[0001] La présente invention concerne un dispositif modulateur haute fréquence de polarisation
de la lumière. Elle est plus particulièrement applicable aux dispositifs optoélectroniques
de lecture des informations des mémoires à disques magnétooptiques.
[0002] On sait que dans les mémoires à disques magnétooptiques, les informations sont portées
par des disques magnétiques et lues par des dispositifs optoélectroniques. Les densités
radiale et longitudinale d'enregistrement de ces mémoires sont de l'ordre respectivement
de 10000 pistes par cm et 10000 informations par cm. (La densité radiale est le nombre
de pistes par unité de longueur mesurée suivant le diamètre du disque alors que la
densité longitudinale est le nombre d'informations par unité de longueur mesurée suivant
la circonférence d'une piste).
[0003] Le mode de fonctionnement des mémoires à disques magnétooptiques repose sur l'effet
magnétooptique. Ce dernier est caractéristique de certains matériaux magnétiques notamment
les alliages comportant un métal tel que le fer, le cobalt ou le chrome, et un des
métaux du groupe des terres rares lourds tel que le terbium, le gadolinium ou encore
le dysprosium.
[0004] Cet effet concerne l'interaction d'une lumière polarisée rectiligne avec l'état magnétique
du matériau. Elle peut avoir lieu par transmission de la lumière à travers le matériau
et alors l'effet magnétooptique est appelé effet Faraday ou encore, avoir lieu par
réflexion sur le milieu d'enregistrement et l'effet magnétooptique est alors appelé
effet Kerr.
[0005] L'interaction d'une lumière polarisée rectiligne avec l'état magnétique du matériau
constituant le milieu magnétique d'enregistrement a pour conséquence la rotation du
vecteur champ électrique dans le plan perpendiculaire à la direction de propagation
de la lumière, ou encore la rotation du plan de polarisation de la lumière qui comprend
ce vecteur champ électrique et la direction de propagation.
[0006] S'il s'agit de l'effet Kerr, on observe qu'après réflexion du faisceau incident de
lumière sur le matériau magnétooptique, le vecteur champ électrique de la lumière
subit une rotation qu'on dit par convention, égale à un angle (- ϑ ) lorsque le faisceau
lumineux rencontre un domaine d'aimantation négative (par convention) et égale à (+
ϑ ) lorsque le faisceau rencontre un domaine d'aimantation positive (également par
convention).
[0007] On voit que pour lire les informations enregistrées sur un milieu magnétique d'enregistrement
magnétooptique, il suffit de détecter la rotation du vecteur champ électrique ou encore
la rotation du plan de polarisation de la lumière. Ceci est effectué au moyen d'un
analyseur de lumière disposé de telle sorte que, si la lumière se réfléchit sur un
domaine magnétique d'aimantation négatif, on recueille à sa sortie une lumière d'intensité
nulle, et que si la lumière se réfléchit sur un domaine magnétique d'aimantation positive,
on recueille une lumière d'intensité non nulle. En plaçant derrière l'analyseur de
lumière un ou plusieurs transducteurs photoélectroniques, encore appelés photodétecteurs,
on recueille à la sortie de ceux-ci un signal de tension nulle pour un domaine magnétique
d'aimantation négative et un signal de tension non nulle pour un domaine d'aimantation
positive.
[0008] De plus amples détails sur la manière dont sont lues les informations dans une mémoire
magnétooptique sont données dans le brevet français n
o 2.514.913 déposé par la Compagnie Internationale pour l'Informatique CII HONEYWELL
BULL le 16 octobre 1981 et dont l'inventeur est Monsieur Jean-Pierre LAZZARI.
[0009] Les angles de rotation magnétooptiques ( ϑ ) sont généralement faibles et, par conséquent,
la différence d'intensité lumineuse entre une lumière d'intensité nulle et une lumière
d'intensité non nulle à la sortie de l'analyseur est très faible. Il s'en suit que
le signal de lecture recueilli à la sortie des photo-détecteurs est faible, alors
que le signal du aux bruits est relativement important.
[0010] Pour améliorer le rapport signal/bruit à la lecture, il a été proposé, dans la pratique
courante, de moduler la polarisation du faisceau de lumière envoyé sur le matériau
magnétooptique, comme l'indique, par exemple l'article de SAFWAT G. ZAKY publié dans
"IEEE transactions on magnetics" de Sept. 1972 sous le titre "Dynamic detection of
Faraday rotation".
[0011] Moduler la polarisation d'un faisceau de lumière consiste à faire osciller d'un angle
ϑ ʹ = a sin ω t le plan de polarisation de celle-ci autour d'une position moyenne.
A la sortie de l'analyseur et des détecteurs photoélectroniques, on détecte un faisceau
de lumière porteur dont l'amplitude est proportionnelle à la rotation ϑ du plan de
polarisation de la lumière dû à sa réflexion sur le matériau magnétique constituant
le milieu d'enregistrement. En disposant à la sortie des photo-détecteurs des moyens
de filtrage et des amplificateurs, on élimine les niveaux continus, et on s'affranchit
des bruits que ceux-ci comportent à savoir les bruits dus aux photo-détecteurs, les
bruits dus à la variation de puissance de l'émetteur laser de lumiére polarisée, les
bruits dus aux poussières, aux rayures sur les polariseurs et analyseurs et aux défauts
que le faisceau de lumière peut rencontrer par exemple sur le disque magnétooptique.
[0012] Les avantages énoncés ci-dessus s'ajoutent à l'amélioration connue du rapport signal/bruit,
due à l'utilisation d'un signal modulé.
[0013] On connaît des dispositifs modulateurs de la polarisation de la lumière décrits,
par exemple, dans le diplôme d'étude approfondie de Science des matériaux soutenus
par Mme Pascale VALETTE en juin 84 à l'Université Paris VI intitulé "Modulation de
polarisation avec des grenats magnétooptiques". Un tel dispositif associe un générateur
de champ magnétique périodique de pulsation ω à un grenat magnétooptique transparent
à la lumière dont l'aimantation est parallèle à sa surface et dont les propriétés
magnétooptiques reposent sur l'effet Faraday. Le champ périodique est envoyé sur le
grenat avec une incidience α , différente de 90°.
[0014] Lorsque le champ magnétique de pulsation ω est envoyé sur le grenat magnétooptique,
l'aimantation dans celui-ci change de sens périodiquement (il faut bien entendu que
l'intensité du champ magnétique soit supérieure au champ coercitif du matériau constituant
le grenat magnétooptique). Il s'en suit que l'angle de rotation du plan de polarisation
de la lumière (due à l'effet Faraday) envoyée sur le grenat magnétooptique simultanément
au champ magnétique, varie lui aussi périodiquement avec une pulsation voisine de
la pulsation ω. Après avoir traversé le grenat magnétooptique, le faisceau de lumière
polarisé subit une rotation ϑʹ due à l'effet magnétooptique (égale à a sinωt) de son
plan de polarisation par rapport au plan de polarisation du faisceau incident envoyé
sur la surface du grenat magnétooptique.
[0015] L'inconvénient majeur de ce type de dispositif modulateur est de ne pouvoir fonctionner
qu'aux basses fréquences, alors que pour lire les informations dans les mémoires magnétooptiques
dont les densités d'enregistrement sont celles mentionnées plus haut, il est nécessaire
de moduler la polarisation de la lumière avec de très hautes fréquences. En effet,
le débit de lecture des informations dans les mémoires magnétooptiques à fortes densités
d'enregistrement est de l'ordre de une à quelques dizaines de millions d'informations
par seconde, ce qui correspond à des fréquences de lecture de quelques dizaines de
mégahertz. Pour que le faisceau de lumière modulé soit porteur, il faut que sa fréquence
soit au moins double de celle de la fréquence de lecture et soit donc de l'ordre de
quelques dizaines de mégahertz. Or les dispositifs modulateurs de polarisation de
la lumière du type de ceux existant dans la pratique courante tels que celui décrit
ci-dessus ne peuvent fonctionner qu'à des fréquences au maximum égales à 100 kilohertz.
[0016] La présente invention permet de remédier à ces inconvenients et concerne un dispositif
modulateur haute fréquence de polarisation de la lumière pouvant être utilisé dans
les dispositifs optoélectroniques de lecture des mémoires magnétooptiques à des fréquences
de quelques mégahertz voire quelques dizaines de mégahertz.
[0017] Selon l'invention, le dispositif modulateur haute fréquence de polarisation de la
lumière comprend :
- une source de lumière polarisée émettant un faisceau de lumière polarisée incident,
- un générateur de champ magnétique périodique de pulsation ω ,
- un grenat magnétooptique recevant le faisceau de lumière polarisée et le champ magnétique
périodique, produisant un faisceau de lumière polarisée modulé ayant subi une rotation
ϑʹ égale à asin ω t de son plan de polarisation par rapport au plan de polarisation
du faisceau incident, est caractérisé en ce que le générateur est constitué par une
microbobine disposée sur le granat magnétooptique de manière à produire un champ magnétique
perpendiculaire à celui-ci, ce dernier monocristallin en couches minces, étant magnétiquement
anisotrope avec sa direction de facile aimantation perpendiculaire à son plan.
[0018] D'autres caractéristiques et avantages de la présente invention apparaîtront dans
la description suivante, donnée à titre d'exemple non limitatif et en se référant
aux figures annexées.
[0019] Sur ces dessins :
- la figure 1 : composée des figures a, b, c, illustre des rappels concernant les effets magnétooptiques
Kerr et Faraday,
- la figure 2 est une représentation schématique d'un dispositif optoélectronique de lecture d'informations
contenues sur un support magnétique tel que décrit dans les brevet no 2.514.913 précité,
- la figure 3 : composée des figures 3a et 3b illustre des rappels concernant la modulation de
la polarisation de la lumière,
- la figure 4 : montre comment l'on peut insérer un dispositif modulateur de polarisation de la
lumière selon l'invention dans le dispositif optoélectronique de lecture représenté
à la figure 2,
- la figure 5 : est une vue agrandie du dispositif modulateur de polarisation de la lumière selon
l'invention montrée à la figure 4,
- la figure 6 : est un exemple de réalisation préférée du dispositif modulateur de polarisation
de la lumière selon l'invention,
- la figure 7 : composée des figures 7a et 7b montre comment on monte le modulateur selon l'invention
à l'intérieur d'un boîtier.
[0020] On comprendra mieux comment est constitué et comment fonctionne le dispositif modulateur
de polarisation de la lumière selon l'invention, en faisant quelques rappels sur l'effet
magnétooptique, la lecture des informations enregistrées sur les milieux magnétooptiques,
les dispositifs optoélectroniques de lecture de ces informations, et la modulation
de polarisation de la lumière. Ces rappels sont illustrés par les figures 1, 2, 3.
RAPPELS SUR L'EFFET MAGNETOOPTIQUE
[0021] On considère la figure 1.
[0022] On considère un milieu magnétooptique MMO que l'on suppose sensible à l'effet Kerr
(le raisonnement est identique s'il s'agit d'un milieu magnétooptique sensible à l'effet
Faraday). On suppose que le milieu magnétooptique MMO est à aimantation perpendiculaire,
c'est-à-dire que son aimantation est normale à sa surface. On a enregistré sur ce
milieu MMO un grand nombre de domaines magnétiques de faibles dimensions (quelques
microns), dont 3 seulement ont été représentés à la figure 1a pour simplifier. Ces
domaines sont respectivement désignés par Di
-1, D
i, D
i+1. Les vecteurs aimantation respectifs à l'intérieur de chacun de ces domaines sont
M
i-1, M
i, M
i+1. On envoie perpendiculairement à la surface du milieu MMO un faisceau incident F
i de lumière polarisée rectiligne, selon une direction de propagation DP
i . Dans un plan de propagation PPR normal à la direction de propagation DP
i, le champ électrique du faisceau incident F
i est E
i et a la direction indiquée aux figures 1a, 1b et 1c, la figure 1a étant une vue dans
l'espace, alors que les figures 1b et 1c sont des vues en projection sur le plan PPR.
Le plan de polarisation du faisceau de lumière F
i est défini par la direction de propagation DP
i et par le vecteur E
i. On le désigne par PPOL
i.
[0023] En se réfléchissant sur le milieu MMO, le faisceau F
i devient le faisceau réfléchi F
r si le milieu MMO est sensible à l'effet Kerr, (le faisceau transmis F
t si MMO est sensible à l'effet Faraday). Lorsque le faisceau F
i se réfléchit sur un domaine magnétique d'aimentation négative telle que le domaine
D
i, le faisceau réfléchi est tel que son champ électrique E
r- (E
t-) a tourné d'un angle (- ϑ) par rapport au champ E
i du faisceau incident F
i. Le plan de polarisation du faisceau réfléchi F
r (F
t) est alors PPOL
r- (PPOL
t-), l'angle dièdre entre ce plan et le plan PPOL
i étant aussi égal à ( - ϑ ).
[0024] De même, lorsque le faisceau incident F
i se réfléchit sur un domaine magnétique d'aimantation positive, telle que par exemple
le domaine D
i+1, le faisceau réfléchi F
r (F
t) est tel que son champ électrique E
r+ (E
t+) subit une rotation (+ ϑ ) par rapport au champ électrique E
i du faisceau F
i. Le plan de polarisation PPOL
r+ (PPOL
t+) fait alors avec le plan PPOL
i un angle dièdre égal à (+ ϑ). La figure 1b permet de mieux voir les positions relatives
des champs électriques E
i, E
r-, E
r+ (E
t-, E
t+) des faisceaux incident et réfléchi F
i, F
r (F
t) selon que F
i se réfléchit sur un domaine d'aimantation négative ou positive.
RAPPELS SUR LA LECTURE MAGNETOOPTIQUE
[0025] Ainsi qu'il a été décrit plus haut, pour lire les informations enregistrées sur un
milieu magnétooptique tel que MMO, il faut déterminer le sens de l'aimantation dans
chacun des domaines D
i, ce qui revient à déterminer si le vecteur champ électrique a tourné d'un angle -
ϑ ou d'un angle + ϑ . Pour ce faire, on place sur le chemin de propagation du faisceau
réfléchi F
r (F
t), un analyseur de lumière. Celui-ci est généralement constitué d'un cristal présentant
une direction priviligiée de transmission de la polarisation de la lumière, par exemple,
DPP, direction qui est représentée en traits interrompus sur la figure 1b et en traits
pleins sur la figure 1c. On place l'analyseur de telle sorte que la direction DPP
soit normale au champ électrique E
r- (E
t-).
[0026] A la sortie de l'analyseur, on recueille une lumière dont l'intensité lumineuse est
proportionnelle au carré de la projection du vecteur champ électrique sur la direction
DPP.
[0027] Ainsi, si le faisceau F
r (F
t) provient d'un domaine d'aimantation négative, on recueille à la sortie de l'analyseur
une lumière d'intensité lumineuse proportionnelle au carré du module du vecteur E
rp- (E
tp-) projection du vecteur E
r- sur la direction DPP. De même, si le faisceau F
r (F
t) provient d'un domaine d'aimantation positive, on recueille à la sortie de l'analyseur
une lumière dont l'intensité lumineuse est proportionnelle au carré du module du vecteur
E
rp+ (E
tp+) projection du vecteur E
r+ (E
t+) sur la direction DPP. On voit donc bien que sie le faisceau F
r (F
t) provient d'un domaine d'aimantation négative, on recueille à la sortie de l'analyseur
une lumière d'intensité quasiment nulle, alors que si le faisceau F
r (F
t) provient d'un domaine d'aimantation positive, on recueille à la sortie de l'analyseur
une lumière d'intensité non nulle (un raisonnement identique peut être fait pour les
signaux délivrés par les transducteurs photoélectroniques placés à la sortie de l'analyseur
de lumière).
RAPPELS SUR LES DISPOSITIFS DE LECTURE MAGNETOOPTIQUE
[0028] On considère la figure 2.
[0029] Le dispositif optoélectronique de lecture dont le schéma est représenté sur cette
dernière fonctionne selon les modalités de lecture illustrée par les figures 1a, 1b
et 1c.
[0030] On suppose que le milieu magnétooptique dont on cherche à lire les informations par
le dispositif optoélectronique de la figure 2 est un disque magnétique DISC.
[0031] Les différents éléments constitutifs essentiels de ce dispositif de lecture optoélectronique
sont les suivants :
- une source de lumière SL,
- un polariseur POL,
- un élément séparatuer ES du faisceau incident F
i et du faisceau réfléchi F
r,
- une optique de grossissement OBJGROS permettant d'éclairer la surface du disque
DISC sur une surface S telle que l'on observe simultanément plusieurs pistes (au moins
une dizaine) et une pluralité de domaines magnétiques à l'intérieur de chaque piste,
- des moyens de projection MPROJ,
- un analyseur de lumière AN, un plan de projection P où est projetée l'image de la
surface éclairée par le faisceau incident F
i, image obtenue par les moyens de projection MPOJ, l'analyseur AN étant disposé entre
les moyens de projection et le plan P,
- un ensemble de transducteurs photoélectroniques TRPE délivrant un ensemble de signaux
électriques corrrespondant aux différents domaines magnétiques du disque DISC observés
à l'intérieur de la surface éclairée par le faisceau F
i.
[0032] L'ensemble constitué par la source SL et le polariseur POL émet un faisceau F
i de lumière parallèle relativement monochromatique et polarisée.
[0033] Le faisceau incident F
i passe à travers l'élément séparateur ES et est envoyé à travers l'optique de grossissement
OBJGROS normalement à la surface du disque DISC. La surface S ainsi éclairée est sensiblement
circulaire. On peut y observer quelques dizaines, voire une centaine de pistes et
quelques dizaines, voire une centaine de domaines magnétiques à l'intérieur de chaque
piste.
[0034] Le faisceau réfléchi F
r passe successivement à travers l'optique OBJGROS et l'élément séparateur ES avant
de traverser les moyens de projection MPROJ. La lumière du faisceau réfléchi F
r passe à travers l'analyseur de lumière AN avant d'être projetée sur le plan P où
sont disposés les transducteurs photoélectriques TRPE qui délivrent un signal de tension
nulle ou non nulle suivant que les domaines magnétiques rencontrés par le faisceau
F
i sont d'aimantation négative ou positive.
[0035] L'ensemble des signaux délivrés par les transducteurs TRPE est exploité, par exemple,
de la manière indiquée dans la demande de brevet N
o 82.08 406 par la Compagnie Internationale pour l'Informatique CII HONEYWELL BULL
le 14 mai 1982 sous le titre " Procédé optoélectronique de lecture d'informations
contenues sur un support magnétique et dispositif pour le mettre en oeuvre".
RAPPELS SUR LA MODULATION DE POLARISATION DE LA LUMIERE ET LES DISPOSITIFS MODULATEURS
[0036] Ainsi qu'il a été décrit plus haut, pour améliorer le rapport signal/bruit d'un dispositif
optoélectronique de lecture d'informations contenues sur un support d'enregistrement
magnétooptique, on module la polarisation du faisceau incident F
i. Ceci est obtenu en disposant un dispositif modulateur de polarisation MODUL représenté
en traits interrompus à la figure 2, entre le polariseur POL et l'élément séparateur
ES. Moduler la polarisation de la lumière consiste, comme il est indiqué à la figure
3a à faire osciller périodiquement le vecteur champ électrique autour de sa position
moyenne E
i (dont on voit la trace sur le plan PPR, à la figure 3a). Si on désigne par E
mi le vecteur champ électrique modulé, et si ϑʹ est l'angle entre E
mi et E
i, on a ϑʹ = a sin ω t ou a est l'amplitude d'oscillation du champ modulé E
mi.
[0037] L'effet de la réflexion du faisceau incident F
i sur le milieu d'enregistrement magnétooptique MMO est mis en évidence à la figure
3b.
[0038] Pour un domaine magnétique d'aimantation négative, le vecteur champ électrique du
faisceau réfléchi F
r, à savoir E
mr- subit une rotation globale (- ϑ + ϑʹ,) alors le vecteur champ électrique E
mr+ du faisceau réfléchi F
r après réflexion sur un domaine d'aimantation positive subit une rotation globale
( ϑ + ϑʹ) . Ainsi qu'il a été indiqué plus haut, l'inconvénient majeur des modulateurs
de polarisation de la lumière selon l'Art antérieur est de ne pouvoir moduler la polarisation
de la lumière qu'à des fréquences relativement basses, qui ne sont pas compatibles
avec la fréquence de lecture des informations sur les pistes des disques des mémoires
magnétooptiques, qui sont de l'ordre de quelques mégahertz à quelques dizaines de
mégahertz.
DISPOSITIF MODULATEUR SELON L'INVENTION
[0039] Le dispositif modulateur de polarisation de la lumière selon l'invention montré aux
figures 4 à 7 permet de trouver une solution aux problèmes mentionnés ci-dessus.
[0040] Un tel modulateur MODULI comprend :
- un grenat magnétooptique en couches minces monocristallin GRI, magnétiquement anisotrope
dont la Direction de facile aimantation AF (voir figure 5) est perpendiculaire au
plan du grenat,
- une micro bobine BOBI de très faible diamètre (inférieure au mm) plaquée contre
le grenat GRI. Le faisceau de lumière polarisé incident F
i est envoyé normalement à la surface du grenat GRI, alors que la micro-bobine BOBI
produit un champ magnétique périodique H
p de pulsation ω envoyé lui aussi, normalement à la surface du grenat. La fréquence
d'oscillations du champ H
p est de l'ordre de plusieurs dizaines de mégahertz et son amplitude est d'une vingtaine
d'oersteds.
[0041] Lorsque le grenat magnétooptique est soumis au champ H
p, son aimantation perpendiculaire à sa surface, oscille entre les amplitudes - M et
+ M (voir figure 5) à une fréquence voisine de la fréquence d'oscillation du champ
périodique magnétique H
p. Cela signifie que la rotation magnétooptique par effet Faraday du faisceau de lumière
incident F
i va osciller à la même fréquence et que le faisceau de lumière polarisé modulé produit
par le modulateur MODULI va être tel que son vecteur champ électrique E
mi va faire un angle ϑʹ avec le vecteur champ électrique du faisceau incident F
i (avec ϑʹ = a sin ωt, voir figure 3a).
[0042] Les exigences auxquelles doit répondre le matériau constituant le grenat magnétooptique
GRI sont :
1) faible absorbtion à la longueur d'ondes du faisceau incident de lecture Fi (celle-ci se situe habituellement dans le domaine du visible, par exemple le rouge)
ce qui implique que l'épaisseur du grenat est très faible, de l'ordre de quelques
microns,
2) une rotation Faraday suffisante à la fréquence d'oscillation du faisceau modulé,
de l'ordre de quelques dixièmes de degrés environ. Cette rotation dénommée ϑeff est
appelée rotation Faraday dynamique. On montre qu'elle est proportionnelle à la rotation
Faraday statique ϑF (rotation obtenue avec une lumière polarisée non modulée) et dépend d'une part, de
la constante d'anisotropie du matériau constituant le grenat (ϑF augmente si la constante d'anisotropie diminue) et d'autre part, de l'aimantation
de saturation MS selon la direction de facile aimantation (ϑF augmente si MS augmente). La rotation statique ϑ F dépend de la composition du matériau lui-même. Satisfaire les exigences 1 et 2 ci-dessus
revient à obtenir, à la sortie des photodétecteurs TRPE, un signal d'amplitude suffisante,
avec un rapport signal/bruit correct.
3) une réponse dynamique permettant une modulation de la polarisation de la lumière
à une fréquence au moins deux fois supérieure à la fréquence de lecture des informations
sur une piste du disque magnétooptique, à savoir plusieurs dizaines de mégahertz.
On montre que cela permet d'avoir un rapport signal/bruit maximum. Pour avoir une
bonne réponse dynamique, il faut que le grenat magnétooptique GRI soit monocristallin,
réalisé en couches minces et avoir une aimantation perpendiculaire à son plan, (direction
de facile aimantation perpendiculaire à son plan).
[0043] Il est possible d'obtenir de tels grenats magnétooptiques en couches minces obéissant
aux critères énoncés ci-dessus en procédant par épitaxie en phase liquide de la manière
indiquée dans la revue "Electronics and Optics", sous le chapitre "thin solids films"
114 (1984) entre les pages 33 et 43, sous le titre "The growth of bismuth Iron garnet
layers by liquid phase epitaxy" dont les auteurs sont W. TOLKSDORF et C. P. KLAGES.
[0044] Pour obtenir les performances voulues, il faut optimiser la composition du grenat,
son orientation cristallographique, son épaisseur.
[0045] Parmi les grenats permettant d'obtenir de bonnes performances, on peut citer les
grenats du type Y
3-x Bix Fe
5-y Ga
y 0₁₂ qui ont une rotation Faraday ϑ
F de l'ordre de quelques milliers de degrés par cm d'épaisseur, ou encore les grenats
du type (YGdPrBi)₃ (FeGa)₅ 0₁₂, qui ont une rotation ϑ
F supérieure à 10 000 degrés par cm d'épaisseur. L'un comme l'autre de ces grenats
ont un faible champ coercitif (quelques oersteds).
[0046] La microbobine BOBI est de très faible dimension puisque son diamètre est inférieur
à 1 mm (de l'ordre de 0,8 mm dans un exemple de réalisation préférée) et sa longueur
de quelques millimètres (de l'ordre de 2 mm dans un exemple de réalisation préférée).
Le nombre de tours est de l'ordre d'une dizaine. Ainsi, on réalise une bobine dont
l'impédance est faible pour les fréquences considérées (quelques ohms). Il est clair
que l'utilisation d'une bobine de dimensions plus élevées, donnerait une valuer de
la self L de la bobine plus importante et par suite une impédance plus importante,
ce qui provoquerait des pertes selfiques et ohmiques également importantes et limiterait
la fréquence d'utilisation.
[0047] De plus, l'utilisation d'une bobine de faible dimension permet de concentrer le champ
magnétique sur une zone de faible dimension du grenat de l'ordre de grandeur de celle
du faisceau lumineux F
i. Le champ magnétique H
p produit par la micro-bobine a une amplitude d'une vingtaine d'oersteds, en tout cas
supérieure au champ coercitif du grenat magnétooptique GRI ce qui permet d'assurer
dans les meilleures conditions le renversement de l'aimantation M à l'intérieur de
ce grenat.
[0048] Un autre avantage d'utiliser une bobine de faibles dimensions, est que le champ magnétique
produit a une direction pratiquement normale à la surface du grenat et par conséquent,
parallèle à l'aimantation dans celui-ci, ce qui facilite d'autant le renversement
de celle-ci.
[0049] Dans une forme de réalisation préférée de l'invention, illustrée par la figure 6,
on colle le grenat GRI sur la bobine qui est elle-même noyée à l'intérieur d'un substrat
isolant magnétiquement et électriquement SI. L'épaisseur d'isolant est de l'ordre
de grandeur de la longueur de la micro-bobine BOBI. Le substrat SI et le grenat GRI
ayant sensiblement la forme d'un rectangle, la longueur l
s du substrat est supérieure à la longueur l
g du grenat GRI. Cela permet de fixer le modulateur MODULI à l'intérieur d'un boîtier
de forme parallépipédique BI, comme indiqué à la figure 7a, au moyen de la partie
du substrat débordant par rapport au grenat GRI.
[0050] Le substrat FI est fixé à l'intérieur de l'une des grandes parois PARI₁ du parallépipède
constituant le boîtier BI. A l'intérieur de la paroi PARI₂ du boîtier BI, parallèle
à la paroi PARI₁, est pratiquée une fenêtre FEN ayant même axe de symétrie Ax que
l'axe de symétrie du modulateur MODULI perpendiculaire au grenat et lequel est confondu
avec l'axe de symétrie de la bobine BOBI. Cet axe Ax est confondu avec l'axe optique
du faisceau incident F
i. Il comprend également deux bornes de connexion CO₁, CO₂ disposées sur une paroi
perpendiculaire au deux parois PARI₁, PARI₂ permettant de connecter les bornes de
la microbobine BOBI (non représentées pour simplifier le dessin à la figure 7a et
7b) à un générateur de signal haute fréquence associé à un amplificateur.
[0051] A l'intérieur du boîtier, on dispose également un circuit composé d'une capacité
C et d'une résistance R, qui, associé à la self L de la bobine BOBI, constitue un
circuit résonant haute fréquence accordé sur la fréquence de modulation voulue.