[0001] La présente invention a pour objet un procédé pour la décontamination radioactive
d'une huile applicable en particulier pour la décontamination des huiles utilisées
dans les installations nucléaires.
[0002] En effet, dans les installations nucléaires, les huiles employées dans des machines
telles que les pompes primaires par exemple, peuvent, au bout d'un certain temps,
être contaminées par des éléments radioactifs. Le niveau d'activité varie de 3,7.10⁶
à 3,7.10⁴ Bq/m³ environ, alors qu'on admet que le seuil de non contamination est de
3,7.10³ Bq/m³. Dans les huiles utilisées sur les pompes primaires, le contaminant
principal est le xénon 133, mais celui-ci a une période assez courte (5,3 jours) et,
après cette période, les huiles sont à peu près au même niveau d'activité qui est
de l'ordre de 3,7.10⁴ Bq/m³. En plus du xénon 133, les autres radioéléments susceptibles
de se trouver dans les huiles contaminées sont notamment : le manganèse 54, le cobalt
58, le cobalt 60, le niobium 95, l'iode 131, le césium 134, le césium 137 et le cérium
144.
[0003] La méthode actuellement utilisée pour se débarrasser des huile contaminées consiste
à les incinérer. Cette incinération produit d'une part des cendres qui peuvent être
évacuées dans des fûts de stockage et, d'autre part, des produits gazeux qu'il convient
de traiter. Pour cela, on les fait passer à travers des filtres dit "absolus", c'est-à-dire
des filtres qui retiennent pratiquement toutes les poussières et particules solides
même les plus fines.
[0004] Si l'évacuation des cendres ne pose pas de problèmes particuliers, le traitement
de grandes quantités de gaz exigerait des installations de grandes dimensions, donc
coûteuses. Aussi, on se contente d'installations de dimensions réduites, ce qui ne
permet d'obtenir que de faibles débits de traitement dans la décontamination radioactive
des huiles.
[0005] La présente invention a pour but de remédier à ces inconvénients en proposant un
procédé de décontamination radioactive des huiles peu coûteux et qui permet d'obtenir
une huile dont le taux d'activité est inférieur à 3,7.10³ Bq/m³.
[0006] Selon la principale caractéristique du procédé objet de l'invention, destiné à la
décontamination d'une huile contenant des radioéléments, on fait passer cette huile
à travers un matériau pulvérulent en présence d'un acide.
[0007] De préférence, le matériau pulvérulent est une terre contenant des diatomées ou bentonites
et sa granulométrie est inférieure 0,5 mm. Quant à sa masse, elle est de préférence
comprise entre 0,5 et 5% de la masse de l'huile à traiter.
[0008] L'acide utilisé peut être de l'acide chlorhydrique sulfurique ou phosphorique et
sa concentration aqueuse est de préférence supérieure ou égale à 70%.
[0009] Dans la présente description, le mot "huile" doit être pris dans son sens le plus
général et désigne aussi bien un lubrifiant qu'une base de lubrifiant telle qu'une
huile minérale, animale ou végétale.
[0010] Le mécanisme de décontamination d'une huile par le procédé de l'invention peut s'expliquer
de la manière suivante : l'acide réagit avec l'huile pour former des produits tels
que des goudrons et les radioéléments se fixent sur ces goudrons. Ces derniers sont
retenus par le matériau pulvérulent et c'est donc une huile débarrassée au moins en
partie des radioéléments que l'on recueille. Eventuellement, comme on le verra plus
loin, il peut être nécessaire de recycler l'huile à travers le matériau pulvérulent
jusqu'à ce qu'elle soit complètement décontaminée.
[0011] Comme indiqué ci-dessus, dans la présente description, l'expression "complètement
décontaminée" ou "décontaminée" signifie que le taux d'activité de l'huile est inférieur
à 3,7.10³ Bq/m³.
[0012] Dans un premier mode de mise en oeuvre le procédé objet de l'invention comporte les
étapes suivantes consistant à :
(a) - mélanger l'huile avec le matériau pulvérulent,
(b) - faire passer le mélange à travers un filtre apte à retenir au moins une partie
du matériau pulvérulent, et
(c) - répéter l'étape (b) autant de fois qu'il est nécessaire pour obtenir la décontamination
complète de l'huile.
[0013] Dans un deuxième mode de mise en oeuvre du procédé objet de l'invention, celui-ci
comporte les étapes suivantes consistant à :
(d) - placer le matériau pulvérulent sur la face amont d'un filtre,
(e) - faire passer l'huile à travers ce filtre recouvert du matériau pulvérulent,
et
(f) - répéter l'étape (e) autant de fois qu'il est nécessaire pour obtenir la décontamination
complète de l'huile.
[0014] L'expression "face amont" ou "face aval" du filtre utilisée dans la présente description
doit se comprendre par rapport au sens d'écoulement de l'huile à travers le filtre.
D'autre part, il est bien entendu que les étapes (c) et (f) sont facultatives car
il se peut, dans certains cas, qu'un seul passage de l'huile ou du mélange à travers
le filtre suffise à retirer toute la contamination.
[0015] Enfin, dans la plupart des cas, il est avantageux de chauffer l'huile avant de la
faire passer à travers le matériau pulvérulent.
[0016] L'invention apparaîtra mieux à la lecture de la description qui va suivre, donnée
à titre d'exemple purement illustratif et nullement limitatif, en référence au dessin
annexé, lequel comporte une figure unique qui est une vue schématique en coupe verticale
d'un dispositif utilisé pour la mise en oeuvre du procédé objet de l'invention.
[0017] Si l'on se reporte au dessin, on voit que le dispositif objet de l'invention se compose
d'abord d'une cuve de préparation 10 équipée d'un agitateur 12 pouvant être mis en
mouvement grâce à un moteur 14 et d'un moyen de chauffage, par exemple une résistance
électrique 16. Du point le plus bas de la cuve 10 part une conduite 18, équipée d'un
robinet 20, qui relie la cuve 10 à une pompe 22. De cette dernière part une autre
conduite 24 équipée d'un robinet 26. La pompe 22 peut faire circuler le liquide contenu
dans la cuve 10 dans le sens des flèches indiquées sur la figure. Une conduite 28
équipée d'un robinet 30 relie la conduite 18, depuis un point situé entre le robinet
20 et la pompe 22, à la conduite 24 en un point de cette dernière situé en aval du
robinet 26 par rapport au sens de circulation du liquide imposé par la pompe 22. La
conduite 24 débouche dans une conduite 32 qui se décompose en deux parties. Une première
partie 32a équipée d'un robinet 34 retourne dans la cuve 10 à la partie supérieure
de celle-ci tandis qu'une deuxième partie 32b équipée d'un robinet 36 débouche dans
une cuve de filtration 38.
[0018] Celle-ci comporte un ensemble de filtres 40 qui, dans l'exemple représenté ici, sont
des filtres plans placés en position verticale. Ces filtres sont disposés par groupes
de deux, comme par exemple les filtres 40a et 40b et définissent ainsi un espace interne
42 qui communique à sa partie inférieure avec un collecteur 44. Les filtres sont fixés
à leur partie inférieure à la paroi du collecteur 44 et à leur partie supérieure à
un cadre 46 qui peut être mis en vibration grâce à un vibreur 48. Le rôle de ce vibreur
sera expliqué ci-dessous dans la suite de la présente description.
[0019] Un déflecteur 50 est placé à la partie inférieure de la cuve de filtration 38, au-dessous
du collecteur 44, à l'endroit où débouche la conduite 32. La position de ce déflecteur
50 est telle qu'il force l'huile entrant dans la cuve 38 à passer par le fond de celle-ci
avant de remonter dans la zone où se trouvent les filtres. Enfin, la cuve 38 est fermée
à sa partie inférieure par une trappe 52 qui est mobile entre une position de fermeture
52a représentée en traits pleins et une position d'ouverture 52b représentée en traits
mixtes.
[0020] Le collecteur 44 communique avec une conduite 54 placée à l'extérieur de la cuve
de filtration 38 et équipée d'un robinet 56. La conduite 54 débouche, à son extrémité
opposée à la cuve 38, à la partie supérieure de la cuve de préparation 10. Sur la
conduite 54, en un point situé entre la cuve de filtration 38 et le robinet 56, est
branchée une conduite d'évacuation 58 équipée d'un robinet 60, laquelle débouche à
l'intérieur d'une cuve de réception 62 servant à récupérer l'huile décontaminée.
[0021] On voit encore sur la figure une conduite 64 qui part de la partie supérieure de
la cuve de filtration 38 et qui se divise en deux branches. Une première branche 66
équipée d'un robinet 68 retourne dans la cuve de préparation 10 à la partie supérieure
de celle-ci. Une deuxième branche 70, équipée d'un robinet 72, est en communication
avec une source d'air qui fournit un air sec et lubrifié, par l'intermédiaire du robinet
76, au vibreur 48 et à la trappe 52.
[0022] Le déroulement d'une opération de décontamination avec un tel dispositif se fait
de la manière suivante :
[0023] Le robinet 20 étant fermé, on introduit d'abord l'huile à traiter dans la cuve de
préparation 10. Si nécessaire, on chauffe l'huile à l'aide de la résistance 16 jusqu'à
ce que la température désirée soit atteinte : une température de l'ordre de 110°C
convient dans presque tous les cas. Afin d'homogénéiser le produit à traiter, celui-ci
est agité grâce à l'agitateur 12 mis en mouvement par le moteur 14. Lorsque la température
désirée est atteinte, on introduit dans l'huile la quantité voulue de matériau pulvérulent,
par exemple de la terre. Le chauffage permet d'une part d'améliorer la viscosité de
l'huile et, d'autre part, d'éliminer l'eau ou d'autres solvants qui ne seraient pas
miscibles avec l'huile. En effet, ces solvants pourraient avoir un comportement néfaste
vis-à-vis de la terre, ce qui pourrait nuire à la qualité de la décontamination. D'autre
part, l'agitation améliore le contact entre le matériau pulvérulent et l'huile à traiter.
[0024] Lorsque le mélange est suffisamment homogène, les robinets 72 et 76 étant fermés,
on ouvre les robinets 20, 26, 36, 56 et 68, tous les autres robinets étant fermés.
On met alors en route la pompe 22, ce qui a pour effet de faire circuler le mélange
depuis la cuve de préparation 10 jusqu'à la cuve de filtration 38 à travers les conduites
18, 24 et 32b. La masse d'huile envahit progressivement la presque totalité du volume
de la cuve de filtration 38. Le niveau de l'huile montant ainsi dans la cuve de filtration,
une partie de l'huile finit par s'écouler à travers les conduites 64 et 66 et revient
dans la cuve de préparation 10. Les conduites 64 et 66 constituent un évent qui permet
de s'assurer que le liquide occupe la presque totalité du volume de la cuve de filtration.
[0025] D'autre part, la plus grande partie de l'huile passe à travers les filtres 40 et
pénètre dans les espaces 42 situés entre les filtres 40a et 40b de chaque groupe de
deux filtres. Ceci a pour effet qu'une partie du matériau pulvérulent se dépose sur
la face amont de chaque filtre : la face amont du filtre est celle qui se trouve du
côté opposé à l'espace 42. L'huile qui a ainsi été filtrée passe dans le collecteur
44 et, de là, dans la conduite 54 et retourne dans la cuve de préparation 10.
[0026] Etant donné que les filtres 40 sont constitués de manière à retenir au moins une
partie du matériau pulvérulent mélangé avec l'huile à traiter, une première couche
de ce matériau, dite "précouche", se dépose sur la face amont du filtre. C'est donc
de l'huile au moins partiellement épurée qui se retrouve dans le collecteur 44 et
retourne dans la cuve 10. La pompe 22 étant toujours en marche, l'huile est ainsi
recyclée à travers les filtres. A chaque passage, une nouvelle quantité de matériau
pulvérulent est retenue soit par le filtre lui-même, soit par la couche déjà déposée.
Il se forme ainsi un "gâteau" de matériau pulvérulent. Comme on le verra plus loin,
le filtre et la couche de terre déposée sur la face amont de celui-ci retiennent les
radioéléments contenus dans l'huile.
[0027] Au bout d'un certain nombre de cycles, l'huile qui passe à travers les filtres 40
et revient dans la cuve 10 est complètement décontaminée c'est-à-dire que son activité
est inférieure à 3,7.10³ Bq/m³. Ceci peut être déterminé facilement par analyse grâce
à des prélèvements effectués dans la cuve de préparation. Lorsque l'huile est décontaminée,
on ouvre le robinet 60 et on ferme le robinet 56. Ainsi, la pompe 22 envoie l'huile
décontaminée dans la cuve de réception 62 à travers la conduite 58. Lorsque la cuve
de réception 62 est pleine, l'huile décontaminée peut être récupérée et évacuée.
[0028] Il est à remarquer que, puisqu'on force l'huile à travers les filtres ou à travers
le gâteau qui s'est déposé sur ces derniers, une certaine pression, de l'ordre de
5 bars environ, règne dans la cuve de filtration 38. Les conduites 64 et 66 et le
robinet 68 jouent le rôle d'un évent qui permet de maintenir la pression à l'intérieur
de la cuve 38 dans des limites raisonnables et d'éviter qu'elle n'atteigne des valeurs
trop élevées.
[0029] Au fur et à mesure que l'huile est expulsée dans la cuve de réception 62, le niveau
baisse dans la cuve de préparation 10. Lorsque ce niveau a atteint une valeur prédéterminée,
on ouvre le robinet 56 et on ferme le robinet 60. On ouvre le robinet 72 afin d'envoyer
de l'air comprimé dans la cuve de filtration et de maintenir la pression à l'intérieur
de cette dernière, on ferme ensuite le robinet 26 et on arrête immédiatement la pompe
22. On ouvre alors le robinet 34 afin que, sous l'effet de la pression de l'air comprimé,
le reliquat d'huile se trouvant dans la cuve de filtration soit renvoyé dans la cuve
10 par l'intermédiaire de la conduite 32. Lorsqu'il n'y a plus d'huile dans la cuve
38, ce qui peut être déterminé par simple observation visuelle lorsqu'il n'y a plus
d'huile entrant dans la cuve 10 par les conduites 54 et 32, on ferme les robinets
34 et 56. A ce moment, de l'air comprimé est envoyé dans la cuve 38 pour sécher le
gâteau qui s'est déposé sur les filtres, l'un ou l'autre des robinets 34 et 56 pouvant
être ouvert afin de laisser échapper l'air.
[0030] Lorsque les gâteaux sont secs (le temps nécessaire peut être déterminé facilement
par des essais préalables), on ouvre le robinet 68 pour diminuer la pression à l'intérieur
de la cuve 38. On ferme ensuite tous les robinets sauf le robinet 68 qui permet d'introduire
de l'air sous pression normale à l'intérieur de la cuve. On ouvre la trappe 52 qui
passe de la position de fermeture 52a à la position d'ouverture 52b, et on met en
route le vibreur 48. Sous l'effet de ces vibrations, les couches de matériau pulvérulent
qui se sont déposées sur les filtres s'en détachent et tombent dans un fût 78 qui
a été préalablement placé sous la cuve 38. Lorsque le fût 78 est plein, il peut être
évacué vers un lieu de stockage.
[0031] Eventuellement, au lieu de mélanger le matériau pulvérulent avec l'huile à l'intérieur
de la cuve 10, on peut placer directement ce matériau sur la face amont des filtres
40 et faire ensuite circuler l'huile comme précédemment le processus est exactement
le même que celui qui vient d'être décrit.
[0032] On va maintenant décrire quelques essais qui ont été réalisés en laboratoire afin
de tester l'efficacité du procédé objet de la présente invention.
EXEMPLE 1
[0033] Dans cet essai, on a traité 200 cm³ d'une huile provenant d'une pompe primaire d'une
centrale nucléaire et dont l'activité initiale était de 2,7.10⁴ Bq/m³. A cette huile,
on a ajouté 5 g d'une terre dont les caractéristiques étaient les suivantes :
- densité apparente de la terre non tassée : 450±40 g/l
- densité apparente de la terre tassée : 670±60 g/l
- poids spécifique : environ 2,4 kg/l
Propriétés physiques et chimiques
[0034] - humidité (2 h, 110°C) : 7 % maximum
- pertes au feu (1000°C) : 7 % maximum
- pH (suspension à 10 %) : 2,5 - 3
Analyse granulométrique (tamisage)
[0035] - 150 m (DIN 40) : 97 %
- 70 m (DIN 80) : 88 %
- 60 m (DIN 100) : 80 %
Composition chimique
[0036] - SiO₂, Al₂O₃, Fe₂O₃, MgO, CaO, Na₂O, K₂O.
[0037] Les valeurs indiquées sont des valeurs moyennes.
[0038] Il s'agit d'une bentonite lavée à l'acide chlorhydrique, puis calcinée, commercialisée
par la Société Süd-Chemie AG de Munich sous la référence TONSIL OPTIMUM FF.
[0039] Le mélange a été agité pendant 30 minutes à la température ambiante, qui était de
l'ordre de 22°C. Le mélange a ensuite été filtré sous vide sur un papier filtre. Un
gâteau s'est formé, qui a été retenu par le filtre, et on a mesuré l'activité du filtrat
qui était inférieure à 3,7.10³ Bq/m³.
EXEMPLE 2
[0040] 200 cm³ de la même huile que dans l'exemple 1 ont d'abord été chauffés sous vive
agitation jusqu'à ce que la température se soit stabilisée autour de 110°C. On a ensuite
ajouté 3 g de la même terre que dans l'exemple 1, et le mélange a été agité pendant
30 minutes à 110°C. On a ensuite filtré le mélange dans les mêmes conditions que précédemment,
et on a obtenu un filtrat dont l'activité était inférieure à 3,7.10³ Bq/m³.
EXEMPLE 3
[0041] 200 cm³ de la même huile que dans les exemples précédents ont été mélangés à température
ambiante (c'est-à-dire environ 22°C) à 3 g d'une terre activée à l'acide sulfurique.
Pour cela, on a ajouté quelques gouttes d'acide sulfurique concentré aux 200 cm³ d'huile
avant de réaliser le mélange. Quant à la terre, elle avait les caractéristiques suivantes
:
- couleur : blanc
- densité : humide..... 320 g/l
apparente.. 180 g/l
Granulométrie
[0042] - refus au tamis 600µm = 1,0 % max.
- refus au tamis 104µm = 5 % moyenne
- pH = 10
- surface spécifique = 1,5 - 2 m²/g
- porosité = 75 - 85 %

[0043] Il s'agit d'une terre de diatomées d'origine lacustre. D'abord extrait de manière
sélective puis broyé, le minerai est ensuite fritté, c'est-à-dire qu'il subit une
calcination avec addition de fondant préalable. Ce traitement produit une particule
plus grosse et, en çonséquence, plus perméable. Le matériau est ensuite cycloné pour
obtention de granulométries différentes.
[0044] Le mélange a été agité pendant 30 minutes, puis filtré dans les mêmes conditions
que précédemment. Le taux d'activité du filtrat était inférieur au seuil de contamination,
c'est-à-dire inférieur à 3,7.10³ Bq/m³.
EXEMPLE 4
[0045] 200 cm³ de la même huile que précédemment ont été mélangés d'abord à quelques gouttes
d'acide sulfurique concentré, puis à 3 g de la terre utilisée à l'exemple 3. L'huile
a été chauffée sous agitation jusqu'à une température d'environ 110°C avant d'être
mélangée à la terre. Le mélange a été agité pendant 10 minutes à 110°C, puis a été
filtré dans les mêmes conditions que précédemment. Après refroidissement, on a mesuré
l'activité totale du filtrat, qui était inférieure à 3,7.10³ Bq/m³.
[0046] Il est à noter que, pour ces essais de laboratoire, un seul passage à travers le
filtre a suffi pour décontaminer entièrement l'huile. Ceci est dû au fait que les
papiers filtre utilisés étaient des papiers à pores extrêmement fins, et donc capables
de retenir la totalité de la terre. Dans le cas d'une utilisation industrielle avec
le dispositif illustré sur le dessin, les filtres sont des filtres à mailles plus
larges qui ne retiennent qu'une partie de la terre, et il est donc nécessaire de recycler
l'huile jusqu'à ce que toute la terre ou tout le matériau pulvérulent soit déposé
sur le filtre.
[0047] Le mécanisme de décontamination peut s'expliquer de la manière suivante :
[0048] Les radioéléments contenus dans les huiles à traiter peuvent se trouver soit sous
forme de particules solides, soit sous forme de composés dissous, soit sous forme
de composés se trouvant à l'état colloïdal. Les particules solides peuvent être présentes
naturellement dans l'huile ou avoir été formées par réaction de l'acide avec l'huile,
comme indiqué plus haut. La décontamination se fait par l'action conjuguée de trois
effets :
[0049] Il y a d'abord un effet mécanique de filtration, les filtres arrêtant la terre ou
les particules solides contenant les radioéléments, cet effet de filtration étant
de plus en plus important au fur et à mesure que l'on recycle l'huile puisque l'action
du gâteau qui se dépose progressivement s'ajoute à celle du filtre lui-même.
[0050] D'autre part, lorsqu'on utilise comme matériau pulvérulent une terre contenant des
diatomées, les particules contenant les radioéléments sont absorbées ou adsorbées
sur le squelette des diatomées puisque l'on force le fluide dans les pores de ces
dernières. Ceci est d'autant plus vrai dans le cas où l'on recycle le mélange et où
on le fait repasser à travers le filtre puisqu'au fur et à mesure que la terre ou
le matériau pulvérulent se dépose sur le filtre, on observe une augmentation de pression.
[0051] Enfin, il y a un effet chimique, surtout dans le cas où l'on utilise une terre activée
avec un acide : en effet, les radioéléments peuvent réagir avec l'acide d'activation
ou les composés constitutifs de la terre, ce qui entraîne une précipitation au sein
du matériau pulvérulent et améliore encore l'absorption ou l'adsorption.
[0052] On va maintenant donner d'autres exemples d'essais effectués en laboratoire dans
les mêmes conditions que les exemples 1 à 4, mais avec d'autres huiles.
EXEMPLE 5
[0053] 200 cm³ d'une huile en provenance d'un réducteur de levage ont été chauffés pendant
15 minutes à 110°C puis mélangés à 5g de la terre utilisée dans l'exemple 1. Le mélange
a été agité à cette température pendant 30 minutes. Un passage à travers un papier
filtrant tel que ceux utilisés aux exemples 1 à 4 a permis de ramener l'activité de
cette huile, qui était initialement de 5,2.10⁴ Bq/m³, à une valeur inférieure à 3,7.10³
Bq/m³.
EXEMPLE 6
[0054] La même huile qu'à l'exemple 5 a été chauffée à 110°C pendant 15 minutes, puis mélangée
avec un matériau pulvérulent constitué de 4g de la terre utilisée aux exemples 1 et
2 mélangés à 2g de la terre utilisée aux exemples 3 et 4.
[0055] Là aussi, on a pu ramener le taux d'activité qui était initialement de 5,2.10⁴ Bq/m³
à une valeur inférieure à 3,7.10³ Bq/m³.
EXEMPLE 7
[0056] 200 cm³ d'une huile utilisée sur une grue de générateur de vapeur et ayant une activité
de 3.10⁴ Bq/m³ ont été chauffés à 110°C pendant 15 minutes, puis mélangés à 3g de
la terre utilisée à l'exemple 5. Là aussi, la filtration sur papier a permis d'obtenir
une huile ayant une activité inférieure à 3,7.10³ Bq/m³.
[0057] Ainsi, le procédé objet de l'invention présente des avantages particulièrement intéressants
dont le premier est qu'il est peu coûteux à mettre en oeuvre puique le dispositif
utilisé peut être réalisé à l'aide d'éléments simples et facilement disponibles dans
le commerce. D'autre part, un tel dispositif ne consomme que peu d'énergie. De plus,
la capacité de traitement est importante puisqu'on peut traiter plusieurs mètres cubes
d'huile contaminée par jour alors qu'avec les méthodes d'incinération de l'art antérieur,
afin d'éviter d'avoir des installations trop encombrantes et trop coûteuses, on se
contente d'installations de dimensions réduites ne pouvant traiter que quelques litres
par jour. Enfin, après traitement, on récupère dans la cuve de réception une huile
de bonne qualité qui peut être réutilisée dans l'installation nucléaire même dont
elle provient, moyennant éventuellement l'introduction de quelques additifs adéquats.
[0058] Enfin, il est bien entendu que l'invention ne se limite pas aux seuls exemples de
réalisation qui viennent d'être décrits, mais qu'on peut envisager de nombreuses variantes
sans sortir pour autant du cadre de l'invention. C'est ainsi que l'homme du métier
pourra choisir la forme et la nature des filtres en fonction de la nature de l'huile
à traiter et adapter les dimensions de l'installation et la puissance de la pompe
en fonction du débit à traiter ou remplacer tout élément du dispositif par un élément
équivalent.
1. Procédé pour la décontamination radioactive d'une huile contenant des radioéléments,
caractérisé en ce qu'on fait passer cette huile à travers un matériau pulvérulent
en présence d'un acide.
2. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le matériau pulvérulent
est une terre contenant des diatomées ou bentonites.
3. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que le matériau pulvérulent
a une granulométrie inférieure à 0,5mm.
4. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la masse de matériau pulvérulent
est comprise entre 0,5 et 5% de la masse de l'huile à traiter.
5. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que l'acide utilisé appartient
au groupe constitué par l'acide chlorhydrique, l'acide phosphorique et l'acide sulfurique.
6. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce que la concentration aqueuse
de l'acide utilisé est supérieure ou égale à 70%.
7. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comporte les étapes suivantes
consistant à :
(a) - mélanger l'huile avec le matériau pulvérulent,
(b) - faire passer le mélange à travers un filtre (40) apte à retenir au moins une
partie du matériau pulvérulent, et
(c) - répéter l'étape (b) autant de fois qu'il est nécessaire pour obtenir la décontamination
complète de l'huile.
8. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'il comporte les étapes suivantes
consistant à :
(d) placer le matériau pulvérulent sur la face amont d'un filtre (40),
(e) - faire passer l'huile à travers ce filtre (40) recouvert du matériau pulvérulent,
et
(f) - répéter l'étape (e) autant de fois qu'il est nécessaire pour obtenir la décontamination
complète de l'huile.
9. Procédé selon la revendication 1, caractérisé en ce qu'on chauffe l'huile avant
de la faire passer à travers le matériau pulvérulent.