[0001] L'invention a pour objet un détecteur d'échauffement et en particulier d'incendie
permettant de détecter et de localiser à distance une zone où se produit un échauffement
dépassant une température déterminée et, notamment, un échauffement susceptible d'être
la cause d'un incendie.
[0002] On sait qu'une fibre optique comprend, généralement :
. au centre, une structure diélectrique appelée coeur,
. à la périphérie, une gaine transparente d'indice de réfraction inférieur à celui
du coeur.
[0003] Ces fibres optiques sont utilisées principalement pour la transmission d'ondes lumineuses.
Tout rayon injecté à une extrémité d'une fibre optique est guidé le long du coeur
quand l'angle d'incidence du rayon par rapport à la face latérale de ce coeur est
plus grand que l'angle d'incidence critique, conformément aux lois classiques de
l'optique.
[0004] On sait aussi que les propriétés des fibres optiques sont affectées par les changements
de température. Il a été constaté que les indices de réfraction du coeur et de la
gaine étaient modifiés par l'élévation de la température ; il a donc déjà été proposé
d'utiliser les fibres optiques comme capteur thermique. Cependant l'utilisation industrielle
des fibres optiques comme capteur de changement de température a rencontré jusqu'à
présent une difficulté importante. Il est pratiquement impossible de faire la discrimination
à partir des propriétés modifiées d'une fibre optique entre une faible élévation de
température qui intéresse une grande longueur de la fibre et une forte élévation
de température qui est localisée sur une faible longueur de la fibre. Les conséquences
en sont que :
- la mesure n'est pas représentative du phénomène,
- la mesure n'est pas reproductible,
- la localisation d'une variation de température n'est pas assez précise pour
qu'on en tire une conclusion utile.
[0005] L'invention a pour but principal de surmonter cette difficulté et de parvenir à :
- détecter immédiatement avec une grande sécurité tout échauffement,
- situer de façon très précise la source de cet échauffement,
- déclencher une alarme au moment utile et uniquement au moment utile.
[0006] On sait que lorsqu'une impulsion de lumière de forte densité est injectée dans une
fibre optique par une de ses faces extrêmes, on recueille ensuite à cette même face
extrême une minime proportion de lumière qui est réfléchie successivement de chaque
point de la fibre, en raison des imperfections moléculaires de la structure de cette
fibre. L'atténuation de la puissance de la lumière ainsi réfléchie décroît de manière
régulière avec la distance parcourue par la réflexion de l'impulsion dans la fibre,
c'est-à-dire avec la longueur de cette dernière.
[0007] Ce phénomène est exploité par la technique connue sous le nom de réflectométrie et
il est à la base de la fabrication des réflectomètres.
[0008] Toutefois, l'atténuation régulière de la faible énergie réfléchie n'existe que lorsque
la fibre optique est continue et intacte. Tout réflectomètre fournit une courbe qui
représente cette atténuation en fonction de la longueur de la fibre.
[0009] Toute détérioration, même faible et localisée de la gaine de la fibre optique, a
pour conséquence qu'une fuite de lumière se produit à l'endroit de cette détérioration
et que la courbe présente, en correspondance avec l'emplacement de la détérioration,
une atténuation locale plus accentuée.
[0010] Cette particularité, non exploitée jusqu'à présent, est à la base de l'invention.
[0011] Un détecteur à distance d'échauffement et d'incendie conforme à l'invention comprend
:
- au moins une fibre optique ayant d'une part un coeur, d'autre part une gaine
en matière choisie pour être détruite à partir d'une température T de valeur déterminée,
cette fibre optique s'étendant à partir d'un poste de surveillance dans une zone dont
la température est à surveiller à distance à partir de ce poste de surveillance où
se trouve une extrémité de ladite fibre optique ;
- au poste de surveillance, il existe :
. une source lumineuse apte à produire des impulsions d'énergie lumineuse pouvant
se propager dans une fibre optique,
. un réflectomètre de type connu en soi apte à recevoir l'énergie réfléchie
dans la fibre optique à la suite desdites impulsions et à transformer cette énergie
réfléchie en signal représentant l'atténuation produite par ladite fibre optique en
fonction de sa longueur,
. un comparateur électronique relié à la sortie du réflectomètre pour détecter
toute atténuation accélérée produite dans la fibre optique et déclencher un signal
d'alarme,
. un coupleur optique assurant périodiquement et séquentiellement le couplage
optique d'une part entre la source lumineuse et une face extrême de la ou de chaque
fibre optique, d'autre part entre cette même face extrême de la ou de chaque fibre
optique et le réflectomètre.
[0012] La fibre optique utilisée comprend une gaine en matière dont la destruction se fait
à partir d'une température déterminée ; cette gaine peut être par exemple en polyméthacrylate
de méthyle, en acétate de vinyle, en polystyrène, en copolymères dont la nature des
constituants est choisie en fonction de la température résultante de décomposition
souhaitée.
[0013] On remarquera que, en ce qui concerne la fibre optique utilisée, l'invention va à
l'encontre de la tendance de la technique classique selon laquelle on s'efforce constamment
d'améliorer la qualité de la gaine et de conserver sa qualité aussi longtemps que
possible en dépit de l'influence défavorable du milieu environnant.
[0014] Au contraire, dans l'esprit de l'invention, on utilise une fibre optique dont la
gaine est de qualité moyenne ou même faible, au regard des critères habituels classiques,
et dont la qualité se détériore dès que la température atteint une valeur prédéterminée.
En fait, il est avantageux dans le cadre de l'invention de se servir de fibres optiques
aussi économiques que possible. Il n'est pas nécessaire que les fibres possèdent
une bonne qualité de transmission puisque ce n'est pas cette propriété qui est primordiale
selon l'invention, mais seulement la baisse relative de cette propriété quelle qu'en
soit la valeur initiale, à la suite d'une dégradation ou d'une disparition localisée
de la gaine.
[0015] On donnera maintenant une description pratique détaillée de l'invention, uniquement
à titre d'exemple, en se reportant aux dessins annexés dans lesquels :
- la figure 1 est un tracé fourni par le réflectomètre d'un détecteur conforme à
l'invention comprenant une gaine intacte, la longueur L étant indiquée en abcisses
et l'atténuation de l'énergie réfléchie en ordonnées,
- les figures 2 à 4 sont des tracés analogues à celui de la figure 1 respectivement
à des températures de 310°C, 325°C, 347°C, la gaine de la fibre étant en matière dégradable
à partir de 300°C,
- la figure 5 est une représentation schématique partielle en coupe longitudinale
d'une fibre optique à gaine détruite localement,
- la figure 6 est un schéma d'un détecteur conforme à l'invention avec plusieurs
fibres optiques pour la surveillance d'une zone étendue.
[0016] Sur le tracé de la figure 1, réalisé à la température habituelle du milieu ambiant,
la longueur utile de la fibre optique utilisée est limitée par un trait vertical 1.
Quand une impulsion est envoyée dans cette fibre, l'énergie réfléchie par l'ensemble
de la fibre s'atténue régulièrement à partir d'une valeur initiale 2, à l'origine
O de la fibre, jus qu'une valeur 3 à la distance L₁ limitée sur le graphique par
le trait vertical 1. Après la distance L₁ l'influence de la réflexion de l'impulsion
sur la face extrême terminale de la fibre optique commence à apparaître et devient
gênante dans le cadre de l'invention. Le tracé de la figure 1 est obtenu avec une
fibre optique dont la gaine est intacte sur toute sa longueur.
[0017] Sur le tracé des figures 2 à 4, une détérioration de la gaine a eu lieu à une distance
L₂ sous l'effet d'une élévation de la température, respectivement à une valeur de
310°C, 325°C, 347°C pour une fibre optique dont la gaine en silicone commençait à
se décomposer à partir de 300°C. Le tracé montre une accentuation rapide de l'atténuation,
respectivement B₁, B₂, B₃, d'autant plus forte que la température était plus élevée.
Cette baisse accélérée est mise en évidence sur les figures 2 à 4 par l'intervalle
respectivement B₁, B₂, B₃ qui sépare les prolongements en trait interrompu de la direction
générale des tracés avant et après l'emplacement L₂ où la détérioration localisée
s'est produite. La situation de cette dernière le long de la fibre optique est déterminée
avec une précision suffisante permettant une intervention sans recherche le long de
la fibre si un risque d'incendie est à craindre.
[0018] La figure 5 montre le tronçon de la fibre optique 3 dans la zone de l'emplacement
situé à la distance L₂. Sous l'effet de la chaleur la gaine 4 a été détruite partiellement,
en 5, de sorte que le coeur 6 de la fibre optique 3 est mis à nu. Il en résulte une
fuite ou une perte importante 7 d'énergie lumineuse qui est la cause de la baisse
accélérée B₁, B₂, B₃ de l'atténuation indiquée par les tracés des figures 2 à 4.
[0019] La figure 6 montre un détecteur conforme à l'invention comprenant, à un poste de
surveillance 8, un réflectomètre 9 connu en soi, par exemple celui qui se trouve
dans le commerce sous la référence OFR-3 de la Société anglaise S.T.C.Components,
une source lumineuse 10 comprenant de préférence une diode laser, un coupleur optique
11 capable d'assurer cycliquement un couplage optique entre la source lumineuse 10
et une face extrême d'une fibre optique au moins. Dans cet exemple, on a représenté
trois fibres optiques 3A, 3B, 3C qui s'étendent à partir du poste de surveillance
8 à travers une zone 12, étendue, où on désire détecter toute élévation anormalement
rapide, même localisée, de la température. Les fibres optiques 3A, 3B, 3C sont disposées
à l'intérieur de la zone 12 dans les régions où un risque d'échauffement est le
plus grand.
[0020] Le coupleur optique 11 assure cycliquement un couplage optique entre chacune des
fibres optiques 3A, 3B, 3C et la source lumineuse 10 d'une part et le réflectomètre
9, séquentiellement. Le détecteur d'échauffement comprend aussi un comparateur électronique
13, d'un type quelconque approprié dont l'entrée est reliée à la sortie du réflectomètre
9. Ce comparateur 13 détecte toute accélération B₁, B₂, B₃ de l'atténuation. Sa sortie
est reliée à un appareil d'affichage et/ou d'alarme sonore et/ou visuelle (non représenté)
qui indique la distance L₂ à laquelle s'est produite la détérioration localisée 5
de la gaine 4 d'une fibre. Les réflectomètres actuels permettent de connaître la
distance L2 avec une précision de quelques décimètres.
[0021] Du fait que le détecteur de l'invention ne comprend pas de pièce mécanique en mouvement,
il peut comprendre un nombre élevé de fibres optiques, plusieurs milliers par exemple,
dont les faces extrêmes situées au poste de surveillance 8 sont balayées dans un
laps de temps assez court pour assurer une surveillance efficace.
[0022] La matière dans laquelle est réalisée la gaine 4 des fibres optiques 3 est choisie
en fonction des températures à détecter. Il en existe un grand nombre dont la nature
est connue ou dont la composition est facile à concevoir. Il n'est pas possible de
les énumérer en totalité. Pour une dégradation souhaitée à partir de 300°C environ,
la gaine peut être réalisée en silicone ; pour une température de 120°C environ, elle
peut être en un mélange de polyméthacrylate de méthyle-acétate de vinyle ; pour 50°C
environ, plusieurs copolymères commençant à se décomposer à cette température peuvent
être employés.
[0023] Dans le cadre de l'invention, les fibres optiques à gaine destructible peuvent être
incorporées à des éléments d'équipement comme par exemple des câbles électriques,
... et à des structures de construction comme des murs, des cloisons, des plafonds,....
[0024] Il est clair que l'invention n'a été décrite qu'à titre illustratif et nullement
limitatif; elle est en effet susceptible de recevoir différentes variantes de réalisation
à l'aide de diverses variétés de fibres optiques à gaine fusible ou destructible ou
d'autres types différents d'équipement de mesure de la réfraction et de traitement
des informations.
[0025] Le dispositif de détection de l'invention présente de nombreux avantages liés aux
fibres optiques : en effet, au point de vue technique les fibres optiques sont faciles
à installer, peu encombrantes, sûres de fonctionnement.
[0026] Comme les fibres optiques ne sont pas conductrices de l'électricité, elles peuvent
être installées sans danger près des lignes haute tension, dans les milieux soumis
à des influences magnétiques auxquelles elles sont insensibles ainsi que dans les
atmosphères explosives.
[0027] En outre, elles sont économiques en raison du prix modique des fibres actuellement
commercialisées.
[0028] Les applications envisagées se rapportent aussi à la détection de l'échauffement
dans les magasins et dans les silos de stockage de matières pouvant s'auto-échauffer,
particulièrement en vue de la détection et de la prévention de l'incendie et des explosions.
1. Détecteur, à partir d'un poste de surveillance (8) d'échauffement et d'incendie
dans une zone éloignée (12) caractérisé en ce qu'il comprend :
- au moins une fibre optique (3) ayant un coeur (6), une gaine (5) en matière
choisie pour être décomposée à partir d'une température (T) de valeur déterminée,
cette fibre optique (3) s'étendant à partir du poste de surveillance (8) à travers
la zone (12) surveillée,
- au poste de surveillance (8) :
. une source lumineuse (10) apte à produire des impulsions d'énergie lumineuses
pouvant se propager dans la fibre optique (3),
. un réflectomètre (9) apte à recevoir l'énergie réfléchie dans la fibre optique
(3) à la suite desdites impulsions et à la transformer en signal représentant l'atténuation
produite par ladite fibre optique fonction de sa longueur,
. un comparateur électronique (13) relié à la sortie du réflectomètre (9) pour
détecter toute atténuation accélérée se produisant dans la fibre optique en indiquant
l'emplacement (L₂) de cette atténuation accélérée, et fournir un signal d'alarme,
. un coupleur optique (11) assurant périodiquement et séquentiellement un couplage
optique entre le réflectomètre (9) et une face extrême de la ou de chaque fibre optique
(3) d'une part et entre la même face extrême de cette ou de ces fibres optiques (3)
et le réflectomètre (9) d'autre part.
2. Détecteur selon la revendication 1 caractérisé en ce que la gaine de la ou de
chaque fibre optique (3A, 3B, 3C) est en silicone se décomposant à partir de 300°C
environ.
3. Détecteur selon la revendication 1 caractérisé en ce que la gaine de la ou de
chaque fibre optique (3A, 3B, 3C) est un mélange de polyméthacrylate de méthyle-acétate
de vinyle fondant à 120°C environ.
4. Détecteur selon la revendication 1 caractérisé en ce que la gaine de la ou de
chaque fibre optique (3A, 3B, 3C) est en copolymère commençant à se décomposer à 50
°C environ.
5. Détecteur selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comprend un nombre
élevé jusqu'à plusieurs milliers de fibres optiques s'étendant dans la zone éloignée
(12) à partir d'une face extrême respective située au poste de surveillance (8), ces
faces extrêmes étant balayées séquentiellement par le coupleur optique (11).
6. Détecteur selon la revendication 5 caractérisé en ce que certaines au moins des
fibres optiques sont incorporées à des éléments d'équipement et/ou à des structures
de construction situés dans la zone éloignée (12).