[0001] La présente invention est relative à un procédé et un tunnel de refroidissement d'un
produit au moyen d'un liquide cryogénique. Par "produit", on entend soit un objet
de grande longueur tel qu'un tuyau, soit une succession d'objets de petites dimmensions.
L'invention concerne en premier lieu un procédé de refroidissement d'un produit par
injection d'un liquide cryogénique dans un tunnel tranversé longitudinalement par
ledit produit, du type dans lequel on divise le tunnel en deux compartiments qui communiquent
entre eux aux extrémités du tunnel, on fait passer le produit dans un premier compartiment,
on injecte le liquide cryogénique dans le second compartiment, et l'on crée entre
les deux compartiments une circulation forcée des gaz résultant de la vaporisation
du liquide en faisant passer ces gaz d'un compartiment à l'autre d'une part aux deux
extrémités du tunnel, d'autre part en un emplacement intermédiaire de la longueur
du tunnel, notamment à mi-longueur de celui-ci.
[0002] L'invention s'applique notamment aux cas suivants :
- modification des propriétés mécaniques d'un produit, par exemple durcissement de
tuyaux en caoutchouc en vue de la pose d'une tresse métallique extérieure, durcissement
de feuilles ou de joncs en caoutchouc ou en matière plastique pour l'obtention d'une
découpe franche, durcissement de produits extrudés tels que des confiseries ou des
fromages, etc...
- accélération du refroidissement de produits pour éviter leur entreposage et permettre
une fabrication en continu, par exemple refroidissement de biscuits en sortie de four
pour l'emballage en continu, sous-refroidissement de crèmes glacées avant enrobage
à chaud, prise rapide de gelées en charcuterie, etc...
[0003] Tous ces cas exigent deux impératifs :
(1) Obtenir un résultat homogène sur l'ensemble de la production. Par exemple, en
ce qui concerne les chaînes de production de biscuits, un biscuit trop chaud dégagera
de la vapeur d'eau dans son emballage, d'où condensation et moisissures, tandis qu'un
biscuit trop froid condensera l'humidité lors de son passage à l'air libre, ce qui
provoquera le même inconvénient que précédemment.
(2) Pouvoir adapter exactement la température du tunnel à la nature du produit et
au résultat recherché. Par exemple, s'il s'agit de refroidir un produit dans sa masse
avec un gradient de température minimal, la température du tunnel devra pouvoir être
réglée de manière précise en fonction de la conductibilité thermique du produit, et
le gaz en circulation sur le produit devra être exempt de toutes particules liquides
(azote liquide) ou solides (neige carbonique) qui provoqueraient des points froids
en surface entraînant soit une condensation, soit une détérioration de l'aspect du
produit. S'il s'agit d'obtenir un durcissement en surface (croûtage), la température
devra pouvoir être réglée sur la valeur minimale procurant ce résultat sans dommage
pour l'état de surface du produit.
[0004] Le document EP-A-24 159 décrit un procédé du type indiqué plus haut, dans lequel
un ventilateur central fait passer les gaz du premier compartiment au second, les
gaz retournant dans le premier compartiment par les extrémités du tunnel.
[0005] Cette conception connue présente de graves inconvénients :
- ce sont les gaz les plus froids qui s'échappent du tunnel par les extrémités de
celui-ci ;
- la partie frontale des produits à refroidir tend à s'opposer à la circulation des
gaz, notamment lorsque ces produits sont hauts. Les gaz froids arrivant dans le premier
compartiment sont ainsi partiellement refoulés vers l'extérieur du tunnel ;
- la position de l'injecteur de liquide cryogénique au centre du ventilateur ne permet
pas un débit d'injection important sans risque d'accumulation de neige carbonique
sur le ventilateur.
[0006] Par suite, le rendement thermique est médiocre, et de l'air humide tend à être aspiré
dans le tunnel et à provoquer un givrage sur les produits.
[0007] L'invention a ainsi pour but de fournir un procédé et un appareil permettant de refroidir
des objets, qui peuvent être discrets ou de grande longueur, de façon rapide, continue
et à des températures précises, ce avec un bon rendement thermique.
[0008] A cet effet, l'invention a pour objet un procédé du type précité, caractérisé en
ce qu'on assure ladite circulation forcée en soufflant lesdits gaz du second compartiment
au premier compartiment audit emplacement intermédiaire.
[0009] Suivant des caractéristiques avantageuses :
- on injecte le liquide cryogénique à partir d'une seule extrémité du tunnel ;
- on régule l'injection de liquide cryogénique en mesurant la température des gaz
en un point du tunnel où ce liquide est entièrement vaporisé ;
[0010] L'invention a également pour objet un tunnel de refroidissement d'un produit destiné
à la mise en oeuvre du procédé ainsi défini. Ce tunnel, du type comprenant une cloison
qui le divise en deux compartiments communiquant entre eux d'une part aux deux extrémités
du tunnel, d'autre part en un emplacement intermédiaire, notamment à milongueur,
du tunnel, des moyens pour déplacer longitudinalement le produit à refroidir à travers
un premier compartiment, des moyens d'injection d'un liquide cryogénique débouchant
dans l'autre compartiment, ainsi que des moyens de circulation pour faire passer les
gaz résultant de la vaporisation du liquide du second compartiment au premier compartiment
d'une part aux deux extrémités du tunnel, d'autre part audit emplacement intermédiaire,
est caractérisé en ce que lesdits moyens de circulation sont agencés pour souffler
lesdits gaz du second compartiment au premier compartiment audit emplacement intermédiaire.
[0011] Un exemple de réalisation de l'invention va maintenant être décrit en regard du dessin
annexé, sur lequel :
- la figure 1 est une vue schématique en coupe longitudinale d'un tunnel de refroidissement
conforme à l'invention ; et
- la figure 2 est une vue schématique en coupe transversale prise suivant la ligne
II-II de la figure 1.
[0012] Le tunnel représenté aux figures 1 et 2 comprend un caisson extérieur calorifugé
1 de forme générale parallélépipédique très allongée et à axe longitudinal horizontal.
Ce tunnel comporte dans une paroi d'extrémité (à droite sur la figure 1) une fenêtre
d'entrée 2 et, dans la paroi d'extrémité opposée, une fenêtre de sortie 3. Chaque
fenêtre est équipée d'un rideau souple (non représenté) destiné à réduire au maximum
les entrées d'air dans le tunnel.
[0013] Un convoyeur 4, constitué par un tapis sans fin ajouré, passe sur deux poulies de
renvoi 5, 6, dont l'une 6 est motrice, situées respectivement un peu en amont de la
fenêtre 2 et un peu en aval de la fenêtre 3. Le brin supérieur de ce convoyeur traverse
longitudinalement le caisson 1.
[0014] A peu près à mi-hauteur de l'espace du caisson 1 situé au-dessus du convoyeur 4,
le tunnel est équipé d'une cloison horizontale 7. Cette cloison s'étend transversalement
sur toute la largeur du caisson et est reliée aux parois latérales de celui-ci. Par
contre, dans le sens longitudinal, elle se termine à une certaine distance des deux
parois d'extrémité du caisson.
[0015] La cloison 7 est constituée d'une double tôle, de façon à présenter une épaisseur
notable. A chaque extrémité, cette cloison est profilée : sa face inférieure est inclinée
vers le haut puis arrondie pour se raccorder à sa face supérieure. A peu près à mi-longueur
du caisson, la cloison 7 présente une ouverture circulaire 8 définie par une virole.
Dans cette ouverture est disposée une hélice 9 de ventilateur à flux axial, suspendue
à un axe vertical 10 qui traverse le plafond du caisson 1. Sur ce plafond est fixé
un moteur électrique 11 d'entraînement de l'axe 10. Un déflecteur 12, constitué par
une tôle arquée longitudinalement et s'étendant latéralement jusqu'aux parois latérales
du caisson, est disposé sous l'hélice 9.
[0016] Ainsi, la cloison 7 divise l'espace intérieur du caisson 1 en deux compartiments
: un premier compartiment inférieur 13 traversé longitudinalement par le brin supérieur
du convoyeur 4 et contenant le déflecteur 12, et un second compartiment supérieur
14, ces deux compartiments communiquant entre eux d'une part à chaque extrémité du
tunnel, d'autre part à travers l'ouverture 8.
[0017] Une sonde de température 15 fait saillie dans le compartiment supérieur 14, du côté
de la sortie 3 du tunnel, à travers le plafond du caisson. Un tube capillaire 16 pénètre
dans le même compartiment 14 près de l'entrée 2 du tunnel. Ce capillaire traverse
le plafond du caisson puis s'incurve pour déboucher horizontalement dans le compartiment
14 en direction de l'axe 10 du ventilateur. Pour accélérer l'échange de chaleur, le
capillaire 16 débouche à l'entrée d'un venturi 17 orienté longitudinalement.
[0018] Au-dessus du caisson, l'extrémité amont du capillaire 16 est reliée à une source
18 d'anhydride carbonique liquide à -20°C, 20 bars par une conduite 19 équipée d'une
électrovanne 20. Cette dernière est commandée en tout ou rien par un régulateur-indicateur
de température 21 en fonction des informations fournies par la sonde de température
15.
[0019] En fonctionnement, le produit à refroidir, constitué par exemple, comme représenté,
d'une succession d'objets parallélépipédiques 22, défile à travers toute la longueur
du tunnel sur le brin supérieur du convoyeur 4, de l'entrée 2 à la sortie 3 en passant
sous le défecteur 12. L'hélice 9 est entraînée en rotation, et du CO₂ liquide est
détendu à travers le capillaire 16 et forme à la sortie de celui-ci, dans le compartiment
supérieur 14, de la neige carbonique qui se sublime. Le dimensionnement et le réglage
sont tels que la neige carbonique se sublime avant d'atteindre la mi-longueur du tunnel
et de se déposer sur les parois de celui-ci ou sur la cloison 7. Ainsi, à l'emplacement
de l'ouverture 8, il n'y a aucune particule de CO₂ solide, c'est-à-dire que l'hélice
9 fait passer du compartiment 14 au compartiment inférieur 13 un flux exclusivement
gazeux.
[0020] Ce flux gazeux est dévié par le déflecteur 12 vers les deux extrémités du tunnel
et, comme tout l'apport de froid passe par le ventilateur, la température des gaz
envoyés dans les deux directions dans le compartiment 13 est bien uniforme. A chaque
extrémité, les gaz remontent dans le compartiment 14 pour être recyclés, ce mouvement
étant favorisé par le profilage des extrémités de la cloison 7. La sonde 15 et le
régulateur 21 règlent l'injection de CO₂ liquide dans le tunnel de façon à maintenir
à une valeur précise la température des gaz circulant dans le tunnel, cette valeur
pouvant être réglée entre 0 et -65°C environ, à ± 1°C près.
[0021] Ainsi, les objets 22 subissent d'abord un refroidissement à contre-courant, jusqu'au
déflecteur 12, puis un refroidissement à co-courant. Ceci présente l'avantage d'assurer
un refroidissement uniforme des parties avant et arrière des objets 22, notamment
lorsque ceux-ci sont relativement hauts. De plus, une partie des gaz froids traverse
le convoyeur 4, ce qui assure également le refroidissement du dessous de ces objets.
On peut encore remarquer que grâce à la forte épaisseur de la cloison 7, la section
de passage des gaz froids est réduite, et donc la vitesse de circulation de ces gaz
est augmentée, ce qui favorise l'efficacité du refroidissement.
[0022] On a constaté que le tunnel décrit ci-dessus permet de refroidir en continu, rapidement
et à une température précise comprise dans une large gamme des produits très divers,
parmi lesquels on peut citer des produits en caoutchouc ou en matière plastique, des
articles de confiserie, de biscuiterie, de patisserie, de fromagerie, de charcuterie,
etc...
[0023] En variante, on peut utiliser un liquide cryogénique autre que le CO₂, par exemple
de l'azote liquide, pour assurer l'apport de froid dans le tunnel.
1. Procédé de refroidissement d'un produit (22) par injection d'un liquide cryogénique
dans un tunnel (1) traversé longitudinalement par ledit produit, du type dans lequel
on divise le tunnel en deux compartiments (13, 14) qui communiquent entre eux aux
extrémités du tunnel, on fait passer le produit dans un premier compartiment (13),
on injecte le liquide cryogénique dans le second compartiment (14), et l'on crée entre
les deux compartiments une circulation forcée des gaz résultant de la vaporisation
du liquide en faisant passer ces gaz d'un compartiment à l'autre d'une part aux deux
extrémités du tunnel, d'autre part en un emplacement intermédiaire (8) de la longueur
du tunnel, notamment à mi-longueur de celui-ci, caractérisé en ce qu'on assure ladite
circulation forcée en soufflant lesdits gaz du second compartiment (14) au premier
compartiment (13) audit emplacement intermédiaire (8).
2. Procédé suivant la revendicaiton 1, caractérisé en ce que les deux compartiments
(13, 14) sont superposés.
3. Procédé suivant l'une des revendications 1 et 2, caractérisé en ce qu'on injecte
le liquide cryogénique à partir d'une seule extrémité du tunnel.
4. Procédé suivant l'une quelconque des revendications 1 à 3, caractérisé en ce qu'on
régule l'injection de liquide cryogénique en mesurant la température des gaz en un
point du tunnel où ce liquide est entièrement vaporisé.
5. Tunnel de refroidissement d'un produit (22), du type comprenant une cloison (7)
qui le divise en deux compartiments (13, 14) communiquant entre eux d'une part aux
deux extrémités du tunnel, d'autre part en un emplacement intermédiaire, notamment
à mi-longueur, du tunnel, des moyens (4) pour déplacer longitudinalement le produit
à refroidir à travers un premier compartiment, des moyens d'injection d'un liquide
cryogénique débouchant dans l'autre compartiment (14), ainsi que des moyens de circulation
(9) pour faire passer les gaz résultant de la vaporisation du liquide du second compartiment
(14) au premier compartiment (13) d'une part aux deux extrémités du tunnel, d'autre
part audit emplacement intermédiaire (8), caractérisé en ce que lesdits moyens de
circulation sont agencés pour souffler lesdits gaz du second compartiment (14) au
premier compartiment (13) audit emplacement intermédiaire.
6. Tunnel suivant la revendication 5, caractérisé en ce que la cloison (7) est horizontale.
7. Tunnel suivant l'une des revendications 5 et 6, caractérisé en ce que la cloison
(7) présente une épaisseur notable pour diminuer la section de passage des gaz.
8. Tunnel suivant l'une quelconque des revendications 5 à 7, caractérisé en ce que
lesdits moyens de circulation (9) comprennent un ventilateur, notamment à flux axial,
monté dans une couverture (8) de la cloison (7) prévue audit emplacement intermédiaire.
9. Tunnel suivant la revendication 8, caractérisé en ce qu'un déflecteur longitudinal
(12) est monté en regard du refoulement du ventilateur (9).
10. Tunnel suivant l'une quelconque des revendications 5 à 9, caractérisé en ce que
lesdits moyens d'injection (16) débouchent à une seule extrémité du tunnel.
11. Tunnel suivant l'une quelconque des revendications 5 à 10, caractérisé en ce qu'il
comprend une sonde de température (15) adaptée pour mesurer la température des gaz
en un point du tunnel où le liquide cryogénique est entièrement vaporisé et commandant
une électrovanne (20) de régulation de l'injection de ce liquide.