[0001] La présente invention est relative aux refroidisseurs Joule-Thomson et aux cryostats
destinés à obtenir très rapidement des températures basses comprises entre 80 et 130K.
Ces refroidisseurs sont utilisés par exemple pour refroidir des détecteurs infra-rouge.
[0002] La technologie la plus courante dans ce domaine consiste à utiliser comme cryostat
un Dewar à double paroi dont la paroi intérieure forme un puits cylindrique sur le
fond duquel est fixé l'élément à refroidir. Le refroidisseur proprement dit comprend
un noyau cylindrique sur lequel est bobiné hélicoïdalement un tube capillaire aileté
pourvu à son extrémité de moyens de détente, lesquels peuvent être constitués par
un simple perçage ou par un dispositif de régulation de débit plus complexe.
[0003] Bien que ces appareils aient été continuellement perfectionnés, ils sont difficiles
et coûteux à réaliser industriellement, d'une part à cause de la configuration complexe
du Dewar, qui comporte un puits et une double paroi, et d'autre part à cause de la
haute précision mécanique nécessaire pour assurer une introduction étanche mais sans
déformation du refroidisseur dans le puits cylindrique du cryostat.
[0004] La présente invention a pour but de fournir une technique permettant de réaliser
ces appareils de façon plus simple et plus économique.
[0005] A cet effet, l'invention a pour objet un refroidisseur Joule-Thomson, caractérisé
en ce qu'il comprend :
- une enveloppe ouverte constituée par deux plaques à peu près planes et présentant
un emplacement central à refroidir ;
- un serpentin destiné à véhiculer du gaz sous haute pression, ce serpentin formant
une spirale plane avec un orifice de détente au centre et étant disposé entre les
deux plaques de l'enveloppe ; et
- une masse poreuse emplissant la région de l'enveloppe qui contient le serpentin
mais laissant libre une chambre de détente dans laquelle débouche ledit orifice de
détente.
[0006] De façon avantageuse, la spirale est à spires jointives, et la masse poreuse est
constituée par deux plaquettes poreuses présentant un trou central et disposées respectivement
entre chaque face de la spirale et la plaque à peu près plane correspondante.
[0007] Il est alors particulièrement avantageux que la conductibilité thermique des plaquettes
poreuses dans le sens axial de la spirale soit très supéreieure à leur conductibilité
thermique dans le sens radial.
[0008] L'invention a également pour objet un cryostat comprenant :
- un refroidisseur Joule-Thomson tel que défini ci-dessus ; et
- une enceinte sous vide entourant ledit emplacement central et reliée à joint étanche
à l'enveloppe, laquelle débouche à l'extérieur de cette enceinte.
[0009] Quelques exemples de mise en oeuvre de l'invention vont maintenant être décrits en
regard des dessins annexés, sur lesquels :
- la figure 1 représente en plan les pièces qui constituent un refroidisseur suivant
l'invention ;
- la figure 2 est une demi-vue partielle en coupe axiale d'un cryostat comprenant
le refroidisseur de la figure 1 ;
- la figure 3 est une vue en élévation, à plus petite échelle, de ce cryostat ;
- les figures 4, 6 et 7 illustrent en coupe axiale troise phases de la fabrication
d'une variante du refroidisseur de la figure 1 ;
- la figure 5 est une vue prise suivant la flèche V de la figure 4 ; et
- la figure 8 est une vue en coupe axiale d'une variante du cryostat de la figure
2.
[0010] Le cryostat représenté aux figures 2 et 3 comprend un refroidisseur Joule-Thomson
1 constitué des pièces représentées à la figure 1, à savoir :
- un tube capillaire 2 en acier inoxydable enroulé en une spirale plane à spires jointives
; l'extrémité extérieure de ce tube est pourvue d'un filtre 3, tandis que son extrémité
intérieure est obturée et présente un orifice de détente calibré 4 orienté axialement
(figure 2) ;
- deux plaquettes planes 5 constituées d'une matière poreuse à porosités ouvertes
qui peut être une mousse, un feutre ou un fritté thermiquement conducteur, en pratique
métallique, et notamment une mousse de nickel compactée ayant une porosité volumique
de 35 % ; chacune de ces plaquettes à la forme d'un disque dont le diamètre est nettement
supérieur au diamètre extérieur de la spirale 2 et qui présente un trou central 6
ayant un diamètre du même ordre que la spire intérieure de cette spirale ;
- deux plaques planes 7 ayant une bonne résistance aux contraintes mécaniques et thermiques,
notamment en acier inoxydable. Ces plaques 7 ont le même diamètre que les disques
5.
[0011] Pour réaliser le refroidisseur 1 à partir des pièces ci-dessus, on les superpose
dans l'ordre représenté à la figure 1, àè savoir une plaque 7, un disque 5, la spirale
2, l'autre disque 5 et l'autre plaque 7, ceci de façon coaxiale, et on les fixe les
uns aux autres par collage ou brassage.
[0012] On intègre ensuite ce refroidisseur en forme générale de disque plan dans un cryostat
de la manière représentée aux figures 2 et 3. Un élément 8 à refroidir, par exemple
un détecteur infra-rouge, est fixé au centre d'une deux plaques 7. On dispose coaxialement
de part et d'autre du refroidisseur 1 deux tronçons tubulaires 9 se terminant chacun
par une collerette extérieure 10 pourvue d'une gorge circulaire 11, laquelle reçoit
un joint d'étanchéité annulaire 12. La région périphérique du refroidisseur est pincée
entre les deux collerettes 10, le serrage étant assuré par deux brides annulaires
13 qui prennent appui sur les collerettes 10 et qui sont traversées par des boulons
14. Ce serrage provoque d'une part un écrasement des joints 12 sur les plaques 7,
ce qui permet d'obtenir une étanchéité au vide, et d'autre part un léger rapprochement
des régions périphériques des plaques 7 et des disques 5, ces derniers, qui sont relativement
souples, venant en contact mutuel dans le plan médian du refroidisseur, bien que,
cette vanne en contact ne soit pas indispensable. Le refroidisseur 1 définit alors,
entre les plaques 7, une spirale plane 2 noyée dans la masse poreuse constituée par
les deux disques 5, cette masse laissant libre une chambre centrale 15 dans laquelle,
débouche l'orifice de détente 4, qui est orienté vers l'élément 8 à refroidir.
[0013] Comme on le voit à la figure 3, le cryostat est complété par deux tronçons tubulaires
16 prolongeant respectivement les deux tronçons 9 et mis en communication par un tube
latéral 17. L'un des tronçons 16 est obturé hermétiquement, tandis que l'autre peut
se raccorder par une conduite 18 à une pompe à vide (non représentée).
[0014] En fonctionnement, après avoir établi un vide secondaire (inférieure à 10⁻³mb) dans
l'enceinte constituée par les éléments 9, 16 et 17, on relie l'extrémité extérieure
du tube 2 à une source 19 d'un gaz sous très haute pression, par exemple d'argon sous
700 bars. Le gaz haute pression, épuré par le filtre 3, circule dans la spirale 2,
est détendu et donc refroidi au passage de l'orifice 4, et pénètre dans la chambre
centrale 15. De là, il circule radialement vers l'extérieur à travers les disques
poreux 5, et sort librement à l'atmosphère par la périphérie de ces derniers. Le gaz
basse pression refroidit à contre-courant le gaz haute pression contenu dans la spirale
2, essentiellement par l'intermédiaire des disques 5, de sorte que la température
diminue rapidement dans la chambre 15, jusqu'à formation dans celle-ci de liquide
à la température qui correspond à la pression qui y règne. Cette pression est définie
par la perte de charge du circuit basse pression à travers les disques 5. Il est à
noter que la section de passage offerte au gaz basse pression augmente au fur et à
mesure où la détente se termine et où le gaz se réchauffe, ce qui est très favorable
en ce qui concerne les pertes de charge du circuit basse pression.
[0015] Pour améliorer l'échange thermique entre les gaz basse pression et haute pression,
il est préférable de fixer la spirale 2 aux disques 5 par brasage. De plus, pour diminuer
les entrées de chaleur radiales par conduction, il est préférable de fixer les plaques
7 aux disques 5 par collage.
[0016] Pour réduire le temps de mise en froid, c'est-à-dire le temps nécessaire à l'apparition
de liquide dans la chambre 15, ainsi que la température de ce liquide, il faut réduire
la capacité calorifique du refroidisseur ainsi que les pertes de charge du circuit
basse pression, sans diminuer l'efficacité de l'échange de chaleur entre les gaz basse
pression et haute pression ni favoriser les entrées de chaleur par conduction entre
la périphérie du refroidisseur, qui est à la température ambiante, et la zone centrale
refroidie.
[0017] Ce problème complexe trouve une soultion dans le mode de réalisation dont la fabrication
est illustrée aux figures 4 à 7 : deux bandes de tissu métallique, par exemple de
toile de bronze à maille carrée de 50 microns de diamètre de fil et de 80 microns
d'ouverture, sont bobinées chacune sur un noyau poreux 20, par exemple en bronze fritté,
présentant une extrémité creuse 21 qui affleure un côté de la bande correspondante
(figure 4). La face 22 de chaque bobinage située du côté de l'extrémité 21 est rectifiée,
puis (figure 6) les deux faces 22 sont collées ou brasées coaxialement sur les deux
faces de la spirale 2. L'ensemble ainsi obtenu est ensuite découpé à la scie de part
et d'autre de la spirale 2 puis rectifié au tour pour obtenir un ensemble constitué
de la spirale et des deux disques 5 avec l'épaisseur souhaitée. Enfin, les plaquettes
7 sont rapportées sur les deux faces de cet ensemble, quelques cales d'épaisseur étant
disposées entre les zones périphériques de ces deux plaques.
[0018] Avec cette construction, chaque disque 5 est constitué d'une étroite bande de tissu
métallique enroulé en spirale. Il présente une bonne conduction thermique dans cette
direction axiale, qui est celle du tissu, et une mauvaise conduction thermique dans
le sens radial, du fait du nombre important de résistances thermiques de contact en
série existant entre les couches successives de tissu.
[0019] On a ainsi réalisé un circuit basse pression thermiquement anisotrope, c'est-à-dire
ayant dans le sens axial, qui est celui de l'échange thermique recherché, une conductibilité
thermique très supérieure à sa conductibilité thermique dans le sens radial, qui est
celui des pertes de chaleur parasites.
[0020] En fait, le cryostat des figures 2 et 3 constitue un appareil expérimental. Pour
une réalisation en série, on adopterait de préférence la variante de la figure 8,
qui en diffère par les points suivants : les disques 5 et les plaques 7 ont sensiblement
le même diamètre extérieur que la spirale 2, et les plaques 7 comportent un rebord
périphérique cylindrique 7A dirigé à l'opposé de la spirale. Une rondelle 23 est fixée
par brasage, soudage ou collage sur chaque rebord 7A, après mise sous vide, de façon
à constituer de chaque côté du refroidisseur une chambre sous vide scellée.
[0021] Par ailleurs, dans cette variante comme dans celle des figures 2 et 3, les plaques
7 peuvent être réalisées en verre ou en une matière céramique et, dans ce cas, intégrer
directement l'élément 8 à refroidir, qui est généralement un circuit électronique,
dans leur partie centrale.
1 - Refroidisseur Joule-Thomson, caractérisé en ce qu'il comprend :
- une enveloppe ouverte (7) constituée par deux plaques à peu près planes et présentant
un emplacement centrale à refroidir ;
- un serpentin (2) destiné à véhiculer du gaz sous haute pression, ce serpentin formant
une spirale plane avec un orifice de détente (4) au centre et étant disposé entre
les deux plaques de l'enveloppe ; et
- une masse poreuse (5) emplissant la région de l'enveloppe qui contient le serpentin
mais laissant libre une chambre de détente (15) dans laquelle débouche ledit orifice
de détente.
2 - Refroidisseur suivant la revendication 1, caractérisé en ce que le serpentin (2)
est espacé de l'enveloppe (7).
3 - Refroidisseur suivant la revendication 2, caractérisé en ce que la spirale (2)
est à spires jointives, et en ce que la masse poreuse (5) est constituée par deux
plaquettes poreuses présentant un trou central (6) et disposées respectivement entre
chaque face de la spirale et la plaque à peu près plane (7) correspondante.
4 - Refroidisseur suivant la revendication 3, caractérisé en ce que les plaquettes
poreuses (5) sont constituées d'une mousse, d'un feutre ou d'un fritté métallique.
5- Refroidisseur suivant la revendication 3, caractérisé en ce que la conductibilité
thermique des plaquettes poreuses (5) dans le sens axial de la spirale (2) est très
supérieure à leur conductibilité thermique dans le sens radial.
6 - Refroidisseur suivant la revendication 5, caractérisé en ce que chaque plaquette
poreuse (5) est contituée par une étroite bande de toile métallique enroulée en spirale
coaxialement à ladite spirale (2).
7 - Refroidisseur suivant l'une quelconque des revendications 1 à 6, caractérisé en
ce que les différentes couches du refroidisseur sont fixées les unes aux autres par
collage ou brasage.
8 - Refroidisseur suivant l'une quelconque des revendications 1 à 7, caractérisé en
ce que l'extrémité intérieure de la spirale (2) est obturée, l'orifice de détente
(4) étant ménagé latéralement en direction axiale, près de cette extrémité.
9 - Cryostat, caractérisé en ce qu'il comprend :
- un refroidisseur Joule-Thomson suivant l'une quelconque des revendications 1 à 8
; et
- une enceinte sous vide entourant ledit emplacement et reliée à joint étanche à l'enveloppe
(7), laquelle débouche à l'extérieur de cette enceinte.