[0001] L'invention concerne des poutrelles précontraintes en acier. L'idée principale poursuivie
dans la conception de poutrelles précontraintes est d'augmenter la capacité de charge
lorsque la poutrelle est sollicitée à la flexion.
[0002] Le brevet belge no 495.318 enseigne de fabriquer une poutrelle en béton armé précontraint,
en soumettant d'abord l'armature métallique non-enrobée à une flexion, en enrobant
ensuite de béton au moins une fraction de la partie de l'armature soumise à traction
par suite de la flexion, en maintenant fléchie l'armature enrobée de béton pendant
le durcissement de celui-ci et de supprimer enfin la force de flexion après durcissement
du béton. L'armature est constitutée par une poutrelle laminée en acier. La flexion
est effectuée soit par l'application d'une force en un point de l'armature compris
entre les extrémités qui sont maintenues fixes, soit par l'application de forces aux
extrémités de la poutrelle dont un point intermédiaire est maintenu fixe. On obtient
de cette manière des poutrelles précontraintes où la précontrainte est réalisée à
l'aide d'un enrobage partiel en béton. De telles poutrelles sont connues sous l'appelation
PREFLEX dans les milieux de la construction lourde, de ponts ou de viaducs.
[0003] Un premier désavantage inhérent à de telles réalisations est le surplus en poids
attribuable au béton; un deuxième désavantage est dû au fait que le béton d'enrobage
doit lui-même être armé et que les armatures en acier doivent être fixées par soudage
à l'armature principale, c.à d. à la poutrelle en acier, ce qui comporte un travail
d'aménagement et de soudage fastidieux et impossible à réaliser de manière automatique.
Enfin, un troisième désavantage provient du fait que l'enrobage recouvre l'acier,
si bien qu'il est difficile de procéder à ces endroits de la poutrelle à des opérations
de forage et impossible d'effectuer des travaux de soudage.
[0004] Le but de l'invention est de créer des poutrelles précontraintes, exemptes des désavantages
décrits.
[0005] On pourrait imaginer de constituer une poutrelle précontrainte en acier à partir
de deux sections distinctes et exempte de béton, dans laquelle on induirait la précontrainte
en agissant sur l'une des deux sections en vue de lui conférer une dilatation temporaire
dans le sens de la longueur, en réunissant les deux sections et en éliminant la cause
de la dite dilatation.
[0006] Ainsi on pourrait exercer sur l'une des sections une force de traction, avant de
la réunir avec l'autre section. On pourrait également chauffer l'une des sections
pour l'allonger temporairement. Dans les deux cas il est imaginable de constituer
une poutrelle précontrainte, mais il serait nécessaire de mettre en oeuvre des moyens
énormes de traction, resp. de chauffage, si l'on veut constituer des poutrelles précontraintes
d'envergure dépassant les mini-profilés.
[0007] Ainsi le but de l'invention est atteint par le procédé suivant la revendication 1
et les dispositifs selon les revendications 9 et 10. Le procédé est caractérisé par
les mesures suivantes:
a) On prépare deux sections distinctes qui sont susceptibles d'être assemblées pour
constituer la poutrelle désirée;
b) On appose resp. superpose les deux sections, de manière à ce que la poutrelle soit
virtuellement constituée;
c) On soumet les deux sections, en un même temps, à une force de flexion, de manière
à obtenir une poutrelle fléchie, virtuellement constituée;
d) On réunit les deux sections par leurs aires adjacentes.
[0008] D'autres caractéristiques de l'invention sont décrites dans les revendications dépendantes.
[0009] Les deux sections suivant la mesure a) peuvent par exemple être deux sections en
forme de T qui, après assemblage, donnent une section en forme de I. Les deux sections
suivant la mesure a) peuvent aussi par exemple être deux sections en forme de I. L'assemblage
en question se fait suivant la mesure b), en encadrant les deux sections à l'aide
de plusieurs cadres en acier, comme on l'expliquera plus loin.
[0010] La mesure c) prévoit que l'on applique à l'ensemble comprenant les deux sections
apposées l'une à l'autre et encadrées, une force de flexion. Ceci peut être réalisé
en appliquant deux forces égales et dans le même sens aux extrémités de l'une des
sections, tandis que des appuis sont prévus aux quarts ou aux tiers de portée à l'autre
section. Il est indispensable que les cadres soient dimensionnés de manière à ce que
l'ensemble constitué par les deux sections en forme de T, apposées pour former un
I, soit immobilisé en ce sens que lors de l'application des forces de flexion, les
deux sections se comportent dans la mesure du possible comme une poutrelle entière,
c.à d. que seules les aires adjacentes peuvent se déplacer l'une vis-à-vis de l'autre
en glissant l'une sur l'autre.
[0011] La mesure d) est réalisée avantageusement en mettant en oeuvre un appareil de soudage
électrique mobile et automatisé.
[0012] L'invention sera illustrée à l'aide des dessins schématisés qui représentent de
manière non-limitative des formes d'exécution possibles.
- la Fig. 1 montre une vue latérale de deux sections en forme de T, encadrées pour former une
poutrelle virtuelle qui est sollicitée par des forces de flexion appliquées aux extrémités;
- la Fig. 2 montre une coupe à travers l'ensemble comportant la poutrelle virtuellement constituée
et un cadre de fixation, à l'endroit d'application de la force de flexion;
- la Fig. 3 montre une coup à travers l'ensemble comportant la poutrelle virtuellement constituée
et un cadre de fixation, à l'endroit de l'appui;
- la Fig. 4 représente une coupe des deux sections destinées à former la poutrelle, l'accent
étant mis sur les aires adjacentes;
- les Fig. 5 et 6 montrent l'exécution de chanfreins aux entrémités des aires adjacentes, avant le
soudage;
- la Fig. 7 représente une coupe à travers une poutrelle, dont les deux sections qui la constituent
sont réunies par collage;
- les Fig. 8 et 9 représentent des coupes à travers des poutrelles constituées par des sections en
forme de I;
- la Fig. 10 représente une des applications possibles de poutrelles suivant l'invention.
[0013] En
Fig.1 on distingue les deux sections 1 et 2 en forme de T qui peuvent par exemple être
obtenues par découpage d'une poutrelle en forme de I. On peut également préparer deux
sections différentes du point de vue de la forme géométrique ainsi que de la qualité
de l'acier et ceci en fonction du sens de la flexion à opérer et en fonction des caractéristiques
mécaniques visées dans la poutrelle assemblée. Les sections sont maintenues en position
telle que les aires 11 resp. 21 soient adjacentes. En pratique ces aires pourront
s'effleurer resp. se situer à une distance de l'ordre de 2 à 5 mm l'une de l'autre,
pour éviter des difficultés lors du soudage subséquent. Le maintien des sections
est assuré par des cadres; dans le cas de quatre cadres par exemple, les deux cadres
3 et 4 sont disposés aux extrémités des sections, tandis que les deux cadres 5 et
6 sont disposés aux quarts de portée.
[0014] La section inférieure 2 est plus courte que la section supérieure 1, pour tenir compte
des changements de longueur intervenant lors de la flexion; l'aspect de l'ensemble
fléchi est indiqué par les lignes pointillées.
[0015] Comme on le voit à titre d'exemple en
Fig. 1 et en
Fig. 2 resp.
Fig. 3, les forces de flexion F sont appliquées aux cadres 3 et 4; elles sont reprises aux
appuis A par le cadres 5 et 6. Les cadres 3, 4 , 5 et 6 sont identiques du point de
vue de leur construction, leur disposition toutefois varie en fonction de leur rôle.
Ainsi les cadres 3 et 4 sont disposés de manière à ce que l'ouverture soit dirigée
vers le bas, tandis que les cadres 5 et 6 sont disposés à l'envers; on a représenté
l'application des forces resp. des réactions aux appuis par des flèches pour illustrer
à quels endroits les cadres sont sollicités.
[0016] Grâce au concept des cadres, le soudage est facilement réalisable à l'aide d'un soudeuse
automatique. Comme on le voit en
Fig. 2 et
3 la soudeuse S se déplace sur un profilé en U 7 qui s'appuie à l'endroit correspondant
à la
Fig. 2 sur la partie inférieure du cadre et à l'endroit correspondant à la
Fig. 3 sur la semelle de la section 2, par l'intermédiaire d'une barre hachurée qui compense
la différence de niveau.
[0017] Il reste à remarquer que l'on disposera avantageusement des plaques 8 resp. 9, entre
les cadres et les vérins non-représentés resp. entre les cadres et les appuis, pour
éviter des endommagements.
[0018] Pour conditionner les aires destinées à être réunies par soudage (voir
Fig. 4), il est prévu des chanfreins, de préférence à l'extrémité de la section supérieure.
En
Fig. 5 il est représenté un chanfrein approprié dans le cas de poutrelles à âmes épaisses.
Dans le cas de poutrelles à âmes minces on préférera le chanfrein représenté en
fig. 6.
[0019] Au lieu de réunir les sections, constituant la poutrelle, par soudage, on peut également
réunir les sections par collage (voir F
ig. 7). Dans le cas représenté, on a avantageusement recours à des plats d'acier 73 collés
sur les âmes des sections 71 et 72 et ceci sur toute leur longueur.
[0020] Bien qu'on a expliqué le procédé en décrivant l'emploi de sections en forme de T,
il est bien évident qu'on peut, moyennant modification adéquate des cadres 3, 4,
5, et 6, fabriquer des poutrelles à l'aide de sections mixtes, de profilés creux ainsi
que de leur combinaison. On peut notamment utiliser au départ deux sections en forme
de I et les réunir par leur ailes, soit par soudage, soit par boulonnage ou par un
quelconque autre moyen approprié. Ces sections peuvent avoir des dimensions comparables
(voir références 80 et 81 en
Fig. 8) ou nettement différentes (voir références 90 et 91 en
Fig. 9). Il serait en particulier intéressant d'utiliser deux sections en forme de I dont
une des deux ailes présente des dimensions réduites et de les réunir par l'intermédiaire
de ces ailes.
[0021] Au terme de la fabrication on obtient une poutrelle précontrainte en acier, dont
une partie se trouve en traction et l'autre en compression. Une telle poutrelle peut
supporter une charge maximale plus importante qu'une poutrelle laminée de même dimension,
étant donné que la partie de la poutrelle en traction prend en charge les efforts
de compression et la partie en compression prend en charge les efforts de traction.
[0022] Une des applications possibles est représentée en
Fig.10 où on distingue une poutrelle précontrainte et soudée 100 supportant une dalle 101
en béton armé. La liaison dalle-poutrelle est réalisée à l'aide de boulons 102. Les
sections en T employées pour constituer la poutrelle ont des dimensions transversales
différentes, la section la plus petite se trouvant au contact avec la dalle.
1. Procédé de fabrication de poutrelles précontraintes en acier, caractérisé en ce
que l'on prépare deux sections (1,2,80,81,90,91), susceptibles d'être assemblées pour
constituer la poutrelle désirée, que l'on assemble ces sections en les apposant l'une
à l'autre , que l'on soumet l'ensemble ainsi constitué en un même temps à une flexion,
de manière à obtenir une poutrelle fléchie, virtuellement constituée, que l'on réunit
les deux sections par leurs aires adjacentes et que l'on supprime les efforts de flexion
extérieurs au terme de l'opération de réunion.
2. Procédé suivant la revendication 1, caractérisé en ce que l'on prépare deux sections
(90,91) de forme géométrique différente.
3. Procédé suivant une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que l'on prépare
deux sections (1,2) en forme de T en découpant des poutrelles en forme de I.
4. Procédé suivant une des revendications 1 ou 2, caractérisé en ce que l'on prépare
deux sections (80,81,90,91) en forme de I.
5. Procédé suivant une des revendications 1 à 4, caractérisé en ce que l'on prépare
deux sections jde propriétés différentes et que l'on appose ces sections en fonction
du sens de la flexion à opérer et en fonction des caractéristiques mécaniques visées
dans la poutrelle assemblée.
6. Procédé suivant une des revendications 1 à 5, caractérisé en ce que l'on fixe la
position des deux sections (1,2,80,81,90,91) opposées l'une par rapport à l'autre
par l'intermédiaire de cadres (3,4,5,6) qui ont sensiblement la forme d'un rectangle,
l'un des côtés présentant une ouverture centrale pour recevoir et guider l'âme d'une
des sections (1,80,90), son aile s'appuyant sur l'extérieur du cadre, alors que le
côté opposé du cadre, destiné à soutenir l'aile de la deuxième section (2,81,91),
a une longueur intérieure sensiblement égale à la largeur de l'aile de cette section,
les deux côtés restants du cadre ayant des longueurs telles qu'une fois les sections
(1,2,80, 81,90,91) en place, les parties à réunir soient distantes de quelques millimètres.
7. Procédé suivant la revendication 6, caractérisé en ce que l'on applique les forces
de flexion (F) à au moins deux cadres (3,4) disposés aux extrémités des sections (1,2,80,81,90,91)
et que l'on reprend les réactions aux appuis (A) par l'intermédiaire d'au moins un
cadre (5,6) situé entre les dits cadres (3,4) disposés aux extrémités des sections.
8. Procédé selon une des revendications 1 à 7, caractérisé en ce qu'on réunit les
deux sections par soudage, par boulonnage ou par collage.
9. Poutrelle précontrainte en acier, dont les ailes sont fléchies, caractérisée en
ce qu'elle est constituée par deux sections en forme de T ayant leurs âmes dans le
même plan et les côtés de l'âme qui ne sont pas connectés aux ailes, réunis.
10. Poutrelle précontrainte en acier, dont les ailes sont fléchies, caractérisée en
ce qu'elle est constituée par deux sections en forme de I ayant leurs âmes dans le
même plan et réunies par les ailes en contact.