du conduit 8 comporte un ajutage 10 dont le diamètre intérieur D₂ est inférieur au
diamètre D₁ de la busette. Le conduit vertical 8 débouche dans la lingotière de coulée
continue 11. Les raccordements du canal 6 d'une part avec la brique réfractaire 5
et d'autre part avec le conduit vertical 8 sont, de façon connue en soi, étanches
au gaz et à l'acier liquide. Au voisinage de l'extrémité aval du canal 6, il est prévu
une ouverture 12 qui, par des moyens connus en soi et non représentés, met l'espace
intérieur du canal 6 en communication avec une source d'argon (non représentée).
[0046] Ce dispositif fonctionne de la façon suivante : l'acier liquide 2 s'écoule de la
poche de coulée 1 à travers la busette 3 puis successivement, à travers la brique
réfractaire 5, le canal 6 et le conduit 8 pour parvenir dans la lingotière 11. Pour
faciliter l'écoulement de l'acier liquide, le canal 6 présente une légère inclinaison,
par exemple de l'ordre de 5°. Dans l'exemple illustré, le canal 6 a une longueur
L = 800 mm et un diamètre intérieur D = 60 mm, tandis que la busette avait un diamètre
D₁ = 15 mm. On détermine le diamètre D₂ qui, associé à une longueur donnée du conduit
vertical 8, permettra d'assurer à l'ajutage un débit d'acier égal au débit de la
busette tout en maintenant en permanence dans le canal 6 une couche d'acier ayant
une épaisseur d constante, par exemple d = 30 mm. Inversément, si l'on se fixe un
diamètre D₂, inférieur à D₁, on déterminera la hauteur H requise pour remplir les
conditions de débit précitées. On règlera ensuite l'intensité du refroidissement assuré
par le circuit 7 pour que l'acier liquide subisse dans ce canal 6 la chute de température
désirée à partir de la température, avec surchauffe, qu'il présente à la sortie de
la busette 3.
[0047] L'intensité du refroidissement peut être modifiée en faisant varier le débit et/ou
la température de l'agent de refroidissement, généralement l'eau, qui parcourt le
circuit 7.
[0048] La stabilisation du niveau d'acier dans le conduit tubulaire peut être assurée grâce
au réglage de la pression d'argon. On peut ainsi régler l'importance de la surface
d'échange thermique, quelles que soient les pertes de charge dans le circuit.
[0049] La figure 2 montre une vue générale d'une installation de coulée continue comprenant
un canal à section ouverte. Cette installation se compose d'une poche de coulée 1
équipée d'une busette de coulée 3, d'un dispositif de coulée désigné globalement par
13 et d'une lingotière de coulée continue 11. La poche de coulée 1, la busette 3
et la lingotière 11 sont classiques; elles ne font pas partie de l'invention et ne
seront pas décrites davantage ici. Le dispositif de coulée 13, montré en coupe suivant
la ligne I-I de la figure 3 se compose d'un canal 6, incliné d'un angle d'environ
18° par rapport à l'horizontale, d'une portion incurvée 4 raccordant la busette 3
à l'entrée du canal 6 et d'une busette immergée 14 débouchant dans la lingotière 11.
Le canal incliné 6 est pourvu d'une voûte 15, étanche aux gaz, qui s'étend sur toute
sa longueur. La voûte 15 porte des ailettes de refroidissement 16 qui sont à leur
tour entourées d'une enveloppe 17. La voûte 15 est dotée d'une entrée et d'une sortie
de gaz protecteur, par exemple d'argon, repérées respectivement 18 et 19, et l'enveloppe
17 présente des orifices 20, respectivement 21, d'entrée, respectivement de sortie
de l'air de refroidissement. Les orifices 18 et 19, respectivement 20 et 21, sont
reliés à une source d'argon, respectivement d'air, non représentée. La portion 4 est
incurvée de façon à se raccorder tangentiellement d'une part à la busette 3 et d'autre
part au canal 6. Cette portion incurvée 4 se compose d'une carcasse métallique garnie
intérieurement de matériau réfractaire. Sa courbure est déterminée de manière à éviter
des rebonds intempestifs de l'acier dans le canal, lorsqu'il sort de la busette, de
façon que le garnissage subisse une érosion minimum sous l'effet de l'écoulement
de l'acier liquide.
[0050] La busette 14 est constituée, de façon connue en soi, d'une portion de tube en matériau
réfractaire destiné à plonger dans l'acier liquide présent dans la lingotière 11.
[0051] Dans la figure 3 est représentée une section transversale, suivant la ligne II-II
de la figure 2, du dispositif de coulée, montrant la constitution du canal 6 et de
la voûte 15.
[0052] Le canal 6 se compose d'un chenal métallique en U, comprenant un fond 22 et des parois
latérales 22ʹ et garni de matériau réfractaire 23. La voûte 15 est fixée de façon
étanche aux gaz au chenal métallique 22; elle porte des ailettes de refroidissement
16 entourées d'une enveloppe 17 fermée.
[0053] La figure 4 montre une variante du dispositif de l'invention, dans lequel la section
transversale du canal 6 est constituée de deux parois 24, 25 se coupant sous un angle
d'environ 90°. Ce canal peut subir une rotation autour de son arête longitudinale
représentée par le point 0, ce qui entraîne une variation de la largeur et par conséquent
de l'aire de la surface supérieure de l'acier liquide (figure 4, a et b).
[0054] Une autre variante de l'invention est illustrée dans la figure 5. Ici, une paroi
longitudinale verticale 26 peut prendre plusieurs positions par déplacement transversal
à l'intérieur du canal 6. Cette paroi mobile permet de faire varier, selon les conditions
de la coulée, la hauteur h d'acier dans le canal et/ou l'aire de la surface supérieure
de l'acier liquide.
[0055] Le mode de fonctionnement de ce dispositif se comprend aisément à partir de la description
qui vient d'en être faite.
[0056] A titre d'exemple, on indiquera qu'avec un dispositif particulièrement simple du
type représenté dans les figures 2 et 3, on a pu éliminer une surchauffe de 25 C lors
de la coulée d'acier sous un débit de 5 kg/s, avec un canal présentant une longueur
L = 3 m et une largeur l = 0,075 m.
[0057] Le dispositif de l'invention permet dès lors de couler l'acier avec une surchauffe
faible ou nulle sans encourir des pertes de métal inacceptables par solidification
dans la poche ou dans le panier répartiteur.
[0058] La figure 6 illustre schématiquement une variante particulièrement intéressante
du dispositif de l'invention, monté entre une poche de coulée 1 contenant du métal
surchauffé et une lingotière de coulée continue 11. Ce dispositif comprend un canal,
désigné globalement par le repère numérique 13, qui se compose d'un fond métallique
22 et de parois latérales 22ʹ également métalliques. Le métal utilisé à cet effet
est de préférence l'acier. Le fond et les parois du canal sont garnis d'un garnissage
réfractaire 23, 23ʹ. Pour ne pas surcharger le dessin, on n'a pas représenté certains
éléments déjà décrits, comme la voûte de refroidissement 15 et l'enceinte de protection
18 (voir figure 2).
[0059] Dans le fond 22 du canal est insérée une plaque 27 d'un matériau présentant une
conductibilité calorifique élevée, en particulier de cuivre, qui est soumise à un
refroidissement intense. Ce refroi dissement est de préférence assuré par un circuit
de circulation d'eau, symbolisé par les flèches d'entrée 28 et de sortie 29 de l'eau.
[0060] Le garnissage réfractaire 23, 23ʹ est interrompu sur une partie de la surface supérieure
de la plaque 27, qui est ainsi exposée directement au contact avec le métal liquide.
Comme le montre la figure 7, cette partie découverte de la plaque 27 peut être (a)
une zone s'étendant sur toute la largeur du canal, (b) une zone s'étendant sur une
fraction seulement de la largeur ou (c) une pluralité de zones partielles réparties
suivant la largeur du canal et séparées par des passerelles en matériau réfractaire.
[0061] Le mode de fonctionnement de ce dispositif se comprend aisément en se reportant à
la figure 6.
[0062] Le métal surchauffé, en particulier l'acier, provenant de la poche de coulée 1, parvient
dans la portion amont du canal 13 où il s'écoule sur le garnissage réfractaire 23ʹ
sans subir de refroidissement sensible. Il arrive alors sur la partie non revêtue
de la plaque de cuivre 27, où il subit un refroidissement intense pendant un temps
limité par suite des dimensions relativement faibles de la surface de contact. Les
essais montrent que, sur une telle surface de contact très localisée, l'acier perd
instantanément sa surchauffe, ce qui entraîne l'apparition de particules solidifiées
au sein du courant d'acier liquide. Celui-ci emporte les particules solidifiées, qui
ne peuvent donc pas se déposer sur la plaque 27. Au cours de son écoulement sur le
garnissage réfractaire 23, l'acier continue à être refroidi et devient de plus en
plus riche en particules solidifiées. Il acquiert ainsi l'état pâteux recherché à
l'entrée dans la lingotière 11.
[0063] Ce dispositif particulier permet de remplacer l'écoulement unidirectionnel classique
de la chaleur, c'est-à-dire l'écoulement suivant l'épaisseur de la plaque de cuivre,
par un écoulement bi - ou même tridirectionnel nettement plus efficace.
[0064] Lorsque la totalité de la surface supérieure de la plaque refroidie est mise en contact
avec un métal liquide, la chaleur ne peut s'écouler que suivant l'épaisseur de la
plaque. Par contre, lorsqu'une partie seulement de cette surface est exposée au métal
liquide et que le reste de la surface est protégé, notamment par un garnissage réfractaire,
l'écoulement de la chaleur dans la plaque se fait à la fois suivant l'épaisseur et
parallèlement au plan de la surface. Il en résulte une augmentation de la section
de passage offerte au flux de chaleur, et par conséquent une amélioration de l'efficacité
du refroidissement.
[0065] Il va de soi que l'invention n'est pas limitée aux réalisations qui viennent d'être
décrites et illustrées.
[0066] En particulier, il ne sortirait pas du cadre de la présente invention de choisir
les dimensions du dispositif de manière telle que l'on utilise en régime une pression
d'argon inférieure à la pression atmosphérique, ce qui pourrait permettre un dégazage
de l'acier liquide si nécessaire.
[0067] On voit que le dispositif de l'invention offre une plus grande souplesse de conduite
que les busettes classiques, car il permet une régulation du débit d'acier et une
régulation du refroidissement totalement indépendantes.
[0068] En outre, la sécurité du système est accrue de deux façons. D'une part, la quantité
d'acier qui risque d'être mise en présence d'eau en cas de défaillance du système
est fortement réduite, car une telle défaillance ne peut se produire que dans le canal
6. Par ailleurs, il est possible de supprimer totalement l'emploi d'eau et depasser
à un refroidissement par air, en adaptant de façon appropriée la longueur et l'inclinaison
du canal.