[0001] L'invention est relative aux dispositifs de prothèse auditive destinés aux sourds
et dans lesquels les sons émis dans une portion au moins du spectre aigu, sons normalement
inaudibles auxdits sourds, sont transposés en d'autres sons de "compensation" situés
dans la zone grave audible du spectre acoustique.
[0002] Certains dispositifs de ce genre ont été proposés par les brevets France n
o 1 382 916 et n
o 2 494 988.
[0003] L'invention a pour but, surtout, de rendre les dispositifs du genre en question tels
que les sons transposés par eux dans la zone grave du spectre comprennent des informations
relatives non seulement à la hauteur et à l'intensité des signaux sonores à percevoir,
mais aussi aux timbres ou composantes laryngées de ces signaux.
[0004] A cet effet, les dispositifs de prothèse auditive du genre ci-dessus comprennent
encore, d'une façon en soi connue, des moyens transducteurs pour transformer les signaux
acoustiques à traiter en des signaux électriques, des moyens pour prélever au moins
une tranche particulière x
i d'ordre
i, de chacun de ces signaux électriques, comprise dans une gamme prédéterminée de fréquences
élevées, c'est-à-dire correspondant à des sons aigus, fréquences comprises entre entre
f
i min et f
i max,
i étant un entier compris entre 1 et 3 et croissant dans le même sens que les fréquences
des tranches considérées, des moyens pour élaborer à partir de chacune de ces tranches
x
i un signal de compensation S
i compris dans une gamme de fréquences basses, c'est-à-dire correspondant à des sons
graves, fréquences comprises entre F
i min et F
i max, les gammes basses correspondant aux différents sons de compensation S
i étant distinctes les unes des autres, des moyens pour additionner les différents
signaux de compensation S
i ainsi élaborés et des moyens de transduction pour transformer le signal-somme ainsi
obtenu en un signal applicable au sourd à traiter de façon à être perceptible par
lui.
[0005] Selon l'invention, les dispositifs de prothèse auditive ainsi définis sont caractérisés
en ce que les moyens pour élaborer chaque signal de compensation S
i comprennent des moyens pour multiplier la tranche de signal x
i correspondante par un signal xʹ
i qui est ou bien identique à cette tranche de signal x
i ou bien déduit de cette dernière par égalisation d'amplitude, de façon à former
un signal-produit X
i, et des moyens pour prélever, dans ce signal-produit X
i, à l'aide d'un filtre passe-bande, la portion dudit signal-produit dont la fréquence
basse est comprise dans la gamme de fréquences F
i min à F
i max, portion qui constitue le signal de compensation S
i désiré.
[0006] Les demandeurs ont en effet découvert que les signaux-produits X
i considérés comportent de telles portions à fréquence basse en raison des propriétés
afférentes aux produits des lignes trigonométriques.
[0007] Il se trouve en effet que chacun des signaux x
i peut être décomposé en une série de Fourier, c'est-à-dire en une multitude de composants
sinusoïdaux du type
ª cos 2πft +
b sin 2πft (1),
formule dans laquelle ª et
b désignent des constantes et
f, la fréquence d'oscillation du composant considéré, fréquence comprise entre les
deux limites f
i min et f
i max.
[0008] Si l'on considère, en plus du composant qui vient d'être défini, un second composant
compris par le même signal x
i et défini par la formule
aʹ cos 2πfʹt + bʹ sin 2πfʹt (2),
dans laquelle aʹ et bʹ désignent encore deux constantes et fʹ, la fréquence de ce
second composant, comprise comme
f entre les deux limites f
i min et f
i max, et si l'on multiplie ces deux composants l'un par l'autre, le produit fait apparaître
non seulement des termes en cos 2 π (f+fʹ)t et sin 2π (f+fʹ)t mais également des termes
en cos 2π (f+fʹ)t et sin 2π (f-fʹ)t.
[0009] Plus généralement, si l'on multiple le signal x
i par lui-même, le signal-produit X
i fait apparaitre des composants sinusoïdaux oscillant à quasiment toutes les fréquences
du type f-fʹ correspondant à des différences de deux fréquences quelconques comprises
dans la gamme de f
i min à f
i max.
[0010] Parmi les innombrables différences de fréquences ainsi définies, un certain nombre
se trouvent nécessairement dans les gammes de basses fréquences désirées pour les
sons graves de compensation, et c'est ce qui permit d'obtenir de tels sons graves,
sons respectant intégralement les formes temporelles des sons aigus à représenter.
[0011] Ce respect des formes temporelles permet de transposer vers les graves non seulement
les hauteurs et intensités des tranches aiguës prélevées, mais aussi leurs timbres,
ce qui accroit considérablement l'intelligibilité des sons traités.
[0012] Dans des modes de réalisation avantageux, on a recours en outre à l'une et/ou à l'autre
des dispositions suivantes :
- le nombre
n des tranches de signal x
i à fréquence élévée qui sont prélevées dans les signaux électriques à traiter est
égal à deux, la première tranche étant comprise entre 1500 et 3500 Hz et la seconde,
entre 5000 et 7000 Hz,
- dans un dispositif selon l'alinéa précédent, les gammes de fréquences graves choisies
pour les sons de compensation S₁ et S₂ sont respectivement de 800 à 1000 Hz et de
1050 à 1200 Hz,
- dans un dispositif selon l'alinéa qui précède le précédent, les gammes de fréquences
graves choisies pour les sons de compensation S₁ et S₂ sont respectivement de 800
à 1200 Hz et de 1250 à 1900 Hz.
[0013] L'invention comprend, mises à part ces dispositions principales, certaines autres
dispositions qui s'utilisent de préférence en même temps et dont il sera plus explicitement
question ci-après.
[0014] Dans ce qui suit, l'on va décrire des modes de réalisation préférés de l'invention
en se référant au dessin ci-annexé d'une manière bien entendu non limitative.
La figure 1, de ce dessin, est un schéma d'un dispositif de prothèse auditive établi
selon l'invention.
La figure 2 est un triple sonagramme permettant de comprendre l'intérêt de l'invention.
[0015] Le dispositif considéré comprend, d'une façon connue en soi :
- un microphone 1 propre à transformer chacun des signaux acoustiques A qu'il reçoit
en un signal électrique E dont les amplitudes et fréquences sont proportionnelles
à celles dudit signal A,
- un filtre passe-bande 2 laissant passer toute la portion S
o dudit signal E dont la fréquence est comprise entre une première fréquence très basse
F
o min de l'ordre de 60 Hz et une seconde fréquence F
o max qui dépend du degré de surdité à traiter et qui est généralement comprise entre 500
et 1200 Hz, étant par exemple de 800 Hz,
-
n voies électriques V
i montées en parallèle sur le filtre 2 et propres à élaborer chacune un signal électrique
de compensation S
i, le nombre
n étant un entier compris entre 1 et 3 et l'indice
i, un entier compris entre 1 et
n, limites incluses,
- un additionneur 3 propre à faire la somme S des signaux S
o et S
i,
- et un haut-parleur 4 propre à transformer le signal électrique S en un signal acoustique
B qui est exploité de toute façon désirable et en particulier appliqué à l'oreille
d'un sourd.
[0016] D'une façon encore connue en soi, les voies V
i comprennent chacune :
- un filtre passe-bande 5
i propre à prélever, dans le signal électrique E, une tranche x
i du spectre aigu inaudible aux sourds, l'ensemble de ces tranches x
i comprenant les portions, de la parole, les plus utiles à l'intelligibilité de cette
parole,
- et des moyens pour élaborer des signaux de compensation S
i à partir de ces tranches x
i, signaux compris respectivement dans des gammes distinctes de fréquences basses
correspondant à des sons audibles par le sourd.
[0017] C'est plus particulièrement à ces derniers moyens d'élaboration que se rapporte l'invention.
[0018] Lesdits moyens comprennent essentiellement, pour chaque voie V
i :
- un multiplicateur 6
i propre à multiplier la tranche x
i par elle-même ou par un signal épuré xʹ
i obtenu à partir de x
i par égalisation d'amplitude, ce qui donne un signal-produit X
i,
- et un filtre passe-bande 7
i traversé par la seule portion, du signal-produit X
i, qui est comprise entre deux fréquences basses F
i min et F
i max.
[0019] Chacune de ces fréquences basses est à la fois supérieure à F
o max et comprise dans la gamme des fréquences audibles par le sourd à traiter.
[0020] De plus, de préférence, on choisit chaque fois F
i max < F
(i+1) min.
[0021] Ce sont les sorties des filtres 7
i qui constituent les signaux de compensation S
i désirés.
[0022] L'égalisation d'amplitude signalée ci-dessus consiste à rendre égaux à 1 les coefficients
a, b, aʹ et bʹ des formules (1) et (2) ci-dessus.
[0023] Elle est obtenue en faisant traverser par les tranches de signal x
i à épurer des amplificateurs à gain contrôlé (ACG) 8
i.
[0024] Avant d'être additionnés au signal S
o dans l'additionneur 3, les signaux de compensation S
i peuvent être amplifiés de façon à tenir compte du fait que la gamme de fréquences
basses qui définit la bande du filtrage de chacun d'eux s'étend sur seulement une
petite portion de l'ensemble du spectre acoustique : c'est ainsi que l'étendue de
ladite gamme est par exemple de l'ordre de 200 à 500 Hz alors que le spectre acoustique
considéré est de l'ordre de 8000 Hz.
[0025] Les signaux de compensation S
i élaborés par la multiplication et le filtrage ci-dessus mentionnés ne peuvent être
que des harmoniques des signaux x
i qui leur ont donné naissance.
[0026] Ils sont donc synchronisés temporellement avec ces derniers et varient rigoureusement
comme eux, et en même temps que ceux-ci.
[0027] On observe donc ici une transposition immédiate, en temps réel, des sons à rendre
intelligibles, ce qui présente un avantage important sur les appareils de prothèse
auditive pour lesquels le traitement des sons acoustiques reçus conduit à l'émission
différée d'autres sons élaborés à partir d'au moins une composante desdits sons reçus.
[0028] Sur la figure 1 on a supposé que le nombre
n des voies V
i était égal à deux.
[0029] Les fréquences élevées de prélèvement des deux tranches x₁ et x₂ sont alors avantageusement
comprises, respectivement, dans la gamme 1500 Hz (f
1 min) à 3500 Hz (f
1 max) et dans la gamme 5000 Hz (f
2 min) à 7000 Hz (f
2 max).
[0030] Quant aux sons de compensation S₁ et S₂, ils sont par exemple compris respectivement
dans la gamme 800 Hz (F
1 min) à 1000 Hz (F
1 max) et dans la gamme 1050 Hz (F
2 min) à 1200 Hz (F
2 max), ce qui correspond à une surdité profonde pour laquelle le sourd n'est apte à percevoir
que les sons dont la fréquence est inférieure à 1200 Hz.
[0031] Selon une variante, applicable à une surdité sévère, mais moins profonde que la précédente,
les sons de compensation S₁ et S₂ sons respectivement compris dans la gamme 800-1200
Hz et dans la gamme 1250-1900 Hz.
[0032] C'est à cette dernière variante que correspondent les trois sonagrammes comparés
de la figure 2.
[0033] Pour chacun de ces graphiques, la fréquence est portée en ordonnées et on a porté
en abcisses le temps correspondant à l'émission de la phrase "des unités des sons".
[0034] Le sonagramme ª du haut de la figure 2 correspond à une audition normale.
[0035] Le sonagramme
b du milieu correspond à ce qui est entendu par un sourd profond non équipé de prothèse,
c'est-à-dire à la portion, du message acoustique considéré, qui est filtrée supérieurement
à 800 Hz.
[0036] Enfin le sonagramme
c du bas correspond à ce qu'entend un patient affecté d'une surdité sévère équipé d'une
prothèse conforme à l'invention.
[0037] Les rayures verticales représentent les transitoires des composantes laryngées des
sons, ou "timbres" de ces sons.
[0038] On voit que l'invention permet d'incorporer aux sons graves reconstitués artificiellement
et perceptibles par le sourd, non seulement les "sifflements" ou composantes aiguës
de la parole (correspondant en particulier aux sons en "z" ou en "s"), mais aussi
les timbres des voyelles.
[0039] En suite de quoi, et quel que soit le mode de réalisation envisagé, on obtient un
dispositif de prothèse auditive dont la constitution, le fonctionnement et les avantages
(en particulier celui de conférer automatiquement et instantanément aux sons artificiels
graves reconstitués les caractéristiques temporelles ou "timbres" des sons naturels
à percevoir) résultent suffisamment de ce qui précède.
[0040] Comme il va de soi, et comme il résulte d'ailleurs déjà ce de qui précède, l'invention
ne se limite nullement à ceux de ses modes d'application et de réalisation qui ont
été plus spécialement envisagés ; elle en embrasse, au contraire, toutes les variantes,
notamment celles où les dispositifs de prothèse auditive considérés seraient agencés
de façon à faire correspondre à chaque son traité un signal encore perceptible par
le sourd à assister, mais pas obligatoirement acoustique, en particulier un signal
impulsionnel applicable audit sourd de toute manière désirable perceptible par lui,
cette application étant par exemple effectuée électriquement sur son nerf auditif,
ou encore mécaniquement sur sa peau à l'aide d'un vibrateur approprié.
1. Dispositif de prothèse auditive comprenant des moyens transducteurs (1) pour transformer
les signaux acoustiques à traiter (A) en des signaux électriques (E), des moyens
(5i) pour prélever au moins une tranche particulière xi d'ordre i, de chacun de ces signaux électriques, comprise dans une gamme prédéterminée de
fréquences élevées, c'est-à-dire correspondant à des sons aigus, fréquences comprises
entre entre fi min et fi max, i étant un entier compris entre 1 et 3 et croissant dans le même sens que les fréquences
à partir de chacune de ces tranches xi un signal de compensation Si compris dans une gamme de fréquences basses, c'est-à-dire correspondant à des sons
graves, fréquences comprises entre Fi min et Fi max, les gammes basses correspondant aux différents sons de compensation Si étant distinctes les unes des autres, des moyens (3) pour additionner les différents
signaux de compensation Si ainsi élaborés et des moyens de transduction (4) pour transformer le signal-somme
ainsi obtenu en un signal (B) applicable au sourd à traiter de façon à être perceptible
par lui, caractérisé en ce que les moyens pour élaborer chaque signal de compensation
Si comprennent des moyens (6i) pour multiplier la tranche de signal xi correspondante par un signal xʹi qui est ou bien identique à cette tranche de signal xi ou bien déduit de cette dernière par égalisation d'amplitude, de façon à former un
signal-produit Xi, et des moyens pour prélever, dans ce signal-produit Xi, à l'aide d'un filtre passe-bande (7i), la portion dudit signal-produit dont la fréquence basse est comprise dans la gamme
de fréquences Fi min à Fi max, portion qui constitue le signal de compensation Si désiré.
2. Dispositif de prothèse auditive selon la revendication 1, caractérisé en ce que
le nombre des tranches de signal xi à fréquence élevée qui sont prélevées dans les signaux électriques à traiter est
égal à deux, la première tranche étant comprise entre 1500 et 3500 Hz et la seconde,
entre 5000 et 7000 Hz.
3. Dispositif de prothèse auditive selon la revendication 2, caractérisé en ce que
les gammes de fréquences graves choisies pour les sons de compensation S₁ et S₂ sont
respectivement de 800 à 1000 Hz et de 1050 à 1200 Hz.
4. Dispositif de prothèse auditive selon la revendication 2, caractérisé en ce que
les gammes de fréquences graves choisies pour les sons de compensation S₁ et S₂ sont
respectivement de 800 à 1200 Hz et de 1250 à 1900 Hz.