[0001] L'invention se rapporte à un alliage d'aluminium de chaudronnerie, soudable, contenant
essentiellement du Si, du Mg et du Cu et à son procédé de fabrication.
[0002] Les alliages de la série 6000 selon la nomenclature de l'Aluminium Association ont
été développés essentiellement sous forme de profilés, bien que certains de ces alliages
tel que le 6061 ou le 6082, se trouvent couramment sous forme de tôles ou bandes,
destinées à l'emboutissage.
[0003] Des alliages entrant dans cette famille ont été décrits dans les brevets français
FR-A-2 375 332 et FR-A-2 360 684.
Ces alliages, moins chargés en magnésium que les alliages 6000 classiques, peu éloignées
de la stoéchiométrie Mg₂Si, sont par contre beaucoup plus riches en silicium.
[0004] La demande de brevet FR 2 375 332 décrit un procédé dans lequel un alliage riche
en Si est traité de façon à obtenir une fine précipitation sub-micronique (0,1 à 0,5
µm) de Si en sursaturation; cette taille est intermédiaire entre le phases eutectiques
présentes dans l'alliage et celle des phases durcissantes habituellement observées
dans les alliages Al-Si-Mg-Cu.
[0005] Cette précipitation de Si, si elle présente selon les auteurs un certain nombre d'avantages,
a également quelques inconvénients.
[0006] En effet, les précipités au silicium trop importants réduisent les capacités de déformation
du matériau et de plus la résistance à la corrosion de l'alliage dans ses conditions
d'emploi est affaiblie par leur présence.
[0007] La demande de brevet français FR 2 360 684 décrit un alliage Al-Si- Mg-Cu contenant
au moins l'un des éléments inhibiteurs de recristallisation du groupe Mn, Cr, Zr.
[0008] Cependant, la présence de ces derniers éléments n'est pas favorable. Le Mn en particulier
présente plusieurs inconvénients :
. il donne naissance à la solidification des composés intermétalliques à base de Fe,
Mn, Si qui réduisent la capacité de déformation de l'alliage et peuvent initier des
décohésions et ruptures, lors des opérations de mise en forme;
. il augmente la vitesse critique de trempe et limite donc les possibilités de traitements
thermiques pour le produits épais;
. il confère à l'alliage un comportement à la corrosion assez médiocre;
. il n'est pas adapté aux homogénéisations de courte durée, telles que celles généralement
obtenues dans des fours à passage.
[0009] Le Cr et le Zr ont des effets similaires à ceux du Mn.
[0010] Le problème qui se pose à l'homme de l'art est donc l'obtention d'un alliage Al-Si-Mg-Cu
emboutissable et soudable, exempt des inconvénients signalés ci-dessus et qui présente
des propriétés mécaniques satisfaisantes à l'état durci, une bonne aptitude à la
déformation à froid à l'état trempé, une bonne résistance à la corrosion et ce à la
suite d'un traitement thermique simple, qui exclut la présence de toute précipitation
de phase submicronique essentiellement constituée de Si.
[0011] Selon l'invention, l'alliage comprend (en % en poids) des teneurs en Si et Mg définies
par le trapèze de coordonnées :

Cu 0,1 - 0,5
Mn 0 - 0,2
Ti 0 - 0,1
Fe 0 - 0,35
autres chacun ≦ 0,05
total ≦ 0,15
reste Al.
[0012] Au-dessous des valeurs minimales des éléments principaux (Si, Mg, Cu) les caractéristiques
mécaniques désirées à l'état traité ne sont pas atteintes.
[0013] Pour Si ≧ 1,3 % le traitement thermique de mise en solution complète est difficile
à appliquer industriellement, comme cela sera exposé ci-après.
[0014] Pour Mg ≧ 0,5 %, des difficultés lors de la transformation à chaud apparaissent (fragilisation)
et l'aptitude à l'emboutissage est réduite.
[0015] On peut aussi observer que le rapport Si/Mg maximum (côté BC du trapèze) reste égal
ou supérieur à 2,6 environ de manière à limiter au maximum la précipitation de Mg₂Si
en cours de solidification. Ainsi, les fines précipitations Mg₂Si présentes dans l'alliage
ne résultent que des traitements thermiques subis.
[0016] Pour Cu ≧ 0,5 %, la résistance à la corrosion ainsi que l'aptitude à l'emboutissage
sont réduites.
[0017] Les éléments secondaires sont limités pour les raisons suivantes : Comme explicité
ci-dessus, la présence de Mn n'est pas souhaitable; cependant, elle a été admise jusqu'à
0,2 % maximum en raison des contaminations éventuelles en cet élément, dues au recyclage
des déchets. Il est à noter que l'alliage ne comporte pas d'additions intentionnelles
de Cr et/ou Zr.
[0018] Le Ti associé au B contrôle, comme cela est connu, la finesse de la cristallisation
primaire des produits bruts de coulée (plaques, bandes, billettes, etc...) et permet
des homogénéisations et mises en solution plus courtes, en particulier en ce qui concerne
le traitement des produits plats (tôles, bandes). Les teneurs efficaces sont Ti <
0,1 % et B < 0,05 %. La teneur en Fe est limitée à 0,35 % pour éviter la formation
de composés primaires grossiers contenant de Fe (type AlMnFeSi).
[0019] Une composition préférentielle de l'alliage suivant l'invention (% en poids) est
la suivante, teneur en Si et Mg comprises dans le trapèze ayant pour sommet :

Cu = 0,10-0,25
Mn = 0-0,15
Ti = 0 - 0,1
Fe 0 - 0,3
autres chacun ≦ 0,05
total ≦ 0,15
rest Al.
[0020] La gamme de fabrication des alliages suivant l'invention comporte généralement la
coulée continue ou semi-continue d'ébauches, une homogénéisation éventuelle, une
transformation à chaud, une transformation à froid éventuelle, une mise en solution
et un revenu.
[0021] Cependant, pour obtenir de bonnes propriétés de l'alliage, en particulier une finesse
de grain inférieure à 80 um en moyenne, ces opérations doivent être conduites dans
des conditions assez étroites.
[0022] Ainsi, pour limiter le temps de mise en solution ultérieure, il est préférable de
bien homogénéiser l'alliage en évitant de le brûler par fusion de phases eutectiques.
Une homogénéisation à haute température entre 550°C et 570°C avec un temps de maintien
de 6 à 24 h est souhaitable.L'homogénéisation est, de préférence précédée d'une montée
lente en température.
[0023] La transformation à chaud est effectuée par tout moyen connu (laminage, filage, forgeage,
etc...). Cependant, celle-ci doit ensuite être conduite de façon à éviter des recristallisations
grossières en cours d'opération. Dans le cas des tôles et bandes, ces recristallisations
à chaud grossières sont la source de lignes de déformations macroscopiques, visibles
après emboutissage, donc rédhibitoires pour cette application.
[0024] De ce fait, la température de fin de transformation à chaud, pour éviter ces recristallisations,
doit être impérativement entre 270° et 340°C.
[0025] Après transformation à froid éventuelle l'alliage est mis en solution complète. Celle-ci
a lieu dans le domaine de température compris entre 540 et 580°C, de préférence entre
550 et 570°C, en visant la température de 560°C.
[0026] Compte tenu de l'absence volontaire d'éléments inhibiteurs de recristallisation (Mn,Cr,Zr),
la montée en température avant mise en solution doit être rapide (V ≧ 10°C/sec) et
la mise en solution de préférence exécutée soit dans un four à passage, soit dans
un four de traitement tôle à tôle.
[0027] Le temps de traitement varie de quelques secondes à quelques minutes, sans pouvoir
dépasser une heure. Les tôles et bandes ainsi obtenues présentent une bonne isotropie
et une grosseur de grain moyenne ne dépassant pas 60 µm.
[0028] La trempe doit être rapide et dépend de l'épaisseur du produit. Pour les tôles et
bandes, elle est généralement effectuée à l'air calme ou pulsé.
[0029] Après les opérations de mise en forme à froid telles que emboutissage, pliage, cintrage
etc... et/ou d'assemblage telle que le soudage, les pièces subissent un revenu de
durcissement, dans les conditons habituelles; le durcissement est dû à la précipitation
de la phase Mg₂Si et de phases complexes AlCuMg, AlCuMg Si. Le revenu est typiquement
effectué entre 8 à 12 h vers 165°C.
[0030] Il est à remarquer que dans certains cas, la cuisson de revêtements de surface tels
que des vernis, bien que plus courte, réalise ipso facto ce traitement.
[0031] L'invention sera mieux comprise à l'aide des exemples suivants illustrés par la figure
1 que représente le domaine de composition des éléments Si et Mg de l'alliage, et
la figure 2 qui représente le domaine de mise en solution ou d'homogénéisation d'un
alliage suivant l'invention, sur une coupe verticale du diagramme d'état Al, Mg, Si
à 0,2 % Mg.
[0032] Sur la figure 2, on trouve en (1) la courbe solvus, en (2) la courbe solidus et en
(3) le palier eutectique, qui se regroupent au point E.
[0033] La mise en solution (ou homogénéisation) doit être effectuée dans le domaine monophasé
et en particulier dans les conditions de température représentées par le rectangle
FGHI pour la plage générale et F'G'H'I' pour la plage préférentielle.
[0034] Il est évident, d'après ces courbes, que pour les teneurs en Si élevées, le traitement
est délicat, puisqu'une faible variation par rapport à la température de consigne
conduit soit à une précipitation de Si si la température baisse, soit à une "brûlure"
du métal si la température monte.
[0035] Ce traitement thermique exige donc un outil industriel précis.
Exemple 1
[0036] Une plaque (1500x400 mm²) de composition suivante (% en poids ) : Si 0,90; Mg 0,30;
Cu 0,20; Fe 0,25; Ti 0,03, a été coulée par le procédé classique en semi-continu.
Cette plaque a été homogénéisée 10 h à 555°C (scalpée à 1500 x 420 mm²) puis laminée
à chaud jusqu'à 4 mm d'épaisseur avec finition entre 320 et 300°C. Les bobines ainsi
obtenues ont été laminées à froid jusqu'à 1,25 mm d'épaisseur.
[0037] La mise en solution de celles-ci a été effectuée dans un four à passage à la vitesse
de 20 m/mn, le temps de maintien à température de 560°C étant de l'ordre de 1 minute
et la vitesse de montée en température de l'ordre de 25°C/sec.
[0038] Les caractéristiques mécaniques mesurées dans la direction du laminage, dans le sens
travers et suivant la direction à 45° de la direction du laminage sont rassemblées
dans le Tableau suivant :

[0039] Ces mesures montrent que le produit obtenu est relativement homogène et isotrope.
[0040] L'anisotropie a été estimée en réalisant des godets et en mesurant le taux des cornes
suivant la norme AFNOR NF-A-50-301. Cette valeur est égale à 7 %. La grosseur de grain
mesurée par métallographie est de 40 µm.
[0041] De tôles découpées dans le métal mis en solution ont été parachevées par mise en
forme de parties de carrosserie automobile, dans ce cas un capot avant.
[0042] Après emboutissage, celui-ci a été revêtu d'un revêtement protection (peinture) avant
de subir une cuisson de 1,5 h à 180°C.
[0043] Les caractéristiques mécaniques obtenues en fonction du taux d'écrouissage local
sont les suivantes :

Exemple 2
[0044] Une tôle de même composition que celle de l'exemple 1 a été soudée à une autre tôle
de même composition par soudure par point, dans les conditions suivantes :
Electrode en "Mallory 328" de forme tronconique avec angle au sommet de 60° et diamètre
de pastille ⌀ 5,5 mm.
Force d'appui : 400 kg
Intensité : 27 000 A
Fréquence : 2 Hz.
[0045] L'assemblage a été ensuite porté, en étuve, à 165°C pendant 10 h.
La résistance au cisaillement des joints soudés ainsi obtenus est de l'ordre de 280
MPa.
On peut constater les bonnes propriétés obtenues après soudage et revenu.
[0046] L'alliage suivant l'invention présente les avantages suivants :
Cet alliage est livré à l'état T4 aux transformateurs.
A cet état, l'alliage est ductile et se prête bien à la déformation, sa maturation
à la température ambiante étant très faible.
La pièce déformée à froid acquiert de meilleures caractéristiques de résistance par
écrouissage, au moins localement dans les zones les plus déformées; l'adoucissement
dû au recuit lors de l'opération de soudage est partiellement compensé par le durcissement
structural lor du revenu final (T6).
[0047] Pour obtenir l'état le plus ductile, le métal ne subit après trempe que les opérations
de finition (telles que dressage, planage, etc...) strictement nécessaires.
[0048] Les alliages selon l'invention sont principalement utilisés dans les domaines de
la carrosserie automobile et du boîtage.
1. Alliage d'aluminium chaudronable et soudable caractérisé en ce qu'il contient (en
poids %) des teneurs en Si et Mg délimitées par le trapèze ABCD dont les coordonnées
sont :

Cu 0,1 -0,5
Mn 0-0,2
Fe 0-0,35
autres chacun ≦ 0,05
Total ≦ 0,15
reste Al.
2. Alliage suivant revendication 1, caractérisé en ce qu'il contient (en % poids)
des teneurs en Si et Mg délimitées par le trapèze A'B'C'D' dont les coordonnées sont
:

Cu 0,1-0,25
Mn ≦ 0,15.
3. Alliage suivant l'une des revendications 1 ou 2 caractérisé en ce que la grosseur
de grain moyenne est inférieure à 80 µm et de préférence inférieure à 60 µm.
4. Procédé d'obtention des produits selon l'une des revendications 1 à 3, comprenant
la coulée continue ou semi-continue d'ébauches, une homogénéisation éventuelle, une
transformation à chaud, une transforma tion à froid éventuelle, une mise en solution,
une trempe, une mise en forme par emboutissage, pliage, cintrage, etc... et enfin
un revenu caractérisé en ce que la transformation à chaud finale a lieu entre 270
et 340°C.
5. Procédé selon la revendication 4, caractérisé en ce que l'homogénéisation ou la
mise en solution complète sont conduites entre 540 et 580°C.
6. Procédé selon la revendication 5 caractérisé en ce que l'homogénéisation ou la
mise en solution ont lieu entre 550 et 570°C.
7. Procédé selon l'une des revendications 5 ou 6 caractérisé en ce que la mise en
solution est précédée d'une montée en température à une vitesse supérieure à 10°C/sec.
8. Utilisation d'un alliage selon l'une des revendications 1 à 3 dans le domaine de
la carrosserie automobile.
9. Utilisation d'un alliage selon l'une des revendications 1 à 3 dans le domaine du
boîtage.